Chouette Magazine

Philippe De Riemaecker

Philippe De Riemaecker

Chronique littéraire

Catégorie : Arts & Culture

Chroniqueur depuis décembre 2016



Rédacteur en chef du 'Babel-Art'

Changer le cours des fleuves

publiée le 11 janvier 2023


Il n’est pas toujours heureux de se plonger au cœur d’une biographie pour différentes raisons dans lesquelles, bien souvent, on se retrouve confronté à une approche plus mercantile que littéraire. Je veux parler de ces écrits décrivant une idole éteinte, d’un autre que l’on adule en s’offrant par la résonnance d’un nom, l’envie de dépenser quelques sous afin de se procurer un livre même si, de l’ouvrage on n’ouvrira peut-être jamais les pages.


J’en était là à me débattre avec mille arguments ne se fondant sur rien, une approche totalement irrationnelle se basant sur des aprioris débiles et ce, juste avant de me lancer dans la découverte de « changer le cours des fleuves » rédigé par Manuel Verlange. Écrivons-le d’emblée, la plume de l’écrivain aligne les mots en fluidité jolie, un équilibre juste, oscillant entre la description d’un destin hors norme et le régal d’une narration portée par l’admiration que l’on devine, séduction sincère du rédacteur par la personne qu’il se doit de décrire.


Le destin d’Alfred Grosjean n’est pas qu’une simple anecdote, c’est également l’ Histoire du pays noir, sa réhabilitation peut-être, car avouons-le, longtemps il fut regardé de haut par des régions moins engraissées de la noirceur due à la poussière de charbon. Le bassin carolorégien vous disais-je, au cœur duquel un enfant porte le fardeau de la souffrance car la loterie de la vie n’a rien à lui offrir. La misère en particulier, cette damnée qui asservit ceux qui la fréquentent en les forçant à prendre des décisions pouvant nous paraître inhumaines à nos yeux d’enfants gâtés s’autoproclamant civilisés.


Alfred Grosjean commence ainsi ses premiers pas. Déposé dans un orphelinat par une mère aimante et pourtant, n’ayant d’autre choix pour survivre que faire ablation de sa maternité tout en offrant à son gavroche une chance d’éducation. L’enfance est chiffonnée, blessée par l’incompréhension alors qu’au fond de la caboche résonne déjà un besoin de revanche sur la fatalité. Viennent les heures de la débrouillardise, le travail harassant, la chance qu’il faut saisir tout en gardant à l’esprit le dogme de la parole donnée, de la fidélité, des engagements à respecter. Un destin vous disais-je, dans lequel on aimerait puiser à l’infini afin que nous guide l’exemple d’un homme que l’on serait honoré de rencontrer, juste pour écouter sa voix nous parler des écoles de la rue bien plus méritantes quelquefois que les culottes usées sur les bancs de nos si nobles universités. Parti de rien, le voici presque Dieu à la différence probablement que cet homme-là ne s’abrite pas dans une église, un temple ou une mosquée, il ne porte aucun jugement sur la classe ouvrière sauf probablement qu’il les connait par longues fréquentations, la douleur des ampoules, le froid de la sueur, les efforts du labeur qu’il déployait jadis et qu’il ne reniera jamais.


Si j’ai adoré l’histoire de ce destin hors norme, je le dois probablement au narrateur. Ici, Manuel Verlange semble se surpasser. Il utilise pour ce faire un phrasé agréablement sculpté, élagué oserais-je ajouter, alors que sans rechercher la facilité des narrations faciles, il pose des mots justes, des phrases modelées comme s’il voulait créer le plaisir d’une œuvre digne de celui dont il nous raconte le destin.


Si je n’ai qu’un regret c’est d’avoir frôlé les réussites de Monsieur Grosjean alors que par leçon de vie j’aurais aimé en apprendre un peu plus sur ses échecs. N’est-ce pas ainsi que l’on apprend ?


En conclusion je coucherai ces quelques mots : ce livre est un ouvrage précieux.


15 septembre : Soirée littéraire à 18h30

publiée le 31 août 2022


Noirs desseins - Editions Academia Gîte "La Cure", rue de l'Etoile 12 - 1350 Orp - 019/63 02 19


"Un appel téléphonique, une voix enjouée m'évoquant un lieu charmant et ensuite, après avoir échangé nos goûts en matière littéraire, on me fait une proposition à laquelle je ne m’attendais pas.  Deux auteurs pour qui je nourris un profond respect en raison d’une belle écriture, une écriture « bien de chez nous », dotée de cet accent particulier auquel je porte la plus profonde des tendresses et qui, soit dit en passant, est prisée chez nos voisins français (l’écriture, pas la tendresse) comme chez leurs cousins du Canada.


Deux écrivains, osais-je écrire, de ces artistes qui portent l’originalité, qui ont le don de nous offrir pléthore de créations que j’ose qualifier d’une rare qualité.  Comment pouvais-je refuser de prêter ma voix à la soirée inaugurale d’une nouvelle collection, un événement majeur pour tout éditeur un tant soit peu sérieux ?  Bravo, Academia, d’oser franchir le pas.


C’est que l’affiche vibre sous la puissance de ces écrivains-là, des plumes incontournables puisant la qualité au cœur d’une imagination saluée depuis longtemps par de nombreux confrères.


Permettez-moi de vous proposer de partager ces heures en vous invitant à l’événement, vous qui m’offrez le plaisir de lire mes chroniques, vous qui aimez-vous perdre au creux des lettres, de ces romans à qui nous devons tant. Et quel plaisir, quel honneur, au cœur de notre terroir, dans un lieu chargé d’histoire, voici un évènement que je ne puis que saluer. Oh ! Pas en raison de ma personne, que nenni, qui suis-je pour me permettre cet égocentrisme-là ? Et cependant, de recevoir ici de telles personnalités, je gage qu’on ne peut être que flatté.  


Je vous invite donc à vous joindre à cet évènement, nombreux, frôler la vie de ces imaginations fertiles, en frémissant peut-être, car nous parlons d’une collection qui poursuit de « noirs desseins », et c’est tant mieux, car qui n'aime pas de frissonner un peu ? N’hésitez pas, la participation est gratuite, les artistes à votre disposition afin de vous offrir quelques instants d’intimité.  Yes, à vos iPhone, préparez vos selfies, le monde est à vos pieds afin que vous puissiez le dire avec fierté : moi, j’y étais !"


"Pièce manquante", Claire de Viron

publiée le 06 juillet 2022


Aborder les derniers soubresauts d’une vie portant les flagrances de l’Europe pour laquelle on a œuvré avec la conviction d’avoir forgé les battements de l’Histoire, voici qui me laisse comme une impression que l’auteure nous dévoile ici les regrets d’un rêve inachevé. Serait-ce le sentiment fleurissant à l’esprit lorsque l’on songe à nos vertes années alors que beaucoup d’entre nous songeaient que tout était possible malgré la tiédeur des cendres de la guerre qu’il convenait d’éteindre? Qu’on-t-il fait de ton âme pour en arriver à fissurer les fondations d’une utopie devenue pourtant réalité ?


Dans « Pièce manquante », Claire de Viron aborde la gériatrie sans pour autant la dévoyer par de faux attendrissements. Charles, homme de l’ombre ayant tout donné pour que l’Europe existe, témoin privilégié de ces instants ou la France par l’entremise du Général de Gaule s’inclina pour accueillir le Royaume-Uni au cœur de cette même Europe, souffre viscéralement devant les prémices d’un Brexit alors qu’il se débat contre l’essoufflement de son propre avenir.


Le temps s’écoule inexorablement, ramenant les ressacs des blessures impossibles à cicatriser parce que d’un premier amour on n’efface pas les traits tracés par un fusain si délicat qu’il vous laisse à l’esprit comme une œuvre admirée à l’infini. La vie, les trahisons, ces questionnements époumonés par l’absence de réponse, par l’absurdité de silences si soudains pour découvrir ensuite la trahison de l’un de ses compagnons de route.


Ne nous y trompons pas, l’ouvrage rédigé par Claire de Viron est comme un puits sans fond. Un regard incisif devant les soubresauts d’une Europe en souffrance et ce même regard s’attarde telle une appréhension devant les heures à venir, cette vieillesse qui nous attend en cruelle fanaison.


Je dois bien avouer que je n’ai pas lu ce roman avec empressement. C’est comme si j’avais envie d’homéopathie d’esprit, de déguster un vin à la saveur puissante, de revenir constamment pour savourer les mots en raison de la richesse puisée à la source d’un vocabulaire envié.


Enfin, dans un soubresaut que l’on pourrait croire sénile, Charles se lance dans une quête à la Don Quichotte. Une mission qu’il s’offre une dernière fois sans se soucier de l’orage qu’il laisse derrière lui, des regards qui le prennent pour un fou alors que justement, par ce geste désespéré, il vient d’offrir une sorte de clef ouvrant les portes de nouveaux espoirs à ces nations qui se donnent la main le temps que les photographes transpirent.


Et j’ose, au risque de me répéter, reprendre le mot espoir. Pourrions-nous continuer à rêver sans puiser à la source de l’optimisme, ce souffle qui nous aiguillonne malgré le temps usant notre avenir ? C’est bien de ça que nous parlons, de ces êtres qui luttent malgré les ans passés, ces humains qui n’abandonnent jamais malgré la déchéance provoquée par le temps.


Ensuite ? Le courage d’une rencontre dévoile la vérité. L’amour n’est pas un sentiment gâché, jamais, qu’importent les blessures, la douleur que l’on croit insurmontable, car vient ce jour alors qu’on se persuadait brisé, ou la vérité vous gifle, mais quoi ? Resteront tout de même les vibrations vécues.


Pièce manquante est un livre d’amour. L’amour d’une femme pour le projet européen, l’amour d’un homme pour une femme perdue, l’amour des lettres d’un écrivain que je ne puis que vous inviter à découvrir.


Editions MARMOTTONS – Une découverte, Un coup de cœur sans la moindre hésitation

publiée le 22 juin 2022


Il est parfois surprenant d’accomplir un simple geste, un mouvement quotidien auquel on ne prête aucune attention sauf, peut-être, lorsque les nouvelles sont bonnes. C’est ainsi qu’en vérifiant la présence de courrier, j’ai été agréablement surpris par un grand coup de tendresse débordant de cette simple boite destinée à récolter les missives que le facteur me porte sous le soleil d’été ou sous la pluie d’automne en souriant toujours à ceux qui le saluent.


Bien que j’aperçus des livres, je sus dès le premier regard que nous étions loin des romans habituels quoique ? Et pourtant, ce serait réducteur de les nommer ainsi et quoiqu’on en dise, évitons de dévoyer notre vocabulaire pour besoin de qualifier ces petits chefs-d’œuvre qui se dévoileront à mon regard, tel un quatuor de préciosité.


Ici nous approchons la littérature destinée à nos petits moutons, nos plus jeunes, ceux que nous espérons aimer malgré quelques ronchonnades qu’il nous est impossible d’esquiver comme peuvent en témoigner toutes les mamans du monde. C’est qu’on les aime ces apprentis de vie même si parfois ils nous consument au point d’espérer que l’heure du coucher résonne plus tôt que d’habitude.


Qu’ils sont beaux les ouvrages de la maison d’édition «  Marmottons ». N’est-ce pas un nom câlin ? Prononcer « Marmottons », c’est un peu comme si on réveillait les heures heureuses de l’innocence en nous éclaboussant par des ressacs d’affections.


Joliment présentés sous une couverture solide sur laquelle des couleurs apaisantes aspirent nos regards d’enfants perpétuels. D’un simple glissement des yeux on devine par avance qu’ici le temps s’offrira une pause.


Ensuite ? Nous ouvrons les ouvrages afin de nous plonger au cœur d’un monde extraordinaire.


Saluons le graphisme, il le vaut bien, amusant, surprenant, empli de détails que l’on découvre encore et encore alors que l’on croyait avoir tout découvert en oubliant ceci et puis ce truc, ce petit machin qui se marie admirablement à l’œuvre en son entier.


Auriane de Pierpont et Colombe Casey ont tout compris, rien à redire, elles offrent non pas de simples histoires gagatisantes, mais au contraire, un univers qui mérite notre respect. « Plus vite Elliot, nom d’une carotte !... », « Jules le jardinier », « Sur les pas de Sacha », « éléFantastique » bien qu’ils portent des titres d’une amusante originalité on ne s’arrêtera pas au premier de couverture au contraire. Je gage que pas un de nos enfants ne fuira l’envie de se saisir de ces ouvrages pour en dévorer le contenu encore et encore jusqu’au jour où, devenus adultes, ils reprendront les pages chiffonnées par une vorace envie de lire (ou de se faire lire), barbouillées de confitures comme le sont ces « doudous » littéraires que nous ne perdons jamais de vue parce qu’ils sont une part intégrante de nos bonheurs d’enfance.


Et puis ? Et puis, rien ne s’arrête puisqu’en jouant avec votre smartphone nous pouvons scanner le QR code qui nous conduira vers une chanson composée par Geoffroy Grandjean et : une histoire audio.


Coup de cœur ? Certainement et plus encore, coup d’amour pour des ouvrages qui ne prennent pas nos enfants pour des légumes sans intérêt.


Les éditions Marmottons portent l’espoir d’un avenir solide. Maison d’édition originaire de notre belgitude, l’occasion de rappeler qu’au cœur de nos terroirs se cultivent quelques trésors.


"Une robe de chambre doublée de soie bleue", Pascale Hilaire

publiée le 11 mai 2022


C’est un joli roman que nous offre Pasacle Hilaire nous déroulant une histoire de fils, un récit puisant au cœur de nos souvenirs des effluves de romarin. L’Ardèche, on la connait par les images d’Épinal qu’elle ne manque jamais d’essaimer sur nos esprits de Brabançons alors que les saisons s’étendent sous la froidure de nos Nordiques vallées.


Ce que j’ignorais, pour l’avoir oublié, c’est que l’Ardèche à partir du xix° siècle verra le département se développer, notamment, grâce à l'industrie de la soie. Par ce récit, nous voici plongés au cœur des ateliers dans lesquelles la main-d’œuvre s’échinait devant la redondance gestuelle quémandée par la production d’un filage de qualité recherché dans les milieux privilégiés.


Dans Une robe de chambre doublée de soie bleue, l’auteure nous entraîne dans un passé pas si lointain ou les mains se louaient pour un salaire dérisoire sous le regard omniprésent de l’autorité pouvant à tout instant, guidée par l’insatiabilité de profit, basculer en autoritarisme. Qu’importe, a-t-on vraiment le choix ? Dans ces contrées où la misère vous guette, on s’accroche à son boulot pour étendre sa sueur au profit d’une vie à la limite du supportable. Mais si au cœur de ce roman la soie se fait une jolie place, il y a surtout l’Ardèche et la colère des éléments, le feu du ciel ou ses déversements, la folie des flots quand ils se gonflent en déraison et, bien entendu, la vibration des espérances lorsque l’amour pointe son nez au cœur des existences de femmes à peine écloses. Ici, quoique le masculin fréquente le récit, j’ai l’impression d’avoir effleuré une trame faisant la part belle à la féminité, ses luttes, ses forces et ses faiblesses ainsi que les regards solaires des amitiés profondes.


À l’horizon se pointe la « grande » Guerre, on la devine sans que jamais l’auteure ne s’y enlise au risque d’y enferrer l’intrigue. Elle aurait pu le faire, après tout une larme au coin des yeux est vendeur, cependant, ici Pascale Hilaire semble retenir sa plume comme si la pudeur orientait ses choix et ce refus de la facilité me semble une orientation bénéfique à de prochains écrits On sait que la mobilisation s’annonce, on sait également que le bonheur se porte sur des fondations fragiles, cependant seule l’imagination du lecteur osera broder les avenirs de ces gens-là, et c’est tant mieux, à quoi bon jouer le dramaturge, de croire que l’on peut-être dieu pour mettre en place la conclusion de quelques destins brisés.


Ici, il me semble que vibre la positivité bien que rien ne soit comparable au gout de la guimauve. La vie décrite en mode observation, ce regard jeté depuis notre siècle de complaisance alors qu’il y a peu, les hommes tiraient du puits cette eau qui, pour nous, coule d’un simple mouvement de poigne.


S’il y a quelques faiblesses, nous les pardonnerons bien volontiers, elles ne sont pas gênantes, apportant une sorte de fraîcheur nous faisant dire que pour un premier roman ce dernier mérite un peu plus qu’une simple attention.


Le pitch :
En 1938, Juliette, seize ans, découvre le monde du moulinage. En Ardèche, la préparation de la soie est essentielle et alimente les usines de tissage les plus prestigieuses de Lyon. Devenir une princesse de la soie… Le rêve de Juliette se transforme en lutte pour la condition ouvrière et féminine, avec la guerre qui gronde et se mêle aux conversations. Alors, Juliette s’invente d’autres rêves, elle se voit comme Anna Karénine, mais au bras de son Lucien.


"Relève-toi et danse", Louisa de Groot et Chantal-Iris Mukeshimana

publiée le 27 avril 2022


Le destin de chacun semble marqué par des marées alternant joies et souffrances et cependant, en regardant vers son voisin, l’autre, celui qui croise nos déplacements marqués par le souffle de l’éphémère, nous trouverons peut-être la force d’avancer malgré notre fardeau qu’il nous faut bien porter quel qu’en soit la charge.


Il m’en faudra du temps pour découvrir « Relève-toi et dance » joliment écrit par Louisa de Groot et ce, en raison de circonstances étranges venant bousculer nos habitudes de vie tel que ce satané virus, du ciel qui coule en abondance et tant de secousses d’existence que l’ouvrage finit par s’égarer sous une montagne d’autres.


La vie, vous disais-je, peut-être bonheur au point de vous combler par sa monotonie jusqu’à ce qu’un matin, pour des raisons ethniques, les armes se mettent à hurler à l’ombre de mille collines. Soudain surgissent les Casques bleus qui sauveront probablement votre vie alors que vous glissez sur vos épaules une durée d’existence pas plus longue que onze ans. Iris est emmenée en Belgique, dans ce pays si froid, arrachée à sa famille et n’ayant pour tout bagage que des rivières de larmes. Ici, je ne puis que m’incliner devant l’incroyable énergie que l’enfant puisera au cœur de ses réserves de volonté, de positivité afin de transfigurer l’horreur traversée par son enfance, les déchirures extrêmes et son corps martyrisé pour arriver aujourd’hui à se transfigurer en professeur de dance bien qu’elle soit rivée à son fauteuil roulant. Sublime ou sublimée ? Courageuse prétendront les autres, mais qu’importe, la revanche d’une "martyrisée" en recherche des vivants, des lambeaux de famille que l’on espère retrouver et probablement, les ressacs des cauchemars devant lesquels on s’émiette encore et encore alors que les vitrines du pays d’adoption s’éclairent sous les illusions de liberté perpétuelles.


Je me retourne ici vers la porteuse de plume, celle qui a prêté son désir de rédaction au récit de la narratrice. Il y a une sorte de musique de ponctuation, un chant venant vous entrainer au cœur de l’apathie tout en gardant la pudeur d’une réserve légère, de celle qui entraine le lecteur à dévoiler ses larmes devant les gestes immondes de la déshumanité.


Toute vie peut devenir récit encore faut-il savoir le faire, réunir les expressions exactes afin que la justesse permette à l’équilibre de la grammaire d’être lue en agréable fluidité.


L’auteure me confiera son ressenti face à l’invite des rencontres en compagnie d’Iris. C’était, me confiera « Louisa de Groot », une aventure au sein de l’aventure, une histoire si belle que j’y prenais plaisir en raison de l’amitié venant tisser sa toile, de ces visites régulières, de m’abreuver des confidences parfois lourdes à entendre ponctuées de silences ou de rires gênés qui me donnèrent l’impression de vibrer en compagnie d’une âme sœur.


Faut-il vraiment s’étendre sur un livre quand il est beau ? Je rêve que quelques enseignants prennent le temps de se pencher sur ce récit de vie, encourager à la lecture nos jeunes adolescents afin qu’ils apprennent à appréhender les coups de désespérances comme une sorte de gestation préparant l’existence à devenir un jour l’éclat d’un avenir brillant.


Ce qui ne me tue pas me rend plus fort écrivait Nietzsche en 1888 dans le « crépuscule des idoles », facile à dire après que la douleur s’efface mais qu’en est-il lors de ses confrontations ?


« Relève-toi et danse » fait partie de ces œuvres qui ne peuvent être ignorées… Faut-il y voir l’aspiration des forces de l’humain ? Peut-être, pourquoi pas ? Chaque lumière qui brule dans la nuit se fait indispensable pour que s’éclaire nos chemins.


"Meurtre à la place Flagey", Pierre Ost

publiée le 23 mars 2022


Il y a quelques années, je me liais d'amitié avec Jacques Nain, éditeur fondateur des éditions ED2A. Jacques, officier de police judiciaire et de renseignement français ayant participé à l’arrestation de Jacques Mesrine, me confiait lors d’une interview qu’il était difficile de trouver de nos jours de bons manuscrits de roman policier. Il y a, me disait-il hors micro, différentes raisons don la principale est une méconnaissance des usages de la police. Un livre se doit d’approcher les vérités de terrain au risque de perdre le lecteur par manque de crédibilité à moins d’être un génie de narration.


En recevant le dernier roman de Pierre Ost je fus agréablement étonné d’apercevoir sur le premier de couverture le sigle reconnaissable des éditions biterroises citées dans mes propos ; voici de quoi éveiller ma curiosité.


Pierre Ost ne nous est pas inconnu, nous en avions parlé lors de la parution de son roman « Le Cargo dans les yeux d’Helen » paru en 2018 dans la regrettée édition Acrodacrolivre, œuvre qui fut primée au salon littéraire bordelais de Buzet sur Baïse. Pierre possède une plume peu ordinaire. Un auteur aimant nous balader vers des horizons inattendus, des histoires à fleur de peau naviguant au fil des pages sur des embruns de conscience mis à mal par les oscillations de vie. Devant la couverture de son nouveau roman, il m’était difficile d’occulter les effluves des œuvres précédentes. Pourtant, si je voulais garder neutralité, il fallait impérativement oublier les ressacs du passé.


Meurtre à la place Flagey nous offre le parfum des années cinquante, cette période où tout semblait permis alors que Bruxelles tremblait sous les assauts des promoteurs et qu’après tout, le bon temps c’est toujours celui que l’on décrit d’avant. Je ne vous cacherai pas que j’ai aimé reconnaitre les quartiers dans lesquels j’aimais me perdre en solitaire effleurant du regard les façades de quelques maisons bourgeoises le cœur émietté par la brisure d’un premier amour. Difficile dès lors de ne pas être influencé par les marées de souvenirs, les bruits et les flagrances d’une ville assoupie sous la rumeur omniprésente des peuples de la nuit.


Une femme étendue là alors que son époux s’est absenté, voici qui éveille la curiosité des enquêteurs. Suicide ou homicide ? Ne reste plus qu’à élucider la question en raison d’une alarme d’instinct qui dicte que dans cette affaire la vérité n'est pas celle que l'on pourrait croire.


Meurtre à la place Flagey n’est pas inintéressant. Il pose les décors de nos souvenirs, ouvre les yeux sur des ruelles oubliées, des rues usées par le passage du temps tandis que, peut-être en raison de ces quartiers que j’aime, j’en oublie quelque peu le rôle des policiers.


Le pitch ? Nouvellement promu commissaire sur la commune d’Ixelles, François Duroc est confronté à un décès suspect dans le quartier de la place Flagey. Est-ce un suicide? Accompagné de ses deux inspecteurs, le policier multiplie les investigations. Tous trois ont à résoudre une énigme qui mènera l’un d’entre eux jusqu’en Grèce. Plusieurs pistes et hypothèses se dessinent. Le suspense est constant ; il met en scène les enquêteurs, mais aussi, leurs épouses. Cependant, les trois couples sont très différents quant à leurs personnalités et leurs conditions sociales. Cet univers diamétralement distinct met en évidence l'opposition qui empoisonne la société moderne, celle entre l’excès d'intellectualisme et le bon sens ! En dépit de leurs individualités et caractères respectifs les trois policiers arriveront-ils à résoudre l’enquête ?


"5 jours de la vie d'une femme", Evelyne Dress

publiée le 09 mars 2022


Découvrir un ouvrage écrit par Évelyne Dress, cela ressemble à ces instants fébriles que l’on aimerait faire durer le plus longtemps possible devinant par avance une lecture en mode sourire.


Évelyne, actrice, réalisatrice, scénariste, peintre et écrivain, tant de cordes à un arc tendu vers la volonté de façonner chacune de ses respirations en compagnie de la positivité. Serait-ce une manière de sublimer les imperfections essaimées sur nos destins ?


À quoi devais-je m’attendre en me plongeant dans son nouveau roman ? Une femme à l’automne de sa vie décide de s’envoler vers les plages de Biarritz. Seule, à la veille de Noël, sans nouvelles de ses enfants, elle s’offre la folie d’une chambre dans l’un des plus prestigieux hôtels d’un lieu réputé pour son élégance et la brillance des cartes de crédit.


