Chouette Magazine

Joseph Tordoir

Joseph Tordoir

Histoire

Catégorie : Arts & Culture

Chroniqueur depuis janvier 2013



Président de la Maison du Tourisme

Hesbaye Brabançonne

joseph.tordoir@gmail.com

Glimes : les Gallo-romains sont de retour !

publiée le 24 mai 2023


Durant ce week-end des 3 et 4 juin, les abords du tumulus de Glimes seront une fois encore animés par des Gallo-romains ! Un rendez-vous avec l’histoire décliné sous diverses formes (manœuvres militaires, gladiature, artisanat, animations pour enfants) et donc à ne pas manquer ! Avec, en plus, une conférence, le samedi 3 juin, à 20h, donnée par Eric De Waele, professeur émérite de l’UCL…


Au pied du Tumulus de Glimes
Depuis plusieurs années, la Commune d’Incourt organise périodiquement des animations gallo-romaines au pied du tumulus de Glimes, structure artificielle qui date du IIe siècle. Comme en 2022, c’est la troupe BAGACONERVIO, forte d’une vingtaine de participants, qui assurera l’animation principale du site, avec ses manœuvres militaires, ses combats de gladiateur et ses artisans. Une équipe du Cercle d’Histoire, d’Archéologie et de Généalogie de Wavre et du Brabant wallon (CHAW) mettra en place quelques ateliers pour enfants en association avec le Musée d’Interprétation Archéologique du Brabant wallon (MIABW). Les horaires précis des différentes activités dans l’annonce.


Cette année, une conférence est aussi programmée, le samedi 3 juin, salle communale de Glimes, rue de la Tombe Romaine, à deux pas dudit tumulus. Le professeur émérite de l’UCL, Eric DE WAELE, vous entretiendra des « Temples gallo-romains ». Comme certains le savent, l’orateur a notamment été chargé, il y a quelques années, des fouilles entreprises sur le site de la villa gallo-romaine de Dongelberg. En 2019, il a aussi consacré un volume à la description d’un site gallo-romaine récemment découvert sous Sart-Risbart. Cette publication qui compte une centaine de pages sera disponible à Glimes, durant ces journées gallo-romaines 2023 !


Apprêtez-vous à remonter le temps ! Bon amusement à toutes et à tous !


Une nouvelle antenne de la Maison du Tourisme à Jodoigne

publiée le 03 mai 2023


Le vendredi 21 avril a officiellement été inaugurée, à Jodoigne, une antenne d’accueil de la Maison du Tourisme du Brabant wallon (MTBW) installée au rez-de-chaussée de l’Hôtel des Libertés, sur la Grand-Place de Jodoigne. En 2021, l’entrée des 7 communes de l’Est du Brabant wallon (Jodoigne, Incourt, Hélécine, Beauvechain, Perwez, Ramillies et Orp-Jauche) dans l’ASBL La Maison du Tourisme du Brabant wallon (MTBW), a entraîné la dislocation de la Maison du Tourisme de la Hesbaye brabançonne (MTHB) dont le siège était établi à Jodoigne. Le nouveau contrat-programme de la MTBW prévoyait, si la chose était possible, l’ouverture d’une antenne touristique de la MTBW dans une des 7 communes susdites durant la législature communale en cours.


Ce qui n’était qu’un souhait cher au cœur des Communes de l’Est - souhait que je devais essayer de concrétiser en tant que nouveau Président de la MTBW -, a pu devenir une réalité grâce à une aide à la relance touristique post-covid proposée par Valérie De Bue, Ministre du Tourisme de la Région Wallonne. Le choix a alors été posé d’organiser l’ouverture de cette antenne touristique au rez-de-chaussée de l’Hôtel de Libertés dont la restauration avait partiellement été permise grâce à une subvention du Commissariat Général au Tourisme.


Les travaux de restauration de l’Hôtel des Libertés n’ayant que récemment été terminés, la MTBW a donc dû attendre ce mois d’avril 2023 pour pouvoir envisager une inauguration officielle des lieux ! Un parcours, semé d’embûches administratives et techniques, qui débouche sur une réalisation concrète nécessaire à la promotion touristique de l’Est du Brabant wallon mais aussi de l’ensemble des 27 communes représentées au sein du Conseil d’Administration de la MTBW.


Depuis quelques semaines, le point d’accueil jodoignois est donc accessible tous les jours, week-end compris, sauf le lundi. Du personnel volant, engagé par la Ville de Jodoigne, destiné à épauler Jérôme Galand, notre agent d’accueil attitré, permet cette ouverture 6 jours sur 7. Vous pouvez y trouver l’ensemble des publications éditées par la Maison du Tourisme du Brabant wallon et y obtenir des informations sur l’ensemble des acteurs touristiques régionaux (musées, gîtes, chambres d’hôtes, etc).


D’ici quelques semaines, le rez-de-chaussée de l’Hôtel des Libertés accueillera aussi le Centre d’Interprétation de la Pierre de Gobertange, le GOB – Gobertange Steen / Pierre de Gobertange -, une structure mise sur pied par l’ASBL La Gobertange, grâce à la Province du Brabant wallon, destinée à promotionner le tourisme dans l’Est du Brabant wallon sur la base d’un fil conducteur spécifique, à savoir la pierre de Gobertange, notre belle pierre blanche tellement présente dans nos principaux éléments patrimoniaux !


Je vous invite, dès à présent, à rendre une visite à notre antenne jodoignoise ! Vous y serez les bienvenus !


Hesbaye brabançonne - Dimanche 12 juin, visite de l’exposition Rome !

publiée le 25 mai 2022


Ce dimanche 12 juin, le service culturel de la Commune d’Incourt vous propose une visite de l’exposition temporaire « Rome » que le Louvre-Lens abrite encore pour quelques semaines. Une sortie à ne pas manquer puisque rares sont les musées, hors d’Italie, qui conservent une collection d’antiquités offrant un aussi large panorama de l’art romain que celui du Louvre ! Et ce sont bien les plus belles pièces qui sont actuellement visibles dans les installations du Louvre-Lens.


Des travaux de l’esprit à ceux des champs, des divertissements du théâtre, du cirque ou de la chasse aux plaisirs du banquet, des bains, de la toilette et de l’amour, l’art romain a tout représenté, en accordant une extrême attention aux détails de la vie officielle ou privée, impériale ou populaire. Comme le précise son commissaire, cette expo mêle les matériaux et les techniques, alternant œuvres de grandes dimensions et objets plus modestes. Elle invite donc à une découverte de l’art et de la civilisation romaine à travers les grands sujets qui ont façonné Rome et contribué à sa grandeur et à sa fascination, depuis sa fondation légendaire en 753 avant Jésus-Christ jusqu’à la chute de l’empire en 476 de notre ère.


Il va de soi que, pour nous, habitants de la Hesbaye brabançonne, région du Brabant wallon qui conserve les deux plus grands tumulus (Glimes et Hottomont) de l’ensemble de ceux encore visibles en Belgique, il s’agit bien là d’une exposition à ne pas manquer !


Informations pratiques :
Départ d’Incourt, place des Fêtes, dimanche 12 juin à 10h30 – Retour à Incourt vers 19h30. A l’aller, arrêt restauration rapide station de Saint-Ghislain, vers 12h.
PAF : pour le transport : 5 euros par personne ; entrées : gratuites pour les moins de 18 ans – 9 € pour les 18-25 ans – 11 € pour les plus de 25 ans.
Réservations obligatoires via joseph.tordoir@gmail.com ou par sms sur le 0499.96.91.89. Ne tardez pas à vous manifester.


Heylissem : on y mangeait bien !

publiée le 11 mai 2022


Le domaine provincial d’Hélécine a été, jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, le siège d’une communauté de chanoines prémontrés. La proximité d’une rivière et la possibilité d’aménager des étangs aux abords immédiats de leur abbaye avaient été des facteurs qui avaient déterminé, à la fin du 12e siècle, le transfert de leur institution à cet endroit précis. Ces étangs devaient principalement permettre l’alimentation de la communauté en poissons. Ils changèrent souvent d’emplacements et de formes au fil des siècles, mais la présence de ces étangs reste, aujourd’hui encore, un des atouts de ce domaine provincial qui accueille chaque année des milliers de visiteurs !


Du poisson à gogo !
Depuis l’époque de leur installation à Heylissem, les chanoines prémontrés avaient toujours tiré parti de la présence des étangs poissonneux qu’ils avaient aménagés à proximité de leur institution. Qui plus est, à la fin de l’Ancien Régime, la communauté jouissait seule du droit de pêche dans les eaux de la Petite Ghète. Durant les années 1780, elle avait néanmoins dû s’adresser quasi quotidiennement à l’extérieur pour se procurer les produits destinés à son alimentation. Pendant plus de 15 ans, et dès avant l’année 1774, elle avait traité avec un marchand de poissons établi sous Louvain. Depuis cette année-là, jusqu’en 1787, les chanoines d’Heylissem avaient consommé des dizaines de milliers d’huitres, de harengs et d’anchois livrés en baril ; de milliers de cabillauds et d’écrevisses, tout comme des centaines de saumons frais ou fumés, d’esturgeons, de raies, de plies, de morues, de « saurets », livrés généralement en mande, mais aussi des centaines de turbots, de merlans et d’anguilles. De juillet 1785 à janvier 1787, l’approvisionnement avait coûté plus de 4.294 florins à l’abbaye ! Une somme plus que considérable dont la dépense avait assurément permis d’assurer une forme de variété sur la table de nos chanoines.


De fameux desserts aussi !
Pour accommoder ces différents produits, la communauté pouvait compter sur l’adresse d’un cuisinier, grassement payé, résidant sur le site. Celui-ci ne travaillait pas que le poisson. En 1790, lors de l’installation du nouvel abbé, ses invités avaient principalement dégusté un cuisseau de chevreuil et quatre couples de poulardes. On leur avait ensuite présenté un gâteau de deux livres, décoré de cerises, d’oranges, d’abricots, de pêches et de reine Claude confites, accompagné d’une gelée de groseilles et d’une marmelade d’abricots ! Un tel gâteau pourrait sans aucun doute connaître un succès à l’occasion de la fête des mères ! A bon entendeur !


Château d’Hélécine : grande conférence le mardi 19 avril 2022

publiée le 06 avril 2022


La pierre de Gobertange et son emploi sur le chantier de reconstruction de la nouvelle abbaye d’Heylissem (18e siècle)


Toutes les conditions sont désormais réunies pour que nous puissions renouer avec nos « grandes conférences » consacrées à différents aspects de l’histoire de l’est du Brabant wallon.


Le MIABW, à savoir le Musée d’interprétation archéologique du Brabant wallon, logé dans les dépendances du château d’Hélécine, nous a proposé de venir vous y entretenir d’un aspect de l’histoire de ce site prestigieux, à savoir « La pierre de Gobertange et son emploi sur le chantier de reconstruction de la nouvelle abbaye d’Heylissem au 18e siècle ».


Présente dans le sous-sol de la région de Mélin, la pierre blanche calcaire, dite de Gobertange, a été mise en œuvre dans le cadre de la construction de nombreux édifices et ce, depuis l’époque gallo-romaine. Son exploitation a évidemment connu de « grandes heures » à l’époque médiévale, mais le 18e siècle lui a aussi permis de rayonner.


A l’époque, dans les Pays-Bas autrichiens, on profite d’un contexte politique plus apaisé pour notamment agrandir ou reconstruire un grand nombre d’édifices religieux. Durant la seconde moitié du siècle, les abbés prémontrés d’Heylissem se lancent dans une campagne de reconstruction quasi complète de leur abbaye sur les plans du célèbre architecte Laurent-Benoit Dewez. La pierre de Gobertange va être abondamment mise en œuvre sur ce chantier assez exceptionnel.


La conférence se donnera à Hélécine, dans un des pavillons du château, 2 rue Armand Dewolf, le mardi 19 avril, à 19h30. Entrée libre.


Pour la bonne organisation de cette soirée, nous vous demandons de bien vouloir signaler votre participation soit par téléphone : 019/51.96.82 – 0479/75.70.31 ; soit par mail : joseph.tordoir@gmail.com


En espérant avoir l’occasion de vous y rencontrer.


Jodoigne, pour le slow tourisme en pays blanc…

publiée le 09 mars 2022


Le projet de création du Centre d’Interprétation consacré à la pierre de Gobertange est en stand by depuis près d’un an. Le chantier de restauration-rénovation de l’Hôtel des Libertés avance en effet très lentement, même si le « bout du tunnel » semble proche ! Nous espérons vraiment voir ces travaux achevés afin de pouvoir permettre le redéploiement touristique envisagé avec l’aide de la Province du Brabant wallon.


Au rez-de-chaussée de l’Hôtel des Libertés
C’est en effet au rez-de-chaussée de l’Hôtel des Libertés, après sa restauration-rénovation, que doit s’implanter le Centre d’Interprétation consacré à la pierre de Gobertange. La Ville en a accepté le principe fin 2020 et la Province du Brabant wallon a accordé une subvention à l’asbl La Gobertange pour financer son équipement et la réalisation de ses supports visuels, numériques et autres. Les 7 communes représentées au sein du conseil d’administration de l’ancienne Maison du Tourisme de la Hesbaye Brabançonne ainsi que les représentants du secteur touristique ont par ailleurs avalisé, en début d’année 2021, un projet de redéploiement du slow tourisme dans l’est du Brabant wallon sur la base d’un fil conducteur qui ne serait autre que la pierre de Gobertange. La plupart des nos villages, certains évidemment plus que d’autres, disposent d’éléments patrimoniaux élevés partiellement ou entièrement en pierre de Gobertange ; de quoi agrémenter nombre de promenades découvertes, à vélo notamment. Dans ce contexte, le rez-de-chaussée de l’Hôtel des Libertés serait destiné à devenir un point de départ et de passage incontournable d’où les touristes et amateurs de balades pourraient rayonner à travers le Brabant wallon à la découverte de son patrimoine.


Un point d’accueil touristique
La Ville de Jodoigne a également passé une convention avec la Maison du Tourisme du Brabant Wallon (compétente pour les 27 communes du BW) afin d’organiser un bureau d’accueil touristique spécifique qui sera lui aussi implanté au rez-de-chaussée de l’Hôtel des Libertés. C’était en effet là que se trouvait autrefois le point d’accueil de la Maison du Tourisme de la Hesbaye Brabançonne et la promesse de maintenir une infrastructure d’accueil dans l’est du BW a été honorée, la chose étant d’autant plus importante qu’à l’exception d’Orp-Jauche, nos communes ne disposent pas d’office du tourisme (OT) ni de syndicat d’initiative (SI) reconnus par la Région wallonne.


Nous piaffons donc d’impatience face à ce chantier qui s’éternise. Durant l’été 2021, différentes prises d’images ont été réalisées dans le cadre de la préparation de la première séquence filmée, d’une dizaine de minutes, destinée à présenter les éléments forts de notre patrimoine régional. Une partie du support technique nécessaire au fonctionnement du centre a également fait l’objet de transactions. Nous continuons parallèlement à recueillir de l’outillage tout comme des pièces remarquables réalisées par nos anciens tailleurs de pierre. Pour rappel, l’ouvrage La Gobertange, une pierre, des hommes peut encore être acquis dans les différentes librairies de Jodoigne tout comme en nous contactant directement (joseph.tordoir@gmail.com – 0499.96.91.89).


Folx-les-Caves, l’affaire Colon est résolue !

publiée le 23 février 2022


Grâce à Michel De Ro vous connaîtrez d’ici peu, toutes et tous, les raisons pour lesquelles Pierre Colon et son épouse Marie Tirion furent pendus à Jauche le 9 mars 1769 ! Une vieille affaire restée brumeuse jusqu’ici en raison de la disparition du dossier judiciaire de la famille Colon ; un dossier, retrouvé grâce à la ténacité de Michel De Ro, qui permet, enfin, de connaître la raison de la condamnation à mort desdits époux !


Un numéro spécial de la revue Wavriensia
Assez curieusement, certains pensent encore aujourd’hui que Colon est un personnage fictif, totalement imaginaire, servant de prétexte aux habitants de Folx-les-Caves désireux de faire la fête pour une raison ou une autre. Et bien c’est faux ! Notre homme a bien existé ! Tous les passionnés d’histoire régionale le savaient. Plusieurs lui avaient déjà consacré quelques lignes, mais la disparition de son dossier judiciaire empêchait tout un chacun de connaître les détails précis de son histoire !


Fin février, le premier numéro de l’année 2022 de la revue Wavriensia, éditée par le Cercle d’Histoire d’Archéologie et de Généalogie de Wavre et du Brabant wallon (CHAW), accueillera le produit inédit des recherches de Michel De Ro. Un beau travail de 48 pages, richement illustré qui ne laissera personne indifférent, surtout dans la région de Folx-les-Caves. Ce volume sera vendu par le CHAW au prix de 7 euros. Toute personne intéressée peut réserver un exemplaire dès à présent en me contactant, soit par téléphone - 0499.96.91.89 -, soit par courriel - joseph.tordoir@gmail.com.


Gistoux - Les « heures noires » du château

publiée le 09 février 2022


Le château de Gistoux est une vaste bâtisse, de style classique, qui s’élève, depuis la première moitié du XIXe siècle, à la demande de Charles-Gustave comte de T’serclaes-Tilly et de son épouse Pauline-Victoire, baronne de Beeckman-Schoore, au cœur du hameau qui est à l’origine de son appellation. Depuis lors, le château Jamar, du nom de la famille qui le possède depuis 1953, flanqué d’un parc disposant d’un plan d’eau, a connu nombre de propriétaires et d’occupants, parmi lesquels le notaire Clément Delfosse, originaire d’Incourt, bourgmestre libéral de la localité de 1863 à 1896. La famille Du Monceau le posséda aussi quelques années, sans doute de 1919 à 1926. Cette année-là, il avait été acquis par Charles Du Perron. Son fils Edgar, - l’écrivain flamand Eddy Du Perron, ami d’André Malraux - en avait fait pendant plusieurs années le lieu de villégiature privilégié de différents auteurs belges et hollandais. Quelques années plus tard, un certain Paul Fontaine, avait quant à lui décidé de mettre le site au service d’une cause beaucoup moins noble à nos yeux, à savoir celle de Léon Degrelle !


Un centre de villégiature pour militants rexistes
Né à Ixelles en 1908, Paul Fontaine s’était installé à Gistoux fin juillet 1935, en compagnie de son épouse Louise Rouleau. Dès la transformation du mouvement rexiste en mouvement politique, il s’était mis sur les rangs et avait notamment été candidat du Front Populaire de Rex dans le cadre des élections provinciales du mois de juin 1936. Le mois suivant, au sein de la formation nationaliste, ultra catholique et « antibolchevique », il avait pris la direction du « Secteur de Chaumont-Gistoux » ; une structure politique englobant une grande partie des communes des cantons de Wavre et de Perwez, ainsi, que toutes celles du canton de Jodoigne. En juillet 1937, pour financer certaines actions sociales rexistes, le château avait été provisoirement transformé en centre de villégiature pour les militants, notamment ceux amateurs de « canotage ». Des rexistes des 4 coins du pays avaient répondu à l’invitation. Ceux de Woluwé-Saint-Pierre avaient même effectué le déplacement à vélo !


Dans l’ombre de Degrelle
Paul Fontaine s’était manifestement lié d’amitié avec Léon Degrelle, et l’épouse de celui-ci avait d’ailleurs été la marraine de l’un de ses trois fils nés entre mars 1935 et septembre 1939. Dans la foulée de son mentor, le châtelain de Gistoux avait opté pour la collaboration avec l’occupant nazi et ce dès l’année 1940. A l’époque, son beau-frère Fernand Rouleau avait été durant quelques mois le principal homme de confiance de Degrelle. C’était d’ailleurs lui qui avait imaginé la Légion Wallonie. De son côté, Fontaine était devenu en décembre 1940 l’éditeur responsable du périodique rexiste « Voilà », publié à Bruxelles sous le contrôle de l’occupant, successeur pastiche du « Pourquoi Pas ? ». En fin d’année 1941, la famille Fontaine-Rouleau avait définitivement quitté Gistoux pour se fixer d’abord sous Ixelles, ensuite sous Saint-Gilles. Connu pour avoir eu, tout comme son beau-frère, des accointances avec la Gestapo, Fontaine avait fui la Belgique à l’époque de la libération. En octobre 1946, en son absence, le Conseil de Guerre de Bruxelles l’avait condamné à 20 ans de détention extraordinaire ainsi qu’à une amende 100.000 francs. Egalement privé de ses droits civils et politiques, Fontaine s’était évanoui dans la nature, tout comme son beau-frère Rouleau qui s’était établi en Espagne, pays où il ne s’était éteint qu’en 1984.


Quel avenir pour le château de Dongelberg ?

publiée le 08 décembre 2021


Le Père Noël se montrera-t-il généreux avec le château de Dongelberg ? Bien malin qui peut l’affirmer ! Va-t-il ou non le laisser renaître de ses cendres ? Le soir de l’incendie du mois de février 2020, l’émoi suscité par le sinistre auprès des villageois était immense. Flanquée d’une toiture à deux niveaux, qui dominait les frondaisons du parc, l’ancienne propriété de la famille Osy de Zegwaart, bien que laissée à l’abandon depuis une quarantaine d’années, faisait bel et bien encore partie de la « mémoire collective » et du « paysage local ». Un « attachement » à double tranchant !


Jusqu’à ce 18 février de l’année 2020, qui fut principalement fatal à ses toitures, le château n’avait jamais connu un tel sinistre. A l’époque de sa construction, au milieu des années 1860, son propriétaire, le baron Jean-Marie Osy de Zegwaart avait d’ailleurs été à l’origine de la création d’un corps de pompiers volontaires qui était resté actif jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale. Recruté parmi les villageois et disposant d’un matériel moderne pour l’époque, ce corps était intervenu à maintes reprises dans les villages avoisinants. En le créant et en l’équipant de la sorte, le baron Osy avait fatalement contribué à la protection de son château. Ceux qui, comme moi, ont assisté, impuissants, au sinistre de l’année 2020, auraient bien voulu pouvoir disposer des anciennes pompes du château… si elles avaient encore existé !


Tout le monde s’était habitué au fil des décennies, à la présence de cet orgueilleux édifice qui, à la « belle époque », n’était occupé par ses propriétaires que durant la période estivale. Un investissement démesuré, ou plus exactement à la mesure de la fortune des Osy. Le site, occupé depuis la période médiévale, avait connu de gigantesques transformations au milieu du XIXe siècle, avec tout d’abord la démolition de l’antique ferme quadrilatère qui jouxtait l’ancien manoir des d’Argenteau d’Ochain, celui-ci ayant déjà été en grande partie remplacé par une imposante « villa » à la demande du baron Louis Osy, père dudit Jean-Marie ; démolition suivie par celle de la vieille église Saint-Laurent qui avait jusqu’alors fait partie intégrante de l’ancien complexe seigneurial ; le tout dans le but de dégager de vastes espaces aux abords de l’endroit où devait s’élever le nouveau et très volumineux château. En quelques années, presque le cœur médiéval de Dongelberg, à l’exception de l’ancien donjon seigneurial doté d’un nouveau parement, avait été rayé de la carte.


Inutile de préciser qu’un tel chambardement ne serait pas autorisé, aujourd’hui, par les services de l’urbanisme de la Région wallonne ! Et, pour en revenir au Père Noël, la question est bien de savoir quels aménagements seront autorisés ou refusés au propriétaire actuel des lieux par ces mêmes services. Le château de Dongelberg n’était pas classé et aucune aide financière publique n’est envisageable. Si personne n’accepte de mettre de l’eau dans son vin en termes d’exigences diverses, le scénario de la présence, pour plusieurs années, de ruines au cœur du village n’est malheureusement pas une fiction. L’avenir nous le dira !


Beauvechain et le pilori de Hamme

publiée le 20 octobre 2021


Depuis 2017, la place communale de Beauvechain est flanquée d’un héritage monumental de l’Ancien Régime. C’est en effet cette année-là que les autorités communales locales négocièrent avec le propriétaire du château de Valduc, sous Hamme-Mille, le transfert au cœur de Beauvechain de l’ancien pilori du village de Hamme. Une curiosité, un symbole de la justice « infamante » encore rendue avant l’annexion de nos régions par les armées de la République française et la réforme complète de nos codes judiciaires.


De Hamme à Valduc
Au fil de son histoire, ce pilori avait, à diverses reprises, déjà bénéficié de la clémence des hommes. N’ayant apparemment pas eu à subir les outrages des partisans du nouveau régime, un des propriétaires du site occupé par l’ancienne abbaye de Valduc avait souhaité en acquérir la propriété et le transformer en élément décoratif. On pensa longtemps que l’initiative en était revenue, durant la première décennie du 19e siècle, au notaire Pierre-Louis Neefs, de Louvain, ancien curateur de la susdite abbaye supprimée par le régime républicain. Premier « maire » de Hamme, il eut en fait été bien placé pour assurer le transfert du pilori sur le site qui était devenu sa propriété. Mais certains pensent que ce fut son successeur, Nicolas-Joseph Desgranges, ancien professeur de mathématiques au collège de Louvain, qui fut finalement à l’origine du changement d’implantation, ce qui reste clairement à établir.


Un plagiaire démasqué
C’est à ce même Desgranges, resté propriétaire des lieux jusqu’en 1839, qu’on attribue aussi le fait d’avoir fait graver quelques vers sur l’ancien pilori devenu élément de décoration. Jules Tarlier et Alphonse Wauters, qui eurent l’occasion de lire ceux-ci au début des années 1870, virent même en Desgranges leur auteur. Ils se trompaient, n’ayant pas à l’esprit la fable de Jean de La Fontaine intitulée « L’Araignée et l’Hirondelle » (1679). L’ancien professeur de mathématiques n’avait fait que plagier le maître français, en s’inspirant très largement de ces vers : « Le Ciel pour chaque état a mis la table au monde / L’adroit, le vigilant et le fort sont assis / A la première et les petits / Mangent leur reste à la seconde ! ». Il est vrai que dans la version originale, La Fontaine avait préféré « Jupin » (appellation usitée en vieux français pour nommer Jupiter) au « ciel » de son copieur. La Fontaine avait par ailleurs conclu que Jupin avait « mis deux tables au monde », là où Desgranges n’en avait finalement mis qu’une ! Ce dernier s’était ensuite contenté de reproduire, mot pour mot, la morale de son illustre modèle. Manifestement nombreux furent ceux qui ni virent que du feu !


Inutile en tout cas, aujourd’hui de vous attacher à lire ces vers autrefois gravés dans la pierre puisque le temps les a en effet effacé ! La Fontaine a en quelque sorte obtenu réparation. Ce vieux pilori n’en demeure pas moins une curiosité à (re)découvrir.


Opprebais (Incourt) : Découverte fortuite de peintures murales

publiée le 06 octobre 2021


A la veille des vacances d’été, dans le cadre d’une rénovation de l’intérieur de l’église Saint-Aubain, orchestrée par la Fabrique d’Opprebais, des composantes de différentes peintures murales ont été mises au jour sur les murs du chœur de cette église. Ces peintures devraient être datées d’ici quelques semaines à la suite d’une étude confiée à un bureau specialisé dans le domaine de la restauration des œuvres d’art.


L’église Saint-Aubain
La première mention de la paroisse d’Opprebais apparaît dans un acte daté de l’année 1036 dont l’original devait être conservé dans les archives de l’ancien chapitre Saint-Pierre d’Incourt. On pense qu’il a été en partie falsifié, notamment pour permettre à cette institution de maintenir certains droits sur cette paroisse à l’intérieur de laquelle l’abbaye cistercienne de Villers avait acquis de grands biens dans ce qui était appelé à devenir le « hameau » de Sart-Risbart, où cette abbaye jouissait aussi de droits très étendus. Le premier curé d’Opprebais dont l’histoire nous a laissé une trace était prénommé Sixte et officiait déjà en 1242. L’église Saint-Aubain ne garde vraisemblablement de cette époque qu’un pan de mur de son chœur, non visible de la rue, élevé en pierre locale. Elle fut en effet reconstruite, selon tout vraisemblance, durant les premières décennies du 16e siècle, en tout cas son chœur. Cette reconstruction du chœur permet donc, théoriquement, de situer la réalisation de ces peintures dans une fourchette temporelle maheureusement relativement large. L’étude en laboratoire de prélèvements muraux devrait nécessairement permettre de la reserrer.


Des peintures murales du 16e siècle ?
Personne ne soupçonnait la présence de telles peintures murales en l’église Saint-Aubain. Yves-Paul Muret, auteur d’une chronologie historique de la paroisse d’Opprebais, n’avait jamais rencontré un document les évoquant. Moi-même non plus. La présence, signalée en 1975, de peintures murales dans l’ancienne chapelle Notre-Dame, sise sous Sart-Risbart, datant de l’époque romane – peintures détruites à l’époque -, et évoquée dans un article consacré à cette chapelle, aurait néanmoins dû retenir l’attention. Les peintures murales des 15e et 16e siècles, conservées dans le ressort du Brabant wallon, sont plus que rares. Une représentation de saint Guidon a notamment été mise au jour, il y a plus de 20 ans, dans un des transepts de l’église Saint-Jean-Baptiste à Wavre. A Opprebais, la présence d’un saint François d’Assise est désormais envisagée.


La datation ne constitue a priori que la première étape d’un éventuel long processus de dégagement et de restauration, partiel ou complet. Le tout dépendra de la datation des premières composantes analysées. Si ces peintures murales datent bien de l’époque évoquée, il est probable qu’une procédure de classement du chœur soit recommandée par l’Agence Wallonne du Patrimoine. L’église Saint-Aubain est une propriété communale. L’éventuelle campagne de dégagement et de restauration risque fatalement de prendre du temps. Le tout témoigne, une fois de plus, de la présence dans notre terroir de nombreuses richesses patrimoniales.


Balade dans les villages blancs, autour de Gobertange

publiée le 21 juillet 2021


La «saison estivale » approche. Beaucoup de vaccinés prendront sans doute la route de l’étranger. D’autres resteront en Belgique et profiteront, pourquoi pas, des superbes paysages de la Hesbaye brabançonne ; de ses paysages naturels et bâtis qu’on ne se lasse pas de (re)découvrir en la sillonnant à pied ou à vélo. Une nouvelle occasion pour moi de rédiger quelques lignes destinées à mettre en valeur notre pierre blanche, dite de Gobertange.


Un véritable gruyère !
Si c’est à un hameau du village de Mélin qu’elle doit son nom, elle fut aussi extraite à Saint-Remy-Geest, Lathuy et Hussompont, sur les hauteurs de Jodoigne. Depuis des siècles, des parties du sous-sol de ces différents terroirs regorgent de puits d’extraction et de galeries souterraines. Les puits - ou bures -, ont été rebouchés. Ce n’est pas le cas des galeries qui circulent sous les campagnes, sur plusieurs niveaux, parfois à plus de 20 mètres de profondeur. La chose peut paraître incroyable, mais personne ne connaît leur nombre ni leur présence exacte. Sous l’Ancien Régime, et encore par la suite, l’exploitant du sous-sol d’une parcelle ne pouvait pas dépasser les limites de celle-ci. Comme ces différents terroirs étaient divisés en des centaines de parcelles, on peut facilement imaginer les complications qui pouvaient découler de ce mode d’exploitation souterrain. Les archives regorgent de document évoquant les conflits ayant nécessairement opposé les exploitants de parcelles voisines. A vrai dire, rien ne plaidait pour la mise en œuvre de grandes exploitations à ciel ouvert. La région concernée par l’extraction figurait au rang des plus riches au niveau agricole et extraire à ciel ouvert eut été une insulte au bon sens paysan. Les parcelles étaient dés lors exploitées, en surface, par un agriculteur, dans le sous-sol, par un tailleur de pierre. De quoi permettre aux propriétaires un double profit.


Lorsque l’on circule à pied entre Gobertange et Jodoigne, on voisine donc un terroir dont la structure désormais artificielle du sous-sol est insoupçonnée. Au milieu des années 1860, les exploitants de carrière durent soumettre l’ouverture de puits d’extraction à une autorisation provinciale, mais tout le monde se contentait de la référence cadastrale de la parcelle, sans s’inquiéter de la forme de son sous-sol. Le mystère reste donc absolu. L’exploitation de la carrière à ciel ouvert installée sur les hauteurs de Hussompont a parfois permis de localiser certaines galeries souterraines, mais ce n’était pas cette région de la zone d’exploitation qui avait été la plus concernée par les travaux souterrains. Lors de la période de sécheresse de l’année 1976, Alfred Lefèvre, de Mélin, avait, de son côté, recensé et localisé plusieurs centaines d’anciens puits dans les différents villages cités précédemment. Ce relevé systématique présente évidemment un intérêt exceptionnel. Pour des raisons historiques et scientifiques redescendra-t-on un jour dans un de ces puits pour parcourir quelques galeries ? Un projet imaginé durant les années ’70 n’a pas eu de suite. Le lieu-dit « la terre des cinq tués » est notamment là pour rappeler aux apprentis sorciers que l’extraction souterraine n’était pas un jeu ! Donc, chers lecteurs, profitez, avant tout, de la beauté de nos paysages ! Conseil d’ami !


Ramillies 1706-2021

publiée le 09 juin 2021


Ce 23 mai, vous avez peut-être rencontré dans les rues de Ramillies les membres de la 7e Compagnie ! Plus exactement de la 7e Compagnie locale ! Rien à voir avec la campagne du mois de mai 40…. mais bien une 7e compagnie de l’année 1706 ! Et chapeau à Guy Gramme ainsi qu’à ses assistants pour ce bel engagement à valeur historique. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis 1706, tout le monde en conviendra. Mais la bataille de Ramillies reste évidemment un des « grands moments » de l’histoire européenne.


On recommence à zéro ?
Ces dernières années, nous avions accueilli avec enthousiasme la perspective de la mise en œuvre à court terme d’un beau projet de mise en valeur d’un nouveau produit touristique développé autour de la thématique de la bataille de Ramillies. Le site de l’ancienne abbaye de La Ramée devait se trouver au centre de tous les intérêts ; tout particulièrement l’ancien moulin de Grognard, sis sous Bomal, aux abords immédiats du site cistercien dont il avait autrefois été une dépendance économique. Cet ancien moulin était notamment destiné à accueillir une brasserie… mais aussi un musée. Comme vous l’aurez remarqué, j’aborde malheureusement le sujet à l’imparfait. Nous avons en effet appris récemment que cet ambitieux projet avait dû être abandonné par son promoteur, conséquence directe de la crise du Covid ; et que le moulin de Grognard avait malheureusement déjà changé de propriétaire et d’avenir.


Nous sommes très loin de nous réjouir face à cette nouvelle qui reporte sans doute aux calendes grecques toute prise d’initiative importante autour de ce potentiel produit touristique « à taille humaine » qui s’inscrivait pleinement dans la politique de développement touristique encouragée en Hesbaye brabançonne. De son côté, l’InBw a produit une étude qui a mis en évidence les potentiels atouts d’un projet public autour du thème de la bataille, mais aussi ses possibles faiblesses ainsi que les inconvénients qui pourraient résulter de la réussite de sa mise en œuvre, notamment en matière de quiétude pour les habitants de certains quartiers. La solution résiderait sans doute en la mise sur pied d’un projet que l’on pourrait qualifier d’intermédiaire, moins ambitieux et respectueux de tous les intérêts. Le sujet le mérite bien, tout comme d’ailleurs tous les restaurateurs et tous les hébergeurs qui disposent d’infrastructures dans l’est du Brabant wallon. Mais la route sera encore longue, je le crains.


Jodoigne : une toile du peintre Navez…visible « Aux Portes du Temps »

publiée le 26 mai 2021


Dans un de ses ouvrages, Emile BOUVIER, un des chantres de la Hesbaye, brabançonne et liégeoise, a présenté, pêle-mêle, quelques peintures du 19e siècle figurant des notables endimanchés de nos campagnes, grands fermiers, brasseurs et autres coqs de village. Avant l’art photographique existait bien l’art du portrait peint, un art de plus en plus répandu tout en ayant été autrefois surtout l’apanage de la noblesse et du monde ecclésiastique. Le tableau qui illustre cette chronique appartient à cette catégorie de portraits dont la bourgeoisie avait adopté « le goût » durant les premières décennies du 19e siècle. Il est dû aux pinceaux du célèbre peintre belge François Joseph NAVEZ (Charleroi, 1787 – Bruxelles, 1869), adepte du classicisme, auteur de plus de 200 tableaux du même genre entre 1809 et 1860 ! Celui-ci, achevé en 1810, nous laisse un souvenir de Dieudonné SENY, né à Berloz en 1783, mort à Ixelles en 1870. En octobre 1811, ce SENY, issu du monde rural mais industriel en région bruxelloise, avait épousé à Jodoigne Catherine BRIART, née à Piétrain en 1787, morte à Ixelles en 1871.


SENY, de HEMPTINNE, PREVINAIRE
Ce n’est qu’en 1825, que NAVEZ épousa Flore DELATHUY, sœur cadette de l’épouse d’Auguste Donat de HEMPTINNE, né à Jauche, en 1781, pharmacien à Bruxelles. Il figurait cependant depuis très longtemps parmi les intimes de cette famille de notables hesbignons dont il avait tout d’abord dessiné les visages (1808-1809), avant de les immortaliser sur toile à dater de l’année 1810, l’année de la réalisation de la toile dédiée à Dieudonné SENY. Selon les notes que NAVEZ a laissées à son ami Louis ALVIN dans le but de lui prémâcher une biographie posthume, le portrait de SENY avait été le huitième réalisé par le peintre, à savoir un de ses premiers. A l’époque, il vivait encore à Charleroi et n’avait pas encore bénéficié des conseils du grand peintre classique Louis DAVID, dont il allait bientôt fréquenter les ateliers parisiens (1813-1816). L’année où il peignait SENY, il allait aussi peindre Alexandre PREVINAIRE, avec lequel ledit SENY devait fonder, sous Molenbeek, une filature de coton flanquée d’une teinturerie, d’un tissage et d’une imprimerie. Dès 1817, les 2 hommes importeraient de Rouen une nouvelle technique de teinture en rouge d’Andrinople qui allait devenir la spécialité de leur indiennerie établie sous Anderlecht.


Souvenir d’un Jodoigne républicain… puis impérial !
Le mariage civil de Dieudonné SENY était intervenu à Jodoigne, en octobre 1811, là où sa future épouse, Catherine BRIART, résidait avec sa mère Marie Joseph VAN GOITSENHOVEN, veuve de Pierre BRIART et épouse, en secondes noces, d’Hubert COLSOUL, une figure jodoignoise haute en couleur qui avait participé à tous les soubresauts politiques qu’avaient connu la Hesbaye depuis la fin de l’Ancien Régime ; s’étant illustré parmi les figures républicaines les plus prononcées à l’époque du Directoire et ayant notamment acquis des Biens Nationaux dont, sous Jodoigne, le presbytère de l’ancienne paroisse Saint-Lambert. A l’époque, Joséphine BRIART, sœur aînée de l’épouse SENY, résidait aussi à Jodoigne, en compagnie de son époux le saunier Jean-François BOUVIER, un des fils de l’ancien notaire jodoignois Jean-Noël BOUVIER et donc un des frères du notaire Antoine BOUVIER, futur bourgmestre de la Ville de Jodoigne (1830-1842).


Des œuvres d’art visibles dans nos restaurants ? Pourquoi pas ?
Nous nourrissons le projet d’organiser ponctuellement, dans les mois à venir, la présentation d’œuvres telles que cette peinture, dans différents espaces publics et privés du Brabant wallon, sur fond de relance économique et culturelle. Nous espérons pouvoir le concrétiser ! Cette toile-ci sera visible deux mois, à dater du 9 juin 2021, dans la salle principale du restaurant jodoignois « Aux Portes du Temps » (126 chaussée de Tirlemont – 010.37.10.13). Une belle occasion pour vous d’allier la « petite histoire » à deux formes d’arts ! Bienvenue à Jodoigne !


Nos grandes fermes abbatiales, reliques d’une autre époque !

publiée le 12 mai 2021


La Hesbaye est parsemée de grandes fermes quadrilatères, plusieurs ayant encore gardé leur destination première. Avant l’annexion officielle des Pays-Bas autrichiens au territoire de la République française (1795), beaucoup de ces fermes figuraient dans le patrimoine, tout court, de grandes abbayes, certaines étant d’ailleurs établies dans la région, ou non loin, comme celles de La Ramée (sous Jauchelette), d’Heylissem (sous Opheylissem) de Valduc (sous Hamme-Mille) ou de Villers. Les autorités républicaines décidèrent de supprimer ces communautés et de « nationaliser » leurs biens (1796), à savoir d’en faire des propriétés publiques qui, dans les années qui suivirent, furent vendues au profit des caisses de l’Etat républicain. Comme on peut l’imaginer, l’Eglise condamna la chose et rares furent ses ouailles qui se risquèrent à braver ses interdits. Quelques-uns, parmi les fermiers les mieux nantis, décidèrent néanmoins de sauver ce qu’ils pouvaient encore sauver et investirent leurs avoirs dans l’achat de leurs fermes vendues comme Biens Nationaux ! Prêtres et dévots leur avaient fait envisager la douleur des flammes de l’enfer. Certains avaient dès lors promis de rendre à l’Eglise ce qui appartenait à l’Eglise….. mais plus tard ! Il n’en fut rien, avec l’accord d’ailleurs du Premier Consul et du Concordat de 1801.


Durant plus de 50 ans, chez nous, le haut clergé espéra voir restituer à l’Eglise ces biens ecclésiastiques. Comme on peut l’imaginer, au milieu du 19e siècle, les propriétaires de ces grandes fermes n’avaient aucunement l’intention d’obtempérer, ni de contribuer à un éventuel impôt spécial qui aurait pu être levé pour financer l’exercice du culte catholique en cas de non restitution de ces biens. Le monde politique catholique belge étant entièrement soumis aux directives de Rome, rares étaient ceux qui, à l’époque, parmi les propriétaires de ces anciens Biens Nationaux, souhaitaient voir celui-ci diriger les affaires du jeune Etat belge. Intérêts économiques aidant, ces propriétaires mal vus du clergé avaient nécessairement opté pour un engagement politique du côté libéral, camp dans lequel on réclamait l’indépendance du pouvoir civil face aux ambitions temporelles de l’Eglise catholique romaine.


Logiquement, le 28 avril 1846 - il y a donc 175 ans cette année -, plusieurs des propriétaires d’anciennes fermes abbatiales situées dans la région de Jodoigne figurèrent donc parmi les membres fondateurs de la Société de l’Alliance du canton de Jodoigne, la première association électorale libérale de la région. Sa vice-présidence avait été confiée à Constant Claes, le propriétaire de la ferme et des anciens bâtiments abbatiaux de La Ramée. A ses côtés, on rencontrait notamment les propriétaires des fermes que cette abbaye avait possédées sous Jandrenouille (Decerf) et Piétrain (Depauw et Docquier). Charles-Constant Maisin, d’Opprebais, possédait quant à lui une ancienne ferme de l’abbaye de Villers sise sous Sart-Risbart (celle de La Porte) ; Louis Michotte, une ancienne dépendance de l’abbaye de Tongerloo, sise sous Orp-le-Grand et Isidore Collin, une ancienne ferme de l’abbaye d’Heylissem sise sous Jandrain. Il ne s’agit là que de quelques exemples ! Quand on parcourt nos belles campagnes, on n’imagine pas toujours à quel point elles furent disputées !


Un trésor monétaire du 18e siècle découvert à Bomal

publiée le 28 avril 2021


Au sens archéologique du terme, on parle de trésor dès lors qu’un ensemble d’objets, précieux ou non, a été volontairement rassemblé avant d’être enfoui. Les trésors les plus fréquents sont de nature monétaire et leur découverte suscite toujours beaucoup d’émoi. Ainsi, en 1985, on exhuma dans la région de Nivelles, un fabuleux trésor monétaire constitué d’environ 900 monnaies romaines en or, frappées entre les années 64 et 297 de Notre ère, entre les règnes de Néron et de Septime Sévère. Au fil des siècles quelques découvertes du genre, mais beaucoup plus modestes, furent réalisées dans l’est du Brabant wallon, mais ne concernant pas nécessairement l’époque romaine. Ces découvertes ont le plus souvent été le fruit du hasard. Celle que fit, en août 2019, un jeune couple de Bomal appartient à cette catégorie.


Dans le sous-sol d’un petit village tranquille ?
Bomal est aujourd’hui un petit village tranquille de l’est du Brabant wallon…. mais peut-être n’en fut-il pas toujours ainsi ! En tout cas, quelque chose de suffisamment inquiétant se passa dans région pour qu’un de ses habitants prenne la décision d’enterrer un jour sa « fortune » métallique dans le sous-sol de ce qui devait être son jardin ! Et surtout, plus exceptionnel, qu’il l’y laissa définitivement ! Ce trésor, placé dans une petite poterie et dissimulé définitivement aux yeux de ses potentiels convoiteurs, devait théoriquement comporter une bonne quarantaine de pièces d’argent. La poterie fut cassée et son contenu dispersé à la suite de travaux de terrassements effectués par les propriétaires des lieux qui étaient loin de soupçonner son existence à quelques mètres d’une habitation occupée depuis plusieurs générations par leur famille.


Depuis l’époque de la bataille de Fleurus (1794) ?
Un rapide examen des pièces ayant été récupérées aux abords de l’ancien contenant, permet d’émettre une hypothèse quant à l’époque de leur enfouissement. La plus ancienne signalée est une pièce française frappée en 1729, sous le règne de Louis XV ; la plus récente, une pièce autrichienne frappée en 1793, portant l’effigie de l’Empereur François II. Ce petit « bas de laine » avait donc été accumulé durant le 18e siècle. S’il nous est impossible de connaître les circonstances précises qui amenèrent son propriétaire à vouloir le mettre à l’abri, il faut sans doute imaginer le climat qui devait régner dans nos régions après la défaite des armées autrichiennes essuyée lors de la bataille de Fleurus livrée le 26 juin 1794. Après une précédente reconquête de nos régions suite à la seconde bataille de Neerwinden (18 mars 1793), les armées autrichiennes allaient être définitivement repoussées au-delà du Rhin par les armées de la République française et notre territoire annexé (1795) au territoire de celle-ci. Après leur victoire de Fleurus les Français avaient encore mis quelques mois avant de prendre le contrôle total de nos régions et on pourrait donc situer à cette époque, peu de temps avant, ou peu de temps après cette célèbre bataille, le geste prudent de l’habitant de Bomal. Notre région avait alors connu le passage de nombreuses troupes, appartenant aux deux camps, qui ne s’étaient pas gênées pour rapiner les populations et procéder à des exactions. On peut légitimement se demander aussi si le propriétaire des pièces n’avait finalement pas péri à l’époque, car il est difficile d’expliquer pourquoi il ne les avait pas déterrées par la suite, si ce n’est peut-être dans l’attente d’une restauration du régime autrichien. En tout cas, qu’il mourut à l’époque ou plus tard, il emporta son secret dans sa tombe !


Allez, ça n’arrive pas qu’aux autres ! Chasse aux trésors ! Mais dans votre jardin personnel uniquement !


Au cœur du « Pays blanc » !

publiée le 10 mars 2021


La pierre blanche locale abondamment présente dans le bâti ancien des villages de Mélin, de Saint-Remy-Geest et de Lathuy, tout comme dans celui de Jodoigne et dans de très nombreux éléments patrimoniaux en Hesbaye brabançonne, donne une luminosité tout à fait exceptionnelle aux façades et constructions diverses. Jusqu’il y a une cinquantaine d’année, dans les zones rurales, ces pierres blanches étaient fréquemment badigeonnées et la couleur naturelle de la pierre était donc loin de toujours être visible. Il en allait parfois de même avec les encadrements de baies (portes et fenêtres) peints en de nombreux endroits. Nos villages blancs avaient donc un aspect quelque peu différent de celui que nous leur connaissons aujourd’hui.


Bâtir avec les pierres de son jardin !
Avant la guerre de 1914, le tailleur de pierre désireux de devenir propriétaire d’une maison, creusait un puits d’extraction au bout de son jardin ou dans son champ. Il accomplissait cette tâche en supplément de travail. Il retirait la pierre brute et la débitait en moellons équarris. Ces matériaux servaient à la construction de la demeure, le travailleur bâtissait ainsi à peu de frais les murs de sa maison. Des amis ou des parents lui prêtaient souvent leur concours pour l’extraction et le débitage de la pierre. Comme la taille demande un travail assez prolongé, l’ouvrier se contentait de moellons pour construire son habitation. Les déchets étaient employés pour les fondations.


A Mélin, plus on s’éloigne du centre d’extraction plus le nombre de maisons construites en pierres blanches locale diminue. Ainsi, les habitants de Sart-Mélin employaient principalement des briques comme matériaux de construction. Néanmoins, vers 1947, sur les 188 maisons construites en briques existant alors dans le ressort de la commune de Mélin, 165 avaient des pierres de Gobertange comme encadrement de baies et comme seuils. A la même époque, sur les 84 bâtiments du village construits en pierres blanches, 11 seulement avaient leur façade en pierre taillée, soit seulement 14 %. Pour 86% des maisons construites en pierre de Gobertange, la pierre blanche brute, non taillée, avait donc été utilisée, le tout étant lié au surcoût engendré par le travail de la pierre. Parmi les bâtiments en pierre taillée figuraient évidemment l’église, la poste et le monument aux morts. Au hameau « historique » de Gobertange, sur les 95 maisons recensées à l’époque, 50 avaient été érigées à l’aide de la pierre locale, sous forme brute, sa forme taillée n’ayant été utilisée que dans 5 cas seulement. Sur les 45 dont les murs y avaient été construits à l’aide de briques, 43 disposaient de baies ou d’encadrements en pierre blanche.


A vous d’en profiter aujourd’hui !
Pour rappel le livre consacré à l’histoire de l’exploitation et de la mise en œuvre de la pierre de Gobertange, est en vente 38 € dans les librairies de Jodoigne. Vous pouvez aussi réserver un exemplaire en signalant votre intérêt sur l’adresse mail joseph.tordoir@gmail.com


De Gobertange et Geest-Saint-Remy …. à Heylissem

publiée le 10 février 2021


On le sait, la façade en pierre de Gobertange de ce qui fut autrefois l’église de l’ancienne abbaye prémontrée d’Heylissem (actuelle composante centrale du Château d’Hélécine, domaine provincial depuis 1962), a été dessinée au 18e siècle par le célèbre architecte Laurent-Benoit Dewez. Cette façade figure évidemment au rang des plus beaux exemples régionaux de la mise en œuvre de la pierre de Gobertange durant cette période de notre histoire.


Des pierres blanches pour la façade de l’église abbatiale d’Heylissem
Le vaste chantier de reconstruction de l’abbaye d’Heylissem avait officiellement débuté le 29 septembre 1768, avec la pose de la première pierre de la nouvelle église abbatiale. Les archives de l’ancienne institution prémontrée ayant été volontairement dispersées dès avant sa suppression officielle par les autorités républicaines françaises, une bonne partie de celles-ci n’ont malheureusement pas été conservées. Nous ne connaissons donc pas avec précision les noms des maîtres de carrière qui furent sollicités pour alimenter en pierre blanche le chantier abbatial. Cependant, d’autres chantiers entrepris à l’époque à la charge de l’abbaye d’Heylissem permettent néanmoins d’identifier ses fournisseurs habituels. Durant la décennie des années 1760-1770, c’était Marie-Louise Paul, veuve de Pierre Chenore, ainsi que son fils, habitants de Gobertange, qui avaient été fréquemment sollicités. Durant la décennie suivante, c’était généralement aux frères Antoine et Jean-Jacques Paul, tailleurs de pierre et exploitants de carrières, aussi installés sous Gobertange, ainsi qu’aux maîtres tailleurs François Soille et Antoine Gille, de Geest-Saint-Remy, que l’abbaye s’était adressée. Enfin, durant les années 1780, l’institution prémontrée avait manifestement essentiellement passé ses commandes auprès de Pierre Husdens, un maître tailleur de pierre originaire de Diest établi lui aussi sous Geest-Saint-Remy. On peut donc légitimement supposer que les pierres blanches mises en œuvre sur le site abbatial, et encore visibles aujourd’hui, sont issues pour certaines du sous-sol de Gobertange, pour d’autres, de celui de Geest-Saint-Remy.


De remarquables travaux de sculpture
Plusieurs des pierres blanches avaient été façonnées par les tailleurs et maîtres tailleurs que nous venons de citer, mais quelques réalisations spéciales avaient été confiées à un certain Charles Gilisquet, originaire de la région Jauche, mais établi en région namuroise. Cet ancien sculpteur sur bois, déjà employé par l’abbaye, avait apparemment été chargé de la réalisation de plusieurs composantes architectoniques de la façade de l’église abbatiale. Ce serait donc ce Gilisquet qui aurait spécialement été chargé de sculpter dans la pierre de Gobertange les différents angelots, toujours visibles aujourd’hui, ainsi que les clés et les draperies ornant portes et fenêtres du bâtiment. Sa tâche ne fut certainement pas facile, principalement en raison de la dimension réduite des pierres de Gobertange, ce qui nécessita non seulement la sélection des pierres adéquates, mais peut-être parfois aussi la concordance des travaux de sculpture entrepris sur des pierres différentes destinées à être juxtaposées. Le domaine provincial d’Hélécine est aujourd’hui un des sites du Brabant wallon les plus fréquentés par les touristes et les promeneurs. Les angelots de Gilisquet vous y accueillent encore, dominant l’ancienne cour d’honneur abbatiale !


La tour romane de l’église Saint-Jean-Baptiste de Wastines

publiée le 13 janvier 2021


La Hesbaye brabançonne a fort heureusement conservé quelques éléments significatifs de son patrimoine médiéval. Nous avons décidé d’évoquer aujourd’hui la tour de l’église Saint-Jean-Baptiste de Wastines, classée comme monument dès le mois de mars 1938 ! Peu visible de la rue, cette structure en pierre blanche de Gobertange, mérite sans aucun doute un petit détour pédestre ; elle est d’ailleurs le point de rencontre de trois sentiers.


Wastines, cisterciens et hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem
Wastines (autrefois Wastinnes), est une des sections administratives de l’ancienne commune de Malèves-Sainte-Marie-Wastinnes, composante de l’actuelle entité de Perwez. C’est aussi une très ancienne paroisse, comme en témoigne d’ailleurs son église qui avait rang « d’église entière », n’étant donc théoriquement pas née de la division d’une grande paroisse plus ancienne. Dès l’année 1190, l’abbaye cistercienne de Villers était entrée en possession de biens fonciers situés dans le ressort de celle-ci. Dans la foulée, la puissante famille de Bierbeek lui avait cédé la grosse dîme de la paroisse, mais une dotation similaire avait été consentie parallèlement à l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, disposant d’une commanderie à Chant(e)raine, sous Huppaye, dépendance de Jodoigne. En 1222, après de houleux débats, les parties avaient officiellement décidé de s’attribuer chacune la moitié de cette dîme, tout comme, manifestement, dans les mêmes proportions, le patronat de l’église de Wastines. En 1313, l’abbaye de Villers avait ensuite acquis, par échange, du chapitre Saint-Denis, de Liège, le patronat et une partie des dîmes de la paroisse de Sainte-Marie, attenant à celle de Wastines.


Une tour romane en pierre de Gobertange
La construction de la tour de l’église de Wastines, sous une forme plus ou moins rectangulaire et essentiellement en moellons de pierre de Gobertange, daterait des 11e et 12e siècles. Il s’agit de la seule composante romane de cette église qui fut presqu’entièrement reconstruite en 1855, dans un style renaissance, sur les plans de l’architecte provincial Antoine Moreau. Depuis l’époque de sa construction l’église originelle avait au moins déjà été remaniée à deux reprises, la dernière fois durant le 18e siècle. La porte d’entrée, ouverte dans le mur occidental de la tour, est contemporaine de la reconstruction de l’église, en 1855. Son encadrement, en pierre de Gobertange, a été réalisé avec les fragments d’une porte plus ancienne qui avait été percée au même endroit dès l’année 1753. L’oculus, qui éclaire le premier étage de cette tour à 3 niveaux, n’a également été aménagé dans la façade principale que durant la susdite année 1855, époque où on aménagea un jubé à cet étage. Quant à la partie supérieure de la tour présente encore sur chaque face deux baies cintrées de l’époque romane, mais la flèche octogonale du clocher ne date pas de la même époque.


De la Gobertange employée à Hédenge !

publiée le 09 décembre 2020


Nous vous l’avons annoncé dans notre dernière chronique, le projet de création d’un Centre d’interprétation consacré à la pierre de Gobertange est en bonne voie de réalisation. Logé en l’hôtel des Libertés, sur la Grand-Place de Jodoigne, cet espace didactique aura notamment l’ambition non seulement de mettre en valeur le patrimoine jodoignois mais bien sûr aussi les éléments patrimoniaux érigés en pierre de Gobertange et conservés en de nombreux villages de l’est du Brabant wallon. Au départ de la Grand-Place de Jodoigne, le touriste comme l’amateur de vielles pierres seront invités à parcourir chemins et sentiers qui les conduiront aux abords d’édifices remarquables tels que la chapelle Saint-Feuillen d’Hédenge, section de l’ancienne commune d’Autre-Eglise, dans le ressort de l’actuelle entité de Ramillies (rue de la Gare d’Hédenge).


La chapelle Saint-Feuillen
Classée en tant que monument, depuis le 1er décembre 1981 (à l’exception de sa sacristie du 19e siècle), et restaurée en 1992, cette chapelle est vraisemblablement l’héritière d’un lieu de culte très ancien qui aurait été offert à l’abbaye de Fosses créée par des moines irlandais durant la seconde moitié du 7e siècle, d’où sa dédicace à Saint-Feuillen. La chapelle actuelle est bâtie sur une butte, classée comme site, à proximité d’une source qui conforte l’hypothèse de l’antiquité du site cultuel. Elle est composée d’une tour à laquelle est adossée une petite nef, à travée unique, terminée par une abside à trois pans dans laquelle trône un petit retable de la fin du 17e siècle.


C’est essentiellement dans la construction de la tour, trapue et de forme carrée, que la pierre de Gobertange a été mise en œuvre. Elle présente en effet deux niveaux en moellons élevés en pierre blanche reposant sur un haut soubassement biseauté, lui-même bâti en moellons de quartzite. Ce sont des moellons de ce type qui ont également été utilisés pour les principales élévations de la petite nef, mais de façon indépendante du reste de l’édifice. Ces moellons quartzite s’apparentent à ceux mis en œuvre pour la construction des premiers niveaux du chœur de l’église Saint-Médard à Jodoigne et pourraient provenir, comme ceux-là, mais à une époque plus récente, d’antiques carrières localisées dans le ressort du terroir d’Huppaye. Les caractéristiques architecturales de la tour de la chapelle permettent de faire remonter sa construction au 14e ou au 15e siècle, à savoir à une époque où la pierre de Gobertange connut quelques-unes de ses heures de gloire, étant alors abondamment employée sur les chantiers de construction de plusieurs grandes églises, collégiales, etc., tant dans la région de Jodoigne qu’en plusieurs grandes villes du duché de Brabant. Son rez-de-chaussée est couvert d’une voûte d’ogive en pierre de Gobertange, reposant sur culots. Quant au premier étage de la tour, notons qu’il abrite une cheminée gothique très bien conservée.


La Gobertange, une pierre, des hommes
Pour rappel, l’ouvrage « La Gobertange, une pierre, des hommes », qui évoque l’histoire de l’exploitation et de la mise en œuvre de la pierre de Gobertange depuis l’époque gallo-romaine (fort volume de plus de 400 pages) est disponible dans les librairies de Jodoigne au prix de 38 euros. Un très beau cadeau à offrir à tous les amateurs du très riche patrimoine de la Hesbaye brabançonne… et une excellente façon de contribuer à la mise sur pied du Centre d’Interprétation évoqué plus avant. Je vous souhaite de terminer cette année dans les meilleures conditions possibles et vous présente mes meilleurs vœux pour l’année 2021.