Je ne vous cacherai pas que j’ai adoré ce livre tant par la sobriété de l’écriture que pour l’approche des réalités de la féminité portant les 70 ans sous les regards sociétaux. Et pourquoi faut-il définir nos rides comme étant l’essoufflement en regard de l’âge, ce décompte effrayant aux yeux de beaucoup de nos contemporains. C’est peut-être une opportunité pour certains d’occulter notre médiocrité lorsque nous voici confrontés à la comparaison entre la masculinité et l’autre, son opposée, celle qui devrait vivre en restant cachée comme si la différence de sexe était malédiction, que la facilité de l’un devient l’imperfection de l’autre ?


Une femme seule, abandonnée par ceux qui l’aiment comme si cette démission projetait les reflets de leur propre miroir, n’aimant par le biais du matraquage médiatique que ce que l’on prétend beau, la jeunesse retouchée par Photoshop.


La voici confrontée à l’idée qu’elle se fait de son avenir, de la désillusion d’une séparation qui la laissera peut-être définitivement sur le bord de la route en ne retrouvant pour perspective que les retrouvailles avec un lit aux draps glacés.


Une femme, vous disais-je, mais pas que, une rencontre en forme d’amitié offrant un bout de chemin vers la destination que je me refuse à vous dévoiler ici.


Mère sublime par ses aveux allant jusqu’à l’intime, gardant en permanence des propos élégants sans jamais censurer les ressacs de ses désirs, si bien que me vient la tentation de vous confier que je garde de ma lecture une imperceptible impression qu’un écrivain nous livre ici, entre les lignes, quelques aveux de sa propre perception de vie.


« 5 jours de la vie d’une femme » n’est pas qu’une simple lecture, c’est un véritable cadeau, la main tendue vers les lendemains toujours possibles et bien plus encore, ne faut-il pour y arriver que le courage d’un peu de lâché prise.


Quand à mon avis il sera sans détour : À mes yeux, un petit chef-d’œuvre que l’on peut lire de bien des façons, méritant d’être salué pour le courage d’une plume indépendante, libre de cœur et d’esprit. Un texte qui semble si facile à lire, mais croyez-moi, loin d’être aussi innocent que nous pourrions le croire.


"Soleil rouge sur Badényabougou", Vincent Litt

publiée le 23 février 2022


Un médecin volontaire dans une bourgade saharienne, voici déjà posées les prémisses d’une vocation certaine. On aurait pu s’enliser dans un périple fade si l’auteur n’avait pas eu l’intelligence de créer un récit autour d’une aventure captivante.


Eduardo, médecin don les compétences ne semblent faire aucun doute, se retrouve confronté à ce que la vie réserve lorsqu’elle s’emballe devant les regards d’une indigène, de celle dont la grâce attire l’attention du plus honnête des hommes.


On s’en douterait, la médecine prend sa place au cœur d’une narration habile portée par Vincent Litt qui aiguise son talent sur les rebondissements. J’ose affirmer ici que pour une première publication, le résultat est réussi.


Quelle aventure vous nous avez offerte, nous entraînant dans le chemin de la survivance, des maladresses qu’il convient de dompter sachant qu’ici la mort se dérobe en fonction de la tournure du vent.


Et puis il y a Manon, surgie d’on ne sait où, posée sur votre chemin comme si la vie était cadeau. Plus tard, nous croiserons ces fous, imbibés par l’alcool ou la drogue, mais que l’on aurait tort d’ignorer en raison de l’arme chargée, on le suppose, pointée de façon aléatoire pouvant soudain tirer par une simple maladresse. Ensuite ? La nécessité vous pousse à la confiance envers ces hommes de l’ombre, ceux que l’on croise un jour sur le bord du chemin, qu'il vous faut suivre sous l'ardeur du soleil tropical en attendant la libération improbable d’un otage pour qui l'on offrirait sa vie. En de telles circonstances les choix déchirent votre conscience, celle qui pousse à vous précipiter alors que ceux qui vous entourent vous conjurent de vous cacher.


« Soleil rouge sur Badényabougou » attendait sagement parmi le courrier déposé par le facteur. Je l’attendais, on m’avait annoncé son envoie. En extirpant le livre de son enveloppe, je fus surpris par le premier de couverture. Sobres, trois photographies magenta me laissaient deviner… Deviner quoi au juste ? J’avoue avoir été surpris par la qualité de l’aventure, la fluidité de l’écriture, un scénario des plus intéressants malgré quelques maladresses imperceptibles. Premier chapitre à peine effleuré, voici que l’ouvrage se colle entre les mains en avidité de lecture, d’aventure, de soupirs discontinus.


Vincent Litt, médecin et anthropologue né en 1954 à Leuven (Louvain). S'il a grandi à Liège il vit aujourd'hui à Orbais dans le Brabant wallon. Plutôt orienté nouvelles, Soleil rouge sur Badényabougou est son premier roman. S'il fallait vous inviter à découvrir de nouveaux talents, je ne résisterais pas au plaisir de vous orienter vers cette lecture-des plus agréables.


Fawkes Edition, maison d'édition de la région !

publiée le 15 décembre 2021


Notre terroir révèle un terreau si fertile à la création qu’il s’avère compliqué de parler de toutes les découvertes pour ma plus grande désolation. Il y a tant de choses à dire lorsque l’on s’intéresse à la littérature, tant de sujets qu’il faudrait aborder qu’un léger vertige m’enivre quelquefois.


Mon épouse et moi-même étions conviés à la présentation d’un livre (qui l’aurait cru). La maison d’édition à qui l’on devait l’invitation nous avait étonnés, à de nombreuses reprises, par la qualité de ses ouvrages ainsi qu’un catalogue toujours intéressant. Heureux auteurs qui ont la chance d’être publiés ici.


La présentation d’un ouvrage, lorsqu’il s’agit de jeunes talents, fait souvent peine à voir. Le public se compte sur les doigts d’une seule main, tandis que les chaumières brillent de façon saccadée en fonction des programmes qu’offre le petit écran. Rude concurrence n’est-il pas ? Combien de voisins devinent à cet instant précis qu’ici, au cœur de notre région, un écrivain forge sa célébrité sur l’autel des déceptions ? Demain, s’il continue à épancher sa plume, peut-être que cette même population se bousculera pour lire son dernier ouvrage, mais en attendant ? En attendant, c’est grâce aux maisons d’édition honnêtes que les œuvres sortent de l’imprimerie et quelles œuvres !


N’est pas éditeur qui veut. Ici, en dehors de la passion rien ne laisse place à ce que l’on pourrait appeler de l’amateurisme. Les textes sont choisis par un comité de lecture pointu, je veux dire qui laisse parler le cœur malgré qu’une formation de romaniste jongle avec la langue française comme le ferait le plus précis des chirurgiens. Cependant, qu’en est-il de notre belgitude ? Nos expressions, notre approche dialectique, trésors exceptionnels qu’il serait fâcheux d’occulter. Soyons fiers de porter nos différences, ces locutions de terroir forgeant l’exception enviée par nos voisins, ceux qui bercent les souvenirs de la naissance de Voltaire de Hugo et tant d’autres.


Fawkes Éditions, puisque c’est d’elle que nous parlons, respecte cette dialectique. Elle la respecte sans toutefois tomber dans la vulgarité, la facilité de tout accepter au nom de la complaisance.


Il n’est pas dans mes habitudes de parler des éditeurs, les auteurs méritent tous nos regards en raison du travail que requière la rédaction d’un livre. Je ne soulignerai jamais suffisamment les difficultés d’écrire un ouvrage, de le publier, de se voir parfois broyer par le système à la recherche bien trop souvent de la notoriété au détriment de la qualité. Cependant, l’exception confirmant la règle, j’ai envie de sortir de ma réserve parce qu’ici on oublie l’expression « moi-je » pour tendre la main, le verbe et toute son énergie vers ceux qui restent les pierres angulaires de la littérature, je veux dire : les écrivains.


Fawkes Editions mérite que l’on découvre son catalogue. Il est intéressant, passionnant, foisonne de découvertes qui jusqu’à ce jour rendent les lecteurs heureux… https://fawkeseditionsbookshop.com/


La rédaction du Chouette m’invite à vous parler des fêtes, je vous l’accorde, la période y est propice c’est la raison pour laquelle j’ose vous inviter avant de saturer le sapin de cadeaux, à visiter le site de cette maison méritante. Je gage que vous ne serez pas déçu.


En attendant le plaisir de continuer l’aventure en votre compagnie, je vous souhaite une année 2022 exceptionnelle. Je vous invite à faire la grève du sourire afin qu’ensemble nous parvenions à vaincre la sinistrose. Merci à vous, de lire mes épanchements, car s’il n’y avait vos yeux que resterait-il de mes divagations ? Mais qu’importe, l’important c’est vous. Vous que je connais peut-être, que je croise de-ci de-là au fil de nos existences. Finalement, ne sommes-nous pas, vous et moi, les plus beaux des romans ? Ceux que la vie rédige depuis le jour de notre naissance berçant nos larmes et nos éclats de rire… Allons, que l’année nouvelle commence, qu’elle vous soit source d’inspiration.


"Cicatrices", Adrien DALOZE-TILMAN

publiée le 08 décembre 2021


C’est une situation un peu particulière, le scénario redoutable, celui où une connaissance vous parle d’un membre de la famille qui a écrit un roman, vous abordant, puisque vous êtes dans la branche, dans l’espoir de recevoir un avis de votre part… Au secours, voici que la terre se dévoile en raison que quoiqu’on en pense, votre avis peut créer quelques animosités qu’on aimerait éviter. Cependant, j’ose affirmer garder neutralité au risque de me voir écartelé sur la place publique pour émettre un avis qui, somme toute, n’engage que ma perception en la matière.


Puisqu’il faisait beau, que j’avais un peu de temps je me suis plongé dans la lecture d’un tapuscrit encore inachevé. En ce début d’été, les pages que je découvrais n’étaient pas encore publiées, elles n’étaient que l’espoir d’un écrivain en devenir… Faut-il vous l’avouer ? L’apriori était présent, sans doute une réaction négative lorsqu’on essaye de me forcer la main ? Je ne sais, n’empêche, la brise se voulait agréable alors, pourquoi pas ? Juste un regard, quelques lignes, le temps de me faire une idée…une idée de quoi ?


J’ai lu la première page puis la suivante et la suivante encore. En quelques secondes, le temps s’est dissous me faisant voyager dans un monde immatériel. Je pressentais tenir entre les doigts une œuvre méritante, celle dont on aime chiffonner les pages parce que l’impatience vous conduit à dévorer les lignes comme si j'étais pris d’une addiction.


En vérité, c’est le frisson de début de soirée qui me rappela à l’ordre. Les heures venaient de s’évaporer en raison d’un roman passionnant au point d’en oublier de rentrer avant le retour de la femme de ma vie.


Si je devais préciser que ce roman s’adresse à la jeunesse, ce serait réducteur en raison des clivages édictés par le besoin de cataloguer les ouvrages. Adolescence, certes, mais alors ? Faut-il que je n’aie pas vieilli, que mon âme vibre d’une écriture jeunesse ?


Il me restait un doute, celui de n’être pas neutre en découvrant le texte du petit fils de Noël, mon voisin pour qui j’offre le plus grand respect. J’ai envoyé les pages à l’une de mes consœurs que je reconnais sévères en ce qui concerne la littérature. Tel que je m’y attendais, elle fit la ronde des promesses inconfortables ; qu’elle lirait le texte, mais qu’elle n’avait pas le temps, pas tout de suite, pas maintenant. Il ne fallut pas plus de vingt-quatre heures pour être étonné de la voir revenir vers moi avec l’enthousiasme que l’on ne reconnait que trop rarement. Elle m’a dit : j’ai trouvé un éditeur, ce livre est une perle ! Quoi ? En vingt-quatre heures ? Ben oui, j’ai adoréééééé…


En quittant la conversation, mon visage se fendait d’un sourire. J’étais heureux d’avoir fait l’effort de lire un texte proposé, de l’avoir partagé, de faire partie d’une aventure en devenir. Jamais je ne regarde un texte inachevé, un livre en recherche de publication pour simple raison que je n’ai pas le temps de m’offrir le luxe de m’éparpiller. Sacré destin qui vous tourmente les habitudes, pour une fois, je tenais entre les mains non pas un livre, mais l’espoir d’un écrivain en devenir. Comment voulez-vous que ma neutralité résonne ?


J’ai suivi le parcours de ce roman. Les premières interviews et les débordements de chroniqueurs brodant sans se soucier de la réalité. J’ai su, dès le premier regard que cette histoire offrait le reflet de la préciosité, car quoi, moi qui pourrais être blasé, je me suis laissé emporter par une aventure qui m’a fait oublier que malgré le plaisir que j’en retire, la lecture s’associe à mon travail. (Merci Noël)


"Riches Tropiques", Joël Mespoulède

publiée le 06 octobre 2021


Il était une fois… J’adore cette entrée en matière qui semble annoncer l’évasion offerte par un narrateur lorsqu’il vous fait rêver à l’aide du seul outil à sa disposition, je veux dire : le verbe.


Il était une fois une maison d’édition qui brillait au centre de Louvain La Neuve. Académia était son nom et tel un navire intercontinental il affrontait les embruns tandis qu’à la barre, une envolée de femmes accueillait les auteurs avec un respect constamment renouvelé. Il était une fois un écrivain français en recherche de qualité afin de porter ses œuvres au-delà de son terroir, de sa vallée. L’un envoya ses textes tandis que les autres fondirent en amour devant la qualité d’une écriture intéressante. Intéressante ? Certes le mot n’est pas à la hauteur (jeu de mots) du ressenti de ma lecture puisqu’elle m’a donné de croire que la folie mérite d’être apprivoisée lorsque par amour on est prêt à commettre l’irréparable, je veux dire le cambriolage d’une banque. Ainsi, après quelques pages à peine, nous voici plongés au cœur du Niger. La route, la poussière qui vous irrite la gorge et cette ambiance dans laquelle ne manque qu’une musique lancinante, un harmonica peut-être ?


Joël Mespoulède fait partie de ces auteurs qui n’ont peur de rien. Au cœur de son écriture bat un cœur pompant à cent à l’heure les émotions qu’il partage par le biais de l’écriture. Est-ce une façon de découvrir l’ivresse de la liberté qu’offre l’imagination. ? Mais qui est-il ? Quelles sont les raisons qui animent sa plume en qualité interpellante, en narration hypnoptisante ? Il m’est difficile de vous résumer « riches tropiques », ce serait faire preuve d’irrévérence pour un sujet qui porte les rencontres, les différences en sublime relation. L’odeur, les couleurs d’un continent souvent martyr, l’Afrique décrite par un regard de « blanc »… J’adore ce culot de bousculer les frondeurs qui usent notre patience à vouloir effacer l’histoire fût elle peut glorieuse, qu’importe, elle fait partie de notre patrimoine en déplaise aux opportunistes désireux de monotoniser nos paysages sans prendre en compte les mentalités du passé fussent-elles répréhensibles. Mais si Joël nous emporte au Niger ce n’est pas en mode attendu, non, ne vous y fiez pas… Une amitié riche et multiculturelle osant parler d’amour, l’amour d’une africaine que l’on a abandonné pourtant, cette stupide raison qui hante bien des hommes, je veux dire, la peur d’attacher son destin à ce qui dépasse le simple fantasme par crainte des différences culturelles qu’il faudra tôt ou tard présenter à sa famille. Ah ! que l’amour est compliqué lorsque notre éducation s’en mêle pour simple raison que vivre ici ce n’est jamais pareil lorsque le soleil brille à vous bruler le derme en effleurant des traditions subtiles, celles qui ne s’offre pas, pas tout de suite, pas sans une longue dance de séduction. Mais comment résumer ce livre qui ouvre tant de portes, déroule le fil de ces destins que l’on préfère juger plutôt que de comprendre. Cambrioler une banque au cœur de l’Afrique, là où les armes parlent plus vite que la langue, là où la rue vous guette et vous dénoncera parce qu’ici le blanc brille comme une pleine lune.. Il était une fois un roman voyageur, la description de destins qui se retrouvent pour rajeunir peut-être nos rides inévitables… Il était une fois, mais après ? Qu’en est-il de l’armée, de ces groupes terroristes, cet éléphant irascible au cœur de l’Afrique, au cœur d’un continent qui n’a d’autre choix que de survivre devant notre indifférence de soi-disant peuple civilisé ?


Ne rien écrire de plus, vous laisser la surprise d’un voyage certes, mais d’un périple qui souligne l’amour d’un continent.


"Le Cœur en Flandre", Annie Degroote

publiée le 21 juillet 2021


S’il est une région qui fait vibrer mes sens, je dirais que la Flandre se trouve dans le top 3 de ces appels de cœur. Cependant, si je devais me référer à l’Histoire, je devrais préciser que nous parlons ici des territoires que l’on prénomme parfois « les contrées des réfugiés ».


Réparties entre la France, la Belgique et les pays bas, ces vastes contrées n’ont pas manqué de titiller le destin de nos ancêtres et pour cause, ces gens peu ordinaires semblaient dérangeants aux yeux de certains monarques.


Inutile de vous préciser, après cette courte introduction, que ma curiosité fut titillée en découvrant « Le Cœur en Flandre » admirable écrit par Annie DEGROOTE. Précisons d’emblée que ce livre est un roman, une page d’imagination qui nous aspire dans un voyage regorgeant de rebondissements. Un roman? Certes, rédigé respectueusement en écriture qui séduit le lecteur jusqu’à la dernière page.


Les ingrédients sont savamment utilisés afin d’accrocher notre passion en subtile imagination sans perturber, pour autant, la dure réalité forgée par les ressacs de « l’Histoire ». Car ce livre n’est pas qu’une simple écriture, je dirais qu’il regorge d’informations sur les us et coutumes d’un peuple courageux, martyrisé parfois en raison d’une folie politique que nous reconnaitrons pour l’avoir effleuré au temps de nos études : je veux parler de « l’édit de Nantes ». Souvenez-vous, ce fut l’une des raisons qui jeta des milliers de "huguenots" sur les routes.


Si j’aime effleurer le passé sous forme romancée je dois vous avouer qu’il faut pour me séduire que les sources s’appuient sur de solides références.


Il n’y a rien à dire ici pour le quidam que je suis… Nous prendrons notre temps afin de voyager le long des canaux ancestraux. Nous tremblerons certainement lorsque la fièvre des marais nous engluera l’esprit. Plus loin, satanée religion en quête de différence, nous voici obligés à la plus grande prudence afin de retrouver cette damoiselle ayant écrit un appel de détresse.


Il y a également, il y a surtout cette foison de détails rappelant que les jugements d’Histoire s’inscrivent tout en nuance. Les paysages, la rumeur de la ville et les auberges sombres essaimées sur une route qu’il faut franchir en quelques semaines alors que de nos jours, une infime portion d’horloge suffit à ce trajet. Les charrettes que l’on tire sur des chemins de terre. Les gens que l’on croise sans deviner par avance le bien-fondé de leurs intentions.


Annie DEGROOTE rejoint sans appel les coups de cœur de ma bibliothèque. Ceci écrit, n’hésitez pas à lire le roman qui précède : La Kermesse du diable ou mieux encore, « Renelde, fille de Flandres » qui relie les deux ouvrages.


Jodoigne, centre de la littérature le 27 juin

publiée le 09 juin 2021


On en rêvait depuis de nombreuses années et voici que l’écrivain(e) Patricia Fontaine prend l’initiative de rassembler une cinquantaine d’auteurs belges au cœur de la cité de la Gadale.


Le dimanche 27 juin de 10h00 à 19h00 .au sein de l’institut Saint-Lambert, avenue Fernand Charlot, 35, Jodoigne bruissera de lettres pour le plaisir de ceux qui aiment tourner les pages de l’imagination. Salon littéraire? Certes, mais pas que, puisque tout est prévu pour les plus jeunes et leurs ainés.


Plaisir de la lecture ainsi que l’occasion de s’essayer à l’écrire grâce aux ateliers ouverts à toutes les tranches d’âges, y compris les plus jeunes, encadrés par des plumes de renom, des artisans du verbe reconnus pour certains, jusqu’au-delà de nos frontières. "Au diable" les inhibitions, ici pas de jugement, juste le plaisir de s’évader au même titre que ceux que vous adulez en secret.


Il nous faut saluer le travail de l’organisatrice qui, malgré les circonstances, s’est battue contre le pessimisme ambiant, les normes restrictives, ces mêmes barrières responsables de l’annulation de nombreux salons du genre. Repoussé à de nombreuses reprises, quelques privilégiés furent témoin de l’acharnement de Patricia déclarant que : « quoiqu’il arrive nous organiserons quelque chose »…y ai-je cru ? Oui, quoique, au fil des semaines sacrifié au nom d’une invasion virale, l’optimisme me fit quelquefois défaut. Je salue l’initiative avec l’enthousiasme que l’on devine et vous invite à vous rendre en famille à ce qui ressemble aux fondations d’une construction durable. Le monde artistique a été rudement touché par la crise sanitaire. Souvent oubliés, les artistes ont parfois lutté pour garder le goût de la création. Par pudeur, beaucoup ont gardé le silence, baissé la tête, remettant en question des années de travail en raison d’un chemin que l’on qualifie de divertissement. Ils sont indispensable, mérite nos regards, notre désir de découvertes.


Je n’oublierai pas de saluer les institutions locales et régionales qui ont apporté un soutien non négligeable à la réalisation de ce projet. Merci Patricia Fontaine de nous offrir le feu de l’optimisme. Un nouveau roman, un salon littéraire, mais où va-t-elle puiser cette énergie ? Jodoigne grâce à ce genre d’initiative, porté par quelques passionnés, pourrait devenir une ville incontournable, un bouillon de Culture rayonnant sous les regards de la francophonie. Chiche !?


"Tête de paille", Gérard Glatt

publiée le 10 mars 2021


Il serait juste d’affirmer que l’écrivain Gérard Glatt fait partie des plumes incontournables de ce début de siècle. Considérant que la littérature mérite le respect de celui qui la modèle, on peut prétendre que les œuvres de cet artiste sont élaborées sous forme d’orfèvrerie. Étonnant d’approcher le travail d’une âme inconsciente de la qualité du verbe qu’elle façonne avec talent. Étonnant ? Pas nécessairement si l’on considère que chaque ouvrage semble issu d’une forme de recherche du Graal littéraire, je veux dire par là, une œuvre parfaite. Travailleur infatigable, confronté à l’insatisfaction, si Gérard Glatt fait partie des « grands » il ne semble pas conscient de l’engouement qu’il provoque auprès de ses lecteurs. Peut-être faut-il se réjouir des questionnements qui hantent l’artiste, saluer ce tourment, sorte de mortier nécessaire à l’édification de son œuvre ? Ainsi, en qualité de lecteur nous accueillons l’ambiguïté générée par la cohabitation entre l’empathie et l’égoïsme d’espérer que le tourment persiste. Ce serait réducteur de croire que le talent ne réside qu’en blessure de vie, car il est certain qu’ici, s’exhibe le résultat d’un travail acharné.


En me confiant « Tête de paille », Monsieur Glatt fit la confidence que « cet ouvrage-là » serait probablement celui qui lui tient le plus à cœur. J’avoue avoir été étonné d’entendre ces propos de la bouche d’un homme qui chérit la discrétion. J’aurais du augurer d’une réponse résonnant comme une évidence. En effet, la lecture de l’ouvrage fait rapidement apparaître une sorte de cri enrobé de tendresse.


Gérard nous parle de son frère, ce "même sang », ce compagnon d’enfance portant son destin sous le sceau de la différence. Le lecteur observe une famille qui entoure un garçon déconsidéré par la maladresse de ceux qui réfutent sa place au sein de la communauté des humains. Une attitude pas nécessairement exprimée, mais tout de même, soigneusement perfide dans le but d’occulter l’incompétence ou les limites de nos civilisations. Ainsi, au fil des pages, nous apprécions la verve de Gérard Glatt, son honnêteté à nous brosser les ressacs du vécu, les affres d’un foyer qui refuse de considérer l’un des siens comme étant « l’exclu », « la curiosité ». Certes, il y a les rires, le bonheur, car s’il existe, c’est en équilibre précaire en raison des dissonances générées par les cris, les colères, les révoltes. Qui d’autre aurait pu nous faire ressentir le poids des regards, l’insoutenable que peut représenter la pitié devant ce que « ces pauvres gens » doivent vivre au quotidien ?


Gérard apprend le décès de son frère… J’imagine, connaissant Gérard, que le silence fit son chemin afin d’apprivoiser les souvenirs qu’il nous offre ici sans recourir à l’ablation des situations pénibles. C’est joliment conté, dénué d’inutiles larmoiements. Oui, c’est en cela que réside le talent… Une histoire certes, une œuvre certainement qui me permet d’écrire qu’au-delà du témoignage offert par ce roman, la qualité d’écriture mérite notre attention...


Tête de paille : quel joli titre pour saluer, que dis-je, pour rendre hommage à un trop plein de tendresse. J’avoue avoir été séduit par l’honnêteté des propos. Loin d’être fleur bleue, ce n’est pas qu’un simple récit, au contraire, tête de paille est, à mon regard une œuvre de référence. Merci, Gérard Glatt de nous parler de ce frère que vous aimiez. Un être qui ne demandait à la vie que l’harmonie que nous fréquentons à notre échelle, je veux dire : l’essentiel, les rires quand ils éclatent, les joies qui se présentent, le lever du soleil et le simple plaisir de se savoir vivant.