Une promotion touristique via la pierre de Gobertange

publiée le 04 novembre 2020


L’idée était dans l’air depuis la réédition récente du volume consacré à l’histoire de la mise en œuvre et de l’exploitation de la pierre de Gobertange, chez nous et en Belgique : la Province du Brabant wallon, soutiendra la création, dans le cœur de Jodoigne, d’un « Centre d’interprétation » consacré à cette pierre qui est omniprésente dans la plupart des bâtiments patrimoniaux de la Hesbaye brabançonne ! L’idée lancée par l’Asbl La Gobertange, et appuyée par la Ville de Jodoigne, vient en effet d’être officiellement retenue par la Province du Brabant wallon qui a décidé de dégager des moyens pour financer des investissements spécifiques au niveau du rez-de-chaussée de l’Hôtel des Libertés, sur la Grand-Place de Jodoigne. L’initiative s’inscrit dans une politique plus générale de soutien et de relance du secteur touristique à l’échelle provinciale.


Au cœur de Jodoigne
C’était maintenant… ou jamais ! Il est vrai que la restauration de l’Hôtel des Libertés, bâtiment du 18e siècle situé sur la Grand-Place, permettait d’envisager de nombreux nouveaux projets. Celui que nous évoquons aujourd’hui, ne consistera pas qu’à aligner quelques vieilles pierres ! Il s’agira bien d’une structure d’accueil moderne, interactive, qui devrait attirer, nous l’espérons, beaucoup de visiteurs dans le centre de Jodoigne avant de les inviter aussi à découvrir les éléments clés de notre patrimoine régional.


En ce moment, je ne peux m’empêcher de penser à tous ceux qui, au fil des siècles, ont travaillé à la mise en œuvre de cette pierre blanche principalement extraite du sous-sol de Gobertange, de Saint-Remy-Geest, de Lathuy et d’Hussompont (sur les hauteurs de Jodoigne). Que de réalisations dans et autour de Jodoigne, en Brabant flamand, au cœur même de Bruxelles ! Des milliers et des milliers d’heures de labeur, du fond des puits d’extraction aux flèches de nos églises et hôtels de ville, mais pour quels fabuleux résultats ! Un patrimoine exceptionnel ! Un héritage sans comparaison ! Un cadeau de la nature que l’homme a sublimé ! Je ne puis non plus m’empêcher de penser à toutes celles et ceux qui, depuis une soixantaine d’années, ont collecté des informations, gardé des souvenirs, consacrés livres ou articles à l’histoire de l’exploitation de cet « or blanc » et ce, des deux côtés de la frontière linguistique. Plusieurs ne sont plus de ce monde, mais nous sommes convaincus qu’ils n’auraient pu cacher leur joie à l’annonce de la mise en œuvre du projet que nous évoquons aujourd’hui. Nous remercions tout particulièrement et très sincèrement, Jules Tits, de Gobertange qui, il y a environ 25 ans, nous a insufflé un peu de sa passion pour son terroir. A 91 ans, il est encore là pour accueillir cette bonne nouvelle !


Remerciements
Nous saluons la Province du Brabant wallon et les autorités locales jodoignoises pour le soutien accordé au projet, tout particulièrement Mathieu Michel qui avait chargé les services provinciaux de son examen avant son départ pour le niveau fédéral. Nous espérons pouvoir donner une suite concrète à celui-ci dans la foulée de l’achèvement des travaux de restauration de l’Hôtel des Libertés. Nous aurons évidemment encore l’occasion d’en reparler !


Nos Eglises rurales, un patrimoine à préserver et valoriser

publiée le 21 octobre 2020


Les fabriciens de la paroisse Saint-Aubin, d’Opprebais, s’activent depuis plusieurs années à la restauration de leur église paroissiale. Celle-ci, construite aux abords de l’ancien château-ferme médiéval local, possède un chœur de forme polygonale, réédifié en pierres blanches de Gobertange durant le 16e siècle. Ses trois nefs classiques, de quatre travées, datent quant à elles des années 1737-1738, tout comme ses sacristies. Sa tour néo-classique fut érigée, en 1864-1865, sur les plans de l’architecte provincial Emile Coulon, succédant à l’époque à une structure devenue trop vétuste. Les extérieurs de l’édifice et leurs abords immédiats ont été progressivement restaurés avec l’aide financière de la Commune d’Incourt, de la Région wallonne et de la Province du Brabant wallon.


Restauration du mobilier
Les fabriciens s’attaquent désormais à la restauration des composantes intérieures de leur église. Sa porte principale a été remplacée. Le grand orgue de la tribune, vient d’être « remis en état de marche » par le facteur d’orgues Etienne Debaisieux. Réalisé par les établissements Rifflart (1865), l’instrument est à nouveau opérationnel depuis le mois d’août dernier. Les fonts baptismaux du 12 siècle, en pierre bleue, on également connu une récente cure de jouvence. Le choeur abrite aussi quelques grandes toiles, malheureusement non signées, datant de la fin du 17e siècle ou du début du siècle suivant. La restauration de ces toiles est programmée pour l’année 2021, en partie avec l’aide de fonds privés. La peinture murale du chœur devrait être renouvelée à cette occasion. L’autel majeur et les autels latéraux, en chêne, réalisés durant la seconde moitié du 18e siècle, devraient également faire l’objet d’un traitement particulier pour les protéger des atteintes du temps. On notera que la chaire de vérité, en chêne, datée de l’année 1733, est plus ancienne que lesdits autels latéraux. Le volumineux tabernacle implanté sur l’autel majeur, ne date que du début des années 1860, et a été réalisé par un certain Henri Mélotte, un menuisier qui habitait Opprebais à l’époque.


D’autres projets à Incourt et Roux-Miroir
Dans un proche avenir, l’église Saint-Pierre d’Incourt devrait elle aussi faire l’objet d’une campagne de restauration extérieure. Elle commencera par la rénovation des toitures et la restauration de la tour et de son clocher. Ces travaux de grande ampleur sont inscrits au Plan d’Investissement Communal. Du côté de Roux-Miroir, la comme d’Incourt est toujours partisane d’un classement de l’église Saint-Martin avant d’y entreprendre de grands travaux de rénovation, en dehors de ceux ponctuellement imposés par les circonstances. Un spécialiste de l’histoire du travail de la pierre à l’époque médiévale vient de visiter en notre compagnie la tour de l’église. Les premiers constats permettraient de dater ses plus anciennes composantes des 10e et 11e siècles, alors qu’on pensait jusqu’ici les situer au début du 13e siècle ! Des observations encourageantes que nous ne manqueront pas de rappeler aux services de la Région wallonne.


L’Eglise de Roux-Miroir, sur la Transincourtoise

publiée le 07 octobre 2020


La Transincourtoise est un axe de circulation lente, public, aménagé sur sa plus grande partie sous la forme d’une voirie à 2 bandes, reliant le village de Glimes à celui de Piétrebais, via ceux d’Opprebais, d’Incourt, et de Roux-Miroir. Le promeneur échappe de cette façon à la circulation de la chaussée de Namur et se voir donner l’occasion de découvrir quelques éléments patrimoniaux, certains fondus dans le paysage. Au rang de ceux-ci figure notamment l’église Saint-Martin de Roux-Miroir.


La trace d’une très vieille histoire
La paroisse de Roux-Miroir apparaît au 12e siècle, manifestement née de l’émiettement d’une paroisse primitive beaucoup plus étendue couvrant aussi le territoire des villages d’Opprebais, de Longueville et d’Incourt ; le siège de cette antique paroisse se trouvant sans doute en ce dernier village. Placée sous la protection de Saint-Martin, durant une grande partie du Moyen Age l’église de Roux-Miroir dépendit du chapitre Saint-Pierre d’Incourt, transféré en l’église Saint-Jacques de Louvain au milieu du 15e siècle. On peut légitimement supposer que ce fut la première de ces deux institutions qui fut chargée du financement de la construction des parties les plus anciennes de l’église qui subsiste aujourd’hui dans le cœur du village.


Une tour-clocher datant du 13e siècle ?
Le site de l’église Saint-Martin n’a jamais fait l’objet d’études archéologiques ou architecturales très détaillées, mais sa tour-clocher témoigne de toute évidence de son antiquité. Trapue et bâtie sur un plan légèrement allongé, Constant Leurs fait remonter sa construction au 13e siècle et la rattache au style gothique. Ses murs « dont l’épaisseur est de plus de cinq pieds », ont alors été érigés à l’aide de moellons de calcaire gréseux, à savoir en pierre blanche de Gobertange. Une partie de ceux-ci ont été couverts d’un parement de même nature, vraisemblablement durant le 18e siècle. Originellement, cette tour n’était percée d’aucune porte, l’actuelle n’ayant été aménagée que durant l’année 1721, aux seuls frais des paroissiens. Le jour n’y pénétrait que par deux grandes meurtrières latérales. Au premier étage, quelques traces d’aménagement pourraient laisser penser qu’une forme d’habitat y avait existé, mais il faut attendre une étude architecturale plus poussée avant de pouvoir tirer quelque conclusion à ce propos.


L’église fut en grande partie reconstruite durant le 18e siècle, restaurée et agrandie durant le siècle suivant. Encore entourée de son cimetière, elle voisine un sentier, tronçon de la Transincourtoise, qui serpente au cœur de ce village très typique, encore habité par plusieurs agriculteurs. Le promeneur en sait désormais un peu plus sur ce bel édifice dont la Commune d’Incourt aimerait obtenir le classement, tout comme celui du presbytère voisin.


Jodoigne : Un « centre d’interprétation » consacré à la pierre de Gobertange, sur la Grand-Place !

publiée le 02 septembre 2020


L’idée était « dans l’air » depuis plus de vingt ans ! Elle va pouvoir se concrétiser grâce à la Province du Brabant wallon, à la Ville de Jodoigne et à l’asbl La Gobertange, en collaboration avec d’autres associations locales intéressées à la mise en valeur de notre patrimoine local et régional. Le rez-de-chaussée de l’Hôtel des Libertés, actuellement en restauration, devrait en effet accueillir, en 2021-2022, un espace consacré à la présentation de notre célèbre pierre blanche ainsi qu’à l’histoire de sa mise en œuvre depuis le Moyen Age, tant chez nous qu’en de nombreuses villes belges. Les principaux bâtiments de la Grand-Place de Bruxelles, dont son hôtel de ville et sa tour Saint-Michel, en grande partie restaurés au 19e siècle, illustrent notamment la carte de visite internationale de notre pierre de lumière.


L’Hôtel des Libertés, localisé sur la Grand-Place de Jodoigne, figure évidemment au rang des plus beaux et des plus symboliques bâtiments érigés chez nous durant la première moitié du 18e siècle. La pierre de Gobertange y a surtout été employée pour le parement de sa façade principale ainsi que pour la construction des piliers de la halle qui, à l’origine, occupait son rez-de-chaussée. Sa restauration par la Ville de Jodoigne, grâce à l’aide financière de la Région wallonne et de la Province du Brabant wallon, va lui redonner une nouvelle vie. L’implantation, en son rez-de-chaussée, d’une structure éducative dynamique consacrée à la Gobertange devrait venir structurer l’accueil touristique à l’échelle de Jodoigne, de ses villages et des communes voisines, où subsistent églises, chapelles, châteaux, fermes et de très nombreuses habitations rurales au visage blanc !


La mise à jour et la réédition, en septembre 2019, du volume que l’asbl La Gobertange avait consacré, dès l’an 2000, à la présentation de ladite pierre et à celle de sa mise en œuvre depuis l’époque romaine, a évidemment relancé la réflexion des pouvoirs publics et du monde associatif, pour le grand bien de Jodoigne et du patrimoine de l’est du Brabant wallon. Sans aucun doute, en raison de sa localisation, cette nouvelle structure d’accueil aura un rôle important à jouer dans le cadre de promotion touristique de notre belle région. D’ici quelques semaines, la Maison du tourisme de la Hesbaye brabançonne disparaîtra officiellement, absorbée par la Maison du Tourisme du Brabant wallon que les sept communes de l’est du BW ont décidé de rejoindre officiellement afin d’harmoniser la politique touristique à l’échelle du territoire provincial. Dans ce contexte, le maintien d’une structure d’accueil touristique au cœur de Jodoigne est évidemment fondamental.


Deuxième Guerre mondiale, « Devoir de mémoire »

publiée le 05 août 2020


Les cérémonies patriotiques et activités mémorielles diverses qui devaient être organisées aux alentours du 8 mai 2020, à l’occasion de la célébration du 75e anniversaire de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, ont pour la plupart été annulées en raison de la crise du Covid. Aucune exposition, n’y conférence, n’a en effet survécu à ce fichu virus ! Mais, ce n’est que partie remise. Dans ce contexte, nous apportons une pierre à l’édifice qu’on a pris l’habitude d’appeler le « devoir de mémoire ».


UBourgmestres et échevins dans le collimateur de l’occupant Le sujet pourrait faire l’objet d’un très long article. Nous nous bornerons à rappeler que les autorités allemandes souhaitèrent très rapidement se débarrasser d’un grand nombre de bourgmestres et d’échevins dans le but de les remplacer par des personnalités qui devaient théoriquement leur être plus favorables, que celles-ci fassent un non partie des conseils communaux élus avant la guerre. Dans de nombreuses communes, une forme de résistance passive s’exprima ; dans d’autres, quelques partisans du « régime nouveau » firent leur apparition. Cette politique s’appuya tout d’abord sur des textes légaux belges, datant de l’année 1935, revus dès le mois de juillet 1940, et prévoyant notamment l’application de sanctions administratives disciplinaires aux bourgmestres et échevins ayant abandonné leur poste durant le mois de mai 1940 dans le contexte de l’invasion. Une ordonnance du 7 mars 1941, « contre le vieillissement des cadres de l’administration publique », servit ensuite de base à une tentative de « grand nettoyage » par les autorités occupantes et leurs collaborateurs, tous les bourgmestres et échevins ayant atteint l’âge de 60 ans étant théoriquement obligés d’abandonner leurs fonctions ; à condition, finalement, de leur trouver des remplaçants, tout d’abord au sein des conseils communaux élus, ensuite en dehors de ceux-ci. Un autre arrêté, daté du 28 mai 1940, avait ensuite attribué aux collèges les compétences réservées jusque-là aux conseils communaux.


UL’exemple d’Opprebais Cette politique de « grand nettoyage » n’a jusqu’à présent été attentivement étudiée qu’en Province de Liège. Les archives des commissaires d’arrondissement (celui de Nivelles pour le Brabant wallon), désormais consultables pour la période 40-45, sont très riches en la matière et permettent de faire le point, commune par commune. Nous ne nous intéresserons qu’à celle d’Opprebais-Sart-Risbart. En mai 1940, environ 1.000 habitants (sur près de 1.350) fuient avant l’arrivée des troupes allemandes, notamment invités à le faire par le curé Malevé, de la paroisse d’Opprebais (convoi mitraillé à ou près de Nivelles). Nicolas Martiny, bourgmestre depuis 1927, n’abandonne pas ses fonctions et reste sur place, alors que ses deux échevins, pris de panique, quittent, eux, le territoire communal, l’un du 13 mai au 6 juin, l’autre du 14 mai au 24 mai. Dès le printemps 1941, ces deux derniers font l’objet de sanctions disciplinaires sur lesquelles les autorités occupantes se basent pour les écarter définitivement du collège. Né en 1881, le bourgmestre Martiny est ensuite visé par l’ordonnance du 7 mars 1941. Le 13 septembre 1941, il est invité à démissionner, mais si refuse. Pendant près de 18 mois, l’incertitude plane. Dès le mois d’octobre 1941, un habitant du village brave les « interdits » et pose sa candidature au poste auprès des autorités en rappelant « qu’il n’est ni juif, ni franc-maçon », à vrai dire pas plus que Nicolas Martiny ! En février 1942, « l’apprenti sorcier » avait prudemment fait un pas en arrière ; personne ne l’ayant par ailleurs jugé apte à exercer la fonction convoitée. Un mois plus tard, faute d’avoir trouvé un habitant d’Opprebais ayant accepté de lui succéder dans ses fonctions, les autorités allemandes autorisèrent officiellement Nicolas Martiny à rester bourgmestre malgré son âge… tout en étant susceptible d’être « destitué de ses fonctions à tout moment ». Il était encore à la tête de la commune en septembre 1944.


Jodoigne, le site du Stampia accueille « Place aux Artistes »

publiée le 17 juin 2020


Durant cet été, le site du Stampia bourdonnera d’activités liées à la promotion d’artistes brabançons dans le cadre de l’opération « Place aux Artistes » initiée par la Province du Brabant wallon en partenariat avec différents acteurs culturels dont « Les Baladins du Miroir » qui animent les lieux depuis 2015. Acquis en 2013 par la régie foncière provinciale, ce site jodoignois, au passé industriel, est implanté au centre d’un ilot vert, traversé par la Grande Ghète, s’étendant sur près de 7 ha et situé a peu de distance du centre ville. Jusqu’à l’époque de son acquisition par la Province du Brabant wallon, ce « joyau naturel» était très peu connu du grand public. Il tire son nom d’un lieu situé à proximité où, sous l’Ancien Régime, on tirait à la perche ; tout comme par exemple à Grez-Doiceau.


Un moulin et une fabrique de laine réputée
Personne ne s’est plongé d’une façon attentive dans l’histoire de ce site industriel et ces quelques lignes ne combleront qu’en partie cette absence d’intérêt. Il tire manifestement son origine d’un moulin à huile qui existait déjà en 1777 et appartenait à l’époque à Madeleine Mallue et aux enfants nés de son union avec Martin Desneux, en son vivant huilier à Jodoigne. Ce moulin était activé par les eaux de la Grande-Gèthe et construit parallèlement à celle-ci. A la fin des années 1820, l’usine originelle était déjà devenue une « foulerie et fabrique » dont les structures bâties avaient cette fois été édifiées perpendiculairement au cours d’eau. Le fabricant Jean-Henri-Winand Blyckaerts, époux Pulinckx, en était le propriétaire. Dans les années 1840, la filature de laine Blyckaerts était considérée par les autorités jodoignoises comme la seule véritable entreprise industrielle de la petite cité brabançonne. Entre 30 et 40 ouvriers y étaient employés en permanence. Il n’en existait alors que 6 autres à l’échelle de l’ensemble du Brabant. Une foulerie d’étoffes associée à la filature était par ailleurs spécialisée dans la fabrication d’une étoffe épaisse destinée à la fabrication des chaussons. Jean-Henri-Winand Blyckaerts avait pris la direction de l’entreprise en 1848, différents parents gardant apparemment quelques droits sur la propriété des lieux. C’était les Blyckaerts qui avaient manifestement donné au site son architecture industrielle, encore développée durant les années 1860, tout comme sa dimension naturelle, en acquérant toute une série de terrains humides sis à ses abords immédiats.


En 1903, le meunier Emile Bertrand, originaire de Noville-sur-Mehaigne, qui avait précédemment exploité un moulin à eau sous Dongelberg, avait obtenu l’autorisation de réimplanter sur le site un moulin à farine actionné par les eaux de la Grande-Gèthe et adossé à celle-ci tout comme le moulin originel. A l’époque, il avait redonné vie à un site sur lequel toute activité industrielle avait manifestement été abandonnée durant les années 1870.


Un écrin de verdure
Les superbes bâtiments animés aujourd’hui par des projets culturels présentent une structure et une architecture qui trahissent le passé de ce qui était finalement devenu une belle propriété bourgeoise entourée d’un écrin de verdure. N’hésitez pas à détailler les lieux lorsque vous participerez aux activités de « Place aux Artistes » !


Peste noire et choléra… à Gobertange

publiée le 18 mars 2020


Coronavirus ? Connais pas ! Enfin bon, disons pas encore rencontré ! Espérons que cela dure ! Mais bon, on verra ! Nos aïeux ont survécu à beaucoup d’autres choses.


La Peste noire…. 25 millions de mort en Europe !
Durant plusieurs années, de 1347 à 1352, la « Peste noire », une pandémie sans précédent de peste de type bubonique, causée par la propagation de la bactérie « Yersinia pestis » secoua une partie de la planète. On pense que, sur le seul continent européen, cette « petite douceur » causa la mort d’environ 25 millions de personnes, soit de plus de 3O% de la population de l’époque ! Cette peste frappa notamment Gobertange et sans doute en partie Jodoigne. La chapelle Notre-Dame du Marché, sur la Grand-Place, fut consacrée en 1353 et dédiée à la Vierge Marie pour la remercier d’avoir mis un terme au fléau à l’échelle locale ! Les tailleurs de pierre de Gobertange circulaient déjà beaucoup à l’époque…. ce qui n’avait pas que des avantages en période de pandémie !


Le choléra à Gobertange en 1866 …. 6 morts
Nous venons de parcourir quelques documents qui évoquent un autre drame que vécut Gobertange 500 ans plus tard. Durant les mois de juillet et d’août 1866, ce populeux hameau de Mélin fut en effet le centre d’une épidémie de choléra ! C’est une autre bactérie, à savoir celle appelée le « bacille virgule » qui est à l’origine de cette toxi-infection entérique, épidémique et contagieuse. Cette bactérie se propage par « contamination orale » suite à la consommation de boissons ou d’éléments souillés par des matières fécales. Une joyeuseté ! Ceux qui ont lu « Le hussard sur le toit » de Jean Giono, se souviendront des quarantaines dont les uns et les autres tentaient de s’échapper…. pour ne pas y rester définitivement ! Si les docteurs Bomal et Darte, de Jodoigne, n’avaient pas jugé bon de dresser un rapport de ce qu’ils avaient vécu, nous ne saurions sans doute guère de chose de cette triste affaire. En gros, entre le 8 juillet et le 25 août 1866, le choléra frappa à 16 reprises entrainant la mort 6 fois. Seul Gobertange fut touché. Aucun cas ne fut signalé sous Mélin, ni sous Saint-Remy-Geest. Grâce aux 2 dévoués médecins, nous connaissons l’identité des 6 victimes. Le 11 juillet, Marie-Thérèse LABAISSE, une jeune femme de 25 ans ; le 4 août, une grand-mère de 69 ans, Rosalie PAUL, veuve VANDENBEMPT, qui avait soigné plusieurs membres de sa famille ; le lendemain, 5 août, Antoine HENRIOUL, un enfant âgé de 5 ans, fils d’un tailleur de pierre ; le 15 août, une petite fille âgée de 20 mois, Marie-Octavie AMBROISE, fille de la veuve Napoléon AMBROISE, née Eléonore GENIN, elle-même déjà affaiblie par la maladie tout comme 3 autres de ses enfants ; le 21 août, en quelques heures, Basile Joseph ALBERT, un tailleur de pierre de 21 ans, qui avait cru échappé à la mort en consommant une forte quantité d’alcool ; enfin, le 25 août, après 2 jours de souffrance, une vieille de 89 ans, Marie-Isabelle BARAS, veuve ZONE. Le choléra n’avait pas entraîné la mort de dizaines d’habitants mais le hameau avait vécu au ralenti et dans la hantise durant près de deux mois ! A part les 2 médecins, plus personne ne circulait. La veuve AMBROISE, citée plus haut, atteinte elle-même, avait dû soigner ses 4 enfants sans l’aide du reste de sa famille, ni celle de ses voisins, terrorisés !


Allez bon, nous avons la chance de vivre au 21e siècle ! Ce ne sont que de mauvais souvenirs !


Hesbaye brabançonne : châteaux sauvés ou disparus

publiée le 04 mars 2020


Le malencontreux accident dont a souffert le château de Dongelberg dans la soirée du 18 février 2020, restera dans la mémoire de beaucoup. Les flammes ont emporté la totalité de sa toiture et fortement endommagé les restes de son ancien donjon médiéval remanié aux alentours de l’année 1866. Mais le château est bel et bien encore debout ! AAAh ! La vie des propriétaires de telles bâtisses n’est jamais comparable à un long fleuve tranquille ! Certains viennent donc dans faire une nouvelle fois l’expérience… et les frais ! Une occasion pour nous d’évoquer brièvement le destin, parfois catastrophique, d’autres châteaux d’une région qui n’en compte qu’un nombre réduit.


Jodoigne, Glatigny et Jodoigne-Souveraine
A l’heure à laquelle j’écris ces lignes, il est bien question de doter le susdit château d’une nouvelle toiture. Le château des Cailloux, ancienne propriété jodoignoise d’Hector Defoër-Bey, dont la construction s’était achevée en 1883-1884, ne bénéficia pas d’une telle attention. Devenu une propriété de l’Etat belge dès l’année 1939, ce château, le 10 décembre 1952, alors qu’on travaillait à son aménagement en pensionnat, avait également été victime d’un accident qui avait réduit en cendres sa très riche et orgueilleuse toiture de style « renaissance flamande ». Faute de moyens financiers suffisants… elle avait été remplacée par une terrasse, ce qui est encore le cas aujourd’hui. En 1957, entre Malèves et Thorembais-les-Béguines, le château de La Vignette, grosse bâtisse de la famille Cornet d’Elzius avait elle aussi été victime d’un incendie accidentel…. mais cette fois, le bâtiment avait entièrement été ruiné….et pas reconstruit. Ajoutons enfin, qu’à la fin des années ’90, une aile du château de la famille de Traux de Wardin, sous Jodoigne-Souveraine, avait aussi été touchée par un incendie, mais que d’importants travaux de restauration à l’identique y avaient rapidement été menés à bien.


Jandrain et Malèves
Ceci dit, les flammes ne sont pas obligatoirement nécessaires pour hâter la disparition d’un château. Je pense au « cas de figure » du château de Jandrain dont une vue ancienne illustre cette chronique. A la suite de « transactions malencontreuses » - dixit l’auteur d’un article publié en 1987 dans le Folklore brabançon - sa démolition fut menée à bien en 1984. Ce bâtiment, dont le corps de logis avait été reconstruit aux alentours de l’année 1810, comportait encore des composantes du 18e siècle mais qui étaient déjà ruinés depuis plusieurs décennies. L’ombre de ce château, bâti en face de l’église de Jandrain, ancien apanage de la famille de Hemptinne, passé par héritage aux de Partz de Courtray, obscurcit encore la conscience de certains ? Pas sûr. Autre cas malheureux à évoquer, et nous l’avons déjà fait dans ces colonnes, celui du très volumineux château de Malèves, reconstruit au 19e siècle par la famille de Vrints de Treuenfeld, dont les coûts d’entretien étaient devenus impayables par ses propriétaires à la fin des années 1950. La famille Cornet d’Elzius l’avait dès lors faire « démonter » à l’aube de la décennie suivante.


Dongelberg. Le château a bel et bien changé de propriétaires !

publiée le 19 février 2020


Certains s’étonnaient encore récemment de ne plus avoir d’informations sur les suites de la mise en vente, en début d’année 2019, du château de Dongelberg. Désolé pour celles et ceux qui « arrivent trop tard »… il a bel et bien changé de propriétaires, tout comme d’ailleurs les étangs aménagés dans une partie du parc contigu. Inutile de préciser que les travaux de restauration du bâtiment - après plus de quarante années d’abandon - et d’aménagement des abords, risquent de durer un bout de temps… et de coûter un os ! Il faut un peu de folie pour se lancer dans une telle campagne de travaux… mais quelle chance pour le site !


1866
Comme le rappellent les imposantes armoiries de la famille Osy de Zegwaart qui dominent le pavillon central de la façade principale du château, c’est en 1866 qu’avaient débuté ses travaux de construction placés sous la direction de l’architecte lillois Parent, un adepte, dans le domaine de la restauration, des pratiques de son compatriote l’architecte Viollet-le-duc. Le baron Jean-Marie, dit Iwan Osy, son commanditaire, n’avait pas lésiné sur les moyens ! Les travaux de transformation/reconstruction de l’ancien château avaient duré quatre ans. Une fois achevé, le nouveau château de style Louis XIII, affichait un prestigieux corps de logis renaissance, flanqué de tours latérales, dont la façade principale s’étendait sur environ 42 mètres. Quant aux toitures en ardoises du prestigieux bâtiment, elles plafonnaient à environ 23 mètres. La pierre de France, associée à la brique, avait été utilisée à profusion dans la nouvelle construction, mais Parent avait néanmoins veillé à employer la pierre de Gobertange pour la restauration du donjon médiéval qu’Osy avait manifestement tenu à conserver.


Un village transformé
Sur une période d’une dizaine d’années (1862 à 1873), le baron Osy, qui résidait essentiellement à la campagne durant la bonne saison et place royale le reste de l’année, avait totalement transformé le centre de Dongelberg. La basse-cour de l’ancien château médiéval avait été rasée. L’antique église du village, faisant partie du complexe seigneurial originel, avait connu le même sort et le baron avait contribué financièrement à la construction d’une nouvelle (1867) localisée cette fois en dehors de son domaine. Terrains privés et publics avaient été vendus ou échangés au bénéfice de la création d’un domaine homogène, au milieu duquel trônaient également d’immenses écuries flanquées de dépendances. Les autorités locales avaient même accepté de voir apporter quelques modifications au tracé de la voirie principale du village ! Il eut de toute façon été impensable de s’y opposer ! Cela dit, le résultat des cogitations et des investissements du principal propriétaire foncier du coin était tout bonnement magnifique ! De quoi « éblouir » les nombreux invités du châtelain, notamment ceux qui étaient amenés à se laisser porter sur les eaux du nouvel étang flanqué de quelques aménagements romantiques.


Renaître… de ses plâtres !
Le château de Dongelberg va donc reprendre forme… et vie ! Un chantier exceptionnel… à suivre ! Pour ceux qui s’intéressent au site, nous disposons encore de quelques exemplaires d’une monographie, comportant 150 pages, que nous avons éditée en 2004. Avis aux amateurs (joseph.tordoir@gmail.com).


Un Incourtois épouse une Bavaroise (1804)

publiée le 05 février 2020


La chose est bien connue, l’amour n’a pas de frontière ! De quoi parfois susciter de grandes interrogations auprès des généalogistes. Comment expliquer en effet la présence dans son arbre généalogique d’un aïeul né ou vivant à des lieues de l’endroit où s’est fixée sa descendance. Pourquoi un natif d’un village du fin fond de la Campine est venu s’installer en Hesbaye ? Comment un jeune jodoignois a-t-il bien pu rencontrer sa future femme native des Ardennes ? Les réponses manquent parfois mais il est certain que les déplacements professionnels expliquent en partie ces situations a priori surprenantes. La Saint-Valentin nous permet d’évoquer une union totalement inattendue… mais parfaitement explicable.


Le mariage d’un « chouan »
Le 10 avril 1804 (calendrier grégorien), Pierre Joseph Simonart, né à Incourt le 8 juin 1769, fils d’un marchand d’œufs originaire de Longueville, épousait, dans son village natal, une certaine Marie-Thérèse Beyrin, née à Sultzbach, en Bavière, le 8 avril 1776 ! A priori voila une union bien curieuse de nature à perturber plus d’un généalogiste ! Mais l’improbable s’explique parfois ! La preuve.


Fin des années 1780, début des années 1790, ledit Simonart était entré au service du baron Jean-Pierre de Beaulieu, propriétaire du château de Brocuy, sous Lathuy, officier général dans les armées des Pays-Bas autrichiens. En 1794, ledit baron avait armé ce valet de pied et l’avait emmené avec lui sur les champs de bataille. Le 26 juin de cette même année, Simonart avait notamment participé à la bataille de Fleurus, perdue par les armées autrichiennes, et y avait été gravement blessé au bras. Resté fidèle à son patron dans les moments difficiles qui avaient accompagné la conquête de nos régions par les armées républicaines françaises, il avait participé à l’insurrection de l’an VII (1798-1799). Plusieurs mois après la fin de la « Guerre des Paysans », il avait encore été chargé de rendre peu sûrs les bois de la région pour les fonctionnaires républicains. Durant le second semestre de l’année 1799, il avait été rappelé auprès du général de Beaulieu dont les pénates étaient désormais installés à Lintz, en Haute-Autriche. Quelques mois plus tard, en mai 1800, un enfant y avait vu le jour de ses œuvres ! La mère de cet enfant n’étant autre que ladite Marie-Thérèse Beyrin ! Et voila une rencontre a priori improbable entre un Incourtois et une Bavaroise en partie expliquée. Celle-ci était elle aussi au service dudit baron ? Où travaillait-elle dans une auberge de Lintz ? Qui sait ? En tout cas, un beau jour (en 1804 ?), le couple Simonart-Beyrin était revenu s’établir à Incourt et avait régularisé sa situation vis-à-vis de l’état-civil. L’enfant né à Lintz en 1800 avait été officiellement reconnu lors du mariage de ses parents. D’autres naissances avaient ensuite couronné cette union. Devenu messager, ensuite cabaretier au chevet de l’église d’Incourt, il avait achevé sa carrière professionnelle en tant que garde-champêtre de son village natal. Il y était décédé en 1825, sa veuve en 1849. Sans le tourmente politique et militaire de la fin du 19e siècle, ces deux-la ne se seraient fatalement jamais rencontrés !


Beauvechain. Au Pont d’Arcole !

publiée le 22 janvier 2020


Voila un pont qui figure bien parmi les plus célèbres… de l’histoire militaire… et de la communication politique ! Ce n’est évidemment pas au cœur de Beauvechain qu’il se trouve, mais c’est notamment là qu’on en a gardé le souvenir ! Chose curieuse et probablement liée à la présence à l’échelle locale d’un noyau d’anciens de la République ou de l’Empire, en tout cas d’admirateurs inconditionnels du « petit tondu » ! Et cela, évidemment dès le milieu du 19e siècle. Aujourd’hui, le « Pont d’Arcole » a donné son nom à tout un quartier ainsi qu’à un hébergement touristique, comportant notamment 3 chambres d’hôtes très bien cotées, exploité par la famille Perneel.


Histoire de vétérans
Nous avons eu l’occasion, dans une de nos premières chroniques, d’évoquer l’existence, à Jodoigne, au beau milieu du 19e siècle, d’une société d’anciens vétérans de l’Empire dont les membres étaient issus des 4 coins du canton de Jodoigne de l’époque. Une société similaire, je pense, fondée à Louvain, avait été fréquentée par un certain Goes, de Beauvechain, ancien grognard de l’Empire ayant fini sa carrière comme garde-champêtre ! L’occasion de rappeler le parcours d’un autre frère d’armes, mais lui natif d’Incourt, un arrière-arrière-arrière-arrière-grand-oncle de votre serviteur !


Sur les routes du Portugal et de l’Espagne
Charles Tordoir avait vu le jour à Incourt le 23 septembre 1784. Conscrit de l’an 14, il avait été enrôlé le 19 février 1806 au sein du 66e régiment d’infanterie de ligne de l’armée impériale. Sa taille, 170 centimètres (pas mal pour l’époque) lui avait valu d’être versé dans une compagnie de grenadiers. Peu de temps après, son bataillon avait pris la direction du Portugal, où il avait périodiquement bataillé durant les années 1807, 1808 et 1809 ! En 1810, Tordoir avait ensuite combattu en Espagne. Dans le contexte du siège de la ville de Rodrigo, il avait été blessé d’un coup de feu au bras gauche le 21 avril, blessure qui lui avait valu une amputation du bras et un congé définitif le 16 octobre de la même année. Revenu à Incourt quelques semaines plus tard, il y avait rapidement été nommé garde-champêtre. Par un décret du mois de mars 1811, l’Empereur avait en effet décidé de réserver une série d’emplois – dont ceux de gardes-champêtres - à des vétérans de ses armées, notamment aux infirmes et invalides de guerre. Ledit Tordoir, « sachant lire et écrire », s’était trouvé dans les conditions et avait exercé son office jusqu’en 1815. Cette année-là, en juin, alors que se livrait la bataille de Waterloo, il avait eu la mauvaise idée d’assommer, à la sortie d’Incourt, un officier de cavalerie prussien en déroute après la bataille de Ligny et, dans la foulée, de lui subtiliser sa montre en argent. Le parcours militaire du « manchot » en qui l’officier prussien avait placé sa confiance n’était évidement pas connu de ce dernier ! Pas de chance pour Tordoir, ledit officier avait finalement survécu à la campagne de Belgique de 1815. Il était même revenu à Incourt pour récupérer sa montre au grand dam du vieux grognard qui, dans la foulée, avait fait l’objet d’une procédure judiciaire. Sa carrière de garde-champêtre s’était arrêtée à l’époque …. et il avait été remplacé dans ses fonctions par un certain Pierre Simonart, ancien valet de pied du baron de Beaulieu, « un chouan » revenu d’Autriche ! Au début des années 1830, Charles Tordoir bénéficia d’une pension militaire française malgré la perte de son « congé » officiel. Tête brûlée, il vécut plusieurs années maritalement – pas très bien vu à l’époque -, et eut une belle descendance parmi laquelle figure notamment Charles, dit Charly, Perniaux d’Opprebais qui, à vrai dire, est loin d’être  un « manchot » ! Voila quelques belle anecdotes à raconter au coin du feu !


Pour les napoléonistes prévoyant de séjourner en Brabant wallon voici donc une bonne adresse à retenir : Au Pont d’Arcole, rue du Village, 7 à 1320 Beauvechain (centre) – 0475.96.17.25. Waterloo n’est qu’à une bonne demi-heure de route. Bienvenue en Hesbaye brabançonne !


Conférence sur la Gobertange, le 20 janvier, à Tourinnes-la-Grosse

publiée le 08 janvier 2020


Une nouvelle chance est donnée à celles et ceux qui ont raté la conférence que nous avons donnée à Jodoigne le 4 novembre dernier, sur le thème de la pierre de Gobertange et de son lien avec les villes de Jodoigne et de Bruxelles. Nous traiterons le même sujet au Relais Saint-Martin, 56 rue de Beauvechain à Tourinnes-la-Grosse, le 20 janvier prochain (19h30). Entrée libre, bien évidemment. Nous vous demandons de signaler votre participation : 0499.96.91.89 ou joseph.tordoir@gmail.com le plus rapidement possible !


Dans l’entité de Beauvechain, comme partout dans l’est du BW
La pierre blanche de Gobertange a été utilisée dans le cadre de la construction de nombreux bâtiments patrimoniaux de l’entité de Beauvechain. L’église Saint-Martin, de Tourinnes-la-Grosse, de style roman, témoigne de son emploi dès l’époque médiévale. Comment ne pas citer la ferme de la Franche-Comté, sous ce même terroir ou ne pas penser à la plupart de nos grandes fermes où elle a souvent été utilisée avec la brique. La Grand-Place de Jodoigne, avec sa Chapelle Notre-Dame, déjà citée en 1279 et son ancien hôtel de ville, construit durant la 1ère moitié du 18e siècle, n’en constitue pas moins l’écrin le plus connu à l’échelle régionale.


Un chameau sur la Grand-Place de Jodoigne ?
Appelé désormais « Hôtel des Libertés », l’ancien hôtel de ville de Jodoigne, imposante bâtisse de style classique construite sur la Grand-Place, présente une façade réalisée en pierre de Gobertange. Son rez-de-chaussée abritait une halle ainsi que la prison de la petite cité brabançonne. Un escalier monumental donnait accès à un premier étage où les autorités scabinales du 18e siècle se réunissaient et sauvegardaient précieusement les archives locales. Comme toute façade classique digne de ce nom, celle de cet hôtel de ville se devait d’être surmontée d’un fronton triangulaire de grande dimension réalisé lui aussi sur les plans de l’architecte malinois Jean Verhuyck, à savoir l’architecte officiel de Jean-Englebert, comte de Romrée, un « compatriote » ayant depuis peu acquis la terre de Jodoigne. Ce fronton est aujourd’hui percé en son centre d’un oculus permettant d’éclairer le grenier de l’édifice. Ce n’était pas ce qu’avait imaginé l’architecte susdit.


Comme en témoigne le premier plan de la façade (1730), Verhuyck, avec, on peut le supposer, l’aval de son employeur et protecteur, avait en effet proposé de placer au centre du fronton les armoiries du comte de Romrée et de son épouse née Vecquemans, fille d’un bourgmestre d’Anvers. Celles du comte affichaient principalement un chameau « couronné et bridé de gueule, accompagné de trois étriers à l’antique ». Dans le cas précis, il s’agissait d’un « camelus dromedarius » ou chameau à une bosse, désigné habituellement sous le nom de dromadaire ! Manifestement l’idée n’avait pas été approuvée par les autorités de l’époque d’autant plus que le nouveau comte de Jodoigne, dans le cadre de la concrétisation du projet, n’y avait finalement guère été de sa bourse ! Exit donc le chameau et toute référence à la famille de Romrée sur la façade du nouvel hôtel de ville ! Ajoutons que, plus que rares devaient être les Jodoignois à avoir déjà vu un tel animal en chaire et en os à cette époque ! Dommage pour l’exotisme…


« La Gadale »… a la peau dure !

publiée le 10 décembre 2019


Jodoigne est souvent désignée comme la cité de « la Gadale ». Le nom de « Plaine de la Gadale » vient d’ailleurs d’être encore donné au site qui accueillera à l’avenir le vaste complexe sportif communal. Et pourtant cette « Gadale », cette vieille sorcière qui appartient au folklore local, devenue le symbole de la confrérie de la Blanke Dorèye, n’a jamais existé ! Cette femme, née durant le 19e siècle de la plume d’un Jodoignois amateur de contes et autres récits fantastiques, a manifestement la peau dure !


Un récit de l’année 1874
L’affaire avait dû quelque peu déranger l’abbé Hanon de Louvet, curé de Saint-Médard, historien à ses heures, puisqu’en 1941, dans son histoire de la ville de Jodoigne, il avait consacré une bonne dizaine de pages à démontrer le caractère purement imaginaire de cette vieille et effrayante « Gadale ». Il avait scrupuleusement souligné le caractère erroné de toutes les données « historiques » appartenant au texte fondateur de « la légende ». Nous ne pouvons a priori que confirmer ses propos. Selon les recherches de l’abbé tout avait débuté en janvier 1874. A l’époque, « La Revue du Canton de Jodoigne », un des journaux publiés hebdomadairement à Jodoigne, avait accueilli dans ses colonnes « Une histoire du vieux Jodoigne » qui n’était autre que le récit de la fin tragique, durant l’année 1750, de cette sorcière dont le nom, selon l’auteur de la prose, avait finalement été donné au quartier où elle avait vécu. Il faut croire que le récit, malgré ses évidentes incohérences, avait marqué l’esprit de beaucoup de Jodoignois. « La légende » s’était enracinée. En 1928, elle avait trouvé un écho dans la revue « Le Folklore brabançon » et, en fin d’année 1935, un correspondant du journal « L’Echo des Affiches de Jodoigne » l’avait remaniée à sa sauce. Un succès plus que probablement totalement inespéré qui perdure encore aujourd’hui.


Le fruit de l’imagination d’un franc-maçon
Selon Hanon de Louvet, le récit publié en 1874 avait manifestement jailli de la plume de Léon Grégoire, qui signait ses chroniques Léon SAM. Ce dernier était né à Jodoigne en 1841, fils du tanneur, et célèbre pomologue, François-Xavier Grégoire, époux Nélis, établi alors rue des Subsistances – l’actuelle rue Grégoire-Nélis. Libéral d’opinion, tout comme son père, Léon Grégoire avait été associé à la direction de la tannerie familiale. Il consacrait ses temps libres à la politique locale et figurait donc au rang des correspondants de « La Revue du Canton de Jodoigne », l’organe des libéraux doctrinaires du crû. Ses affaires le conduisaient à fréquenter parfois la capitale et c’était d’ailleurs là qu’il avait été initié, en février 1868, au sein de la loge maçonnique des Amis Philanthropes. En 1874, l’année de la parution de son texte consacré à l’histoire de « La Gadale », il fréquentait encore les colonnes de cet atelier en tant que Maître. Un lien avec la teneur du récit ? Bof, vraiment très léger. La thématique du sort réservé aux femmes qualifiées de « sorcières » sous l’inquisition espagnole était prisée des milieux maçonniques qui se plaisaient à souligner les excès de l’Eglise catholique romaine et la crédulité des masses face à des personnes vivant différemment. Mais le clergé jodoignois était néanmoins totalement absent du récit de Léon Grégoire et donc étranger au sort cruel réservé à « La Gadale » puisque sa pendaison avait simplement été décidée par les habitants de son quartier qui lui reprochaient non seulement ses différences, mais aussi ses activités criminelles. Donc, à relativiser.


On notera que le texte fondateur et ses successeurs furent chaque fois publiés en début ou en fin d’année, une période propice pour la lecture de contes et légendes ! Bon et bien vous savez ce qu’il vous reste à faire en période de solstice d’hiver… pour marquer l’imagination de votre descendance ! Joyeuses fêtes à toutes et à tous !


Deux Malevé du bout du monde !

publiée le 10 décembre 2019


La famille Malevé, établie dans l’est du Brabant wallon, figure au rang de celles qui, durant ces deux derniers siècles, ont donné un grand nombre de prêtres à l’Eglise catholique romaine. En conséquence plusieurs paroisses de la région de Jodoigne ont fatalement été desservies à un moment ou un autre par un « curé Malevé », notamment celles de Jodoigne Saint-Médard, d’Enines, de Piétrain, de Roux-Miroir, de Piétrebais, d’Opprebais, etc. Nous évoquerons aujourd’hui le parcours insolite de 2 membres de cette famille enrôlés, en 1804, sous la bannière spécifique de saint Ignace.


En route pour la Russie et le Maryland !
De 1801 à 1803, François Malevé, curé d’Enines, assura l’interim de la cure de Saint-Médard à Jodoigne. A la même époque, il pouvait compter sur l’aide de l’un de ses parents, à savoir Melchior Malevé, vicaire dans le ressort de cette même paroisse. Durant l’année 1804, ces 2 prêtres décidèrent d’intégrer la Compagnie de Jésus. A cette fin, ils durent prendre la direction de la Russie ! François Malevé, né en 1770, acquit la qualité de jésuite en janvier 1804 ; Melchior entra au noviciat de Dunabourg (Lettonie) 5 mois plus tard. Le premier cité ne séjourna que quelques mois dans le ressort de l’Empire des Tsars puisqu’il fut envoyé en 1806 à Baltimore, dans l’Etat du Maryland, sur le continent nord américain. Il vécut en différentes villes de ce même Etat avant de s’établir, en 1815, à Fredericktown où il s’éteignit en 1822.


Un jésuite polyglotte !
Le Père Melchior Malevé resta quant à lui sur le sol russe et fut envoyé à Astrakhan, une ville située à 1276 km au S-E de Moscou, non loin de la mer Caspienne et arrosée par la Volga. Il y installa ses pénates en février 1805. Manifestement doué pour la pratique des langues autres que celle de Voltaire, il avait été tout particulièrement chargé de prêcher la bonne parole à la communauté arménienne des lieux. Il avait aussi la capacité d’entendre les confessions en allemand et en polonais ! Il décéda sur place, le 12 août 1817. A l’époque la ville d’Astrakhan comptait un peu plus de 40.000 habitants ; elle en abrite aujourd’hui plus de 550.000 ! Et les prêches du Père Malevé y sont oubliés depuis longtemps ! On peut du moins le supposer !


Astrakhan et Astrakan…
Des liens avec l’échevin d’Incourt Benoît Malevé, actuellement le plus connu parmi les porteurs du nom ? Sans aucun doute, mais à définir avec exactitude… et fatalement pas en ligne directe ! Un cadeau original à lui faire pour les fêtes de fin d’année ? Evidemment une toque ou une composante vestimentaire en Astrakan…. ça vient du même coin ! Et pourquoi pas un séjour dans le Maryland ? Ou une croisière sur la Volga, jusqu’à Astrakhan ? La sortie peut se prévoir en août, époque de l’organisation annuelle locale du Festival de la Pastèque ! Retour aux sources !


Le portrait de Charles de Glymes, vicomte de Jodoigne

publiée le 03 décembre 2019


La famille de Traux de Wardin, propriétaire du château de Jodoigne-Souveraine - autrefois appelé l’hostel de Glymes - conserve précieusement plusieurs tableaux anciens au rang desquels figurent les portraits de membres éminents de la famille de Glymes. Nous nous attarderons ce jour sur celui du très puissant Charles de Glymes, passé de vie à trépas durant l’année 1620.


Le puissant vicomte de Jodoigne
En juillet 1612, ledit Charles de Glymes avait procédé au relief de la vicomté de Jodoigne et de la seigneurie de Wastines devant la cour féodale du Brabant. L’année suivante, il avait ensuite relevé les seigneuries de Boneffe et celle de Molembisoul, sous Jodoigne, dont dépendait un castel. Propriétaire de plusieurs grandes fermes sises sous Jodoigne-Souveraine, il résidait principalement sur la Grand-Place de Jodoigne en l’immeuble désigné encore aujourd’hui sous le nom de château de la vicomté. Sa première épouse, Jeanne de Houtain, morte à Jodoigne en 1615, possédait quant à elle de nombreux biens seigneuriaux en Hainaut et dans le comté de Flandre, dont la seigneurie d’Hollebeke, dans le ressort de la châtellenie d’Ypres. Pour l’anecdote, rappelons qu’à Anvers, ledit Charles de Glymes jouissait aussi de droits en nature sur l’Escaut, consistant au prélèvement d’un certain nombre de harengs par bateau de pêche naviguant sur cette voie d’eau.


Un officier au service des Pays-Bas espagnols
Homme de guerre, Charles de Glymes servait à ce titre le souverain des Pays-Bas espagnols, notamment sous les ordres du marquis de Spinola. Capitaine d’une compagnie de cuirassiers, chargé du commandement de 1200 hommes d’infanterie wallonne, le vicomte de Jodoigne avait accompagné Spinola dans le Bas-Palatinat. C’était là qu’il avait trouvé la mort, en période de trêve, le 19 décembre 1620. Il y avait été inhumé à Bingen. A Jodoigne, un service spécial avait alors été célébré en son honneur par le curé de Saint-Médard assisté spécialement pour l’occasion par 12 prêtres venus de paroisses voisines. A Boneffe et à Mousty on avait fait sonner quotidiennement les cloches des églises durant 40 jours en l’honneur de l’illustre défunt…


vec cuirasse et épée…
Suite à cette disparition, un inventaire du contenu de la maison de la vicomté de Jodoigne avait été réalisé durant l’année 1621. Plusieurs chambres du bâtiment étaient décorées de grandes tapisseries réalisées à Bruxelles et Oudenaarde. Les habits du défunt vicomte, faits de soie et de velours, richement confectionnés, reflétaient son aisance matérielle, tandis que ses armes témoignaient de sa noblesse et de ses activités militaires. Il gardait notamment à portée de main une paire de pistolets, 4 arquebuses et 3 épées de luxe dont une, émaillée, avait été réalisée à Milan. La toile conservée à Jodoigne-Souveraine, le représente sans doute peu de temps avant son décès, portant cuirasse et s’appuyant sur la garde de l’une de ses précieuses épées.


Jodoigne - Les chouans au Château Pastur

publiée le 19 novembre 2019


Samedi 23 novembre – 18h30 à 21h00


Novembre 1798
Après avoir chassé les fonctionnaires républicains de Jodoigne, les chouans d’Antoine Constant se sont dispersés dans les campagnes environnantes. La colonne commandée par l’agent municipal de Roux-Miroir a pris la direction d’Hasselt, ville du Limbourg où devaient se rassembler les corps francs levés contre la République. Le 5 décembre 1798, la ville est assaillie par l’armée française qui met en déroute les Chouans, ceux de la Hesbaye brabançonne y compris ! A Jodoigne et dans les villages voisins, on ne sait rien du sort réservé aux jeunes gens qui ont suivi Constant.


Mi-décembre 1798
Alors que les Jodoignois se risquent encore à festoyer au château de la Comté (actuel château Pastur) en espérant avoir contribué à la chute du régime républicain français, on annonce l’arrivée à Jodoigne d’une poignée de rescapés de la colonne d’Antoine Constant ayant réussi à franchir les lignes ennemies ! Parmi eux, Simonart, le valet de pied du baron de Beaulieu. C’est à lui que reviendra la tache pénible de conter le sort de ses congénères aux femmes et enfants réunis à Jodoigne !


BIENVENUE A TOUTES ET A TOUS
L’association Cultura Nostra, d’Incourt, vous invite à assister le samedi 23 novembre 2019, vers 18h30, dans le parc du château Pastur, à cette reconstitution historique, suivie d’un spectacle de danses du 18e siècle en la salle des Calèches dudit château. Accès libre. Possibilité de se restaurer avec les chouans (pain, soupe, jambon, fromage, vin chaud) après le spectacle. Réservation souhaitée de son repas (7 euros)  auprès de Joseph TORDOIR : 0499.96.91.89 – joseph.tordoir@gmail.com – ou de Valery KALUT : 0475.60.98.14


Une manifestation historique et culturelle, organisée avec le soutien de la Ville de Jodoigne, de la Commune d’Incourt et de la Province du Brabant wallon


Sart-Risbart - Une villa gallo-romaine « inconnue » au « Fond Saint-Bavon »

publiée le 05 novembre 2019


Le dernier numéro de la revue Wavriensia, éditée par le Cercle d’Histoire, d’Archéologie et de Généalogie du Cercle d’Histoire de Wavre et du Brabant wallon (en abrégé le CHAW), contient plusieurs articles consacrés à la présentation d’un site gallo-romain inédit récemment localisé sous Sart-Risbart (Incourt). Une occasion pour l’archéologue Eric De Waele et quelques autres spécialistes d’attirer la lumière sur le passé antique de notre région.


Un site gallo-romain des IIe et IIIe siècles de notre ère
C’est sur la base d’informations qui nous avaient été communiquées il y a de cela plus de 20 ans par le fermier Joseph Roch, de Sart-Risbart, que des prospections pédestres ont été effectuées en 2015 et 2016 sur une terre située à la sortie du village de Sart-Risbart, côté Chaumont. Les quelques éléments ramassés à même le sol ont permis d’attester une présence humaine au lieu-dit « Fond Saint-Bavon » tant à la période de La Tène ancienne (soit du Ve au IIIe siècle avant l’ère chrétienne), qu’à l’époque romaine (environ de 150 à 275 après Jésus-Christ). Seule une campagne de fouille permettrait évidemment d’établir l’évolution précise de l’habitat sur ce site situé aux confins des territoires administratifs des anciennes communes d’Opprebais-Sart-Risbart et de Chaumont-Gistoux.


Cet établissement gallo-romain de Sart-Risbart bénéficiait d’une liaison quasi directe avec la chaussée Bavay-Cologne dont il n’était distant que de 8 km à vol d’oiseau, se situant en effet à environ 550 m à l’est de la route Tirlemont-Nivelles qui reliait l’agglomération de Tirlemont au relais routier de Baudecet, sur la grande chaussée, via la voie romaine Namur-Elewijt au nord du vicus de Tourinnes-Saint-Lambert. C’est à proximité de ce « Grand Chemin de Tirlemont à Nivelles », aussi appelé « Chemin Saint-Bavon » dans sa traversée de Sart-Risbart, qu’était localisée à l’ancienne chapelle du Dieu Aimant, aujourd’hui disparue et dont l’origine était probablement antique.


Bavon, un noble hesbignon originaire de la région de Chaumont ?
Vers 640-650, un roi mérovingien fit don de la terre de Chaumont à l’abbaye fondée par saint Amand sur les bords de l’Escaut, au lieu-dit « Ganda », à savoir la future abbaye Saint-Bavon de Gand, et ce probablement suite à l’intervention de Bavon (v. 589 – v. 657), noble hesbignon devenu moine et disciple de saint Amand. L’abbaye Saint-Bavon créa ensuite une succursale à Chaumont, un monastère qui aurait été situé « l’extrémité S.-E. du territoire de Chaumont », au beau milieu d’une vaste plaine appelée le « Fond Saint-Bavon », peut-être plus précisément à l’endroit encore connu au XIXe siècle sous le nom de « Bonnier à la Cloche » ; en tout cas, pas très loin du site gallo-romain qui vient d’être officiellement répertorié ! De quoi donner du grain à moudre.


Ce numéro de la revue Wavriensia, comportant 122 pages, est vendu au prix de 7 € (+ 2,50 € en cas d’envoi), et peut-être commandé auprès du CHAW (010.24.43.77) ou de moi-même (0499.96.91.89 – joseph.tordoir@gmail.com).


Dimanche 17 novembre 
Visite de l'exposition "Devenir... (le peintre) Matisse" organisée par le service culture de la Commune d'Incourt; Départ en car à 7h45, retour vers 16h. PAF : 15 euros. Encore quelques places disponibles. Informations et réservation auprès de Joseph Tordoir (0499.96.91.89 - joseph.tordoir@gmail.com).


La « pierre de Gobertange » … de la Grand-Place de Jodoigne à la Grand-Place de Bruxelles ! Lundi 4 novembre.

publiée le 22 octobre 2019


Nous avons déjà évoqué dans les colonnes du Chouette Magazine les différents projets de restauration, entamés ou déjà menés à bien, de bâtiments patrimoniaux, publics et privés, élevés sur et aux abords immédiats de la Grand-Place de Jodoigne. L’heure est sans aucun doute à la mise en valeur de cet espace urbain au sein duquel la pierre blanche est omniprésente. Pouvoirs publics, acteurs associatifs et acteurs privés, doivent absolument, dans les années à avenir, mettre un point d’honneur à donner une nouvelle dimension touristique et culturelle à ce cœur historique susceptible de susciter la curiosité et l’intérêt de plus d’un passionné de patrimoine. De grands efforts ont déjà été consentis par les pouvoirs publics et la Ville de Jodoigne pour le sauvetage de la Chapelle Notre-Dame du Marché. En partie désacralisée, cette grande chapelle, consacrée au beau milieu du 14e siècle, entièrement construite en pierre de Gobertange, accueille désormais nombre d’activités culturelles. Lorsque la restauration de l’Hôtel des Libertés sera terminée, une grande salle, aménagée dans les anciens greniers de ce bâtiment de la première moitié du 18e siècle, pourra, elle aussi, accueillir nombre de manifestations. La Ville de Jodoigne peut compter sur le dynamisme de son Centre Culturel pour rentabiliser au mieux ces deux « outils » exceptionnels.


Nous sommes personnellement convaincus que le développement de nouvelles initiatives autour de la thématique de la pierre de Gobertange, en général, constituerait un plus pour Jodoigne. Depuis une dizaine d’années, notamment grâce au travail de la Maison du Tourisme de la Hesbaye brabançonne et la mise en place de plusieurs circuits promenade, le nombre de visiteurs de la cité de la Gadale ne cesse de croître mais, reconnaissons-le, encore dans des proportions très limitées. Déjà à l’heure actuelle, parmi les circuits les plus prisés par les groupes désireux de découvrir la capitale de la Hesbaye brabançonne, celui combinant la visite du centre de Jodoigne avec celle des villages de Mélin et de Saint-Remy-Geest occupe la première place. L’emploi de la pierre de Gobertange, tant dans le contexte urbain que rural, ne laisse pas indifférent. Rappelons, une fois de plus, que depuis le 19e siècle elle est aussi omniprésente au cœur de Bruxelles et de sa Grand-Place, tout comme, depuis le Moyen Âge, dans un nombre incroyable d’édifices au passé prestigieux des villes de Tirlemont, Diest, Louvain, etc. Voila bien de quoi alimenter l’imaginaire et pousser plus d’un touriste à visiter Jodoigne !


Conférence le lundi 4 novembre


La petite asbl La Gobertange ne soulèvera pas des montagnes à elle seule, mais elle compte bien nourrir la réflexion. C’est dans cet esprit que le lundi 4 novembre prochain, à 19h30, j’aurai le plaisir de donner une conférence en la Chapelle Notre-Dame Marché (La « pierre de Gobertange, de la Grand-Place de Jodoigne à la Grand-Place de Bruxelles), conférence qui me permettra d’évoquer l’histoire de l’emploi de notre pierre blanche dans quelques-uns des édifices patrimoniaux belges les plus prestigieux. Etant donné le nombre de places disponibles dans la chapelle, nous demandons à toutes les personnes intéressées de signaler au plus vite leur participation en me contactant par les canaux habituels (joseph.tordoir@gmail.com ou 0499.96.91.89). Entrée gratuite bien évidemment. Au plaisir donc d’éventuellement vous y rencontrer !



Opprebais : la Ferme de Wez, écrin pour les artistes, les 5 et 6 octobre !

publiée le 17 septembre 2019


Les samedi 5 et dimanche 6 octobre prochains, la Commune d’Incourt organise son premier « parcours d’artistes » (programme détaillé sur facebook Commune d’Incourt). Une occasion de découvrir les talents, parfois discrets ou cachés, d’un grand nombre d’Incourtois(e)s que beaucoup d’entre vous ne manqueront pas, du moins nous l’espérons ! D’autant plus que la formule adoptée vous permettra également d’accéder à quelques éléments patrimoniaux exceptionnels de l’entité d’Incourt : églises (Incourt et Sart-Risbart), chapelle (Opprebais), mais aussi grandes fermes. A cette catégorie appartiennent incontestablement la Grande Risbart, sous Sart-Risbart, ancienne dépendance de l’abbaye de Villers entièrement restaurée, et la Ferme de Wez, sous Opprebais, beaucoup moins connue du grand public.


La Ferme de Wez
Cette ferme imposante, reconstruite au XVIIIe siècle, a une très longue histoire. Au XVIe siècle, elle constituait un fief relevant directement de la seigneurie d’Opprebais, tirant probablement son origine d’un démembrement familial de cette même seigneurie. Durant une bonne partie des 2 siècles suivants, elle avait figuré parmi les propriétés de la famille de Merode-Westerloo. En 1773, elle était entrée dans le patrimoine de Jean-François-Guillaume, comte de Salm-Reifferscheid-Dyck mais celui-ci, dès l’année suivante, l’avait aliénée au bénéfice de son exploitant de l’époque Joseph Danhé. Cette famille de « chanceux » fermiers, disposant de moyens financiers importants, était restée maître des lieux jusqu’en 1811. Cette année-là, la « cense de Wez, consistant en maison, jardin, verger, grange, écuries, bergerie et autres bâtiments, avec quatre vingt dix huit bonniers de terre, pré et bois, en soixante onze parties » (…) avait été vendue à Marie-Victoire Du Corron de l’Esclatière (1768-1814), originaire d’Ath, veuve de l’avocat François-Jean Tons, anobli en 1779 par l’Impératrice Marie-Thérèse, dernier seigneur d’Incourt sous l’Ancien Régime, d’où le patronyme « Tons d’Incourt ». Suite à différentes successions familiales, la Ferme de Wez était finalement entrée, dans le patrimoine des héritiers de sa fille Victoire-Clotilde Tons d’Incourt, décédée en 1854, veuve en premières noces d’Albert-François marquis du Chasteler de Moulbaix et épouse, en secondes, d’Edouard comte Cossée de Maulde. Devenue l’apanage du « volumineux » marquis Oswald du Chasteler de Moulbaix (1822-1865) (sa photo illustre cet article), époux de Louise de Marnix, propriétaire de l’impressionnant château de Moulbais, près d’Ath, la ferme, en 1890, fut officiellement attribuée à sa fille célibataire à savoir la marquise Marie-Caroline du Chasteler (1859-1936). Celle-ci possédait désormais 107 hectares de biens sis sous Glimes, Opprebais, Incourt et Longueville. Ce ne fut que treize années après son décès, donc en 1949, que son héritier, le comte Conrad d’Ursel se sépara des bâtiments de la ferme et de 25 hectares de terre, au bénéfice de son fermier Antoine Hanset, d’Opprebais. Ce fut aux héritiers du couple Hanset-Detienne, que la famille Rigo, propriétaire actuelle des lieux, racheta finalement le site il y a quelques dizaines d’années.


Superbement restaurée, la Ferme de Wez dispose notamment d’une grange qui abritera quelques artistes les 5 et 6 octobre prochains. Une occasion d’écouter ce que les murs auront certainement envies de vous raconter. A vous de poser les bonnes questions ! Tous nos artistes vous attendent avec impatience !


Ma maison ! Quelle est son histoire ? Soirée informative

publiée le 03 septembre 2019


Durant l’été 2018, plusieurs centaines de photos, prises autour de l’année 1950, d’habitations situées dans le ressort des cantons de Jodoigne, de Perwez et de Wavre, ont été publiées sur mon profil facebook (Tordoir Joseph). Elles sont encore accessibles aujourd’hui. Cette initiative a suscité un engouement relativement exceptionnel et a témoigné de l’intérêt bien naturel que l’on peut accorder à l’histoire de sa maison. A l’époque, j’ai été littéralement submergé de questions. « Quand ma maison a-t-elle été construite ? Comment le savoir ? Avez-vous des plans ? Connaissez-vous les anciens propriétaires, etc., etc. ».


En fait, tout un chacun peut aujourd’hui retrouver des informations de ce type et retracer l’histoire de sa maison. Il suffit de connaître certaines archives et de se familiariser avec elles. Elles sont souvent libres d’accès et ne demandent qu’à être consultées. Le dépôt des Archives de l’Etat installé depuis quelques années sur le site de Louvain-la-Neuve conserve une quantité impressionnante de documents susceptibles d’apporter des réponses à des tas de questions ! Il est accessible gratuitement et n’attend que votre visite. Mais il faut franchir le pas ! A cette fin, nous proposons une soirée studieuse et instructive ouverte à celles et ceux qui désirent se lancer dans la recherche du passé de leur maison ou de leur quartier. Durant cette soirée, je me ferai un plaisir, à partir d’exemples concrets, de vous présenter les principaux fonds d’archives qui doivent être consultés. Chercher au bon endroit, le bon type de sources, vous permettra de gagner des heures sinon des jours de recherche !


Je me propose d’organiser cette soirée, sous le patronage de l’asbl Cultura Nostra d’Incourt, et du Cercle d’’Histoire, d’Archéologie et de Généalogie de Wavre et du Brabant wallon, le vendredi 13 septembre prochain, à 19h30, en la salle communale d’Incourt, rue de la Liberté, à Incourt-village...


Accès libre évidemment mais pour la bonne organisation de l’activité, nous vous demandons de bien vouloir signaler votre participation au 0499.96.91.89 ou sur mon adresse courriel : joseph.tordoir@gmail.com. Nous espérons que cette initiative répondra aux souhaits de beaucoup d’entre-vous !


NB : l’édition 2019 de la Marche des Chouans se déroulera le samedi 23 novembre, en soirée. Qu’on se le dise !


Jodoigne, la pierre de Gobertange mise à l’honneur !

publiée le 16 juillet 2019


Le livre sur l’histoire de l’exploitation et de la mise en œuvre de la pierre blanche de Gobertange, dont nous évoquions la réédition éminente, a été livré la semaine dernière à l’ASBL La Gobertange. Une « brique »… ou plus exactement une « pierre » de plus de 400 pages « taillée » en l’honneur d’un matériau qui caractérise le bâti rural et urbain de la région de Jodoigne ! Un ouvrage de référence digne de figurer dans toutes les bibliothèques des amoureux du patrimoine de la Hesbaye brabançonne.


Depuis l’époque romaine…
Il y a aujourd’hui environ 2000 ans que le calcaire gréseux de Gobertange est exploité et mis en œuvre. Ce furent en effet les Romains qui introduisirent chez nous l’usage de la pierre dans l’élévation des constructions. Extraite, à l’origine, du sous-sol du hameau de Mélin qui lui a donné son nom, cette pierre blanche se trouve aussi dans le sous-sol des villages de Saint-Remy-Geest et de Lathuy, tout comme dans celui du hameau de Hussompont, sur les hauteurs de Jodoigne. C’est en ce même lieu qu’est localisée la dernière carrière en exploitation, celle de la famille Bernard ; une carrière à ciel ouvert comme il en exista au Moyen Âge, mais beaucoup plus profonde que celles de cette époque. Durant plusieurs siècles, la pierre avait ensuite été extraite du sous-sol grâce au creusement de puits et de galeries souterraines rayonnant dans les entrailles de cette partie légèrement vallonnée de la Hesbaye brabançonne. Au fil des siècles, des dizaines et des dizaines de ces puits furent creusés et exploités, mais la « géographie » du sous-sol de cette région très prisée reste totalement inconnue. En période de sécheresse, certains de ces puits, remblayés à la fin de leur exploitation, sont parfois localisables dans le terroir agricole.


Un véritable gruyère…
De manière imagée, nous pouvons avancer que le sous-sol du hameau de Gobertange s’apparente sans doute à une sorte de gruyère truffé d’anciennes galeries. Visuellement, le terroir local n’a cependant guère gardé de stigmates de cette longue période d’exploitation. Notamment parce que jusqu’au milieu du 19e siècle tout maître de carrières, en Belgique, avait été tenu de « reboucher » indistinctement puits et carrières à ciel ouvert à la fin de leur exploitation. En Hesbaye brabançonne la chose pouvait se justifier par la richesse du sol. Pendant plusieurs siècles, à Mélin et dans les villages voisins, sol et sous-sol d’une même parcelle avaient été exploités parallèlement ce qui avait tout naturellement constitué un frein au développement de carrières à ciel ouvert, d’autant plus que les carriers ne pouvaient pas, dans le cadre de leur travail, dépasser les limites cadastrales de leur parcelle.


En souscription jusqu’au 1er août
Ce volume dont nous venons d’évoquer la parution peut être obtenu, en souscription, par le biais d’un versement de 30 € (au lieu de 38) sur le compte BE86 7320 0101 8450 de l’ASBL La Gobertange et ce jusqu’au 1er août 2019. Les souscripteurs seront évidemment invités à sa présentation qui interviendra durant le mois d’août. L’ouvrage sera ensuite disponible en librairie. Nous sommes vraiment très heureux d’avoir pu mener à bien ce projet de réédition avec le soutien de la Province du Brabant wallon, de la Ville de Jodoigne, de la société Pierrot Bernard et fils, et de quelques amoureux de vieilles pierres. Vraiment à ne pas manquer !


Jodoigne, et sa Grand-Place… blanche de pierres !

publiée le 02 juillet 2019


C’est en septembre que devraient recommencer les travaux de restauration et de rénovation de l’ancien Hôtel de Ville de Jodoigne, connu aujourd’hui sous le nom d’Hôtel des Libertés, sis sur la Grand-Place de la « capitale » de la Hesbaye brabançonne. Bonne nouvelle pour les amoureux du patrimoine et tout simplement pour toutes les personnes qui fréquentent le centre-ville. Même avec beaucoup de bonne volonté, il est difficile d’imaginer une fin de chantier avant 2020-2021.


Un édifice du 18e siècle
Nous avons déjà évoqué quelques aspects de l’histoire de ce beau bâtiment dans une de nos toutes premières chroniques. Le « malheur » a parfois du bon ! Si un incendie, survenu en avril 1710, n’avait pas réduit l’ancien Hôtel de ville en cendres, tout comme plusieurs habitations voisines, la Grand-Place de Jodoigne ne disposerait sans doute pas de ce bel édifice. Celui-ci, plus vaste que son prédécesseur, mais néanmoins construit en partie sur ses bases, ne vit cependant sa construction entamée qu’une vingtaine d’année plus tard. On s’activa ensuite sur le site pendant plus d’une décennie ! Une taxe spéciale, levée sur tous les tonneaux de bière transitant par la ville, et un emprunt important contracté auprès du seigneur de la terre de Mélin, furent nécessaires pour arriver à financer le projet lancé avec l’accord du comte Romrée, seigneur de la terre de Jodoigne depuis l’année 1729.


Une façade en pierre blanche de Gobertange
Ce fut la pierre de Gobertange, déjà très présente dans les bâtiments élevés sur la Grand-Place, qui fut employée pour l’élévation de la façade principale du nouvel édifice construit sur les plans de l’architecte Jan Verhuyck, de Malines (et non Jan Verreucken de Louvain, suite à une erreur de lecture). Cette composante du bâtiment, comme en témoignent des pièces comptables, fut réalisée entre les mois de mai et de décembre de l’année 1733. Trois maîtres de carrière de Gobertange avaient obtenu l’entreprise de la fourniture des pierres de taille destinées à être utilisées principalement sous forme de parement. Les pierres qui nécessitaient le plus de travail étaient manifestement façonnées à Gobertange où le plan de la façade de la nouvelle « maison de ville » était mis à la disposition des maîtres tailleurs.


Un plan inédit !
Jusqu’il y a peu, ce plan était considéré comme perdu, puisque ne figurant pas dans les volumineuses archives anciennes de la Ville confiées aux Archives de l’Etat. Il fallait en fait chercher ailleurs ! Un différend survenu entre les principaux acteurs de la reconstruction de l’édifice avait débouché sur ce que nous appellerions aujourd’hui une sorte de procédure judiciaire qui avait finalement nécessité un accord des parties sur le plan du bâtiment. Par chance, cet accord est encore consigné aujourd’hui dans les archives d’une institution bruxelloise du 18e siècle. Dans le contexte actuel, nous avons décidé de publier ce plan resté « inédit » jusqu’ici, dans la 2e édition – complétée et actualisée – de la monographie « La Pierre de Gobertange », volume de plus de 400 pages actuellement à l’impression, dans lequel l’histoire des principaux bâtiments de la Grand-Place est évoquée. Les lecteurs du Chouette Magazine intéressés par ce volume peuvent évidemment prendre contact avec moi par courriel – joseph.tordoir@gmail.com – ou par téléphone – 0499.96.91.89. Après sa présentation officielle, il sera vendu 38 € au bénéfice de l’ASBL La Gobertange et il peut actuellement encore être réservé au prix de 30 €. Un ouvrage de référence pour le patrimoine de la Hesbaye brabançonne.


En Hesbaye brabançonne, lorsque la vigne décorait les côteaux de la Gèthe !

publiée le 18 juin 2019


En divers endroits de la Hesbaye brabançonne, notamment sous Thorembais-les-Béguines (Mellemont) et Piétrebais, quelques agriculteurs et particuliers ont décidé, ces dernières années, de renouer avec un volet ancestral de notre économie rurale, à savoir la culture de la vigne, une activité disparue de nos campagnes depuis la fin du 18e siècle. Un passé sans doute surprenant pour beaucoup parmi les lecteurs de cette modeste chronique, et cependant…


La Gèthe viticole !
Le vin était nécessaire à la célébration de l’eucharistie et la règle de Saint Augustin, édictée au 6e siècle, autorisait déjà les religieux à boire du vin le samedi et le dimanche. Evêques et moines plantèrent des vignes à proximité de leurs églises et de leurs abbayes et ce fut aussi le cas chez nous. A l’époque de leur suppression (1796), les abbayes d’Heylissem et de Villers possédaient encore leur propre vignoble aménagé aux abords immédiats de leurs bâtiments claustraux. De son côté, l’abbaye de La Ramée avait acquis, dès la fin du 14e siècle, un vignoble couvrant un demi bonnier (environ 50 ares) sis sous Saint-Remy-Geest, vignoble dont elle tirait encore des revenus deux siècles plus tard. Cette abbaye cistercienne n’était pas la seule institution ecclésiastique à s’être intéressée à ce terroir et aux coteaux de la Géthe. L’abbaye de Saint-Laurent de Liège avait notamment fait de même. La chose est en grande partie oubliée, mais incontestable, au 16e siècle, le vin produit à Hoegaarden était le seul « vin du pays » capable de concurrencer les vins français dans les auberges des villes brabançonnes. A la fin dudit siècle, cette enclave liégeoise en terre brabançonne, comptait non seulement des brasseurs, mais aussi 72 viticulteurs dont les vignobles décoraient les coteaux les mieux exposés de la Gèthe, y compris ceux de Saint-Remy-Geest et de Sainte-Marie-Geest. Un peu partout, dans le terroir local, des lieux-dits « Aux vignes » témoignent de ce riche passé.


La mort progressive du secteur…
A partir du 17e siècle, le développement progressif de la grande culture céréalière, devenue beaucoup plus rentable, ne laissa aucune chance au secteur viticole, notamment en Hesbaye brabançonne. Progressivement les vignes furent donc remplacées par des céréales. Depuis le 15e siècle, le secteur avait déjà dû faire face, d’une part à la mise en place d’une politique fiscale frappant la production et la consommation du vin, d’autre part tenir compte du développement des échanges commerciaux à l’échelle européenne et de l’arrivée massive sur le marché de vins français et rhénans. Les variations climatiques (refroidissement des températures) enregistrées à partir de la fin du 16e siècle avaient de plus manifestement débouché sur une baisse des rendements. A cela était aussi venu s’ajouter la concurrence de la bière, breuvage rafraîchissant qui se conservait désormais nettement mieux grâce l’emploi du houblon dans le cadre de sa fabrication (15e siècle). La production de la bière s’avérait aussi être moins coûteuse et son prix de vente était donc très concurrentiel par rapport à celui des productions viticoles locales et régionales. Et donc, ce qui devait arriver, arriva ! Les viticulteurs abandonnèrent progressivement leurs activités. Des vignobles importants, exploités depuis le 13e siècle, étaient encore signalés à Louvain et les villages alentours à la fin du 17e siècle, tout comme à Tirlemont, à Hoegaarden et dans les villages voisins, mais le secteur tirait ses « dernières barriques ».


Un verre de vin par jour…
Arrivé au terme de cette chronique, nous nous permettons de vous rappeler que plusieurs « bars à vins » existent dans le cœur de Jodoigne (notamment sur la Grand Place ainsi que dans la rue Saint-Médard) et qu’une petite balade patrimoniale et touristique dans le centre-ville peut sans problème être agrémentée d’une bonne dégustation ! Je lève déjà mon verre à votre santé !


Heylissem, le sarcophage de l’abbé Albert

publiée le 04 juin 2019


Belle (re)découverte sur l’ancien site abbatial d’Heylissem que celle du sarcophage de l’abbé Albert, à savoir, en principe, celui du 3e abbé de cette institution norbertine. Sur les dires de Jules Tarlier et d’Alphonse Wauters, auteurs, durant la seconde moitié du 18e siècle, d’une notice historique sur cette abbaye, nous l’avions nous même considéré comme « perdu ». Durant l’été 2018, des archéologues de la Région wallonne l’ont retrouvé sur le site même de l’ancienne abbaye, à savoir l’actuel domaine provincial d’Hélécine.


Une découverte fortuite
En 1782, alors que l’on travaille depuis déjà 14 ans à la reconstruction complète de l’abbaye d’Heylissem sur les plans du célèbre architecte Laurent-Benoît Dewez, des maçons employés à des travaux de fondation découvrent fortuitement un « sépulcre » contenant encore des restes humains. On parle à l’époque d’un « sépulcre » formé de « pierres grises » présentant une inscription laissant penser qu’il s’agit de celui de l’abbé A. (pour Albert), théoriquement mort en 1199. Ne pouvant être laissé à l’endroit de sa découverte, il est malmené tout comme d’ailleurs les restes de l’auguste défunt. Quelques notes manuscrites conservées dans les archives de l’ancienne communauté religieuse évoquent même la dispersion et la perte définitive de ceux-ci. Sur la base de ces informations Jules Tarlier et Alphonse Wauters considèrent comme acquis le principe de la disparation du tout, « sépulcre » et restes du défunt.


Une (re)découverte inespérée
Eté 2018, alors que des archéologues de la Région wallonne s’activent aux abords des fondations de l’ancien chœur de l’église abbatiale, ceux-ci mettent au jour un espace cavé n’étant autre qu’une crypte funéraire aménagée au 18e siècle sous la galerie de l’ancien cloître autrefois occupé par les chanoines prémontrés ; cloître ayant totalement disparu au 19e siècle. C’est dans cet espace que l’équipe de scientifique rencontre un sarcophage bien antérieur au 18e siècle, réalisé dans un calcaire tendre de couleur claire provenant du Barrois (France). La même inscription que celle signalée en 1782 est gravée à l’intérieur du sarcophage. Tout laisse à penser qu’à l’époque, le « sépulcre » fortuitement découvert avait donc finalement été déménagés dans cette nouvelle crypte, mais seulement une partie des os de « l’occupant » avaient été conservés accréditant quelque peu la version des historiens du 19e siècle. Il s’agit très clairement d’un sarcophage de « récupération ». Sa cuve monolithe de forme trapézoïdale permet de la dater du 7e ou du 8e siècle ! Quatre à cinq siècle après sa première utilisation, il avait donc connu une nouvelle destination ! Une façon de faire assez répandue à l’époque. Impossible malheureusement, au stade actuel, de connaître son lieu d’enfouissement avant celui de la fin du 12e siècle. Mais «l’objet » reste évidemment tout à fait exceptionnel !


La Province du Brabant wallon et les gestionnaires du Domaine provincial d’Hélécine espèrent pouvoir un jour tirer un profit touristique de cette superbe (re)découverte.


De nouvelles journées gallo-romaines au pied du tumulus de Glimes

publiée le 21 mai 2019


Si vous passez dans ou aux abords du village de Glimes le week-end des 25 et 26 mai, attendez-vous à être dépaysés ! Vous risquez en effet de croiser un légionnaire romain, un guerrier gaulois, un gladiateur venu des rivages de la méditerranée, des artisans, des courtisanes, en gros un joli petit monde ! Mais le tumulus de Glimes en a vu d’autres depuis son élévation durant les premières décennies du 2e siècle de l’Ere chrétienne ! Il abritait les cendres d’une figure gallo-romaine, de l’époque des Tongres. Durant ce week-end tout sera mis en œuvre pour rappeler aux uns et aux autres les grandes lignes de cette époque.


Comme chaque année, le samedi et le dimanche (voir le programme publié parallèlement), le site accueillera des combats de gladiateurs. Le dimanche, vers 20 h, deux figures locales Joseph Tordoir, alias Tordoirus et Benoît Malevé, alias Malevix) prendront une part aux jeux du cirque et s’affronteront durant quelques minutes avant de laisser la place aux professionnels ! Un moment à certainement ne pas manquer ! Les paris sont ouverts et tenus pas le « laniste » (lire propriétaire de gladiateurs) Léon Walry, alias Leonidès ! Il est vrai que le samedi 25, la journée sera encore plus « bon enfant » que d’habitude puisqu’à l’occasion du passage dans Incourt de la tournée « Scène de village » plusieurs animations ludiques et culturelles seront organisées en plus pour le public ! Une bonne raison de se rendre sur les lieux ! D’autant plus que cette année, tant le samedi que le dimanche, les archers de la troupe Romae Sagittarii procéderont à de multiples séances de démonstration et d’initiation à l’archerie romaine ! Rassurez-vous, nous ne cherchons pas des cibles mouvantes, enfin, par encore ! Plusieurs séances seront spécialement organisées pour les enfants qui rejoindront le site dont l’accès, pour rappel, sera entièrement libre durant tout le week-end (samedi, de 14 h à 23 h – dimanche, de 10 h à 18 h). La journée du samedi s’achèvera sur la traditionnelle cérémonie funéraire et l’embrassement du bûcher élevé au pied du tumulus…


Donc beaucoup de nouveautés et d’animations sur le site du tumulus de Glimes samedi et dimanche prochain ! Vous y êtes les bienvenu(e)s en famille. De quoi alimenter les mémoires pour plusieurs années ! Vous aurez compris qu’en raison du combat programmé le samedi soir, cette chronique risque la dernière de la centaine que le Chouette Magazine a eu l’occasion de publier depuis 2013 ! Mais il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué !


Lumay, l'assassinat impuni d'une religieuse (mars 1842)

publiée le 07 mai 2019


Le 22 décembre 1838, une école primaire privée pour filles avait ouvert ses portes à Lumay, dans le ressort de la commune de Zétrud-Lumay qui appartenait à l’époque à l’arrondissement de Louvain. Les sœurs Marie et Louise d’Astier, châtelaines du village, avaient été à l’origine de cet établissement dont elles avaient confié la direction à deux sœurs de la Providence de Champion. Durant l’année 1839, 71 filles avaient fréquenté cette école qui paraissait destinée à connaître une longue existence. Il en fut tout autrement puisqu’elle ferma apparemment ses portes à la fin de l’année scolaire 1842-1843.


Le récit d’un meurtre crapuleux
En mars 1842, l’école de Lumay était confiée à deux religieuses, l’une étant connue sous le nom de Sœur Henriette. Celle-ci, née Henriette Ulens à Overwinden, était pour lors âgée de 21 ans. Le 9 mars 1842, à la sixième heure du jour, elle avait pris congé de sa supérieure pour une raison impérieuse. Elle devait en effet assister aux funérailles de son père, organisée ce même jour dans son village natal. Elle avait environ deux lieues à parcourir et n’avait emmené avec elle que le strict nécessaire : un panier en osier, un parapluie et 2 livres religieux. Ayant pris la direction de Piétrain, alors qu’elle cheminait dans la partie la plus encaissée du chemin de la Justice, elle avait été violemment agressée. Blessée à douze reprises tant par la lame d’un couteau, que par les dents d’une fourche, elle avait été laissée pour morte. Deux heures plus tard, des habitants du village avaient découvert le corps… toujours en vie et ramené Sœur Henriette à l’école de Lumay. L’agonie de la religieuse avait duré 20 jours ! Différentes opérations chirurgicales réalisées par 3 médecins de Tirlemont n’avaient pu empêcher l’issue fatale ; juste la retarder.


Acquittement en cour d’Assises !
Qui avait bien pu s’en prendre avec une telle violence à cette jeune religieuse ? Alors qu’elle n’avait pas encore repris connaissance, les soupçons s’étaient portés sur un certain Ferdinand Lebrun, un jeune homme qui avait travaillé dans la ferme de la famille Ulens. Follement amoureux de la jeune Henriette, il avait accueilli avec colère son entrée dans les ordres. En mars 1842, il travaillait à Noduwez, à la ferme Noé, mais disposait d’un alibi. Quelques jours après son agression, Sœur Henriette, sortie du coma, avait officiellement accusé un certain Mathieu-Louis Hellin, un colporteur, marchand de poissons salés, âgé d’une soixantaine d’années, natif de Waremme et habitant Neerheylissem. Le motif de l’agression avait été le vol. Coffré dès le 17 mars, Helin avait séjourné plusieurs mois dans la prison de Louvain avant d’être jugé en cour d’Assises et… d’être acquitté. En dehors de l’accusation portée par la désormais défunte Sœur Henriette rien n’avait permis de confondre le vieux colporteur. Les empreintes de chaussures relevées sur les lieux du crime ne correspondaient pas à celles laissées par les siennes. Sa fourche ne présentait pas non plus les caractéristiques de celle qui avait blessé Sœur Henriette. Son sarrau était tâché de sang, mais à qui appartenait-il ? Moralité, l’avocat de la défense avait parfaitement joué son rôle et avait réussi à faire naître le doute dans l’esprit des jurés.


Que le triste sort de Sœur Henriette ne vous empêche pas de sillonner nos belles campagnes et de flâner dans nos chemins creux ! En effet, ceux-ci ne manquent pas en Hesbaye brabançonne et, pour rappel, les itinéraires de nos circuits promenades sont disponibles gratuitement dans les locaux de la Maison du Tourisme (Château Pastur, Jodoigne). Sœur Vanessa Deblire vous y accueillera !


Le trésor romain de Sart-Mélin !

publiée le 23 avril 2019


La découverte d’un trésor ! Quoi de plus fantasmagorique ? Le rêve d’un grand nombre… mais probablement pas celui du fermier Jules Morimont, l’exploitant de la ferme de la Converterie, sous Sart-Mélin. Ce 24 mars 1900, ce qui l’intéressait avant tout, c’était le labourage de ses champs, la bonne préparation de la récolte à venir dans ces grandes plaines agricoles toujours prêtes à récompenser le fermier entreprenant. Ce jour-là, on enfonça le choc de la charrue un plus profondément que d’habitude, à 25 centimètres sous le niveau du sol. Tout à coup, un obstacle, une résistance, et puis une surprise. La présence d’un vase en terre cuite rouge sur le tracé de la charrue. La rencontre avait été fatale pour l’intégrité de l’antique poterie. Il fallait l’extraire du sol pour en être définitivement débarrassé. Mais, ô surprise ! Son dernier propriétaire l’avait remplie de pièces de monnaie, exactement 250 ! Les économies d’un lointain prédécesseur de Jules Morimont ! Plus exactement d’un gallo-romain !


Un très ancien terroir
Dès avant l’année 1228, soit à peine une dizaine d’années après son installation sous Jauchelette, l’abbaye cistercienne de La Ramée jouissait déjà de différents droits sur l’église de Mélin. L’institution placée sous la protection des puissants seigneurs de Jauche avait également acquis des biens immobiliers dans le ressort de cette paroisse, essentiellement au hameau appelé aujourd’hui Sart-Mélin. L’institution cistercienne n’avait évidemment pas été étrangère à la modification de ce terroir qui de sylvicole à l’origine allait devenir essentiellement agricole. Jusqu’à l’époque de sa suppression par les autorités républicaines françaises, en 1796, l’abbaye de La Ramée y avait d’ailleurs possédé une grande ferme, la ferme de Converterie, parfois appelée la ferme de la Couverterie. En 1900, Jules Morimont, exploite donc un très vieil héritage. Une ancienne ferme abbatiale dont les dépendances n’avaient pas été disloquées et, parmi celles-ci, la parcelle 136a de la section cadastrale E de la Commune de Mélin, couvrant à elle seule plus de 4 ha… à savoir la parcelle du trésor !


Un contemporain de l’empereur Caracalla !
Le dernier propriétaire du vase enfoui mis si fortuitement au jour avait manifestement vécu dans les parages durant les premières décennies du 3e siècle de notre ère. Soigneusement examinées par les membres de la Société d’Archéologie de Bruxelles les 250 pièces de monnaie, essentiellement faites de bronze ou d’argent, en témoignaient clairement. Les plus anciennes avaient été frappées sous le règne de l’empereur Vespasien (69-79), les plus « modernes » sous celui de l’empereur Caracalla (198-217). Selon toute vraisemblance, ces « économies » avaient voulu être soustraites à l’appétit féroce des acteurs de ce qu’on appelle encore aujourd’hui « les invasions germaniques ». Le « placement » avait été confié à la terre et l’épargnant n’avait manifestement jamais réclamé ses avoirs ! Sans doute était-il tombé sous les coups des pillards. Grâce à lui Morimont pouvait désormais se familiariser aux traits de Vespasien, de Donitien, de Trajan, d’Hadrien, de Marc Aurèle, de Lucius Verus, de Commode et de son épouse Crispine, de Septime-Sévère… j’en passe et des meilleurs ! Mais en bon fermier, il avait sans doute autre chose à faire !


En tout cas, une bonne partie de ces pièces de monnaies avaient circulé dans la région de Jodoigne à l’époque de la construction du tumulus gallo-romain de Glimes, souvenir des pratiques funéraires des Tongres érigé durant les premières décennies du 2e siècle de notre ère ! Cette année, c’est durant le week-end des 25 et 26 mai – celui des élections ! – que ce site antique revivra à l’heure gallo-romaine comme c’est le cas depuis quelques années, avec l’aide de la Province du Brabant wallon et de la Commune d’Incourt ! Bienvenue à tous ! Et pas besoin de venir avec beaucoup de monnaies… sauf des romaines bien sûr !


Incourt, un bâtiment va bientôt connaître une nouvelle vie !

publiée le 09 avril 2019


Durant ce mois d’avril 2019 débuteront les travaux de restauration d’un bâtiment sis au cœur du village d’Incourt, à proximité du centre administratif communal. L’ancienne « école des filles » va en effet reprendre des couleurs. Une vraie cure de jouvence. Ces travaux, réalisés par la Commune d’Incourt, seront menés à bien grâce à des subsides conséquents de la Région Wallonne et de la Province du Brabant wallon. Un chantier qui devrait rester ouvert pendant une bonne année et notamment déboucher sur l’inauguration d’un nouveau « Centre d’interprétation du patrimoine et de la ruralité en Hesbaye brabançonne ».


Un des premiers plans de l’architecte provincial Emile Coulon
Ce vaste bâtiment fut inauguré à la veille de la rentrée scolaire 1858-1859. Il était destiné à remplacer une école établie au hameau de Longpré, fréquentée par les garçons des villages d’Incourt, d’Opprebais et de Roux-Miroir. La première loi organique de l’Enseignement Primaire, votée en 1842, préconisait en effet l’existence d’une école primaire dans chaque commune, établie dans des locaux convenables. A Incourt, la nouvelle infrastructure était destinée à accueillir l’école primaire communale destinée aux garçons du village et l’école primaire adoptée fréquentée, elle, par les filles et dirigées par des soeurs de l’ordre de Saint-Vincent de Paul disposant d’un siège à Louvain. Le principe de sa construction avait été voté en 1855. Deux habitations, disposant d’accès distincts, étaient adossées aux deux salles de classes et réservées au logement du personnel enseignant. L’architecte provincial Emile Coulon, récemment nommé (1854) avait été chargé de la réalisation des plans. Le bâtiment affichait un style néo-classique qui allait caractériser la plus grande partie de ses réalisations. Les pierres blanches employées sur le chantier avaient été fournies par la veuve Desneux, de Gobertange, dont le défunt époux avait notamment décroché le marché de la restauration de la flèche de l’hôtel de ville de Bruxelles. Les travaux réalisés avaient finalement coûté un peu plus de 15.000 francs à la Commune d’Incourt, mais celle-ci avait bénéficié d’un subside de l’Etat qui avait couvert environ la moitié de cette dépense. Détail important, quelques locaux avaient été réservés à l’usage du secrétariat communal. L’école était donc aussi en partie devenue la maison communale.


L’école des filles ?
A la veille de la rentrée scolaire 1911-1912 s’étaient achevés les travaux de construction d’une nouvelle école communale destinée à accueillir les garçons, structure bâtie dans l’actuelle rue de la Liberté. D’où l’appellation « école des filles » attribuée désormais à la première implantation scolaire et ce malgré la présence d’une école gardienne dans les mêmes locaux. En bisbrouille avec un conseil communal libéral homogène - dirigé par le bourgmestre Alphonse Paye et son échevin de l’Instruction Publique Adolphe Lorge – les religieuses enseignantes avaient définitivement abandonné leurs fonctions à la rentrée 1922-1923. Près de 40 années plus tard, durant l’été 1960, il avait été décidé de substituer aux écoles existantes une école communale mixte, à deux classes, et d’implanter ces deux classes dans la désormais ancienne « école des filles ». A dater de l’année 1968, l’école n’avait plus comporté qu’une seule classe primaire. Le site connut une affection scolaire jusqu’en septembre 1999. On aura compris que l’appellation « école des filles » est donc très réductrice ! D’autant plus qu’en 1977, on avait officiellement décidé de loger le curé de la paroisse Saint-Pierre dans une partie du bâtiment ! Situation qui avait perduré pendant une vingtaine d’années.


Cela dit, nous attendons avec impatience tant le début que la fin des travaux de restauration de ce bâtiment qui aura très certainement un rôle à jouer, à l’avenir, dans le cadre de la promotion touristique de notre belle région.


Piétremeau, la « Ferme du Bon Dieu » !

publiée le 19 mars 2019


Piétremeau est un hameau du village de Piétrain qui s’est développé aux abords du chemin reliant celui-ci au village d’Opheylissem. Quelques habitations anciennes y subsistent dont une ferme appelée la « Ferme du Bon Dieu », au n°197 de la bien nommée rue Longue. Le très bel encadrement en pierre de Gobertange de la porte d’entrée de son corps de logis est millésimé de l’année 1751. Depuis 1816, soit un peu plus de deux siècles, elle figure dans le patrimoine d’une branche de la famille Tordoir.


Le « Bon Dieu » ?
Cette petite ferme, qui a conservé son corps de logis originel, doit son appellation à un de ses anciens propriétaires, à savoir Justinien Tordoir, né à Piétrain en 1855 et y décédé en 1928, époux de Marie-Thérèse Fontaine. Un amateur de « bon dieuseries » ? Un « pilier d’église » ? Un intime du curé de la paroisse, un certain Malevé ? Pas vraiment. Ledit Justinien, fermier de son métier, est en fait le bourgmestre libéral de la commune lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale. Il gère la barque locale avec efficacité et sa générosité devient « légendaire ». Nombre de familles démunies arrivent à traverser cette époque difficile grâce à lui ; et le voila devenu un vrai « Bon Dieu » pour plus d’un ! Un siècle plus tard la « Ferme du Bon Dieu » parle encore aux plus vieux habitants du village.


Les racines anticléricales du « Bon Dieu » !
Quand, en octobre 1816, le cultivateur Henri Tordoir (Piétrain 1779 – 1866), dit le Petit – pour le différencier de 2 homonymes -, avait acheté à la famille Dandoy-Delande une « maison bâtie en briques, avec granges, écuries, étables, bâtiments, cour, jardin, closière et verger y tenant », celle-ci ne portait encore aucun nom. Le nouveau propriétaire et sa famille avaient vécu sur place à dater du mois d’avril 1817. C’était François Tordoir (Piétrain 1818 – 1895), un des fils d’Henri, qui, à la suite de différentes transactions familiales intervenues entre les années 1854 et 1862, était finalement devenu le propriétaire des lieux. En 1855, son épouse, née Julie Marcelle (Piétrain 1829 – 1904), lui avait donné un fils, à savoir le futur « Bon Dieu ». Difficile d’imaginer, au milieu du 19e siècle, qu’un tel surnom serait un jour attribué à un membre de cette famille. Maximilien Tordoir (1811-1865), un des fils d’Henri et donc un des frères dudit François, avait été un des rares et un des tous premiers natifs du canton de Jodoigne à avoir fréquenté, dès 1834, les bancs de l’Université Libre de Belgique (la future Université Libre de Bruxelles), établissement d’enseignement supérieur fondé cette même année à l’initiative des milieux maçonniques et libéraux belges. Soyez certains que la chose avait fait beaucoup parler dans le salon de la cure de Piétrain ! Maximilien avait décroché son diplôme de docteur en médecine à la fin de l’année académique 1838-1839. Au milieu du 19e siècle, tous ses frères appartenaient à l’opinion libérale et François Tordoir fut d’ailleurs échevin de Piétrain durant plusieurs années. Jacques Tordoir (1814-1892), un autre membre de la fratrie, avait pour sa part été échevin libéral de Zétrud-Lumay. Selon ses dernières volontés, il y avait été enterré civilement en octobre 1892, à savoir sans le concours du clergé ! Pas encore fréquent à l’époque non plus ! Lorsque Justinien Tordoir s’était éteint, en 1928, ses funérailles avaient par contre présenté un caractère religieux. Difficile de faire autrement pour le « Bon Dieu » ! Et la chose avait, paraît-il, de quoi plaire à sa veuve ! Voila donc quelques belles anecdotes et, sans aucun doute, une très belle ferme à conserver.


D’Heylissem à Averbode…. le destin d’une crosse abbatiale !

publiée le 05 mars 2019


La communauté norbertine d’Averbode conserve dans son trésor une superbe crosse de style gothique, de 64 centimètres de hauteur, en argent plaqué d’or, enrichie de pierreries et finement décorée, constituant un véritable chef d’œuvre d’orfèvrerie du 16e siècle. Cette œuvre d’art fut autrefois un des principaux attributs des abbés de l’ancienne abbaye norbertine d’Heylissem (actuel domaine provincial d’Hélécine). Les communautés d’Averbode et d’Heylissem avaient été supprimées en 1796 par les autorités républicaines françaises mais, contrairement à la seconde, la première citée fut reconstituée en 1834.


La crosse de l’abbé Van der Molen
Selon toute vraisemblance, ce fut entre 1518 et 1544, que l’abbé d’Heylissem Guillaume Van der Molen fit réaliser la magnifique crosse que nous venons d’évoquer. Ses armoiries sont d’ailleurs associées à l’objet. Les niches du nœud de sa crosse abritent encore des statuettes figurant les saints Guillaume, Augustin et Léonard, associés à des représentations des saints Pierre, Paul et Bartholomé et des saintes Catherine, Appolone et Ursule. Une représentation de l’Annonciation par l’archange Gabriel occupe le centre du crosseron et, vers 1582, la volute initiale avait été couronnée d’une représentation de Saint Norbert écrasant le diable et l’hérétique Tanchelm… tensions religieuses obligeant la chose !


Le précieux fardeau du chanoine Hoebrechts
Jusqu’à l’époque de la suppression de l’abbaye d’Heylissem, les successeurs de Van der Molen avaient jalousement veillé à sauvegarder ce prestigieux attribut. Il avait échappé à tous les périls politiques et militaires du 17e siècle. A l’époque de la suppression officielle de la communauté abbatiale et de sa dispersion, il avait manifestement échappé aux appétits républicains. Dans un premier temps, la crosse avait sans doute été emmenée de l’autre côté du Rhin, placée sous la protection d’un ou de plusieurs membres de l’ancienne communauté. L’ancien chanoine d’Heylissem Jean-Louis Hoebrechts, né à Tirlemont en 1764, curé de la paroisse de Sint-Maarten Tielt depuis 1806, en était devenu le dernier gardien à une date indéterminée. La communauté norbertine d’Averbode ayant été reconstituée, il avait décidé, comme au moins trois autres anciens chanoines d’Heylissem, de figurer au rang des bienfaiteurs de cette nouvelle institution. Il y avait d’ailleurs terminé ses jours durant l’année 1840, ayant déposé dans son trésor l’ancienne crosse de l’abbé Van der Molen.


Depuis cette époque, les abbés successifs d’Averbode ont tous accordé leur protection au précieux fardeau du chanoine Hoebrechts. Un de nos vœux les plus chers serait de pouvoir la faire revenir un jour, le temps d’une exposition, sur l’ancien site abbatial d’Heylissem. Qui vivra verra !


Dongelberg , le château est à vendre !

publiée le 29 janvier 2019


A l’heure à laquelle nous rédigeons ces quelques lignes, le château de Dongelberg est « encore » à vendre ; « encore », même si sa vente de gré à gré n’a en fait été décidée que très récemment. Parmi les anciennes composantes bâties de l’ancienne colonie de l’Oeuvre Nationale de l’Enfance (Hôme Henri Velge) - qui a cessé ses activités sur place à dater du 1er septembre 1978 -, ne sont concernés que le château édifié autrefois par le baron Jean-Marie Osy de Zegwaart, la pouponnière – inaugurée en 1929 -, et une partie de l’ancien domaine comprenant notamment les étangs de l’ancien château ; le tout sur une douzaine d’hectares.


Un ancien « joyau » de la famille Osy
En août 1835, le richissime banquier Joseph-Louis Osy (1794-1862), président du Conseil d’administration de la « Banque d’Anvers », émanation de la « Société Générale », s’était porté acquéreur des principales composantes de l’ancien domaine seigneurial de Dongelberg et notamment de son château-ferme avec environ 93 ha de terre, près et bois. A la suite de diverses opérations immobilières menées à bien par la suite, c’était finalement plus de 220 hectares de propriétés que le baron avait laissés à ses héritiers en 1862. Dès les années 1840-1841, le château avait été une première fois remodelé sur les plans de l’architecte nivellois Antoine Moreau, architecte provincial qui, sous le régime hollandais, à titre privé, avait déjà travaillé pour les familles de Ligne, à Beloeil, et d’Arenberg, à Enghien. Le beau « pavillon » conçu par Moreau avait servi de base aux « rêves » du baron Jean-Marie Osy de Zegwaart (1827-1901), le nouveau propriétaire des lieux. De 1862 à 1873, ce dernier avait complément modifié la structure et l’apparence de sa propriété. La ferme jouxtant le château avait été rasée durant les 1863 et 1864. Cette dernière année, étaient sorties de terre de prestigieuses « écuries ». En 1867 avaient ensuite débuté les travaux de construction d’une nouvelle église, travaux en partie financés par le châtelain, édifice destiné à remplacer celui qui se trouvait jusqu’alors « dans les pieds » de l’architecte français Parent, qui avait été chargé de remodeler le château et ses abords immédiats. Ce Lillois avait finalement fait bien plus que cela ! Nouveau périmètre, nouvelles avenues et nouveau château ! L’antique donjon médiéval en pierre de Gobertange avait été conservé, mais avait manifestement été haussé et doté de multiples ouvertures ainsi que d’un nouveau parement. Le « pavillon » Moreau avait laissé la place à un énorme volume, en brique et pierre de France, dont les travaux de constructions avaient été entrepris en 1866 et achevés vers 1870 ! Quatre années de travaux pour aboutir à cet impressionnant château néo-classique de style Louis XIII, présentant une façade principale longue d’environ 42 mètres, haute d’environ 23 et dont le centre était renforcé par un pavillon en saillie. Les travaux venaient à peine de se terminer lorsque la photo qui illustre cette chronique avait été prise. Gigantesque ! A la hauteur des moyens financiers de la famille qui demeura propriétaire du domaine jusqu’en 1919, époque à laquelle les deux nièces du baron Jean-Marie Osy de Zegwaart, nées de Rouillé et épouses d’Ursel, le vendirent à l’ONE.


Please ! Evitons la démolition !
Laissé complètement à l’abandon par l’asbl qui l’a acquis en vente publique en 1979, le « joyau » du baron Osy de Zegwaart est aujourd’hui dans un état de délabrement que l’on peut qualifier d’avancé ! Espérons qu’il trouvera rapidement un acquéreur qui aura le goût et l’ambition de le faire revivre.


Beauvechain / Meldert, la « vraie » châsse de Sainte-Ermelinde !

publiée le 15 janvier 2019


A Meldert (actuellement Hoegaarden), ainsi que dans les paroisses proches ou limitrophes, notamment dans celle de Beauvechain, on développe depuis des siècles un culte destiné à glorifier sainte Ermelinde, une jeune vierge du 6e siècle de l’Ere chrétienne qui aurait été originaire de Lovenjoel et qui aurait vécu à Beauvechain et Meldert avant d’y mourir en odeur de sainteté aux yeux de l’Eglise catholique romaine. Quelques reliques sont précieusement conservées dans une châsse qui appartient au trésor de l’église paroissiale de Meldert. Cette châsse a été ouverte pour la dernière fois en septembre 2000 en présence de Monseigneur Godfried Danneels. Comme la presse le rappela à l’époque, il s’agissait apparemment de la 14e ouverture de cette châsse, intervenant en principe tous les 50 ans. Mais halte-là ! Il ne s’agissait pas de la même ! Faisons le point ensemble !


De Meldert à Amiens !
En 1236, les abbés prémontrés d’Averbode et d’Heylissem, sur ordre de Jean, évêque de Liège, dotèrent Meldert d’une châsse fabriquée dans le but d’abriter les reliques d’Ermelinde. Durant plusieurs siècles, cette œuvre d’art fut jalousement conservée et protégée par les paroissiens de Meldert. Elle échappa aux destructions iconoclastes de la fin du 16e siècle et des premières décennies du 17e siècle, fut encore mise à l’abri à Louvain en 1705 (Guerre de succession d’Espagne) ainsi qu’en 1744 (Guerre de succession d’Autriche). A la fin du 18e siècle, on l’avait aussi protégée de l’appétit des républicains français en l’enterrant tout simplement ! Après la signature du Concordat de 1801, elle était finalement réapparue (Pentecôte 1803) ! Presqu’un demi-siècle plus lard, pour des raisons financières (on peut le supposer), la paroisse de Meldert, contre toute attente, décida de mettre en vente cet objet vénéré depuis des siècles. En 1847, la châsse fut officiellement achetée par Henry Charles Howard, duc de Norfolk, sujet de Sa Majesté britannique ! En 1850, ce même duc fit don de la châsse à la cathédrale Notre-Dame d’Amiens. L’année suivante, l’évêque d’Amiens y transféra officiellement les reliques de saint Firmin conservées jusqu’alors dans une châsse du 17e siècle moins prestigieuse que la nôtre ! En Belgique, à dater de l’année 1926, grâce à différentes recherches menées par le comte de Borchgrave d’Altena, on sut ce qu’était devenue la « vraie » châsse Sainte-Ermelinde.


Un trésor d’art mosan
La châsse offerte à Meldert en 1236 figure encore à l’heure actuelle dans le trésor de la cathédrale d’Amiens que beaucoup parmi vous ont sans doute déjà visitée. Se présentant sous la forme d’un sarcophage (0,45 x 0,34 x 0,75 cm) à toit en bâtière, alliant argent repoussé sur âme de bois, cuivre doré et émaux, elle s’apparente aux châsses mosanes du 2e tiers du 13e s. et notamment à celle de Notre-Dame de Huy. Sur un de ses deux pignons on peut voir une sainte nimbée, à savoir sainte Ermelinde, une représentation qui aurait pu venir s’ajouter à la châsse originelle entre 1310 et 1320 (style). Comme de nombreuses autres œuvres d’art, cette châsse fut manifestement restaurée et enrichie à diverses époques de son histoire.


Tous les lecteurs de cette chronique savent désormais où est conservée la « vraie » châsse Sainte-Ermelinde ! Si vous (re)passez par la cathédrale d’Amiens… ne vous sentez pas obligé de la ramener chez nous…. donné c’est donné ! Et puis, de toute façon, à Meldert, on l’a remplacée, dès 1849, par une autre châsse réalisée à Malines grâce, manifestement, à une comtesse d’Oultremont née Vandernoot de Duras. Pas mal non plus, mais rien de comparable avec une réalisation du 13e sècle !


Le sabbat des sorcières à Glimes et Thorembais-Saint-Trond !

publiée le 18 décembre 2018


Ce 31 octobre, l’association « Les Glimois » organisait sa première soirée Halloween. Sans le savoir, les organisateurs ont ranimé quelques vieilles sorcières ! Comme autrefois elles se réunissent à nouveau aux abords de la Tombe de Glimes ! Pour comprendre l’affaire, il nous faut remonter le temps… jusqu’en l’an 1665 ! Annabelle Romain qu’as-tu donc réveillé-là ! Bouuuuuh ! Gla Gla Gla !


Les sorcières de Lonzée et de Thorembais-Saint-Trond !
Vous connaissez certainement, pour l’avoir vue mise en scène, l’histoire des sorcières de Salem Village (1692), petit village du Massachussetts ! Dans la région de Gembloux, on tremble encore en évoquant l’histoire des sorcières de Lonzée, 5 femmes condamnées pour sorcellerie et exécutées en décembre 1637 – janvier 1638, aux Zémont, après avoir subi diverses tortures destinées à leur arracher des aveux ! Dans la revue Le Souvenir Perwézien, Jules Wilmet, vient de rappeler la curieuse affaire des 28 sorcières et/ou possédées de Thorembais-Saint-Trond, survenue durant les années 1665-1667 ! Triste époque à laquelle il fallait peu de choses pour être banni ou condamné au bûcher ! Pas mal pour se débarrasser d’un voisin ou d’une voisine, éventuellement d’une épouse devenue vieille et laide !


On brûle… tout ce qui vole et qui participe au sabbat !
Vers l’an 1500, 17 femmes provenant des deux Thorembais, de Perwez et de quelques localités voisines, accusées de commercer avec « le Malin », avaient déjà été condamnées au bûcher et selon, la tradition, avaient été brûlées vives à l’endroit dénommé Grosse Pierre ou Grosse Borne, aux confins des 3 villages cités ! Tout au long des premières décennies du 17e siècle, les autorités civiles et ecclésiastiques voient, torturent et condamnent des sorcières un peu partout ! A Thorembais-Saint-Trond, Perwez, Orbais, Jodoigne, etc ! En 1657, sous Jauchelette, le porcher La Ramée et son épouse sont brûlés pour sorcellerie sur le bétail abbatial ! Et voila que cela recommence audit Thorembais en 1665, ou Marie Dupont, épouse de Pierre Paradis, est accusée d’avoir, par sorcellerie, causé la maladie de plusieurs habitantes des lieux ! Sous la torture, elle accusa son mari, sa fille, et diverses femmes de la paroisse d’avoir aussi entretenu des rapports avec « Le Malin », charnels parfois, festifs bien souvent, dans le sombre Bois de Buis ! Mais aussi à « la Tombe de Glimes » ! En ces endroits, sorcières et sorciers se réunissent une fois par semaine, vers minuit, pour organiser un grand sabbat ! En fin d’année 1665, ladite Marie Dupont est brûlée ! Ses autres connaissances échapperont manifestement à la mort, mais pas au bannissement.


Le cas de Marie Fisco épouse de Jacques Beaumont
Parmi les femmes interrogées à l’époque on rencontre une certaine Marie Fisco, épouse de Jacques Beaumont. Née à Thorembais-Saint-Trond en 1616, elle est issue d’une richissime famille gênoise établie à Anvers en l’an 1547 mais ruinée, en 1568, à la suite d’un conflit avec la couronne d’Angleterre. Epouse Beaumont, elle est donc accusée en 1665-1666 d’avoir participé au sabbat en compagnie de son amant Garot (une incarnation du diable). Au fil des interrogatoires, elle accusera aussi sa fille Marie d’avoir des contacts avec « le Malin ». Néanmoins, ce petit monde échappa manifestement à la mort et, en juin 1675, une Marie Beaumont épousa à Thorembais-Saint-Trond un certain Anthoine Antoine ! Nous ne savons si le couple Beaumont-Fisco figure dans l’ascendance du célèbre Jean-Pierre Beaumont, de Roux-Miroir, mais ce dernier paraît en tout cas avoir hérité d’un certain sens de la fête assez proche du sabbat ! Et une belle ascendance gênoise, finalement pourquoi pas ? Enfin, soit, toutes ces pauvres femmes du 17e siècle se réunissent donc à nouveau aux abords de la Tombe de Glimes…. et il va désormais falloir gérer tout cela ! Allez Annabelle Romain, au boulot ! Belle attraction touristique potentielle !


Visite du Rijksmuseum d’Amsterdam ce dimanche 16 décembre !

publiée le 4 décembre 2018


L’église Saint-Sulpice de Neerheylissem – édifice classé depuis l’année 1938 – vient de vivre une importante restauration en très grande partie financée par la Province du Brabant wallon. C’est ce même plan de financement provincial qui doit en partie permettre la rénovation de l’ancien hôtel de ville de Jodoigne, tout comme celle de l’ancienne cure de Ramillies ou bien encore, sans être exhaustif, celle de l’ancienne école des filles d’Incourt.


Oeuvres d’artisans locaux et régionaux
Que l’on soit croyant ou non, pratiquant ou non, il faut bien reconnaître qu’à la campagne, les églises sont quasiment les seuls lieux où sont conservées des œuvres d’art accessibles visuellement. A Neerheylissem, l’église restaurée accueille un certain nombre de réalisations artistiques présentant un intérêt certain. Celles-ci ne datent pas toutes de la même époque, mais témoignent une fois de plus de la grande qualité des artisans qui oeuvraient dans nos régions aux 17e et 18e siècles. Les parties hautes des deux autels latéraux datent de la 2e moitié du 17e siècle ; quant à l’autel majeur, présent dans le chœur, il fut réalisé durant la 1ère moitié du siècle suivant et témoigne de la mise en œuvre du style Louis XIV. Ces réalisations, en chêne sculpté, sont complétées par des confessionnaux de même nature, manifestement confectionnés entre 1740 et 1760. Quelques recherches à mener dans les archives paroissiales des 17e et 18e siècles permettraient sans doute, à condition qu’elles soient conservées, de connaître les noms des menuisiers et des sculpteurs qui furent chargés de la réalisation de ces véritables œuvres d’art.


Des toiles de maîtres flamands conservées chez nous !
L’intérieur de l’église Saint-Sulpice paraît avoir été démuni de peintures religieuses. Plusieurs autres églises de la Hesbaye brabançonne conservent par contre des toiles de ce type et notamment l’église Saint-Médard de Jodoigne. On peut notamment y admirer une remarquable réalisation du peintre Otto Van Veen (1557-1629), originaire de Leyde, à savoir son « Tryptique de la crucifixion », œuvre de grande dimension réalisée entre 1576 et 1625. Durant les dernières années du 16e siècle, ce « peintre officiel » du duc de Parme, Alexandre Farnèse, avait eu comme élève un dénommé …. Pierre-Paul Rubens. Une raison de plus de lui accorder une certaine attention ! A Sart-Risbart, l’église Sainte-Barbe conserve aussi une toile réalisée à la même époque (1625) par le peintre Gaspar De Crayer (1584-1669). Il s’agit d’un « Golgotha » de 5 mètres de haut et 3 mètres de large. Ce maître natif d’Anvers pratiquant son art à Bruxelles est connu pour avoir répandu et pratiqué le « style Rubens » dans nos régions.


Une visite du Rijksmuseum d’Amsterdam
Voila quelques bonnes raisons de nous lancer sur les routes et de rendre visite, le dimanche 16 décembre prochain, au Rijksmuseum d’Amsterdam où sont conservées plus de 2.000 œuvres d’art dont certains des chefs d’œuvres de Rembrandt et de Vermeer, dont la très célèbre laitière ! Départ à 8 h du matin, retour en début de soirée. Cette sortie culturelle est organisée par la Commune d’Incourt. Participation aux frais : 15 Euros par personne pour le voyage et 17,50 euros pour l’entrée au Musée  (entrée gratuite pour les moins de 18 ans). Si vous êtes intéressé(e)s n’attendez pas pour réserver votre place par courriel : joseph.tordoir@gmail.com ou par téléphone (0499.96.91.89).


Le vieux moulin à vent d’Arnelle

publiée le 20 novembre 2018


Le moulin à vent connu sous le nom de « Moulin Gustot » est devenu, au fil des années, un des symboles de la Commune d’Incourt et de toute la Hesbaye brabançonne. D’autres moulins à vent ont existé dans le ressort de l’entité communale d’Incourt. Les restes du « Moulin Goes » sont encore visibles sous Roux-Miroir, aux abords de la chaussée Namur-Louvain. Nous avons eu la chance de trouver récemment un document photographique, datant des premières années du XXe siècle, qui nous permet de connaître l’apparence du « Moulin Gérondal » ou « Moulin d’Arnelle », du nom d’un hameau du village de Sart-Risbart proche du territoire de Longueville.


Le plus vieux moulin
Ce moulin à vent avait été le premier de ceux qui avaient été construits dans les villages de l’actuelle entité d’Incourt. Il avait été bâti entre 1804 et 1806, par un certain Godefroid Decoux, de Louvain, en la campagne dite « du Val Fleuri » ou de « Val Flore », le long du chemin reliant Sart-Risbart à Arnelle, appelé « le chemin de Wavre ». Il avait été vendu, dès 1806, à un certain Guillaume Denis, cultivateur à Perwez, qui avait fait bâtir une ferme à ses abords, mais de l’autre côté de la rue. Cinq années plus tard, Philippe Delfosse, maire d’Opprebais avait acquis l’ensemble du site et, en janvier 1823, avait revendu ces propriétés à Guillaume Gérondal et son épouse Marie-Catherine Thiry, pour lors meuniers sous Perwez.


Apparentée à une vieille famille de meuniers - à savoir celle des Crèvecoeur, qui sous l’Ancien Régime avait notamment exploité des moulins à eau de l’abbaye de La Ramée, sous Jauchelette et Glimes, et des seigneurs de la terre de Dongelberg – la famille Gérondal exploitait elle aussi plusieurs moulins au milieu du XIXe siècle. En 1853, le « Moulin Gérondal » échut, par héritage, entre les mains de Fulvie Gérondal épouse de Fulgin Finoulst, originaire de Gossoncourt, meunier lui aussi. Veuve depuis 1862, remariée au meunier Félix Gellens, Fulvie Gérondal avait associé son fils Désiré Finoulst à la direction de la petite industrie familiale.


Le moulin était encore resté en activité durant quelques années mais n’avait apparemment pas survécu longtemps à la grande crise agricole des années 1880. Cependant, en 1883-1884, le vieux moulin de bois avait apparemment été reconstruit. En fait, on avait décidé de construire un bâtiment en dur destiné à lui servir de base, en lieu et place d’une ancienne structure en bois. La photo du moulin qui illustre cet article permet de penser que le corps même du moulin ancien avait été maintenu, contrairement à ce que nous avions d’abord pensé. Le moulin continua à dresser ses ailes jusqu’en octobre 1908, à savoir jusqu’à l’époque du décès de Fulvie Gérondal. Il disparut moins de deux mois plus tard, sa nouvelle propriétaire, Ida Finoulst, petite-fille de Fulvie, ayant décidé de le faire abattre. Ainsi disparut ce vieux moulin, oublié de tous, qui a néanmoins laissé son nom à « la campagne du moulin à vent ».


Les horlogers Hancet, originaires de Beauvechain

publiée le 06 novembre 2018


Nous avons acquis récemment, tout à fait par hasard, une vieille horloge de parquet dont le mécanisme a été confectionné par un certain «  J. Hancet, horloger à Jodoigne ». Comme le laissait supposer son apparence, cette horloge est une véritable antiquité. Quelques recherches nous ont permis d’identifier assez facilement cet horloger, natif de la paroisse de Beauvechain, ayant pratiqué son art à Jodoigne durant les dernières années du 18e siècle avant de connaître ses heures de gloire à Bruxelles.