De ce morceau de vie j’en retiendrai cette morale : le dérangement d’un regard appuyé quand il se présente dépasse l’humiliation de la pitié quoique, je crois qu’en vérité cette pitié révèle le soulagement de n’être en rien concerné. En sommes-nous certains ? Encore faudrait-il pouvoir définir ce qu’il convient de considérer "normal"… « Tête de paille » mérite, je crois, de faire partie des leçons de morale des cursus scolaires. Un livre ? Non, une œuvre qui définit la vie, ses difficultés et sans vouloir s’en cacher, approche la faiblesse de chacun, écorche le verni de l’éducation. La perfection n’étant pas de ce monde, chacun a droit à ses faiblesses, à ses échecs et c’est tant mieux, ces derniers peuvent nous amener les éléments nécessaires à notre amélioration.


Enfin, pour conclure cette chronique je ne puis que remercier l’écrivain Gérard Glatt, car ici, entre les mains je ne découvre pas un livre ni un récit, un témoignage au service des êtres déconsidérés


Au revoir mon ami

publiée le 13 janvier 2021


Chaque année qui passe résonne comme un rappel. Le temps érode nos illusions tout en forgeant de si jolies choses qu’en finale, nous ne pouvons que saluer la vie. Certes les épines lacèrent notre innocence, mais qu’importe, puissent-elles aider à bâtir l’expérience qui atténue nos faiblesses. 2020 s’éteint, vive 2021. Cependant, la Saint-Sylvestre me semble en berne tant sont nombreux les proches qui nous ont quittés. Ainsi je n’ai pas la force de m’orienter vers la littérature. Je ne vous parlerai ni de livre ni même de ces découvertes que l’art nous réserve. Aujourd’hui j’ai le cœur en berne, aujourd’hui j’ai le mal à l’âme en songeant à ce gentilhomme qui vient de tirer sa référence. Malik s’en est allé et c’est un peu par hasard que j’apprendrai son départ sans me laisser le temps de venir me prosterner devant celui qui m’avait tant donné. Serait-ce une dernière blague, celle de me préserver peut-être ? Il s’est endormi si soudainement que le bon Dieu a dû s’organiser en catastrophe pour que les anges lui réservent une haie en forme d’amitié. Je garde en souvenir le rire devant une planche dans laquelle se cachait une facétie, un clin d’œil dont nul ne comprendra si ce n’est le premier cercle, celui des confidences. Je garde en mémoire ses yeux illuminés devant une table de mini-foot entraînant mon épouse pour une partie pendant laquelle il démontrera sa supériorité.


Maudite soit cette putain de vie qui s’incline devant la faucheuse en nous laissant que poussière en lieu et place de ces regards indispensables. Le temps érode nos espérances, lacère notre innocence en cruelles nouvelles, celles qui blessent nos envies de construire un monde en mode sérénité.


Depuis quelques semaines se cache Cupidon sous un déluge de larmes. Les flèches de l’amour n’ont d’autres proies qu’une couverture de poussière tandis que là-haut, Saint-Pierre déserte sa fonction pour se joindre à des matchs endiablés (jeux de mots) de parties de kicker. On prétend que le bon Dieu n’arrive plus à gérer ses troupes en raison de fous rires inconvenants en ces lieux que l’on présume saints… Mais n’est-ce pas le secret de la sainteté que d’appréhender les choses en mode « joyeux »?


Adieu, William, que ton voyage soit beau… Oublie tes peines et tes blessures et si le bonheur se présente, n’hésite pas, oublie les agitations de notre monde, oublie qu’ici la sueur perle sur les journées de labeur… Où que tu sois, quoi que tu fasses, je voulais te dire merci.


Mais que ceci ne m’empêche pas de vous souhaiter une année 2021 extraordinaire.


"L'Horizon en Eclats", par Marie Bernadette Mars

publiée le 07 octobre 2020


Marie-Bernadette Mars nous offre un ouvrage méritant nos regards et toute notre attention. Je gage qu’il ne laissera personne indifférent. Rédigé à l’aide d’une plume que l’on pourrait prénommer de nerveuse, incisive, voici de quoi prendre le risque de se tromper. Ce recueil de "nouvelles" secoue nos léthargies en plaçant au-devant de la scène l’un des "mal-être" sociétal, celui qui ronge pas mal d’entre nous. J’ai envie d’ajouter qu’il fallait « oser » et qu’elle a « osé ».


Au-delà d’une écriture agréable à lire, de textes joliment tournés, il n’en reste pas moins que « L’horizon en éclats » résonne comme un cri qui tente de réveiller nos instincts. Quelle image offrirons-nous à nos descendants si nous ne possédons pas l’héroïsme de ce que nous devrions tenter ? J’avoue y avoir songé, faire partie de la résistance, de ceux qui ouvrent la porte par simple geste d’humanité.


Engagé ? Je n’en suis pas certain. Plus juste serait d’écrire que l’auteure observe les tempêtes qui rongent nos rivages pour raison que les gardiens se sont réfugiés au coin d’un feu. Bel exemple si nous devions le faire dans le but de réchauffer les frilosités de nos civilisations. Non, ceci n’est pas un livre basé sur la démagogie. Non, ceci n’est pas un plaidoyer en faveur d’un monde rose bonbon, d’un monde dans lequel ne règnent que les « Barbies » et les « poneys » à la crinière multicolore. À l’opposé de tout confort, il offre la réalité de vies qui s’éparpillent, de destins qui se rejoignent, d’espoirs et d’illusions perdues sans cependant nous enliser dans une mélasse de prêches moralisateurs. Car il est de la joie qui surgit quelquefois de ce que je craignais n’être qu’un sombre voyage. Si Marie-Bernadette Mars a osé, elle l’a fait avec une sensibilité à fleur de peau, en jonglant avec les mots, portant le verbe comme s’il était précieux, comme s’il devait être serti en jolie parure linguistique.


Comment rendre hommage à « L’horizon en éclats » ? Car oui, ici hommage se mérite par l’art en traits de plume. Paradoxe probable en découvrant que je rédige ce billet à l’ombre d’une vigne dégoulinant de fruits. Joli symbole si l’on veut parler de privilège, celui d’être né du bon côté.


L’ouvrage se comporte comme un fleuve sauvage. Il vous oblige à naviguer en posant prudemment les yeux, à veiller sur les écueils qui blessent les souvenirs, qui éclaboussent notre frilosité, nos réflexions irréfléchies, les raccourcis trompeurs de cette effroyable vérité. Certes, les migrations existent depuis que l’homme a posé les yeux sur son environnement. Débat interminable qui aurait pu tendre un piège à l’auteure si elle n’avait eu l’intelligence de nous guider en qualité de simples observateurs. Observateurs? Certes, cependant il serait faux de croire que cette façon de procéder occulte les souffrances incommensurables que doit porter une grande partie de nos semblables en raison de l’avidité d’une poignée d’opportunistes engraissés par la souffrance du monde.


C’est en refermant « L’horizon en éclats » que soudain je prends conscience que nos destins sont éphémères et qu’il suffit d’un éternuement pour perdre le confort d’une vie. Personne ne peut se vanter de marcher sur un chemin préalablement tracé.


Certes, ici je déborde, ce n’est qu’un frémissement de résistance, une façon de protester contre les iniquités de vie. Aurais-je dû me taire ?


Né en Belgique depuis le Brabant Wallon, une première mondiale en littérature

publiée le 05 août 2020


Le premier Salon littéraire Virtuel est né sous la dénomination du SILLF (Salon international et virtuel d’Art littéraire en langue française). Le 4, 5 et 6 décembre, les portes d’un évènement unique en son genre s’ouvriront pour le plaisir d’un public diversifié.
Regroupant des auteurs, éditeurs et autres acteurs satellites à la littérature, le SILLF met en place une vitrine mondiale permettant aux visiteurs de découvrir non seulement des œuvres rédigées en langue française, mais une possibilité de rencontre et de discussion avec les exposants.
Que vous soyez à votre domicile, en déplacement, à l’hôpital, une simple connexion WiFi vous permettra de participer sans altérer votre emploi du temps.


La genèse du SILLF
Une équipe de passionnés belges en collaboration avec des écrivains canadiens, français et suisses proposeront le 4, 5 et 6 décembre le premier salon littéraire en mode virtuel.
En gestation depuis un certain temps, le confinement fut ce qui fit basculer un rêve vers la réalité.  Une utopie au service de la littérature et de la planète, voici de quoi ravir ceux qui prônent l’économie de CO².  Pas de déplacement, juste une présence en mode « cool » quelque part à partir d’un recoin de la planète.
Pour les exposants, un salon peut représenter un budget lourd à digérer sans compter les à-côtés qui ne manqueront pas de greffer le portefeuille : Transport, logement, alimentation, matériel d’exposition. Dans le concept proposé, non seulement les participants resteront à la maison, mais profiteront d’une vitrine internationale. A peine annoncé que de nombreux acteurs en provenance de toute la francophonie ont répondu présents.
Des auteurs, des maisons d’éditions, des agents littéraires et tout ce qui touche à la littérature. 


Et le public dans tout ça ? Entrée gratuite
Le public découvrira les auteurs et les œuvres proposées sans se fatiguer, à un rythme tout ce qu’il y a de personnel, pouvant revenir à volonté et profiter d’une ambiance rarement égalée.  Chaque visiteur aura le plaisir de discuter en « Life » avec les exposants, mais pas que.
Des livres, des auteurs et de nombreuses conférences diffusées on mondovision.
Chaque conférence sera diffusée en direct, le public pouvant réagir en posant ses questions éventuelles.


Sont déjà annoncés : Les frères Bogdanov, Évelyne Dress [réalisatrice & écrivain], Chantal Figuera Lévy [écrivain et proche de Joseph Joffo], Nathalie Colas (Belgique)  [écrivaine et enseignante], Philippe Lienard (Belgique)  [écrivain, conférencier et directeur de maison d’édition], Eric Bettens Belgique) [compositeur & musicien], Jean-Marie Lacaux [écrivain & journaliste], Marie-Hélène Fasquel (Erhart) [Professeure de Littérature en section internationale], Juliette Nothomb (Belgique) [écrivaine chroniqueuse], Gérard Glatt [écrivain & conférencier], Martine Colas (Belgique) [réalisatrice & écrivaine], Bou Bounoider [écrivain, enseignant, éditeur] D’autres conférences sont en attente d’approbation.


Pour tout renseignement : belartitudeasbl@gmail.com


"La conjonction dorée", Benoît Sagaro

publiée le 15 juillet 2020


Il s’est présenté devant ma porte, m’a tendu un roman, son roman. C’est toujours une situation délicate si l’on sait qu’il est impossible de couvrir toute l’actualité littéraire et que l’auteur attend énormément de ce genre de démarche. Parler de tout pour ne rien dire n’est pas dans mes habitudes, pas en ce qui concerne la littérature, ce serait tromper par démagogie, par facilité et perdre toute crédibilité. J’ai donc tendu la main et promis de lire l’ouvrage comme je le fais pour tous les livres que je reçois. Question de politesse et puis… Et puis il y a ces occasions de découvrir de véritables trésors, de petits miracles… J’AI ADORÉ !


Ce roman m’est rapidement apparu comme un cadeau, celui que l’on espère parfois toute une vie de chroniqueur sans jamais l’approcher. Une aventure pleine de rebondissements qui, si j’ose une analogie, n’a rien à envier au célèbre « da vinci code ». Ouvrir la première page vous place devant un défi, celui de s’arracher de l’histoire qui se déroule tantôt au Mexique, en France, en Grèce, en Russie en passant par l’Italie avant de voyager jusque dans l’espace. Riche en vocabulaire on devine que l’auteur possède une culture qui frise la passion. Le rythme de l’écriture est harmonieusement balancé, probablement en raison d’un travail de fond consciencieusement réalisé. On devine qu’on a banni toute longueur inutile. Mais il y a surtout ce voyage au cœur de la Grèce antique, la recherche des raisons qui ont pu pousser les philosophes et les mathématiciens de l’époque à approcher le "prestigieux" en n’ayant comme seules références que les moyens du bord. J’ai adoré partir en quête d’indices, m’indigner face aux "méchants" encore que, quelquefois on se mélange les pinceaux grâce à l’habilité du romancier. Mais, quel régale de partir à l'aventure en effleurant les secrets de l’astronomie sachant qu’ici, nous sommes dans l’imagination. Confronté à la théorie du complot, le lecteur se délecte. Une secte qui désire occulter… Occulter quoi ? Ne comptez pas sur moi pour vous dévoiler l’intrigue.


Deux cadavres sont retrouvés en étrange posture. Tous deux sont savants, tous deux ont un lien avec le personnage central. Les indices sont minces et par simple déduction on comprend que rien ne sera facile pour découvrir les secrets de cette morbide mise en scène. Oui, mais la police ? Justement, la police possède-t-elle les qualifications nécessaires afin de démêler les ramifications obscures cachées derrière ces mystères ancestraux ? Rapidement, on comprend que nous sommes face à l’instant T, celui d’une révélation qui pourrait changer l’humanité. Alors, puisque l’on doit trouver la clef, on trompe la vigilance des représentants de l’ordre.


Ici, vous voyagerez parmi les trésors de l’humanité. Vous comprendrez le pourquoi de certaines réalisations artistiques prestigieuses. Le pourquoi ? Le comment ? Je gage que plus jamais vous ne passerez devant une œuvre d’art sans vous émerveiller. Ensuite, il y a ces petits secrets d’Histoire que l’on découvre, qui se rappellent à notre mémoire.


Un roman dans lequel se pointent des sentiments d’amour sans jamais verser dans la vulgarité. Amour platonique ? Et alors ? Platon forge bien sa place dans l’aventure qui nous concerne. Je ne sais pas vous, mais moi j’adore cette dance de séduction qui font rêver les êtres sans se vautrer dans la vulgarité. Enfin, une pointe d’humour, juste ce qu’il faut pour assaisonner l’histoire.


Oui, j’ai adoré ce livre et je gage que nous sommes face à un Bestseller en devenir.


Connaissez-vous l’auteur ? Il ne vient pas de France, il ne provient pas des immensités américaines non, il nous provient de notre terroir à un jet de pierre de la cité de la Gadale.


Grand Gagnant Prix Femme Actuelle 2020… La classe ! 


"Au bout du conte", Myriam SALIGARI

publiée le 17 juin 2020


Ne pouvant croire que l’amour est facile à définir, j’ai fait appel à mon ami fidèle « le dictionnaire ». Amour : Sentiment intense et agréable qui incite les êtres à s’unir.


Puis-je avouer que cette définition me fait sourire, car quoi, qu’entend-on par s’unir ?  L’amour ne se limiterait qu’à ça ?  Si la réponse est positive, voici un sentiment complexe réduit à une triste banalité.  À mon regard, au risque de paraître fleur bleue, l’amour est tout sauf une banalité.  Un sentiment si grand qu’il contient énormément de facettes pouvant grandir voir, disparaître au fil du temps.  S’il fallait en citer quelques-uns je puiserais les mots suivants : Patience, tolérance, folie,  tendresse, accord, désaccord et pourquoi pas, en de rares occasions, quelques éclats de colère. 


Il est évident que ceci n’est qu’un point de vue qui peut être bousculé par les circonstances de vie, de rencontres, de fusion de l’esprit.  Peut-on aimer plusieurs êtres à la fois ?  Est-il possible de partager sans blesser, sans se blesser soi-même, sans que la trahison pointe ses sarcasmes à la moindre occasion jusqu’à l’ablation des rencontres ?  Intéressant si l’on considère que l’amour s’épanouit grâce à la confiance.  Pourquoi ne pas rencontrer par simple intérêt d’esprit ? partager, par exemple, une activité ludique sans songer à mal.  Ou sont les risques à se mettre en danger ?  J’entends qu’aimer, c’est pardonner, se pardonner soi-même, éviter l’éphémère pour un parcours de longue haleine.  Facile à dire, mais quand est-il lorsqu’une pincée de jalousie vient vous empoisonner ?  « Aimer » ne devrait pas être synonyme de « posséder » et pourtant, comment ne pas confondre lorsque l’on consacre une partie de sa vie à construire son avenir à deux ?  Je reviens à ma question, qu’est-ce que l’amour ?  Aimer par amitié, aimer d’amour filial, aimer une œuvre d’art, un diner entre copains…  Il y a de quoi s’y perdre surtout si l’on confond amour et désir de l’autre.


En approchant le roman de Myriam SALIGARI, Au bout du chemin, voici que mon esprit s’emballe.  Ici se découvre une plume d’une rare qualité.  L’auteure approche l’inavouable sentiment de trahison possible.  C’était risqué de se lancer sur cette voie, je veux dire, avec l’originalité d’un récit qui couvre les raisons d’un basculement de vies.  Oui, j’ai conjugué le mot « vie » au pluriel, car j’imagine qu’un amour se déroule au minimum en binôme.  Deux êtres qui se lient pour un futur qu’ils espèrent éternel jusqu’au jour où la banalité s’installe.  Voici ce qui devrait nous alerter, voici ce que nous devrions fuir…  La monotonie est cruelle quand elle épuise les sentiments, c’est ainsi pour toutes choses, la nouveauté « attire » par soif d’aventure.  Oui, mais, les flagrances étonnantes ne sont pas toujours éternelles…  Se lancer vers une floraison de mars en reniant tout ce qui avait été construit, voici pari risqué, voici folie qui brise une partie de l’humanité.  Certes, les filles sont plus jolies les unes plus que les autres.  Oui, elles possèdent chacune un attrait particulier.  Quand est-il sur la durée ?  Comment faire la différence entre fantasme et la fusion qui permettrait de s’élever à deux ?  Partir pour trouver quoi ?  Retrouver peut-être ce que l’on rejette en cet instant précis ? 


« Au bout du conte » nous parle d’une rencontre.  Le talent de la narratrice  se dévoile dans les détails.  Une rencontre, certes, mais qui se déroule dans un décor particulier, dans des circonstances peux banales.  Je ne vais pas vous essouffler en propos alambiqués, ce n’est pas nécessaire. Ici, dans ce roman, les mots se posent sans qu’un seul instant le lecteur se lasse du plaisir de lire.  C’est beau, c’est simple, d’une fluidité jolie qui nous déchire entre espoir et grande peine.  On ne peut éviter la souffrance sachant qu’une lettre attend d’être lue pour révéler une trahison.  Partir, tourner la page pour une vie nouvelle, on peut le comprendre cependant, ce nouveau départ se ferait au détriment de l’autre…  Aimer pendant vingt ans et décider de fuir…  Amour ou pulsion ?  Peut-être qu’après tout le dictionnaire aurait raison : Amour : Sentiment intense et agréable qui incite les êtres à s’unir.  OK, d’accord et puis ?  Chacun pour soi ?  On prend, on jette au risque de… tout ceci pour dire que ce roman est une perle. 


"Marraine", Émilie Chevallier Moreux

publiée le 05 février 2020


La coïncidence est étrange, presque magique et vu les circonstances je suis tenté de vous inviter à lire « Marraine » de Émilie Chevallier Moreux comme si ce livre n’était pas qu’une simple expression de l’imagination.  Oui, mais ? Imaginer ou croire et croire à quoi ?  À la magie parbleu ! Cet étrange pouvoir auquel nos anciens croyaient, ces mystères que la science renie, que la religion emballe sous l’appellation de superstition.  Si notre siècle n’était violenté par les extrêmes de tout bord, je vous avouerais que le sourire lisserait mes rides rien qu’à songer au mot « miracle » exploité par les prêches alambiqués.  Et pourquoi pas ?  Pourquoi ne pas se vêtir d’une innocence d’enfant, d’un peu de naïveté au risque de se laisser entraîner dans un périple imaginaire qui nous ferait trembler.  


Que dire de l’écrivaine ?  Émilie Chevallier Moreux nous offre à travers ses écrits, une vision originale de ce que représente la littérature en général.  Voici une histoire soigneusement construite, sculptée à l’aide d’un verbe conjugué en juste place.  Se dévoilent des phrases ne contenant rien de plus que les mots nécessaires à la narration de ses écrits.  J’aime ce style d’écriture, j’aime quand l’écrivain élague en incisions chirurgicales offrant au lecteur le plaisir d’une lecture fluide.  La qualité d’un écrivain n’est-elle pas d’éviter de se perdre dans les méandres d’un décorum approchant le baroque ?  


En se laissant porter par la lecture de « Marraine » nous voici plongés au cœur de l’origine des écrits de « Perrault ».  Vous ne connaissez pas ? Allons, « Blanche Neige », « Peau d’Âne » etc…  


Voici une approche inédite, modelée en forme d’intrigue, un suspens passionnant  à condition, comme je vous l’ai écrit plus haut, d’oser sortir de sa zone de confort.  Pas de panique, le livre est captivant et je n’ai aucune honte à vous confier que j’ai trouvé plaisir par cette lecture. Certes, la magie se dévoile de-ci, de-là, sans apporter de lourdeur au récit, sans que les yeux n’emportent le lecteur vers un sommeil profond.  Au contraire, si vous acceptez d’aborder ce monde imaginaire, il vous sera difficile de vous arracher de l’histoire.  Magie ?  Surement, basée sur une recette agrémentée de travail et d’imagination.


Malgré que la question puisse étonner les plus cartésiens d’entre vous, je me suis demandé si Émilie confessait ses espoirs de vie.  J’entends déjà hurler « à la sorcellerie ! ». Je vois quelques buchers qui se préparent. Calmez-vous, éteignez votre ardeur, qu’importe mon ressenti s’il vous emporte à d’absurdes pulsions, car cette allégorie mérite que l’on s’incline et croyez mon regard s’il témoigne que ce livre reflète un joli talent.


Comment puis-je vous résumer l’histoire ?  Une femme a un don, celui de guérisseuse.  Elle offre ses services à quelques parturientes, femmes de riches seigneurs, don l’accouchement ne se déroulera jamais comme prévu.  Il y a les gentils, les méchants, les pas gentils mais pas méchants.  Prenez ces quelques ingrédients et saupoudrez d’amour…  Voici que la recette s’emballe, voici que l’avenir n’est plus aussi temporel pour une certaine élite.  N’oublions pas d’assaisonner…  Ajoutons une pincée de jalousie, de manipulation, d’orgueil mal placé…  Une sorte de conte basé sur l’observation de nos propres gesticulations.


Enfin, pour terminer ce billet je n’ai plus qu’à saluer l’ouvrage.  Je le fais en toute honnêteté, sans pression ni intérêt.  J’offrirais une note élevée si j’étais en mesure de le faire.  Quel joli cadeau que de m’offrir l’impression d’être redevenu un enfant don la brillance du regard vous offre toute sa reconnaissance. 


"Les souris dans le rétroviseur", Jean Piérard

publiée le 22 janvier 2020


Jean-Piérard, le Namurois Catalant puisqu’il n’est plus d’ici, qu’il est parti chercher le soleil et les vignes plantées par Dionysos en personne, là-bas, proche de la chambre nuptiale de Poséidon, un lit de séduction posé sur les flancs de Collioure, ville qui vibre d’amour, de fougues, de promesses faites à celles en quête d’extase… Ah ! L’extase… Peu le savent, si les amoureux possèdent une ville elle ne porte pas le nom de Venise, celle-là, c’est pour les touristes tandis que Collioure oh oui, Collioure ! (soupir), mais de qui parle-t-on ? De Poséidon ou de Jean Piérard ? Des deux peut-être, des deux probablement.


Jean-Piérad, disions-nous avant de nous dissiper, est un auteur plutôt orienté « Nouvelles ». Quoi ? Qui ose prétendre que les nouvelles sont les parents pauvres de la littérature ? Vous ? Merci, pour votre honnêteté cependant, permettez-moi remettre en question cet apriori décevant. Je vous l’accorde, pour réussir une bonne nouvelle il faut du talent et un sens, que dis-je ? Un don de conteur, celui d’émerveiller le lecteur à chaque ligne afin de lui donner l’envie de continuer. Comme toute chose, la réussite d’un ouvrage dépend de l’artisan et à propos de livres il en existe d’excellents, de bons et malheureusement de « Bofs ». En ce qui concerne les derniers, passons, nous ne sommes pas ici pour dénigrer qui que ce soit, vive la positivité.


Si Jean-Piérard est écrivain, il est également musicien, c’est important, ses écrits transpirent régulièrement d’ambiances calquées à partir d’un vécu de baroudeur (à prendre au sens noble du terme). Poète de longue date, il fréquentait la citadelle de Namur et fut l’un de co-organisateurs de la première édition des minuits de la poésie qui se déroulait là-haut, probablement en offrande à la Meuse ou la Sambre ou les deux puisque c’est en ces lieux que les fleuves se rejoignent avant de rejoindre Liège la lumineuse. Fusion des eaux qui fait dire à certains que c’est grâce à ce joyeux chambardement que les Namurois portent une étincelle particulière au fond des yeux. Jean-Piérard et Namur, voici de quoi éveiller notre intérêt. L’un porte le verbe avec originalité, l’autre est le centre du monde. Un peu de chauvinisme que diable !


« Des souris dans le rétroviseur » paru aux éditions « Alexandra de Saint-Prix » nous offre des horizons divers. Ne cherchez pas à m’en faire dévoiler les textes, je m’y refuse, comme ces cadeaux bien emballés il est préférable d’en découvrir le contenu en préservant la surprise.