Une famille d’horlogers
Le 8 janvier 1794, à Jodoigne, en l’église Saint-Médard, un certain Jean Joseph Hancet, horloger de profession, unissait sa destinée à celle de Marie Thérèse Bernardine Drouin, fille d’un très influent négociant jodoignois. Selon la table des registres paroissiaux de Beauvechain, ledit Hancet (ou Ancet), avait été baptisé dans cette paroisse en août 1769, fils du maréchal-ferrant Paul Hancet époux Jacquart. On peut supposer que ce fut dans les ateliers de son père que le futur horloger s’intéressa à la mécanique et au travail des métaux; tout comme d’ailleurs ses frères cadets Jean-Jacques et Jean-Baptiste, respectivement nés à Beauvechain en 1775 et 1777. Nous ne savons pas où Jean Joseph avait appris le métier d’horloger, mais donc il exerçait déjà sa profession en début d’année 1794, à peine âgé de 25 ans. Cinq années plus tard, en 1799, notre homme s’était installé dans le centre de Bruxelles, dans une habitation à vocation commerciale de la rue de l’Escalier. En 1812, c’était encore là qu’il résidait avec sa famille. A la même époque, son frère Jean-Baptiste, exerçait aussi la profession d’horloger à Bruxelles, mais place du Grand Sablon. Le troisième horloger de la famille, Jean-Jacques Hancet, déjà établi horloger à Nivelles en 1796, était quant à lui déjà décédé en 1810, lors d’un séjour dans son village natal.


orloger de la Cour
Jean Joseph Hancet était manifestement un horloger de grand talent fréquemment qualifié de « véritable artiste » dans la presse du temps. En 1817, il figurait d’ailleurs parmi les marchands et fabricants auxquels le roi Guillaume Ier des Pays-Bas avait officiellement accordé le titre « de fabricants et livranciers de sa Cour ». Parmi ceux-ci, il était le seul représentant du monde de l’horlogerie. On notera que dès le 19 décembre 1805, il avait reçu en tant qu’apprenti au sein de la loge maçonnique bruxelloise L’Espérance fondée seulement quelques mois plus tôt. Il n’avait cessé de fréquenter cet atelier bruxellois qu’en octobre 1820 alors que celui-ci était fréquenté depuis au moins trois ans par les princes de la couronne d’Orange. Cette même année 1820, « horloger de la Cour et constructeur d’instruments de précision », plusieurs de ses réalisations présentées lors d’une grande exposition organisée à Gand, lui avaient valu différentes médailles. En 1825, un an avant son décès, il avait encore figuré parmi les experts chargés de sélectionner les œuvres destinées à être soumises au grand public dans le cadre de différentes grandes expositions organisées à l’échelle du royaume des Pays-Bas.


Une très vieille horloge
Comme vous l’aurez compris, Jean Joseph Hancet ayant exercé sont art à Jodoigne de 1794 à 1799, l’horloge récemment retrouvée, date de cette époque assez mouvementée de notre histoire. Nous espérons pouvoir un jour consacrer une exposition à nos artisans locaux et régionaux et mettre en évidence certaines de leurs réalisations.


Incourt va rendre hommage au brancardier Arthur Tordoir

publiée le 23 octobre 2018


A la demande du Ministre-Président de la Région Wallonne Willy Borsu, le 6 novembre prochain, tous les bourgmestres de Wallonie ont été invités à commémorer officiellement la fin de la guerre 14-18 (quelques jours avant le centenaire de l’armistice). A Incourt, une petite manifestation sera organisée aux abords de la Maison Communale, à l’entrée du cimetière de l’église Saint-Pierre. C’est en effet là que se trouve la tombe du soldat Arthur Tordoir (1891-1918), le seul « Mort au combat » de la Première Guerre, natif d’un des villages de l’entité, dont le corps a été rapatrié par la famille plusieurs années après la fin du conflit.


Un courageux et malchanceux brancardier du 13e de Ligne
Né à Incourt en 1891, fils de Camille Tordoir, d’Incourt et d’Antoinette Dumoulin, native de Mélin, Arthur Tordoir, en août 1914, y travaillait avec son père, menuisier rue d’Opprebais. A l’époque, il fut appelé sous les drapeaux et servit en tant que simple soldat au sein du 13e régiment d’Infanterie de Ligne de l’armée belge. Ce régiment participa successivement à la défense des villes de Namur et d’Anvers avant de se replier derrière l’Yser. Du 17 au 30 octobre 1914, il prit donc part à la célèbre « Bataille de l’Yser » qui permit d’arrêter la progression de l’armée allemande. Quatre années plus tard, en août 1918, le 13e de Ligne participa aux violents combats qui se livrèrent aux abords de Merckem suite à une offensive des troupes allemandes, avant de prendre part à la grande offensive libératrice lancée par les armées belges et alliées durant la nuit du 27 au 28 septembre 1918. A l’époque, Arthur Tordoir exerçait manifestement la fonction de brancardier au sein de sa compagnie.


30 septembre ou 30 octobre ?
Selon son dossier militaire, le 27 septembre 1918, brancardier, Arthur Tordoir soignait un blessé sur le champ de bataille de Merckem lorsqu’il fut à son tour frappé par une balle. Grièvement atteint, il fut transporté dans les locaux de l’hôpital l’Océan 2, à Vinckem, où il s’éteignit finalement le 30 novembre 1918. Trois années plus tard, en août 1921, ses restes furent ramenés à Incourt, à la demande de sa famille. Une lame de marbre, gravée, posée alors sur sa tombe, précise encore « Mort pour la Patrie le 27 septembre 1918 ». Comme nous venons de le voir, il était bien « tombé pour la Patrie » ce jour-là, mais n’était mort que 3 jours plus tard ; confusion évidente et première erreur. Deuxième confusion, début décembre 1918, un « Service chanté » à la mémoire d’Arthur Tordoir fut organisé en l’église d’Incourt. L’auteur des souvenirs imprimés à l’époque pour annoncer ce service avait signalé que le défunt avait été blessé le 27 octobre et était décédé le 30 octobre 1918, soit un mois plus tard que son décès officiel ! Dans son allocution, le curé de l’époque avait également fait référence à cette date du 30 octobre. On peut sans doute en conclure qu’en fin d’année 1918, la famille TORDOIR-DUMOULIN ne disposait pas encore d’informations précises sur le décès d’Arthur, à l’exception de celles concernant les circonstances de son décès, puisque celles-ci avaient bien été évoquées à l’époque.


Hommage rendu aux soldats « Morts au combat »
Les différentes administrations communales belges ayant été invitées à signaler l’existence de tombes de soldats de la Première Guerre morts au combat, la Commune d’Incourt profitera de la manifestation du 6 novembre pour faire apposer une plaque commémorative tant sur le mur d’enceinte du cimetière d’Incourt que sur la tombe du soldat Arthur Tordoir. Pour l’anecdote, cet Arthur Tordoir était un des cousins germains du grand-père paternel de l’auteur de ces quelques lignes.


L’Athénée royal de Jodoigne fête ses 175 années d’existence !

publiée le 09 octobre 2018


Le samedi 20 octobre 2018, l’Athénée royal de Jodoigne – en abrégé l’ARJ – célébrera son 175e anniversaire ! Un âge plus que respectable pour cet établissement d’enseignement ancré dans l’histoire de toute une région. L’ARJ est en effet l’héritier direct de l’Ecole primaire supérieure de l’Etat qui avait ouvert ses portes à Jodoigne en 1843. Celle-ci avait été transformée en Ecole moyenne durant l’année scolaire 1851-1852. Près d’un siècle plus tard, en 1947, cet établissement était ensuite devenu un Athénée royal qui, en 1982, fusionna définitivement avec l’Institut Technique de l’Etat oeuvrant à Jodoigne depuis l’année scolaire 1968-1969.


Comme nombre d’entre vous, j’ai fréquenté cet établissement (fin des années ’70 et début des années ’80) et ma fille vient d’y entamer sa « dernière année » d’étude dans le secondaire supérieur. Elle figure, sans le savoir, au rang des héritières des 6 premières filles qui, dans le secondaire, à la suite de l’instauration de la mixité, le fréquentèrent à dater de l’année scolaire 1925-1926. Personnellement, je n’ai « connu » que les bâtiments de la chaussée de Hannut dont la « première pierre » avait été posée le 5 novembre 1955. Pour cause de « guerre scolaire » - officiellement la dernière – et en raison de questions techniques ces installations, modernes pour l’époque, n’avaient finalement été ouvertes aux élèves que pour l’année scolaire 1959-1960. Jusqu’alors, et depuis plus d’un siècle, ce fleuron du réseau d’enseignement officiel avait œuvré dans le centre ville, rue Saint-Jean, dans les locaux qui, sous l’Ancien Régime avaient abrité le Couvent des Sœurs Grises. Le projet de création d’un internat attaché à l’établissement avait finalement attiré celui-ci à l’extérieur du centre urbain. Dès 1943, on avait pensé à implanter cet internat au Château des Cailloux, devenu une propriété de l’Etat quatre années plus tôt. Redevenu d’actualité en 1950, le projet avait abouti en février 1955 avec l’ouverture officielle du « Centre d’Etude et de Repos ». Comme nous venons de le rappeler, 9 mois plus tard avait été posée la « première pierre » des nouveaux bâtiments scolaires, à quelques centaines de mètres seulement de ce pensionnat. Depuis 1982, l’ARJ utilise également des locaux implantés rue de Piétrain, réservés à l’usage des sections maternelle et primaire.


Que de souvenirs attachés à ces bâtiments ! Que d’anecdotes vécues par les uns et les autres au fil de longues années d’études. Personnellement c’est là que j’ai pris goût aux cours d’histoire. Le professeur, un certain Verdickt, quand la chose était possible, introduisait fréquemment une touche d’histoire locale dans ses cours. Cette façon de travailler éveilla chez votre serviteur une curiosité, flanquée d’une passion, qui n’a jamais cessé de l’animer depuis ! Environ 35 ans plus tard, élève et professeur sont encore de bons amis.


Toutes les informations relatives à la nature et aux déroulements des festivités du 175e programmées par l’amicale de l’ARJ figurent sur la page facebook « 175 ans de l’Athénée royal de Jodoigne ». Vous pouvez aussi interroger en direct cette même association (amicale@arjodoigne.be).


Le Grand Hacquedeau va faire … peau neuve !

publiée le 18 septembre 2018


Lors des dernières Journées du Patrimoine, la ferme du Grand Hacquedeau a attiré environ 400 visiteurs, amateurs de patrimoine. Nous assurions les visites guidées sur ce site et nous pensons que c’est avec plaisir que les lecteurs du Chouette Magazine accueilleront quelques données historiques relatives à cette superbe ferme récemment entrée dans le patrimoine de la famille de Hemptinne. La ferme du Grand Hacquedeau est située sous le terroir de l’ancienne commune de Roux-Miroir (Incourt), mais à Basse-Roux, un hameau qui s’est développé à proximité du village de Piétrebais.


Une ferme remarquable
Le site d’Hacquedeau était déjà habité en 1302. Au milieu du 16e siècle, la ferme appartient à la famille Van Schore de Louvain et elle passera, par héritage tout d’abord aux Van Assche ensuite au de / van Broeckhoven. Ces familles étaient également établies à Louvain. Après avoir hérité de la ferme d’Hacquedeau (bien ayant appartenu à sa mère), Barbe de Broeckhoven, veuve de Jean Bosschman, dit Silvius, achète en 1648 la seigneurie de Roux-Miroir. Le siège de cette seigneurie n’est pas Hacquedeau, mais bien l’actuelle ferme du Bailli, située dans le centre de Roux-Miroir. En 1669, ladite Barbe rédige son testament et souhaite être enterrée dans l’église de ce village, à côté de son mari, mort en 1636. Quelques années plus tôt, en 1657 ou 1659, elle décide d’offrir Hacquedeau à son fils Louis Silvius, comme cadeau de mariage. Ce dernier épouse à l’époque une L’Host, fille d’un seigneur de Gottechain. Ce fut manifestement ce Louis Silvius qui fut à la manœuvre à l’époque de la reconstruction de l’imposant corps de logis de la ferme Hacquedeau, en 1669 (ancrage sur la façade principale). A la génération suivante, Jean-Louis Silvius, sans descendance en vie, organise sa succession et fait entrer, en 1705-1706, la ferme d’Hacquedeau dans le patrimoine de Suzanne Otto, veuve de Roch van Goidsenhoven de Louvain. Le site passera successivement, une fois encore par héritage, entre les mains des de Vroey, des de Troostembergh, des Spoelberch. A cheval sur l’ancien et le nouveau régime, la ferme est attribuée à une fille de Spoelberch qui épousera André Corneille de Ryckman de Winghe. A l’époque de son décès, survenu en 1869, ce sénateur catholique de l’arrondissement de Louvain possédait environ 154 ha de terre sous le seul terroir de Roux-Miroir, à savoir plus de 20% du sol de cette petite commune. Sa ferme est alors exploitée, par Maximilien Ledocte, dont la sœur Caroline épousera Jean van Zeebroeck, originaire d’Ixelles, et se fixera sous Néthen. Après le décès du sénateur de Ryckman, le bien échouera dans l’escarcelle de sa fille épouse du notaire Jules Roberti, de Louvain. A la génération suivante une Roberti épousera un Orban de Xivry. Hacquedeau restera, ensuite, entre les mains des descendants de ce couple et ce jusqu’en 2017.


Le Grand Hacquedeau
Depuis la seconde moitié du 18e siècle, on parle du Grand Hacquedeau, afin de différencier cette ferme, d’une beaucoup plus modeste, construite à quelques centaines de mètres, ferme qui a déjà fait l’objet de l’une de nos chronique. Le site va être entièrement restauré sur la base d’un permis d’urbanisme délivré récemment par la Commune d’Incourt. Nous ne pouvons que nous réjouir à l’idée de voir remettre en état cette remarquable ferme quadrilatère qui appartient au patrimoine de la Hesbaye brabançonne !


Patrimoine... 'En mode vacances', sur Facebook !

publiée le 17 juillet 2018


Plusieurs des lecteurs habituels du Chouette séjournent déjà à l’étranger en ce début de période estivale. Votre exemplaire du jour est le dernier de la saison 2017-2018 et nous ne nous retrouverons que le 4 septembre pour de nouvelles aventures historiques. Pour combler ces longues semaines d’absence, nous avons décidé de vous proposer de rester en contact avec nous, de manière virtuelle, à savoir via « facebook » (cherchez le profil de TORDOIR Joseph) ! Enfin, au moins avec toutes celles et ceux qui animent ou parcourent ce « réseau social ».


Village par village !
Que vous soyez en Belgique ou au bout du monde vous aurez l’occasion de découvrir tous les soirs, à dater du mercredi 18 juillet, un nouvel « album photos » spécial évoquant le patrimoine bâti du Brabant wallon oriental. La base de ce reportage documentaire auquel vous aurez accès par ancienne commune ? Une superbe collection de photographies constituée vers 1950 par l’Administration fiscale ! (Pas de panique. Pas d’initiative similaire en préparation pour 2019 ! ). Il s’agissait, à l’époque, village par village, de réaliser un catalogue très particulier, à savoir celui des « Maisons témoins », celles-ci allant de la maison ouvrière à une chambre, à la grande ferme quadrilatère brabançonne. L’administration comparait ensuite les autres habitations du village à ces « Maisons témoins » et cet examen attentif permettait de fixer les bases les plus objectives possibles de la taxation cadastrale de l’ensemble des biens bâtis. Pour faciliter la comparaison et la « lecture » des bâtiments témoins, différents agents du fisc avaient été chargés de photographier, tant bien que mal, ces « Maisons témoins », le plus généralement en compagnie du garde-champêtre local.


Plus de 400 photos quasiment toutes inédites !
Les différentes séries de photographies réalisées à l’époque sont en partie conservées et constituent une véritable mine d’or patrimoniale à laquelle nous avons déjà puisé l’une ou l’autre illustration inédite. Nous avons donc décidé de vous faire voyager, durant près de 45 jours, à petites doses, dans les rues du Brabant wallon oriental à la découverte visuelle d’éléments anciens, souvent rustiques. Certains n’existent plus, d’autres sont encore bien debout et, nous l’espérons, pour plusieurs années encore. Une dizaine de photos par soirée, à enregistrer ou partager à votre guise ! Une chance unique, pour tous ceux qui aiment notre patrimoine, de se constituer un catalogue photographique assez exceptionnel. Le tout, bien sûr, sans le moindre frais ! Ce mercredi 18 juillet, nous débuterons notre série par différentes vues d’habitations de Thorembais-Saint-Trond (Perwez) ; tout spécialement pour Sophie Marmann, une habitante de ce village qui, comme d’autres, a manifestement à cœur la sauvegarde de son identité rurale.


Exposition Claude François
Nous vous souhaitons, à toutes et à tous, d’excellentes vacances. N’oubliez pas les nombreuses brocantes organisées un peu partout dans notre région, notamment celle de Longpré le dimanche 22 juillet et celle d’Incourt le dimanche 28 août. Lors de cette dernière, un habitant de Roux-Miroir a décidé de vous présenter sa collection de documents inédits relatifs au chanteur Claude François ! Ces pièces seront exposées, de 10h à 17h, dans la salle communale sise rue de la Liberté à Incourt ! Qu’on se le dise !


Malèves et Perwez à l'heure américaine les 13-14-15 juillet

publiée le 03 juillet 2018


Le week-end des 13, 14 et 15 juillet prochains, le « Musée du Souvenir 40-45 », de Malèves (Perwez), en collaboration avec « l’Amicale des Forces Alliées », organisera la 10e édition de son « Field Depot », aux abords de la rue d’Orbais. Une occasion de se replonger dans l’ambiance de l’année 1944 et de la libération de notre région par les armées américaines après 4 années d’occupation. C’est évidemment Benjamin Heylen, l’initiateur et l’âme du Musée du Souvenir, qui sera à la manœuvre durant ce week-end, avec un ensemble de bénévoles motivés.


En souvenir de la libération
Perwez fut officiellement libérée le 6 septembre 1944 par quelques soldats américains appartenant au « 113th reconnaissance Squadron ». Dans le même temps, d’autres soldats de la même unité, après avoir traversé Walhain, atteignirent et libérèrent les villages d’Orbais et de Malèves avant d’avancer plus avant vers l’Est, suivis par des hommes de la compagnie C du 82e bataillon de reconnaissance de la 2e division armée américaine. Cet épisode de libération ne fut pas accompagné de combats violents. Le 7 septembre, quelques dizaines de soldats allemands réfugiés dans le parc du château de Malèves durent néanmoins être capturés. Le lendemain, 8 septembre, il fallut aussi nettoyer le Bois de Buis. Plusieurs soldats allemands cachés en ces lieux furent abattus durant des combats qui coutèrent aussi la vie à un résistant gembloutois. Ce même jour, les hommes du 82e bataillon de reconnaissance libéraient officiellement Jodoigne, la cité ayant été évitée le jour précédent.


Marche, campement, convoi et conférence
Le vendredi 13 juillet, à partie de 19 h, une « Marche du Souvenir », en l’honneur de la « 2nd Armored Division US », sera organisée avec départ au Musée du Souvenir 40-45. Vous aurez le choix entre deux boucles (4 ou 8 km). La participation au parcours est gratuite et ouverte tant aux adultes qu’aux enfants. Vous n’y rencontrerez que des personnages costumés alliés qui, à divers endroits du tracé, procéderont à des démonstrations. Le samedi 14 juillet, vous risquez de rencontrer des « visiteurs » dans les chemins de campagne de l’entité de Perwez ! Un convoi de véhicules militaires sillonnera en effet la région, en matinée, avant de rejoindre le camp allié installé aux abords du Musée du Souvenir (2, rue d’Orbais). Ne vous surprenez donc pas ! Les organisateurs vous conseillent de visiter le camp ce même samedi, mais durant l’après-midi. La journée se clôturera par un repas dansant d’époque ! Le lendemain, une conférence sera donnée sur les combats de mai 1940 dans la région de Perwez ainsi que sur l’explosion de la place de Perwez intervenue à cette époque. Evidemment, tant le samedi (de 14 à 18 h) que le dimanche (de 10 à 12h et de 14 à 18 h), le Musée du Souvenir sera accessible librement (0475/44.65.09 – 0474/62.51.71).


Dans toute la région
Durant ces journées de septembre 1944, des campements de soldats américains furent installés dans toute la région. Selon les dires de certains habitants d’Incourt, une unité s’installa notamment aux abords du château d’eau qui s’élève entre Sart-Risbart et Incourt. Les tentes avaient donc été implantées sur un site disposant d’une grande visibilité, dominant notamment le hameau de Longpré ! Longpré, où, le 22 juillet, dans le cadre des festivités du hameau, une brocante sera à nouveau organisée. Peut-être aurons-nous l’occasion de nous y rencontrer ! La photo qui illustre cette petite chronique figure un des chars du cortège festif qui parcourut les rues de Roux-Miroir, après la fin des hostilités, pour célébrer nos libertés retrouvées !


Le Koru Hôtel, Restaurant et Spa…. d’Autre-Eglise !

publiée le 19 juin 2018


Ramillies. Une des deux communes du Brabant wallon, avec celle d’Incourt, qui peuvent encore être qualifiées de rurales sur la base de différents critères fixés à l’échelle européenne. Une commune et onze clochers ! Un champ de bataille très connu de l’autre côté de la Mer du Nord depuis l’année 1706. Des campagnes aux moissons abondantes qui ont contribué durant des générations à la richesse de leurs exploitants. Ramillies, une entité aussi connue pour le Ravel qui la traverse de part en part sur les fondements d’une ancienne voie ferrée. Durant les dernières décennies du 19e siècle et les premières du 20e, les abords de la gare de Ramillies figuraient au rang des quartiers les plus animés de tout le canton de Jodoigne. Implantée au cœur d’un véritable nœud ferroviaire, cette gare était voisinée par plusieurs « hôtels », des « cafés restaurants » fréquentés par des voyageurs de tout acabit : chez Mottart, chez Huvenne, etc. Ramillies avait alors une « Avenue »… celle de la gare ! Toute une époque… révolue ! Sans doute, mais depuis 2016, sous Autre-Eglise, au hameau du Piroy, à quelques kilomètres de cet ancien centre nerveux, on renoue un peu avec l’histoire hôtelière de la région.


Symbole de vie et de croissance
Cet en effet au Piroy, dans un des hameaux de l’ancienne commune d’Autre-Eglise, qu’une jeune néerlandaise, née dans le Gard, a décidé de fixer ses pénates et d’implanter le complexe connu aujourd’hui sous le nom de Koru Hôtel, Restaurant et Spa. A priori, un peu surprenant ! Mais nos campagnes ne manquent pas de charme. Un coin tranquille, une ancienne pépinière à transformer, à modeler et un projet exceptionnel qui prend finalement forme. Un bâtiment aux lignes modernes, mais bien intégré, sorti de terre et flanqué de grands jardins exotiques aménagés à la japonaise ! Dépaysement total garanti ! Des chambres, au nombre de sept, des salles de conférences, un spa pour la détente et un restaurant renseigné depuis cette année 2018 dans l’édition belge du célèbre guide culinaire Gault et Millau ! A en perdre son patois ! Notre vieil ami Henri Lelorrain, d’Hédenge, malheureusement décédé depuis quelques années, n’en croirait pas ses yeux, ni ses papilles ! Un grand luxe, à prix raisonnable, dans un coin véritablement idyllique. Un seul passage dans l’établissement suffit pour le comprendre. Aaahhhh ! Si les Hamoir, les Becquevort, les Louis, les Lelorrain et les autres vieilles familles du village avaient pu un jour imaginer çà !


Ajoutons que depuis cette année, la propriétaire et exploitante du site siège au sein du conseil d’administration de la Maison du Tourisme de la Hesbaye Brabançonne (MTHB), y représentant les opérateurs privés oeuvrant dans notre région. Une dernière question qu’aurait pu se poser Henri Lelorrain : Koru ? Une expression dialectale locale ? Pas du tout ! Un terme venu tout droit de Nouvelle Zélande ! Un symbole Maori : une fougère se déroulant, symbole de vie et de croissance nouvelle ! Puisse-t-il porter chance durant de longues années, tant au complexe hôtelier que nous venons d’évoquer qu’à tous les habitants de l’entité de Ramillies !


Le « Château Pastur », à Jodoigne, ancien noviciat

publiée le 05 juin 2018


L’antique « château de la Comté », appelé par les Jodoignois le « château Pastur », abrite depuis 1988 - donc depuis 30 ans – les principaux locaux administratifs de la Ville de Jodoigne. Ce magnifique hôtel de ville, en grande partie reconstruit et réaménagé autour de l’année 1730, à l’époque où il appartenait à la famille de Romrée, domine le cours de la Gèthe tout comme le quartier, sis en contrebas de la grand’place. Ses lumineuses façades, élevées en pierre blanche de Gobertange, sont familières à tous les habitants de Jodoigne, comme aux usagers de l’axe routier qui traverse la ville de part en part reliant Wavre à Hannut. Hérité par le comte Ferdinand de Romrée et par la suite par son neveu, le comte Ferdinand d’Yve de Bavay, ce château était initialement flanqué d’un vaste parc, agrémenté d’étangs, resté public jusqu’en 1827. Quatre années plus tard, le dit comte d’Yve de Bavay avait confié la gestion de ses propriétés jodoignoises au notaire Philippe Pastur, établi à Brocuy, sous Lathuy. En août 1849, ce dernier avait finalement acquis le château et ses descendants en demeurèrent les propriétaires jusqu’en 1960, d’où l’appellation « Château Pastur ».


Le premier noviciat de la congrégation des Sœurs de la Providence
Peu de personnes le savent, mais ce superbe lieu abrita le premier noviciat de la branche belge de la congrégation enseignante des Sœurs de la Providence de Portieux (Vosges). En fin d’année 1832, le curé de Jodoigne, Louis Baguet, avait sollicité de cette congrégation la venue de quelques sœurs dans sa paroisse, ces dernières étant destinées à diriger une école primaire pour filles, établissement susceptible d’être partiellement subsidié par les autorités locales. A la mi-avril 1833, 4 premières sœurs étaient arrivées à Jodoigne et s’étaient installées au « Château de la Comté », pris en location avec l’aide financière du curé Baguet et de quelques grandes familles nobles établies dans la région. Un loyer annuel de 1.200 francs leur avait été réclamé, à savoir une somme très importante pour l’époque. Pour survivre financièrement, l’institution scolaire, embryonnaire, avait été flanquée d’un pensionnat. Quelques mois plus tard, on ajouta à la structure un noviciat qui entra en activité le 1er octobre 1833. Celui-ci connut rapidement un certain succès, notamment auprès de plusieurs jeunes femmes de la localité qui, durant les derniers mois de l’année 1833 et les premiers de l’année suivante, décidèrent de le fréquenter et donc « d’entrer dans les ordres ».


La colère des jeunes jodoignois
Le succès du noviciat auprès de ces représentantes du « beau sexe » local suscita rapidement irritations et colère au sein de la gent masculine jodoignoise. Dès les premiers mois de l’année 1834, face à l’hostilité et aux railleries de groupes de jeunes gens, il était presque devenu impossible pour les novices de se rendre aux offices religieux célébrés dans la ville. Mises sous pression, les autorités locales avaient officiellement demandé à la Congrégation de fermer ou de transférer ailleurs son noviciat sous peine de retirer aux sœurs l’enseignement des filles de la localité. A l’époque, les novices dormaient dans le grenier du château de la Comté « par crainte d’être atteintes de coups de pierres en dormant au rez-de-chaussée » ! La situation étant donc devenue intenable, le curé Baguet avait fini par trouver un nouveau site d’accueil pour le noviciat, à savoir le château d’Harlue, un site en ruines, où la structure avait été transférée précipitamment le 1er août 1834, avec l’aide de la famille de Bruges de Branchon. Deux années plus tard, en juillet 1836, le noviciat avait ensuite été transféré à Champion, dans un château acquis spécialement à cette fin. Donc, sans l’hostilité des jeunes jodoignois exprimée violemment durant les années 1833-1834, nous parlerions peut-être aujourd’hui des Sœurs de la Providence de Jodoigne, et non des Sœurs de la Providence de Champion !


26 et 27 mai 2018, nouveau week-end gallo-romain à Glimes

publiée le 08 mai 2018


Les travaux de construction du dernier tronçon de la Transincourtoise viennent de débuter (pistes cyclables le long de la chaussée Namur-Louvain, entre le Delhaize d’Incourt et l’ancien Pavillon des Matériaux). D’ici quelques mois sera organisée l’inauguration officielle de cet axe, essentiellement réservé à la mobilité lente, qui permettra à ses usagers de traverser le territoire communal d’Incourt, de Piétrebais à Glimes, via Roux-Miroir, Incourt et Opprebais. Son point d’arrivée à Glimes ? Le cœur du village et son tumulus du IIe siècle après Jésus-Christ, reconnu parmi les éléments du « patrimoine exceptionnel » de notre Wallonie, si riche en histoire. C’est encore une fois au pied de celui-ci que se tiendra, les 26 et 27 mai prochains, le week-end gallo-romain, mis sur pied par la Commune d’Incourt, avec l’aide logistique du Cercle d’Histoire de Wavre et du Brabant wallon et le soutien financier de la Province du Brabant wallon (programme détaillé des 2 jours d’activités dans le prochain Chouette Magazine). Une occasion, pour nous, d’évoquer, durant une conférence, le passé viaire de notre région sur la base d’exemples locaux.


Tous les chemins mènent à Rome !
L’expression ne date que 12e siècle et s’inscrit avant tout dans un contexte religieux catholique romain. Déception ! Il n’empêche, la chaussée romaine communément appelée la chaussée Tongres-Bavay traverse plusieurs de nos entités et notamment celles de Perwez et de Ramillies. Bien malin celui qui aujourd’hui pourrait fixer avec précision le tracé d’autres axes de moindre importance mais aussi antiques que celui-là. Au fil des siècles, d’autres chemins vinrent s’ajouter au réseau viaire de l’époque gallo-romaine. A chaque époque ses caractéristiques, des chemins «sécurisés » aménagés sur les lignes de crête, aux chemins tracés dans les vallées, en passant par ceux destinés à l’exploitation de nouveaux territoires agricoles conquis sur les zones boisées. Au 18e siècle, après des siècles d’usage d’axes sinuant à travers les campagnes de villages en villages, on en reviendra à la ligne droite. La « chaussée thérésienne » de l’époque autrichienne qui contribuera à l’essor économique des anciens Pays-Bas ! Le modèle qui sera ensuite repris et étendu sous le régime français.


Conférence, à Glimes, le jeudi 24 mai
Une approche fine du terroir ancien de nos différents villages permet parfois aussi d’envisager, ne serait-ce que partiellement, le développement du réseau viaire local et intra-local. L’ouverture de voiries nouvelles est inscrite dans le patrimoine « génétique » de chacun de nos villages. Une étude du cadastre ancien permet, dans de nombreux cas de figure, d’établir une sorte de stratigraphie historique de nos axes de circulation. La chose peut paraître étonnante, mais là où les opérations de remembrement agricole n’ont pas été entreprises, la structuration de certains terroirs agricoles n’a pas évolué depuis le Moyen Age ! De quoi permettre l’ébauche d’un cadastre de nos voiries si pas antiques, au moins très anciennes !


Nous nous proposons d’aborder avec vous cette problématique sur la base d’exemples locaux et régionaux, dans le cadre d’une conférence organisée le jeudi 24 mai prochain, à 20 h, en la salle communale de Glimes, rue de la Tombe Romaine. Afin de pouvoir accueillir au mieux les participants, nous leur demandons évidemment de bien vouloir réserver leur place à l’avance (0499.96.91.89 ou joseph.tordoir@gmail.com). Bien évidemment, entrée libre !


Le monument français de Jandrain

publiée le 24 avril 2018


Depuis 1953, sur le territoire de l’ancienne Commune de Jandrain, à la sortie de Jauche, le long de la chaussée de Wavre à Hannut, un monument rappelle aux passants qu’en mai 1940, de violents combats opposèrent soldats français et allemands durant « La bataille de Hannut », à savoir la première bataille de chars de la Deuxième Guerre mondiale. Un peu plus loin, dans le cœur de Jandrain, vous ouvre ses portes le « Musée du Corps de Cavalerie français », entièrement rénové en 2002, rassemblant les souvenirs liés à ces combats qui ont profondément marqué les habitants de tous les villages de cette partie de la Hesbaye.


Le premier combat de chars de la Deuxième Guerre mondiale
En août 1914, les régiments de cavalerie française commandés par le général Sordet avaient atteint Ramillies avant de se replier sur la Sambre. En mai 1940, le corps de cavalerie du général Prioux était quant à lui arrivé jusqu’aux abords de Hannut. Durant les journées des 12 et 13 mai 1940, 411 chars français avaient entravé la progression de 674 chars allemands, les premiers combats ayant débuté autour de Hannut, les derniers autour de Jandrain. Les attaques aériennes menées contre les troupes françaises étaient venues à bout de leur résistance mais de très lourdes pertes avaient été enregistrées dans les rangs allemands. Si 105 chars français avaient été détruits durant les combats, 164 chars allemands avaient en effet connu le même sort. Le sacrifice des unités françaises engagées durant ces deux journées, avait permis la mise en place de la ligne de défense de la Dyle qui allait bientôt « s’enflammer » à son tour.


Un monument pour commémorer
En 1946, « Les Rescapés du 1er Cuir(assiers) » français proposèrent d’ériger un monument à la mémoire des morts du corps de cavalerie tombés en mai 1940. Cette même année, des contacts furent pris avec les autorités communales de Jandrain. Un terrain fut choisi, le long de la chaussée de Wavre. Trois années plus tard, le 5 juin 1949, la première pierre d’un monument commémoratif était posée par Fernand Demets, le Gouverneur de la Province de Brabant, en présence du général Prioux. Le projet était ambitieux. Au centre d’un terrain couvrant une surface de 750 m², l’architecte Emile Goddin avait imaginé voir se dresser une structure de pierre de 20 m 30 de hauteur, figurant la lame d’une épée pointée vers le ciel, le tout s’appuyant sur un socle de 14 m de largeur. Au pied de cette structure devait prendre place une statue de bronze doré, de 4 m de hauteur, œuvre du sculpteur Demanet, à savoir « La France » personnifiée dans les traits d’une femme debout, sorte de déesse antique, dressant au ciel, de sa main gauche, un bouclier symbole de résistance.


Un projet (trop) ambitieux…
La première pierre posée, une vaste collecte de fonds avait été entamée. Le projet, comme nous l’avons souligné, était ambitieux, trop ambitieux et donc… très coûteux. Il avait été officiellement placé sous le « Haut Patronage de S.M. la Reine Elisabeth ». Le « Comité exécutif français », présidé par le général Prioux, s’appuyait sur un « Comité de patronage français » au sein duquel siégeaient notamment le maire de Lyon Edouard Herriot, président de l’Assemblée Nationale, le ministre des Affaires Etrangères Robert Schuman, et le général de Lattre de Tasigny. Le « Comité exécutif belge », dirigé par le président de la Fédération Nationale des Combattants, disposait aussi de l’appui d’un « Comité de Patronage belge » au sein duquel siégeaient plusieurs ministres en activité, différents gradés, des diplomates et… le bourgmestre de Jandrain ! Afin d’encourager les dons, il avait été décidé d’offrir une médaille spéciale à toutes les personnes ayant versé plus de 1.000 francs de l’époque pour la réalisation du monument. Malgré cette initiative, le projet dut finalement être revu « à la baisse ». La gigantesque épée fut remplacée par un muret bâti en arc de cercle. La statue, posée sur un socle massif, devint alors la composante principale de ce monument officiellement inauguré le 17 mai 1953, treize années après la « Bataille de Hannut ».


1918-2018, hommage à rendre aux "évacués civils français"

publiée le 10 avril 2018


En 2014, diverses activités (conférences, expositions, manifestations patriotiques, etc.) ont été menées à bien, dans plusieurs communes du Brabant wallon, à l’occasion de la commémoration du 100e anniversaire du début de la Première Guerre mondiale. Il en sera de même, en 2018, pour le 100e anniversaire de la fin de ce conflit et de nouvelles expositions sont donc en préparation à Jodoigne ainsi qu’à Orp-Jauche, notamment avec le soutien de la Province du Brabant wallon. Les autorités communales incourtoises, de leur côté, ont décidé de rappeler le sort peu enviable qui fut celui de milliers d’évacués civils français jetés sur les routes de l’exil durant les années 1917 et 1918 et qui vécurent chez nous, la plupart pendant plusieurs mois.


D’Haucourt à Piétrebais
Haucourt, petit village du Département du Pas de Calais. Le maire, Philippe Dubus photographie la tombe de la famille Delury conservée dans le cimetière municipal. Comme quelques lettres gravées dans la pierre le rappellent, dans le caveau familial repose les restes de François Delury (1914-1918). Son neveu, encore bon pied bon œil, sait que ce jeune enfant est mort pendant la Première Guerre, sans plus. La Commune d’Incourt, Belgique, vient de faire savoir aux autorités municipales qu’elle organise le 26 mai 2018, une manifestation en l’honneur de plusieurs évacués français morts dans son ressort administratif. Parmi ceux-ci, un enfant n’ayant pas encore atteint l’âge de 4 ans, un certain François Delury, né à Haucourt le 3 décembre 1914, est mort à Piétrebais le 12 janvier 1918, y résidant provisoirement avec ses parents qualifiés « d’évacués civils français ». Et voila un petit « mystère » familial résolu. Comme les corps des 8 autres réfugiés français morts à l’époque à Piétrebais, à Roux-Miroir et à Incourt, les restes de cette petite et innocente victime ont été exhumés après la guerre et rendus au sol français.


Embarqués dans des wagons à bestiaux…
A la veille de grandes offensives menées par les troupes allemandes dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais, dès 1917, des villages entiers sont évacués de force. En 1918, ces déplacements de population concernent des dizaines de milliers de personne. Lorsque celles-ci retrouveront leurs villages après la fin du conflit, elles n’y retrouveront que ruines et désolation. Sur les routes de l’exil, la maladie et la fatigue frappent aveuglément enfants et vieillards. La fameuse grippe espagnole moissonne indistinctement. Les premiers kilomètres de l’exil sont généralement effectués dans des wagons à bestiaux. Les points de chute chez nous ? Les gares d’Ottignies, de Wavre, de Gastuche, de Jodoigne. De là, les évacués aboutissent dans les villages environnants, secourus financièrement par le Conseil National de Secours et d’Alimentation. En février 1918, Roux-Miroir est notamment chargé d’accueillir plusieurs dizaines d’évacués. Six mois plus tard, ils sont encore plusieurs centaines à vivre sous Piétrebais, Incourt, Roux-Miroir, Opprebais, etc., logés chez l’habitant. La guerre terminée, nombreux seront ceux qui devront attendre l’année 1919 pour pouvoir rentrer chez eux !


Le samedi 26 mai prochain, une plaque commémorative portant les nom, âge, domicile et date de décès des 9 évacués en 1917-1918 à Incourt, Roux-Miroir et Piétrebais, sera posée sur un mur de la Maison communale d’Incourt, en présence d’une délégation civile française.


Souvenirs de la ligne vicinale Wavre-Jodoigne

publiée le 27 mars 2018


En 2013, Patrick Piffet, un habitant de l’entité d’Incourt, a publié dans la revue Wavriensia une étude inédite consacrée à l’histoire des différentes lignes vicinales qui traversèrent le territoire de cette même entité à dater de la fin des années 1880. Amateur de promenades, il avait établi le tracé de ces lignes tentant ensuite, désespérément, de retrouver des tronçons praticables pour les marcheurs. La tâche s’avéra quasiment impossible. A la différence des lignes de chemin de fer classiques dont on a décidé la fermeture, les lignes de chemins de fer vicinaux ont été revendues rapidement par les sociétés qui les avaient exploitées. Impossible donc d’imaginer un réseau « Ravel bis » sur la base de celles-ci.


Une ligne Wavre – Jodoigne
Durant la seconde moitié du 19e siècle, les villes de Wavre et de Jodoigne, réclamèrent durant de longues années le passage de lignes de chemins de fer sur leur territoire. A la fin des années 1860, Jodoigne avait fini par obtenir la construction d’un embranchement greffé sur la ligne Tamines-Landen, tronçon destiné à relier Tirlemont. Durant la décennie suivante, l’idée de relier Jodoigne à Wavre, par une deuxième et nouvelle voie de chemin de fer, avait germé dans les esprits de certains ! Sous le gouvernement libéral dirigé par Walthère Frère-Orban, entre 1878 et 1884, les deux municipalités, « citadelles libérales », avaient obtenu gain de cause. Le principe de la création de ce nouvel axe avait en tous cas été acquis et de premiers achats de terrains avaient été opérés par l’Etat belge. Il s’agissait essentiellement de relier Jodoigne à Gastuche, où passait la ligne Charleroi-Louvain qui elle-même desservait la ville de Wavre.


Au centre du débat politique
Les libéraux ayant perdu les élections législatives du mois de juin 1884, le projet avait sombré avec eux. En 1885, le nouveau gouvernement catholique avait décidé de remplacer la ligne prévue par une ligne de chemin de fer vicinal qui, contrairement à la première, devait notamment desservir les carrières de Dongelberg et plusieurs petites communes rurales du canton de Jodoigne. Le choix de l’itinéraire avait suscité de nombreux débats politiques ! Les 16 premiers kilomètres de la ligne avaient officiellement été ouverts à la circulation en octobre 1887 et grosso modo les 9 derniers en mars 1889. Tout développement d’une ligne confiée à la Société Nationale des Chemins de fer Vicinaux (SNCV), impliquait une participation financière des communes traversées. Actionnaires, elles pouvaient encaisser des dividendes, mais devaient avant tout assurer le financement de 25% des coûts liés à la construction de la ligne ainsi qu’à l’achat de son matériel d’exploitation. Les libéraux de l’époque avaient fatalement accusé le gouvernement catholique d’avoir obligé les communes à consentir des dépenses importantes, mais ils n’avaient guère été entendus tant la nouvelle ligne créée avait suscité la satisfaction de ses usagers !


La dislocation de la ligne
Au fil des décennies, les communes avaient inévitablement consenti des dépenses importantes au profit du réseau. Tant et si bien que lorsque la SNCV au milieu des années 1950, avait décidé de remplacer ses lignes de trams par des lignes d’autobus, ces mêmes communes avaient envisagé de récupérer une partie de leur mise en acceptant la vente des rails et la revente des terrains acquis durant les années 1880 pour assurer le tracé. Ces opérations étaient en partie intervenues durant les années 1959-1960. Derniers réels témoins importants de cette épopée locale ? Les anciennes gares d’Incourt-Dongelberg et de Roux-Miroir, vendues à des particuliers.


Roux-Miroir : le bouc des Ysembart

publiée le 6 mars 2018


Dans le cadre de la « fusion des communes » intervenue à l’échelle de la Belgique au 1er janvier 1977, une partie non négligeable du territoire de l’ancienne commune de Dongelberg (destinée à rejoindre la nouvelle entité administrative de Jodoigne) fut rattachée au territoire de la nouvelle entité communale d’Incourt. Il s’agissait principalement du hameau d’Aillebroux où s’élevaient quelques habitations rurales dont une imposante ferme longée depuis 1754-1755 par la chaussée Namur-Louvain, à savoir la « ferme de Gailbiez ». Les bâtiments de cette exploitation agricole ont connu plusieurs modifications importantes au fil des siècles. Dans la façade principale de son porche est cependant conservé un cartouche en pierre figurant les armoiries combinées de l’écuyer-banneret François-Philippe d’Ysembart de Bayvoort et de son épouse Marie-Antoinette de Flodorp.


François-Philippe d’Ysembart, seigneur de Lathuy
Cette pierre armoriée date du 18e siècle. Né à Ath en 1690, François-Philippe d’Ysembart appartenait à une famille noble assez influente dans le Tournaisis. En 1720, il avait épousé Marie-Antoinette de Flodorp, née en 1681, fille du vicomte Pierre-Jean de Flodorp, seigneur de Clabecq. En juin 1725, le couple avait acquis de la famille de Harsens l’imposante ferme de Gailbiez et la centaine de bonniers qui constituaient son exploitation. Trois mois plus tard, d’Ysembart avait acquis la seigneurie de Lathuy à la famille vande Ven, de Louvain. Devenu seigneur de cette terre, mais ne possédant aucune demeure sous cette juridiction, il avait décidé de transformer sa ferme de Gailbiez en ferme-château. Dès l’année 1726, des maçons venus de Tubize avaient été employés sur le site. L’ancienne ferme avait été transformée et on lui avait adossé une vaste dépendance, réservée à l’usage de son propriétaire. Sans héritiers directs, Marie-Antoinette de Flodorp et son époux s’étaient respectivement éteints en leur château de Gailbiez en avril 1766 et février 1779. Ils avaient tous deux été inhumés dans le cimetière de la paroisse de Lathuy, et non dans celui de Dongelberg où étaient habituellement enterrés les habitants du hameau d’Aillebroux.


On peut légitimement supposer que la pierre armoriée que nous avons évoquée avait été insérée dans une paroi du porche donnant initialement accès à la cour principale de la ferme-château remodelée à dater de l’année 1726. Les armes de famille d’Ysembart, anoblie en 1678, sont facilement reconnaissables. Elles figurent en effet « un bouc de sable rampant contre un arbre de sinople posé à dextre ». Elles sont présentes ici dans la partie gauche du cartouche armorié. Un « bouc issant » surmonte également le cimier de la double composition. Celle-ci est encadrée par 2 personnages mythologiques, à savoir 2 faunes flanqués de cornes et de pattes de caprinés.


Le porche de la plus grande ferme du canton de Jodoigne
Lors d’une grande entreprise de reconstruction du site, entreprise par la famille de Bourgogne-Herlaer propriétaire de Gailbiez à dater de l’année 1827, l’ancien château de la famille d’Ysembart, qui s’élevait sur la partie droite de la cour de la ferme actuelle, disparut définitivement. On décida néanmoins d’en garder le souvenir en conservant le cartouche figurant ses armes. Il fut alors inséré dans la façade principale du nouveau porche d’entrée de la ferme. En 1860, avec ses 162 hectares, Gailbiez, appartenant désormais à la famille Osy de Zegwaart, était la plus grande exploitation agricole du canton de Jodoigne.


L'ancienne ferme-brasserie Delfosse, à Incourt

publiée le 20 février 2018


Les usagers de la chaussée Namur-Louvain ont sans doute déjà eu le regard attiré, dans la traversée d’Incourt, par un complexe de bâtiments assez imposants élevés à l’angle formé par ladite chaussée et la rue conduisant au coeur du village. Il s’agit d’une ancienne ferme-brasserie intimement liée tant à l’histoire de la famille Delfosse qu’à celle du village. Elle vient de changer de propriétaires et sans doute d’échapper à une « très profonde transformation».


Des Tordoir aux Delfosse
Vers 1778-1779, le mayeur d’Incourt, un certain Pierre-François Tordoir, qui exploitait l’ancienne auberge Saint-Pierre, sur la chaussée Namur-Louvain, fit bâtir une brasserie à quelques dizaines de mètres de celle-ci, au coin de la route conduisant au centre du village. Devenu, en 1782, le fermier locataire de la ferme-château d’Opprebais, propriété de la famille d’Arenberg, il confia l’exploitation de cette brasserie aux locataires successifs de son auberge qui portait désormais l’enseigne « Au Mayeur ». Après son décès, survenu à la fin du 18e siècle, la propriété de ce petit site industriel échut à sa fille Marie-Louise Tordoir, épouse, à dater de l’année 1803, de Valentin Delfosse, natif de Sart-Risbart, un des fils des locataires de la ferme de la Grande Risbart, ancienne propriété de l’abbaye de Villers. Se destinant désormais à l’activité brassicole, ledit Delfosse fit construire, durant la première décennie du 19e siècle, une imposante maison de maître dans le prolongement de l’ancienne brasserie Tordoir. Il était bourgmestre d’Incourt à l’époque du décès de son épouse, survenu en 1826. Son remariage avec une jeune femme de la localité, de 28 années sa cadette, fit apparemment scandale, le curé de la paroisse allant jusqu’à signaler l’affaire à Malines !


Brasseur et… bourgmestre
En juin 1840, à la suite d’un partage familial, la ferme-brasserie était devenue la propriété d’Auguste Delfosse, le fils aîné de la famille, époux de sa cousine germaine Marie-Joseph Tordoir. Ce fut lui qui, en 1865, fit adjoindre aux bâtiments la volumineuse grange bien visible de la chaussée. Il mourut, chez lui, en 1877, à la suite d’un « accès de colère » ! En décembre 1881, son fils Emile Delfosse, époux Ducarme, hérita officiellement des différentes composantes de la ferme-brasserie. Il fut bourgmestre d’Incourt de 1867 à 1899, et défendit sa vie durant les couleurs du Parti Libéral. En janvier 1902, il vendit le site à ses neveux et nièces Delfosse, d’Opprebais. La brasserie « Armand Delfosse et sœurs » fut maintenue en activité jusqu’en 1920. Cette année-là, elle fut acquise par Maurice Philippot et son beau-frère l’instituteur Louis Dethiège qui manifestement mirent un terme à ses activités. En 1927, ils revendirent ce patrimoine à Antoine Tordoir époux de Clara Parys. Jules et Joseph Tordoir, à savoir les deux fils de ce couple de fermiers, poursuivirent ensuite l’exploitation de la ferme. En 1978, la famille Jules Tordoir-Wilmet se sépara finalement de ce patrimoine qui fut ensuite progressivement protégé et rénové par la famille Blumfield-Tophinke. Celle-ci vient de s’en séparer à son tour (septembre 2017).


La « Ferme de l’Ange »
Depuis quelques années, l’ancienne ferme-brasserie Delfosse est connue sous l’appellation « Ferme de l’Ange », en raison de la présence, sur un de ses toits, d’une grande girouette figurant un ange flanqué d’une trompette ! Au début du 17e siècle, une auberge d’Incourt portait déjà l’enseigne « L’Ange», mais elle était située sur la principale place du village, vraisemblablement là où s’élève aujourd’hui l’habitation de la famille Barras-Malevé. Pour la petite histoire, cette auberge fut le premier habitat d’un certain Antoine du Tordoir, venu s’installer à Incourt durant la 2e décennie du 17e siècle ! Un brave homme très certainement ! Même s’il avait l’habitude d’ouvrir son établissement pendant les offices divins célébrés dans la paroisse ce qui était interdit à l’époque. L’affaire lui valut d’ailleurs quelques ennuis « judiciaires » suscités par le clergé local confronté aux arrivées tardives de paroissiens enivrés ! Il était sans doute écrit quelque part qu’une famille Tordoir devait à nouveau vivre en ces lieux…


Le premier livre sur la Chapelle Notre-Dame du Marché de Jodoigne

publiée le 06 février 2018


Bernard Van den Driessche et Mary Verdickt viennent de consacrer une remarquable monographie à la chapelle Notre-Dame du Marché, un des fleurons patrimoniaux de la grand ‘place de Jodoigne. Cet édifice, récemment restauré et en grande partie désacralisé, figure évidemment au rang des atouts touristiques de la « capitale » de l’Est du Brabant wallon. Une belle occasion vous est donnée d’en découvrir l’histoire, la petite et la grande, tout au long de 120 pages richement illustrées.


Une chapelle dès le XIIIe siècle
Les travaux historiques de l’abbé Hanon de Louvet ont très longtemps fait remonter la présence d’une chapelle, sur le marché de la petite cité médiévale, à l’année 1353, à savoir l’année de la consécration de la chapelle que nous connaissons aujourd’hui et dont les travaux de construction ne s’achevèrent que bien plus tard. Comme nous l’avions déjà souligné, il existait cependant déjà une chapelle sur cette place en l’an 1279. Depuis cette époque, l’édifice, entièrement bâti en pierre blanche de Gobertange, a connu bien des vicissitudes dont le terrible incendie de l’année 1632 qui détruisit sa toiture et sa charpente au point de la laisser à l’état de ruines durant plusieurs années.


L’horloge de la Ville !
Comme le rappellent notamment les auteurs, la tour quadrangulaire de la chapelle – haute de 26,40 m – est divisée en quatre niveaux de hauteurs inégales, séparés chaque fois par un cordon-larmier. La partie supérieure (les deux derniers niveaux) a été reconstruite entre 1632 et 1635, cette dernière année étant celle de l’achèvement de la nouvelle flèche torsadée. Un cadran d’horloge, en façade et sur chacun des autres côtés, occupe actuellement, et depuis sans doute plusieurs siècles, la partie supérieure du troisième niveau. Il faut « avaler » 109 marches pour accéder à cet étage de l’édifice.


Une horloge existait déjà dans l’édifice en 1489-1490 et les noms des personnes officiellement chargées de la « remonter » sont connus depuis l’année 1615 jusqu’en 1788. L’exercice était manifestement quelque peu périlleux. En 1672, l’horloger Sébastien de Pède, victime d’une chute assez stupide, avait été retrouvé mort à côté du mécanisme de l’horloge. Nous nous souvenons avoir lu le récit de la chute mortelle, beaucoup plus spectaculaire, de l’un de ses successeurs, intervenue durant les dernières décennies du 18e siècle. L’horloger s’était écrasé au sol ! Depuis 1926, la tour est dotée d’une horloge électrique fabriquée dans les ateliers Michiels, de Malines, horloge qui fut restaurée en 1991. Un mécanisme ancien est encore conservé, fabriqué en 1765 par un certain Christian Lion. Une aiguille, en forme de cœur, offerte en 1826, à l’ancienne horloge, nous est également parvenue. Elle date de l’époque où le baron de Jamblinne présidait aux destinées de la petite cité brabançonne.


Vraiment à ne pas manquer
Cette monographie est en vente dans les librairies de Jodoigne mais elle peut aussi être acquise auprès de ses auteurs et notamment de Mary Verdickt (rue Chapelle Stevenaert, 60, à Jodoigne-Souveraine). Elle ravira tous les amateurs du patrimoine jodoignois. Un outil devenu indispensable pour toute visite intelligente du cœur de la cité.


« Les Grosses Pierres », entre Piétrebais et Chapelle-Saint-Laurent

publiée le 23 janvier 2018


Dans son ouvrage consacré à la description géognostique de la Province de Brabant, édité en 1837, l’illustre Galeotti avait déjà consacré quelques lignes à la description du « quartz grenu » visible dans la vallée du Piétrebais, où il se présentait généralement sous la forme de masses aux formes arrondies, « poussant » hors des berges de ce petit ruisseau. Ces masses rocheuses, de couleur jaune grisâtre et parfois rougeâtre, sont à l’origine de l’appellation « Les Grosses Pierres » donnée à un site où elles sont particulièrement volumineuses et nombreuses, sur le parcours dudit ruisseau, au cœur de l’ancienne commune de Piétrebais-Chapelle-Saint-Laurent. Par extension, la même appellation avait été donnée aux quelques habitations qui voisinaient ce site et qui formaient en quelque sorte un petit hameau entre ces deux paroisses.


Une curiosité naturelle !
Comme on l’aura compris, ces grosses pierres ne doivent donc rien à la main de l’homme ! D’une dureté assez exceptionnelle, elles sont particulièrement difficiles tant à briser qu’à tailler. Il ne semble pas qu’on se soit d’ailleurs risqué à cet exercice sous Piétrebais. Sous Huppaye, quelques quartz du même type ont cependant été taillés et utilisés, dès l’époque médiévale, dans le cadre de l’élévation de certains édifices. Le même gisement, au 19e siècle, avait été exploité pour la fabrication de pavés extrêmement durs. Mais donc rien de tout cela sous Piétrebais où c’était surtout des sablières qui avaient suscité l’intérêt des habitants.


Des nutons amateurs d’huîtres ?
Même si ces « grosses pierres », bien visibles encore aujourd’hui, au bas de la rue Ecole des Filles, ont donc une origine totalement naturelle, leur quantité, leur disposition et leurs formes ont inévitablement inspiré quelques esprits fantasques. Un folkloriste brabançon notait dans les années 1920 que, selon les villageois, le site avait autrefois été occupé par des nutons, genre de petits lutins très actifs dès la tombée du jour et passant le reste de leur temps dans des galeries souterraines à l’abri des rayons du soleil. Belle vision romanesque qui devait sans doute inciter les enfants à rester à la maison le soir venu ! En tous cas, ces nutons devaient être de grands consommateurs d’huîtres ! En effet, selon Galeotti, aux abords de ces masses rocheuses, à 2 ou 3 m sous le niveau du sol, subsistaient des quantités de coquilles d’huîtres fossilisées vidées de leur contenu originel ! Mais bien avant le passage des nutons, tout simplement l’époque très ancienne où toute la région était encore recouverte par la mer ! Des dents de requins avaient aussi été retrouvées dans le sous-sol.


Un gîte et des escargots
Ces grosses pierres n’ont finalement jamais cessé d’inspirer les habitants du coin. Depuis quelques années la famille Van Bogaert exploite à une centaine de mètres du site évoqué, le « Gîte des Grosses Pierres » (un bon point de chute ou de départ pour vos promenades en Hesbaye brabançonne – 39 rue Fond du Village, à Piétrebais – 0495/25.75.18). Un peu plus loin, sous Chapelle-Saint-Laurent, depuis 2016, Didier Vandersmissen s’est quant à lui lancé dans l’élevage naturel, la préparation et la vente d’escargots de type Gros-Gris et de Bourgogne. Cet héliciculteur écoule notamment ses produits dans son épicerie appelée « l’Escargot des Grosses Pierres » (7 rue de Louvain, à Piétrebais – 0494/73.84.99). Avis aux curieux, aux promeneurs et aux amateurs !


Opprebais, la chapele Binamé !

publiée le 09 janvier 2018


Nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer dans ces colonnes la campagne de restauration d’une chapelle d’Opprebais dédiée à Notre-Dame du Perpétuel Secours, communément appelée « la chapelle Binamé », à savoir un bel édifice, couvrant une surface d’environ 36m2, qui s’élève à proximité du croisement formé par les rues de Wastines et de Wez. Cette campagne, entamée il y a près de 5 ans, est presque arrivée à son terme, ses abords immédiats nécessitant encore quelques petits aménagements.


Le désarroi d’une famille chrétienne
C’est à Louis Binamé (1827-1893) – ancien instituteur communal d’Opprebais – et à son épouse Victoire Delgoffe que l’on doit l’existence de cette chapelle. La chance n’avait guère souri à ce couple dont 2 des 3 enfants étaient nés sans vie. Le plus heureux, prénommé Ignace, avait vu le jour en 1866 mais, d’une santé fragile, il s’était éteint à Opprebais le 1er juin 1885. Les archives de l’administration du cadastre nous apprennent que 2 années plus tôt, soit durant l’année 1883, le couple Binamé-Delgoffe avait déjà fait entreprendre la construction d’une chapelle sur un terrain leur appartenant situé le long de la rue de Wastines. Après la mort d’Ignace, ces travaux lui furent manifestement dédiés et, le 5 avril 1889, les époux Binamé-Delgoffe firent donation de la chapelle Notre Dame du Perpétuel Secours à la Fabrique d’Eglise d’Opprebais, tout comme du terrain sur laquelle celle-ci était édifiée. Cette donation fut acceptée, en fin d’année 1889, par les autorités diocésaines et la Province de Brabant, mais ladite Fabrique d’Eglise n’obtint la pleine jouissance des lieux qu’à dater du décès de Victoire Delgoffe, survenu à Opprebais, en 1909. Dès le mois de juillet 1898, cinq années après la disparition de son mari, pour garantir la pérennité du projet Victoire Delgoffe avait fait don à la même fabrique, d’un second terrain, à condition que celle-ci accepte de maintenir la chapelle dans un bon état d’entretien, tant à l’intérieur à qu’à l’extérieur, veille à son ameublement, entretienne son avenue et ses alentours, en y consentant les frais nécessaires à sa conservation, condition qui avait déjà été stipulée précédemment. Cette seconde donation avait également été approuvée par les autorités de tutelle.


Une petite énigme…
Dans le mur extérieur de la chapelle, derrière son chœur, une inscription gravée dans la pierre rappelle à jamais que les pierres blanches, dites de Gobertange, employées dans le cadre de sa construction proviennent des carrières Henri Pastur, de Lathuy. L’année 1893 est curieusement associée à cette mention. S’agirait-il de l’année d’achèvement des travaux de construction de la chapelle ? C’est possible mais l’acte de donation de l’année 1889 parle bien d’une chapelle déjà « opérationnelle » ce qui peut faire naître quelques doutes. L’année 1893 est aussi celle de la mort de Louis Binamé. Il est en tout cas certain qu’il ne s’agit pas de l’année de la pose de la première de l’édifice (1883).


Jodoigne ! Et si nous rêvions un peu ensemble ?

publiée le 21 novembre 2017


Jodoigne, dans une autre dimension temporelle. Il est 10h du matin et, comme presque tous les dimanches de l’année, la circulation est intense sur la chaussée de Hannut. Il en sera de même durant toute la journée. Aux deux entrées principales du parc du château des Cailloux, on bouchonne ! L’employé communal chargé de percevoir le droit d’entrée classique, comportant évidemment l’accès au château et la visite de l’exposition permanente, est débordé. On a veillé à confier la charge à un polyglotte. Ce matin, il fournit quelques informations complémentaires à une famille italienne, à en croire la plaque d’immatriculation de son véhicule. Tantôt, il échangera quelques mots en allemands, en anglais et en flamand bien sûr. Et oui ! Il en passe du monde ici ! Ah, il est vrai que l’ancien propriétaire des lieux, celui qui avait fait construire le château, Hector Defoër-Bey, avait eu une bonne en idée en léguant ses biens à la Ville de Jodoigne ! Un château, un parc magnifiquement bien arboré, et parfaitement entretenu, et surtout une collection exceptionnelle de tableaux de maîtres français du 19e siècle ! Une des plus belles que seul un richissime amateur d’art avait pu se constituer ! Un Belge qui plus est !


La collection Defoër !
Depuis 1905, la Ville de Jodoigne figure donc au rang des « villes d’art » belges et européennes. Après la 2e Guerre mondiale, les autorités locales ont récupéré la plupart des toiles qui avaient été soustraites aux collections du musée par l’armée occupante. Depuis lors, on a beaucoup investi dans les installations, parmi les plus modernes du genre. Il est ici question d’assurer la présentation au public, dans les meilleures conditions de préservation et en toute sécurité, de plus de 40 toiles, parmi lesquelles quelques œuvres exceptionnelles de Millet, de Corot, de Meissonnier, de Fromentin, de Diaz, de Ziem, et j’en passe ! Un véritable défi permanent pour Valery Kalut, l’échevin de la Culture de la Ville de Jodoigne. Quand on parle du loup, le voila justement en compagnie de la Directrice du Centre Culturel local. Ils pilotent un groupe de visiteurs parmi lesquels figure le Conservateur du Musée du Louvre. Celui-ci n’a rien à craindre, bien sûr que la Ville de Jodoigne acceptera de prêter une ou deux toiles à son institution pour une de ses prochaines expositions provisoires…


Un réveil difficile ?
Bon ! Allez ! On se réveille ! Hector Defoër-Bey n’a pas légué son château à la Ville de Jodoigne et encore moins ses collections d’œuvres d’art ! Et pourtant, il possédait encore plusieurs toiles de valeur à l’époque de son décès. Il s’était séparé des pièces les plus remarquables lors de la grande vente parisienne du mois de mai 1886 – notamment du « 1814 » de Meissonnier, figurant Napoléon -, mais un collectionneur reste un collectionneur et lorsqu’il est riche à millions…. rien, ou presque, ne l’arrête ! Aujourd’hui, les tableaux qui décoraient les cimaises du château des Cailloux et de son hôtel parisien du boulevard Haussmann ornent celles de quelques-uns des plus grands musées de la planète ! En 1886, le chroniqueur spécialisé du Figaro, en essayant de comprendre les raisons qui avaient pu pousser Hector Defoër-Bey à se défaire de tableaux exceptionnels, avait notamment évoqué le peu d’intérêt des édiles jodoignois de l’époque pour les matières artistiques. Le « Tout Paris » se disputait l’espoir d’accéder visuellement à sa collection ! A Jodoigne, apparemment, on s’en fichait royalement ! C’était plutôt son champagne qui retenait l’attention de la galerie…


Conférence et visite de l’exposition Millet, à Lille
Comme annoncé, le dimanche 3 décembre, la Commune d’Incourt organise une voyage à Lille afin d’y visiter l’exposition Millet. Pour répondre à la demande, 2 cars ont dû être requis. Peut-être vous reste-t-il une chance de trouver une place (15 € - gratuit pour les moins de 12 ans – départ à 10h du matin terrain FC Incourt – Rens. Joseph Tordoir 0499.96.91.89). Par ailleurs, j’aurai le plaisir, le vendredi 1er décembre, à 20 h, d’évoquer l’histoire de la collection de tableaux formée par Hector Defoër-Bey, dans le cadre d’une conférence que je donnerai à la salle communale de Piétrebais (rue Ecole des Filles). Pour vous assurer le meilleur accueil possible, nous vous demandons de bien vouloir signaler votre participation éventuelle soit par téléphone (voir GSM), soit par courriel (joseph.tordoir@gmail.com). Entrée libre bien évidemment.


Jodoigne, le kiosque de la Grand-Place

publiée le 24 octobre 2017


Depuis quelques années, on travaille à améliorer l’esthétique de la grand-place de Jodoigne. Il s’agit d’une bien bonne idée qui anime désormais tant les pouvoirs publics que les milieux privés les plus « éclairés ». Mais nous ne parlons pas d’une mince affaire ! Si la Chapelle Notre-Dame du Marché a déjà fait l’objet d’une superbe restauration, celle de l’Hôtel des Libertés (l’ancien hôtel de ville) a été malheureusement retardée à la suite des difficultés rencontrées par la société qui en était chargée. Tout le monde doit prendre son mal en patience. Parmi les initiatives privées, celle du propriétaire du château de la Vicomté, primée par la Province du Brabant wallon, est la plus percutante ! Grâce à elle, le haut de la grand-place a retrouvé une partie de son lustre d’antan. On s’active en ce moment à la rénovation d’une petite maison particulière qui, durant les premières décennies du 20e siècle, abrita la première antenne locale de la firme Delhaize. C’est cette fois le propriétaire du Moulin de l’Ardoisière, superbement restauré, qui est à la manœuvre et qui compte bien redonner du cachet à un bâtiment qui, depuis plusieurs années, risquait de s’écrouler. Si l’ancien hôtel de maître de la famille Bomal, qui abrita durant plusieurs années une « Boucherie Economique », demeure un chancre, on ne peut que se réjouir de la volonté de certains propriétaires de veiller à l’entretien et parfois à la rénovation de différentes façades. Parallèlement, les autorités locales planchent très sérieusement sur une réorganisation structurelle des espaces destinés à l’accueil tant des automobiles que des piétons. Beaucoup de pain sur la planche en perspective.


Le kiosque
Comme en attestent quelques-unes des plus anciennes cartes postales éditées à Jodoigne à la fin du 19e siècle comme au tout début du siècle suivant, la grand-place était autrefois dotée d’un kiosque ! Sa construction datait de l’année 1871. Cette année-là, les autorités locales avaient décidé de faire entièrement repaver la grand-place. Elle avait été redessinée et les trottoirs la délimitant avaient été élargis de façon à faciliter la circulation des chalands. En mai 1871, pour répondre à une demande formulée par les dirigeants de la société d’Harmonie, les autorités locales y avaient permis l’installation d’un kiosque permanent destiné à accueillir des prestations musicales. La structure était rapidement devenue publique. A la fin des années 1870, les deux sociétés musicales qui bénéficiaient d’un subside récurrent de la Ville, étaient chacune obligées de se produire 4 fois par an sur le kiosque, ce qui contribuait évidemment à l’animation de l’ensemble du quartier.


Le projet tint la route pendant au moins 2 décennies mais, en 1902, la structure en bois, reposant sur un mur en brique, menaçait ruine ! En septembre de cette même année, les autorités locales, constatant le danger réel pour la sécurité publique, décidèrent donc de faire procéder à sa démolition. Trois mois plus tard, le travail fut officiellement adjugé. A vrai dire, les deux sociétés musicales locales disposaient depuis plusieurs années de locaux adaptés à l’organisation de concerts. Le kiosque n’était plus aussi utile qu’autrefois mais certains regrettèrent néanmoins sa disparation. Tant et si bien qu’en mai 1908 la Ville décida de se doter d’un nouveau kiosque mais, cette fois, entièrement démontable ! Sa construction fut confiée au menuisier Achille Leclercq, futur échevin de la Ville de Jodoigne. Nous supposons que c’est ce kiosque qui apparaît sur les photos prises sur la grand-place lors des manifestations organisées à la fin de la Première Guerre mondiale.


Jodoigne... entre équerre et compas!

publiée le 10 octobre 2017


Juillet 1941. La revue « Le Rempart », organe de la ligue « L’Epuration » (sous-entendu maçonnique) agissant avec la complicité et le soutien des autorités occupantes, publie dans ses colonnes quelques documents relatifs à la loge « La Bonne Amitié » de Namur. Un des rédacteurs de la revue, après avoir parcouru les archives saisies dans les installations namuroises de cette loge, dresse la liste des sujets initiés au sein de celle-ci depuis le début des années 1920 et la jette en pâture à ses lecteurs ! Pour illustrer ses propos, ce « collaborateur », dans tous les sens du terme, choisit notamment un courrier, non daté, évoquant l’initiation de 2 figures jodoignoises. D’une part, celle de l’étudiant en médecine Eugène Delvaux, d’autre part celle du notaire Emile Charlot, bourgmestre de la Ville de Jodoigne. Cette forme de dénonciation s’apparente à un véritable coup bas. La ligue « L’Epuration » est dirigée par le docteur Paul Ouwerx (1895-1946), de Tirlemont. Une des soeurs de ce dernier n’est autre que l’épouse de l’avocat jodoignois Louis Delvaux, natif d’Orp, député catholique de l’arrondissement de Nivelles depuis 1936, un des principaux concurrents, à l’échelle locale, du très libéral bourgmestre Emile Charlot, candidat au sénat en 1929. Heureusement, l’affaire se terminera bien pour Charlot puisqu’il échappera aux exactions punitives des milieux collaborateurs et restera à la tête de la petite cité brabançonne durant toute la 2e Guerre.


Une conférence pour évoquer une présence riche et variée
L’histoire de la présence maçonnique à Jodoigne, avant la 2e Guerre mondiale, est peu connue et reste donc à écrire. En réponse à une demande formulée par la section jodoignoise de l’Extension de l’ULB, nous avons accepté d’évoquer, le temps d’une conférence, le parcours de quelques personnalités jodoignoises ayant fréquenté les loges maçonniques belges durant seconde moitié du 19e siècle. Cet exposé constitue, en quelque sorte, la suite de celui que nous avons eu l’occasion de présenter en 2015, au château de l’Ardoisière, dans le cadre des Journées du Patrimoine. A l’époque, nous nous étions principalement intéressé à des Jodoignois ayant fréquenté les milieux maçonniques avant la Révolution ; principalement le baron de Jamblinne, à savoir le propriétaire du château de la Vicomté sur la grand ‘place de Jodoigne, et le rentier Philippe Goes, le futur propriétaire du moulin de l’Ardoisière. Durant « l’amalgame » hollandais (1814-1830), ces deux hommes avaient successivement été appelés à diriger l’administration locale. Nos propos porteront cette fois sur la période couvrant les 5 dernières décennies du 19e siècle.


L’ouverture aux chercheurs des « Archives de Moscou », à savoir des archives maçonniques confisquées par les autorités allemandes durant la 2e guerre, permet de dresser un tableau relativement fidèle de la présence maçonnique à Jodoigne durant la période considérée. En mai 1945, ces archives, entreposées à Berlin, étaient tombées entre les mains des troupes soviétiques qui s’étaient empressées de les envoyer à Moscou pour classement et analyse ! Suite à diverses négociations intervenues entre les autorités belges et les autorités russes, ces documents sont revenus sur le sol belge il y a quelques années et constituent désormais la base des collections du Centre de Documentation Maçonnique (CEDOM), institution figurant au rang des centres d’archives privées reconnus par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Une véritable mine d’or pour les historiens professionnels.


La conférence que nous venons d’évoquer se donnera le mardi 17 octobre, à 20 h, dans les locaux de la Médiathèque de l’Athénée Royal de Jodoigne, chaussée de Hannut, n°61 (entrée par la cour située vis-à-vis du garage Hyundai). Son accès est libre, mais pour garantir l’accueil correct des participants nous vous demandons de bien vouloir réserver votre place le plus rapidement possible (joseph.tordoir@gmail.com ou SMS au 0499.96.91.89). Une soirée, a priori intéressante, à passer en Hesbaye brabançonne !


Jodoigne, monuments et drapeaux

publiée le 26 septembre 2017


Jodoigne figure au rang des 100 communes qui, en septembre 1832, reçurent officiellement « un drapeau d’honneur » pour avoir participé de façon active aux événements révolutionnaires du mois de septembre 1830. Ce drapeau est aujourd’hui précieusement conservé dans une vitrine de la Salle des Calèches, au « Château Pastur », à savoir dans les locaux de l’actuel Hôtel de ville de Jodoigne. Les habitués des lieux ont très certainement déjà remarqué sa présence. A quelques dizaines de mètres de là, au pied de l’escalier de « La Gadale » est visible un autre « souvenir » des événements révolutionnaires. Il s’agit du monument commémoratif en pierre bleue dont la Ville s’était dotée dans le cadre des fêtes du 75e anniversaire de notre Indépendance Nationale. Il mérite le détour et l’intérêt des passants.


Le monument Jacques Martin
En septembre 1831, les autorités jodoignoises avaient fait placer contre un mur de l’église Saint-Médard, à gauche de son ancien porche (rebouché lors de la restauration du bâtiment entreprise durant les années 1970), une pierre commémorative dédiée à Jacques Martin, le commandant des volontaires jodoignois tombé au champ d’honneur, à Berchem le 25 octobre 1830, dans le cadre des opérations militaires qui avaient suivi le retrait de Bruxelles des armées hollandaises. Né à Jodoigne en 1799, Martin, avait notamment participé, en juin 1815, à la bataille de Waterloo dans les rangs de l’armée nationale des Pays-Bas. Ladite pierre commémorative rappelait les deux faits et avait été réalisée par Charles Martin, frère du défunt, alors marbrier à Bruxelles.


Le monument du 75e anniversaire
Le comité chargé d’organiser les fêtes du 75e anniversaire à l’échelle de Jodoigne décida de remplacer ce premier monument par un nouveau dédié cette fois aux volontaires jodoignois de 1830, mais seulement à ceux qui participèrent aux opérations militaires à dater du 21 octobre. Les noms de ces 68 Jodoignois furent gravés dans ce monument portant en chef les armoiries de la Ville de Jodoigne. L’inscription évoquant le sacrifice de Jacques Martin fut aussi reproduite. Ce nouveau monument, placé au même endroit que le premier, fut officiellement inauguré le 3 septembre 1905. Dans le cadre de la grande campagne de restauration de l’église Saint-Médard entreprise dans les années 1970, il fut décidé d’épurer les murs extérieurs de ce temple. Dans ce contexte, le monument fut détaché de l’édifice. Transféré au pied de l’escalier de la Gadale, on procéda sa deuxième inauguration officielle le 6 septembre 1980. Il n’a plus changé de place depuis lors.


« La Liberté ou La Mort »
Le monument auquel celui que nous venons d’évoquer avait succédé en 1905, après avoir été officiellement confié à la garde du Jodoignois Charles Martin, petit-fils de Jacques, fut offert, en 1925 au Musée Royal de l’Armée où il est encore conservé aujourd’hui. La même institution compte aussi dans ses collections les 3 drapeaux que les Jodoignois arborèrent en 1830. Le premier de ceux-ci, celui qui accompagna les volontaires du mois de septembre 1830, porte l’inscription « Liberté-Union ». Le deuxième, celui du corps commandé par Jacques Martin, présente notamment l’inscription évocatrice « La Liberté ou La Mort », ainsi que les noms des villes où ce corps s’illustra : Bruxelles, Bouchout, Lierre, Berchem et Anvers. Enfin, le troisième, aux couleurs brabançonnes, vierge de toute inscription, avait été attaché par François-Xavier Grégoire sur la pompe de la grand’place de Jodoigne dans la nuit du 2 au 3 septembre 1830. Si vous vous attardez, en visitant ledit musée, dans l’espace évoquant les évènements révolutionnaires, vous aurez la chance d’observer ces trois souvenirs très évocateurs dont la cité brabançonne accepta aussi de se séparer durant les années 1920.


Dimanche 17 septembre 2017 – Marche des Chouans

publiée le 12 septembre 2017


Dimanche prochain aura lieu l'incroyable édition de la Marche des Chouans de la Hesbaye brabançonne, une manifestation à la fois historique et folklorique. Organisée par l’association Cultura Nostra, d’Incourt, avec le soutien de la Province du Brabant wallon, de la Ville de Jodoigne et de la Commune d’Incourt, cette marche, à travers nos belles campagnes, rappelle, de manière moins sanglante, le raid sur Jodoigne, mené en fin d’année 1798, par quelques opposants au régime républicain français de l’époque !


En 1798-1799, les fidèles du baron Jean-Pierre de Beaulieu, officier général propriétaire du château de Brocuy, contrairement à nos « Chouans contemporains », n’eurent guère le temps de danser durant leur opération coup de poing ! Après avoir quitté Jodoigne, la bande armée, commandée par Antoine Constant, de Roux-Miroir, prit la direction de Hasselt où elle fut décimée quelques jours plus tard par les armées républicaines. Constant ayant été capturé, et par la suite exécuté, quelques-uns de ses hommes, dont Simonart, le valet de pied du baron de Beaulieu, ainsi que Béro, dit « Le Diable », de Sart-Biez, animèrent le maquis durant quelques semaines avant que les autorités françaises ne réussissent à définitivement rétablir le calme dans le Département de la Dyle. Installé à Linz, en Autriche, le baron de Beaulieu abandonna dès lors tout espoir d’être rétabli dans ses droits sur les terres de Lathuy et de Piétrebais, seigneuries qu’il avait acquises en novembre 1793, entre la 1ère et 2e invasion des armées républicaines !


Cette année, pour rappeler les liens qui existèrent entre le baron de Beaulieu et les habitants de la terre de Piétrebais, c’est au lieu-dit « Les Grosses Pierres », dans ce même village de Piétrebais, que débutera la « Marche des Chouans ». Les « costumés » s’y rassembleront pour déjeuner ensemble avant d’entreprendre le périple pédestre de 8 km qui les conduira au château de Brocuy, ancienne demeure du baron de Beaulieu. Avant le départ, à la demande dudit baron, seront officiellement installés les membres de la cour de Justice de la seigneurie de Piétrebais ! Durant le repas (vers 12h30-13h), diverses danses du 18e siècle seront présentées au public et sans doute aussi quelques danses bretonnes. Vers 13h00 – 13h30, le cortège prendra la direction de Roux-Miroir, à travers les campagnes, pour rejoindre la rue de Patruange et la demeure d’Antoine Constant et celle de son frère, le notaire Etienne Constant, des fidèles du baron de Beaulieu. Une distribution de pain sera organisée en cet endroit, à l’intention des marcheurs costumés et de leurs courageux accompagnateurs ! Du pain local, produit par la boulangerie La Magie du Pain. Les courageux arriveront sur place à … l’heure qu’ils pourront ! Sans doute vers 14h30-15h00. De là, le groupe prendra la direction du château de Brocuy (rue baron Jean-Pierre de Beaulieu) où, dès leur arrivée, se produiront, en plein air, les danseurs de la Saltarelle, en costumes et perruques du 18e siècle ! On peut espérer que le groupe se trouvera sur place aux alentours de 16h et que d’autres danses bretonnes devraient venir clôturer l’après-midi vers 17h-17h30 ! Le tout dépendant des conditions climatiques et des pieds des marcheurs !


Comme d’habitude (cette fois à Brocuy), un bus permettra aux marcheurs costumés ou non, de rejoindre le point de départ de la marche. Inutile de préciser que tous les spectacles organisés le long du parcours sont d’accès libres et qu’en plusieurs endroits, la possibilité est laissée aux marcheurs de se sustenter (boissons et produits régionaux). Toutes celles et ceux, non costumés, qui désirent manger avec les Chouans le dimanche midi, doivent cependant réserver leur repas (jambon + boudin + fromage + œuf + pain + 1 verre de vin rouge = 6 €) auprès de moi-même (joseph.tordoir@gmail.com ou 0499.96.91.89) ou de Valéry Kalut (0475.609.814).


En espérant que cette nouvelle édition se passera dans la bonne humeur, comme les précédentes, et que le soleil sera de la partie, c’est avec grand plaisir que je vous invite à venir « chouanner » en notre compagnie… et à découvrir quelques coins charmants de nos belles campagnes !


D'Opprebais à Rocamadour, en pèlerinage !

publiée le 29 août 2017


Nous sommes en 1428 ou 1429. Un certain Jean Manesse, officier de justice de la seigneurie d’Opprebais, outrepassant ses prérogatives, arrête dans le ressort de la franchise d’Incourt un certain Jean Kekelant, l’emprisonne au château d’Opprebais et réclame de ses proches une rançon pour lui rendre la liberté. Grave erreur ! Une plainte portée devant les officiers de justice de Louvain, lieu de résidence habituel de Kekelant, débouche sur une condamnation infâmante pour Manesse ! Il est obligé d’accomplir un pèlerinage expiatoire à Rocamadour, dans le Languedoc !


Les pélérinages expiatoires
Depuis le début du 13e siècle, dans nos régions, le pèlerinage expiatoire figurait au rang des peines judiciaires de plus en plus appliquées aux contrevenants. Dans ce contexte codifié, parmi les pèlerinages les plus en vogue à l’époque (Saint-Jacques de Compostelle, Milan, Jérusalem, etc.), c’était celui de Rocamadour qui était tout spécialement imposé aux officiers de justice accusés d’abus de pouvoir. Les blasphémateurs, comme toute une série d’autres petits « délinquants » de l’époque, étaient également condamnés à rendre visite à la Vierge Noire de Rocamadour. Ayant progressivement remplacé la peine du talion (œil pour œil, dent pour dent), le pèlerinage expiatoire avait connu ses heures de gloire durant les 14e et 15e siècles, avant d’être la victime indirecte des guerres de religion, le site de Rocamadour ayant notamment été entièrement saccagé par les « hérétiques » durant les premières décennies du 16e siècle.


En vivant de la charité chrétienne
A en croire les archives judiciaires, Jean Manesse avait bien accompli sa peine expiatoire et en avait fourni les preuves, comme tout condamné. L’expédition n’avait cependant pas dû être de tout repos. Habituellement, le condamné au pèlerinage de Rocamadour quittait son lieu de résidence trois mois après sa condamnation. Il entreprenait seul, très simplement vêtu, un voyage qu’il devait effectuer à pied, étant généralement obligé de jeûner durant la plupart du temps et ne pouvant se reposer plus d’un jour, le tout en vivant de la charité chrétienne. Quatre voies « officielles » pouvaient le conduire à son lieu d’expiation, une en partie maritime, les trois autres entièrement terrestres, toutes relativement insécurisées. Arrivé à Rocamadour, le condamné rendait visite à la Vierge Noire, obtenait théoriquement d’elle son pardon et retirait auprès d’un moine une attestation de son passage. Le retour était plus facile, portant l’insigne du pèlerinage, le condamné bénéficiait désormais d’une « protection particulière ». Il pouvait cheminer à sa guise, se restaurer normalement et même négocier sur la route si la chose était possible ! Chose surprenante, le commerce européen en avait souvent retiré des bénéfices !


Jean Manesse était donc manifestement revenu entier à Opprebais, mais lors de son jugement, il avait été spécifié, malheureusement pour lui, qu’il ne pourrait plus jamais exercer à l’avenir aucun office judiciaire, même une fois le pèlerinage accompli. Nous ne connaissons pas sa destinée. Fit-il souche ? Eut-il descendance ? Quelques natifs d’Opprebais, contemporains de l’édition de cette chronique, lui sont-ils apparentés ? Qui sait ? Si vous visitez un de ces jours Rocamadour (le deuxième site touristique de France), et pas seulement ses célèbres grottes, ayez peut-être une pensée émue pour ce « grand fautif » de Manesse. Il a visité ces lieux presque 600 ans avant vous ! En attendant, n’hésitez pas à cheminer dans nos belles campagnes, pleines de souvenirs et parfois gorgées de mystères.


Lathuy, une terre des Lètes ?

publiée le 11 juillet 2017


Vous connaissez certainement le village de Lathuy, une des composantes rurales de l’entité de Jodoigne. Mais, finalement la chose n’est peut-être pas si sûre que ça. L’ancienne chaussée provinciale Wavre-Hannut, si elle traverse bien son territoire, a en effet épargné son noyau villageois. Le cœur du village de Lathuy est donc un peu isolé. Comme à Mélin et Saint-Remy-Geest, la pierre blanche est omniprésente dans le bâti ancien. Mais ce n’est pas cette caractéristique locale qui va retenir notre attention. Aujourd’hui, nous parlerons plutôt « étymologie ». Selon certains, Lathuy, en langue latine le « laetorum vicus », aurait autrefois abrité des Lètes, d’où l’appellation encore usitée aujourd’hui.


Des Francs pour repousser les incursions germaniques
Retour en arrière. Au fil des siècles, la défense des frontières septentrionales de l’Empire romain était devenue chose compliquée face aux incursions fréquentes des peuplades germaniques. Durant le 4e siècle de notre Ere, Rome tente notamment de résoudre le problème en installant en différents lieux des groupes de germains soumis lors d’opérations militaires, notamment des « Francs ». Ces « barbares », privés de nombreux droits, sont donc déplacés et installés sur des terres qu’ils sont chargés de défricher ou de cultiver. On leur assigne également un rôle militaire spécifique, à savoir celui de venir appuyer les troupes romaines lors de nouvelles incursions. Ils jouissent donc d’un statut très particulier à savoir celui de Lètes, « laeti », clairement défini dans le droit romain. Le recours à ces forces auxiliaires sera de plus en plus fréquent jusqu’au milieu du 5e siècle, notamment dans la « civitas Tungrorum », la cité des Tongres, à savoir dans l’espace territorial s’étendant grosso-modo du Rhin à la Hesbaye. Durant un temps, la défense de la chaussée Tongres-Bavay et des principaux axes de circulation fut une de leurs missions principales. Implantées en divers lieux, ces communautés homogènes finirent par prendre le pas sur le pouvoir romain.


Un souvenir très ancien ?
Alors ? Des Lètes à Lathuy dès le IVe siècle de l’Ere chrétienne ? A l’heure actuelle, à notre connaissance aucune découverte archéologique particulière n’a été réalisée à l’échelle locale pour vérifier cette thèse, mais on ne peut présager de l’avenir. Et pourquoi pas dans le quartier de Lathuy appelé Francour… une autre référence à la présence d’un habitat franc dans le terroir local ? Le nom de Brocuy, porté par un hameau qui s’étend jusque sous Jodoigne-Souveraine, a manifestement lui aussi des origines germaniques. Le petit ruisseau qui arrose ce terroir très humide porte le même nom. Que des Lètes vécurent oui ou non à Lathuy, notre terroir régional a manifestement gardé le souvenir d’un passé « germanique », comme en témoignent notamment l’emploi des suffixes –enge, -ange ou –bais. Les deux premiers sont généralement associés à un prénom et font référence à l’existence d’un domaine : Gobertange ou le domaine de Gobert. Le dernier est une évolution romane du mot germain « beek » qui désigne une rivière.


Histoire de lieux-dits
A 5 km à vol d’oiseau de Lathuy, le village d’Incourt comporte notamment dans son terroir les hameaux de Chisebais et de Brombais, traversés par de petits ruisseaux portant le même nom. Dans ce même village, le hameau de Longpré n’a par contre aucune racine germanique. Celui-ci doit son nom à la présence de prés humides, très allongés, localisés sur les rives du Brombais, prés qui, jusqu’à la fin du 18e siècle, appartenaient à la communauté villageoise et sur lesquels pouvaient librement pâturer les bestiaux des habitants à différents moments de l’année ! Au fil des décennies, ces prés ont tous été acquis par des particuliers et certains accueillent aujourd’hui des équidés. Si vous vous rendez à Longpré, durant le long week-end du 21 juillet, notamment pour participer à la grande brocante annuelle du quartier, vous longerez inévitablement ces « longs prés » autrefois publics.


Un patrimoine disparu : le château de Malèves

publiée le 26 juin 2017


Ces derniers mois, la presse a souvent évoqué le triste sort du château de Noisy, construction de style néo-gothique, ancienne propriété de la famille de Liedekerke-Beaufort sise sous Celles, dans le Namurois. La destruction programmée de cet imposant bâtiment, malheureusement laissé à l’abandon depuis 1990, a suscité la colère et la tristesse de plus d’un amoureux du patrimoine. Elle est actuellement à l’arrêt. Il est bon de rappeler que le patrimoine de la Hesbaye brabançonne n’a pas toujours été épargné non plus. Nous pensons notamment à la démolition du château de la famille de Partz de Courtray, sous Jandrain, ou bien encore à celle, survenue en 1960-1961, du château de Malèves, propriété de la famille Cornet d’Elzius.


Un héritage des de Vrints de Treuenfeld
L’année 1938 avait bien débuté pour le comte Etienne Cornet d’Elzius. A la suite d’un partage familial, il était officiellement devenu le propriétaire d’environ 300 ha de biens divers sis sous le terroir des villages de Malèves-Sainte-Marie-Wastines, d’Orbais, de Thorembais-Saint-Trond et de Thorembais-les-Béguines. Au centre de cet exceptionnel apanage : le château de Malèves et son grand-parc. Le site avait été plusieurs fois remodelé au cours de son histoire. Le château antique de la famille de Berlo, vendu en 1811 à Corneille-Baudouin Osy de Zegwaart, avait été remanié en 1834-1835 par le baron Alexandre de Vrints de Treuenfeld, senior, son gendre. Au début des années 1870, plusieurs dépendances agricoles situées près du château avaient été rayées de la carte. En fait, dès 1873, les époux de Vrints – Osy avaient fait donation du château et de son parc à leur fils Alexandre de Vrints, junior, époux depuis 1866 de la comtesse Thérèse Cornet d’Elzius. L’architecte Emile Coulon avait rapidement travaillé à un projet de transformation générale du château, projet qui avait abouti dès les années 1880-1881. C’était ce bâtiment que la famille Cornet d’Elzius avait manifestement décidé de faire démolir 80 ans plus tard. Le baron Alexandre de Vrints, junior, étant mort en 1906, sans descendance, c’était en effet un neveu de son épouse, le comte Charles-Gustave Cornet d’Elzius (1860-1926), le père d’Etienne, cité plus haut, qui, après diverses transactions, avait finalement hérité de l’ancien patrimoine des de Vrints.


Un château difficile à entretenir
Le château de Malèves, né des projets d’Emile Coulon, était un bâtiment de belle dimension : « une solide construction en briques flanquée de 5 tours faisant partie de l’habitation et ornementée de clochetons, avec encadrements des portes et fenêtres en pierres de taille, le tout couvert en ardoises ». Selon l’administration fiscale, son rez-de-chaussée comportait 17 places. Ses étages principaux disposaient de 27 chambres auxquelles il fallait encore ajouter celles réservées au personnel. En 1933, le château disposait d’un chauffage central et était considéré comme étant « en parfait état d’entretien ». Mais cet entretien suscitait des dépenses importantes. En 1957, la destruction, à la suite d’un incendie accidentel, du château de la Vignette, également sis sous Malèves, avait mis en évidence les risques que courraient les bâtisses du même type. En 1960, l’année du décès du comte Etienne Cornet d’Elzius, le couperet était définitivement tombé ! Dès 1961, l’administration du cadastre avait enregistré dans ses tablettes la démolition complète du prestigieux château dont les matériaux avaient été systématiquement revendus. L’année suivante, le comte Didier Cornet d’Elzius, un des enfants d’Etienne, avait fait construire une belle villa en un autre endroit du parc, habitation destinée à devenir le principal lieu de vie des « châtelains ».


Le lundi 3 juillet prochain, le journal « L’Avenir » accueillera dans ses colonnes un article dans lequel nous reviendrons d’une manière plus détaillée et illustrée sur l’histoire de ce superbe château malheureusement disparu. Avis aux amateurs et surtout aux amoureux du patrimoine.


Ils prirent froid sur la 'Tour Saint-Michel' !

publiée le 13 juin 2017


Vous connaissez toutes et tous la pierre blanche, dite de Gobertange, qui a été abondamment employée dans le cadre de la construction des édifices publics et privés de la région de Jodoigne. Déjà utilisée à l’époque gallo-romaine, elle connut notamment des heures de gloire durant le Moyen Age, mais sans réussir, à l’époque, à investir le cœur de Bruxelles, comme elle avait réussi à le faire à Tirlemont et à Léau. A l’époque, des carrières de pierre blanche étaient aussi exploitées près de Bruxelles ainsi que dans la région d’Alost, et on avait privilégié l’usage de leur production. Durant les premières décennies du 19e siècle, ces sites carriers étant épuisés, les édiles bruxellois avaient dû se tourner vers ceux de la région de Gobertange pour mener à bien la restauration de quelques-uns des principaux édifices publics de leur ville…


Sainte-Gudule et la flèche de l’hôtel de ville de Bruxelles
L’architecte Tilman-François Suys, architecte membre de la Commission Royale des Monuments, avait été un des promoteurs de l’emploi de la pierre de Gobertange dans le cadre de la restauration de Sainte Gudule et de la flèche de l’hôtel de ville de Bruxelles cette dernière appelée la « Tour Saint-Michel » en raison de la présence à son sommet d’une représentation de l’archange bien connu des Bruxellois. Ces deux grands chantiers avaient respectivement débuté en 1839 et 1840. Leur alimentation en pierre de taille avait été confiée à Jean-Jacques Desneux, senior, un maître tailleur de pierre originaire de Gobertange. Ces travaux de restauration avaient suscité l’intérêt de nombreuses administrations publiques, principalement en Flandre, qui, comme celle de Bruxelles, se voyaient confrontées à l’obligation d’entreprendre d’importantes restaurations de bâtiments édifiés en pierre calcaire. La qualité des matériaux et du travail fourni par l’atelier Desneux suscita l’admiration de tous. L’emploi de la Gobertange fut dès lors conseillé sur beaucoup d’autres chantiers néo-gothiques, au grand bénéfice, non seulement de Desneux, mais de tous les exploitants du sous-sol de Gobertange, de Saint-Remy-Geest, de Lathuy et des hauteurs de Saint-Lambert, sous Jodoigne.


Les risques du métier
Pour mener à bien la restauration de la « Tour Saint-Michel », Jean-Jacques Desneux avait associé à ses travaux ses fils Antoine et Jean-Jacques, junior, mais également une équipe de tailleurs de pierre originaires de la région de Mélin. En septembre 1843, étaient employés sur le chantier : Antoine Desneux, A. Conard, M. Allard, A. Paul, P. Goossens, M. Barras, P. Genin, Jean-Baptiste Rubens, Antoine Boulanger, Pierre Wéry, Philippe Wéry, J. Logist, Henri Godfirnon, Pierre Delhasse, Pierre Paul, Ferdinand Godfirnon, Désiré Wéry et Maximilien Desmet. Comme on peut l’imaginer, le remplacement des anciennes pierres calcaires de la tour par de nouvelles n’avait pas été une mince affaire. Pour respecter les délais imposés, les tailleurs avaient aussi été amenés à travailler par tous les temps. On notera avec curiosité, qu’en 1847, Antoine Desneux, un des deux fils du patron, était mort d’un refroidissement contracté sur la « Tour Saint-Michel ». En janvier 1849, Jean-Jacques Desneux, senior, lui-même, était mort dans les mêmes circonstances ! Ils nous ont néanmoins légué un patrimoine reconnu comme exceptionnel à l’échelle mondiale ! Ils méritent de ne pas être oubliés. Mais que leur triste sort ne vous empêche pas de venir découvrir Jodoigne et sa banlieue blanche ! Elle vous tend les bras, le temps d’une promenade champêtre ou citadine.


Une exposition au 1 Wing Historical, Centre de Beauvechain

publiée le 30 mai 2017


Le 1 Wing Historical Centre de Beauvechain accueille, depuis le 7 mai dernier jusqu’au 15 octobre prochain, une exposition de l’artiste Carole Guth, de Piétrebais, consacrée aux femmes durant les deux guerres mondiales. Une occasion aussi de découvrir ou de redécouvrir un des musées de la Hesbaye Brabançonne tout en s’imprégnant des émotions dégagées par une impressionnante série de réalisations artistiques de circonstance.


Un musée
Le principe de la création d’un centre historique sur la base militaire de Beauvechain fut arrêté en 1997. Dès le mois de février 1998, ce centre ouvrit ses portes, installé dans quelques dépendances de cette base aérienne qui, de 1946 à 1996, avait abrité six escadrilles de chasse volant sur Spitfire, Mosquitos, Meteors, CF100, F104 et F16. En 1996, la base était devenue une école de pilotage pour les futurs pilotes de la force aérienne. Les collections du musée du 1 Wing Historical Centre, mis sur pied grâce à l’aide de nombreux bénévoles, évoquent tout particulièrement la vie des différentes escadrilles qui ont été déployées sur le site depuis 1946. Aux objets rassemblés et mis en valeur à l’intérieur du musée s’ajoutent d’exceptionnels témoins du temps exposés à l’air libre (avions de chasse, véhicules employés sur les aérodromes, etc.). Plus étonnant, mais toujours bon à savoir, les passionnés d’histoire militaire pourront également y rencontrer des objets et documents relatifs aux bases aériennes de Saint-Trond et de Gossoncourt.


La Base Charles Roman
Pour rappel, la base aérienne militaire de Beauvechain est connue sous nom de Base Charles Roman, du nom de l’un de ses anciens commandants. Né à Lessines en 1909, ce Lieutenant-colonel, ancien pilote volontaire de la RAF (1940-1946), avait été promu commandant de la base aérienne de Beauvechain le 15 février 1954. Neuf mois plus tard, le 25 novembre 1954, il avait trouvé la mort lors d’un exercice aérien. La verrière de l’avion qu’il pilotait s’était accidentellement détachée et avait endommagé des composantes vitales de l’appareil. Devenu incontrôlable, celui-ci s’était écrasé au sol à Basse-Houssière, près de Braine-le-Comte. Le corps du Lieutenant-colonel Charles Roman repose dans le cimetière de sa ville natale.


Les femmes en 14-18 et 40-45
C’est donc en ces lieux, chargés d’histoire, que Carole Guth a décidé, selon ses propos, de mettre à l’honneur, à travers une exposition de gravures, peintures et dessins, la vie des femmes durant les deux grands conflits mondiaux (14-18 / 40-45) ; tout particulièrement de celles qui durent, au pied levé, remplacer les hommes, les seconder, voir les soigner. L’artiste représente ces femmes pilotes, soldats, médecins, infirmières, chauffeurs, fermières, espionnes, mécaniciennes, ouvrières, etc., qui ont affiché un courage exceptionnel durant ces conflits si meurtriers. Cette exposition qui ne vous laissera pas insensible est accessible, gratuitement, tout comme le musée qui l’abrite, tous les 1er et 3e week-ends du mois, jusqu’au 15 octobre 2017, de 13h à 18h. Elle est également visitable en semaine, mais seulement sur rendez-vous (0486.65.66.34). N’hésitez pas, le déplacement vaut la peine ! Encore une bonne raison supplémentaire pour passer quelques heures en Hesbaye brabançonne.


La Hesbaye Brabançonne à l'heure gallo-romaine !

publiée le 16 mai 2017


Les 27 et 28 mai prochains, le tumulus de Glimes (dans l’entité de Incourt) sera à nouveau mis à l’honneur le temps d’un week-end. L’occasion sera donnée à tout un chacun de se replonger quelques minutes, sinon quelques heures, dans l’atmosphère du monde gallo-romain. Cette année, c’est le groupe Bagaconervio (issu de la région de Bavay) qui tiendra le haut de l’affiche, renforcé par un deuxième groupe français, Rom’Antique, spécialisé dans la reconstitution d’activités artisanales.


Des activités diversifiées au pied du tumulus de Glimes
Aux manœuvres militaires et aux explications de tout ordre, viendront s’ajouter l’artisanat, les joutes de gladiateurs et une nouveauté, la reconstitution d’un marché aux esclaves ! Et oui, à l’époque, tout n’était pas toujours très rose. Comme l’encart publicitaire associé à cette chronique le précise, les gladiateurs s’affronteront à deux reprises (une fois le samedi et une fois le dimanche) pour le plus grand plaisir de tous. Le combat du samedi sera suivi par la mise à feu d’un bûcher funéraire. Une véritable technique à maîtriser pour éviter l’effondrement du bûcher en flammes… et donc la chute du gallo-romain objet de la crémation ! Mais avant d’en arriver là, faut-il encore arriver à bouter le feu correctement à cette masse de bois parfois trop compacte. Espérons que cette année, en ayant tiré les fruits de l’expérience, on y arrivera facilement !


Mais ce week-end n’est pas seulement destiné aux passionnés d’histoire. C’est aussi un espace-temps, très ludique, destiné aux enfants. Quelques jeux de l’époque, des explications et des commentaires adaptés, des séquences de grimage, et un dépaysement assuré pour nos accrocs du smartphone. Apprendre en s’amusant ! Tout un programme. Cette année, la possibilité vous sera aussi donnée de découvrir quelques coins du village de Glimes d’une manière assez originale, à savoir en chariot à l’ancienne. Rassurez-vous, l’intention n’est pas d’organiser une course de chars antiques ! Même si nos chariots le sont quelque peu. En résumé, des tas de choses à faire et à voir ! De quoi divertir et occuper un public âgé de 7 à 77 ans ! Je serai évidemment sur place pour vous accueillir et vous faire visiter le site. Adresse du week-end : rue de la Tombe Romaine (cela ne s’invente pas), à Glimes ; notre tumulus, le plus volumineux conservé en Belgique, se voit à des kilomètres à la ronde !


Apprendre en s’amusant
Si vous avez des questions à poser sur cette manifestation organisée par la Commune de Incourt avec le soutien de la Province du Brabant wallon, de la Maison du Tourisme de la Hesbaye brabançonne, et de diverses associations locales et régionales, nous restons évidemment à votre disposition (joseph.tordoir@gmail.com – ou Commune de Incourt, 010.88.93.37). Nous vous invitons également à visiter le site internet de notre Maison du Tourisme (www.hesbayebrabançonne.be). Bienvenue et bon amusement à toutes et à tous !


L'opération Ambiorix !

publiée le 02 mai 2017


Parmi les sites de la Hesbaye brabançonne qui apparaissent au rang du patrimoine exceptionnel de la Wallonie figurent évidemment les impressionnantes tombes gallo-romaines de Glimes et d’Hottomont, les deux plus grands tertres de ce type conservés à l’échelle de la Belgique. La chose peut apparaître étonnante aujourd’hui, mais ces grands témoins de nos deux derniers millénaires ne sont officiellement classés, et donc protégés des atteintes de l’homme, que depuis le 17 juin 1971, soit depuis moins de 50 ans ! Bien d’autres ont malheureusement disparu depuis le Ier ou le IIe siècle de notre ère. Dans ce contexte et à quelques semaines de l’organisation d’un nouveau week-end ludique, sur la thématique gallo-romain, au pied du tumulus de Glimes (27 et 28 mai), il nous a semblé utile de jeter un éclairage sur ce que certains, en 1961, avaient appelé, d’une manière fort imagée « l’Opération Ambiorix » du nom du plus célèbre des Eburons !


Sauver le patrimoine archéologique belge
Combien de fois ne faut-il pas remettre l’ouvrage sur le travail pour obtenir un résultat ! Toute quête est laborieuse mais il est toujours un homme courageux et visionnaire pour l’entreprendre. L’honneur de celle entamée en 1961 revient à Marc Mariën, alors Conservateur-adjoint aux Musées Royaux d’Art et d’Histoire. Cette année-là, il réussit à convaincre les responsables du Commissariat Général au Tourisme de l’impérieuse nécessité de lancer une campagne dont le but avoué est de sauver « les richesses archéologiques de notre pays, menacées par le pire ennemi qui soit : l’indifférence ». En conséquence, durant les mois de mai et de juillet 1961, « l’Opération Ambiorix » est officiellement lancée et débute par l’édition de deux bulletins spéciaux d’information. Le premier comporte un répertoire des sites archéologiques belges depuis la Préhistoire, jusqu’au Moyen Age, en insistant sur les tumuli, les chaussées et les villas lors de l’abord de la période romaine. Marc Marïen est l’auteur des articles qui paraissent dans le second volume. Il emmène ses lecteurs sur les routes du Brabant jalonnées de tumuli et d’anciennes villas et s’attarde tout particulièrement sur celle de Basse-Wavre, dont le site était alors menacé. A la même époque, la revue Brabant, éditée par la Fédération touristique de la Province de Brabant accueille deux articles de Marïen destinés à toucher un très grand public. C’est une photo du tumulus de Glimes qui est alors utilisée comme support promotionnel pour « l’Opération Ambiorix » en Brabant. La campagne médiatique de l’année 1961, débouchera sur l’organisation, en octobre 1962, d’un colloque « pour examiner les possibilités de protection des sites et des monuments archéologiques ». Comme nous l’avons rappelé le classement des tumuli de Glimes et d’Hottomont n’intervint que 9 années plus tard…


La conquête de la Belgique par Jules César – Conférence à Glimes le 15 mai
Ceci dit, ces deux grandes tombes, propres aux rites funéraires des Tongres, successeurs des Eburons, n’existaient évidemment pas à l’époque de la conquête de nos régions par les légions romaines aux ordres de César. « La conquête de la Belgique par Jules César » sera par contre le thème de conférence que Raymond Brulet, professeur émérite de l’UCL, donnera le lundi 15 mai, à Glimes, à 19h30, en la salle communale de la Tombe de la rue Romaine, non loin du tumulus que nous venons d’évoquer. Récemment amené à revisiter ce sujet dans le cadre de la préparation d’un documentaire scientifique qui sera bientôt diffusé par la RTBF, le professeur Brulet se fera un plaisir de développer le sujet pour vous, en « avant-première ».


Cette conférence, d’accès libre, est organisée sous l’égide de la Commune d’Incourt, en collaboration avec la Province de Brabant wallon, la Maison du Tourisme de la Hesbaye brabançonne et diverses associations historiques locales et régionales. Pour faciliter l’organisation de la soirée, nous vous demandons de réserver votre place sur l’adresse mail joseph.tordoir@gmail.com ou auprès de la Maison du Tourisme de la Hesbaye brabançonne (010.22.91.15). Bienvenue à toutes et à tous !


Beauvechain, une tombe pour deux fortes têtes !

publiée le 18 avril 2017


Comme nous l’avons déjà rappelé, nos cimetières conservent quelques monuments funéraires qui (oserais-je le dire ?) par miracle, ont échappé aux diverses politiques de rationalisation menées au sein de ces espaces clos. Certains de ces monuments retiennent l’attention par leur antiquité ou leur qualité artistique. Dans beaucoup de cimetières, et celui qui entoure l’église Saint-Sulpice de Beauvechain n’échappe pas à la règle, on a aussi veillé à conserver la mémoire d’anciens desservants. Comme Mathieu Bertrand nous l’a récemment confirmé, le promeneur peut encore voir en ces lieux, adossé au mur de la sacristie, le monument de l’ancien curé doyen de Beauvechain Norbert-André Hamoir, décédé en 1871, monument qu’il partage avec son frère utérin Augustin Genneré, ancien doyen du chapitre métropolitain de Malines, mort en cette ville en juin 1876.


Le long « règne administratif » d’Augustin Genneré
La personnalité de Norbert-André Hamoir est bien connue dans son ancienne paroisse. C’est notamment à sa détermination que l’on doit l’actuelle et très coûteuse église Saint-Sulpice. Son frère utérin Augustin Genneré n’était pas non plus n’importe qui ! Né à Jauche, en avril 1801 (calendrier grégorien), il était entré au grand séminaire dès l’année 1813. Ordonné prêtre 10 ans plus tard, il était devenu, en 1832, un des chanoines du chapitre métropolitain de Malines dont il avait accédé au décanat en janvier 1855. Vraisemblablement, c’était les fonctions administratives qu’il avait exercées au sein de l’Archevêché de Malines qui avaient dû le faire connaître dans toutes les paroisses de son ressort. En effet, Genneré en était devenu le secrétaire en décembre 1826. La fonction lui avait été conservée jusqu’à l’époque de son décès ! Un « règne » administratif de près de cinquante ans interrompu en juin 1876. L’homme d’Église avait servi trois archevêques, et manifestement pas trop mal. Les projets de son frère utérin avaient évidemment pu compter sur son appui et c’était sans doute avec plaisir qu’il avait assisté le cardinal archevêque Englebert Sterckx lorsqu’en juillet 1860, celui-ci avait consacré la nouvelle église Saint-Sulpice. C’était finalement à la terre bénite du cimetière de Beauvechain que Genneré avait aussi décidé de confier sa dépouille.


Condamné à 25 francs d’amende pour l’inhumation illégale de son cardinal archevêque !
Pour l’anecdote, on retiendra qu’à la suite du décès du cardinal archevêque Sterckx, survenu en décembre 1867, Genneré avait quelque peu défrayé la chronique ! Sous son autorité de doyen du chapitre métropolitain, et avec l’accord tacite des autorités locales cléricales, le corps de l’archevêque défunt avait été inhumé dans la crypte de l’Église Saint-Rombaut, en contravention totale avec l’article 1er du décret du 23 prairial an XII qui interdisait les inhumations dans les églises. Jusqu’alors, le gouvernement belge n’avait jamais veillé à faire strictement respecter cette disposition dudit décret lorsqu’il s’était agi de procéder à l’inhumation d’évêques ou d’archevêques. Mais donc, en cette année 1867, le gouvernement libéral avait décidé de mettre fin à la coutume ! Après deux années de procédures, en janvier 1869, Genneré avait finalement été condamné par le tribunal correctionnel de Malines à s’acquitter d’une amende de 25 francs ! Mais on avait laissé reposer en paix le corps de l’ancien cardinal archevêque. Ajoutons qu’en juillet 1870, après une déjà très longue et très fructueuse carrière au service de l’Église catholique romaine, Augustin Genneré avait été promu à une prélature domestique par et auprès du Pape Pie IX. Il était donc devenu cette année-là un « Monseigneur » identifiable, parmi les hauts dignitaires de l’Église, par le port d’un chapeau violet !


Nous ne savons si Monseigneur Genneré emporta son chapeau violet dans sa tombe, mais il est certain que la sacristie de Saint-Rombaut regorge encore d’ornements sacerdotaux de tout ordre. Si on venait, par hasard, à retrouver cet ornement dans un grenier de Beauvechain, je suis convaincu que le bourgmestre de la localité se ferait plaisir, à l’avenir, de veiller sur lui ; le porter c’est autre chose ! Mais en attendant, que rien ne vous empêche d’arpenter les rues et les chemins de campagne à la découverte de cette belle Commune de la Hesbaye brabançonne !


Jodoigne... Souvenirs du docteur Edouard Lodewyckx

publiée le 28 mars 2017


Plusieurs immeubles du centre ville de Jodoigne sont sur le point de changer de propriétaires. C’est notamment le cas d’une maison de maître, située 6 place Edouard Lodewyckx, dont la façade est ornée d’un bas-relief en bronze de belle dimension. Le personnage représenté sur celui-ci n’est autre que l’un des anciens occupants des lieux, à savoir le docteur Edouard Lodewyckx (1892-1936), appelé autrefois « le bon docteur ». A l’heure à laquelle nous rédigeons ces lignes, nous ne savons si cette habitation a trouvé un nouvel acquéreur. Nous espérons évidemment que celui-ci veillera à préserver l’œuvre du célèbre sculpteur Godefroid Devreese (1861-1941) qui fut chargé de conserver à jamais les traits d’une sympathique figure jodoignoise.


Figure sympathique pour les uns…
Conseiller communal de sa ville d’adoption depuis le mois de janvier 1927, ce natif d’Hoegaarden était devenu un des piliers du parti libéral local. Lors des communales du mois d’octobre 1932, il avait même obtenu plus de voix de préférence que le bourgmestre Emile Charlot. Exerçant la médecine à titre privé, mais aussi en tant que docteur de l’Assistance Publique, ses journées étaient bien chargées. Il n’avait donc pas souhaité occuper un siège au sein du collège échevinal. Candidats à diverses reprises, mais sans succès, dans le cadre des élections provinciales et des élections législatives, il était sans doute destiné à représenter un jour ou l’autre ses mandants dans une assemblée politique plus importante que le conseil communal de Jodoigne. Le 27 juillet 1936, il s’était éteint tout à fait inopinément, âgé de 44 ans, et sa disparition avait peiné un grand nombre de ses concitoyens.


Figure sulfureuse pour les autres…
Ceux qui n’avaient pas toujours vu d’un très bon œil son engagement dans les milieux laïcs jodoignois, avaient rapidement reçu « du grain à moudre ». Ils avaient même été largement servis ! Les amis du docteur défunt avaient en effet voulu lui rendre un hommage exceptionnel, notamment ses « frères » de la loge maçonnique namuroise La Bonne Amitié, au sein de laquelle il avait été initié en 1929. Des centaines de personnes regroupées devant son habitation, sise « Marché aux Vaches », avaient assisté aux hommages funèbres qui lui avaient été rendus tant par la loge namuroise que par la Libre Pensée du canton de Jodoigne qui avait perdu en lui son Président d’honneur. Pour rappel, deux mois plus tôt, Rex avait obtenu un grand succès électoral et décroché ses premiers parlementaires, Léon Degrelle n’hésitant pas à discourir longuement sur les « pourris » et l’engagement maçonnique de certains de ses adversaires ! L’éclat que les anticléricaux avaient voulu donner aux funérailles d’Edouard Lodewyckx ressemblait beaucoup à un pied-de-nez adressé à l’encontre des milieux rexistes et catholiques extrémistes. A notre connaissance, c’était la première fois qu’un maçon jodoignois défunt avait fait l’objet d’un tel hommage public.


Une place, un monument et une tombe
Dans la foulée, dès le mois d’août 1936, quelques libéraux jodoignois émirent le souhait de voir attribuer le nom du disparu à une rue ou à une place de leur cité. Malgré l’opposition véhémente des conseillers communaux catholiques, dès avant la fin de la même année, le « Marché aux Vaches » avait été « rebaptisé » place Edouard Lodewyckx. Ensuite était venue l’idée du monument commémoratif, de ce bas-relief financé par souscription. Il fut officiellement inauguré le 4 septembre 1938. Ceux qui arpentent le cimetière de la Ville de Jodoigne, sur les hauteurs du quartier Saint-Lambert, tout particulièrement les allées où se dressent les monuments funéraires les plus anciens, ont sans doute déjà aperçu celui du docteur Lodewyckx sur lequel apparaissent quelques symboles classiques des milieux libres-penseurs. Un monument à préserver lui aussi, ne serait-ce que pour « l’histoire des idées ». A voir tout en déambulant pédestrement dans les rues de la capitale de la Hesbaye brabançonne !


Les "Cabarets" de la Hesbaye Brabançonne...

publiée le 07 mars 2017


Aujourd’hui, de multiples promenades balisées vous permettent de parcourir la Hesbaye brabançonne et ses magnifiques campagnes. La belle saison arrivant, nul doute que vous serez encore des centaines, en 2017, à sillonner nos horizons. L’effort aidant, il vous arrivera de chercher un endroit où vous désaltérer. Malheureusement, les petits bistrots deviennent une « denrée rare ». Il en existe encore, ci et là, mais en trouver un ouvert, en semaine, obligera le randonneur à prendre ses informations avant d’entreprendre toute exploration du territoire. Nous ne pouvons d’ailleurs que lui conseiller de se rendre, au préalable, au siège de la Maison du Tourisme de la Hesbaye Brabançonne (Hôtel de ville de Jodoigne) afin de s’y procurer les derniers guides promenades remis à jour.


Les dangers de l’alcoolisme à la Belle Epoque
Au début du 20e siècle, le docteur Edmond Min, chargé de réaliser une immense et exceptionnelle Topographie médicale du Royaume de Belgique, dénonçait avec véhémence les dangers que l’alcoolisme faisait courir à nos populations rurales ! Et de rappeler qu’un usage important d’alcool était de nature à causer de graves séquelles tant à l’estomac qu’au foie, au cœur, aux reins et au cerveau. Son action déprimante prédisposait à la tuberculose ainsi qu’à la pneumonie. C’était l’état d’ivresse de l’un des parents « au moment de la fécondation » qui expliquait à ses yeux l’épilepsie et l’idiotie d’un enfant ! Il soulignait aussi les très fréquents cas d’aliénation mentale observés chez les sujets abrutis par une consommation exagérée d’alcool. L’éminent praticien auteur de ces observations avait manifestement déterré la hache de guerre vis-à-vis de tous les cabaretiers.


1900 : 1.154 cabarets dans 31 communes…
Il est vrai que nos aïeux avaient quelque peu tendance à abuser. Mais l’offre et la tentation étaient grandes ! Après avoir collecté maintes informations auprès des autorités communales du canton de Jodoigne de l’époque, le docteur Min avait en effet officiellement recensé l’existence, vers 1900, de 1.154 cabarets en pleine activité. Au 1er mars 1906, leur nombre avait encore augmenté de 202 unités ! A l’époque, dans tous ces établissements on vendait de la bière, et 858 des 1.356 tenanciers étaient aussi autorisés à vendre « de la liqueur ». Pour la bière, on pouvait parler de la consommation d’une production locale, puisque le canton de Jodoigne ne comptait pas moins de 39 brasseries en activité produisant annuellement environ 53.800 hectolitres en tonneaux ou en bouteilles (pratique récente). Mais le canton de Jodoigne était aussi noyé sous la bière produite dans les contrées voisines, notamment dans la région d’Hoegaarden. Il est certain qu’alors, il n’était pas difficile de trouver un comptoir où épancher sa soif ! Quelques chiffres. Sur les 1.154 cabarets renseignés vers 1900, la ville de Jodoigne en comptait 200 à elle seule. C’était la commune d’Orp-le-Grand qui arrivait ensuite, avec 98 cabarets. Si l’impérieuse nécessité d’humidifier les gosiers des carriers, asséchés par la poussière, justifiait en partie les 66 cabarets d’Opprebais et les 37 de Dongelberg, on s’étonne devant les 67 cabarets de Jodoigne-Souveraine ! Mais il s’agit peut-être d’une erreur de frappe ! Pour ne pas faire de jaloux, voici la liste complète renseignée par le docteur Min. Attention, à l’époque, les communes de Zétrud-Lumay, L’Ecluse, Neerheylissem et Opheylissem n’appartenaient pas encore au canton de Jodoigne et les débits de boissons existant dans celles-ci ne figurent donc pas dans ces statistiques. Trois communes de l’entité de Ramillies appartenaient quant à elle au canton de Perwez.


Nombre de cabarets par commune : Jodoigne, 200 – Autre-Eglise, 50 – Beauvechain, 50 – Bomal, 11 – Dongelberg, 37 – Folx-les-Caves, 23 – Enines, 17 – Glimes, 24 – Hamme-Mille, 43 – Huppaye, 35 – Incourt, 45 – Jandrain-Jandrenouille, 40 – Jauche, 60 – Jodoigne-Souveraine, 67 – Jauchelette, 20 – Lathuy, 30 – Linsmeau, 24 – Longueville, 25 – Marilles, 28 – Mélin, 23 – Nodebais, 15 – Noduwez, 26 – Opprebais, 66 – Orp-le-Grand, 98 – Piétrain, 45 – Piétrebais, 40 – Ramillies-Offus, 40 – Roux-Miroir, 24 – St-Jean-Geest, 27 – St-Remy-Geest, 24 et Tourinnes-la-Grosse, 31. De quoi faire rêver nos « Jean-Jacques Peroni » locaux ! Dans le ressort de l’actuelle commune de Perwez, les données collectées témoignaient de la même abondance : Perwez – 125 cabarets – Malèves, 22 – Orbais, données non fournies par l’administration locale ! – Thorembais-les-Béguines, 28 – Thorembais-Saint-Trond, données non fournies. Ajoutons dans le ressort de l’entité de Ramillies : Geest-Gérompont, 35 cabarets – Grand-Rosière, 30 et Mont-Saint-André, 29.


Bienvenue à toutes et à tous !


Thorembais-les-Béguines : la retraite de Corneille Dejehet

publiée le 21 février 2017


La sacristie de l’église Saint-Martin, de Thorembais-les-Béguines, abrite une toile datant de la première moitié du 19e siècle figurant un homme d’église ; à vrai dire un ancien chanoine norbertin devenu le chapelain d’une grande famille de la noblesse belge. Il s’agit du portrait en buste de Corneille Dejehet, le dernier survivant de la communauté abbatiale norbertine d’Heylissem.