Pourtant les horizons que propose l’artiste offrent au lecteur le don de nous faire rebondir sous différents décors. Proposition intuitive ? Placez le Best Of de Ennio Morricone de préférence en version 33 tours sur une platine ancienne. Versez-vous une bonne dose d’excellent pur malt. Décrochez le téléphone, coupez la télévision, trouvez une occupation pour que votre moitié et les enfants soient obligés d’être loin de la maison et là… Hmm le meilleur fauteuil et « Les Souris » en guise d’évasion…


Ne lisez pas cet ouvrage en vitesse de compétition. Ce livre se savoure et propose quelquefois un jeu de piste afin que les mots prennent un envol sous d’autres horizons que ceux que l’on croyait découvrir en première lecture.


À lire sans modération mais attention ! Les chutes réclament une petite place à la réflexion, merveilleuse année 2020.


"Soie et Métal", Tuyêt-Nga Nguyên

publiée le 10 décembre 2019


Lire un livre c’est être témoin d’une sorte de petit miracle. C’est partir, par le biais de 24 caractères, à la découverte de destins qui se seraient éteints, évaporés, oubliés s'il n’existait pas le prodige de l’écriture. Certes, on pourrait résumer par ces quelques mots les voyages vers lesquels les auteurs nous entrainent cependant, ne serait-ce pas léger de simplifier ainsi ces confidences élaborées par des assemblages de lettres qui nous attendent à chaque nouvelle lecture ? Disons-le sans langue de bois, il y a roman et roman. Mes goûts ne sont pas les vôtres, je n’en disconviens pas, tant pis si c’est contradictoire, le style et le contenu d’un livre décident de sa qualité. « Soie et Métal » rédigé par « Tuyêt-Nga Nguyên » fait partie des incontournables.


Ainsi, dès la première page, l’intrigue se met en place sans le moindre essoufflement. Plus tard, ce tourbillon de vies va nous offrir la force d’oublier notre personnalité. Nous voici entraînés au cœur d’un orage de sentiments contradictoires. L’amour est une aventure précieuse qui conduit les élus de Cupidon à prendre des décisions qui peuvent blesser et sublimer en force parallèles. Mais ceci, même si l’on peut convenir que nous abordons le fil rouge du roman, n’est rien en comparaison de la douceur d’une écriture habilement sculptée. Ici, c’est comme si Tuyêt-Nga Nguyên s’était lancée dans la conception d’une pièce d’orfèvrerie. C’est réussi, j’en suis le témoin, je tremble d’émotion et j’ose prétendre que voici un texte remarquable.


Souvenez-vous, il y a quelques années déjà, le monde découvrait le Vietnam en raison d’un tremblement d’histoire géré ou provoqué (parfois) par des êtres qui semblaient ne pas comprendre ce que le mot « honneur » peut signifier aux yeux du monde. Une crevasse allait cicatriser la terre, entrainant le destin de millions d’individus, pour les plus chanceux, à baisser les yeux, attendre des jours meilleurs, attendre que le feu des bombes s’éteigne enfin et que la folie se fasse oublier. S’oublier ? Vraiment ? Le crime venait d’ailleurs, non par indifférence, par opportunisme probablement, par le déni de gestes d’humanité.


« Les incendies des âmes s’éteignent-ils, à l’image de ceux des forêts ? » Comment répondre à ce cri lancé par l’écrivaine ? Comment lui transmettre qu’à travers son écriture nous avons aimé, souffert, hurlé parfois en raison des pages qui s’offraient à nos yeux sans deviner la suite, sans deviner que le mot « fin » servira à éponger nos larmes. Car oui, les larmes fleurissent, tantôt de joie, de révolte ou par dépit. Oui, cette rosée de l’âme vient éclore quand on ne l’attend pas. J’ignorais que la tendresse pouvait mouiller les yeux, j’ignorais que l’on peut fusionner avec des destins virtuels. Une famille décrite sur le papier se fait fusion abstraite tout en guidant nos pas. Nous découvrirons des révoltes indispensables, des êtres qui s’avancent sur un chemin difficile à appréhender, est-ce la route de l’équité ?


Comment puis-je ouvrir un autre livre après cette lecture si belle. Ce roman nous attache le regard, nous fait vibrer les sentiments, nous dévoile des horizons surprenants.


Madame Tuyêt-Nga Nguyên, votre roman est une perle rare. Certes, nous approchons l’histoire, une page, que dis-je, une série de pages écrite par l’humain don la plume serait trempée dans le sang et pourtant, jamais vous ne tombez dans la facilité, jamais vous ne salissez la vérité. Présente en qualité de témoin, écrivant comme si vous désiriez chanter, sublimer.


Comme un hommage discret, votre roman bouleverse notre karma et cette discrétion résonne d’une détonation assourdissante. Il est bon de rappeler que la liberté est une question de choix, mais pas que, de don, de confiance et de force devant les cicatrices de vie.


"Souffler sur la blessure", Françoise Duesberg

publiée le 03 décembre 2019


Au-delà d’une écriture intéressante, Françoise Duesberg nous offre une sorte d’expédition touchante.  Le titre « Souffler sur la blessure » est un périple, un regard sur les accroches de la vie.  Mais pas que !  Non, ce serait trop facile de résumer ce livre en quelques phrases soigneusement choisies.  Un livre engagé ?  S’il ne l’est pas, il ressemble à ces confidences qui font du bien tant à la réflexion qu’à la recherche d’une forme d’humanisme et tant pis si de nos jours l’expression peut sembler dévoyée.


L’idéalisme ?  Oui, trouver une route en harmonie avec l’idée que l’on pourrait voir naître lorsque l’on est adolescent, que la vie n’a pas encore émoussé les élans du cœur, que la raison ne se voile pas sous le bruit des destins qui se disent raisonnables.


Comment décrire un livre quand vous l’avez aimé ?  En dévoilant votre ressenti ?  Peut-être, mais serait-ce honnête ?  Une corde littéraire qui vibre et vous voici porté à décrire le cœur de l’ouvrage ? Non, je ne suis pas certain de pouvoir rendre hommage en suivant mon instinct.  Ce livre est à découvrir, comme le serait la découverte de propos qui ouvrent « peut-être » la porte à l’espoir, mais pas que ! La vie est plus compliquée, les auteurs qui frôlent ce concept réalisent que la facilité n’est pas un art à suivre.


« Souffler sur la blessure » est un roman, ce qui signifie : que le texte est inventé, créé, imaginé.  Le talent de Françoise Duesberg laisse échapper ce mot : « espoir » tandis que ma conscience me souffle : « découragement ».


Il y a déjà longtemps que j’ai découvert le livre de François Duesberg, trop longtemps aux goûts de certains, qu’importe, je ne voulais pas écrire une chronique sur un élan irréfléchi. Au diable le besoin de rédiger un billet à tout prix !  Ai-je eu raison de laisser décanter le texte en espérant laisser un peu de temps à la réflexion? Trouver les justes expressions dénuées  d’influence ?  Je ne sais pas, c’est parfois compliqué de ne pas laisser sa spontanéité exprimer son ressenti.  Mais attendre ?  Attendre quoi ? Que se voile la surprise de l’instant présent ? La prise de distance ne peut-elle dévoyer les souvenirs ? Certes, mais pas la vibration d’une rencontre nécessaire.


Reste cette dernière phrase, cette sorte de trahison, ou au contraire, le réalisme de ce que l’avenir nous réserve :


« Il ne leur dit pas.  Il n’y croit pas.  Pas encore. »


Est-ce justement la différence entre l’idéalisme et le regard réaliste sur une évidence qui effrite les promesses d'espoirs en l'avenir, promesses bousculées par les surprises de vie ?


Combien de paroles aimerions-nous offrir ?  Combien de trahisons qui germent en raison du « destin »? Avons-nous le pouvoir de cacher « ses » ou « ces » Blessures sous nos modernes excuses ?


Oui, j’ai aimé « Souffler sur la blessure », je l’ai aimé pour différentes raisons et s’il fallait puiser la plus dominante parmi tant d’autres serait de souligner…  Souligner quoi ?  À vous de le découvrir, je me refuse à changer votre réflexion.  Est-ce de l’orgueil ? Non, je ne vous connais pas, je ne sais pas le nom de votre pays, de votre environnement, je ne connais que vos yeux qui parcourent ce texte, qu’importe, je crois que vous rejoindrez mon ressenti, ce roman est à découvrir, à déguster.


Buzet sur Baïse, la littérature au pays de Bacchus

publiée le 19 novembre 2019


Novembre marquera ma dernière étape d’un voyage littéraire au cœur de la francophonie. Périple annuel, riche en rencontres et l’émerveillement devant le bouillonnement culturel mis en place autour de la langue française avant de revenir en Belgique pour participer comme chaque année au Salon Mon’s Livre. Cette dernière étape française m’invitera au cœur d’une petite cité peuplée d’un peu plus de mille deux cents habitants, petite ville qui rayonne par la richesse de ses activités culturelles. Plaisir de se plonger dans ce chaleureux terroir, reconnu par la qualité de son vin à tel point que l’on prétend que Bacchus en personne s’y réserve quelques festivités pour le plus grand plaisir de ses vignerons. C’est donc ici, à Buzet sur Baïse, que j’aurai le plaisir et l’honneur de rencontrer l’actrice et écrivain Evelyn Dress marraine de l’édition 2019 et qui nous offrira pour l’occasion une interview personnalisée pour les lecteurs du Chouette Magazine.


Le Salon du livre de Buzet sur Baïse a ceci de particulier qu’il se déroule sur 3 jours. Trois journées éclectiques, puisque si le dimanche est dédié à la littérature, le vendredi et le samedi offrent la projection d’un film en compagnie du réalisateur ou d’une personnalité de marque. Ce concept invite les spectateurs à participer aux débats qui suivent la projection et, pour les plus téméraires, rencontrer les artistes le jour du salon littéraire. Les lecteurs les plus fidèles se souviendront que j’avais souligné en 2017 la projection d’un sac de Bille « Joseph Joffo » ainsi qu’en 2018, la présence du réalisateur belge Eric Dagostino venu présenter « La nef des fous » en compagnie de l’un des personnages emblématiques du film « chef Jean ».


Qu'en est-il pour 2019 ? Admirable idée de la part des organisateurs d’inviter le réalisateur Jean Périssé qui viendra présenter en avant-première son dernier film « La fabuleuse histoire de Monsieur Riquet ». Plus qu’un évènement, la projection de ce film rejoint la symbolique, puisque si la ville de Buzet sur Baïse se situe sur la rive gauche de la Garonne à 4 kilomètres de la confluence de la Baïse elle se voit courtisée par le canal latéral à la Garonne, un canal français de petit gabarit datant du XIXe siècle qui relie Toulouse à Castets-en-Dorthe (Gironde) près de Bordeaux. Ce canal est l'indispensable prolongement du canal du Midi offrant à la ville de Toulouse accès à la Méditerranée. On se souviendra qu’il y a plus de trois siècles Pierre-Paul Riquet relèvera un défi titanesque en mettant en chantier l’un des plus grands chantiers du XVIIe siècle c'est-à-dire, d'acheminer l'eau de la montagne Noire jusqu'au seuil de Naurouze, le point le plus élevé du canal. Louis XIV autorisera le début des travaux par un édit royal d'octobre 1666.


Les touristes ne s’y trompent pas, nombreux sont ceux qui choisissent de naviguer d’écluse en écluse découvrant le sud de la France par ces voies d’eau qui semblent conduire vers l’infini tant ses ramifications paraissent nombreuses. Mais combien connaissent l’histoire de la réalisation de ces travaux titanesques ?


Inutile de souligner que j’attends cet évènement avec une impatience difficile à contenir. Une opportunité de connaître les motivations d’un destin exceptionnel et d’une personnalité qui modifiera les paysages du sud de la France apportant par la même occasion un essor économique qui n’en finit pas de fleurir encore aujourd’hui par le foisonnement d’activités dédiées au tourisme.


Revenons au Salon du livre de Buzet sur Baïse. Le destin nous offre quelquefois de jolies surprises. Parmi les auteurs présents, je découvre le nom de l’écrivain belge Jean-Pierard (Le volcan sous le robinet). Écrivain et musicien de Jazz, Jean-Pierard fut l’une des pierres angulaires des « Minuits de la poésie » rencontre du verbe se tenant il y a de nombreuses années sur les sommets de la citadelle de Namur. J’y avais en son temps participé, Jean s’en souvenait et devant mon étonnement me décrivit moult détails que seuls les participants pourraient connaître. À Buzet sur Baïse, la littérature belge est bienvenue, j’en veux pour preuve que si l’année 2018 offrait le rôle de marraine de l’édition à Juliette Nothomb, 2019 accueillera de jolies plumes telles que notre compatriote Patricia Fontaine venant présenter son dernier roman : Pile & face. La littérature belge se porte merveilleusement bien, nos voisins français le reconnaissent et cet engouement mérite d’être souligné et d’être remercié.


ZISKA LAROUGE – "La Grande Fugue"

publiée le 03 septembre 2019


Si la plume de Ziska Larouge nous a depuis longtemps séduits, son dernier roman « La Grande Fugue » porte la narration sur les ailes d’un humour à la Belge qui dépasse (et de loin), le talent reconnu de certains auteurs à qui l’on arrache le petit dernier. Certes, j’aurais pu nommer pour comparaison, mais cette facilité ne servirait qu'à draguer un certain nombre de lecteurs au risque de faire fuir ceux qui n’aiment pas les « people » (sauf par l’obligation du paraître ou pour se fondre dans la masse). Je me contenterai donc de décrire ce qui représente à mes yeux l’une des écrivaines qui deviendra, je suis prêt à le parier, l’une des narratrices incontournables des années à venir. Retenez bien ce nom : Ziska Larouge car si cette chansonnette ne vous dit rien, en lisant cette chronique, si vous n’avez pas encore abordé l’un de ses ouvrages vous pourrez prétendre avoir effleuré son nom. (Merci qui ?).


Après « Les Chaises Musicales », « Hôtel Paerels », voici que l’écrivain nous entraîne à la suite d’une fantasque juge d’instruction (qui me fait songer à quelqu’un en particulier), d’un enquêteur qui « roule » pour les beaux yeux de la justice et d’autres hurluberlus piétinant les rues de Bruxelles dans le cadre d’une enquête criminelle.
- OK me direz-vous, ceci est un polar ? Et je vous répondrais :
- Mais pas du tout ! Enfin oui, bien que, pas tout à fait c’est que…


Face à cette réponse hautement intellectuelle (vous me connaissez), il ne vous restera plus qu’à fermer cette chronique en vous demandant si l’apéro de fin d’été n’a pas grillé les derniers neurones de votre serviteur.


Rassurez-vous, tout va très bien, c’est juste qu’en essayant d’aborder l’écriture d’un roman si bien réussi sur le fond et la forme j’ai réellement du mal à partager les éclats de rire qui m’ont tordu le ventre.


Ziska Larouge c’est de l’humour posé comme un grand pot de tendresse. Une écriture de clown délicat, affublé probablement d’un nez rouge, mais qui évite d’envoyer des tartes à la crème parce qu'ici, le rire est tissé avec la délicatesse d'une dentellière. On devine derrière ce surréalisme génialement bien construit qu’une âme sensible agit comme une éponge et quand cette dernière dégorge, elle le fait comme d’autres offriraient de l’amour sauf que dans ce cas précis, ce ne sont que des mots assemblés au fil des pages, mais grand Dieu, assemblés avec talent…


« La Grande Fugue » éditée aux éditions « Weyrich » est donc à conseiller. N’hésitez pas, abordez l’ouvrage sans complexe, laissez-vous porter, laissez vous guider sans vous poser trop de questions. Un vocabulaire à faire pâlir les membres de l’Académie française et une histoire qui se déguste sans la moindre sagesse. C’est un cadeau que l’on peut se faire, que l’on peut offrir… C’est un sujet à partager en communauté si le sourire vous semble absent et qu’il ne demande qu’à se dévoiler. Quoi qu’il en soit, il me semble difficile de passer à côté de ce roman sauf si, l’absurde vous dérange et qu’en définitive, vous avez peur d’aborder la complexité des relations humaines. Lecteurs vous voici avertis, si vous n’aimez pas sourire, passez votre chemin, cette histoire est réservée uniquement à ceux qui oseront quitter le pays de la sinistrose.


« La Grande Fugue », une enquête de Gidéon Monfort et de son chien Tocard. Le chien ? Ah le chien ! Un mélange de teckel et de berger allemand. Cerise sur le Gâteau, on y retrouve quelquefois le nom de quelques connaissances tel que « Radio Passion » une radio que je fréquentais avant de m'étouffer en raison d’un verre d’eau.


La littérature Belge mise à l'honneur

publiée le 04 juin 2019


Ce dimanche 12 mai 2019, le Salon International du Livre de Mazamet ouvrait ses portes dans une ambiance un peu particulière. Cela fait maintenant dix ans que Michel Sabarthes fit le pari d’organiser ce qui allait devenir l’une des grandes messes de la littérature au cœur du sud de la France. Dixième anniversaire, une pérennité remise en question chaque année, car comme nous le confie le fondateur, rien n’est jamais acquis. Ce type d’évènement requiert un renouvellement permanent et repose avant tout sur la qualité de son accueil.


Mazamet, petite ville située dans le Tarn, est devenue pour les auteurs et écrivains en provenance de toute la francophonie une sorte de lieu sacré. L’évènement est devenu incontournable. Sorte de pèlerinage littéraire que l’on espère fréquenter au moins une fois dans sa vie d’artiste et peut-être, pourquoi pas, se voir décerné l’un des prix qui ouvriront la route de tous les possibles. Certes, l’évènement ne concurrence pas le Salon de Paris ou de Bruxelles, cependant, tels un phénomène étrange, un petit truc qui ne s’explique pas, celle ou celui qui a eu la chance de publier trouve au cœur de ce bouillonnement des rencontres bien souvent déterminantes. Pas besoin de comparer l’incomparable, Mazamet porte son originalité sans le moindre complexe et c’est tant mieux.


Dixième anniversaire et les Belges mis à l’honneur. Nos compatriotes, l’actrice Harmonie Rouffiange accompagnée du réalisateur Romuald Lété, furent plébiscités pour être les parrains de l’édition 2019. Venu présenter « Nous malgré lui », film don la sortie est prévue pour fin 2019, nos compatriotes ont su séduire un public pourtant réputé difficile à conquérir. Rude fut le rôle de ces deux jeunes Belges chargés, l’espace de quelques heures, de porter l’héritage laissé par Marc Galabru à qui ce Salon est dédié. Bel hommage envers un homme de lettre et de théâtre, ami cher et regretté par tous ceux qui ont eu la chance de le fréquenter.


Les auteurs belges furent représentés avec honneur et qualité. L’incontournable et talentueuse Ziska Larouge, Bou Bounoider, les éditions Académia, les éditions Acrodacrolivre, Jean Pierrard, la céramiste Catherine Dendael et enfin, l’écrivaine Jodoignoise Patricia Fontaine, couronnés par le prix « coup de cœur » pour son dernier roman « Pile & Face ». C’est la seconde fois que l’auteure brabançonne reçoit un prix à ce même Salon littéraire et l’évènement est suffisamment rare pour être souligné.


Au moment où j’écris cette chronique, le feu des projecteurs s’est éteint sur des visages souriants. Nos compatriotes ont retrouvé le terroir dans lequel ils œuvrent en silence. J’ose espérer, « mais n’est-ce qu’un rêve ? » que nos représentants auront à cœur de saluer ces créateurs de l’ombre qui porte nos couleurs en dehors de nos frontières. La Belgique fut à l’honneur, le Brabant Wallon et Bruxelles, par la voix de ces artistes, ont su dévoiler couleurs, tendresse au point que nos voisins planifient déjà quelques vacances au cœur de nos contrées. La publicité offerte, j’écris bien « offerte », n’est pas anodine. Elle touche par la qualité de quelques plumes qui savent parler de nos régions avec des étoiles plein les yeux… Il n’existe d’autre mot pour exprimer mon ressenti, il est petit, semble banal et pourtant, quelle force dans son expression : Merci !


LIU XIA Lettres à une femme interdite

publiée le 15 janvier 2019


Par ce livre élégamment rédigé, Catherine Blanjean, nous offre toute la puissance que peut apporter une plume au service de la compréhension. C’est une surprise, Catherine est avant tout l’une des pierres angulaires du centre Culturel « La ferme de la Dîme » situé au cœur de la campagne Wallonne (Wasseiges). Rien ne nous préparait à découvrir ses talents d’écrivain.


Oserais-je avouer que j’ai laissé trainer ce livre plus que de raisons ? Peut-être fallait-il trouver l’instant approprié ? Les livres ont quelquefois besoin de nous apprivoiser, ils ont raison, c’est une forme de respect permettant d’écouter les mots vibrer tels qu’ils le méritent.


Afin de ne pas dévoyer la qualité du sujet permettez-moi de vous retranscrire quelques mots de la préface (interdite) rédigée par Liao Yiwu, (prix de la paix des libraires allemands en 2012).


« À ma connaissance, vous vous trouvez en face du premier livre jamais écrit au sujet de Liu Xia sur cette terre… …Catherine Blanjean, qui appartient à la fois au monde du théâtre et de la musique, est parvenue, grâce à son instinct, à ressentir la situation de Liu Xia . » Mais qui se cache derrière le nom de Liu Xia ? Elle serait peut-être femme anonyme ou encore, si ses œuvres avaient eu la chance d’être remarquées, poétesse à renom ou photographe incontournable. Mais le destin de Liu Xia ne rejoindra la lumière qu’à travers le regard de ses geôliers. Assignée à résidence, soumise à contrôle policier, elle sera condamnée pour avoir proposé de représenter son mari, « Liu Xiaobo » pour la remise du prix Nobel de la paix en 2010. En apprenant le sort réservé à Liu Xia, Catherine, décide de lui écrire. L’écrivain n’est pas dupe, elle sait que ses lettres n’arriveront probablement jamais à destination et pourtant… Avec détermination l’auteure tente de comprendre comment une femme peut tenir dans de telles conditions. Comment pressentir les liens indestructibles qui lient les époux par la force d’un amour inconditionnel ? Ainsi, portée par la volonté de cerner ce couple hors du commun, Catherine a mené son enquête auprès des rares personnes capable d’évoquer Liu Xia. Le livre aurait pu n’être qu’une banale narration, je le craignais, il n’en est rien. Par la simplicité des mots l’auteure nous offre un témoignage poignant, une sorte de photographie d’une époque, la nôtre, dans laquelle les dés jouent avec les destinées.


J’aime le regard que porte Catherine Blanjean sur la Chine et son régime et je n’ai pas à chercher de formule puisque le quatrième de couverture décrit mon ressenti : « Il en ressort le portrait bouleversant d’une femme  Interdite » J’avais envie d’écrire qu’il serait faux de croire que l’ouvrage est un plaidoyer à charge d’une société souvent méconnue par nos coutumes occidentales. J’aurais ajouté, à tors, qu’il y a une forme de neutralité portée grâce ou à cause de la narration de l’auteure. Ce ne serait pas honnête car même si certaines questions pourraient nous le faire présumer, il n’en reste pas moins que l’auteure hurle en lieu et place d’une autre femme. J’en ai la tête qui résonne et qui le fait en harmonie sans ignorer que contre la loi du plus fort on ne peut rien, bien que ? Nos plumes et nos voix sont quelquefois assourdissantes pour ceux qui se veulent furtif aux yeux du monde. Se faufiler en toute discrétion pour assouvir sa soif de pouvoir en aliénant l’individu pour le bien du plus grand nombre. Quelle superbe contradiction quand on sait que le pouvoir n’est partagé que par une minorité qui a toutes les raisons de faire taire les voix discordantes même si, et surtout si, elles sont porteuses de vérité.


Mais s’il n’y avait que le fond, le lecteur se lasserait peut-être. Soulignons la qualité d’écriture, la fluidité des mots. Une sorte de petit ruisseau qui fait voguer le verbe au rythme des approches de l’autre. Oui Catherine Blanjean j’ai aimé votre ouvrage. Je l’ai aimé pour de nombreuses raisons. Oserais-je ajouter que vos lettres adressées à votre correspondante ressemble à si méprendre à des lettres d’amour. Me tromperais-je vraiment ?


Pile et Face

publiée le 18 décembre 2018


Suivre l’évolution des auteurs de nos régions réserve bien souvent des surprises, je ne m’attendais pas à un tel résultat.


Souvenez-vous, nous avions abordé le premier roman de Patricia Fontaine « Cape Verte » avec l’enthousiasme des découvertes intéressantes. C’était, pour un premier roman, une œuvre qui offrait la promesse d’une plume en devenir. Vous m’auriez demandé s’il fallait parier sur l’avenir de cette écrivaine Brançonne, j’aurais probablement refusé de répondre. Cette hésitation repose sur le fait que l’écriture d’un second roman est souvent plus difficile pour de multiples raisons.


En découvrant « Pile et Face » il ne m’a pas fallu longtemps pour entrer en résonnance avec un ouvrage que je n’hésiterai en aucune façon à souligner comme étant un « coup de cœur ». Bien que les sujets abordés ne soient pas anodins, le lecteur aura beaucoup de peines à se détacher du récit. L’écriture est fluide, intéressante, passionnante.


La première impression que nous offrent le début de lecture, c’est que l’humour semble nous porter vers une écriture à la « Legardinier ». C’est une accroche ensorcelante habilement construite pour nous entrainer progressivement vers le thème central. La gravité du sujet n’en est pas moins respectée, l’auteur nous aura légèrement manipulés.


Nous voici plongés au cœur de l’histoire du Chili.


C’était un risque, celui de basculer dans le discours moralisateur d’un(e) Occidental(e) en recherche de sensationnalisme. Il n’en est rien, au contraire, la sensibilité de l’auteure ose poser les questions fondamentales sur l’orientation que prennent les destins quand ils sont confrontés à l’extrême.


« Clarisse » est contrainte de fuir au Chili. Elle y rencontre, manœuvrée par un personnage trouble appelé « La fouine brune », une dénommée Marta. Ensemble elles vont relire les pages brulantes de l’histoire façonnée par la dictature du Général Pinochet.


Si je vous ai parlé de coup de cœur, c’est que je n’ai pu me détacher du roman. Intelligemment construit, il porte la marque des sensibilités à fleur de peau tout en basant le fil de l’intrigue sur les fondations d’une documentation fournie. L’auteure ne s’en cache pas. La préparation de cet ouvrage a débuté par la recherche de témoignages, de lectures et un séjour à Santiago et dans le désert d’Atacama.


Patricia Fontaine ne fait pas partie de ceux qui publient un ouvrage chaque année. Elle prend son temps, forge ses écrits et le résultat est à la hauteur de nos attentes. Comment ne pas souligner la qualité et le talent qui transpire de cet ouvrage ? Comment ne pas la remercier d’aborder un thème aussi grave en essaimant l’humour le temps que le lecteur reprenne sa respiration.


Si j’ai aimé « Cape Verte », « Pile et Face » ne ressemble en rien à son ainé. Ce dernier roman mérite d’être placé en première place dans les vitrines de nos bibliothèques. « Pile et Face » pourrait être abordé dans nos écoles, ouvrir les débats, être une référence peut-être ? Quoi qu’il en soit, Patricia Fontaine vient d’acquérir ses lettres de noblesse dans le monde difficile de la littérature.


Comment je suis devenu le fils d’Henri Nanot

publiée le 4 décembre 2018


L'ouvrage que nous livre Jean-Jacques Nanot « Comment, je suis devenu le fils d’Henri Nanot », est un cri lancé aux plus hautes autorités politiques et judiciaires de son pays.
S'il faut croire les écrits de Jean-Jacques Nanot, il est temps de débattre si oui ou non Henry Nanot mérite la réhabilitation.


Le silence en réponse aux appels, sollicitations et pétitions ne fait qu’accentuer l’impression d’injustice. Pourquoi personne ne réplique aux cris désespérés de Jean-Jacques Nanot ainsi que de tous les poètes, écrivains, sympathisants qui l’entourent ? S’agit-il d’indifférence ou d’une malsaine volonté d’étouffer l’histoire par peur, peut-être, que des mains que l’on croyait si blanches se dévoilent couvertes par la honte des éclaboussures indélébiles?


Le livre de Jean-Jacques Nanot n'a aucune volonté de remettre en cause le système judiciaire français. Il sollicite qu'à la lueur des éléments qui sont en sa possession la justice rouvre le dossier.


Rares sont ceux qui possèdent l'entièreté des pièces du puzzle et qui possèdent l’intelligence rhétorique de ce que l’état pourrait mettre en exergue comme étant un secret indispensable à son bon fonctionnement. Il semble toutefois qu'Henri Nanot fut un homme que l'on devait réduire au silence peut-être parce qu'il refusait de se taire.


S'il fallait paraphraser Zola il serait peut-être juste d'écrire : « J’accuse », mais peut-on accuser sans preuve ? Des preuves il en existe, du moins des éléments suffisamment troublants qui engrainent la suspicion là ou la justice devrait apporter sérénité.


Pourquoi ? Pourquoi ce silence assourdissant devant les suppliques d’une famille à qui l'on a volé l’honneur ? Pourquoi ne pas apporter l’ombre d’une réponse malgré les années écoulées? La honte n’est jamais d’écouter, de remettre en question son jugement à la lumière d’éléments nouveaux non, la honte est de refuser la réhabilitation d’un paysan poète qui s’est battu pour la liberté. Pourquoi ? Est-ce raison du verbe qui lui était nécessaire au même titre que « la vérité ».


S'il faut croire les documents en possession de la défense, Henri Nanot sera sacrifié pour que fleurissent la félonie, l’ambition sans limites, l’orgueil machiavélique d’un homme qui n’a pu supporter les mots d’un poète engagé. Alors oui, tout porte à croire que Henri Nanot s’est retrouvé damné par ceux qui n’avaient rien compris à ce que le mot égalité signifie en son entier.


Dreyfus s’est vu brisé par le comportement de quelques-uns et malheureusement, Nanot prendra sa suite, emprisonné, bafoué, humilié jusqu’à périr par la main de ses bourreaux.


Torturé il l’a été, lui l’ancien résistant, battu comme un chien puis, enfermé, caché aux yeux du monde pour arriver à prouver que la folie est sa compagne et qu’il faut pour cette raison l’abrutir jusqu’à l’aboutissement. Torturé il finira par périr suite aux mauvais traitements qui lui seront prodigués.


Ses accusateurs ont prétendu qu’il aurait posé une bombe et ce motif ne trouvera de preuve, au contraire. Les témoignages sont contradictoires et les rapports semblent apporter plus de suspicions sur la neutralité des enquêteurs en lieu et place de sérénité. Trop de zones d’ombres, trop de contradictions pour ne pas s’interroger sur les prétextes de son arrestation. Coupable ou innocent ? Seule la justice a le pouvoir de répondre légalement à cette question, mais, pour ce faire, elle se doit de rouvrir un dossier qui agonise sous la poussière des doutes.


Justice, s'il fallait crier ton nom il faudrait le faire en restant conscient qu’il est nécessaire à la survie de la démocratie. Certes, nous ne sommes que des humains et par cette faiblesse, sujet à l’erreur. N’y a-t-il plus crédible que d’oser se remettre en question sous la lumière de l’Histoire ? Faut-il que Nanot devienne un martyre pour que l’on écoute enfin la voix de son fils ? Alors il est temps, car martyr, Henry Nanot l’est déjà aux yeux d’un nombre de plus en plus croissant.


Offrir la possibilité de réhabiliter un homme à la lumière des éléments que porte son fils, Jean-Jacques Nanot, et qui n’apporte pour toute réponse que des interrogations serait reconnaître que la justice est, comme il se doit, égale pour toutes et pour tous. L’honneur mérite que l’on s’arrête. L’honneur qui touche les puissants ou le plus insignifiant des êtres ne peut être méprisé même si l’on ne parle ni d’homme de pouvoir ni d’homme possédant fortune, car s’il en était autrement qui pourrait prétendre au bien-fondé des institutions ?


La requête de Jean-Jacques Nanot semble fondée. Il ne demande pas grand-chose en comparaison des années d'enfermement subies par son père: que l’on réhabilite son père au vu des éléments qui sont en sa possession.


Que l’on rouvre le dossier pour qu’enfin la lumière soit faite sans qu’aucune ombre ne vienne fausser les jugements et qu’enfin, si telle est la vérité, qu'une âme retrouve sa liberté apaisée par la reconnaissance des hommes et le pardon légitime de sa nation.


LIU XIA, Lettres à une femme interdite

publiée le 20 novembre 2018


Qu’est ce qui lui à pris ? C’est approximativement ce que fut le fond de ma pensée en découvrant le livre admirablement écrit par « Catherine Blanjean ».


Il faut que j’avoue que j’ai laissé trainer ce livre plus que de raisons. Pourquoi ? Peut-être qu’il fallait trouver l’instant approprié afin d’écouter les mots vibrer tels qu’ils le méritent.


Afin de ne pas dévoyer la qualité du sujet je me permettrai de vous retranscrire quelques mots de la préface (interdite) rédigée par Liao Yiwu, prix de la paix des libraires allemands en 2012.


« À ma connaissance, vous vous trouvez en face du premier livre jamais écrit au sujet de Liu Xia sur cette terre… …Catherine Blanjean, qui appartient à la fois au monde du théâtre et de la musique, est parvenue, grâce à son instinct, à ressentir la situation de Liu Xia . »


Mais qui est Liu Xia ? Elle serait peut-être femme anonyme ou encore, si ses œuvres avaient eu la chance d’être remarquées, poétesse à renom ou peut-être photographe incontournable. Mais le destin de Liu Xia ne rejoindra la lumière qu’à travers le regard de ses geôliers. Assignée à résidence, soumise à contrôle policier, elle sera condamnée pour avoir proposé de représenter son mari, « Liu Xiaobo » pour la remise du prix Nobel de la paix en 2010.


Catherine Blanjean, l’une des pierres angulaires du centre Culturel « La ferme de la Dîme » situé au cœur de la campagne Wallonne (Wasseiges) nous offre par cet ouvrage la force que peut apporter une plume au service de la compréhension. Catherine, en apprenant le sort réservé à Liu Xia se met à lui écrire. Catherine n’est pas dupe, elle sait que ses lettres n’arriveront jamais destination et pourtant… Avec détermination l’auteure tente de comprendre comment une femme peut tenir dans de telles conditions. Comment pressentir les liens indestructibles qui lient les époux grâce à la force d’un amour inconditionnel ?


Ainsi, portée par la volonté de cerner ce couple hors du commun, Catherine a mené son enquête auprès des rares personnes capable d’évoquer Liu Xia.


Le livre aurait pu n’être qu’une banale narration, c’est ce que je craignais. Il n’en est rien. Par la simplicité des mots l’auteure nous offre un témoignage poignant, une sorte de photographie d’une époque, la nôtre, dans laquelle les dés jouent avec les destinées.


J’aime le regard que porte Catherine Blanjean sur la Chine et son régime. Comme le révèle admirablement le quatrième de couverture, « Il en ressort le portrait bouleversant d’une femme Interdite »


J’avais envie d’écrire qu’il serait faux de croire que l’ouvrage serait un plaidoyer à charge d’une société souvent méconnue par nos coutumes occidentales. J’aurais ajouté, à tors, qu’il y a une forme de neutralité portée grâce ou à cause de la narration de l’auteure. Ce ne serait pas honnête car même si certaines questions pourraient nous le faire croire, il n’en reste pas moins que l’auteure hurle en lieu et place d’une autre femme. J’en ai la tête qui résonne et qui le fait en harmonie sans ignorer que contre la loi du plus fort on ne peut rien, bien que ? Nos plumes et nos voix sont quelquefois assourdissantes pour ceux qui se veulent furtif aux yeux du monde. Se faufiler en toute discrétion pour assouvir sa soif de pouvoir en aliénant l’individu pour le bien du plus grand nombre. Quelle superbe contradiction quand on sait que le pouvoir n’est partagé que par une minorité qui a toutes les raisons de faire taire les voix discordantes même si, et surtout si, elles sont porteuses de vérité.


Mais s’il n’y avait que le fond, le lecteur se lasserait peut-être. Soulignons la qualité d’écriture, la fluidité des mots. Une sorte de petit ruisseau qui fait voguer le verbe au rythme des approches de l’autre.


Oui Catherine Blanjean j’ai aimé votre ouvrage. Je l’ai aimé pour de nombreuses raisons. Oserais-je ajouter que vos lettres adressées à votre correspondante ressemble à si méprendre à des lettres d’amour. Me tromperais-je vraiment ?


Rendez-vous est pris, je me rendrai à Wasseiges pour y rencontrer l’auteure. Je ne manquerai pas de saluer la scène de ce théâtre dans lequel il semblerait que le destin me réserve d’agréables surprises.



Buzet sur Baïse, la littérature belge vous remercie

publiée le 06 novembre 2018


Le projet littéraire de Buzet sur Baïse a ceci d'original qu'elle débute son salon par la projection d'un film en présence de personnalités surprenantes.  L'opportunité d'offrir un débat. (En 2017 Joseph Joffo pour « Un sac de billes », en 2018 le réalisateur Eric d'Agostino pour « La nef des fous »)


Un tapis rouge déroulé pour ses habitants, voici qui devrait mobiliser les foules mais, combien de Buzéquais sont conscients que depuis 2017 un événement à résonance internationale a vu le jour en leur honneur ?


Ce vendredi 28 septembre dernier, le cinéma de « Aiguillon » accueillait le scénariste et réalisateur Belge Eric d’Agostino. L’événement peut sembler anodin et pourtant !


Eric d’Agostino et son co-réalisateur Patrik Lemy  s’enfermèrent pour une période de deux ans dans l'annexe psychiatrique de la prison Belge de Saint Gilles. Les images que nous découvrirons n'ont laissé personne indifférent.  Le sujet est pénible et nous renvoie une image déplorable de ce que nos sociétés construisent pour étouffer ce qui ne lui convient pas.  Le film est révélateur, dur, mais pas insoutenable.  Il porte le mérite d’interroger nos consciences en dépassant le déni collectif qui s’identifie à une forme d’omerta.  Après tout, cette chape de silence semble arranger pas mal de monde.


Pour avoir assisté à la projection et aux débats qui ont suivi, bien que le réalisateur ait répondu sans détour aux questions du public, j'ai comme une impression fugace que le film ne l'a pas épargné.  Eric d'Agostino semblait épuisé, plus exactement, il n’est pas improbable que cette expérience l'a profondément marqué.  Rien ne vient étayer cette constatation, juste une impression, une forme de prémonition.


Sur la scène, le réalisateur était accompagné par celui que l'on pourrait définir comme étant le fil rouge du document : Chef Jean.  


Gardien Chef de l’annexe, ce dernier a partagé ses impressions et ses révoltes face à ce qui a été nommé comme étant, je cite, « les poubelles de nos sociétés ». Chef Jean qui apportera tout au long de sa carrière le maximum d’empathie à ces hommes enfermés parfois au nombre de trois.  Trois humains parqués dans une cellule de quelques mètres carrés, trois malades confrontés à la pathologie de ceux qui partagent la même cellule.  Inutile d’être expert pour comprendre que c’est une bombe à retardement mise en place par un système derrière lequel les acteurs cachent leurs responsabilités.


A sa sortie, le film fit forte impression au point qu'en Belgique le parlement se saisit du débat.  Les choses ont changé sans toutefois répondre au besoin de conscience collective.


C'est la seconde année que Buzet sur Baïse fait le pari de fusionner cinéma et littérature.  Pari difficile à tenir puisque nous savons que les budgets de la Culture ne répondent malheureusement pas aux besoins de la demande.


Deux projections suivies d'un salon littéraire.  La qualité était sans conteste au rendez-vous. Impossible de citer tous les auteurs, nous risquerions de commettre un impair. Nous saluerons toutefois Juliette Nothomb marraine de l'édition. La Belgique fut largement représentée malgré une grève annoncée au sein d'une célèbre compagnie aérienne.  Cette grève obligea les plus tenace à parcourir plus de 2000 kilomètre sur un W.E..  Bou Bounoider, Anne Libotte et j'en passe, furent le temps de quelques heures les ambassadeurs de la littérature Belge.


Ainsi, par cette ouverture d’esprit, le salon du livre de « Buzet sur Baïse » ouvre la porte à la culture sans frontière.  C’est important pour les artistes de savoir qu’un tremplin existe au rayonnement de leurs créations en dehors du cercle intime et donc limité de leur terroir.


Rome ne paie pas les traîtres

publiée le 09 octobre 2018


Juventus Thalmas se serait bien passé de ce réveil brutal. Centurion de son état, le voici au lendemain d’une « Orgie » face au questeur Caius Gallus qui sous les ordres de l’édile Marcus Papillus Laena, est venu lui réclamer le remboursement de ses dettes. Marié à une femme dépensière, il est parvenu jusqu’à ce jour à reporter les échéances de ses créanciers mais ce matin funeste, la ruine semble pointer son nez. Pas de chance, les politiciens ne sont pas éternels et quand survient un remplaçant incorruptible, les passes droits perdent en efficacité.


Que vont-ils devenir ? Vendus sur le marché aux esclaves semble l’une des options les plus probables.


Dans ce roman riche en rebondissements, Mathieu Paulo entraîne le lecteur en 147 avant Jésus Christ. Avec intelligence et passion, nous découvrirons les mœurs de ceux qui forgeront les civilisations sur lesquelles reposent nos coutumes contemporaines.


La « Pax Romana » n’est pas toujours perçue comme un cadeau des dieux lorsque certains fonctionnaires abusent de leur fonction pour détourner les lois.


La révolte gronde au cœur de l’Hispanie. Les Celtibères veulent se libérer du joug de l’envahisseur et pour ce faire, ils utilisent la ruse et des techniques de combats qui déstabilisent les indestructibles légions romaines.


La soldatesque plie devant une résistance organisée. Les légionnaires tombent par milliers et il faudra du temps pour que dans la capitale antique on prenne cette menace au sérieux.


Les rebondissements hypnotisent le lecteur et cerise sur le gâteau, l’écrivain semble s’appuyer sur une documentation pointue sans tomber dans le piège de la lourdeur élitiste. Tous les ingrédients sont réunis pour que la recette parfume nos plaisirs. Manipulations, trahisons, complots, héroïsmes, amours et tromperies brefs, une synthèse de ce que l’humain est capable d’offrir pour assouvir son addiction au pouvoir.


Mathieu Paulo par ce roman démontre que son rôle d’éditeur est l’aboutissement d’une passion qui repose sur l’expérience et le talent d’une plume joliment acérée. En toute honnêteté je ne m’attendais pas à découvrir un ouvrage aussi captivant. Ainsi, après avoir obtenu en 2000 le premier prix supérieur de piano « au royaume de la musique » (Radio France), il se lance dans l’écriture de thrillers historiques pour le plus grand plaisir des lecteurs (Le mystère Galilée & Le plan Darwin). Je ne saurais trop vous conseiller la lecture de « Rome ne paye pas les traîtres » - « Roma traditoribus non premia » car ce livre plus qu’un roman porte l’érudition de son sujet. S’il est un plaisir qui s’ajoute à celui de lire c’est celui d’abreuver sa Culture générale. Oui j’ai adoré le roman de Matthieu PAULO et la fin de l’ouvrage fut tout aussi frustrante que ces jours ou le crépuscule vient sonner le départ vers d’autres horizons. C’est comme s’il fallait quitter un paysage qui vibre par l’étendue de sa beauté.


Le privé sans visage

publiée le 04 septembre 2018


Rien de tel qu’un « Polar » pour agrémenter une journée sous le soleil du Midi de la France. Après plusieurs jours de travail intense, je me suis permis de m’offrir une récompense bien méritée. C’est décidé, une fois n’est pas coutume, je me saisis du roman de Dominique Edler avant de me diriger vers Narbonne Plage.


Envie de fainéantise, je n’avais d’autre intention que de me coucher sur le sable. Petite place à l’ombre, inutile de chercher le silence, ce dernier devient rare lorsque les vacances sont de saison. Je me demande par ailleurs ce qui pousse les humains à hurler plus que de raison lorsqu’ils se sentent heureux. Est-ce que le respect des autres ne fait plus partie de nos civilisations ? Sérieusement, je me pose la question.


Narbonne Plage en compagnie des écrits de Dominique Edler, la journée répondra-t-elle à mes attentes ?


Dominique Edler est né en 1951 à Bar-sur-Aube. Ancien enseignant, animateur radio (hm, hm), puis employé, il écrit depuis plus de trente ans. Auteur de plus d'une centaine de nouvelles de genres très divers: policières, satiriques, fantastiques de Science-Fiction et de genres divers, non publiés. Il faudra attendre 2010 pour qu’un éditeur s’intéresse à l’écrivain. Un an plus tard, le premier opus des enquêtes de Didier Rouque, un privé téméraire, est publié aux Éditions « Le Pythagore » Le livre que j’ai entre les mains porte le titre de « Le privé sans visage ». Livre d’actualité puisque la coupe du monde de football vient d’éteindre ses projecteurs, ne soyez pas impatient, vous allez comprendre.


Une jeune femme est poursuivie. Désespérée, elle quitte sa voiture et vêtue comme si elle se rendait à un rendez-vous mondain, gravit la montagne pour finalement tomber nez à nez avec le privé préféré de l’auteur. Rapidement, elle dévoile qu’elle possède une copie de tous les dossiers « secrets » de la FIFA. Une bombe qui risque d’éclabousser pas mal de monde, et nul ne s'étonnera de la présence de tueurs motivés qui lui colle au train, l’arrière de préférence. Heureusement pour notre héroïne et pour l'auteur, les chasseurs se montrent particulièrement maladroits.


Lecteurs, accrochez-vous, l’aventure est lancée et si vous manquez de souffle, il faudra vous y faire, l’auteur ne vous laissera aucun instant de répit. Tant pis pour les coups de soleil, j’en suis arrivé à oublier le tube de crème solaire et preuve qu’un roman policier peut être captivant, je n’ai guerre de regard pour les monokinis qui entourent l’emplacement de mon parasol.


Restons honnêtes, nous ne sommes pas en présence de l’œuvre de Victor Hugo, mais qu’à cela ne tienne, ce n’est pas non plus le but recherché. Dominique Edler possède le talent des narrateurs à suspens. Mélange de Simenon et peut-être d’Henry Verne il ne prend pas le lecteur par-dessus la jambe, bien au contraire.


Le récit est documenté. Il nous offre le plaisir des voyages au cœur de villes et villages et décrit ces derniers avec le sens du détail sans toutefois s'appesantir sur de trop lourdes descriptions. Le lecteur s'en trouve ravi. Je reste persuadé que certaines régions devraient récompenser ce genre de roman pour, par leurs écrits, les avoir mis en exergue. Jolie balade touristique menée tambour battant car, ne l’oublions pas, les méchants sont à la poursuite de la cliente de notre privé qui, ne gâtons pas notre plaisir, semble jolie. Au diable les fausses pudibonderies, osons reconnaître que nous aimons la beauté quand elle se présente... À propos de beautés, amateurs de voitures, régalez-vous.


En résumé, la journée s’est éteinte sans que je m’en aperçoive. La plage était déserte, le vent s’était levé et la dernière page me fit promettre de me jeter sur le prochain roman de Dominique Edler. S’attaquer à la FIFA en pleine coupe du monde, il fallait l’oser.


Petit coup de chapeau à la maison d’édition « Le Pythagore ». Le livre est agréable à tenir, le papier de qualité et le prix plus que démocratique.


La Dame de La Sauve

publiée le 17 juillet 2018


Probablement influencé par le côté « gamin » qui domine quelquefois ma personnalité, j’adore fréquenter les écrits qui touchent au « moyen âge » aux « croisés » ainsi qu’aux « templiers ». Il faut bien avouer que mon avis sur la question est certainement inspiré par la ville de Bouillon qui avoisine notre terroir, ville que l’on visite quelquefois en n’oubliant pas son château fort dans lequel sommeille la célèbre « Chambre des tortures ».


S’il faut le rappeler, Bouillon est le nom que portait le souverain du « Royaume de Jérusalem » qui refusa, au terme de la première croisade, le titre de roi pour celui de : «avoué du Saint-Sépulcre ».


Je ne puis m’empêcher de sourire devant ce « péché d’orgueil » faisant probablement partie d’une forme de propagande afin de justifier les crimes commis au nom de la souveraineté divine. La mort était souvent au rendez-vous et sous le soleil d'Orient, les infections trouvaient terrain favorable.


« La dame de La Sauve » est un roman, que dis-je, une sorte de machine à remonter le temps. « Sandrine Biyi » n’est pas femme à camoufler des vérités. Elle ne s’encombre ni de dogme ni de faux semblant, l’Histoire étant ce qu’elle est, tant pis pour la légende.


A quoi bon falsifier la réalité ? Les croisades n’ont pas toujours été glorieuses. C’était une boucherie, opportunité à tous les excès, combien s’en sont privés ? « Sandrine Biyi » possède le talent de tenir le lecteur en haleine. Elle utilise pour ce faire le choc des civilisations, la bêtise des rivalités et sait placer sa plume sur les zones sensibles, tant pis si ça gratouille à notre envie de confort intellectuel.


Brunissende naît à Jérusalem en 1108. Elle est la fille d’un Seigneur aquitain parti en Orient lors de la première croisade et d’une jeune femme médecin, Arabe de la dynastie des Abassides.


Une chanson paillarde façonnera le destin d’un Seigneur obligé de guerroyer pour obtenir indulgence d’une église décidément avare de complaisance; il fallait y songer. 


L’écrivaine jongle admirablement avec les destinées des acteurs qu’elle place sous nos yeux… L’ouvrage nous livre une merveilleuse histoire d’amour, mais pas que. Il nous fait ressentir les déchirements d’une jeune femme éduquée avec tolérance qui revient « au pays » en compagnie de son père.


Une « Sarrasine » qui monte à cheval comme un homme et qui plus est d’une rare intelligence, voici de quoi faire trembler l’église en son entier.


À propos d’intelligence, l’Auteure nous ‘rappelle l’air de rien’ que nos civilisations sont redevables à ces voisins qui font hésiter l’Europe. Pour ne citer que quelques exemples ; l’hygiène, la médecine, l’astrologie, les mathématiques et j’en passe.


Le père de Brunissende possède énormément de terres sur lesquelles une abbaye se construit. Oui, mais, le Seigneur qui revient reprend ses droits et chasse quelques ambitions camouflées sous de pieuses intensions.


Jolie plume, pour une histoire que l’on aimerait entendre racontée sous le halo des chandelles ou pourquoi pas, assis au coin d’un feu de bois. Je n’ai pas eu cette opportunité, mais le destin m’a offert un ciel radieux, brulant comme le serait un bon vieux four à pain.