Un chanoine d’Heylissem
Evidemment, ce n’est pas par hasard que ce tableau est conservé à Thorembais-les-Béguines. C’était en effet dans le ressort de cette paroisse que Corneille Dejehet était né en juin 1768 et qu’il s’était éteint en juillet 1848, âgé donc de 80 ans. Admis au sein de la communauté norbertine d’Heylissem en juin 1790, il y avait été ordonné prêtre en mai 1793. Comme la plupart de ses confrères, il avait été amené à desservir une des paroisses dont le patronat appartenait à sa très influente abbaye. En février 1796, en des temps bien troubles, il avait été nommé coadjuteur du curé de Linsmeau et, 2 années plus tard, avait été appelé à remplacer un de ses confrères à la tête de la paroisse de Perwez. A dater de l’année 1800, il avait ensuite été en charge du vicariat de cette même paroisse, charge qu’il exerçait encore en 1807. Comme quelques autres prêtres de la région, Dejehet s’était apparemment montré hostile au Concordat de l’année 1801 et avait adhéré au mouvement anticoncordataire dirigé par le prêtre wavrien Corneille Stevens. Dans des circonstances peu précises, il avait finalement abandonné ses fonctions pastorales, ou en avait été écarté, et était devenu le chapelain du baron et de la baronne van der Werve de Schilde, d’Anvers. Après avoir dirigé les exercices religieux de cette famille pendant un peu plus de 30 ans, il avait décidé de revenir s’établir en sa terre natale où sa famille comptait encore plusieurs représentants. Durant l’année 1838, il s’était officiellement installé au domicile de son frère Hubert Dejehet, époux de Pétronille Motte, cultivateur dont la ferme était établie le long de la route conduisant du cœur du village à l’imposante ferme d’(E)mellemont. La ferme Dejehet-Motte n’était pas une exploitation agricole de grande taille, mais après avoir accueilli le vieux chanoine, elle avait aussi été investie par le notaire Philippe Collette, natif de Grez-Doiceau, établi jusqu’alors à Petit-Rosière. En 1839, ce dernier avait en effet épousé Marie-Thérèse Dejehet, une nièce du vieil ecclésiastique. Le siège de son étude notariale avait rapidement été transféré à Thorembais-les-Béguines où, après lui, avaient exercé différents notaires dont les notaires Huybrechts et Borboux.


Le dernier survivant
Un chroniqueur du temps, à l’époque des funérailles de Dejehet, rappela que ce dernier avait « constamment pratiqué toutes les vertus sacerdotales et conservé dans le siècle l’esprit de son monastère ». A vrai dire, en juillet 1848, disparaissait avec lui le dernier membre de l’ancienne communauté abbatiale d’Heylissem supprimée en 1796 par les autorités républicaines. Fidèle à ses convictions, le vieux chanoine avait manifestement laissé quelques avoirs à la Fabrique d’Eglise de Thorembais-les-Béguines, ce qui facilita sans doute la construction, trois années après son décès, de l’église Saint-Martin, église qui se dresse encore aujourd’hui au cœur du village.


Remisé dans la sacristie… mais encore bien là !
Remisé dans la sacristie, le portrait de Corneille Dejehet n’est plus connu de grand monde. Il trône au beau milieu de quelques objets réservés au culte dont quelques litrons de vin de messe et une réserve de bougies et autres cierges. Ma foi, en telle compagnie, le vieil homme d’église ne doit pas être dépaysé. On notera que jusqu’aux derniers jours de sa retraite à Thorembais-les-Béguines, il avait manifestement tenu à porter l’habit ecclésiastique et notamment le petit col de couleur bleue qui caractérisait la tenue vestimentaire, de couleur blanche, des anciens chanoines d’Heylissem. A tout paroissien curieux, salut !


Dongelberg : Le Royaume du Budo Budo !

publiée le 07 février 2017


Le 23 janvier 2014 la Région wallonne a décidé d’attribuer, à dater du 1er janvier 2015, la qualité de site Natura2000 à une grande partie (9,6 ha) des anciennes carrières de Dongelberg. A la base de cette décision ? D’une part l’existence de 2 plans d’eau entourés de parois rocheuses, habitat caractéristique du Budo Budo (en français, du hibou Grand-Duc), le plus grand rapace nocturne d’Europe ; d’autre part, le maintien, à peu de distance de ces deux plans d’eau de prairies naturelles caractérisées par une exceptionnelle biodiversité. Il n’en fallait pas plus pour inciter les autorités régionales à protéger ce site, aujourd’hui essentiellement fréquenté par les membres de l’Ecole de Plongée Poseidon, de Mons.


Deux carrières voisines
Le site des anciennes carrières de Dongelberg est caractérisé par la coexistence, à quelques dizaines de mètres de distance, de deux grandes cavités artificielles, inondées naturellement (40 m de profondeur), toutes deux dominées par d’imposantes falaises présentant d’importantes variation de hauteur. Il est bien difficile, aujourd’hui, d’imaginer la configuration du site avant l’exploitation intensive de son sous-sol. Au 18e siècle, on signale des terrains accidentés caractérisés par la présence d’énormes blocs de grès, du quartzite, une pierre très dure, presqu’impossible à tailler. Les blocs arrachés aux masses pierreuses visibles étaient utilisés à l’échelle locale pour la construction des habitations. Avec la construction de la chaussée Namur-Louvain, autour de l’année 1754, allait se développer une mise en œuvre systématique du sous-sol de cette partie du territoire de l’ancienne seigneurie de Dongelberg, dans le ressort du hameau du Fayt. Depuis l’origine, c’est la fabrication de pavés, très résistants, destinés aux chaussées thérésiennes, qui va susciter l’intérêt des entrepreneurs. A quelques spécialistes venus de la région de Quenast viendront s’ajouter des entrepreneurs locaux nouvellement formés aux techniques d’extraction et de taille. Le secteur connaît des hauts et des bas durant le 19e siècle. Au milieu du siècle, l’Etat subsidiant abondamment la construction en dur des voiries vicinales, on dénombre la présence sous Dongelberg de 5 ou 6 chefs d’entreprise. Certains exploitent des fonds privés, d’autres des biens communaux, quelques-uns des terrains appartenant à ces 2 catégories. Vers 1895, ne subsistent plus que 2 entreprises qui ont progressivement absorbé la concurrence : la carrière Moniquet et la carrière Villers. Le passage d’une ligne vicinale au beau milieu du site va contribuer à son explosion économique… L’exploitation perdurera jusqu’au début des années ’60.


Et les catholiques mangèrent les libéraux !
Petit clin d’œil. La famille Moniquet possédait et exploitait la carrière dont la cavité est longée par la rue Saint-Laurent ; la famille Villers, celle qui est longée par la rue du Fayt. Ces carrières étaient évidemment moins imposantes à l’époque. En 1897, un consortium, formé de personnalités politiques catholiques (sénateurs, députés, etc.,) crée, sur la base de l’entreprise Moniquet, une Société Anonyme sous l’appellation Carrières de Quartzite de Dongelberg. Dix ans plus tard, cette société supprime toute concurrence en contraignant la famille Villers à arrêter ses activités en devenant propriétaire des biens communaux qui constituaient une partie de la carrière exploitée par cette famille ; le tout avec la complicité des édiles locaux. Règlement de compte ! La famille Villers était connue pour son engagement politique libéral. En l’éliminant du paysage local, la S.A. des Carrières de Quartzite allait contribuer à faire de Dongelberg, jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, une forteresse politique catholique inexpugnable ! Juste pour la petite histoire….


Jodoigne : une aigle française…oubliée !

publiée le 24 janvier 2017


Vous connaissez certainement la rue Saint-Jean, cette rue commerçante qui donne accès au cœur de Jodoigne. Elle débouchait autrefois sur une des portes aménagées dans les remparts de la ville, appelée la porte de Tirlemont. Jusqu’en 1833 cette rue fut d’ailleurs connue sous le nom de rue de Tirlemont. Avant de franchir ladite porte et d’entrer dans la cité brabançonne, le promeneur passait devant une très vieille chapelle dédiée à Saint-Jean, bâtie sur le côté gauche de la rue. Celle-ci fut démolie en 1718. Une statue de Saint-Jean, placée par la suite dans une niche adossée à la façade de l’une des maisons de la rue le fut sans doute pour rappeler la présence de l’ancien oratoire. Il faut lever le nez pour la voir ! Nombreux sont ceux qui ne l’ont sans doute jamais remarquée. Chose curieuse, à une époque indéterminée, mais probablement au 19e siècle, une aigle française fut confiée à sa protection.


Le symbole impérial par excellence
Le 5 décembre 1804, le lendemain de son sacre, l’empereur Napoléon Ier fit placer le nouveau symbole impérial au sommet de la hampe de tous les drapeaux de l’armée française : une aigle de bronze doré, figurant l’oiseau de Jupiter, l’emblème de Rome, retouché à la carolingienne, mais associé depuis toujours aux victoires militaires. Une aigle de bronze doré, d’environ 20 cm de haut et 25 cm de large qui, en 1804, ne pesait pas moins de 2 kg. Elle perdit la moitié de son poids dans sa version 1810-1811, mais reposait toujours sur un petit caisson de bronze sur lequel apparaissait le numéro du régiment auquel elle appartenait. A l’origine, chaque bataillon et chaque escadron de l’armée française avait reçu son aigle. En 1808, on avait décidé de ne plus doter que les régiments. Aux pires heures des batailles combien d’hommes ne s’étaient-ils pas sacrifiés pour protéger le drapeau de leur régiment ?


Un vieux souvenir ?
L’aigle française que l’on distingue difficilement de la rue mais sur laquelle veille encore la statue de Saint-Jean est manifestement en très mauvais état. A vrai dire, sans un écrit ancien de l’historien jodoignois Oscar Duchesne, elle serait restée à l’abri de toute curiosité. Ses ailes paraissent brisées et son caisson est manifestement absent ce qui empêche en principe de connaître avec précision son origine. S’agit-il réellement du reliquat d’un ancien drapeau de l’époque impériale ramené par un ancien serviteur de l’Empire ? Nous avons déjà rappelé dans ces colonnes la création, à Jodoigne, en 1821, d’une société destinée à grouper les anciens des campagnes militaires françaises. Cette aigle impériale aurait-elle été gardée en souvenir par un de ces braves ? Peut-être, mais seul un examen minutieux de l’objet permettrait de le dater avec certitude. Une autre hypothèse… et s’il s’agissait de l’aigle qui ornait la hampe du drapeau de la société locale ? Nous avons vu qu’en 1887 ce drapeau avait été placé dans le cercueil de Joseph François, le dernier vétéran, et enterré avec lui dans le nouveau cimetière communal, sur les hauteurs du quartier Saint-Lambert. Aurait-on, à l’époque, décidé de préserver le vieil emblème ? Hypothèse à confirmer ou infirmer. Ce qui est par contre certain c’est que l’objet le mieux caché est souvent celui-ci placé sous les yeux de tous ! Nul doute que les passionnés de l’épopée napoléonienne s’intéresseront désormais d’un peu plus près à la rue Saint-Jean. Si l’un ou l’autre passant venait donc à risquer un « Vive l’empereur ! », ne vous formalisez pas, à partir d’aujourd’hui la chose est à peu près normale !


Ramillies, les malheurs des mois de mai et juillet 1706

publiée le 10 janvier 2017


Nous avons déjà évoqué dans ces colonnes la célèbre bataille de Ramillies livrée le 23 mai 1706 et remportée par les armées alliées commandées par le duc de Marlborough. Nous abordons aujourd’hui une facette peu évoquée de cette bataille, à savoir son impact sur les populations locales.


Des sources fiscales
Ce sont les archives fiscales des anciens Etats de Brabant qui apportent le plus de renseignements sur l’impact de la bataille sur les habitants de la contrée. Dans les mois qui suivirent le choc, plusieurs communautés villageoises, certaines par la plume de leurs échevinages, d’autres par celle de leurs curés, s’adressèrent aux Etats de Brabant pour obtenir une réduction de leurs impôts en raison des malheurs qu’elles avaient rencontrés durant les années 1705 et 1706…


Toute une région saccagée
En août 1705, à l’époque où le duc de Marlborough avait établi son quartier général sur le site de l’abbaye de La Ramée, sous Jauchelette, plusieurs milliers d’hommes et de chevaux avaient déjà ravagé les campagnes environnantes. Il avait fallu nourrir hommes et bêtes et les cultures avaient été fourragées plusieurs kilomètres à la ronde. L’année suivante, durant les 2 ou 3 jours qui avaient précédé la bataille, les belligérants des 2 camps, en cheminant vers les lieux qui allaient accueillir leurs combats, avaient à nouveau foulé les cultures et fourragé à tort et à travers. Dans les heures et les jours qui avaient suivi le choc, il en avait été de même. Aux dires du mayeur et des échevins de la communauté de Sainte-Marie et du hameau de Glatigny, trois quarts des récoltes sur pied avaient été détruites ou emportées ; situation identique signalée par le mayeur de Gesteau, près de Geest-Gérompont, par les échevins de Folx-les-Caves et d’Autre-Eglise, ainsi que par les curés de ces mêmes paroisses et celui d’Offus. A Opprebais, selon le curé Jamin, les soldats de l’armée des « Deux Couronnes » (franco-espagnole) avaient pillé chaque maison et tout emporté sur leur passage. La pratique était habituelle ! Les scènes du genre, les plus violentes, étaient sans doute intervenues à Jodoigne. Là, c’était cette fois les soldats de l’armée victorieuse qui avaient commis les pires excès. Aux dires des curés des différentes paroisses de la petite cité brabançonne plus des deux tiers des maisons avaient été pillées. Quelques habitations bourgeoises n’avaient échappé à la fureur du moment que grâce au paiement de « sauvegardes » exorbitantes ! Les Jodoignois avaient dû supporter ces exactions 4 jours durant… De quoi fatalement en garder quelques bons souvenirs !


Et, en plus, « les cieux leur tombèrent sur la tête » !
Ce qui, en mai, avait finalement échappé à la furie des hommes, avait encore dû subir celle des cieux ! Enfin, façon de parler ! Le malheur était en tous cas venu d’en haut ! Le 27 juillet 1706, un orage d’une violence exceptionnelle avait en effet éclaté au-dessus de la Hesbaye brabançonne. La tempête et la grêle avaient alors achevé de ruiner les cultures qui avaient survécu au passage des troupes ! Selon les curés d’Offus et d’Autre-Eglise, cette « grosse et prodigieuse tempeste » avait ruiné jusqu’au dernier jardin ! Désolation totale. Plus un « radis » au sol… ni en poche ! De quoi, à juste titre, alerter les Etats de Brabant sur l’état miséreux des habitants de toute la région afin d’obtenir une réduction de leurs impôts !


Il faut toujours aborder avec critique et prudence les sources historiques de nature fiscale, en Belgique comme ailleurs, mais il faut sans doute admettre que nos ancêtres avaient connu des moments très difficiles durant cette année 1706 ! Allez ! Comme vous le voyez, on s’en sort toujours ! Il faut garder le moral ! Et une balade sur le site de la bataille de Ramillies, en 2017, ne vous fera pas de mal ! Guide et informations disponibles auprès de la Maison du Tourisme de la Hesbaye Brabançonne (010.22.91.15). Excellente année 2017 à tous les lecteurs du Chouette Magazine ! Si nos chroniques historiques vous tiennent à cœur, n’hésitez pas à nous le faire savoir (joseph.tordoir@gmail.com), cela nous donnera encore plus de motivation ...


Jodoigne : La « Cité ouvrière » du « Pirroi »

publiée le 20 décembre 2016


En cette période de fêtes de fin d’année, une petite pensée pour celles et ceux qui cherchent un toit. Saviez-vous que Jodoigne fut une des villes belges pionnières dans le domaine du « logement social »? L’affaire n’est pas récente et nous allons donc, comme d’habitude, remonter le temps…


Un projet présenté à l’Exposition Universelle de Paris, en 1889
Paris. Du 6 mai au 31 octobre 1889, la capitale française accueille une grande Exposition Universelle. C’est dans le cadre de celle-ci qu’on inaugure la Tour Eiffel qui symbolise à sa manière tous les progrès engrangés dans les divers domaines techniques depuis la Révolution française de 1789. « On n’arrête pas le progrès ! » et celui-ci intervient aussi dans le domaine social. Le visiteur du « pavillon belge » peut notamment y découvrir les plans des 11 maisons ouvrières dont la construction a été entamée à Jodoigne durant l’année 1888, sur les plans de l’architecte provincial Emile Coulon !


Le projet « philanthropique » du bourgmestre libéral Leclercq
A l’échelle de la Belgique, la Ville de Nivelles avait apparemment été la première à montrer l’exemple sous l’impulsion d’une célébrité locale, le docteur Lebon. En 1859, le Bureau de Bienfaisance (ancêtre de nos CPAS) avait décidé de construire 12 habitations ouvrières qui étaient sorties de terre dès l’année suivante. Entre 1859 et 1889, 790 habitations du même type avaient été construites dans le ressort du royaume. Dès juillet 1868, le notaire Leclercq, bourgmestre de Jodoigne, avait invité le Bureau de Bienfaisance de sa ville à emboîter le pas de celle de Nivelles. Le conseil communal avait ensuite approuvé la décision prise de faire construire 11 maisons ouvrières sur un terrain du Bureau de Bienfaisance situé à la sortie de Jodoigne, au lieu-dit le « Pirroi », le long du sentier qui conduisait à Jodoigne-Souveraine tout en passant à proximité de la Ferme de la Maladrerie. Le projet « philanthropique » reposait essentiellement sur les épaules du notaire Leclercq, frère de la loge maçonnique bruxelloise des « Amis Philanthropes », si bien que lorsqu’en 1869 ce dernier avait dû s’exiler aux USA suite à la banqueroute de son étude notariale le beau projet avait été remisé dans les tiroirs. En cette même année 1869, la Ville de Wavre avait construit ses 12 premières maisons ouvrières auxquelles 38 autres étaient venues s’ajouter, en 3 phases, jusqu’en 1882.


Devenir « propriétaire »… une forme de garantie sociale
Le but était le même partout. Il était question de permettre à des ménages ouvriers d’accéder à des habitations salubres disposant d’un petit jardin. Il s’agissait aussi de les « pousser à la propriété ». Les logements construits étaient destinés à appartenir un jour à leurs locataires puisque chaque loyer versé couvrait une partie des frais de construction du bâtiment occupé. En février 1887, 18 ans après l’abandon du projet Leclercq, le notaire Fernand Charlot, lui aussi bourgmestre libéral de Jodoigne, l’avait relancé et avait obtenu l’adhésion des structures politiques et administratives locales et provinciales. En février 1888, les travaux de construction de la future cité ouvrière avaient été adjugés à l’entrepreneur jodoignois Gustave L’Hoost, pour un montant de 18.810 francs. Achevées durant l’année 1889, la valeur de chacune de ces habitations, en tenant compte de celle du terrain sur lequel elles avaient été construites, avoisinait les 1.900 francs, montant dont les candidats locataires n’auraient pu disposer en cas d’achat immédiat. A l’époque de l’Exposition Universelle de 1889, plusieurs des habitations étaient déjà données en location-achat contre une rétribution mensuelle de 10fr50. En principe, le locataire, après 21 ans, en tenant compte des annuités, devenait le propriétaire de l’habitation construite aux frais du pouvoir public. L’acte social qui avait été posé était sans nul doute un acte fort, mais présentait aussi un caractère très symbolique puisque la petite cité brabançonne comptait alors plusieurs dizaines, si pas plusieurs centaines, de familles ouvrières…


En cette année 2017, l’ancienne « Cité ouvrière » bâtie en 1888-1889 se dresse encore le long de la rue de la Maladrerie. Son architecture standardisée trahit quelque peu son origine. Comme l’avaient souhaité les concepteurs du projet, plusieurs de ses composantes étaient déjà devenues des propriétés privées avant la Première Guerre mondiale.


Opprebais-Wastines. Avez-vous entendu crier la Juliette ?

publiée le 13 décembre 2016


Selon quelques habitants de Wastines et de Sart-Risbart, en août, à la nuit tombante, il n’est guère prudent d’emprunter les chemins qui traversent le vaste plateau agricole qui sépare le village d’Opprebais-Sart-Risbart de celui de Malèves-Sainte-Marie-Wastines ! Le promeneur téméraire, avec un peu de malchance, pourrait, paraît-il, y croiser une jeune femme ensanglantée, hurlant de douleur, à savoir une certaine Juliette Petignot, de Wastines, assassinée en ces lieux, en aout 1912, par son amant, Emile Van Hees, le clerc de sa paroisse ou de celle de Malèves ! Bon ! Balivernes évidemment ! Mais enfin, un promeneur prévenu en vaut deux !


Une sale affaire !
Le dimanche 11 août 1912, en soirée, après un dernier rendez-vous galant, Emile Van Hees décidait de mettre un terme sanglant à la liaison qu’il entretenait depuis quelques temps avec la Juliette ! Une servante, âgée de 24 ans, employée à l’époque chez le fermier Jean-Baptiste Hussin, de Wastines. L’année précédente, elle avait été au service de Van Hees durant 4 mois et le « brave » sacristain, bien que marié, n’avait pas résisté à ses charmes. Toute la contrée avait repéré le manège des deux amants et Hélène Collin, l’épouse de Van Hees n’était pas dupe ! Montré du doigt dans son village par les âmes bien pensantes, chahuté par son épouse, le sacristain avait finalement voulu mettre un terme à la liaison, mais l’affaire avait mal tourné ! Le 12 août, vers 8h du matin, Auguste Muret, le garde-champêtre d’Opprebais, avait découvert dans les campagnes, sous Sart-Risbart, à proximité de Wastines, le corps sans vie de Juliette Petignot lardé de coups de rasoir, la tête fracassée à coups de marteau !


Le crime du sacristain
L’affaire avait évidemment fait la Une des journaux locaux, régionaux et même nationaux ! Pour la presse anticléricale, un sacristain adultère et assassin ! Quelle aubaine ! Les enquêteurs s’étaient rapidement tournés vers Van Hees dont tous les amis et voisins connaissaient le double jeu sentimental. Dès le 19 août 1912, il avait été arrêté en compagnie de sa femme, soupçonnée de l’avoir aidé à commettre le crime odieux. Le sacristain avait maladroitement laissé quelques traces compromettantes sur les lieux de son forfait. On avait retrouvé le marteau du tueur, mais pas son rasoir. Environ une année plus tard, en juillet 1913, le couple avait été jugé en Cour d’assises du Brabant. Durant la procédure, Emile Van Hees avait nié les faits et son épouse avait confirmé qu’il était resté à son domicile cette nuit-là ! Durant le procès, le couple était volontairement resté silencieux. Les proches parents d’Hélène Collin, appelés à la barre, lui avaient demandé de changer d’attitude puisque tous savaient qu’elle n’avait pas participé au crime. Rien n’y avait fait et quelques cheveux trouvés sur la scène du crime lui avaient été attribués par la médecine scientifique, encore toute balbutiante.


A la mi-juillet 1913, Emile Van Hees avait été condamné à la peine de mort (qui n’était plus appliquée) et son épouse à la prison à perpétuité. Durant la première semaine de juillet, la photo de la victime, celle du principal condamné et celle des lieux du crime avaient été publiées dans les colonnes du journal « La Dernière Heure ». Les deux condamnés avaient tenté un pourvoi en cassation, qui leur avait été refusé. Van Hees avait alors officiellement reconnu qu’il avait commis le crime qu’on lui imputait, mais sans l’aide de sa femme ! Le principe de la révision du procès avait finalement été admis et le 20 juillet 1914, en cassation, la condamnation d’Hélène Collin avait officiellement été annulée. Les premiers mois de guerre avaient inévitablement retardé la procédure judiciaire et ce n’était qu’en février 1916 que les jurés de la Cour d’assises de Namur avaient été invités à se prononcer sur sa culpabilité réelle ou fictive. Défendue cette fois par l’avocat Paul-Emile Janson, l’accusée avait bénéficié du doute et le jury s’était prononcé pour sa libération immédiate !


Un rasoir à retrouver ?
Bien triste histoire que celle de Juliette Petignot, que vous ne risquez pas de rencontrer de si tôt ! Ceci dit, en 1912, le rasoir d’Emile Van Hees n’a pas été retrouvé. Durant le procès, sa belle-famille affirma avoir entendu de sa bouche qu’il l’avait enterré dans les campagnes, au beau milieu d’une terre de betteraves, au lieu-dit le Hotia. Si un jour vous le trouvez en vous promenant chez nous … laissez-le là où il est ! Cold case !


Jandrain : le plafond de l'Eglise Saint-Pierre

publiée le 06 décembre 2016


D’ici quelques semaines, la plupart de nos vieilles églises recevront plus de visites que d’accoutumée. Elles accueilleront concerts, veillée, etc. Une belle occasion pour certains de découvrir ou redécouvrir des édifices religieux qui abritent souvent de superbes œuvres d’art. Aujourd’hui, c’est l’église Saint-Pierre, de Jandrain, qui retiendra toute notre attention… et tout spécialement son plafond !


Parmi le patrimoine classé d’Orp-Jauche
L’entité d’Orp-Jauche compte quelques édifices totalement ou partiellement classés au rang desquels figure notamment, depuis 1937, l’église Saint-Pierre de Jandrain, dont la tour, en grès quartzitique, élevée à l’époque romane, se dresse non loin de la chaussée qui traverse ce village depuis le milieu du 19e siècle. Flanquée d’annexes bâties au 18e siècle, cette tour donne accès à une large nef, de style classique, reconstruite à la même époque et aboutissant à un chœur, lui, de style gothique tardif, aménagé durant l’année 1628. Une des deux sacristies collées à la dernière travée de la nef a été construite cette même année, l’autre au 18e siècle, à l’époque de la réédification de la nef.


Une dépendance spirituelle de l’abbaye d’Heylissem
Cette église Saint-Pierre, jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, fut desservie par des chanoines prémontrés issus de la communauté abbatiale d’Heylissem (actuel domaine provincial d’Hélécine), institution qui disposait, depuis le Moyen-Age, du patronat de l’église et jouissait, depuis la même époque, des dîmes de la paroisse. C’était dès lors cette abbaye qui avait dû assumer financièrement la charge des travaux de (re)construction de l’église Saint-Pierre, tant au 17e qu’au 18e siècle. Comme en atteste encore la clé millésimée, malheureusement usée par le temps, du portail aménagé dans la façade de la tour romane, c’est en 1767 que furent achevés les travaux de reconstruction entrepris au 18e siècle. De cette époque, la nef et le chœur ont gardé leurs boiseries et la plus grande partie de leur mobilier.


Les armes de l’abbé Michel Gosin
Le classement de l’édifice est plus que probablement à l’origine du maintien, à l’authentique, de son aménagement intérieur et notamment de ses composantes murales habillées de stucs. Si vous levez le nez, il vous sera donné d’admirer une réalisation artistique assez remarquable, à savoir une représentation, imposante en taille, des armoiries particulières de l’abbé d’Heylissem Michel Gosin, natif d’Huppaye. Nous avons déjà consacré quelques lignes à ce prélat, éleveur de chevaux, qui avait confié à l’architecte Dewez la reconstruction de son abbaye. Gosin était encore à la tête de celle-ci en 1766-1767, lorsqu’il avait été décidé d’ériger une nouvelle nef à l’église de Jandrain. Pour rappeler à tous que ces travaux avaient été décidés et réalisés sous son abbatiat, on flanqua le plafond de ses armes personnelles accompagnées de la devise INFLUENT BENIGNE, une mitre et une crosse témoignant de son statut d’abbé (1761-1773).


L’architecte Dewez ne paraît pas avoir été sollicité dans le cadre de la menée à bien de ce chantier, mais Jean-François Narez, le plafonneur auquel Heylissem faisait habituellement appel à l’époque, bénéficia peut-être, pendant son travail, des conseils d’un stucateur italien de renommée internationale employé sur le site abbatial. Narez, dont la famille était établie sous Orp-le-Grand, ou dans un village voisin, appartient à cette longue série d’artistes méconnus issus de nos campagnes et créateurs de petites merveilles dont beaucoup ont malheureusement disparu au fil des siècles… et des réformes vaticanes.


La 'verge' de Dongelberg, la plus 'grande' de la Hesbaye brabançonne !

publiée le 22 novembre 2016


Avant d’entamer la lecture de cet article vous connaissiez déjà le « Taureau » de Dongelberg ; mais les amateurs de promenades champêtres en Hesbaye brabançonne ne rencontreront malheureusement plus que très rarement celui-ci en ces lieux. Une malencontreuse faute de frappe à mettre mon actif ? Non, je vais bel et bien vous parler de la « verge » de Dongelberg. Sujet coquin ? Loin de là ! Mais néanmoins un petit clin d’œil que pourraient vous adresser tous les natifs et habitants de ce petit village vallonné de l’entité de Jodoigne, aujourd’hui essentiellement connu pour son château et ses anciennes carrières.


Quand le « pied » fait la « verge »
A la fin de l’Ancien Régime, à savoir l’époque de la conquête et de l’annexion officielle (1795) de nos territoires par la République française, le « bonnier » règne en maître dans les campagnes. De quoi s’agit-il ? Tout simplement de la principale unité employée dans le cadre du mesurage de la surface des parcelles agricoles. Partout, ce « bonnier », de terre, de pré ou de bois, s’étend sur 4 « journaux » couvrant respectivement une surface équivalant à 100 « verges » ; 1 « bonnier » ayant donc la même surface que 400 verges. A priori, le système peut apparaître assez simple à appliquer puisque partout le « bonnier », le « journal » et la « verge » sont utilisés par les acteurs du monde agricole.


Mais le système se complique sérieusement à sa base à cause du « pied », à savoir de la principale unité de longueur employée à l’époque. Si partout la « verge » de terre, unité de surface, équivaut à un certain nombre de « pieds carrés », on constate que ce nombre de « pieds carrés » peut varier d’un endroit à un autre ! Dans notre région, à l’exception des enclaves liégeoises (dont celle de Tourinnes-Beauvechain), le « pied de Louvain » sert généralement de référence (il fait un plus de 28cm). Presque partout on y calcule la « verge » locale, « à 16 ½ pieds de Louvain » de côté. Dans notre système métrique, cette « verge » couvre une surface d’environ 21ca. Il en découle que le « journal » s’étend alors sur un peu plus de 21a et le « bonnier » sur 85a 80ca et quelques dcm². Il en est notamment ainsi à Jodoigne, à Jodoigne-Souveraine, à Incourt, à Glimes, à Piétrebais, à Opprebais, à Jauchelette, à Lathuy, à Bomal, à Autre-Eglise, etc. A Roux-Miroir, la « verge » locale, « à 18 ½ pieds de Louvain », se singularise puisqu’elle couvre une surface plus importante et s’étend sur un peu plus de 27ca, portant le « journal » à un peu plus de 27a et le « bonnier » à 1ha 11a 21ca et quelques dcm². Mais c’est à Dongelberg et dans ses hameaux (le Fays et Aillebroux) que la verge couvre alors la surface la plus importante ! La « verge » locale, « à 21 ½ pieds de Louvain » s’étend en effet sur un peu plus de 37ca ! Comportant 16ca de plus qu’un peu partout dans la région, et 10ca de plus qu’à Roux-Miroir ! Il en résulte qu’à Dongelberg, le « journal » équivaut donc à un peu plus de 37a et que le « bonnier » y désigne une surface d’1ha 50a 20ca et quelques dcm² ! A choisir, à qualité de terre égale, mieux valait donc être propriétaire d’1 bonnier de terre à Dongelberg que dans tous les villages voisins !


Un héritage médiéval ?
On peut longuement s’interroger sur ce qui avait été à l’origine de ce singularisme local. La piste d’un héritage de l’influence, à l’époque médiévale, du puissant lignage des seigneurs de Dongelberg - dont certains représentants jouissaient d’apanages importants sous Roux-Miroir- est peut-être à envisager. Ces derniers, malgré l’annexion de la région au duché de Brabant à la fin du 12e siècle, auraient-ils donc réussi à conserver une forme de singularité ? A voir. En attendant qu’une réponse lève définitivement cette interrogation n’hésitez pas à arpenter joyeusement la Hesbaye brabançonne !


Souvenirs des déportations du mois de novembre 1916

publiée le 8 novembre 2016


En ce mois de novembre 2016, nul doute que durant nos traditionnelles manifestations patriotiques on évoquera les déportations de civils intervenues chez nous en novembre 1916 et organisées par les autorités militaires allemandes. Le public visé ? Les hommes, âgés de 17 à 55 ans, réputés « sans emploi » ou « chômeurs ». La finalité du projet ? Envoyer de la main d’œuvre en Allemagne et l’y employer, principalement dans l’industrie, à la place des soldats mobilisés sur le front ou dans les territoires occupés.


Rassemblés à Jodoigne et à Perwez Le fléau toucha les communes du canton de Jodoigne et celles du canton de Perwez à la mi-novembre 1916. Le 17 novembre, sur la base de listes nominatives établies par les autorités locales, les autorités allemandes convoquèrent environ 8.000 « chômeurs » sur la Grand-Place de Jodoigne. Le jour suivant, un rassemblement du même type fut organisé à Perwez sur la place du Marché. Après une forme de « sélection », sous bonne escorte militaire, des convois furent formés. A la gare de Jodoigne, 498 hommes embarquèrent, de force, dans des wagons ; à celle de Perwez, 358 autres connurent le même sort. A l’époque, en quelques jours, dans l’ensemble de l’arrondissement de Nivelles, 4.768 hommes furent déportés vers l’Allemagne. Les convois formés à Jodoigne et Perwez aboutirent au Camp de Meschede (Westphalie) où la majorité des victimes refusèrent de travailler pour l’ennemi. Grâce à la pression internationale, après avoir survécu quelques mois dans des conditions inhumaines (hiver très rude), la plupart de ces déportés purent réintégrer leurs foyers durant le premier semestre de l’année 1917. Plusieurs n’avaient cependant pas supporté leurs conditions de détention ou de travail et étaient morts loin de chez eux, comme Arthur Marchal et Noé Joseph Dalcq, de Piétrain, dont les traits, conservés sur un monument commémoratif élevé dans le cimetière de leur village, illustrent cet article. A ces pertes, il fallut ensuite ajouter les sujets épuisés ou maladifs qui, bien que revenus en Belgique, n’avaient pu échapper à la mort.


A Opprebais, aucun déporté ! Dans beaucoup de communes des cantons de Jodoigne et de Perwez, les autorités locales s’étaient démenées pour éviter les affres de la déportation à leur population masculine. Cela avait notamment été le cas à Opprebais. La population masculine du village avait été rassemblée à Perwez le 18 novembre. Le bourgmestre Ravet et le maître de carrières Ernest Liesse avaient réussi à convaincre les autorités allemandes que la plupart des « chômeurs » d’Opprebais étaient nécessaires pour le maintien en activité des carrières locales et que les autres étaient destinés à être employés dans les grandes fermes du village. Résultat de la démarche ? Pas un seul homme déporté ! En d’autres endroits, des bourgmestres s’étaient montrés plus frileux, craignant des représailles personnelles. A Incourt, le bourgmestre Malevé s’était apparemment chargé d’une forme de « présélection ». Quelques sujets appartenant à des « familles nombreuses » avaient alors été mis en avant. Félix (20 ans) et Camille Tordoir (17 ans), les fils aînés de l’ouvrier-briquetier Antoine Tordoir, avaient notamment été concernés par la mesure… Ils étaient revenus d’Allemagne, mais le second cité y avait contracté une maladie grave qui devait le rendre infirme jusqu’à la fin de ces jours. En 1990, Maurice Tordoir, le plus jeune frère de ces deux hommes, âgé de 5 ans en 1916, fulminait encore - 74 ans après les faits ! - contre le bourgmestre de l’époque qui, aux yeux de sa famille, s’était montré beaucoup, beaucoup, beaucoup moins intrépide que celui d’Opprebais !


Les Trinitaires de Lérinnes...

publiée le 25 octobre 2016


Parmi les itinéraires touristiques que l’on peut découvrir en se rendant dans les locaux de la Maison du Tourisme de la Hesbaye Brabançonne - provisoirement établis dans une aile du château Pastur, au cœur de Jodoigne - figure celui des « Abbayes ». Plus spécifiquement destiné aux utilisateurs de « deux roues », ce circuit vous propose de sillonner le Brabant wallon et une partie du Namurois, sur des routes qui vous conduiront aux abords des anciennes abbayes de La Ramée, de Villers et de Gembloux. Chemin faisant, les amateurs de patrimoine découvriront notamment la « Ferme de Lérinnes » (Tourinnes-Saint-Lambert) ancienne dépendance agricole d’un prieuré de Trinitaires fondé durant les premières décennies du 13e siècle…


Pour acheter la liberté des prisonniers…
En cette fin d’année 2016, le Brabant wallon est une destination touristique qui présente théoriquement moins de risques que celle du « Proche Orient » ! Ceci dit, voyager, commercer et/ou guerroyer dans ces contrées lointaines fut toujours une « aventure » hasardeuse et périlleuse. A l’époque des croisades, sur les routes conduisant au tombeau du Christ, nombre d’aventuriers et/ou de pèlerins tombèrent entre les mains des Maures. Capturés sur des champs de bataille ou tout simplement enlevés durant leur pélérinage, les Occidentaux qui échappaient à la mort étaient destinés à l’esclavage. Les plus chanceux bénéficièrent de l’aide des religieux de l’ordre des Trinitaires, ou de la Sainte Trinité pour la rédemption des captifs, fondé en l’an 1198 dans la région de Reims. Celui-ci avait pour mission la libération, contre monnaie sonnante et trébuchante, du plus grand nombre possible de chrétiens tombés entre les mains des infidèles ! Le tiers du produit des biens que l’ordre exploitait en Europe occidentale devait annuellement être consacré à cette œuvre de rédemption. Certains avancent qu’en ces temps agités, l’ordre obtint la libération de plusieurs dizaines de milliers de captifs… au rang desquels figura manifestement le chevalier Gilles de Beaurieu, plus connu sous le nom de Gilles de Lérinnes, époux de dame Pétrone de Waha, issue du puissant lignage des comtes de Chiny.


Le croisé Gilles de Lérinnes
Nous y voila ! Selon la tradition, notre Gilles de Lérinnes, comme plusieurs autres seigneurs brabançons, avait pris la route de Jérusalem. Fait chevalier durant l’expédition, il avait guerroyé au « Proche Orient » durant 7 longues années avant de tomber entre les mains de ses adversaires mauresques. Des religieux trinitaires ayant acheté sa liberté, Gilles était revenu en terre natale pour contribuer à y fonder l’une ou l’autre institution monacale dont l’abbaye cistercienne de Salzinnes - à laquelle, en 1219, il avait notamment donné des terres sises sous Jauche, Noduwez et Ramillies -, ainsi que le Prieuré de Lérinnes, fondé vers 1220, qu’il avait doté du domaine du même nom. Sa femme, Pétrone de Waha, comme le rappelle sa tombe conservée aujourd’hui dans les collections du Musée du Cinquantenaire, s’éteignit à Lérinnes en 1248. Selon une tradition, qui n’est vérifiée par aucun texte, Gilles, après quelques années passées en terre brabançonne, avait quant à lui décidé de reprendre la route de Jérusalem et, cette fois, n’en était plus revenu ! Destinée romanesque invérifiable !


Sous l’Ancien Régime, le Prieuré de Lérinnes dépendait de la province française de l’ordre des Trinitaires, celle-ci ne comptant pas moins de 93 maisons, dont 2 situées en terre brabançonne. Au 18e siècle, il jouissait principalement des revenus tirés de l’exploitation d’environ 150 bonniers de terres agricoles localisées sous Lérinnes mais aussi sous plusieurs villages des environs, y compris ceux d’Incourt et de Roux-Miroir. Le 8 mars 1783, l’Empereur Joseph II ayant estimé que l’ordre des Trinitaires avait cessé d’avoir une utilité celui-ci avait officiellement été supprimé dans le ressort de l’Empire autrichien. Le 23 juillet 1783, le Prieuré de Lérinnes avait définitivement fermé ses portes.


La croix « pattée et alésée, au montant de gueules brochant sur la traverse d’azur » - à savoir de couleur bleue et rouge -, qui, depuis 1981, figure officiellement sur les armoiries de la Commune de Walhain, rappelle celle qui ornait autrefois la défroque blanche des Trinitaires de Lérinnes…


Tempête sur Jodoigne !

publiée le 11 octobre 2016


« Depuis 20 ans, nous avons eu à Jodoigne une série de violents orages suivis d’averses torrentielles qui resteront longtemps dans le souvenir des habitants du canton. De grands dégâts ont été causés par la foudre et les eaux. A Lathuy, un cheval a été tué ; à Beauvechain, la foudre est tombée sur une étable et a tué deux vaches. Des arbres ont été brisés (…). De formidables décharges électriques déchiraient les nues et étaient accompagnées d’une pluie battante et de grêlons excessivement gros, de véritables glaçons de la grosseur d’œufs de poule. Beaucoup de récoltes sont anéanties et notre campagne eût été complètement ravagée si cette tourmente avait eu un peu plus de durée. On a pesé un grêlon dont le poids, après l’orage, était encore de 60 grammes. Beaucoup de maisons ont eu leurs vitres brisées (…). La place St Lambert s’était transformée en un véritable lac sur lequel flottaient des caisses, des échelles, jusqu’à des marmites, enlevées par la violence des eaux qui descendaient avec une rapidité vertigineuse les rues escarpées aboutissant à cette place. Plusieurs maisons furent inondées(…)».


Et oui, « catastrophique » ! Mais de quel journal est tirée cette chronique des évènements dramatiques qui ont frappé Jodoigne et sa région ? Ce récit imagé est-il le fruit d’un journaliste du « Soir », de la « DH » ou de « l’Avenir » ? Vous souvenez-vous l’avoir lu ? Où peut-être pensez-vous avoir vécu cette catastrophe en direct ? Ne vous affolez pas bonnes gens, il vous aurait été bien difficile d’assumer votre rôle de lecteur ! Ces quelques lignes sont extraites du « Courrier de Nivelles », un journal qui paraissait en roman pays au 19e siècle, plus précisément de son numéro du 1er juillet 1888 ! Vous lisez bien 1888 ! Et pas 2016 ! Que voulez-vous, mère nature à tendance à reproduire périodiquement ses accès de colère! Et j’ai envie d’ajouter : « bien avant le réchauffement climatique »… Tout amateur d’histoire qui peut se plonger dans la presse retrouve périodiquement ce genre de récit de « catastrophe naturelle » ; la presse de l’arrondissement de Nivelles étant relativement bien conservée, avis aux amateurs ! Ils pourront établir un véritable catalogue à dater de la première moitié du 19e siècle…


Certains, à lecture des premières lignes de cette chronique, auront peut-être été piégés. Si j’avais d’emblée reproduit la phrase précisant « qu’aux serres de Monsieur Hector Defoër (au château des Cailloux) plus d’un millier de carreaux avaient été mis en pièce par les grêlons », je suppose qu’ils auraient immédiatement compris que nous étions bien à Jodoigne, mais à une autre époque ! Ajoutons un dernier clin d’œil ! Quelques semaines avant ces terribles orages de l’année 1888, le parti catholique avait partiellement remporté le premier tour des élections législatives organisées dans l’arrondissement de Nivelles. Quelques jours plus tard, sous le régime du scrutin majoritaire, lors du scrutin de ballottage, des libéraux avaient réussi à se maintenir ! Dans les cures du canton de Jodoigne, on avait vertement critiqué les électeurs qui, entre les deux tours du scrutin, avaient modifié leur vote et sauvé quelques libéraux. Selon le très libéral « Courrier de Nivelles », en plusieurs églises, quelques curés très impliqués dans les questions électorales avaient annoncé à leurs ouailles que les orages de la fin du mois de juin 1888 n’étaient que l’expression de la colère divine frappant les fermiers qui avaient fait le mauvais choix (politique) ! Autres temps, autres mœurs ! Autres connaissances, autres explications ! Si les grandes serres du château des Cailloux existaient encore aujourd’hui, on peut aisément imaginer qu’elles susciteraient la curiosité des touristes. Au 19e, elles étaient d’ailleurs très souvent visitées par des « amateurs » venus des quatre coins du pays. Heureusement, Jodoigne a gardé bien d’autres attraits…


Incourt : l'ancien "Hôpital Saint-Christophe"

publiée le 27 septembre 2016


Il est des lieux dont la vocation semble inscrite à jamais dans l’Histoire. En voici encore la preuve : quelques mots sur une « antique » institution à vocation sociale située dans le cœur d’un village rural…


Un « lieu d’accueil » pour pèlerins
En 1231, il existait déjà, dans le cœur d’Incourt, aux abords du chemin conduisant à Opprebais, un hôpital placé sous la protection de Saint Christophe, à savoir le saint protecteur des voyageurs. Cette institution, en 1243, était dirigée par un laïc mais un prêtre, qui lui était spécialement attaché, résidait aussi en ses murs. Le site était manifestement destiné à accueillir des pèlerins et autres voyageurs, l’institution étant apparemment localisée aux abords d’une des nombreuses voies permettant de rejoindre Saint-Jacques de Compostelle. Au XVIIe siècle, subsistait la Grande Cense de l’Hôpital, donnée en location à un fermier et dont une partie des revenus servait à la bienfaisance publique. Jusqu’au beau milieu du siècle suivant, héritage des origines, son exploitant-locataire fut tenu d’accorder le logement et la table à deux pèlerins potentiels. Quelques clauses de son contrat de bail spécifiaient la façon dont il devait loger, fort modestement, ces voyageurs. Ce fut manifestement à cette époque, que plusieurs composantes de la ferme furent reconstruites en briques et pierres de Gobertange, les plus anciennes ayant conservé des murs en pierres de plus de 70 cm d’épaisseur (voir le pignon, dressé du côté de la rue d’Opprebais, qui pourrait être comparé à certaines composantes murales de l’impressionnante ferme-château médiévale d’Opprebais, assez proche à vol d’oiseau).


De l’éducatif et du social à ma fin du XVIIIe siècle
A la fin du XVIIIe siècle, la Table des Pauvres (le CPAS de l’époque !) implanta sur le site une maison d’école et une maison d’orphelins dont la direction fut confiée au curé, ainsi qu’au maire et aux échevins d’Incourt. En 1829, la ferme, aussi connue sous le nom de Cense des Pauvres, fut vendue par les autorités locales au bénéfice de son locataire Jean-Joseph Beaugniet (1789-1845) époux de Jeanne-Joseph Looze (1794-1874). A la suite de différents partages familiaux la ferme échut, en 1876, à leur fils Emile Beaugniet (1839-1900), époux d’Eléonore Bodart. Le site fut finalement divisé à la suite d’un partage réalisé en 1903 entre les différents enfants de ce couple. Durant plusieurs décennies, un mur divisa la cour de la ferme. La photo associée à cet article permet de visualiser une partie des lieux vers 1950. Aujourd’hui, et depuis de grands travaux de rénovation, le site, longé, d’un côté, par la rue d’Opprebais, de l’autre, par la rue Eugène Hallet, abrite plusieurs logements privés.


Du social, toujours du social
C’est sur l’Ahannière (autrefois grande parcelle herbeuse) donnée en location avec la Cense de l’Hôpital, située derrière celui-ci, côté Opprebais, que l’IPB, en collaboration avec la Commune et le Centre Public d’Action Sociale d’Incourt, a implanté un important complexe immobilier à vocation sociale, comprenant des logements et des services. Cette grande parcelle, sur laquelle le FC Incourt organisa ses activités sportives durant plusieurs décennies, n’avait pas été vendue en 1829 et était donc restée une propriété publique, ce qui permit d’envisager un nouvel aménagement des lieux. Pour rappel, sous le régime républicain, les Tables des Pauvres furent remplacées par les Bureaux de Bienfaisance, organisés tout d’abord à l’échelle cantonale, puis à l’échelle locale. Ces Bureaux de Bienfaisance furent fusionnés, en 1925, avec les Commissions des Hospices Civils (évidemment là où celles-ci existaient), pour créer les Commissions d’Assistance Publique (CAP). En 1976, dans le cadre de la grande opération des fusions de communes, celles-ci furent regroupées au sein des Centres Publics d’Action Sociale (CPAS) (un par nouvelle Commune).


Dimanche 18 septembre : Marche des Chouans, Incourt-Jodoigne

publiée le 13 septembre 2016


Cette année, la Marche des Chouans se déroulera le dimanche 18 septembre, dans le sens Incourt-Jodoigne. Pour rappel, il s’agit d’une marche d’environ 7 km, à travers nos belles campagnes, émaillée de pauses musicales, gustatives et historiques.


Le rendez-vous « grand public » est fixé à midi, sur la place des Fêtes à Incourt. Les personnes désirant accompagner les marcheurs costumés durant leur périple, pourront prendre une collation champêtre sur place (boudin, jambon, fromage et une boisson, pour 5 €). Après le repas, un premier spectacle musical, d’une durée d’environ 30 minutes, accessible gratuitement, sera donné sur place, vers 13h30, comprenant la prestation d’un groupe de musiciens et danseurs bretons, originaires de la région de Pluherlin (Bretagne – Morbihan). Ambiance assurée !


Vers 14h, le cortège de marcheurs s’ébranlera en direction de Roux-Miroir, via le de Brombais et un tronçon de la transincourtoise. Après une halte, rue de Patruange, devant la maison d’Antoine Constant, l’ancien chef régional de la rébellion antirépublicaine, les Chouans rejoindront Brocuy, sous Lathuy, à travers les campagnes pour achever leur périple à la Ferme de la Maladrerie, rue de la Maladrerie, à l’entrée de Jodoigne, côté Jodoigne-Souveraine, où de nouvelles séquences de danses seront organisées et ouvertes gratuitement au public à partir de 17h ! Vous aurez aussi la possibilité de vous restaurer et de vous désaltérer sur place. A partir de 18h, des navettes de bus permettront aux marcheurs, costumés ou non, de rejoindre le point de départ du cortège (Incourt) afin de récupérer leurs véhicules.


Comme vous le savez peut-être, chaque édition de la Marche des Chouans permet d’évoquer un aspect de l’histoire de notre région à l’époque républicaine (dernières années du 18e siècle). Cette année, c’est le thème « du divorce », « formalité administrative » introduite dans nos contrées par les autorités françaises, qui sera mis en avant et exploité historiquement par nos marcheurs costumés. De quoi s’attendre à quelques belles envolées lyriques ! La première interviendra sur le site du moulin d’Opprebais, vers 13h15. Accès libre bien évidemment !


Pour permettre la bonne organisation de cette manifestation, nous demandons à toutes les personnes qui désirent accompagner les marcheurs et/ou accéder au repas de midi, de signaler rapidement leur intérêt auprès de Joseph TORDOIR, échevin de la Culture de la Commune d’Incourt (réservations au 0499.96.91.89 ou joseph.tordoir@gmail.com) ou de Valéry KALUT, échevin de la Culture de la Ville de Jodoigne (0475.60.98.14). Cette activité est organisée par l’ASBL Cultura Nostra, en collaboration avec diverses associations et confréries locales, et bénéficie notamment du soutien de la Ville de Jodoigne, de la Commune d’Incourt et de la Province du Brabant wallon.


Invitation
Petit clin d’œil supplémentaire ! Toute personne ayant déjà fait l’expérience d’un divorce, présente sur le site du moulin d’Opprebais, entre 13h et 14h, et/ou à la Ferme de la Maladrerie, à Jodoigne, entre 17h et 18h, se verra offrir une consommation ! Qu’on se le dise : ce n’est pas un drame… sauf pour les organisateurs !


La Ramée « en fête » lors des Journées du Patrimoine !

publiée le 30 août 2016


Dans quelques jours, à savoir durant le week-end des 10 et 11 septembre 2016, le site de l’ancienne abbaye de La Ramée sera particulièrement mis à l’honneur, à l’échelle de la Wallonie, dans le cadre des Journées européennes du Patrimoine. Nul doute que des milliers de personnes profiteront de la circonstance pour (re)découvrir ce patrimoine exceptionnel (2002) magnifiquement restauré durant ces dernières décennies !


1216-2016
C’est notamment pour célébrer, ou plus exactement fêter, le 800e anniversaire de l’installation d’une poignée de moniales cisterciennes sous Jauchelette, à la limite de Glimes et de Bomal, que l’Institut du Patrimoine Wallon a décidé de faire de La Ramée, le temps d’un week-end, la capitale wallonne du patrimoine. L’occasion d’évoquer 800 ans d’une histoire peu banale et, avec elle, celle d’une partie de la Hesbaye brabançonne puisque c’était essentiellement dans cette région que l’abbaye cistercienne avait possédé droits et biens divers, dont plusieurs grandes fermes. L’ancienne basse-cour abbatiale, sise sous Jauchelette a, globalement, été bien préservée des atteintes du temps. Son imposante grange dîmière est la plus volumineuse de celles du même type qui ont été conservées en Wallonie. Elle frappe évidemment l’imagination du promeneur qui, après être passé sous le porche de la ferme, découvre une magnifique architecture rurale du 18e siècle.


A l’époque de sa suppression par les autorités républicaines, à la fin de ce même 18e siècle, l’abbaye de La Ramée, outre sa basse-cour, possédait aussi cinq grandes exploitations agricoles sises sous Jauchelette, Sart-Mélin, Piétrain, Jandrenouille et Noville-sur-Mehaigne. Trois de ces grandes fermes subsistent encore aujourd’hui, mais seule l’ancienne ferme de la Dîme, élevée non loin de l’église de Piétrain, bien que scindée en deux, a conservé un « cachet authentique ». Il ne reste en effet plus guère de choses des bâtiments anciens de la Ferme de la Converterie, sous Sart-Mélin, et la Ferme de la Dîme, sous Jandrenouille, bien que demeurée imposante, a été totalement reconstruite durant le 19e siècle. Quant aux dépendances des fermes « d’au-delà de l’Eau », sous Jauchelette, et de la Dîme, sous Noville-sur-Mehaigne, elles ont tout simplement disparu dès les premières décennies du 19e siècle. L’abbaye possédait aussi plusieurs moulins dont ceux de Jauchelette et de Grognard, sous Bomal.


Plusieurs conférences
Les samedi et dimanche après-midi, plusieurs conférences seront données sur le site de la Ramée, notamment par votre serviteur, dans le but d’évoquer quelques grands moments de son histoire. Hervé Hasquin, Secrétaire Perpétuel de l’Académie Royale, a lui aussi été invité à prendre la parole durant la journée du samedi. Des visites guidées seront organisées, en boucle, durant tout le week-end. Nous vous invitons à prendre connaissance du programme détaillé de ces activités sur le site de la Maison du Tourisme de la Hesbaye Brabançonne. On retiendra aussi que vous êtes cordialement invités à deux spectacles de vidéo-mapping qui se donneront, en soirée, dans la cour de la ferme, un dès le vendredi, le second le samedi. Attention, pour y accéder, vous devez impérativement procéder à une réservation sur le site www.journeesdupatrimoine.be !


MARCHE DES CHOUANS
L’édition 2016 de la Marche des Chouans sera organisée le dimanche 18 septembre prochain. Cette année, elle présentera un caractère très « breton » puisqu’un groupe de danseurs et musiciens venu du Morbihan aura l’occasion de se produire à diverses reprises durant le week-end. Une soirée de danses bretonnes sera notamment organisée la veille de la marche. Le programme complet de la manifestation figurera dans l’édition du Chouette Magazine du 13 septembre ! A très bientôt !


L'Harmonie Royale de Jodoigne fête ses 200 années d'existence !

publiée le 28 juin 2016


Ce 25 juin, un exceptionnel concert de gala a été donné au château de Jodoigne-Souveraine par l’Harmonie de Jodoigne, société royale. Durant tout l’année 2016, cette société musicale célèbre joyeusement son bicentenaire, sous la présidence d’honneur de la comtesse de Traux de Wardin, née Pastur. Belle et longue histoire musicale qu’il est impossible de résumer en quelques lignes. Nous nous limiterons donc à un petit clin d’œil !


On se battait à coup … de notes !
A la fin du 19e siècle, dans la plupart des petites villes belges et dans beaucoup de villages coexistaient diverses fanfares et harmonies. Ces sociétés disposaient de locaux pour leurs répétitions et leurs concerts. Les plus renommées participaient à des concours organisés à l’échelle provinciale ou nationale et les médailles récoltées au fil des années garnissaient la hampe du drapeau qui les accompagnait lors de leurs déplacements. Politique oblige, à de très rares exceptions près, toutes ces sociétés disposaient d’un ancrage politique. Aux traditionnelles sociétés qui recrutaient dans les milieux libéraux ou catholiques étaient progressivement venues s’ajouter des sociétés ouvrières regroupant des électeurs du Parti Ouvrier Belge (socialiste). Libéraux et socialistes jouaient parfois ensemble, dans des sociétés qualifiées d’anticléricales. Il était évidemment impensable de voir participer une société libérale au volet festif d’une manifestation politique organisée par une personnalité catholique. Inversement, une société catholique n’aurait jamais accepté de produire quelques notes à l’occasion des funérailles d’une personnalité libérale ou socialiste, et surtout pas à l’occasion de funérailles civiles ! Elles régnaient par contre dans les processions ! Pour financer leurs activités, ces groupes musicaux disposaient de la protection et de l’aide financière des pontes politiques locaux ! A la veille de la Première Guerre mondiale, à Jodoigne, c’était principalement la très catholique famille Pastur, qui finançait les activités de l’Harmonie de Jodoigne. Les Traux de Wardin y allaient aussi de leurs deniers. Depuis 1894, la société disposait d’un nouveau local, avec salle de concert, érigé sur la place Urban (aujourd’hui place de la Victoire), non loin du château Pastur. Transformé en grande surface commerciale, ce local existe encore aujourd’hui.


Une société catholique… aux origines libérales !
Ce qu’on ignore souvent, c’est que durant une très longue période de son existence, l’Harmonie de Jodoigne avait aussi été une phalange musicale libérale ! Lors de sa fondation, le 1er décembre 1816, sa présidence avait été attribuée au bourgmestre de Jamblinne, un des rares Jodoignois qui fréquentaient alors les milieux maçonniques. Ce dernier s’était accommodé de la présence du vicaire Baguet, chargé de la direction des travaux pratiques des 16 premiers membres exécutants ! Ses successeurs libéraux à la tête de la Ville avaient habituellement exercé la présidence de l’Harmonie, dont le notaire Leclercq et le négociant Emile Anciaux. Le député libéral Louis de Chentinnes lui avait offert son premier drapeau, entre 1857 et 1863. La couleur libérale de la société n’avait jamais été remise en doute jusqu’au milieu des années 1870. A l’époque, ses dirigeants et protecteurs se recrutaient essentiellement parmi les libéraux doctrinaires regroupés autour du bourgmestre Anciaux et du notaire Zénon Charlot, un de ses échevins. En l’absence d’une phalange musicale catholique, plusieurs électeurs de cette opinion fréquentaient aussi la société. Parallèlement, les libéraux progressistes du camp Lacourt, disputaient le mayorat de la ville au bourgmestre Anciaux et soutenaient la nouvelle Société de Fanfares, libérale elle aussi, installée salle des Echos de la Gette ! Tout se beau monde croisait le fer avec véhémence lors des élections communales. Le notaire Léon-Clément Pastur, leader local de l’opinion catholique, devenu un des membres protecteurs de l’Harmonie, y avait progressivement fait son nid, profitant de la discorde ambiante ! Et l’impensable s’était produit ! En fin d’année 1879, sur fond de guerre scolaire, la vieille société libérale avait refusé de participer aux manifestations festives programmées par le nouveau bourgmestre Théodore Lacourt à l’occasion de l’inauguration officielle, par le ministre Pierre Van Humbeek, de la première et très éphémère Ecole Normale de Jodoigne, pépinière destinée à alimenter le réseau scolaire public que voulait à tout prix développer le parti libéral ! L’incident avait fait le bonheur de la presse catholique ! Après quelques mois, devenus minoritaires au sein de l’Harmonie, les derniers libéraux doctrinaires, la famille Charlot en tête, avaient rejoint les rangs des Echos de la Gette ! A dater de cette époque, l’Harmonie était officiellement devenue « l’instrument » de la famille Pastur et du parti catholique. Depuis lors, beaucoup d’eau à coulé sous les ponts de Jodoigne… mais aussi sous ceux de Jodoigne-Souveraine.


La Ramée... et la bataille de Ramillies

publiée le 14 juin 2016


Comme nous l’avons rappelé dans une chronique précédente, l’ancienne abbaye de La Ramée, à Jauchelette, sera tout particulièrement mise à l’honneur durant les Journées du Patrimoine 2016 (2e week-end de septembre), notamment en raison de la célébration du 800e anniversaire de l’arrivée sur place d’une communauté féminine cistercienne, communauté par ailleurs supprimée en 1796 par les autorités républicaines.