De Brunissende j’en suis tombé amoureux ainsi que de son caractère entier. Amour platonique qui n’a rien à confesser, se confesse-t-on d’un rêve ? J’ai envié l’intelligence de son père qui a su construire cette complicité malgré les chagrins partagés. J’ai sublimé le choc de civilisations, des éducations. En d’autres mots, j’ai été séduit et je n’ai qu’une envie c’est de me jeter sur le second Tome. Mon Dieu, j’allais oublier de vous confier que cette histoire ne compte pas moins de cinq volumes. Pas de quoi vous effrayer, c’est passionnant.


La qualité de l’ouvrage ne provient pas seulement du don d’écriture que nous offre « Sadrine Biyi », il émane de sa passion pour l’Histoire médiévale que nous avions soulignée après la lecture de « Cathares » et pas que ; elle provient en grande partie de son regard honnête dépourvu de complaisance à l’égard de ce qui arrange notre vision des choses. Belle leçon d’histoire qui prête à la réflexion.


Parbleu ! Que l’on scelle mon destrier, les souffles d’Orient enivrent mes pensées.


Humana, au nom de la liberté

publiée le 03 juillet 2018


Après une série d’émissions réalisées dans le Sud de la France, j’avoue que je m’étais laissé submerger par un sentiment de lassitude. Fatigué je l’étais et le mauvais temps qui couvrait le paysage n’était certainement pas le meilleur allié pour m’aider à redresser le moral. Pour la première fois depuis de longues années, je me suis surpris à ne pas avoir envie de lire. Overdose probablement due à une série de lectures touchant à des thèmes extrêmes, noirs, déprimants et malheureusement dénués, en ce qui me concerne, de tout intérêt. Je ne suis pas psychologue, faut-il le rappeler?


J’en étais arrivé à remettre en question les raisons de mes chroniques. Qu’est-ce qui m’arrive ?


C’est dans ce contexte un peu particulier que je me suis saisi d’un livre envoyé depuis de nombreuses semaines par la maison d’édition « Académia ».


L’auteur, Yves Terrancle, avait droit aux plus mauvaises conditions ; « le chroniqueur était de très méchante humeur. » Faut-il que roman soit réussi pour avoir réussi à capter toute sa concentration.


« Humana » est un roman (vraiment ?) qui nous entraine sur les traces d’un jeune esclave noir. Un livre qui nous crayonne l’histoire d’une période dans laquelle les « ébènes », dans certaines régions, étaient assimilés à la catégorie « bétail » curieuse comparaison quand on sait que les propriétaires avaient peur d’une révolte toujours possible. Il m’est difficile d’imager un troupeau de bétail se lever en rebellions, et pourtant, l’humanité est ainsi faite ; c’est le paradoxe que nous offre l’aveuglement face la rentabilité. L’argent n’a pas d’odeur, c’est faux, il pue trop souvent pour qu’on le remarque encore.


Voici un roman joliment écrit. Le narrateur, « Ted Forman » citoyen « noir » des « États-Unis d’Amérique » nous raconte le destin d’un homme qui s’est battu pour obtenir la liberté de ses semblables. Cet homme se prénommait « William Stendford », en Afrique on l’appelait « Humana ».


J’ai adoré ce livre, je l’ai adoré pour la simplicité avec laquelle l’auteur accroche son histoire. On se croirait transporté au cœur des paysages qui englobent les protagonistes au point de devenir à leurs tours personnage du roman. Traité sans lourdeur, le sujet aurait pu se refermer comme un piège à l’écriture. Aurait pu, mais ne l’a pas fait grâce ou à cause d’un auteur qui réussit à capter l’attention. Le récit captive, j’en avais besoin.


S’il fallait être critique, je me permettrais de poindre une ou deux phrases légèrement trop longues. Bagatelle et pas bien méchant, un détail qui n’enlève rien à la qualité de cet ouvrage.


« Humana » fait partie de ces livres qui sont compagnons précieux. Ne me faites pas dire que je compare « Humana » à « La case de l’oncle Tom », il n’y a pas d’analogie si ce n’est le thème de l’esclavage. Bien que ? Les deux ouvrages nous parlent d’une période pas si lointaine, une période durant laquelle une partie de l’humanité déshumanisait la seconde en raison d’une couleur de peau. Étrange d’appeler un homme noir, homme de couleur, quand on se souvient que le noir n’en est pas une, le blanc non plus d’ailleurs, le paradoxe méritait d’être souligné.


« Humana » , à lire sans modération. Écriture simple, accessible à tout public et si je me permets de souligner cette qualité c’est que je sais que la simplicité requiert un travail d’écriture si l’on ne veut pas tomber dans la banalité...


Je ne suis pas Fernand

publiée le 19 juin 2018


Pour un troisième ouvrage, Fabrice GUITIERREZ n’a pas choisi la facilité et pourtant ! Il ne faudra que quelques lignes pour que l’histoire nous aspire au cœur d’une polémique.
En terminant « Je ne suis pas Fernand » je puis dire, sans me tromper, que Fabrice Guitierrez a réalisé une œuvre qui pourrait devenir « référence » pour toute vocation à l’éducation.
Il fallait oser, il fallait également le talent pour le faire.


Comment approcher ce roman sans dévoyer l’histoire ? Si je vous dis « homosexualité », je trahirais le texte. Si j’approchais le sujet en vous parlant de la Grande Guerre (1914 – 1918) je ne suis pas certain que la thématique décrirait l’ouvrage avec exactitude. Alors quoi ? Alors, permettez-moi de prendre mon élan afin de vous parler d’une œuvre qui mérite plus qu’une lecture. Serais-je pompeux si je soulignais que l’écriture porte la réflexion sur notre condition humaine, sur ce que nous aurions pensé ou fait à la place des figurants ? Vous l’aurez compris, ce livre ouvre le débat sur une thématique d’Histoire, mais pas que, car il me semble qu’il nous plonge en pleine actualité. Voici de quoi titiller nos consciences, notre approche de ce que le mot « tolérance » signifie à nos yeux et surtout jusqu’où cette ouverture d’esprit est capable de nous mener.


Professeurs, ouvrez vos cahiers et si vous l’osez, lancez le débat…
Si le livre vous semble mince (160 pages) je dois avouer que « Je ne suis pas Fernand » m’a séduit tant par le sujet que par l’écriture. Une plume qui manie la simplicité, ce qui à mon regard est preuve de maturité. L’écriture incisive se marie à la personnalité de l’auteur. Pas que ce dernier soit désagréable à fréquenter, mais ce genre d’écriture permet de ne pas nous encombrer de détails inutiles. « straight to the point » nous apprennent les anglais… Je suis adepte de cette définition.


Alors ? Imaginez que vous n’êtes qu’une adolescente et que sous l’ombre de la mobilisation se dévoile votre étrange sexualité. C’est une époque difficile pour ceux qui portent le fardeau de la différence surtout, lorsque l’on réside loin de Paris, loin de l’exubérance de certains artistes qui peuvent se permettre la provoque sans se soucier du regard des voisins. Comment assumer cette particularité au cœur de la France profonde ? C’est une situation compliquée, d’autant plus difficile qu’un jeune de la région s’est vu… (Chut ! lisez le livre, vous comprendrez.)


M

atricule 1404/1305 sera celui du soldat Lafforgues Morgan. Était-ce un choix ? Fuir l’imbécilité des hommes, leurs jugements, leurs fantasmes et ne trouver que l’armée comme issue à sa détresse. Car oui, Morgane se fera passer pour un homme et s’engagera en tant que tel pour affronter les tranchées et les horreurs de l’inhumanité.
Un joli roman qui se lit avec plaisir. Pas de lourdeurs, pas de longueurs, un juste équilibre qui nous porte à nous interroger. Ce n’est pas que l’auteur se veuille donneur de leçon cependant le thème ne peut laisser indifférent.
Qu’aurais-je fait si, en 1914, ma fille m’avait dévoilé son homosexualité ? Que ferais-je aujourd’hui si l’un de mes enfants m’annonçait sa préférence pour le même sexe ? Certes je l’accepterais, mais si je voulais être honnête, oserais-je jurer qu’à défaut d’en être blessé je ne serais pas égratigné ?


En ouvrant « Je ne suis pas Fernand » je vous avoue avoir cru que l’auteur allait s’y casser les dents. J’avais ouvert mon esprit à une écriture banale et mal m’en a pris… Une histoire racontée juste comme il le faut. Un écrivain qui ose ouvrir des portes alors que le gardien prétend en avoir perdu les clefs. L’humain se transforme parfois en bête féroce, l’auteur l’a bien compris et préfère caresser une certaine humanité, bien que ?
Pas de lien entre ce dernier roman et ses précédents ouvrages ? Pas certain, car dans toute ses publications Fabrice Guitierrez pousse un cri déchirant au nom de ceux à qui l’on demande de la « fermer ».
J’ai lu « Garance » j’ai lu également « Elle pleure encore »… S’il fallait prétendre une préférence entre les trois romans de Fabrice, sans hésitation je choisirais « Je ne suis pas Fernand ».


Je viens de loin

publiée le 05 juin 2018


En préparant une série d’émissions que nous devions enregistrer en public dans la commune française de Sauvian, je me suis demandé comment aborder l’ouvrage de Mathilde PLANCHON.


Ce n’est pas tant son recueil de poésie qui me posait problème, car ce dernier, admirablement écrit, méritait d’être mis en exergue. Le problème est que, quand je prépare une rencontre, je pose ma réflexion sur le contenu des ouvrages ne prenant le Curriculum Vitae des invités qu’en fin de préparation. Certains diront que c’est une erreur, je ne crois pas, je pense que le contenu est le critère majeur d’un choix de chronique plutôt que le nom du créateur. Je reste convaincu qu’en inversant cette manière de faire, se perdrait une part d’objectivité en écartant peut-être des œuvres sur une série de détails qui n’ont rien à voir avec la raison de mon travail.


Alors, pourquoi tant de questions après avoir découvert la femme qui se cache derrière le joli prénom de Mathilde ?
Mathilde Planchon pourrait devenir la porte-parole de nos différences. Trisomique, elle illumine nos yeux par le simple glissement d’une plume. Pas d’artifice, l’encre brute déposée avec finesse.
L’égo ne fait pas partie de ses aspirations, elle utilise les mots pour le plaisir, comme un jeu, se moquant du regard des autres. Rude leçon de vie pour un monde, celui de la littérature, ou les orgueils s’envolent parfois au-delà de la déraison.


Comment approcher une auteure en évitant de la placer en difficulté, tout en refusant la condescendance ou, ce qui me semble plus condamnable, faire preuve de démagogie. Ne pas utiliser la différence pour seule raison d’essayer de créer l’audience. Difficile je vous l’accorde, mais comme le disait si justement l’écrivain « Cyntiade », il faut faire confiance aux rencontres et au destin.


L’interview se déroulant dans les environs de la ville de Béziers, j’avais invité ma consœur Virginie Rouquette (radio Ciel bleu), une chroniqueuse que j’apprécie par la sensibilité et surtout, le professionnalisme. Heureux choix, l’analogie de nos sensibilités fera qu’ensemble nous pourrons nous épauler sans pour autant, chercher la facilité. Échange de regards avant d’inviter l’intervenante, je compris que Virginie cherchait son équilibre. Le micro tremblait un peu au creux de sa main, et son jumeau dansait de la même manière au creux de la mienne. Je dois vous avouer que j’avais un peu la trouille…


Pourquoi ne nous apprend-on pas à donner la main à ceux qui parfois nous surpassent ?
Nous ne le savions pas encore, nous allions vivre des instants particulièrement émouvants. Sans réellement se concerter, nos questions se sont posées telles qu’elles l’auraient été face à n’importe quel écrivain. Nous avions ses écrits, nous les apprécions, il suffisait de changer de rythme sans toutefois favoriser l’intervenante.


Je garde de cette aventure le souvenir d’une rencontre d’exception. J’en garde de l’amertume quand la maman de Mathilde nous confia les rudes batailles à mener pour que les portes s’entrouvrent. Ils ne demandent pourtant pas grand-chose, juste une petite place pour que Mathilde puisse déposer ses œuvres.


Un jour, nous raconte cette femme, une bibliothèque organisait une lecture publique. La maman téléphone pour y inscrire sa fille. Embarrassée, la préposée rétorque qu’ils n’acceptent que des auteurs publiés. Pas de chance pour cette excuse bancale, Mathilde a été publiée. Après quelques hésitations, Mathilde reçoit l’autorisation de participer à une lecture publique. Heureusement, mais la leçon fait mal à la Culture.


Nous avons invité Mathilde à nous lire l’un de ses textes, elle nous a souri, tâtonnés dans le choix qu'elle désirait être en harmonie avec l’instant. Sa voix nous a ouvert les portes de l’émotion. Le public qui assistait à la lecture ne cachait pas son bouleversement. Ce n’était pas la différence qui touchait, non, j’ose ne pas le penser, mais les mots, dieu ! que les mots sont beaux !


Voilà, c’est tout, il n’y a rien à ajouter si ce n’est que parfois le temps s’envole. Dans ce cas précis, je lui offre l’espoir qu’il porte les semences pour qu’une artiste soit honorée comme il se doit.


Les ornières inégales

publiée le 08 mai 2018


Ce livre a trainé de ci de là avant de pointer sa couverture sur le bord de mon bureau. Je finirais presque par croire que certains ouvrages ont le don de se faire désirer. Quoique que, comment aurait-il pu jouer sur ce sentiment puisque j’ignorais qu’il m’attendait gentiment au sein de la rédaction ? Un rapide coup d’œil et me voici pris au piège d’un texte particulièrement bien construit. Le quatrième de couverture commence par ces mots : « C’était un petit bistrot perdu, à Bruxelles, il y a bien longtemps. ». Inutile d’écrire que l’écrivain est passionné d’histoire, on le devine par le destin qu’il offre à ses personnages. Fiction ? Je ne le crois pas, cette prémonition sera confirmée en fin d’ouvrage pour mon plus grand plaisir.


Ce roman mérite d’être parmi les prochains « Best Sellers ». Ce titre cependant ne dépendra en finale que de l’accueil que lui réserveront les lecteurs, mais pas que, encore faut-il que les librairies reçoivent l’ouvrage comme il le mérite et lui offre une place de choix.


Bruxelles est occupée par les Allemands, certains s’en accommodent, d’autres résistent et deux amis, après avoir légèrement trop bu, décident de saccager la permanence de « REX ».
Des destins qui se chevauchent, des vies qui s’entrecroisent et si vous apportez une pincée de suspens, ne vous étonnez pas d’être aspiré par le récit. Nous fréquentons les bureaux de la Gestapo, avenue Louise (Bruxelles), suivons le cheminement d’un fuyard décidé à rejoindre Londres pour éviter les conséquences d’un acte irréfléchi. Au fil des pages, nous côtoyons un jeune juriste américain et j’en passe. Un saut de mouton qui nous conduit à suivre des acteurs qui n’ont d’autre choix que d’accompagner le mouvement d’un cataclysme mondial. Des années de vie volées, mais également une période qui aidera les plus chanceux à rebondir en fonction des circonstances. L’auteur ne porte aucun jugement, il raconte et il le fait admirablement bien. Je ne vous cache pas l’impression de retrouver une influence venue en droite ligne de l’école « James Follett », why not ? Pas le temps de s’ennuyer, l’aventure nous porte, nous emporte et comme dans tous les romans bien achevés, nous ne pouvons-nous empêcher de nous identifier aux protagonistes, car ils ont le don de nous apporter le miroir de nos faiblesses, de nos tendresses. J’ai adoré découvrir Bruxelles sous cet autre regard. J’ai aimé voyager de Lille vers Bordeaux. Frémi sous les plafonds de Breendonk en me souvenant qu’en Belgique nous avions notre camp de concentration. L’Histoire mélangée aux histoires, les anecdotes qui nous reviennent en mémoire et que nous avions peut-être occultées…


À propos de destins, celui de l’occupant n’est pas à négliger, au contraire. Nous découvrons que les méchants peuvent s’avérer gentil, qu’ils subissent parfois ce que la vie leur impose et pourquoi pas, d’une certaine manière résistent devant l’aveuglement populaire. Certes, ce ne sont pas des anges, juste des humains qui refusent parfois ce que le système aimerait leur imposer.



Effets papillon en noir et blanc

publiée le 27 mars 2018


Entre vous et moi, en terminant « Effets papillon en noir et blanc » je me suis demandé si je ne venais pas d’effleurer un sujet de la plus haute importance. Un titre joliment choisi pour aborder l’histoire d’un « Sans-Papier ». J’avoue qu’en abordant cette thématique, avoir eu une pensée mauvaise en songeant que les auteurs faisaient peut-être preuve d’une forme de démagogie. Rapidement je me suis détrompé. Voici un « roman » qui semble, à mon avis, très proche d’une surprenante réalité. Non, même si mon travail me pousse parfois à le faire, je n’ai pu lire ce livre en une simple diagonale. Comment détacher mon attention d’un écrit interpellant, d’une fiction qui se base sur le tristement banal. Les mots hurlent les confidences des auteurs qui décrivent les absurdités d’un système, le nôtre. Aberrant, inhumain, et pourtant, cette société nous appartient, façonnée par notre ignorance et sur laquelle, sans le moindre doute, les générations à venir se poseront des questions auxquelles nous aurons probablement du mal à répondre.


Le livre est un roman, mais pas que, je ne puis le croire, les mots ne sont pas neutres et dévoilent des vérités qui m’ont donné la chair de poule. L’histoire aborde plusieurs sujets. Un père autoritaire, probablement blessé par un veuvage inopiné et qui ne sait plus très bien comment gérer l’amour qu’il porte à ses enfants. Amour maladroit qui voudrait protéger, mais en raison de son omniprésente obsession, le conduira à la catastrophe des gestes maladroits… La rencontre avec un « Sans papier » et une femme assoiffée de maternité est une idée redoutable. Elle, refoulée par la vie, par les blessures qu’un amant de jeunesse a occasionné en raison de l’autorité du père, encore lui, l’aveuglement d’un géniteur qui tremble peut-être de devoir apprivoiser une possible solitude, que sais-je encore ? Et puis, il y a cet avocat véreux. Cet homme qui a compris le bénéfice qu’il pouvait tirer de la situation quand un « demandeur d’asile » qui deviendra « sans papier » requiert une aide « Pro-Deo ». Je me suis demandé s’il était possible qu’un représentant de la loi puisse agir de la sorte. Est-il possible de pousser le cynisme en profitant du désarroi des uns pour s’abreuver aux mamelles du système ? Est-il possible qu’un homme assermenté n’hésite en aucune manière à faire prendre des risques inconsidérés à ceux qu’il est pourtant chargé de défendre. Oui, il existe de telles attitudes et si les médias dénoncent avec raison les passeurs, ils devraient se pencher sur ces mafieux en col blanc qui fréquentent parfois les projecteurs pour déclarer, la larme au coin de l’œil, qu’ils sont présents pour défendre ceux qu’ils exploitent en coulisse. Sauf que, sous la table, les mains se tendent, réclamant des honoraires en se gardant bien de signer un reçu. Heureusement, ils sont exception, mais comme vous le savez, placez un mouton noir au centre d’un troupeau et vous ne remarquerez que cette anomalie.


« Effets papillon en noir et blanc » me semble incontournable. Il l’est par le regard que portent les auteurs sur l’actualité. Peu importe notre avis sur la question, ce témoignage mérite notre attention. Il ouvre le débat sur les raisons profondes qui poussent nos sociétés à agir d’une manière ou d’une autre. Suivre le destin de quelques-uns, c’est faire preuve de résistance. A quoi ? À l’injustice, à ce que l’histoire aurait dû nous apprendre. Rompre avec l’omerta, c’est se détourner des lâches, c’est également s’il faut le préciser, assumer notre devoir.


Retrouvez Philippe De Riemaecker sur 106.5 Passion Fm, sur R.C.F et sur TV-Passion


Un marathon, ça se prépare

publiée le 06 mars 2018


Cette fois, c’est parti… Le Marathon littéraire, saison 2018, est sur les starting-blocks. Au moment où vous lirez cette rubrique, les portes de la Foire du Livre de Bruxelles se seront refermées. J’imagine que l’événement restera marqué dans ma mémoire puisqu’une rencontre est prévue avec les papes du fantastique « Frederick Lyvens » et son cicérone « Graham Masterton », brrr, préparons-nous à trembler. Si les 3 et 4 mars prochains vous désirez célébrer « Les femmes », vous pourrez me retrouver au Salon « Elles se livrent » ou j’aurai le plaisir d’interviewer en public quelques auteurs de chez nous. Si pour l’occasion vous veniez à Braine-l'Alleud, vous y serez agréablement reçus. De grandes plumes seront présentes et accessibles en toute simplicité. L'événement vous plongera au cœur du thème de l’année : La Namibie. J’y serai présent en studio en présence du "Chouette Magazine". Si vous passez me voir, vous recevrez peut-être l’un de nos cadeaux en vous présentant avec cet article.


Sans reprendre notre souffle, un bon de 1200kilomètres vers le sud de la France. Souvenez-vous, en 2017 les auteurs belges s’étaient remarqués au Salon International du livre de Mazamet. Six écrivains belges avaient fait le déplacement et Patricia Fontaine se voyait couronnée par le Prix Roman tandis que Perrine Peeters était nominée au même prix. J’avoue qu’en qualité de témoin de l’événement j’en avais été particulièrement ému et, disons-le sans détour, fier des plumes de nos régions. En 2019, si mes renseignements sont exacts, la Belgique sera à nouveau joliment représentée et d’après mes sources, leurs écrits ne sont pas passés inaperçus… Surprise, je vous réserve la primeur du palmarès 2018 puisque Chouette Magazine sera présent comme il le sera dans de nombreuses manifestations littéraires.


Petit saut sur Carcassonne pour rejoindre les estivales de Malepere. L’événement se déroule sur une semaine, invitant conférenciers et scientifiques à présenter les fondements de la science. L’humain y retrouve sa place, et comme attendu, les sciences humaines font partie des débats. Une semaine enivrante pour l’esprit et clôturée par un Salon du Livre des plus intéressants.


Les incontournables que je me permettrai de vous citer dans le désordre. Montcuq en Quercy, qui côtoie le marché du dimanche organisé par l’artiste Stéphane Ternoise. Rocamadour que je vous recommande chaleureusement en vous invitant à y inclure une journée touristique pour visiter la cité.


Le Salon du livre de Rocamadour se déroule en plein air, sous les chênes, généralement le premier dimanche de septembre. C’est chaleureux et l’ombre de la cité médiévale offre un cachet unique en son genre. J’aime ce Salon, je l’aime pour la simplicité des organisateurs et ce « je ne sais quoi » qui ouvre les portes à des rencontres inattendues.


Mon Dieu, j’allais oublier le coup de cœur, le Salon du livre de Buzet sur Baïse… Coup de cœur ? Oui certainement, car, pour sa première édition en 2017, les organisateurs se sont permis de mélanger les genres en offrant deux soirées cinématographiques suivies chaque fois par un débat. C’était l’occasion de saluer Joseph JOFFO et l’incontournable Chantal Figuera Levy. Je ne vous essoufflerai pas en citant toutes les manifestations littéraires dans lesquelles nous serons présents. Départ depuis la Belgique, arrêt sur la France, petit bond vers Genève pour revenir en France, participer au Salon de la Province qui se déroule à Genval avant de clôturer l’année par Charleroi et enfin Mon’s Livre que je salue et qui porte mon admiration. Le Canada ? Hm hm, c’est encore un secret et bientôt, pourquoi pas, petit détour par l’Afrique.


Un Marathon, je vous l’avais bien écrit, mais en compagnie du « Chouette », ce n’est que du bonheur.


Que pourrais-je vous souhaiter?

publiée le 09 janvier 2018


Une renaissance en communion avec la lumière qui nous revient, une année 2018 extraordinaire, que souhaiter qui ne fleurisse du banal ?
Une galaxie dans laquelle brillent les mots issus de nos plumes et pourquoi pas, exprimés par ceux qui les lisent, ceux qui jouent nos histoires. Une sorte de feu sans artifice, mais qui s’illumine tout de même en colorations surprenantes sans l’explosion qui l’accompagne, terrorisant la sauvagine qui ne comprend rien à ce besoin de bruyance extrême. Ah, qu’ils sont assourdissants nos bonheurs populaires ! Est-ce pour inoculer nos peurs que l’on affiche une joie excessive en cette courte période ?


Je vous souhaite l’insaisissable, la folie, la différence également.
Je nous souhaite un monde dans lequel les sans-abris montent sur scène, sortent de l’anonymat et sont salués par une explosion d’applaudissements, ovationnant le courage qu’ils démontrent en survivant au cœur d’une société aveuglée par trop de paillettes et de mirages stériles.


Oui, je vous souhaite le rêve, celui qu’ose approcher l’enfance… Les fantasmes également, les mains amicales qui se rejoignent et le don de fuir les esprits chagrins.
Je vous entraine vers le miracle, celui que d’aucuns prétend impossible sauf, Peter Pan et les enfants perdus… Même si le ciel est gris, regardez là, tournez la tête, ouvrez vos regards… Vous le voyez cet arc-en-ciel qui brille plus qu’à l’ordinaire ? C’est celui de votre imagination, celui grâce auquel les êtres reconnaissent que l’espoir fait partie du monde.