Une brasserie et un musée…
Depuis quelques années, le site de La Ramée, disposant d’une impressionnante capacité d’accueil, est essentiellement réservé à des activités privées. Des centaines d’entreprises et d’hommes d’affaires venus des quatre coins de la planète ont déjà eu l’occasion d’y passer quelques heures ou quelques jours. Il est sans doute celui qui, aujourd’hui, contribue le plus à faire connaître la Hesbaye Brabançonne à l’échelle internationale, notamment en Grande-Bretagne ! Il est vrai que de l’autre côté de la Manche on connaissait déjà Ramillies ! Et sa très célèbre bataille remportée par le duc de Marlborough le 23 mai 1706, jour de Pentecôte ! La société propriétaire de La Ramée vient d’ailleurs d’acquérir l’ancien moulin à eau de Grognard, voisin, mais sis sous Bomal (entité de Ramillies), dans le but d’y implanter prochainement une brasserie et un musée centré sur l’histoire de cette bataille ! De quoi susciter l’intérêt des sujets de la couronne britannique ! Que du bonheur en perspective pour le secteur touristique local et régional…


La Ramée… un hôpital militaire
Les deux armées qui s’affrontèrent autour de Ramillies comptaient chacune plus de 60.000 hommes, mais les troupes alliées du duc de Marlborough disposaient en principe d’une supériorité numérique. Défaite lors de l’affrontement, l’armée franco-bavaroise, commandée par le Maréchal de Villeroy, laissa sur le terrain environ 13.000 tués, blessés et/ou prisonniers. Dans le camp allié, on ne déplora la perte que de 1.066 tués et 2.567 blessés. Les éclopés des deux armées gisaient sur le champ de bataille tout comme sur les axes de retraite de l’armée franco-bavaroise. Marlborough réquisitionna les tentes abandonnées par ses adversaires et fit installer, en hâte, un hôpital de campagne sur le site de l’abbaye de La Ramée, situé à peu de distance du champ de bataille. Il y avait déjà installé le Quartier Général de son armée durant le mois d’août 1705 et connaissait donc ses infrastructures. L’hôpital accueillit probablement des blessés des deux camps. Les hommes les plus gravement touchés furent directement évacués sur Maastricht, où l’armée alliée disposait d’un hôpital permanent. L’armée franco-bavaroise avait réussi, dans sa débandade, à évacuer quelques-uns de ses blessés dont plusieurs avaient ensuite été soignés dans la région de Malines, mais aussi dans des hôpitaux et des places fortes du nord de la France, tout comme aux Invalides, à Paris. On peut supposer que plusieurs des belligérants rendirent l’âme à La Ramée et furent enterrés sur place ou à proximité. A ce jour aucun charnier n’a cependant été mis au jour pour en attester. Comme nous l’avons rappelé dans une précédente chronique, durant les années 1870, on découvrit plusieurs tombes militaires de l’époque dans le Bois des Cailloux, à Jodoigne, mais il s’agissait manifestement de celles de soldats franco-bavarois qui avaient péri lors de la retraite improvisée de l’armée de Villeroy sur le « défilé » de Jodoigne. L’hôpital de campagne du duc de Marlborough oeuvra sans doute plusieurs jours sur le site de La Ramée, ce qui finalement coûta assez cher à l’institution cistercienne qui dût fournir le logement et prendre en charge l’alimentation tant des blessés que de l’équipe médicale.


Pour conclure sur une touche humoristique, on peut supposer qu’une partie des activités programmées par l’Institut du Patrimoine Wallon sur le site de La Ramée, en septembre prochain, coûteront elles-aussi « un os » au propriétaire du actuel du site…


Des Incourtois vous ouvrent leur porte, les 18 et 19 juin prochains !

publiée le 31 mai 2016


Les 18 et 19 juin prochains, l’entité d’Incourt participera pour la 2e fois au projet « Week-ends Bienvenue » organisé à l’échelle de la Wallonie (12ème édition). A cette occasion, des « ambassadeurs » locaux seront mobilisés ; plus de quarante. Ils ont été chargés de vous faire découvrir leur village ou leur passion. Ils vous accueilleront chez eux ou sur des sites patrimoniaux importants. De nombreux artistes se sont aussi impliqués et vous attendent pour vous faire découvrir soit leurs réalisations, soit leurs techniques. Un beau week-end en perspective !


Histoire et patrimoine
Parmi les sites patrimoniaux accessibles durant ce week-end figurent notamment la ferme de la Grande-Risbart, sous Sart-Risbart ; ainsi que la ferme-château, le moulin Gustot et la Chapelle Binamé, à Opprebais. Cette dernière, élevée en pierre de Gobertange durant les années 1880-1890, vient d’être entièrement rénovée tant grâce à la mobilisation de la Fabrique d’Eglise d’Opprebais et celle de plusieurs bénévoles, qu’à la contribution financière de particuliers, de la Commune d’Incourt, de la Région Wallonne et de la Province du Brabant wallon qui soutiennent les actions développées en faveur de la rénovation du « Petit patrimoine ». A ne pas oublier non plus, le petit musée de la vie agricole, à Roux-Miroir et les balades en chariot dans ce village et celui d’Incourt.


Connaissez-vous vos ancêtres ?
La Maison communale d’Incourt abritera quant à elle, durant ces deux jours, de 10h à 18h, une antenne du Cercle d’Histoire, d’Archéologie et de Généalogie, de Wavre et du Brabant wallon, antenne chargée de fournir informations, aide et conseils, à toute personne désirant entamer des recherches généalogiques. Quelles sont les sources utilisables ? Comment les consulter, physiquement ou virtuellement ? Quel vocabulaire spécialisé faut-il maîtriser ? Que vous soyez d’Incourt ou d’ailleurs en Brabant wallon, que vous soyez originaire du Namurois ou des Flandres une petite équipe sera prête à vous aider pour vous accompagner dans vos premières démarches.


Pour l’Ancien Régime ce sont évidemment les registres paroissiaux (baptêmes, mariages, décès) qui sont parcourus par les généalogistes. Dans le doyenné de Jodoigne, les plus anciens conservés datent des dernières décennies du 16e siècle. Au fil du temps, ils apportent de plus en plus d’informations sur les lieux de naissance des parents et des mariés ; donnent des précisions sur la nature des décès. Ces registres n’ont malheureusement pas tous été conservés. Certains ont été détruits durant les guerres de la fin du 17e siècle, comme ceux de Lathuy et de Malèves ; d’autres ont disparu plus récemment, comme ceux de la paroisse d’Opprebais encore compulsés par les autorités locales durant les années 1880 pour la réalisation de tables onomastiques, mais dont les Archives Générales du Royaume ont perdu la trace par la suite, en tout cas celle des registres tenus avant l’année 1789 ! Ils sont sans doute jalousement conservés par un collectionneur… qui, si c’est le cas, ferait bien de les restituer !


A dater de l’année 1779, ces registres, tenus par les curés, furent normalement rédigés en langue commune (exit le latin), et durent apporter plus de détails qu’auparavant. Les curés y mentionnèrent de plus en plus fréquemment les circonstances des décès. Par exemple, le 18 novembre 1789, le curé d’Opprebais signale que Jean-Charles Danvoie « a été détruit par son chariot ». A l’époque, ce sont les actes de mariage qui comportent le plus de données relatives aux professions exercées par les mariés, leurs parents et leurs témoins. Certains handicaps sont aussi parfois signalés. Le 3 septembre 1794, le curé de la susdite paroisse d’Opprebais nous apprend ainsi que Jean Etienne, mort ce jour-là, était « simple d’esprit ». Nous pourrions multiplier les exemples. Tout un monde à (re)découvrir ! Parfois très facilement ! Alors si cela vous tente…. n’hésitez pas, venez rendre une petite visite aux Incourtois les 18 et 19 juin prochain ! Ils auront beaucoup de choses à vous montrer et, évidemment, à vous raconter ! Infos pratiques disponibles sur le site www.walloniebienvenue.be


Le 29 mai, avec les Gallo-Romains… au pied du tumulus de Glimes !

publiée le 17 mai 2016


La « Tombe de Glimes » est le plus imposant tumulus conservé en Belgique (15 m de hauteur et environ 50 m de diamètre). Il a été érigé durant le 2e siècle, entre 130 et 150 ap. J-C, à l’époque où la Hesbaye était habitée par les Tongres. Elevé en souvenir d’un membre de l’élite gallo-romaine, ce type de tertre recouvrait le plus souvent un caveau contenant les cendres d’un défunt ainsi que quelques objets évoquant sa vie quotidienne destinés à l’accompagner durant son « grand voyage ». Comme la plupart des autres tumuli conservés en Hesbaye, celui de Glimes a malheureusement été pillé. Il a été classé en 1971, tout comme le tumulus d’Hottomont, au volume légèrement plus réduit, érigé le long de la chaussée romaine reliant notamment la ville de Tongres à celle de Bavay, également connue sous le nom de chaussée Brunehaut. Ces deux témoins prestigieux du passé gallo-romain de la partie occidentale de Hesbaye, connue aujourd’hui sous le nom de Hesbaye brabançonne, sont, depuis quelques années, labellisés « Patrimoine exceptionnel de Wallonie ».


Manœuvres militaires, artisanat, animations pour enfants, etc.
Tout comme en 2014 et 2015, le 29 mai prochain, entre 10h et 19h, les abords du tumulus de Glimes revivront à l’heure gallo-romaine ! Le tout principalement grâce à différentes animations mises en place, tout au long de la journée, par deux troupes de professionnels de la reconstitution historique (manœuvres militaires, artisanat, cuisine de l’époque, etc.). L’équipe du Musée d’Interprétation Archéologique du Brabant wallon, dont les installations sont implantées sur le site du domaine provincial d’Hélécine, y présentera quant à elle quelques jeux d’époque pour enfants. Entre 14h et 18h, un stand de grimage, aux accents celtiques, accueillera spécialement, et gratuitement, tous les enfants qui le désireront. En perspective, un dimanche inoubliable pour les passionnés ! Y compris les amateurs de clichés photographiques hors du commun !


Les combats de gladiateurs !
Le samedi 28 mai, à 20h, tout comme le dimanche 29 mai, à 17h, deux séances de gladiature, d’environ 45 minutes, seront également organisées comme à l’époque gallo-romaine ! L’occasion de faire le point sur la pratique de la gladiature dans la Rome antique et d’assister aux prouesses de valeureux reconstitueurs ! La séance du dimanche 29 mai, sera suivie par la mise à feu d’un bûcher funéraire, qui clôturera symboliquement ce week-end durant lequel la Hesbaye brabançonne aura vécu à l’heure gallo-romaine !


Infos pratiques
Le droit d’accès au site du tumulus de Glimes (le samedi 28 mai, de 19h à 21h, et le dimanche 29 mai, de 10h à 19h) sera fixé à 5 €, mais l’entrée sera gratuite pour tous les enfants de moins de 12 ans. Pour rappel, ce week-end hors du commun est organisé par la Commune d’Incourt, avec le soutien de la Province du Brabant wallon, de la Maison du Tourisme de la Hesbaye brabançonne, ainsi que celui des communes de Perwez et de Ramillies, le tout en collaboration avec différentes sociétés d’histoire locales et régionales. Pour toute information complémentaire, vous pouvez prendre contact avec la Maison du Tourisme de la Hesbaye brabançonne (010.22.91.15) ou avec la Commune d’Incourt (Joseph Tordoir, échevin de la Culture – 0499.96.91.89 / joseph.tordoir@gmail.com). Bienvenue à toutes et à tous !


Le 28 mai, sur la chaussée Romaine... entre Ramillies et Perwez !

publiée le 03 mai 2016


Comme nous l’avons rappelé lors de notre dernière chronique, au beau milieu du 18e siècle, il n’était guère prudent de circuler nuitamment sur l’antique chaussée romaine, reliant Tongres à Bavay, notamment entre Braives et Ambresin. Le tronçon de chaussée traversant les vastes plaines agricoles s’étendant entre Ramillies et Thorembais-Saint-Trond ne devait guère être plus sûr. Dans le cadre de la 3e édition du week-end gallo-romain organisé en Hesbaye brabançonne (28-29 mai), l’occasion vous est donnée de faire un bout de chemin… sur la chaussée romaine ! Mais en toute sécurité cette fois ! Et pourquoi pas, pour certains, à vélo !


Elle serpente là depuis 2000 ans !
Ce fut l’empereur Auguste qui quelques années seulement après la conquête de nos régions par Rome, décida de la réalisation d’une chaussée traversant de part en part la Gaule Belgique, destinée à relier Cologne à Boulogne-sur-Mer, via Tongres et Bavay. Cet axe transversal facilita le déplacement et le ravitaillement des légions, mais contribua aussi au développement économique et culturel de toute la région. Des produits venus des quatre coins de l’empire purent aussi atteindre les zones rurales grâce au développement d’un réseau routier secondaire ; les habitants de ces mêmes zones purent quant à eux écouler plus facilement leurs productions à travers l’empire. Tout au long de la chaussée, des relais furent créés pour rendre plus facile la circulation des voyageurs. Une de ces agglomérations relais se développa notamment à Baudecet, à la frontière orientale de Sauvenière, non loin du Bois de Buis. A peu de distance de cet endroit, sous Thorembais-Saint-Trond, dans la campagne du Long-Pont, on a retrouvé les traces d’un habitat gallo-romain, tout comme de plusieurs anciennes tombes, principalement des tumuli comme en élevaient les habitants des territoires habités par les Tongres. A environ 15 km de là, à Hottomont, se dresse encore aujourd’hui un imposant tumulus, presque aussi volumineux que celui de Glimes, élevé durant le 2e siècle de l’ère chrétienne.


Après la chute de Rome, l’axe de circulation Tongres-Bavay continua à être utilisé au point de vue commercial et militaire. Au 18e siècle, il fut évidemment concurrencé par les chaussées thérésiennes, mais on retiendra qu’à l’époque on y rencontrait encore fréquemment des troupeaux de moutons que l’on conduisait en terre liégeoise. En période de guerre, et nos riches régions en connurent beaucoup au fil des siècles, la chaussée romaine était également employée par les troupes. Le tumulus d’Hottomont, tout comme celui de Glimes, en raison de sa hauteur, figurait sur les vieilles cartes militaires et constituait un point d’observation important au beau milieu des vastes plaines de la Hesbaye. Lors de la très célèbre bataille de Ramillies, livrée le 23 mai 1706, la Tombe d’Hottomont faisait partie du dispositif militaire de l’armée commandée par le maréchal de Villeroy. En août 1914, le site accueillit durant quelques heures des éléments d’artillerie du corps de cavalerie commandé par le général Sordet. Cherchant à rencontrer la cavalerie allemande, ce corps de cavalerie français avait pris position aux abords d’Hottomont et de Noville-sur-Mehaigne. Une des colonnes, à partir de Gembloux, avait cheminé sur et aux abords directs de l’ancienne chaussée romaine…


A vélo, en chariot… ou comme vous le sentez !
Le samedi 28 mai, nous vous proposons de vous familiariser avec cette chaussée tout au long d’un parcours découverte d’environ 12 km (24 km aller-retour), entre Hottomont et Thorembais-Saint-Trond. Ce parcours peut être effectué en solo (à pied, à vélo, ou tout autre moyen de transport, entre 14 et 18h) ou dans le cadre d’une balade vélo encadrée (voir en dessous). En quatre lieux, des guides vous fourniront des informations historiques. La journée se terminera par des combats de gladiateurs organisés à 20 h, au pied du tumulus de Glimes, mais nous vous en reparlerons dans la prochaine édition du Chouette Magazine. Ces manifestations sont organisées par la Commune d’Incourt, en partenariat avec les communes de Ramillies et de Perwez, la Maison du Tourisme de la Hesbaye brabançonne, ainsi qu’avec le soutien de la Province du Brabant wallon.


INFOS PRATIQUES
Balade à vélo encadrée. Rendez-vous à 14h, à proximité de la Tombe d’Hottomont, au croisement formé par la Chaussée Romaine et le RAVEL. Retour vers 18h. Quelques participants pourront, durant le parcours, tester les vélos électriques de GOVélo.
Promenade en chariot. Découverte d’une partie du tronçon de la chaussée, entre le hameau de Jausselette (Perwez) et la Tombe d’Hottomont (environ 6,5 km), en chariot (16 places) tracté par des chevaux de trait. Assistance d’un guide. Rendez-vous vers 14h30, près de la ferme de Jausselette (hameau de Jausselette, Perwez). Retour vers 17h00.
Pour la balade à vélo encadrée et la promenade en chariot, nous vous demandons de signaler votre participation ou de réserver votre place auprès de la Maison du Tourisme de la Hesbaye brabançonne : 010.22.91.15 ou hesbaye.brab@skynet.be


Les caves de Folx, repaire du bandit Pierre Colon !

publiée le 12 avril 2016


Depuis des siècles, les habitants de Folx-les-Caves se réunissent pour faire la fête le 1er dimanche du mois d’octobre. Ces réjouissances sont actuellement connues sous le nom de Fiesse a Colon, du nom d’un brigand du XVIIIe siècle qui avait établi son repère dans les grottes de l’endroit. Mais qui donc était ce personnage ?


Une histoire un peu floue
Le Bruxellois Alphonse Wauters, dont la famille était originaire de la région de Piétrain, fut un des premiers chroniqueurs et historiens, sinon le premier, à avoir révélé au grand public, en 1841, dans la Revue de Bruxelles, quelques éléments pittoresques de la vie d’un certain Pierre Colombe, connu sous le nom de Pierre Colon. Depuis lors, on a souvent évoqué les aventures sanglantes de ce personnage sans arriver à garantir la véracité de celles-ci. Le personnage devra bien, un jour, faire l’objet d’une approche scientifique.


De Thisnes à Folx
Ledit Pierre Colon était né à Thisnes, en Hesbaye, le 21 février 1725 village où, en 1718, sa mère, Gertrude Hagelsteen, native du lieu, avait épousé Henri Colombe / Colon originaire de Folx-les-Caves. Aux alentours de l’année 1750, alors âgé d’environ 25 ans, Pierre s’était uni à une certaine Marie Thirion avec laquelle, entre le mois d’avril 1751 et le mois septembre 1768, il avait présenté 9 enfants au baptême dans le ressort de la paroisse de Folx-les-Caves. Le couple Colon-Thirion y avait tout d’abord tenu en location (1751-1752) une habitation de Joseph Chaltin, de Jauche, avant d’y avoir acquis une maison ayant appartenu à François Colon, oncle dudit Pierre, sise aux abords du Bois des Caves. A l’époque de son établissement à Folx, Pierre Colon exerçait la profession de voiturier. Il assurait donc le transport de matériaux et marchandises diverses à la demande d’habitants et de commerçants des environs.


Les détrousseurs de la chaussée romaine
Durant l’été 1752, la famille Colon-Thirion avait manifestement été victime d’une forme d’injustice. Ayant, aux dires de Colon, été faussement accusée de ne pas s’être acquittée de ses loyers, elle avait été expulsée manu militari de son premier logis. Colon avait voulu défendre sa cause en justice, mais n’avait pas trouvé les moyens d’assumer le coût des procédures judiciaires. Depuis cette époque, la famille avait entretenu des rapports tendus avec les autorités locales. Selon la tradition, elle s’était acoquinée avec celle d’un aubergiste établi entre Braives et Ambresin, qui avait été condamné à mort pour le meurtre de marchands empruntant la chaussée Brunehaut, l’ancienne chaussée romaine. Les Colon entretenaient aussi de mauvais rapports avec leurs voisins directs, dont quelques grands fermiers. On les croyait auteurs de différents vols et on leur avait aussi imputé la responsabilité, en mai 1762, du violent incendie qui avait endommagé la Ferme Boucqueau située non loin de leur habitation. Pierre Colon avait finalement fait l’objet d’une procédure judiciaire qui l’avait conduit à être enfermé dans les geôles du château de Jauche. Son épouse ayant, selon la tradition, glissé une lime dans un pain qu’elle lui avait fait livrer, il avait réussi à s’échapper et avait trouvé refuge dans les grottes de Folx-les-Caves, un labyrinthe qu’il connaissait parfaitement et auquel son habitation était directement reliée. A l’époque, il était manifestement accusé de meurtre et de vol. Selon la tradition, il opérait nuitamment, dans les environs de Folx-les-Caves et sur la chaussée romaine, en compagnie, notamment, de sa femme et de Jacques Rouchard, son valet, s’attaquant à des marchands de passage. Certains de ses enfants avaient aussi été impliqués.


Pendus à Folx-les-Caves
La « cavale » de Colon dura sans doute plusieurs mois, mais il finit par se faire prendre. Comme le rappelle un acte de procédure retrouvé récemment, après avoir officiellement été condamnés à la peine capitale, Pierre Colon et Marie Thirion, sa femme, furent pendus, en public, à Folx-les-Caves, le 9 mars 1769. Pour l’occasion, un gibet fut installé à proximité de l’entrée principale des grottes. Les corps des deux suppliciés pourrirent sur place. Dans la foulée, leur habitation, sise Au bois des Caves, fut rasée sur l’ordre du comte de Berlaymont, seigneur des lieux, et leurs biens vendus quelques semaines plus tard pour couvrir les frais du procès. Tous les anciens de Folx-les-Caves peuvent aujourd’hui encore désigner l’endroit où la maison de Colon s’élevait il y a près de 250 ans ! Aux dires des guides qui faisaient visiter les caves durant les années 1920 et, selon la tradition, les Colon furent pendus à proximité de l’endroit où s’élève aujourd’hui l’habitation de la famille Racourt, famille qui, des décennies durant, s’est chargée de faire visiter les lieux ! Selon la tradition, Colon ne s’en prenait qu’aux voyageurs aisés, accordant sa protection aux plus pauvres, allant parfois jusqu’à leur offrir une partie de son sinistre butin ! D’où la popularité qui est encore sienne aujourd’hui au pays des caves…


Quand Piétrebais avait son temple protestant...

publiée le 29 mars 2016


Chaque année, les membres du Conseil communal d’Incourt sont invités à approuver le budget et les comptes de l’Eglise Evangélique de Wavre. Comment le fait s’explique-t-il ? Le 25 mai 1964, un arrêté royal a reconnu et donc officialisé l’existence d’une vaste paroisse protestante au centre du Brabant wallon, paroisse ne comportant qu’un nombre réduit de membres mais dont la circonscription s’étendait sur 14 communes d’avant fusion : 10 du canton de Wavre, 1 du canton de Perwez, 1 du canton de Genappe et enfin 2 du canton de Jodoigne ; ces dernières n’étant autres que celles de Piétrebais et de Roux-Miroir qui, depuis le 1er janvier 1977, font partie intégrante de la Commune d’Incourt. Depuis la reconnaissance officielle de cette paroisse, ses budgets et comptes furent notamment soumis à l’approbation des édiles communaux de Piétrebais et de Roux-Miroir. C’est en vertu de cet héritage que les mandataires incourtois ont à se prononcer, chaque année, sur la gestion de cette paroisse protestante dont le siège officiel est fixé à Wavre, au n°15 de la Belle Voie, immeuble abritant aussi le temple de la communauté.


Sous Piétrebais, Roux-Miroir et Lathuy
A la fin des années 1950, avant la création officielle de la paroisse que nous venons d’évoquer, plusieurs séances de culte avaient été organisées au domicile de certaines familles protestantes et notamment à Roux-Miroir, chez Bodart. Mais comment expliquer la présence de telles familles sous Roux-Miroir et Piétrebais à cette époque ? En fait, il y en avait eu d’autres quelques années auparavant. Peu d’années avant la Première Guerre mondiale, le culte protestant s’était implanté sous Happeau, aux confins des territoires des communes de Piétrebais, de Roux-Miroir et de Lathuy. En 1912, un chroniqueur du Folklore brabançon avait notamment rencontré des protestants sionistes sous Lathuy. On évoque ensuite la présence de Darbystes. Quelques familles du cru s’étaient en tout cas converties. Aux dires du curé de la paroisse Saint-Denis, de Piétrebais, durant l’année 1918 la communauté évangélique avait pour la première fois perdu un de ses membres. Il avait été enterré dans le cimetière de Piétrebais avec l’aide matérielle du clerc de la paroisse catholique. L’année suivante, un deuxième décès avait été enregistré, mais cette fois, avec l’accord de Malines, le même clerc n’avait plus été autorisé à prêter les cordes destinées à faciliter la descente du cercueil en terre ! Malgré l’hostilité affichée du clergé catholique romain, la petite communauté s’était développée jusqu’à la veille de la Deuxième Guerre, au point de rendre nécessaire l’ouverture d’un temple dans le ressort de Piétrebais. Celui-ci n’avait définitivement fermé ses portes qu’en 1945, à la grande satisfaction du curé qui s’était d’ailleurs empressé d’annoncer la bonne nouvelle à Malines !


Inhumés selon le rite évangélique
Des faire-part mortuaires permettent d’identifier quelques-unes de ces familles protestantes de l’Entre-deux-Guerres, comme par exemple, sous Lathuy, les Delaruelle-Strale ou bien, sous Piétrebais, les Hendrickx-Libert, les Benoit-Dechamps, les Loriers-Vanderbeck et les Francart-Vanderbeck. Le caveau de cette dernière famille subsiste encore dans le cimetière de Piétrebais. Y furent successivement inhumés, selon le rite évangélique, Zénon Francart (1863-1934), sa veuve Léonie Vanderbeck (1862-1941), ainsi que Louise (1896-1962) et Armand Francart (1900-1970), deux de leurs enfants. Cette tombe figurera d’ici peu parmi les tombes à valeur historique reconnues par les autorités communales incourtoises. Que de souvenirs et de tranches d’histoire dans nos vieux cimetières ! A vous de les découvrir…


Orbais : les legs Trémouroux ou comment se faire des patates en or !

publiée le 15 mars 2016


Selon la tradition, c’est le jour de la Saint-Joseph, à savoir le 19 mars, que doivent être plantées les premières pommes-de-terre. Il y a plus d’un siècle, en Hesbaye brabançonne, c’était un jour très spécial pour quelques familles d’Orbais…

Les Trémouroux, propriétaires du château d’Odenge
En cette année 2016, le CPAS de Perwez doit encore une grande partie de son patrimoine foncier à Hippolyte-Isidore Trémouroux, l’ancien châtelain d’Odenge, sous Orbais. Ce rentier avait vu le jour à Nivelles, en 1829, où son père, Hippolyte-Joseph Trémouroux, natif de Perwez, exerçait la profession d’avocat et y avait épousé Catherine Piéret, une jeune et riche Aclote. Par la suite, Hippolyte-Joseph avait notamment représenté l’arrondissement de Nivelles au sein de la Chambre (1847 à 1859) puis au sein du Sénat (1876 à 1878). A l’époque de son décès, survenu en 1888, cette ancienne figure politique libérale possédait, dans les seuls cantons de Perwez et de Jodoigne, environ 150 ha de propriétés foncières, dont son domaine d’Odenge. Ces biens et une bonne partie de ceux situés dans et autour de Nivelles dont l’usufruit lui avait été abandonné par son épouse, décédée en 1885, étaient revenus à son fils Hippolyte-Isidore. La sœur de ce dernier, Mathilde Trémouroux, épouse du comte Pierre de Terves, résidait alors au château de la Beuvrière, sous Grez-Neuville, en Seine et Oise.


Un legs colossal au bénéfice des pauvres d’Orbais !
Tout comme sa sœur, Hippolyte-Isidore Trémouroux vivait principalement sur le sol français. En 1888, il résidait à Paris, place du Palais Bourbon et c’était à Neuilly-sur-Seine qu’il était décédé en février 1914. Ayant perdu sa première épouse, née Alice Amand, il avait convolé avec Eléonore Pitistianu, une jeune roumaine qui ne lui avait pas non plus laissé de descendant. Animé par un grand sentiment de générosité, il avait décidé de très richement doter le Bureau de Bienfaisance d’Orbais. Par plusieurs testaments olographes rédigés entre août 1909 et janvier 1914, il lui avait laissé environ 255 ha de propriétés sis aux alentours d’Orbais, dont son château-ferme d’Odenge et l’ancienne ferme Delrue qu’il avait acquise vers 1900, ainsi qu’un riche portefeuille de valeurs industrielles. La donation était réalisée à condition de voir ouvrir un hospice pour 10 vieillards (5 hommes et 5 femmes) dans l’ancienne ferme Delrue, ainsi qu’un hôpital dans le château-ferme d’Odenge, le tout après le décès de son épouse Eléonore Pitistianu qui devait, en attendant, jouir de l’usufruit de ces différentes propriétés. Après diverses péripéties, et le décès de la veuve Trémouroux, la Commission des Hospices Civils d’Orbais put disposer du legs et un premier hospice fut inauguré à Orbais pour les fêtes de Pâques 1929. Les pouvoirs publics avaient hérité de biens dont la valeur, après la Première Guerre, avait été estimée à environ 1.650.000 francs… soit plus de 2,5 millions d’Euros en 2016 !


Mais quel est le lien avec la Saint-Joseph et les fameuses pommes-de-terres ? Dès 1885, les époux Trémouroux-Piéret avaient décidé de léguer au Bureau de Bienfaisance d’Orbais une somme de 20.000 francs dans le but de prévoir, chaque année, le jour de la Saint-Joseph, la distribution de plants de pommes-de-terre aux 50 ménages les plus pauvres du village, la quantité de plants à distribuer devant permettre l’alimentation de ces ménages durant toute une année ! Après la mort de sa femme, Hippolyte-Joseph Trémouroux avait légèrement adapté le legs, portant à 65 le nombre de familles à secourir. De son côté, le Bureau de Bienfaisance d’Orbais avait dû accepter de prendre en charge le financement de messes anniversaires à célébrer en l’église du lieu.


Comme vous le savez peut-être, en septembre 1998, une première « Fête de la Patate » fut organisée à Orbais et celle-ci connut ensuite au moins 8 rééditions aux abords de la ferme de la Tasnière. Le plus pur fruit du hasard ? Apparemment. On peut cependant imaginer que l’initiative fut bien accueillie dans le cimetière d’Orbais où reposent encore les époux Trémouroux-Piéret ! Quant aux moustaches de pierre d’Hippolyte-Isidore, si vous voulez les caresser, il faut désormais vous rendre dans le cœur de Perwez où l’ancien home d’Orbais a été transféré… ainsi que le buste en pierre bleue de son riche donateur ! Il parait que certaines vielles familles d’Orbais en ont gardé quelques traits…


Gobertange : au pays de l'oreille coupée !

publiée le 01 mars 2016


La blancheur des habitations qui forment le hameau de Gobertange, sous Mélin, attire chaque année de nombreux promeneurs. Nous vous invitons vivement à découvrir ce quartier dont le caractère pittoresque est principalement lié à la mise en œuvre de la pierre blanche extraite à l’échelle locale… Parfois dans des conditions bien difficiles qu’il est bon de rappeler…


Il y a 130 ans…
En 1886, environ 120 ouvriers de Mélin, principalement des habitants de Gobertange, étaient encore employés sur place à l’extraction et au travail de la pierre qui avait fait la richesse de leur terroir. Cette année-là, durant le mois de mars, un mouvement insurrectionnel avait ébranlé le sillon industriel wallon, de la région liégeoise au Borinage ! Des dizaines d’usines incendiées, des centaines de propriétés bourgeoises pillées et saccagées ! La Belgique n’avait jamais connu un tel cataclysme social ! La faim au ventre, des milliers d’ouvriers s’étaient déchaînés durant une dizaine de jours. L’armée avait dû intervenir pour écraser le mouvement. A l’époque, éloignée des grands pôles industriels, la région de Jodoigne avait échappé à la tourmente. La situation des ouvriers carriers de Mélin n’était cependant guère florissante. Sur les grands chantiers de construction belges, la pierre de Gobertange était désormais concurrencée par la pierre de France. En une quinzaine d’années, près de 200 emplois avaient été perdus à l’échelle locale et les salaires s’étaient écrasés. Après des journées de plus de 12 h de travail, les tailleurs de pierre ne ramenaient plus chez eux qu’un salaire journalier allant de 1fr25 à 2fr50. La misère s’était installée… mais dans le calme !


La première grève !
Le dimanche 3 avril 1887, un an après la grande fronde du printemps 1886, Jodoigne avait connu sa première conférence socialiste, à l’initiative du Syndicat des sculpteurs et tailleurs de pierre de Bruxelles. Ce jour-là, le « citoyen Jean Volders » leader du Parti Ouvrier Belge, fondé en 1885, s’était exprimé en la Salle Poffé, rue du Moulin, dans le quartier Saint-Lambert. Quelques heures plus tard, il avait pris la parole à Gobertange, en la salle de la veuve Desonne. Là aussi, c’était la première fois que le mouvement socialiste organisait un meeting, mais plusieurs ouvriers, employés sur des chantiers bruxellois, avaient déjà rallié la cause. Dans la foulée de la manifestation, un syndicat, réservé aux tailleurs de pierre, avait été créé à Gobertange et celui-ci n’était pas resté inactif ! Durant l’automne 1887, une première grève avait paralysé les chantiers sis sous Gobertange, Jodoigne et Lathuy ! Son but ? Obtenir la journée de 10 h et un salaire journalier minimum de 3 francs ! Après deux jours d’arrêt de travail, un incident sérieux s’était produit aux abords du chantier Herpin, sur les hauteurs de Lathuy. Herpin était le seul patron qui avait refusé d’accorder une hausse salariale à ses ouvriers. La situation avait dégénéré et six gendarmes à cheval de la brigade de Jodoigne, craignant pour la sécurité du téméraire patron, avaient chargé une quarantaine de grévistes ! Un coup de sabre avait emporté une oreille d’Hubert Barette, dit Macaron, le principal meneur. Deux autres ouvriers, François Paris, président du syndicat local, et Jules Glaude, avaient également été blessés. Ces habitants de Gobertange avaient été arrêtés sur le champ. Leurs collègues Jean-Philippe Glaude et Auguste Kinart avaient connu le même sort dès le lendemain. Ils avaient tous été relâchés quelques jours plus tard et jugés à Nivelles en décembre 1887, « prévenus d’avoir porté atteinte à la liberté du travail ». Ils avaient apparemment été condamnés à une peine de 12 jours de prison et mis à l’amende. Ayant perdu leur emploi, Barette et Paris avaient été forcés de s’exiler aux Etats-Unis, dans la région de Chicago, où Paris vivait encore en 1899. A Gobertange, en cette année 1887, le projet de création d’une « Ligue ouvrière socialiste » avait donc été étouffé dans l’œuf ! Cette structure ne vit officiellement le jour que sept années plus tard.


Un abbé d'Heylissem passionné par les chevaux...

publiée le 09 février 2016


Le Domaine provincial d’Hélecine, qui occupe le site de l’ancienne abbaye norbertine d’Heylissem, sous Opheylissem, accueille fréquemment des manifestations équestres. La Province du Brabant wallon a décidé d’y encourager l’organisation de diverses manifestations de ce type. Par la plus grande des coïncidences, celles-ci renouent avec une partie de l’histoire du site abbatial…


Le « dada » d’un abbé né dans une ferme d’Huppaye
Le 15 février 1762, le chanoine Michel Gosin avait été officiellement installé à la tête de l’abbaye d’Heylissem. Ce nouvel abbé, admis au sein de la communauté norbertine durant l’année 1734, avait vu le jour à Huppaye en mai 1712, village où ses parents tenaient en location la Ferme de Chanteraine, grande exploitation agricole appartenant à l’Ordre de Malte. Ayant passé une partie de sa jeunesse dans la cour d’une ferme, l’abbé Gosin avait manifestement développé une véritable passion pour les équidés, notamment pour les chevaux de traits qui décoraient les écuries et animaient les cours des grandes fermes brabançonnes. Cette passion l’avait poussé à créer et développer un haras dans les dépendances du site abbatial sur lequel il régnait désormais…


La descendance du Brillant !
Tout avait sans doute commencé, en 1763, avec l’achat d’un étalon danois, appelé Le Brillant, acheté cette année-là au nonce apostolique résidant à Bruxelles. Cette variété de chevaux était particulièrement prisée chez nous pour l’attelage et notamment celui des carrosses. Les produits du croisement du Brillant avec différentes juments de l’espèce chevaline que l’on rencontrait en Brabant avaient rapidement constitué la base de l’entreprise de l’abbé Gosin. Celle-ci s’était ensuite enrichie de quelques chevaux de selle et d’étalons de la race Holstein. En moins de dix ans, les écuries de l’abbaye d’Heylissem avaient acquis une grande réputation à l’échelle des Pays-Bas autrichiens où n’existaient que deux ou trois haras. Au printemps 1770, des dizaines d’amateurs, mandatés par différentes familles aristocratiques, s’étaient disputés les produits finis de l’abbé Gosin lors de la première grande vente publique organisée sur le site abbatial ! Les différents croisements avaient abouti à la création d’une variété spéciale de chevaux de carrosse dont les représentants ne pouvaient cacher leurs origines danoises. Ces équidés présentaient une haute taille, tout en gardant une physionomie assez légère. Ils étaient capables de produire des efforts de longue durée qui les rendaient donc aptes à la traction, celle des carrosses principalement.


La fin de la race du Hageland
Le haras abbatial d’Heylissem avait manifestement survécu à la mort de son fondateur, survenue en décembre 1773. Ses deux successeurs, les abbés Pierre Dave et François Demanet s’étaient attelés à la tache… mais les événements militaires qui avaient accompagné la fin de l’Ancien Régime avaient définitivement mis un terme à la richesse des écuries abbatiales. Cependant, dans la région de Tirlemont, et partout où l’ancienne abbaye avait joui d’une certaine influence, on pouvait rencontrer des échantillons de la race. Elle avait été terriblement éprouvée par les guerres napoléoniennes, mais au milieu du XIXe siècle, subsistait encore dans la région de Tirlemont une variété chevaline, appelée la race du Hageland, héritière probable des travaux de l’abbé Gosin. Ces excellents chevaux de trait étaient aussi employés par les messageries et l’artillerie légère. Malheureusement, en 1886, lors de la création de la société du Cheval de trait belge, il fut décidé de ne pas travailler au maintien de cette variété, déjà presque qu’éteinte à l’époque…


La Ramée, l'abbaye des seigneurs de Jauche !

publiée le 26 janvier 2016


C’est officiel ! En septembre 2016, Jodoigne portera le titre de « capitale wallonne du patrimoine »… le temps d’un week-end. Jodoigne, oui, mais en réalité, grâce au petit village de Jauchelette où s’élève la principale ferme de l’ancienne abbaye de La Ramée. C’est en effet en 1216, il y a donc 800 ans cette année, qu’une communauté féminine cistercienne installa ses pénates sous Jauchelette, sur, ou à proximité, du site prestigieux, remarquablement rénové, qui figure parmi les fleurons du patrimoine historique de la Hesbaye brabançonne. Durant les mois qui viennent, nous aurons l’occasion d’évoquer les « grandes lignes » de l’histoire de La Ramée. Nous nous proposons, ce jour, d’évoquer le puissant lignage local et régional, celui des Jauche, seigneurs du village du même nom, qui fut à l’origine de l’implantation de l’institution.


Seigneurs par la seule « grâce de Dieu » !


Aux confins des 12e et 13e siècles, le lignage des Jauche était sans conteste un des plus puissants de la région. Liés par le sang aux Dongelberg, les Jauche étaient aussi apparentés aux très puissants comtes de Hainaut. Lorsqu’en 1184, les Brabançons s’étaient emparés militairement de la place forte de Jodoigne, apanage des comtes de Duras, ils n’avaient pas hésité, dans la foulée, à réduire en cendres le château des seigneurs de Jauche, le tout, dans le but d’étendre définitivement leur pouvoir sur cette région très fertile de la Hesbaye encore placée dans le giron liégeois. Quelques années plus tôt, en 1175, un Henri de Jauche, chanoine de Saint-Lambert, avait été promu vice-évêque de Liège…


En cette fin du 12e siècle, l’orgueilleux lignage avait donc été affaibli… mais pas terrassé ! Loin de se montrer intimidé par le duc de Brabant Henri Ier - dont les armées liégeoises avaient limité les ambitions en Hesbaye orientale en lui infligeant, en 1213, la défaite de Steppes – Gérard de Jauche, en 1216, faisait encore figure de prince territorial indépendant, n’hésitant pas à se déclarer seigneur de Jauche par la seule « grâce de Dieu » ! C’était à cette époque que ledit Gérard avait décidé d’accueillir sur ses terres une communauté cistercienne précédemment installée sous Kerkom. En mai 1216, il déclare avoir offert aux religieuses l’endroit où elles se sont installées, sous Jauchelette, sur les bords de la Grande Gette, et leur cède ses droits sur les dîmes qu’il perçoit sous Marilles, Marlottes, Piétrain, Piétremeau et Nodrenge. Il leur abandonne aussi le patronat des églises établies en ces lieux. Durant le 12e siècle, les aïeux de Gérard avaient déjà doté les abbayes prémontrées d’Averbode et d’Heylissem ; sa fille Helwide, ou Ide, abbesse de Nivelles, l’avait sans doute poussé, lui, à s’intéresser au sort de l’ordre cistercien….


Le « mausolée » des Jauche


Ayant vu le jour grâce aux Jauche, l’abbaye de La Ramée avait tout naturellement été pressentie pour abriter leurs restes ! Le sous-sol de l’église abbatiale semble avoir tout d’abord accueilli ceux du puissant Gérard. Selon un chroniqueur du 18e siècle, il y fut rejoint par ses différents descendants et, en 1507, le seigneur Jacques de Jauche avait encore été inhumé en ces lieux. Ce dernier gisait sous un monumental « mausolée » familial qui fut détruit, en 1761-1762, sous les ordres de l’abbesse Louise Toussane. En litige avec les seigneurs contemporains de la terre de Jauche quant à la jouissance de certains droits disputés par ceux-ci à la communauté cistercienne, l’abbesse, sans doute dans un accès de colère, avait fait réduire en poussière l’orgueilleux mausolée… symbole, à ses yeux, d’une époque définitivement révolue ! L’église qui avait abrité le « mausolée » disparut, à son tour, seulement quelques décennies plus tard, après la suppression de l’abbaye par les autorités républicaines françaises…


Nous ne savons si le bourgmestre actuel de la Commune d’Orp-Jauche, Hughes Ghenne figure parmi les descendants des anciens seigneurs de la terre de Jauche, mais il est certain, et c’est tout à son honneur, qu’il a gardé ou acquis, à l’exemple de ceux-ci, un caractère tout aussi indépendant ! Je suppose que personne ne me contredira en cette matière ! Mais, à Jauche, comme ailleurs, la « grâce de Dieu » a de toute évidence été remplacée par celle « des électeurs »…


Roux-Miroir / Incourt : « Beaumont » et « Biamont »

publiée le 12 janvier 2016


Les usagers de la chaussée Namur-Louvain et de la « Transincourtoise » - cet axe de mobilité douce qui relie notamment Incourt à Roux-Miroir -, la connaissent sans doute. Je veux parler de la « Ferme de Beaumont », construite au sommet d’un mamelon appelé, en langue latine, le « Bello Monte », d’où son nom. La famille Verwilghen possède ces lieux depuis 1987. Déjà citée en 1238, son histoire commence sans doute bien plus tôt, le « Bello Monte » étant localisé aux abords de la rue d’Hoegarden, l’ancien « Haut chemin » vraisemblablement hérité de l’époque gallo-romaine… Cette ferme a donc une longue histoire dont nous aurons sans doute l’occasion de reparler. Aujourd’hui, nous nous limiterons à un petit clin d’œil !


« On est tous nés quelque part »… mais où ?
Durant les années 1920, la revue appelée « Le Folklore brabançon » accueille une petite monographie de Paul Moureau consacrée à Ragenufle, sainte locale, ainsi qu’à son culte. Le curé de la paroisse a fourni les informations qu’il possédait sur cette « personnalité locale ». Mais où était-elle née ? Il était bien sûr nécessaire d’apporter cette précision dans une biographie… On la disait originaire de Brombais…. Et à Brombais, entre-deux-guerres, n’existait qu’une seule ferme d’importance appartenant à la famille Conard. Le lieu de naissance de la sainte était trouvé !


Au revoir « Beaumont », bonjour « Biamont »
Revenons à Roux-Miroir. Nous sommes en 1839. Philippe Michel, baron d’Arschoot-Schoonhoven, grand maréchal du Palais du Roi Léopold Ier, a décidé de se séparer de la « Ferme de Beaumont » et des 69 hectares qui constituent son exploitation. Le nouvel acquéreur est un certain Jacques Art, bourgmestre d’Aische-en-Refail. C’est une véritable catastrophe pour le fermier Jean-Joseph Ravet, dont la famille exploitait les lieux depuis plusieurs décennies. Art a l’intention de s’installer sur place ! Ravet n’a pas le choix et doit quitter les lieux… En 1842-1843, selon les archives du Cadastre du Brabant, il achève la construction d’une nouvelle ferme, à quelques centaines de mètres de la « Ferme de Beaumont », mais sous Incourt, au hameau de Brombais, sur un autre mamelon… Pratique courante à une époque où on conservait les matériaux de construction, Ravet a racheté dans la région des encadrements en pierre de Gobertange, datant du 18e siècle, pour les portes et les fenêtres de sa nouvelle ferme construite sur un site où n’avait jusqu’alors poussé que de l’herbe !


La mésaventure du fermier Ravet, en avait fait sourire plus d’un… Sa nouvelle ferme ne portait pas de nom, mais ses « amis » lui en avaient rapidement trouvé un : « Biamont », ou la « Ferme de Biamont », à savoir la « Ferme de Beaumont », mais en dialecte wallon ! Cette appellation est encore usitée de nos jours pour désigner l’ancienne ferme Ravet, propriété de la famille Conard-Ravet durant l’entre-deux-guerres, apanage, depuis 1976, de la famille Devos et du vétérinaire du même nom. Un bâtiment construit en 1842-1843, à l’allure plus ancienne en raison de l’utilisation de matériaux de réemploi. Une affaire toute simple en soi. Comme on l’aura compris… rien à voir avec le lieu de naissance de Ragenufle ! On peut même penser que beaucoup de vieux Incourtois avaient dû avoir le sourire aux lèvres en découvrant les théories historiques de leur curé ! Les Devos peuvent dormir en paix ! Leur sommeil ne sera pas troublé par les visites nocturnes de la petite sainte !


La « Transincourtoise » chemine donc entre deux mamelons, l’un décoré par l’antique « Ferme de Beaumont », l’autre couronné par la « Ferme de Biamont » depuis un peu plus de 170 ans ! Pour devancer une question toute naturelle de Monsieur Wastiaux, des « Amis de la Chanson », nous nous devons de préciser que les deux sites n’ont rien à voir avec l’échevin Jean-Pierre Beaumont, même si ce dernier habite en effet Roux-Miroir ! Les « Bello Monte » sont nombreux, et vont souvent de pair, dans nos régions comme ailleurs … mais on ne peut pas les connaître tous !


Incourt : la rue baron Bouvier

publiée le 22 décembre 2015


Jusqu’à la veille de la Deuxième Guerre mondiale, la principale route reliant le cœur du village d’Incourt à la chaussée Namur-Louvain porta le nom de rue d’Enfer. En raison d’une histoire assez « incroyable », les autorités locales décidèrent alors de lui donner le nom de rue baron Bouvier qu’elle porte encore en 2015. Un peu d’histoire …


Une catastrophe financière


Durant l’Entre-deux-Guerres, la petite commune d’Incourt est secouée par un scandale financier. Elle est gérée, depuis quelque temps par une majorité politique catholique dirigée par le bourgmestre Auguste Malevé. Durant les années ’20, le receveur communal Jules Bouvier-Malevé, proche parent du bourgmestre, ne suit guère ses affaires, mélangeant intérêts privés et publics. En 1927, c’est l’embardée ! Impossible pour les autorités locales d’y voir clair. Bouvier est remplacé par Modeste Barras, un ancien combattant de 14-18 qui doit essayer de remettre sur pied la comptabilité communale ! L’administration entre en guerre avec son ancien receveur, puis avec ses héritiers ! Aux yeux des membres de l’administration locale, des sommes importantes ont été détournées à des fins privées, mais on n’arrive pas à le prouver par manque de pièces comptables ! Finalement, en 1936, contre toute attente, c’est la Commune d’Incourt qui est administrativement condamnée à rembourser une somme d’environ 40.000 francs aux héritiers Bouvier (environ 25% de son budget ordinaire annuel) ! Placé dans une situation difficile, le bourgmestre Malevé, accusé de laxisme, démissionne en octobre 1936. Pour permettre à la Commune de s’acquitter des montants réclamés, le Gouverneur demande aux édiles incourtois d’augmenter brutalement les taxes communales. Ils refusent et c’est finalement un emprunt d’environ 30.000 francs qui est contracté en 1937 auprès du Crédit Communal. La Commune va devoir faire ceinture et oublier quelques beaux projets…


Le baron Bouvier sauve l’honneur


Et puis survient la Providence ! En 19386, Alfred Bouvier, consul général de Belgique à Monaco depuis 1927, a sollicité et obtenu le titre de baron. Ce grand brasseur d’affaires, figure libérale de la capitale belge, époux de Laure Washer, est né à Bruxelles en 1868. Il appartient à la descendance d’un certain Jean-Noël Bouvier, autrefois notaire à Jodoigne mais né à Incourt au 18e siècle. En cette année 1938, le consul caresse le projet d’être autorisé à adjoindre le nom « d’Incourt » à son patronyme. En septembre 1938, il rencontre François Kest, le nouveau bourgmestre et découvre la situation financière dramatique dans laquelle se trouve la Commune. Intolérable ! Le baron doit faire oublier les erreurs commises par l’ancien receveur, un parent très éloigné, mais qui à ses yeux a souillé son patronyme… En quelques minutes l’affaire est décidée. Le 3 octobre 1938, afin de permettre à la Commune de rembourser son dernier emprunt, de renflouer les caisses de sa Commission d’Assistance Publique et de réaliser quelques travaux dans l’église du lieu, le baron Bouvier lui fait don de 52.000 francs ! Une somme plus que conséquente à l’époque, aujourd’hui l’équivalent de plusieurs centaines de milliers d’Euro ! Du jamais vu à l’échelle locale ! Dans la foulée, l’administration communale, bourgmestre en tête, décide de donner le nom de baron Bouvier à la principale rue du village. Le baron accepte la proposition avec joie, mais conseille d’attendre la modification officielle de son patronyme pour la mettre en œuvre. Fin 1939, le dossier est encore en stand by aux Affaires Etrangères. Lassés d’attendre, les Incourtois vont de l’avant et honorent officiellement leur bienfaiteur fin décembre 1939, début janvier 40. Mais le baron, qui réside à Saint-Gilles, vient de perdre sa femme et a désormais d’autres préoccupations. Et puis survient la guerre… Le baron n’allait cependant pas oublier Incourt. Durant l’occupation, il y fit notamment parvenir plusieurs fois du ravitaillement. Le baron Alfred Bouvier s’éteignit à Bruxelles, en 1950. Son fils Jean-Noël, mort en 2008, se faisait encore appeler « Bouvier d’Incourt »…


Histoire incroyable, mais vraie ! Rappelons enfin, pour les grands voyageurs, que le baron Bouvier de la rue d’Incourt est le même personnage que celui que rappellent le Square baron Alfred Bouvier, à Saint-Gilles, et la rue Bouvier-Washer, à Kraainem.


De Jodoigne-Souveraine à Buenos Aires

publiée le 15 décembre 2015


Printemps 1873. Un jeune homme débarque dans le port de Buenos Aires, Argentine. Ce n’est pas le négoce du café qui l’intéresse, mais bien la politique. Aux autorités administratives, il déclare s’appeler Raymond Wilmart de Hollebecque et être né à Jodoigne-Souveraine, le 11 juillet 1850. Une curieuse affaire…


Le fruit d’une mésalliance


Le 25 avril 1830, atteint d’une maladie incurable, le comte Louis-Henri-Dieudonné de Glymes de Hollebecque, âgé de 32 ans, rédige son testament dans une chambre du château de Jodoigne-Souveraine. Officiellement, ce fils cadet du très influent comte Henry de Glymes de Hollebecque décédé à Jodoigne-Souveraine en 1813, est toujours célibataire, mais il entretient depuis quelques années une relation sentimentale avec Catherine Wilmart, une jeune femme du village âgée de 27 ans à l’époque. Celle-ci lui a déjà donné deux fils, respectivement prénommés Joachim et Théodore, nés Wilmart, l’aîné ayant discrètement vu le jour à Hoegaerden, en janvier 1828. La situation est difficile, mais le jeune comte a décidé de la régulariser partiellement au grand dam de sa famille. Il désigne alors comme héritier universel un de ses frères, le comte Théodore, mais à charge pour lui et ses héritiers de verser une pension viagère à Catherine Wilmart et de s’acquitter de legs en faveur des deux enfants naturels dont il reconnaît être le géniteur. Il allait s’éteindre quelques jours plus tard, le 11 mai 1830; l’âme en paix ?


En décembre 1833, Catherine Wilmart épousa un certain Joachim Defalque qui prit soin des petits Wilmart. Les relations avec leurs cousins et parents de Glymes s’étaient envenimées à la fin des années 1840 et, en janvier 1850, un jugement du tribunal civil de Nivelles avait officiellement accordé aux Wilmart différents droits sur le patrimoine des châtelains de Jodoigne-Souveraine, ce qui avait évidemment entraîné différentes polémiques. En 1849, Joachim Wilmart s’était marié à Jodoigne avec une certaine Euphrasie Lejeune et s’était établi en cette ville en tant que négociant. Cinq enfants avaient vu le jour de cette union, dont quatre fils. L’aîné, né le 11 juillet 1850, était le Raymond Wilmart qui avait décidé de s’installer en Argentine, pays où il était arrivé au printemps de l’année 1873.


Un disciple provisoire de Karl Marx !


La forme d’injustice sociale dont sa grand-mère Catherine Wilmart avait été la victime avait peut-être contribué à faire du jeune Raymond Wilmart un adepte de thèses sociales et politiques révolutionnaires pour l’époque. En 1872, sous le nom de Vilmot, il avait participé à La Haye, aux Pays-Bas, à une grande conférence organisée par l’Association internationale des travailleurs (AIT) animée par Karl Marx ! Devenu un ami du sulfureux tribun, ce dernier lui avait confié la mission d’implanter en Argentine une section de l’AIT ! Wilmart avait accepté. Les quelques lettres qu’il échangea avec Marx, une fois arrivé sur place, témoignent des difficultés qu’il rencontra dans l’exécution de sa mission, dont on peut dire qu’elle échoua lamentablement. Devant le fait, le curieux héritier des Glymes changea totalement son fusil d’épaule. Il étudia le Droit à l’université de Cordoba, fut nommé juge à Mendoza, et défendit, sur le plan économique, des thèses opposées au marxisme. Ayant appelé auprès de lui, ses trois frères cadets, respectivement prénommés Hector, Théodore et Ernest, il s’était définitivement établi en Argentine, son épouse Carlota Correa lui ayant donné descendance. Raymond Wilmart effectua un voyage en Belgique durant l’année 1909 et on peut imaginer qu’il parcourut cette année-là les rues de Jodoigne et de Jodoigne-Souveraine. Il mourut à Buenos Aires le 29 septembre 1937, où son caveau existe encore aujourd’hui. De temps en temps, l’un ou l’autre sujet argentin se présente à Jodoigne-Souveraine pour visiter le domaine des Glymes. Le comte Bernard de Traux de Wardin, lui-même héritier du puissant lignage, y perd parfois son latin… d’autant plus que ces cousins éloignés ont réussi un joli tour de passe-passe : ils portent pour la plupart le patronyme de Glymes de Hollebecque ! Exit donc Wilmart !


L'Ecluse : un trésor historique caché à Wahanges !

publiée le 8 décembre 2015


A l’époque de la première conquête des Pays-Bas autrichiens par les armées de la République française (1792-1793), l’abbaye bénédictine de Gembloux possédait une imposante bibliothèque dans laquelle était notamment conservé l’exemplaire original de la chronique d’histoire universelle rédigée à dater de l’année 1083 par le moine Sigebert (v. 1030-1112). Cette magnifique bibliothèque fut dispersée et les archives les plus importantes de l’institution furent cachées à la ferme de Wahanges, sous L’Ecluse, dans le ressort de la paroisse de Mélin.


Un trésor historique à préserver


Durant le printemps de l’année 1793, alors que les armées républicaines étaient contraintes d’abandonner provisoirement nos régions, les bâtiments de l’abbaye de Gembloux, placée depuis près de 3 ans sous la direction spirituelle de l’abbé Dom Colomban Wilmart, furent investis et en partie pillés par la soldatesque. A cette époque troublée, soucieux de préserver sa vie, tout comme celle des membres de sa communauté, l’abbé s’était réfugié discrètement « à la campagne », au centre de Beauvechain, dans une grande ferme appartenant à son institution. Cette exploitation, désignée sous le nom de Grande Cense de Gembloux, était alors donnée en location à un certain Lambert Goes. Ce dernier abrita durant 30 jours quinze des fugitifs, y compris l’abbé Wilmart et ses différents domestiques. A la même époque, ledit Goes, avait loué à 5 religieux gembloutois l’habitation qu’il possédait sous Jodoigne. Lambert Goes, avait épousé Christine Fréson, dont le frère Jean-Baptiste Fréson tenait en location, sous Gembloux, la ferme d’Enée, à savoir la plus grande exploitation agricole de l’abbaye.


Comme plusieurs autres responsables ecclésiastiques, l’abbé Wilmart, profitant de la reconquête provisoire de nos régions par les armées autrichiennes, décida de mettre à l’abri la bibliothèque et les archives de son institution. Livres et papiers furent alors manifestement confiés à la garde et à la discrétion de quelques fermiers dévoués. Le 29 octobre 1793, deux des pièces les plus précieuses de la bibliothèque, dont un exemplaire (l’original ?) de la Chronique de Sigebert, furent cachées chez Jean-Baptiste Maisin, le fermier locataire de l’imposante ferme de Wahanges, propriété de l’abbaye d’Averbode. Wilmart avait aussi demandé à Maisin de mettre à l’abri les principaux documents liés à la gestion foncière des biens de son abbaye.


Au nez et à la barbe des autorités républicaines !


Après la deuxième conquête républicaine (juin 1794), les autorités occupantes s’étaient intéressées aux bibliothèques abbatiales dans le but, notamment, de constituer une grande bibliothèque publique à Bruxelles. Dès avant le mois de janvier 1795, plusieurs centaines de livres avaient été saisis chez des fermiers de l’abbaye de Gembloux. Durant le mois de février de cette même année, à la suite de différentes perquisitions, trois livres avaient été localisés et saisis chez le Jodoignois Christophe Goffin, mais le précieux trésor conservé à Wahanges avait échappé à la sagacité républicaine. Il était d’ailleurs resté sur place jusqu’au 11 juillet 1804, date à laquelle l’abbé Wilmart, caché en région bruxelloise, avait finalement décidé de libérer Maisin de son précieux fardeau.


L’exemplaire de la Chronique de Sigebert qui fut caché à Wahanges est aujourd’hui conservé à Bruxelles, dans les collections précieuses de la Bibliothèque Royale Albert Ier, comme au moins un autre exemplaire du même manuscrit. Une question subsiste : le manuscrit qui transita par Wahanges était-il ou non l’original ? Certains ont répondu positivement à la question, d’autres par la négative. Personnellement, nous ne sommes pas à même, aujourd’hui, de trancher définitivement. Quant aux autres précieux documents relatifs aux propriétés de l’ancienne abbaye de Gembloux (plans, registres aux baux, etc.), eux-aussi cachés par le fermier Maisin, ils sont, pour la plupart, consultables aujourd’hui dans les collections des Archives de l’Etat, à Namur.