Merveilleuse année 2018…


"Novaya Era" par Martine Roland

publiée le 21 novembre 2017


C’est toujours agréable d’être aspiré par la lecture d’un livre quand la qualité de l’écriture et le déroulement de l’histoire vous font oublier votre dose de pessimisme quotidienne. Laquelle ? Celle que nous partageons ensemble par ce petit coup de blues savamment dilué par le biais des infos de 19h30. Besoin d’évasion ? Peut-être ou peut-être pas… On pourrait qualifier cette attitude par une forme de résilience, la volonté de sourire d’un rayon de soleil ou plus simplement, s’offrir la richesse d’une discussion. Bref, c’est toujours ainsi que l’esprit se dérobe quand confronté à la couverture d’un nouveau roman, il s’interroge sur la capacité de l’écrivain à séduire ou au contraire, si la plume ne s’exprimera que pour le regard de quelques initiés. J’adore ce flottement qui précède la lecture d’un nouveau livre.


En ouvrant « Novaya Era » de Martine Roland, au risque de paraître condescendant, j’avouerai je n’étais pas d’humeur à me laisser duper, pas trop facilement. J’avais envie d’un ouvrage qui me fasse rêver, qui m’emporte et qui refuse de se laisser dominer par la nuit qui vous propose de clore les paupières. Je n’allais pas être déçu. Martine Roland semble éprise de destins hors du commun. Elle parle d’amour avec une telle justesse que l’on comprend rapidement que ce sentiment porte les élus jusqu’aux extrémités, les plus belles, avant de rebondir au risque d’approcher le gouffre des désespoirs intolérables. Comment décrire une écriture sans se vautrer dans la banalité ? Une femme, syndicaliste, quitte son époux pour un voyage en Lettonie. Dans ses bagages, elle porte le deuil de son enfant et l’essoufflement de son couple érodé par les événements. Un séjour de courte durée pendant lequel rien ne devait la surprendre en dehors des paysages et des monuments incontournables. Sauf qu’au coin de l’aventure, l’amour jaillit comme un déferlement.


L’histoire pourrait s’essouffler rapidement, ce serait sans compter sur la féconde imagination de l’auteure. Voyage initiatique, illusion de croire à la jeunesse éternelle et la découverte d’une passion dévorante même si, consciemment ou inconsciemment, les protagonistes de l’histoire savent qu’ils se dirigent vers une impasse. Les symboliques, pour ceux que cela intéresse, sont nombreuses. J’avoue ignorer si c’est la volonté de l’écrivain ou plus simplement l’expression de son subconscient. Qu’importe et au diable les analyses stériles, me vient l’envie de vous parler d’un livre, d’une auteure et de la qualité de son imagination. Une plume réservée parfois, incisive comme il se doit, qui nous dépeint des peuples presque voisins et sait doser les émotions en élaguant les mots qui ne servent à rien.


Parler d’un titre en approchant l’auteure, ce serait peindre Pollux en ignorant son jumeau. En terminant « NOVAYA ERA », je n’ai eu qu’une envie, celle de me procurer « C’est un secret entre nous » paru aux éditions « Memory ». Autre roman, autre découverte et pourtant ! La thématique approchée : « L’inceste maternel» aurait pu détourner ma pudeur. Martine nous emporte dans les méandres d’un assassin en devenir. J’avoue avoir été troublé par le contenu de cette œuvre surprenante. Comment arrive-t-elle à se placer avec une telle sensibilité dans la tête de ses personnages ? Cache-t-on une part de son vécu ? J’imagine que non et c’est à partir de cette conclusion que je me permets d’affirmer que Martine Roland mérite nos regards. Martine Roland, auteure Brabançonne à qui j’ose prédire un avenir prometteur.


"Les Parricides" par Sabine Dormond

publiée le 24 octobre 2017


Sabine Dormond nous confie une habitude, celle de nous faire découvrir chaque année un nouvel ouvrage pour le plaisir de nos mirettes. L’écrivain : sacrée bonne femme guidée par une énergie hors du commun, est toujours prête à détourner son chemin s’il faut manifester pour une juste cause. Pour la petite histoire, Sabine fut longtemps à la tête de l’association Vaudoise des écrivains (AVE). Vous l’aurez traduit sans peine, Sabine nous vient de Suisse. J’adore ce pays, j’adore les plumes qui fleurissent sous l’ombre des sommets vertigineux. Ah ces montagnes ! Incontournables témoins de ce que la nature peut accomplir quand lui vient l’envie de décorer la terre de quelques ridules qui nous rappellent à l’humilité.


Bien que Sabine publie chaque année un nouvel ouvrage, je ne me souviens pas de l’avoir invitée à partager cette chronique. J’entends d’ici des propos qui parlent d’injustice et je ne puis que leur donner raison, car l’écriture de Sabine mérite d’être mise en exergue.


Par ce titre, « Les Parricides » on est en droit de s’attendre à un drame ou s’entremêleraient le sordide et le policier fiction. Il n’en est rien, au contraire, attendez-vous à de l’inattendu. En quelques lignes à peine, nous voici portés à croire que le monde qui nous entoure s’est échappé pour laisser l’imagination de l’écrivain nous prendre par la main… Je pourrais vous décrire l’histoire, mais je n’ai pas envie de commettre l’erreur de vous subtiliser ne fût-ce qu’une infime partie du plaisir de sa découverte. Sans réserve, je le conseille. Une histoire rondement menée. Une fiction dans laquelle le destin se fait surprendre par une auteure de qualité. Le livre n’est pas volumineux, il se lit facilement, pardon, il se dévore avec avidité. Inutile de préciser que l’auteure semble apprécier les jeux d’échecs, c’est peut-être de ce détail qu’elle tire son talent. C’est qu’elle en déborde de ce sacré talent. Elle tisse une trame destinée à nous manipuler, nous mener à aimer les protagonistes de son imagination y compris les pas beaux, les lâches à qui l’amour fut confié et qui n’ont pas compris que le plus grand plaisir est celui qui se partage. Un livre condensé dans lequel quelques leçons de vie se découvrent « l’air de rien » et tant pis si quelquefois on se retrouve parmi les méchants, après tout, c’est surtout ça la vie, la vraie, celle ou rien n’est blanc comme on aimerait le croire. Soulevons nos masques savamment maquillés, nous en aurons la preuve. Non, je ne dévoilerai pas les propos de ce livre. Inutile d’insister, je ne vous dirai rien ni sous l’agacement des supplications ni sous la torture (bien que pour cette dernière je retire mes propos). Sabine Dormond pour vos écrits je ne regrette pas les années qui passent, au contraire, je m’impatiente de vous lire très bientôt et tant pis si pour ce plaisir le prix à payer se compte en saisons.


"Parfois les enfants pardonnent" par Isabelle Mercier

publiée le 10 octobre 2017


Isabelle Mercier, Infirmière de profession et romancière pour notre plus grand plaisir Un peu de mal devant la première page d’un livre que j’imaginais, à tort, un peu « Psy ». Pff, j’avais envie d’autre chose. Marre de porter le poids des destins tragiques, des vies étiolées, des yeux déchirés par l’absence de rires. Comme bien souvent, les aprioris s’épuiseront par le plaisir d’une lecture intéressante. Je me souvenais du premier roman de l’auteure, « dernières notes ». Déjà, ce premier livre m’avait séduit tout en douceur. J’en conviens, ce livre demande probablement plusieurs lectures, car, comme pour toute œuvre élaborée, l’artiste utilise son talent afin de mettre en place différents niveaux de perception. Dans « Parfois les enfants pardonnent », Isabelle Mercier nous propose d’observer une famille confrontée aux origines de son implosion. Un homme quitte sa femme parce que sa maîtresse attend un enfant. On aurait pu en rester là, sauf que ! Arrivé à la dernière étape de sa vie, le père « déserteur » essaye de renouer avec ses descendants, les premiers, ceux qui sont nés de l’officielle, ceux qui portent la blessure de ce qui ressemble à une trahison. Renouer ? Un mot galvaudé quand les heures qui portent votre avenir ne se comptent plus, puisque devenues bonus. Il y a donc urgence et comme l’exprime si bien le titre, c’est l’espoir de pardon qui joue sa dernière manche.


Suivre Isabelle Mercier, c’est comparer l’esprit à une course de fond. Son écriture se mérite, se savoure et pousse à la réflexion. Une lecture qui vous oblige à poser le livre le temps d’apprivoiser les mots.


Les antagonistes de l’histoire sont attachants probablement parce qu’ils reflètent l’humain sans maquillage ni jugement. Trahison, certes, combien même cette brisure nous suivra tout au long du récit, on s’étonne de découvrir que ce n’est pas ce que nous retiendrons des mots calligraphiés. Avec tact et sensibilité, le roman nous invite à observer nos semblables lorsque des choix difficiles sont, non pas proposés, mais balancés en plein visage par les méandres du destin. Les colères sont décrites avec à-propos, les questionnements nous semblent provenir de notre propre état d’esprit. J’en déduis que la romancière a réussi à atteindre les buts qu’elle s’était fixés. Est-ce en raison de sa profession qui lui offre cette sensibilité « à fleur de peau » qu'une saveur étrange embrase le lecteur au point que son derme réagit sans raison apparente? Devant les révoltes d’une femme qui ne souhaiterait qu’une chose, qu’on la laisse tranquille, qu’on efface les douleurs du passé, les trahisons qu’elle n’a toujours pas saisies, les adieux qu’on lui a refusés par lâcheté, facilité, désespoir ou par l’orgueil blessé d’une maman trahie.


Isabelle Mercier, vous avez réussi à me séduire. Vos écrits méritent nos regards, ils effleurent nos faiblesses, ils ne laissent jamais indifférents.


"Les parricides" par Sabine Dormond

publiée le 26 septembre 2017


Sabine Dormond nous confie une habitude, celle de nous faire découvrir chaque année un nouvel ouvrage pour le plaisir de nos mirettes. L’écrivain : sacré bonne femme guidée par une énergie hors du commun, est toujours prête à détourner son chemin s’il faut manifester pour une juste cause. Pour la petite histoire, Sabine fut longtemps à la tête de l’association Vaudoise des écrivains (AVE). Vous l’aurez traduit sans peine, Sabine nous vient de Suisse. J’adore ce pays, j’adore les plumes qui fleurissent sous l’ombre des sommets vertigineux. Ah ces montagnes ! Incontournables témoins de ce que la nature peut accomplir quand lui vient l’envie de décorer la terre de quelques ridules qui nous rappellent à l’humilité.


Bien que Sabine publie chaque année un nouvel ouvrage, je ne me souviens pas de l’avoir invitée à partager cette chronique. J’entends d’ici des propos qui parlent d’injustice et je ne puis que leur donner raison, car l’écriture de Sabine mérite d’être mise en exergue.


Par ce titre, « Les Parricides » on est en droit de s’attendre à un drame ou s’entremêleraient le sordide et le policier fiction. Il n’en est rien, au contraire, attendez-vous à de l’inattendu. En quelques lignes à peine, nous voici portés à croire que le monde qui nous entoure s’est échappé pour laisser l’imagination de l’écrivain nous prendre par la main… Je pourrais vous décrire l’histoire, mais je n’ai pas envie de commettre l’erreur de vous subtiliser ne fut ce qu’une infime partie du plaisir de sa découverte. Sans réserve, je le conseille. Une histoire rondement menée. Une fiction dans laquelle le destin se fait surprendre par une auteure de qualité. Le livre n’est pas volumineux, il se lit facilement, pardon, il se dévore avec avidité. Inutile de préciser que l’auteure semble apprécier les jeux d’échecs, c’est peut-être de ce détail qu’elle tire son talent. C’est qu’elle en déborde de ce sacré talent. Elle tisse une trame destinée à nous manipuler, nous mener à aimer les protagonistes de son imagination y compris les pas beaux, les lâches à qui l’amour fut confié et qui n’ont pas compris que le plus grand plaisir est celui qui se partage. Un livre condensé dans lequel quelques leçons de vie se découvrent « l’air de rien » et tant pis si quelquefois on se retrouve parmi les méchants, après tout, c’est surtout ça la vie, la vraie, celle ou rien n’est blanc comme on aimerait le croire. Soulevons nos masques savamment maquillés, nous en aurons la preuve. Non, je ne dévoilerai pas les propos de ce livre. Inutile d’insister, je ne vous dirai rien ni sous l’agacement des supplications ni sous la torture (bien que pour cette dernière je retire mes propos). Sabine Dormond pour vos écrits je ne regrette pas les années qui passent, au contraire, je m’impatiente de vous lire très bientôt et tant pis si pour ce plaisir le prix à payer se compte en saisons.


"Les parricides" par Sabine Dormond

publiée le 26 septembre 2017


Sabine Dormond nous confie une habitude, celle de nous faire découvrir chaque année un nouvel ouvrage pour le plaisir de nos mirettes. L’écrivain : sacré bonne femme guidée par une énergie hors du commun, est toujours prête à détourner son chemin s’il faut manifester pour une juste cause. Pour la petite histoire, Sabine fut longtemps à la tête de l’association Vaudoise des écrivains (AVE). Vous l’aurez traduit sans peine, Sabine nous vient de Suisse. J’adore ce pays, j’adore les plumes qui fleurissent sous l’ombre des sommets vertigineux. Ah ces montagnes ! Incontournables témoins de ce que la nature peut accomplir quand lui vient l’envie de décorer la terre de quelques ridules qui nous rappellent à l’humilité.


Bien que Sabine publie chaque année un nouvel ouvrage, je ne me souviens pas de l’avoir invitée à partager cette chronique. J’entends d’ici des propos qui parlent d’injustice et je ne puis que leur donner raison, car l’écriture de Sabine mérite d’être mise en exergue.


Par ce titre, « Les Parricides » on est en droit de s’attendre à un drame ou s’entremêleraient le sordide et le policier fiction. Il n’en est rien, au contraire, attendez-vous à de l’inattendu. En quelques lignes à peine, nous voici portés à croire que le monde qui nous entoure s’est échappé pour laisser l’imagination de l’écrivain nous prendre par la main… Je pourrais vous décrire l’histoire, mais je n’ai pas envie de commettre l’erreur de vous subtiliser ne fut ce qu’une infime partie du plaisir de sa découverte. Sans réserve, je le conseille. Une histoire rondement menée. Une fiction dans laquelle le destin se fait surprendre par une auteure de qualité. Le livre n’est pas volumineux, il se lit facilement, pardon, il se dévore avec avidité. Inutile de préciser que l’auteure semble apprécier les jeux d’échecs, c’est peut-être de ce détail qu’elle tire son talent. C’est qu’elle en déborde de ce sacré talent. Elle tisse une trame destinée à nous manipuler, nous mener à aimer les protagonistes de son imagination y compris les pas beaux, les lâches à qui l’amour fut confié et qui n’ont pas compris que le plus grand plaisir est celui qui se partage. Un livre condensé dans lequel quelques leçons de vie se découvrent « l’air de rien » et tant pis si quelquefois on se retrouve parmi les méchants, après tout, c’est surtout ça la vie, la vraie, celle ou rien n’est blanc comme on aimerait le croire. Soulevons nos masques savamment maquillés, nous en aurons la preuve. Non, je ne dévoilerai pas les propos de ce livre. Inutile d’insister, je ne vous dirai rien ni sous l’agacement des supplications ni sous la torture (bien que pour cette dernière je retire mes propos). Sabine Dormond pour vos écrits je ne regrette pas les années qui passent, au contraire, je m’impatiente de vous lire très bientôt et tant pis si pour ce plaisir le prix à payer se compte en saisons.


"Les Emeraudes de Satan" par Mathieu Bertrand

publiée le 11 juillet 2017


C’est sous le nom de Pie XIII que Mateo Santucci vient d’être élu deux cent soixante-septième Pape de l’Église catholique romaine. L’histoire commence ainsi, à peine entamée, nous attendons la suite.


Dès la première page le regard s’accroche à l’aventure sans que rien, pas même l’heure de l’apéro, ne parvienne à l’en détacher. C’est un premier roman pour l’auteur et j’ose m’avancer en affirmant que c’est une réussite « 1306, Poitiers : le dernier Grand Maître de Molay, sentant la fin de l’Ordre des Templiers approcher, informe le Pape Clément V qu’il est en possession d’une couronne ayant appartenu à Satan lui-même. » Cette phrase, je vous l’avoue à titillé ma curiosité. Satan, templier et le Vatican ; tous les éléments sont mis en place pour que s’éveille le plaisir de frôler la grande aventure. Le Père Paul Kaminsky, agent du service des enquêtes spéciales du Vatican, est sollicité par le Pape. Ce dernier vient de découvrir d’étranges courriers hérités de ses prédécesseurs. Un héritage, certes, mais pas dans le sens positif du terme puisque jusqu’à ce jour, aucun des précurseurs de Sa Sainteté n’est parvenu à mener à bien la mission qui lui a été confiée par l’ange Gabriel en personne (un ange est-il une personne ? Je vous retourne la question)


Le monde risque de basculer, une solution doit être trouvée avant que les forces du mal n’envahissent définitivement notre environnement.


Rondement menée, l’aventure qui se présente réunit un certain nombre d’éléments qui ouvrent la porte à toutes les interprétations. Les secrets du Vatican, la curie et ses influences parfois néfastes, les Templiers, le bien, le mal et je ne vous parle pas des rebondissements. J’ai adoré ce livre, je l’ai adoré pour le rythme soutenu qu’il impose au lecteur. Une intrigue qui nous entraîne sur des chemins étranges sur lesquels marchent des gentils qui sont parfois des méchants et des méchants pas si méchants qu’on le supposait au départ.


Alors que sa mission commence, Le Père Paul Kaminsky rencontre une femme qui ne semble pas le laisser indifférent. Elle est présente pour l’aider, mais tout de même, nous pressentons une complicité et des regards qui pourraient, que nous espérons, qui peut-être prendront un chemin condamnable par l’église et les communautés qui n’ont pas toujours les mêmes horizons. Elaheh, tel est son nom, Iranienne et membre de la secte des Assassiyine, faction criminelle censée avoir disparu depuis près de mille ans. Cette femme, que l’on imagine belle, apporte par sa présence le regard de tous les possibles. Pas d’érotisme, non, des attentions, de la complicité et comme le dirait l’auteur, une sorte d’union sacrée. J’ajouterai que j’adore, je vous l’avoue, lorsque les religions dépassent par obligation, le côté possessif de ce qu’ils prétendent être « La » vérité. J’adore lorsque les « officiants » osent se tourner vers ce que d’aucuns appelleraient « les mécréants ». Pas de guerre de religion, non, de la collaboration afin d’arriver à sauver le monde en retrouvant les émeraudes soigneusement cachées pour des raisons que nous découvrirons dans le dernier chapitre. Monsieur Mathieu BERTRAND, j’ai cru comprendre qu’une suite était en préparation, je l’attends avec impatience et vous souhaite un joli chemin littéraire.


"Jules" par Didier Van Cauwelaert

publiée le 26 juin 2017


Jules, il s’appelle Jules… Un petit bout d’homme qui offre un superbe clin d’œil à son grand-père puisqu’il est né le même jour que ce dernier… Un sept juin : vive la vie et zut aux rhumatismes, ce soir je fais la fête pour oublier les années qui nous séparent.


Une naissance, une découverte littéraire, comment ne pas croire que le destin s’est approprié de l’événement.


La femme de ma vie voulait me faire une surprise, elle s’est mise à la recherche d’un roman écrit autour de ce prénom.


- Celui-ci peut-être ?


Sur la couverture se détachent cinq lettres en dessous d’une truffe qui vous dévisage tout en vous culpabilisant. Les chiens possèdent l’art de vous apitoyer.


Jules est un chien, un labrador, un toutou spécialement dompté pour accompagner une malvoyante. Elle, mignonne comme un abricot d’été, fréquente l’aéroport pour se rendre à l’hôpital en vue (c’est le cas de le dire) d’une opération qui pourrait lui rendre le regard. Lui, scientifique malchanceux, tient une « aubette » qui vend des macarons. Les événements s’enchainent et Jules décide qu’il faut aider ces deux-là à faire un pas de deux. La suite ? Héhéhé, ne comptez pas sur moi pour dévoiler l’intrigue, laissez-vous charmer par cette belle aventure, que du bonheur !


Jules est un roman qui procure une évasion subtile au cœur d’une intrigue des plus intéressantes. On sourit beaucoup en présence des antagonistes tout en espérant que les blessures s’éloigneront de ces êtres attachants. L’amour est malmené, mais pas dans le sens que prendrait une imagination logique. Vous qui avez probablement chéri, ne pouvez ignorer que les douleurs qui blessent sont quelquefois dévastatrices. Ici, l’auteur a le talent de rendre hommage aux amoureux déchus, ceux qui offrent la noblesse de construire plutôt que détricoter. On ne connait que les instants présents, tant mieux, l’avenir ne porte pas toujours les couleurs de nos espoirs, de nos fantasmes ou plus simplement de l’assombrissement mis en place par les circonstances. Oups, je vous embrouille, ne m’en veuillez pas, le livre est si beau que je peine à le décrire. Cerise sur le gâteau, JULES existe en format poche (Le roman, pas le chien).


Je rends hommage à l’écrivain Didier Van Cauwelaert d’avoir réussi à mettre en exergue la difficulté que représente le domptage d’un chien accompagnant. Je remercie l’auteur de m’avoir fait vibrer. JULES, un roman surprenant, une histoire des plus intéressantes narrée par une écriture fluide.


En attendant que vous poussiez la porte de votre librairie préférée, permettez-moi cette légère entorse en souhaitant le plus joli destin à Jules Decoster.


Les écrivains belges à l'honneur

publiée le 13 juin 2017


Ne prétendez jamais que nos écrivains ne possèdent aucun talent. Et c’est peut-être la maladie que porte notre siècle, celle d’envier l’assiette de nos voisins en boudant les trésors qui brillent sous nos regards.


Je suis convaincu que nos plumes méritent notre reconnaissance et c’est la raison profonde pour laquelle je vous invite à vous joindre à moi pour remercier celles et ceux qui, par leur talent, font découvrir nos villes et nos villages au-delà de nos frontières.


Le 21 mai dernier, j’ai eu la chance et l’honneur d’encadrer cinq auteurs belges au salon International du livre de Mazamet. Certes, Mazamet n’est pas Paris, mais malgré les 1200 kilomètres qui la séparent de nos contrées, ce Salon du livre est un événement incontournable pour tout écrivain qui désire approcher l’international. À titre d’exemple, c’est au Salon de Mazamet que l’on rencontre sans la moindre barrière Marc Galabru (†), Michel Montfort, Isabelle Bois, Christophe Chabbert et dernièrement, Anthony Augusto coproducteur de la série « RIP ». Cinq auteurs belges vous écrivais-je, cinq jolies plumes qui ont été reçues avec tous les honneurs. Même si plusieurs nationalités furent représentées (France, Hollande, Sénégal, Autriche, etc.) le drapeau belge flottait aux côtés du drapeau français et européen. Ce geste symbolique offrit à nos compatriotes, l’impression d’être mis à l’honneur et c’est bien d’honneur que nous devons parler. Ludiane de Brocéliande (Le syndrome de thaler), Patricia Fontaine (Cape Verte), Isabelle Grenez (L’heure de la Renarde), Périnne Péters (146 centimètres… Le soleil), Jean Pierard (Le blues de Milo & Vénus) ont été reçus par leurs pairs et salués pour la qualité de leurs écrits. Cerise sur le gâteau, deux écrivains belges ont été nominés pour le prix « Roman » aux côtés de la talentueuse auteure Sonia Nadeau (L’enfant du nuage) [voir nos rubriques précédentes].


Patricia Fontaine ne cacha pas son émotion lorsqu’elle entendit prononcer son nom à la suite de la phrase « Le lauréat pour le prix roman 2017, à l’unanimité du jury est… ».


Périnne Péters, nominée pour le même prix n’a pas à rougir, le jury a dû choisir parmi trois romans exceptionnels, il n’y avait qu’un Lauréat, j’avoue que personnellement j’aurais placé les trois lauréates sur un pied d’égalité. Les sujets sont diamétralement différents, l’écriture n’a rien de comparable, mais chacune apporte au lecteur cette agréable sensation d’être aspiré dans une histoire que l’on n’a pas envie d’abandonner.


Enfin pour clôturer ce petit mot, j’aimerais ajouter que les cinq Belges participants présentaient des œuvres qui méritent nos regards. Comme le disait si bien un membre du jury, faire un choix cela donne parfois l’impression de déchirer son âme. Nos auteurs sont revenus en Belgique gardant les souvenirs d’un week-end singulier et si quelques personnalités ont salué la performance de nos écrivains, cela reste anecdotique. Oublierait-on que les écrits portent le témoignage de nos civilisations ? C’était un événement rarissime, mais si j’en crois le silence qui l’entoure, l’exception semble devenue banale…


"Les Aventures de TaTa Bougnette" par Lou Florian

publiée le 16 mai 2017


Drôle, bedonnant. Style impossible à comparer sauf peut-être (pour référence) à l’écrivain San Antonio et son Bérurier.


Tata Bougnette est une femme d’un âge respectable et respecté. Entourée de ses voisins, de sa nièce Ninette (qui radine ses jolies fesses) et de l’intarissable réserve de « banyuls », elle assume les années écoulées et apprivoise ses inconvénients. L’incontinence la gêne un tout petit peu, mais qu’importe, puisque l’on change de culotte chaque matin et qu’entre deux aurores, on assure l’incommodité. Soulignons que l’auteur décrit la petite ville de « Collioure » d’une plume si joliment posée qu’il me tarde de la connaître. Si je puis me permettre, une statue de "Tata Bougnette" devrait être érigée au cœur de cette cité.


« Aujourd’hui, tu as le soleil qui se la joue caliente ! Il a dû badigeonner sa biscotte du matin avec de la marmelade de piments rouges. Et se l’enfiler goulûment dans le gosier. Juste avant de se lever à l’horizon. Et du piment au petit-déjeuner, c’est plutôt risqué. Ça, tout le monde le sait ! L’astre chaud en est devenu brûlant. Tout brûlant. Écarlate. Et lorsqu’il s’est levé sur la mer, à l’aube naissante, il était rougeoyant comme une tomate mûre. En un instant, le ciel et l’horizon se sont revêtus de pourpre. Avant de décliner fort heureusement vers les orangés. Alors aujourd’hui, je te le dis, il fera caliente, caliente ! Mais depuis quelques jours déjà, le soleil a le feu au caleçon ! »


Certes, TaTa Bougnette à de la bouteille et ce ne sont pas les années qui l’empêchent de se laisser entraîner dans de folles aventures. La voici à l’affût d’un tueur en série, assiste le père Noël à remobiliser ses rennes partis en grève en raison d’un manque de « banyuls » [vin doux naturel d’appellation d’origine contrôlée produit sur quatre communes du sud de la France] (pas facile de cultiver des vignes au milieu des neiges éternelles) et enfin, la voici partie dans le pays des lapins urticants à l’aide d’une drôle de machine fabriquée par un oncle disparu depuis pas mal de temps et dont elle a, par inadvertance, actionné la mise en marche.


Restons honnêtes, ce n’est pas un livre destiné à l’intellectuelle en recherche de littérature alambiquée cependant, et je vous y invite, prenez le livre pour vos journées à la plage en n’oubliant pas de vous enduire préalablement de protection solaire (après vous oublierez de le faire). Emmenez-le dans le train à bord de l’avion et assumez vos éclats de rire.


Une écriture originale et qui sous ses aspects simplistes dévoile un travail de fond. Les mots sont souvent crus, jamais vulgaires, mais après tout qui n’a jamais rigolé d’une flatulence échappée d’un aîné ? Derrière les éclats de rire se cachent tous les petits problèmes auxquels doivent faire face les personnes d’un âge respectable. On peut en pleurer, on peut en rire, question de mentalité et une sacrée leçon d’espoir.


Lou Florian, plus qu’un artiste, une sorte de génie. Lou c’est Lou et je n’ai qu’un souhait, c’est qu’il reste Lou.


"Droit Devant Toi" par Henri Girard

publiée le 02 mai 2017


Aborder l’adolescence, alors que vous devez déménager sans discontinuer en raison de l’ambition de votre père, c’est probablement une excellente raison pour fréquenter la solitude. Pas facile de trouver refuge ou confidence auprès d’une mère soumise à l’autorité de son mari, car probablement par démission ou facilité ce qui revient au même, elle ne prête attention qu’aux images destinées aux regards éteints de ceux qui lui ressemblent. Le décor est mis en place, j’avoue m’y être plongé au point d’en oublier mon environnement.


Rien ne semblait briser la monotonie d’une vie programmée par un père autoritaire et c’est avec talent que l’auteur nous offrira une histoire des plus intéressantes. Favorisée par ce nomadisme forcé, une amitié profonde va naître entre deux ados que rien ne prédisposait à se rencontrer.


Est-ce l’attrait des opposés qui s’attirent ou la découverte d’une forme d’exotisme rural ? Peu importe, un gamin découvre qu’une autre vie existe et il l’approche comme s’il venait de renaître au cœur d’un nouveau monde.


Le narrateur découvre une famille aimante et ce qu’il n’a jamais approché jusqu’à ce jour, va le faire chavirer dans ce que j’ose appeler un chemin initiatique. Ce n’est jamais facile de découvrir le bonheur, car s’il s’offre à vous, encore faut-il pouvoir l’apprivoiser. Ce n’est jamais simple de briser sa solitude et l’égoïsme qui vous colle à la peau. L’amitié donc, mais également les premiers désirs et comme vous le pressentez probablement, la jalousie n’est jamais loin du verbe aimer. Ainsi, avec une habileté remarquable, l’auteur assemble tous les éléments pour que le lecteur soit témoin d’une aventure astucieusement construite autour d’une équipée peu commune. D’un côté, un père ambitieux et maladroit dans son éducation et de l’autre, un homme qui offre sourires et simplicité de vie.


J’ai aimé chaque personnage pour les « gueules » qui semblent dessinées en finesse littéraire. J’ai adoré le cheminement de l’histoire, j’ai tremblé devant les manipulations subtilement abordées par l’auteur. Je ne vous cacherai pas non plus que l’érotisme que l’on devine, plus qu’il ne s’étale, a séduit mon imagination.


Henri Girard, originaire de l’Orne, est conseiller littéraire et milite pour la défense de la langue française, j’avoue que j’ignorais ce détail. Avant de fermer le livre, alors que la dernière phrase m’obligeait à revenir à la réalité, j’ai osé l’analogie en puisant dans les souvenirs que j’ai gardés de ces chefs d’œuvres qui nous ont fait vibrer : « L’été meurtrier », «Le Cercle des poètes disparus ».


« Droit devant toi » est un roman qui restera dans ma bibliothèque. C’est un livre que j’irai chercher de temps en temps, comme ça, juste pour le plaisir ou pour le conseiller si l’opportunité venait à se présenter.


Belle histoire, facile à lire, un objet qui me fait dire que la littérature est loin de l’essoufflement et, c’est du bonheur !


"Le silence ne répond jamais" par Pierre Mainguet

publiée le 18 avril 2017


Il arrive par le train et en sortant de la gare, cherche des yeux un taxi. Un chauffeur se présente en roulant les « rrr » avec ce drôle d’accent que nos amis de l’Est, la Russie peut-être, offrent comme une chanson. Ce dernier propose au visiteur de le déposer devant un « Chouette hôtel », confortable et pas trop cher. Évidemment, vu sous cet angle, le visiteur ne peut refuser.


L’hôtel est une maison de passe. Je pourrais vous décrire l’histoire en vous offrant moult détails, ce ne serait pas honnête pour simple raison que ce roman mérite tous les hommages. C’est un livre non pas coloré, mais saupoudré avec finesse de sentiments, de couleurs, de décors inattendus que l’on ne peut retenir nos éclats de rire, une larme parfois et certainement de l’empathie pour le personnage principal. Un livre, que dis-je, un chemin qui nous entraîne vers une fin probable, le suicide et pourtant !. Pierre Mainguet adore la photographie et cette passion se ressent au travers de ses écrits. Même si nous parlons de livre, domine un éclairage savamment dosé qui se joue de la lumière et accentue les ombres. C’est une écriture des plus intéressantes, une écriture agréable, une réussite. Chaque scène puise sa force par la simplicité et pourtant, moult détails taquinent le regard. Les personnages sont attachants, ils possèdent des « gueules » que l’on imagine sans peine. Rien de spectaculaire, mais justement, c’est la force talentueuse d’un écrivain qui mérite amplement ce titre. Écrivain vous l’êtes Monsieur Pierre Mainguet et votre livre résonne en moi comme peuvent le faire les surprises auxquelles on ne s’attend pas. Au cœur de l’intrigue, une histoire d’amour. Elle est belle, grande, unique. Elle force nos souvenirs à dévoiler nos premiers regards, nos premiers émois sans ne jamais tomber dans la vulgarité. Et combien même, la nudité des corps se découvre en un érotisme subtil, au diable les hypocrites, la beauté mérite que l’on attarde son regard quand il est joliment porté.


C’est un livre écrit sans inutiles rondeurs, sans raccourci facile. C’est un roman qui laisse porte ouverte à tous les devenirs.


Il voulait trouver la mort à cause des circonstances, il découvrira que chaque respiration mérite d’être vécue. Vous l’aurez compris, j’ai adoré « Le silence ne répond jamais » rédigé avec brio par l’écrivain brabançon « Pierre Mainguet ».


Ne boudons pas notre plaisir, la maison d’édition « Académia » fleuri à Louvain la Neuve. Ne vous l’ai-je pas déjà écrit ? J’aime nos écrivains, ils méritent notre attention.


"Le Syndrôme de Thaler" par Ludiane de Brocéliande

publiée le 21 février 2017


Elle, c'est une femme entière, souriante, douce comme le serait une plume, un duvet posé sur le souffle du vent. Lui, c'est un livre, un roman, une ode à l'amour, un appel à se tenir bien droit devant les ombres qui ternissent nos destins. Elle, romancière belge, issue de notre terroir (pas loin de Jodoigne) nous emporte sur les ailes d'une histoire passionnante. J'ai adoré.


Ludiane de Brocéliande ne m'avait pas habitué à la prose. Femme poète, au sens noble défini par le dictionnaire, la voici qui nous propose un premier roman. Premier roman certes, mais qui mérite d'être nominé au rang des ouvrages à découvrir. Bravo Madame vous pouvez vous vanter de m'avoir séduit par votre prose.


"Le Syndrome de Thaler" est un livre moderne, contemporain par les sujets approchés. Que dire des situations habilement décrites sans crainte de soulever un tsunami de questions pertinentes. Dans quel type de société aimerions-nous vivre et si ce rêve venait à se réaliser, comment empêcher que ce dernier ne se transforme en cauchemar?


Une machine inventée pour remplacer les dirigeants de notre planète. Pas de sentiment, juste prendre les décisions qui permettent à chacun de trouver sa place et pour cause, la machine n'utilise que sa logique sans être, à l'opposé des humains, encombrée par de possibles remords. C'est par un génocide que se met en place une nouvelle civilisation. Plus de la moitié de l'humanité est éradiquée pour simple raison qu'elle représente un risque potentiel pour les survivants en sursis. Manipulations, trahisons et retournements de situations essaimeront votre lecture.


Et pourtant, si je vous parlais d'amour? Une histoire telle que nous en rêvons peut-être? Une histoire superbe pour simple raison que l'écrivain nous la dévoile en toute simplicité. Pas de guimauve, juste le bonheur de deux êtres qui se complètent à la perfection. Un poète et une danseuse, ils n'ont rien de commun, ils n'ont rien qui puisse les rapprocher sauf l'Art qui les transporte et que chacun élève au point d'effleurer la perfection. L'amour sauvera le monde, je ne vous dévoile rien, j'anticipe vos questions sans effriter le suspense d'une histoire intelligemment construite. Anticipation, science-fiction, romance? Cataloguer ce livre n'est pas une sinécure, qu'importe, plongez dans sa lecture et découvrez la force et le talent de nos auteurs. Oui, je vous parle de talent et d'originalité.


Vous faites confiance à votre ordinateur. Hm hm, peut-être faudrait-il faire preuve d'un peu plus de prudence.


Ludiane de Brocéliande (www.ludianedebroceliande.net)
Le Syndrome de Thaler, "Prix Belgique la journée du manuscrit 2016"


"Vénus en Ré" par Christine Burnet

publiée le 07 février 2017


Forêt Notre-Dame. Une femme nue au pied d'un arbre.


C'est la septième victime de "L'homme au catogan" et d'après les enquêteurs, pas une piste n'est exploitable.


D'après la police, c'est l'une des énigmes les plus compliquées à résoudre depuis de nombreuses années. Sept victimes sans "modus operandi" et c'est ce manque de marque distincte qui fait douter les enquêteurs. Il est très rare qu'un tueur en série ne signe ses meurtres ne fut ce que par la répétition de certains détails. Morphologie de ses victimes, lieux et environnements, type d'arme usitée, maquillage, mise en scène.


Rien, aucun indice ne permet d'élaborer la moindre piste et s'il faut croire les enquêteurs, le ou les assassins démontrent une intelligence qui le ou les rend particulièrement dangereux.


Sur l'ile de Ré, les habitants se terrent. Chacun appréhende d'être la prochaine proie de cette folie meurtrière. Soulignons tout de même un fait étrange relevé malgré l'omerta policière. L'une des victimes serait la fille de l'un des hauts gradés chargés de l'enquête. Si ce fait venait à se démontrer, nous serions confrontés à un manque flagrant de déontologie au sein des forces de l'ordre.


Dans son dernier roman "Vénus en Ré", Christine Brunet offre à ses lecteurs le plaisir de frissonner au cœur d'un labyrinthe intelligemment construit. On y retrouve nos acteurs préférés (voir Dégâts collatéraux), deux inspecteurs complémentaires qui nouent des relations pour le moins ambigües. Des meurtres en série, des policiers qui pataugent, des professionnels qui bâclent le boulot et obligent les plus hautes instances à réintégrer une inspectrice démissionnaire. Inspectrice, médecin légiste ? J'avoue ne pas être certain de la définition qui convient à ce petit bout de femme. Femme certes, mais têtue comme une porte de prison et qui arrose son coéquipier de toute la rancœur qu'elle porte à, à quoi au juste? Amour et ressentiment, haine ou attirance, tout se mélange et c'est tant mieux.


Christine Brunet est l'une des écrivains contemporains à classer parmi les "incontournables". Née dans le sud de la France, passionnée de langue, elle étudie le tchèque à Prague avant d'apprendre l'arabe au Caire. Rédactrice en chef de la revue littéraire belge "Les petits papiers de Chloé" et présentatrice de l'émission culturelle "Actu-Tv" elle porte les auteurs à bout de bras et mérite tous les hommages.


"Vénus en Ré" Christine Brunet, c'est paru aux éditions Gascogne ISBN: 978-2-36666-093-7


"Soilhas Ribeira" par Joseph Ingrassia

publiée le 24 janvier 2017


L'histoire se déroule en Colombie, dans le centre de Bogota. Un homme, cireur de chaussures, ne manque aucune occasion pour pénétrer dans les églises. Il adore se laisser porter par les histoires que raconte l'officiant quand ce dernier prend la parole pour aborder son prêche.


Vous rêvez de lire un roman qui vous apporte un courant d'air de tendresse? Un roman qui s'effeuille avec attachement? Ne cherchez plus, je ne sais pas pour vous, mais moi, j'ai adoré.


Soilhas est un modeste cireur de chaussures. Affublé d’un handicap, il lui manque un bras et de ce fait, sa main gauche est directement rattachée à l’épaule. Il l’appelle sa main malhabile. Une brume, quelquefois, lui obscurcit l’esprit, ce qui fait dire à certains qu’il est un peu lent. Il a 25 ans et patiemment, met ses économies en sûreté chez un prêtre dans l’espoir de pouvoir s’acheter une petite échoppe. Il rêve de ne plus devoir travailler dans la rue, oui, mais, le prêtre !?


Un jour témoin d'un accident Soilhas se penche sur la victime. Un événement qui lui permet de découvrir qu'il possède un don extraordinaire. On pourrait croire que ce don est une bénédiction, cependant tout a un prix et l'addition que Soilhas devra payer est un abyme. Aurais-je hésité si j'avais eu la chance ou la malchance de posséder le pouvoir de guérir sachant qu'à chaque soulagement offert, c'est comme si ma vie venait à s'effriter ? Soilhas ne marquera aucune hésitation, il ne se pose pas la question, car pour lui, s'il possède ce don, c'est qu'il a le devoir de s'en servir, de le partager.


Soilhas Ribeiro est un roman attachant, un livre qui fait du bien, qui porte par sa simplicité le talent de son auteur. L'auteur, Joseph Ingrassia est médecin urgentiste. Une profession qui nous offre probablement les raisons pour lesquelles il approche l'humain avec cette sensibilité profonde. Derrière les sourires que sème ce roman, semble se cacher une forme de frustration. C'est peut-être de ne pouvoir guérir tous les tourments qui se présentent à ses yeux de médecin qu'est venue l'idée d'écrire cette belle histoire. Soilhas Ribeiro est un récit particulièrement attachant. L'auteur nous projette une autre vision du monde, une vision positive qui démontre l'espoir sans toutefois éluder la souffrance de cet instant vers lequel nous nous dirigeons tous : la mort. Certes, la tristesse que cette dernière essaime nous est insupportable, mais ne nous voilons pas la face, la mort peut être belle, question de regards, de circonstance aussi, de préparation peut-être?


Soilhas Ribeiro est un livre qui fait du bien. Il n'élude pas les réalités de vie, non, au contraire, il les décrit avec simplicité et c'est cette simplicité qui offre au lecteur l'impression de vivre en lieu et place des amis de Soilhas. Un conte moderne, une sorte de trésor, je vous le recommande, il n'est pas très cher et vous remplira la tête d'un joli vent de tendresse.


"La Maison" par Marie Klimis

publiée le 10 janvier 2017


Il y a longtemps que je n'ai plus arrosé mes souvenirs d'enfant avec une telle fraîcheur d'écriture. Impossible de ne pas songer à Saint Ex et "Le Petit Prince". Vous vous souvenez. ? Récit qui se découvre à chaque lecture, car, comme les poupées russes, il révèle profusion d'allégories. C'est le genre de lecture à laquelle chaque étape de la vie peut s'accrocher sans prise de tête et à tout âge s'il vous plait ! On ne l'écrira jamais suffisamment, le génie se découvre dans la simplicité.


Je viens de refermer "La Maison", un roman joliment écrit par la plume de la jeune écrivain "Marie Klimis". C'est une histoire complètement disjonctée, contée par une maison. Une maison qui parle. Une maison qui raconte ce que ses murs observent. Une maison qui possède un cœur gros comme ça. Certes, il y a ce tableau qui pique des crises de colère à faire trembler les murs. Des portes qui claquent, des assiettes qui tombent et ne croyez pas que nous parlons de fantômes, non, nous découvrons le bonheur d'une sorte de conte de fées, d'un monde imaginaire, d'un joli rêve approché par un talent qui mérite d'être placé sous les feux des projecteurs.


Une petite fille arrive à dos de mouton et décide de repeindre les lattes du plancher. Un mouton certes, mais un mouton glouton qui mange tout ce qu'il trouve. Une adolescente troublée par ce grand chambardement quand une enfant découvre qu'elle devient une femme. Et puis, il y a cette cuisinière, un peu sorcière, qui offre des chocolats qui rendent amoureux.


Énorme frustration de dévorer la dernière page. Mais tout a une fin, il faut bien que l'auteur aboutisse son ouvrage. C'est un peu comme les vacances, on entrevoit ses richesses le jour de la rentrée.


Bref, je n'ai pas résisté au plaisir d'inviter Marie Klimis à répondre à mes questions. Nous avons pris rendez-vous au "Château de l'Ardoisière" afin de profiter de la gentillesse des propriétaires (merci). Un cadre merveilleux en plein cœur de Jodoigne. Rien de tel pour tourner quelques images. Sans la moindre hésitation, Marie a répondu à cette invitation. Pour ce faire, elle a traversé la Manche. Ha ! j'oubliais, Marie Klimis, originaire de Belgique, vit actuellement en Angleterre. Ceci explique peut-être cela ? Car quoi, n'est-ce pas sous l'ombre de "Big-Ben" que Marie Popins a vu le jour, n'est-ce pas sur cette île que l'on risquerait de rencontrer "Alice au pays des merveilles » ? Et le petit dernier, Harry Potter "of course what else?"


Premier roman, bravo ! Plongez vos yeux dans ce récit c'est se retrouver avec des étoiles plein la tête et l'envie de s'envoler sur le dos d'une étincelle. Oui, une étincelle, car ce livre brille par son originalité.


Qui êtes-vous Marie, qui êtes-vous vraiment ? Maman Belge, papa Grec et vous voici en Angleterre pour des études théâtrales. Vous ne choisissez pas la facilité et pourtant, sourires aux lèvres, joie de vivre, vous nous partagez un grand souffle de tendresse. Par les temps qui trottinent, on en a bien besoin. Marie Klimis, retenez ce nom, je gage qu'il raisonnera bientôt parmi les incontournables.


S'il te plait, Marie, dessine-moi un mouton.


Jean-Luc Dousset

publiée le 20 décembre 2016


Il y a quelques semaines à peine, l'auteur, journaliste et historien Jean-Luc Dousset honorait notre terroir d'une visite de quatre jours à l'occasion de sa participation à : "Écrire l'Histoire", le Salon du livre d'histoire de Bruxelles.


Jean-Luc fait partie de ces curieux qui cherchent et découvrent ces personnages oubliés qui, pourtant, marqueront leur époque. Son premier livre, une autobiographie historique, parle d'un député, Philibert Besson, qui aurait pu influencer la politique française s'il avait été écouté par ses pairs. Comme le décrit le quatrième de couverture, c'est un homme pugnace en lutte contre les pouvoirs établis ; un homme dérangeant qui sera accusé de démence et de malversation. Il sera, 70 ans avant l'euro, l'un des pères de la monnaie universelle : l'Europa. Déchu de ses fonctions électives en 1935, il prend le maquis et devient l'homme le plus recherché de France.


Pour son second livre, Jean-Luc Dousset avait été invité sur nos antennes, porte le titre interpelant de : "Ferdinand le Débile".


J'adore ce titre. C'est une œuvre qui nous fait remonter le temps jusqu'en 1773, puis franchir les portes du palais de la Hofburg (Vienne). 1973 année de naissance de l'héritier de l'Empire austro-hongrois, bien que, rien n'est gagné d'avance... Ferdinand atteint d'hydrocéphalie, est rachitique, souffre d'épilepsie et j'en passe. Survivra-t-il et dans l'affirmative, comment arriver à régner ? Sa Majesté François hésite, peut-il décemment faire de Ferdinand son héritier ? Dans les coulisses, le Prince de Metternich cherche une marionnette, Ferdinand répond à ses attentes. Il le forme, le façonne, le marie...


L'entourage de la cour prend Ferdinand pour un débile cependant, le peuple l'aime et le surnomme : "Ferdinand le bon". Vous croyiez tout connaître des Habsbourg ? Détrompez-vous, Jean-Luc Dousset a le talent pour dépoussiérer l'Histoire.


Enfin, dans le désordre, le troisième ouvrage de Jean-Luc Dousset fait revivre l'incroyable destin de "Giampietro Campana".


La vie exceptionnelle (1808 - 1880) de celui qui fut sans doute le plus grand collectionneur de l'histoire. Ce dernier rassemblera en moins de trente ans un nombre impressionnant d'antiquités et d'œuvres d'art. Sa collection fut et restera probablement la plus imposante de l'histoire". Accusé de détournements de fonds, condamné aux galères... L'œuvre de sa vie suivra sa déchéance puisque finalement détruite.


Jean-Luc Dousset, un auteur plein d'avenir. Une écriture des plus intéressantes et des sujets qui captivent jusqu'au bout de la nuit.


"Dégâts Collatéraux" par Christine Brunet

publiée le 06 décembre 2016


Les amateurs de « Thriller » ne seront pas déçus. Les plus exigeants ont toutes les raisons de prêter attention aux œuvres de l’excellente écrivaine (écrivain pour les puristes) Christine Brunet. Sans vouloir paraître incisif, j’avoue lui porter rancune pour raison qu’elle est à l’origine de deux ou trois nuits blanches. Auteur(e) incontournable, qui nous vient de Marseille, Christine nous entraine au centre d’une l’histoire qui ne s’essoufflera que le temps de tourner les pages.


Montagnes d’argent qui disparaissent, des témoins éliminés, des preuves effacées, manipulation, chantage et j’en passe. L’humain déploie ici son côté le plus sordide. Difficile de ne pas soupçonner les enquêtes d'être infiltrées et si ce pressentiment venait à être avéré, par qui et de quelle manière ? La FSE, « Force spéciale européenne » est chargée de l’affaire. Les policiers cherchent, fouillent, ne trouvent rien de tangible. Il y a bien ce policier, cette femme légèrement androgyne, présence obsessionnelle qui éveille les suspicions. Une flic qui enquête malgré sa mise à pied, comportement douteux, on le fait savoir sauf que...


Bref, vous l'aurez deviné, tous les ingrédients sont réunis pour vous tenir en haleine. Des ingrédients, certes, mais faut-il encore avoir le talent pour mener la dance d'une histoire pleine de rebondissements. Talent pour étonner le lecteur quand il découvrira que les "Thriller" écrits par Christine séduiront les plus blasés du genre...


Christine trace l’intrigue d’une main magistrale et ce qui ne gâche rien, conjugue le verbe avec dextérité. Elle rebondit sans essoufflement, nous nargue au fil des pages, nous hypnotise par la construction intelligente du récit. Des personnages hors du commun, des amants qui s’aiment, mais qui peinent à partager la confiance et pour cause, sont-ils du même camp ? Christine Brunet s’appuie sur une documentation précise et de son propre aveu, prend le temps nécessaire à rassembler les éléments sur lesquels s’appuiera le roman. Je ne vous parle ici que d’un titre : « Dégâts collatéraux » paru aux éditions Chloé des Lys, mais que dire de ses autres titres ? Nid de vipère, Poker menteur, Convergences ? Rien, ce ne serait jamais qu’un résumé dévalorisant. À lire avec passion, à offrir sans retenue.


Je vous l'avoue, l'impatience me ronge de découvrir son petit dernier qui ne saurait tarder : "Vénus en Ré".


Madame Brunet, vous lire fut un cadeau. Vos ouvrages font partie des perles qui illuminent ma bibliothèque et même si le meurtre fréquente votre plume laissez-moi saluer votre maitrise du genre.


Restons en contact!

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