Nodrenge : un stater et un torque en or !

publiée le 24 novembre 2015


Nous avons déjà eu l’occasion, dans ces colonnes, d’évoquer le sort des Eburons, ce peuple celtique exterminé par Jules César durant sa conquête de la Gaule Belgique en 52 avant Jésus-Christ. Une grande partie de la Hesbaye d’aujourd’hui était placée sous le contrôle de ces Eburons dont la zone d’influence s’étendait sans doute, grosso modo, jusqu’aux abords de Jodoigne. Durant les années 1990, une magnifique découverte, est venue attester une présence éburonne sous Nodrenge, une section de l’ancienne commune de Marilles et de l’actuelle commune d’Orp-Jauche…


Des Eburons à Nodrenge


De quelle découverte s’agit-il ? De celle d’un stater en or, à savoir d’une pièce de monnaie éburonne, en métal précieux, mais de très petite dimension, figurant sur une de ses deux faces le profil d’un cheval, trouvée par un chercheur amateur s’intéressant à un site localisé à la sortie de Nodrenge, entre ce lieu et Orp-le-Petit, sur un plateau dominant le cours du ruisseau appelé le Mosembais, où la présence d’un ancien établissement gallo-romain était soupçonnée. Dans le périmètre voisin de ce stater, le même chercheur amateur a également découvert quatre fragments, en or eux-aussi, d’un torque, ce collier qui, chez les Celtes, étaient généralement porté par les membres de leurs lignages aristocratiques. Les quelques figures stylisées encore visibles sur l’une ou l’autre partie de ce torque, permettent de le dater approximativement du 1er ou du 2e siècle avant Jésus-Christ. Au fil des siècles, le plateau sur lequel ces objets ont été retrouvés a subi une très forte érosion, et ces différents éléments constituent sans doute les restes d’une ancienne zone d’inhumation dont il ne subsisterait vraiment guère de choses.


Maintenant, je vais peut-être décevoir quelques potentiels chercheurs de trésor ! Croyez-bien qu’il s’agit d’une découverte présentant un caractère exceptionnel et résultant de plusieurs années de « ramassage » en surface. Les différentes composantes retrouvées du torque de Nodrenge étaient d’ailleurs distantes les unes des autres de plusieurs mètres ! Il ne suffisait donc pas de se pencher pour mettre la main sur ce magnifique témoignage du passé de notre riche Hesbaye. Qui plus est, il est bon de rappeler qu’il est préférable de laisser ce type de recherches à des archéologues professionnels… Néanmoins, si les monnaies d’or des Eburons vous intéressent, nous vous conseillons vivement un superbe ouvrage publié en 2012, fruit de la collaboration des archéologues de l’Université d’Amsterdam et du Musée gallo-romain de Tongres, intitulé Late Iron Age Gold Hoards from the Low Countries and the Caesarian Conquest of Northern Gaul. Vous pourrez notamment y lire une notice, nettement plus détaillée que la nôtre, consacrée à ces objets trouvés à Nodrenge…


En attendant, n’hésitez pas à entreprendre de belles promenades dans nos campagnes hesbignonnes; elles vous attendent à perte de vue…


Piétrebais-Chapelle-Saint-Laurent : « Ma chère Maman… »

publiée le 10 novembre 2015


Du jeudi 12 novembre au samedi 14 novembre, la salle polyvalente de l’école communale de Piétrebais (située rue Ecole des Filles) accueillera 5 représentations de la pièce « Ma chère Maman… », spécialement montée dans le cadre du « projet citoyen » Marcel LOUIS que nous avons évoqué dans notre chronique précédente.


Une poignée d’acteurs amateurs (plusieurs n’ayant jamais goûté jusqu’ici au plaisir des planches), encadrée par Jérôme PONCIN et Anaïs PETRY, du « Théâtre des 4 mains », habitants d’Opprebais, feront revivre devant vous, le temps d’une histoire, le prisonnier de guerre Marcel LOUIS, ainsi que plusieurs membres de sa famille, dont sa maman, Marie EVRARD ; le tout sur la base du contenu de nombreuses lettres écrites durant les années 1940 et 1941. La détresse d’une mère, les souffrances cachées d’un prisonnier, le désarroi d’une famille face à la mort au Stalag XI A, en mars 1941, d’un jeune homme de 23 ans à l’avenir prometteur, voila quelques-unes des facettes émouvantes de l’épopée tragique de Marcel LOUIS que la petite troupe tentera d’interpréter devant vous.


Parmi les 5 représentations programmées, 3 sont réservées aux élèves des classes de 5e et 6e années primaires de différentes écoles de la région. Environ 400 enfants seront accueillis, en 2 jours, sur le site de l’école communale de Piétrebais, où ils pourront aussi découvrir une exposition, liée à la pièce, accessible sur place depuis ce mardi 10 novembre. Si vous êtes intéressé(e)s par les 2 autres représentations, ouvertes au grand public, sachez qu’elles se tiendront le vendredi 13 et le samedi 14 novembre, à 20h, et qu’elles seront accessibles gratuitement. Nous vous demandons uniquement de réserver votre place, au plus vite, auprès de Delphine DEGEEST (Commune d’Incourt – 010.88.93.37). On retiendra notamment que quelques élèves de l’école communale de Piétrebais ont réalisé une partie des décors de la pièce et que Carole GUTH et Marianne DZIEYK ont ajouté à ceux-ci une dimension supplémentaire en y intégrant de superbes réalisations artistiques dont le portrait inédit de Marcel LOUIS qui illustre aujourd’hui nos propos.


N’hésitez pas à nous rejoindre pour ces moments forts, tout comme encore pour la conférence que le journaliste Daniel DELLISSE donnera au même endroit le jeudi 12 novembre, à 20 h, consacrée au sort que connurent les prisonniers de guerre belges durant la 2e Guerre mondiale. Le vernissage de l’exposition « Marcel LOUIS, un enfant de Chapelle-Saint-Laurent dans la tourmente », se tiendra, ce mardi 10 novembre, à 19h, et sera suivie d’une conférence de l’historien Alain COLIGNON sur la campagne militaire du mois de mai 1940. L’exposition sera également accessible gratuitement le mercredi 11 novembre, de 14h à 18h (visite guidée à 14h30), le jeudi 12 novembre de 18h à 20h, le samedi 14 novembre de 14 h à 18h, ainsi que le dimanche 5 novembre de 14h à 18h. Une exposition que les anciens et nouveaux habitants de Piétrebais ne doivent pas rater !


Cette initiative de la Commune d’Incourt et de sa section FNC, soutenue par la Province du Brabant wallon, n’aurait évidemment pu prendre forme sans la participation active d’une vingtaine de « citoyens » qui se sont « mobilisés », tant pour « garder le souvenir » que pour rappeler à toutes et à tous qu’il faut « préserver l’avenir ». Merci à toutes et à tous pour leur travail de mémoire… dans tous les sens du terme….


Piétrebais : « Projet Marcel Louis », du 10 au 15 novembre

publiée le 20 octobre 2015


Du mardi 10 au dimanche 15 novembre prochains, la Commune d’Incourt, en collaboration avec différents acteurs de terrain, organisera diverses manifestations et activités dans le cadre du « Projet Marcel LOUIS », du nom d’un ancien sergent du 1er régiment de Chasseurs à pied, né à Chapelle-Saint-Laurent en 1918 et mort en captivité à Altengrabow (Allemagne), en mars 1941.


Un projet citoyen : exposition, conférences, création théâtrale…


Cette année 2015 a été celle du bicentenaire de la bataille de Waterloo, mais aussi celle du 75e anniversaire du début, pour nous, Belges, de la Deuxième Guerre mondiale. Après plus de 8 mois de mobilisation et de « drôle de guerre », le 10 mai 1940, nos soldats étaient emportés dans la tourmente sanglante. La campagne de Belgique n’allait durer que 18 jours. Des centaines de soldats originaires de la Hesbaye brabançonne, rappelés sous les armes, participèrent à cette « campagne éclair » menée victorieusement par l’armée allemande. Quelques-uns perdirent la vie durant les combats, à l’instar de Georges HENDRICKX, un jeune habitant de Piétrebais, tombé au combat, à Maldegem, le 23 mai 1940. D’autres, comme le sous-officier Marcel LOUIS, furent faits prisonniers dans la foulée de la capitulation et embarqués pour l’Allemagne. A la fin du conflit, en mai 1945, les soldats belges encore prisonniers étaient essentiellement wallons… Ils avaient survécu, mais pas tous. Le corps de Marcel LOUIS ne fut rapatrié en Belgique qu’en 1951, et inhumé, le 11 novembre, dans le cimetière de la paroisse de Chapelle-Saint-Laurent.


Miraculeusement, oserais-je dire, sa famille a conservé la quasi-totalité de la correspondance échangée entre ce jeune sergent, sa mère et ses frères : 4 classeurs de lettres et documents divers depuis son service militaire, classe 37, jusqu’à l’époque de son décès en mars 1941. Ces témoignages prenants ont permis à la Commune d’Incourt, dans le cadre d’un projet citoyen soutenu par Mathieu MICHEL et la Province du Brabant wallon, d’envisager la réalisation d’une petite exposition historique consacrée au parcours de Marcel Louis, tout comme d’entreprendre le montage d’une pièce de théâtre, émouvante, destinée à mettre en évidence la détresse des familles séparées à l’époque par le conflit. Si vous vous intéressez à l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, surtout à la campagne des 18 jours, nous vous invitons donc à noter dans votre agenda les activités suivantes. Elles sont toutes ouvertes gratuitement au public. Nous vous demandons néanmoins de réserver votre place à l’avance au 0499.96.91.89 ou par courriel (joseph.tordoir@gmail.com) pour les conférences et les représentations théâtrales et la visite guidée. Toutes ces activités se dérouleront en la salle polyvalente de l’école communale de Piétrebais, rue Ecole des Filles (parking « Aux grosses pierres »). Bienvenue à toutes et à tous !


EXPOSITION
« Marcel Louis, un enfant de Chapelle-Saint-Laurent dans la tourmente ». Vernissage le mardi 10 novembre, à 19h. Ouverture libre : le mercredi 11, de 14 à 18h (visite guidée par J. TORDOIR, à 14h30) ; le jeudi 12, de 16 à 20h ; le samedi 14 et le dimanche 15, de 14 à 18h.


CONFERENCES
Le mardi 10 novembre, à 20 h : « Un oiseau pour le chat ». L’armée belge dans la campagne des 18 jours, par Alain COLIGNON, historien CEGES.
Le jeudi 12 novembre, à 20h : « 40-45. Des prisonniers de guerre témoignent ». Présentation du livre du journaliste Daniel DELLISSE.


CREATION THEATRALE
Vendredi 13 novembre et samedi 14 novembre, à 20 h : « Ma chère maman… ». Evocation du sort du sergent Marcel LOUIS sur base de sa correspondance. Textes de Marcel LOUIS (+), et Marie EVRARD (+) ; adaptation et dialogues de Carole DEPASSE ; mise en scène de Jérôme PONCIN et Anaïs PETRY ; avec la participation de « citoyens amateurs » !


Des mines de charbon en Hesbaye brabançonne !

publiée le 06 octobre 2015


Essayez d’imaginer la Hesbaye brabançonne parsemée d’immenses buttes artificielles comme celles que l’on rencontre encore aujourd’hui en divers lieux de Wallonie, héritage de son riche passé charbonnier ! Impensable, me direz-vous. Et pourtant…


Du charbon au fond d’un puits, à Wastinnes !
Durant les années 1770, la famille Lamquet, de Namur, avait déjà espéré trouver du charbon, sur les bords de la Gette, dans la traversée de Jodoigne, mais les travaux entrepris à l’époque n’avaient manifestement rien donné. Sept décennies plus tard, Georges La Marche, un houilleur habitant Antheit, près de Huy, réussit à faire renaître le rêve un peu fou de voir la Hesbaye brabançonne se transformer en un vaste site industriel charbonnier ! En 1837, prospectant en Brabant dans l’espoir d’y trouver la trace de veines de charbon, il s’était notamment rendu dans le village de Wastinnes et avait annoncé y avoir découvert le toit d’une veine importante au fond du puits de la famille Kaux ! L’année suivante, à la demande du baron de Vrints de Treuenfeld, châtelain de Malèves, le mineur Godard avait poursuivi les recherches et apparemment trouvé, à 25 pieds sous terre, quelque chose ressemblant de très loin à du charbon…


La fièvre du charbon
La nouvelle s’était répandue et avait ameuté tous les prospecteurs potentiels ! En 1838, un Bruxellois, le marquis de Prié, tenta d’obtenir l’autorisation officielle d’entreprendre des sondages à l’échelle des communes de Malèves, d’Orbais et de Thorembais-Saint-Trond ! La même année, le baron de Vrints de Treuenfeld s’y opposa en tant que principal propriétaire sous ces terroirs, souhaitant se réserver les travaux de sondage qu’il désirait même étendre aux villages de Glimes et d’Opprebais ! A Sart-Risbart, la question agita sérieusement la famille Delfosse. En octobre 1838, les frères Philippe, Antoine-Bruno et Auguste Delfosse (dont le portrait illustre nos propos), grands fermiers, s’associèrent à deux habitants de Fleurus et de Gosselies, pour s’intéresser au sous-sol d’Opprebais-Sart-Risbart. L’année suivante, les mêmes, associés cette fois aux fermiers Sentron, d’Huppaye, et Louis Grégoire, de Sart-Risbart, furent autorisés à rechercher de la houille dans le sous-sol des villages d’Enines et d’Huppaye-Molembais-Saint-Pierre ! On s’attaqua au sous-sol de Sart-Risbart en octobre 1839 et à celui d’Huppaye deux mois plus tard. En juin 1840, les travaux furent interrompus à Sart-Risbart à cause de l’inondation du chantier par les eaux souterraines. De nouveaux sondages y furent entrepris en 1841, mais la tentative d’exploitation fut définitivement abandonnée durant l’année 1842, tout comme à Huppaye, où les frères Delfosse décidèrent finalement d’encourager l’exploitation d’une carrière désormais ouverte dans une de leurs propriétés.


Durant près de quatre ans, la fièvre du charbon avait atteint l’ensemble des intervenants ! Le marquis de Prié s’était heurté au baron de Vrints et ce dernier s’était attiré l’hostilité des frères Delfosse qui s’étaient opposés à ses initiatives concurrentes des leurs. Aucun n’avait tenu compte des observations peu encourageantes émises, dès l’année 1837, par le professeur Parigot, enseignant à l’Université Libre, qui avait été spécialement interrogé sur la pertinence des sondages que certains se proposaient d’entreprendre. Chacun y était allé de sa bourse, sans obtenir un résultat probant ! Tous avaient donc perdu de l’argent ! L’affaire était définitivement classée ! La Hesbaye brabançonne devait rester agricole !


Glimes : l’ancien teillage Liesse

publiée le 22 septembre 2015


En 1776, Jean Michaux, précédemment fermier à Incourt, fit bâtir une habitation le long de la chaussée Namur-Louvain, sur un terrain sis au hameau du Manil, dépendance du village de Glimes. A l’époque, l’agriculture était la principale activité du propriétaire des lieux. Durant une bonne partie du 19e siècle, ses héritiers et successeurs se consacrèrent eux-aussi à la mise en valeur de leur patrimoine agricole. Les Michaux et les Crévecoeur étaient ensuite devenus des rentiers, intéressés à la chose administrative. Au décès d’Alfred Crévecoeur, le dernier de la lignée, la ferme fut achetée par le bourgmestre de Wavre Bernard Antoine, époux Maisin, qui, en 1888, la revendit à Marie-Louise Quarmeau, veuve Berger. En 1896, à la mort de celle-ci, le site fut attribué à sa nièce Marie Berger épouse du marchand de lin Raymond Liesse. En 1904, les époux Liesse-Berger firent construire, perpendiculairement à la chaussée et adossé à un pignon de leur habitation, un bâtiment industriel (40 m de long sur 5 m de large, éclairé par 22 fenêtres) destiné à abriter un teillage mécanique des plus modernes pour l’époque. L’industrie linière était en plein boom et de nombreux habitants de la région en vivaient. L’outil industriel nouvellement installé, activé par une machine à vapeur de 32 chevaux, donnait du travail à environ 35 ouvriers. La Première Guerre mondiale perturba évidemment l’essor du site, mais celui-ci garda sa vocation industrielle jusqu’au décès de Raymond Liesse, survenu en 1927. En 1955, sa fille, Marie Liesse, veuve du fermier Fernand Antoine, hérita officiellement des lieux qu’elle exploitait déjà avec son fils Emile Antoine. La famille du futur ministre régional André Antoine maintint une activité agricole sur le site durant encore plusieurs années avant de s’en séparer définitivement.


Au début des années 2000, après avoir notamment appartenu à la famille Mattart-Delwiche, l’ancienne ferme Michaux fut scindée en deux parties. Les anciennes composantes agricoles, comprenant le très long corps de logis et la grange, bâties en brique et pierre de Gobertange, appartiennent aujourd’hui à la famille Van Elderen-Jaumotte. Ces bâtiments, connus des usagers de la chaussée Namur-Louvain, ont bien heureusement gardé leur physionomie du 18e siècle, contrairement à beaucoup d’autres. Quant aux anciennes dépendances industrielles aménagées par Raymond Liesse, acquises par la Société La Linière, elles ont été aménagées en différents espaces commerciaux et d’habitat, inaugurés en 2011. A la demande des autorités locales et des services régionaux de l’urbanisme, les bâtiments rénovés ont gardé, dans leur apparence, le souvenir de leur caractère industriel originel. Les très nombreuses personnes qui fréquentent ce quartier commercial de l’entité d’Incourt savent désormais pourquoi ses promoteurs l’ont appelé La Linière…


Dimanche 20 septembre : 8e Marche des Chouans

publiée le 08 septembre 2015


Un peu d’histoire locale, une touche d’humour et des couleurs festives !
Nous sommes prêts à remonter le temps !


Depuis neuf mois l’insurrection des Chouans, en Hesbaye brabançonne, dirigée par Antoine CONSTANT, de Roux-Miroir, a été écrasée dans le sang par les autorités républicaines françaises ! Les populations civiles ont échappé aux représailles, contrairement à ce qu’avaient connu les campagnes bretonnes quelques années plus tôt ! Chez nous, les agents du pouvoir ont reçu la consigne d’agir en douceur afin d’attirer progressivement à la République le soutien du peuple.


Ce 7 vendémiaire an 8 (le dimanche 29 septembre 1799 du calendrier grégorien) les habitants de la Ville de Jodoigne sont invités à se rassembler sur la principale place de leur ville, pour participer à une cérémonie toute particulière. Les autorités républicaines ont décidé de faire disparaître des rues de la ville toute référence à la religion catholique romaine dont le culte est encore interdit par la République ! Les autorités locales rendent publique cette décision politique. Comment réagiront les éléments les plus hostiles ? Vous le découvrirez le dimanche 20 septembre prochain, en participant à la 8e Marche des Chouans ! Le rendez-vous est fixé à 11h, sur la Grand’place de Jodoigne, aux abords immédiats de l’actuel Hôtel des Libertés et de la Chapelle Notre-Dame du Marché !


Après avoir assisté, en la Chapelle Notre-Dame, à la très spéciale « conférence de presse » des autorités républicaines, les Chouans passeront à table, vers midi, au rez-de-chaussée de l’Hôtel des Libertés, avant d’assister vers 13h30 à un spectacle de danses du 18e siècle. Les Chouans reprendront ensuite la route de leurs foyers, à travers champs, de Jodoigne à Roux-Miroir, via Brocuy et Lathuy. Comme chaque année, des aventures, souvent humoristiques, mais aussi des spectacles et des embuscades viendront troubler ou enrichir leur périple. Les confréries locales seront bien sûr de la partie ! Une occasion de revivre de façon plaisante notre histoire locale et régionale !


Pour rappel, vous pouvez participer au rassemblement organisé sur la Grand’place de Jodoigne à partir de 11h, assister gratuitement aux spectacles, réserver votre place au repas de midi (7 euros - collation rurale – jambon, fromage, boudin, etc.) et ensuite accompagner les Chouans dans leur périple de 8 km ! Rassurez-vous, un bus vous ramènera au point de départ ! Mais vous n’êtes pas obligé(e) de nous accompagner et vous pouvez parfaitement choisir de nous rejoindre à tel ou tel endroit du parcours (sur la Grand’place de Jodoigne entre 11h et 14h, à la Maladrerie vers 14h30, au château de Beaulieu sous Brocuy vers 15h, à la ferme Constant rue de Patruange à Roux-Miroir, vers 16h30, pour l’arrivée, où les confréries de la « Blanke Dorée » et du « Cochon de Piétrain » - attendront les marcheurs et où la journée se clôturera sur diverses danses. La boulangerie La Magie du Pain, de Roux-Miroir, sera également présente sur le parcours.


Pour tout renseignement complémentaire, nous vous invitons à prendre contact avec les échevins Valéry KALUT (0475.609.814 – pour la Ville de Jodoigne) et Joseph TORDOIR (0499.96.91.89 – joseph.tordoir@gmail.com pour la Commune d’Incourt). Les collations de midi ne seront servies que sur réservation.
Bienvenue à tous et à toutes !


L’Ardoisière, le château des Charlot

publiée le 25 août 2015


Durant le 19e siècle, plusieurs belles propriétés bourgeoises, certaines aux allures aristocratiques, furent construites ou aménagées dans les faubourgs de Jodoigne. Nous avons déjà partiellement évoqué ici l’histoire du Château des Cailloux élevé aux abords de la chaussée de Hannut. La Villa des Ormes, bâtie aux abords de ce même axe, n’a pas résisté aux atteintes du temps, pas plus d’ailleurs que le Château Botson, qui s’élevait autrefois sur les hauteurs du Gailleroux. La villa du Bordia, dominant la Ghète filant sur Sainte-Marie-Geest, existe encore, mais il faut admettre qu’elle a perdu tout son cachet d’origine. Le château de l’Ardoisière, situé en aval, n’aurait sans doute plus survécu des années si, en 2010, la société Anvipar n’avait décidé d’en faire l’acquisition et de faire revivre cette belle propriété ancien apanage de la famille Charlot.


Les Charlot, notaires à Jodoigne, de père en fils, depuis la fin du 18e siècle jusqu’aux lendemains de la Deuxième Guerre mondiale. Une institution à Jodoigne ! A l’échelle locale et régionale, la « colonne vertébrale » mais aussi la tête du Parti Libéral durant près de 80 ans ! Au milieu du 19e siècle la famille possédait différents immeubles dans le centre ville. En 1864, le notaire Zénon Charlot, un des membres de la lignée, se vit attribuer, par héritage, la « maison de campagne des Ardoises », propriété de son oncle par alliance Philippe Goes, ancien bourgmestre de Jodoigne. Le nom du site rappelait qu’on avait essayé, durant les 17e et 18e siècles, mais sans grand succès, d’y exploiter quelques bancs de phyllade noir-bleuâtre susceptibles de finir en ardoises. Au tout début du 19e siècle, Marie-Catherine Crèvecœur, épouse du notaire Remy-Gérard Goes, originaire de Saint-Remy-Geest, avait fait partiellement entrer le site dans le patrimoine de la famille Goes. A son décès, en 1835, Philibert Goes, un de ses deux fils, en possédait l’intégralité. Il s’agissait alors essentiellement d’un moulin à farine animé par les eaux de la Ghète. Son frère Philippe, époux depuis 1824 de Victoire Charlot, en héritera finalement. Victoire n’était autre que la tante paternelle de Zénon Charlot et ce fut ce dernier qui, à dater du début des années 1870, allait progressivement donner une nouvelle dimension au site. Son fils Ferdinand, dit Fernand, celui de l’avenue, sera le premier Charlot à détenir le mayorat de Jodoigne, de 1885 à 1913, à savoir jusqu‘à l’époque de son décès. Il siégea aussi quelques mois au sein du sénat (1912-1913). C’est lui qui fit réellement des dépendances de l’ancien moulin le centre d’une vaste propriété flanquée d’un étang, désormais connue sous le nom de l’Ardoisière, une gentilhommière, aux allures aristocratiques, flanquée jusqu’en 1905 d’un site industriel, à savoir un imposant moulin à grains, aux allures de manufacture, bâti sur plusieurs étages !


Philippe Goes, que nous venons d’évoquer, qui avait déjà présidé aux destinées de Jodoigne durant la période hollandaise, jouissait d’un grand réseau de relations tissé depuis l’Empire. Le lundi 7 septembre prochain, à 20 heures, nous donnerons, au Château de l’Ardoisière, une conférence intitulée « Les Francs-maçons jodoignois avant la Révolution de 1830 », durant laquelle nous aurons notamment l’occasion de retracer l’histoire de la franc-maçonnerie dans nos régions en évoquant le parcours de quelques figures maçonniques locales, dont celle de Philippe Goes. Vous pourrez assister gratuitement à cette conférence, tout public, en réservant votre place par courriel (joseph.tordoir@gmail.com) ou par téléphone (0499.96.91.89). Une occasion, inespérée, de découvrir des aspects totalement inédits de l’histoire de la bonne vieille Ville de Jodoigne, tout en découvrant un cadre exceptionnel rénové par la famille Vossen durant les années 2011 et 2012.


À bicyclette...

publiée le 14 juillet 2015


Le samedi 25 juillet prochain, alors que les coureurs du Tour de France participeront à leur 20e étape et pousseront leurs pédales jusqu’au sommet de l’Alpe d’Huez, les adeptes du « sport pour tous » se retrouveront à Jodoigne pour participer à une très festive édition du « Beau Vélo de Ravel » ! Plusieurs milliers de cyclistes réaliseront un circuit d’un peu de plus 29 km à la découverte de quelques villages de l’entité de Jodoigne, mais aussi de ceux de Glimes et de Huppaye ! La très longue côte de la rue de Huppaye, à Glimes, fera sans aucun doute des dégâts dans le peloton ! Qu’on se le dise !


Dès avant la Première Guerre mondiale, le cyclisme était considéré comme le sport belge par excellence et était reconnu en tant que tel à l’étranger. Depuis la fin du 19e siècle, des courses pour amateurs étaient organisées dans la plupart des villages. A Incourt, à la mi-juillet 1910, les animateurs de la Kermesse de Longpré se chargeaient déjà d’organiser une compétition pour les amateurs ! La tradition a grosso modo été maintenue jusqu’il y a deux ans. Durant le week-end qui précédera notre Fête Nationale vous ne rencontrerez donc plus de cyclistes sur les routes de Longpré, mais le hameau sera néanmoins en fête ! Une belle occasion d’ailleurs de le découvrir !


Maintenant, un petit clin d’œil ! L’histoire n’est pas récente puisqu’elle remonte à l’année 1927 ! Cette année-là, un cycliste âgé de 26 ans, s’appelant Joseph Tordoir - tiens, tiens ! –, appelé dans la presse régionale « L’espoir d’Incourt ! » - ouaih ! -, après s’être illustré dans un grand nombre de courses locales, allait participer au 17e Tour de Belgique pour amateurs, organisé du 6 au 15 août sous le patronage du journal La Dernière Heure. Environ 1.500 km « d’enfer du Nord » à parcourir en 8 étapes ! Le Tour était ouvert aux indépendants belges, suisses et italiens, aux aspirants français et luxembourgeois, ainsi qu’aux professionnels allemands et hollandais ! Que du beau monde et finalement 112 courageux au départ ! Des forces de la nature ! Quatre brabançons wallons étaient de la partie : Tordoir, d’Incourt ; Charlet, de Gastuche ; Dury, de Waterloo et Delvigne de Genappe ! L’affaire avait fait grand bruit à Incourt. Dès que le projet de l’enfant du village avait été connu, un comité de soutien s’était mis en place. En quelques jours, 1.000 francs – somme conséquente pour l’époque – avaient été rassemblés et offerts à Tordoir, issu d’un milieu modeste, pour notamment lui permettre d’acquérir une bécane moderne… mais surtout robuste !


Comme vous pouvez l’imaginer, la presse allait suivre de près toutes les étapes. Tordoir résiste bien à la première, mais le 8 août, près d’Erquelinnes, il crève ! Dramatique ! Après 3 jours de course, 33 des participants ont déjà abandonné, mais Tordoir est encore là, occupant la 55e place du classement. Il a cassé sa roue avant sur la Grand’Place de Menin et a fait une lourde chute un peu plus tard avec le gros du peloton. A la veille de la 8e et dernière étape, ils ne sont plus que 46 survivants ! Il faut tenir ! Ce 15 août, les coureurs, au départ de Moustier-sur-Sambre, doivent en effet passer par Jodoigne et Wavre avant d’achever leur périple à Bruxelles. Pas question de manquer le rendez-vous avec les Incourtois ! Durant cette dernière étape, de 175 km, 8 coureurs abandonnent encore. A Bruxelles, on n’enregistre finalement l’arrivée que de 38 des 112 inscrits ! Tordoir occupe la 27e place du classement, ayant pédalé 58 heures 37 minutes et 54 secondes ! Il finit à 4 heures du vainqueur ! Parmi les 3 autres Brabançons wallons, seul Delvigne est encore là et se classe 30e, à 37 minutes de l’Incourtois. Comme vous l’aurez peut-être compris, ce dernier n’était autre que le grand-père paternel de votre serviteur qui, pour sa modeste part, comme ses amis le savent, n’a jamais réussi à tenir plus de 5 minutes sur un vélocipède sans mettre sa vie en péril ! Ceci dit, mieux vaut faire rire à ses dépends, qu’à ceux des autres ! Quant à la photo, pour établir une ressemblance, ajoutez au bas mot une bonne trentaine de kilos et quelques centimètres de poils ! L’imagination fera le reste !


Pour conclure, je rappelle à tous les cyclistes amateurs d’Incourt qui pourraient avoir résisté à la Kermesse de Longpré et qui manifesteraient ensuite l’intention de participer au « Beau Vélo de Ravel », qu’ils peuvent s’adresser à l’association « Go Velo » de Piétrebais (0496.27.77.26) pour se doter d’un vélo électrique… On n’arrête pas le progrès ! Excellentes vacances à toutes et à tous !


Perwez : Mellemont et Sainte-Marie, sur les ruines de Villers !

publiée le 30 juin 2015


Vers 1750, l’abbaye de Villers possédait, au bas mot, plus de 6.000 ha de biens immobiliers dont environ 3.700 de terres et de prés exploités par une quarantaine de grandes fermes. Dès le 13e siècle, ce vaste domaine avait été organisé en quartiers, disposant chacun d’un receveur particulier. Trois siècles plus tard, ces quartiers étaient au nombre de quatre. Les biens sis aux abords de Villers-la-Ville dépendaient du quartier de Villers, ceux situés dans l’est du Brabant wallon de celui d’Emellemont, du nom de l’une des plus imposantes fermes que l’abbaye possédait sous Thorembais-les-Béguines. En 1764, de ce quartier dépendaient 1.784 bonniers (1 bonnier équivalant chez nous à environ 88 ares), 1 moulin à eau (le moulin de Thorembais) et 11 fermes respectivement localisées sous Thorembais-les-Béguines (Emellemont, Coquiamont, La Petite Cense, La Porte, du Mont), Sart-Risbart (La Grande Cense ou Grande Risbart, Fontenelle, La Porte), Ramillies (La Haute et la Basse Cense) et Petit-Rosière (Saint-Nicolas). A ces fermes et moulin étaient attachés 1.420 bonniers. Depuis le 14e siècle, à côté de la ferme d’Emellemont, s’élevait un prieuré, centre nerveux administratif du quartier, où résidaient, au 18e siècle, trois religieux parmi lesquels le trecensier ou proviseur du quartier ainsi que le prêtre en charge de la paroisse de Sainte-Marie, voisine de celles de Wastines et de Malèves. L’annexion de nos régions au territoire de la République française mit un terme définitif à l’existence du quartier d’Emellemont dont les composantes furent soit aliénées pour permettre à l’abbaye de Villers de s’acquitter des aides financières qui lui étaient réclamées, soit nationalisées et vendues comme Biens Nationaux, principalement durant les années 1797 et 1798.


La ferme d’Emellemont subsista en tant que bien sécularisé, tout comme l’ancien prieuré voisin. En 1833, l’exploitation agricole fut acquise par Louis-Victoire, comtesse de Spangen, épouse du comte Werner de Merode. Depuis lors, un roi d’Italie (Victor-Emmanuel II), un roi d’Espagne (Amédée Ier) et un vice-roi d’Ethiopie (Amédée II) jouirent ou héritèrent notamment de droits divers sur le site. Aujourd’hui encore, avec plus de 150 ha de terre, il appartient aux descendants d’une branche issue des princes de Savoie, duc d’Aoste. Exploitée depuis près de 100 ans par la famille Rigo, la ferme a néanmoins perdu son appellation d’origine puisqu’elle est désormais connue sous le nom de ferme de Mellemont. L’origine de ce changement ? Apparemment un employé néerlandophone du cadastre dont, au beau milieu du 19e siècle, l’oreille n’avait pas fait la différence entre d’Emellemont et de Mellemont ! Ceci dit, tout le monde paraît très bien s’en être accommodé…


A Sainte-Marie, un peu de changement aussi… Comme nous l’avons rappelé, le prieuré d’Emellemont, appelé aussi le refuge d’Emellemont, était situé près de la ferme du même nom. Acheté par la famille Minet en 1834, il était aussi devenu une propriété des ducs d’Aoste, mais en 1897 seulement. Fortement endommagé durant la 1ère Guerre mondiale, il avait été presque totalement rasé en 1931-1932. Qu’à cela ne tienne ! L’abbé Gabriel Ringlet a décidé de le faire renaître à Sainte-Marie ! Qui ne connaît pas, dans la région, le prieuré de Sainte-Marie ? Très belle cure, manifestement reconstruite au 18e siècle, autrefois desservie par un moine de l’abbaye de Villers, quasiment la seule dans le cas d’ailleurs. Mais de là à faire passer celle-ci pour l’ancien prieuré cistercien de Thorembais-les-Béguines, il y a évidemment une marge… Enfin, nous tenterons d’excuser ce que nous appellerons une forme de clin d’œil symbolique, pour ne retenir que l’énergie que l’abbé Ringlet a dépensée et dépense toujours, comme d’ailleurs peut-être certains de nos lecteurs, pour le maintien en bon état de cette cure devenue un lieu d’échange(s) spirituel(s). Lors d’un passage en Hesbaye brabançonne, le nouveau prieuré de Sainte-Marie vaut le détour, tout comme d’ailleurs la ferme de Mellemont où le produit de vignes, célestes ou non, suscitera la curiosité des palais… qu’ils soient d’Italie, d’Espagne, d’Ethiopie ou tout simplement d’ici !


Walhain, 18 juin 1815. Un parent de Pierre Boucher induit Grouchy en erreur !

publiée le 16 juin 2015


Dans quelques jours, le canon se fera une nouvelle fois entendre dans les plaines qui entourent Mont-Saint-Jean. Les reconstitutions du bicentenaire de l’une des plus célèbres batailles de l’histoire y passionneront des milliers d’anonymes venus des 4 coins de la planète pour y combattre ou assister à un spectacle exceptionnel.


Jean-Joseph Goedseels


Nous parlerons aujourd’hui d’un autre « anonyme », mais de l’époque napoléonienne, un certain Jean-Joseph Goedseels, né à Mélin en 1787 et mort célibataire, à Perwez, en 1825. Pourquoi afficher un intérêt pour cet ancien cultivateur ? Tout simplement parce que selon William Aerts, un des historiens belges de la campagne de 1815, Goedseels aurait induit en erreur le maréchal Grouchy, commandant de l’aile droite de l’armée française, sur les déplacements de l’armée prussienne après la bataille de Ligny, livrée 2 jours avant celle de Waterloo. Aerts communique cette information en 1908. Il la tient de la famille Lardinois qui exploite à l’époque la ferme de Walhain où Grouchy s’était arrêté avec son état-major le 18 juin en fin de matinée. Selon une tradition locale bien ancrée, mais jusqu’alors laissée dans l’ombre, Goedseels, ancien du 27e Chasseurs à cheval français dont la famille exploitait la ferme d’Agnelée, sous Perwez, s’était porté à la rencontre de ses anciens frères d’armes pour leur donner quelques informations sur l’itinéraire des troupes prussiennes. Arrivé à Walhain, il y avait conversé avec Grouchy et le notaire Hollert chez qui le maréchal avait fait halte. L’ancien cavalier avait alors expliqué à ses interlocuteurs que les Prussiens, loin de se retirer sur Bruxelles ou de penser à se rapprocher de Wellington, se regroupaient sur la plaine de la Chise, entre Piétrebais et Beauvechain. Ses propos avaient été pris au sérieux et avaient malencontreusement rassuré le maréchal, les Prussiens ne tentant pas de se rapprocher des troupes commandées par le duc de Wellington.


Le 18 juin 1815, à Walhain, le maréchal Grouchy reçut bel et bien des informations en partie erronées qui lui furent communiquées par un ancien militaire français originaire de la région, mais Aerts fut le premier à donner un nom à ce personnage. Jean-Joseph Goedseels s’était ensuite évanoui dans la nature, sans demander son reste. Des recherches menées sur le 27e Chasseurs à cheval ont permis de confirmer qu’il avait bien servi dans ce régiment de cavalerie et qu’il y avait obtenu le grade de maréchal-des-logis-chef. Après avoir participé à plusieurs campagnes militaires, il avait été congédié en 1814 suite à la première abdication de l’Empereur. Selon Aerts, pensant avoir une part de responsabilité dans la tournure de la campagne de 1815, Goedseels avait essayé de garder pour lui ses souvenirs… ce qu’il n’avait manifestement pas réussi à faire. Retiré à Perwez, il s’y était adonné à l’agriculture mais ne s’y était pas marié. Ses frères n’avaient pas eu de descendance, contrairement à ses deux sœurs dont l’une avait épousé un Hamoir, fermier à Autre-Eglise, un aïeul en ligne directe de la mère de Pierre Boucher, une des anciens mandataires politiques les plus populaires de l’arrondissement de Nivelles, actuellement président de l’Intercommunale du Brabant wallon ! Nous ignorons si ce dernier a gardé des traits de famille, mais pourquoi pas ? Peut-être acceptera-t-il un jour de revivre personnellement l’épisode historique dont son lointain parent fut un des principaux acteurs…


Nos premiers photographes (1860-1870)

publiée le 02 juin 2015


Pitié ! Ne jetez pas vos vieux albums photos ! Ils nous apprennent tant de choses !


Ce fut en 1854 que le photographe parisien André Disdéri (1819-1889), un des plus connus, commercialisa à grande échelle un nouveau produit sur le marché photographique : le portrait carte de visite. A l’origine, il s’agissait d’une photographie présentant généralement un sujet en pied, d’un format réduit (6,5 x 11 cm), réalisée en plusieurs exemplaires et collée sur un carton fin. En quelques années, ces petites photographies, peu coûteuses, avaient inondé le marché européen. Elles étaient rassemblées dans de luxueux albums aux formats les plus divers, véritables galeries familiales portatives. Le public belge, sensibilisé par plusieurs grands photographes bruxellois, s’était rapidement enthousiasmé et la plupart des familles notables, issues de la noblesse tout comme de la bourgeoise industrielle, commerciale ou agricole, avaient souhaité disposer de tels albums. Les meilleurs ateliers photographiques étaient établis à Bruxelles, Anvers, Gand, Liège, Namur ; en général, dans des centres urbains. Il fallait donc souvent effectuer de longs déplacements pour faire réaliser son portrait. Heureusement pour les amateurs ruraux, des photographes ambulants se rendaient parfois à la campagne pour dénicher une nouvelle clientèle.


Durant l’année 1861, le photographe italien Charles Granzella, dont les studios étaient installés à Bruxelles, s’établit durant deux mois dans un hôtel d’Orp-le-Grand, n’hésitant pas à se rendre au domicile de ses clients pour réaliser leurs portraits. A la même époque, à Jodoigne, un certain Emile Jacoby, de nationalité française, ouvrit un atelier de photographie rue Saint-Jean où il donnait aussi des leçons particulières pour les amateurs locaux. Il quitta Jodoigne en mars 1862, après avoir manifestement connu un beau succès à l’échelle régionale. En 1866, un certain Godfriaux possédait lui aussi un atelier photographique à Jodoigne et, en 1871, le photographe Perin, de Tirlemont, inaugura sa succursale jodoignoise installée dans un immeuble de la Grand’Place. Les quatre photographes que nous venons de citer, peuvent sans doute être considérés comme les pionniers de l’art photographique dans l’est du Brabant wallon. Ce sont des encarts publicitaires insérés dans la presse locale des années 1860-1870 qui nous ont permis de situer leur action dans le temps. Nous sommes à la recherche de photographies réalisées à l’époque par ces professionnels, tout comme de photographies anciennes de membres de familles établies au XIXe siècle dans la région de Jodoigne où y ayant leurs racines ou leurs propriétés. N’hésitez pas à nous contacter (joseph.tordoir@gmail.com) si vous avez eu la présence d’esprit de conserver quelques vieux albums familiaux ! Ils pourraient vraiment nous servir ! On notera aussi que l’art photographique suscita une certaine passion auprès d’amateurs disposant des moyens financiers nécessaires à l’achat du matériel adéquat. Nous savons notamment que, dès avant l’année 1863, Charles Favart, à savoir le propriétaire de l’ancienne abbaye de La Ramée, sise sous Jauchelette, possédait un appareil photographique et qu’il avait installé un laboratoire dans une des pièces de son habitation. Il ne dut pas être le seul à l’échelle régionale…


Piétrebais-Chapelle-Saint-Laurent : le château de la Chise en 1859

publiée le 19 mai 2015


Durant le week-end de la Pentecôte, le rez-de-chaussée de la Maison communale d’Incourt abritera une petite exposition organisée par l’association Cultura Nostra. Les documents qui y seront présentés permettront d’évoquer quelques aspects de l’histoire de ce village, mais aussi de celle des autres villages qui composent l’entité d’Incourt. Nous avons décidé d’évoquer ici un des documents que l’on pourra découvrir en ces circonstances.


Un château dans le bois de la Chise Ceux qui s’intéressent à l’histoire du développement industriel de la Belgique au 19e siècle savent que la famille Warocqué, établie sous Morlanwelz, y a beaucoup contribué. Abel Warocqué, époux d’Henriette Marischal, un des maillons de cette famille de maîtres charbonniers châtelains du domaine de Mariemont, séjourna à différentes reprises à Piétrebais, plus exactement dans le ressort de la paroisse de Chapelle-Saint-Laurent, au château de la Chise, propriété de sa belle-sœur Sophie Marischal, épouse du rentier Jules-Théodore Delebecque.


Le juriste Jacques-Herman Marischal, père d’Henriette et de Sophie, grand acheteur de Biens Nationaux sous le régime français, avait acquis, à cette époque, la ferme appelée la Vieille Chise, ancienne propriété de l’Abbaye de Waulsort-Hastière. Par la même occasion, il s’était porté acquéreur d’un bois sis à proximité. En 1843, ladite ferme, avec ses dépendances agricoles et sylvicoles, avait été attribuée en partage à Sophie, désormais propriétaire de plus de 370 ha de biens fonciers sis dans le ressort des cantons de Wavre, de Jodoigne et de Tirlemont !


En 1856, Sophie Marischal et son mari, qui vivaient essentiellement à Paris et séjournaient parfois à Bruxelles, firent entamer la construction d’un château, grosse villa de plaisance, dans le bois de la Chise. Les travaux, placés sous la direction de l’architecte Goevaert, s’étalèrent sur une période de trois ans et coûtèrent une fortune à leurs commanditaires ! Parallèlement, le vieux bois abbatial fut transformé en parc d’agrément.


En 1859, alors que les travaux de construction et d’aménagement étaient sans doute presque achevés, les époux Delebecque-Marischal décidèrent de faire procéder au bornage de l’ensemble de leurs propriétés situées dans les environs de Jodoigne, y compris celles de Piétrebais-Chapelle-Saint-Laurent. La même année, dans la foulée, fut réalisé un magnifique atlas terrier, comportant plusieurs planches colorées. Fortuitement retrouvé, en 1998-1999, dans les combles d’un vieux pigeonnier de Roux-Miroir, cet atlas nous permet notamment de prendre connaissance des travaux d’aménagements réalisés dans le bois de la Chise. La planche colorée, figurant le nouveau château, son parc et ses dépendances agricoles les plus proches, sera visible lors de l’exposition que nous vous invitons vivement à visiter. Adresse du jour : Maison communale d’Incourt, 2 rue de Brombais. Exposition accessible le samedi 23 mai, de 14 à 18h ; le dimanche 24 mai, de 10 à 22 h ; le lundi 25 mai, de 14 à 18h. Bien évidemment, entrée libre ! Je serai sur place pour vous accueillir. Bienvenue à toutes et à tous !


La Hesbaye Brabançonne à l'heure gallo-romaine les 16 et 17 mai 2015 !

publiée le 05 mai 2015


Les 16 et 17 mai prochains, le site du tumulus de Glimes vivra à nouveau à l’heure gallo-romaine. Peu de personnes savent que ce tumulus est le plus volumineux conservé en Belgique. Il caractérise cependant le paysage de l’une des « portes de la Hesbaye », l’ancien pays des Eburons et ensuite des Tongres ! Elevé durant la première moitié du deuxième siècle de l’ère chrétienne, il a plutôt bien résisté aux atteintes du temps. A la fin des années ’60, alors qu’il n’était pas encore classé, on avait pensé à le gommer du paysage ! Et oui, en Hesbaye, la terre est fertile… et tout espace gagné… Combien d’autres sites du même type n’ont pas réussi à éviter ce sort funeste ? Nul ne le sait vraiment, mais sans doute des dizaines, sinon des centaines !


Avec le soutien de la Province du Brabant wallon et de la Maison du Tourisme de la Hesbaye brabançonne, la Commune d’Incourt et ses partenaires vous invitent donc à rendre visite à ce site exceptionnel et à ses animateurs : auxiliaires romains, gladiateurs et artisans… en espérant que les Dieux seront de la partie pour le temps ! La chose est rarement évoquée dans les peplum d’Holywood, mais la gladiature est apparue pour la première fois dans les cérémonies organisées à l’occasion de certaines funérailles. La mise sur pied, à Glimes, de combats de gladiateurs (le samedi à 19 h et le dimanche à 17 h) s’imposait donc ! Pour rappel, le site est accessible gratuitement aux enfants de – de 12 ans qui pourront notamment participer à des jeux romains, découvrir les techniques de construction de l’époque et bénéficier de grimages. Pour les adultes, une PAF de 4 € (pass d’1 jour) ou de 6 € (pour 2 jours) est prévue.


Conférence le 11 mai, excursion et souper le 16 mai
Vous trouverez le programme précis des 2 jours d’activités sur le site de la Commune d’Incourt (www.incourt.be). Nous profitons de l’occasion pour signaler que le professeur Raymond BRULET(UCL), nous fera le plaisir d’entamer les « hostilités » le lundi 11 mai, à 19h30, en la salle communale de Glimes (rue de la Tombe Romaine). Il abordera pour nous certains aspects de l’Histoire de la colonisation romaine de la Gaule. Nous espérons que cette conférence, d’accès libre, connaîtra le même succès que celle de l’année dernière.


Le samedi 16 mai, de 13h à 16h30, il sera également permis à 39 « chanceux » de découvrir gratuitement 2 sites archéologiques de la Hesbaye brabançonne ainsi que la nouvelle salle « gallo-romaine » du Musée d’Interprétation Archéologique du Brabant wallon, installé sur le site du domaine provincial d’Hélécine. Le nombre de places étant strictement limité, nous insistons pour que les personnes intéressées réservent au plus vite la leur.


Signalons enfin qu’un « Souper des Romains » sera organisé le samedi 16 mai, à partir de 18h30, à la salle communale de Glimes (Assiette froide romaine ou grillades de porc : 12 € et 8 € pour les – de 12 ans). Accès obligatoire via la place Saint-Joseph pour les personnes n’assistant pas aux reconstitutions. Vers 20h, un bûcher funéraire romain clôturera la journée du samedi.


Si vous désirez assister à la conférence du lundi 11 mai, ou à l’excursion archéologique du samedi 16 mai, ou bien encore au « Souper des Romains », nous vous demandons de nous signaler rapidement votre présence (0499.96.91.89 – joseph.tordoir@gmail.com).


Incourt : une bière blonde pour la Pentecôte !

publiée le 21 avril 2015


Et bien, oui ! Lors de notre chronique du 31 mars nous avons sacrifié à la tradition du poisson d’avril ! Que les Incourtois soient rassurés, la Fontaine Sainte-Ragenufle est en pleine forme et n’est donc pas sur le point de disparaître ! Elle sera d’ailleurs au centre de tous les intérêts lors de la procession organisée le dimanche de Pentecôte (24 mai). Qui plus est, ce sera durant ce même week-end, traditionnellement festif à Incourt, que l’association Cultura Nostra présentera, au rez-de-chaussée de la Maison communale (2, rue de Brombais), une cinquantaine de documents et objets originaux ayant trait à l’histoire locale (Incourt et entité). De quoi susciter la curiosité de plus d’un amateur d’histoire locale.


La Brasserie Sainte-Ragenufle


Certaines pièces présentées évoqueront plus particulièrement l’ancienne Brasserie Sainte-Ragenufle, ou Brasserie Stévenart, du nom de son exploitant Jules Stévenart (1848-1910). On peut avancer que cet entrepreneur avait été bien inspiré ! A la fin du XIXe siècle, deux autres brasseries existaient dans le village (chez Delfosse et Genotte), mais la sienne était la seule à utiliser les eaux de la Fontaine Sainte-Ragenufle dans le cadre de la fabrication de sa production, d’où son appellation spécifique.


A l’origine, le projet avait été à deux doigts d’échouer. Lorsqu’en 1888, Stévenart l’avait soumis aux membres de la Fabrique d’Eglise locale et sollicité l’appui du curé Joseph Monfils, ce dernier s’était montré plutôt conciliant … mais en apparence seulement ! Le jeune brasseur appartenait à une famille libérale jouissant d’une grande influence à l’échelle locale et fréquentant les offices du clergé comme la chose était courante à la campagne. Le curé avait donc décidé d’éviter le choc frontal… mais s’était par contre adressé à Malines ! Il était impensable, à ses yeux, de voir utiliser les eaux saintes de la Fontaine Sainte-Ragenufle pour la fabrication d’une bière ! Etant mal placé pour refuser personnellement la demande, il avait officiellement demandé à Malines de s’y opposer à sa place ! Contre toute attente de notre bon curé, le projet y avait manifestement été bien accueilli ! Dès le mois de mai 1888, Stévenart avait pu capter les eaux de la fontaine pour alimenter sa brasserie ! Et ses affaires avaient prospéré. Membre de l’administration locale, il était mort à Incourt en 1910, porteur de l’écharpe mayorale. Sa veuve et ses enfants maintinrent sa brasserie en activité, jusqu’aux alentours de 1926, sur le site de la ferme appartenant aujourd’hui à la famille Rappe. Elle fut ensuite remplacée par un teillage mécanique destiné à travailler le lin. L’activité brassicole familiale fut alors transférée à Dinant par Léon Stévenart, un des fils de l’ancien bourgmestre.


En souvenir de cette vieille histoire, l’association Cultura Nostra, fondée il y a 20 ans, a décidé de faire brasser une cuvée spéciale à l’occasion du week-end de la Pentecôte 2015 ! Il s’agira d’une bière blonde (33 cl) : la Sainte-Ragenufle ! Vous pourrez la goûter et la consommer, avec modération bien sûr, durant tout le week-end ! Encore une bonne raison de passer quelques heures en Hesbaye brabançonne ! Qu’on se le dise !


Incourt : la fontaine Sainte-Ragenufle bientôt asséchée ?

publiée le 31 mars 2015


Comme nous l’avons rappelé dans une de nos chroniques, Sainte Ragenufle fait l’objet d’un culte particulier dans le ressort de la paroisse d’Incourt depuis le début du 12e siècle. A l’origine, ce furent les reliques de la sainte, conservées en l’église Saint-Pierre, qui firent principalement l’objet de ce culte. A la fin du 16e siècle, l’église ayant été pillée et brûlée par des soudards, la châsse les contenant disparut et il fallut « repenser » certains aspects du culte. Celui-ci se concentra alors autour de la Fontaine Sainte-Ragenufle, située aux abords de l’Orbais, dans des prés humides sis entre Incourt et Dongelberg. Depuis lors, le site, rénové à diverses reprises, a toujours été très fréquenté tant par les croyants que les amateurs de l’eau limpide qui en jaillit quotidiennement. Les analyses, réalisées en ce début d’année 2015, ont encore confirmé le caractère potable de celle-ci.


Rien, et nous insistons bien sur le mot rien, ne laissait prévoir ce qui risque d’arriver aujourd’hui en raison des grands travaux que l’Intercommunale du Brabant Wallon a décidé d’entreprendre dans le cadre de l’assainissement des eaux du bassin de la Gèthe ! La Commune d’Incourt a été stupéfiée en prenant connaissance des derniers rapports résultant des sondages réalisés par les services de l’IBW ! Les travaux en sous-sol, liés à la pose d’un collecteur, entre Dongelberg et Incourt, au milieu de la rue Sainte-Ragenufle, risquent en effet de provoquer une modification de la configuration de certaines poches de la nappe aquifère et, par conséquent, d’entraîner un déplacement de la source alimentant la fontaine ! C’est notre collègue et ami Jean-Pierre Beaumont, échevin de la Commune d’Incourt qui, le premier, a été informé de cette situation qui risque de devenir dramatique tant pour les pèlerins que les usagers habituels de la fontaine ! Les études menées préalablement par les services de l’IBW et communiquées à la Commune d’Incourt n’avaient rien laissé transparaître de tel avant ces derniers jours !


La Fabrique d’Eglise d’Incourt ne pouvait évidemment rester les bras croisés face aux dangers résultants de la situation. Avec l’aide des services communaux, ces deux dernières semaines, des réserves conséquentes d’eau ont été constituées pour parer au pire ! Nul ne sait évidemment dire, aujourd’hui, si les travaux entraineront, ou non, une modification de débit, un assèchement complet ou l’apparition d’une source ailleurs, à 10, 20, 50 ou 100 mètres de la fontaine actuelle ! C’est donc pour apaiser les craintes légitimes que les bidons d’eau potable, stockés par la Fabrique dans 2 locaux appartenant à son président Mr. Decloux, seront rendus accessibles sur simple demande. Parallèlement, la Commune d’Incourt mettra évidemment tout en œuvre pour obtenir de l’IBW un état journalier de la situation et de son évolution ! Nous vivons l’impensable ! Mais cette situation, à vrai dire, n’est peut-être pas inédite ! Lors de la construction de la chaussée Namur-Louvain, en 1754, de grands travaux de terrassement avaient aussi été réalisés aux abords de la fontaine. Ces mouvements de terre n’avaient sans doute pas été sans conséquences. D’après nos dernières informations, Mme Irène Bolen, propriétaire de biens situés non loin de la fontaine, dont une piscine couverte alimentée naturellement, a déjà fait savoir qu’elle était prête à donner une nouvelle destination à celle-ci au cas où la situation prendrait une tournure dramatique ! Mais nous n’en sommes pas encore là !


A dater de demain matin 9 h, Mr Fernand Decloux dont le dévouement est bien connu de tous, est prêt à recevoir les appels de celles et ceux qui désireraient accéder au stock constitué par la Fabrique d’Eglise. Ce stock n’étant pas illimité, nous conseillons à toutes les personnes intéressées de prendre rapidement contact avec lui (au 0472.41.97.25) ou, en cas d’absence, avec moi-même (au 0499.96.91.89) pour organiser votre passage à Incourt. Ne pas oublier de vous munir d’une bouteille ou de tout autre récipient. Par ailleurs, l’échevin Jean-Pierre Beaumont est prêt à vous tenir informé de l’évolution de la situation durant les semaines à venir (0496.40.24.92).


Le château de Petit (H)acquedeau, à Basse-Roux

publiée le 17 mars 2015


Vous connaissez Basse-Roux ? C’est le nom que porte le hameau du village de Roux-Miroir qui s’est développé aux abords de Piétrebais, non loin d’une imposante ferme quadrilatère, appelée le Grand Hacquedeau, exploitée par la famille Brasseur et appartenant actuellement à la famille Orban de Xivry. Jusqu’au milieu du 18e siècle, cette ferme seigneuriale fut appelée la ferme d’Hacquedeau mais à la suite de la construction d’une nouvelle exploitation agricole à peu de distance de celle-ci, on jugea bon de différencier les deux fermes en leur attribuant un qualificatif. En 1768, le Petit Hacquedeau, à savoir la nouvelle exploitation, beaucoup plus modeste que son illustre voisine, appartenait à la famille Petiniot. Elle fit notamment l’objet d’une campagne de reconstruction durant l’année 1777, comme en témoigne encore un encadrement de porte millésimé visible dans une dépendance des lieux. En 1847, Michel Petiniot vendit le Petit Hacquedeau à Jean-Joseph Devlésaver, cultivateur à Longueville. Sept années plus tard, celui-ci revendit la ferme à Maximilien, Joseph et Caroline Ledocte, frères et sœur, les fermiers locataires de la ferme du Grand Hacquedeau. En 1861, ces derniers sortirent d’indivision et le Petit Hacquedeau échut en propriété au seul Maximilien Ledocte. La ferme était désormais le centre nerveux d’une exploitation agricole comportant environ 52 hectares.


Durant les années 1873-1874, Maximilien Ledocte, resté célibataire, fit disparaître la plus grande partie du corps de logis de l’ancienne ferme du Petit Hacquedeau et fit bâtir, à quelques pas de celui-ci, une imposante maison de maître, sorte de gentilhommière, essentiellement élevée en briques, que l’on désigna désormais sous le nom un peu pompeux de château de Petit Hacquedeau. Le nouveau châtelain appartenait à un lignage agricole qui, durant le 18e siècle, avait bien su mener ses affaires. En peu de générations, les Ledocte avaient en fait amassé des avoirs fonciers non négligeables dont l’exploitation rationnelle avait permis de dégager des rentes importantes. Caroline Ledocte, sœur dudit Maximilien et épouse de Jean van Zeebroeck, de Néthen, hérita du site en 1886. Neuf années plus tard, il fut attribué, suite à un nouveau partage familial, à son fils Joseph van Zeebroeck époux de Valentine Pirmez et, en cette année 2015, une branche de la famille van Zeebroeck est toujours propriétaire des lieux.


En raison de sa situation, le château de Petit Hacquedeau, ou de Petit Acquedeau, n’est pas très connu, mais ses occupants actuels, à savoir Eric van Zeebroeck et son épouse Gaëtane de Wouters, le sont beaucoup plus. Les travaux de construction de la Transincourtoise (liaison Roux-Miroir/Piétrebais) permettront d’ici peu, à tous les amateurs de belles promenades, à pied, à cheval ou à vélo, de cheminer paisiblement à peu de distance tant de la ferme du Grand Hacquedeau que dudit château. Mais attention ! Si vous y allez la nuit, les campagnes voisines sont, paraît-il, fréquemment parcourues par un ancien curé de Roux-Miroir, appelé Ledocte, chargé de la gestion des âmes à l’époque de la révolte des chouans de la Hesbaye, en 1798-1799. Si vous le rencontrez, saluez-le sans crainte, car il n’est pas bien méchant !


Le cimetière mérovingien de Folx-les-Caves

publiée le 03 mars 2015


On a beaucoup parlé ces dernières années, et à juste titre, de l’exceptionnel cimetière mérovingien (plus de 350 tombes) mis au jour à Bossut-Gottechain lors des fouilles archéologiques préventives réalisées avant le prolongement de la N25. En d’autres lieux de la Hesbaye brabançonne des cimetières du même type, mais comportant moins de tombes, ont également été découverts aux 19e et 20e siècles, souvent fortuitement. Nous évoquerons aujourd’hui celui de Folx-les-Caves.


En 1829, Jean-Philippe Cultiaux mis au jour, tout à fait par hasard, un caveau de forme rectangulaire à l’endroit appelé le Tombois, à proximité du ruisseau le Jaucot. Vers 1858, 2 ou 3 cruches et soucoupes en terre cuite furent encore découvertes à proximité du premier site. Près de cent années plus tard, en octobre 1955, l’ouvrier communal A. Berger, oeuvrant sur le site d’une sablière communale exploitée dans une parcelle voisine de celle où la découverte de 1829 avait été effectuée, rencontra à son tour une tombe dont la présence fut alors signalée au Service des Fouilles. Durant les mois qui suivirent, 29 autres tombes furent localisées et fouillées, 20 comprenant encore du mobilier funéraire. Chose habituelle pour l’époque mérovingienne, les cercueils avaient entièrement disparu, se résumant à quelques clous et taches colorées visibles sur le sol. Soumis à l’acidité du sol de Folx-les-Caves, les squelettes s’étaient désagrégés. Trois tombes conservaient cependant un crâne. A l’origine, le cimetière avait dû être plus étendu, mais les travaux entrepris par l’homme l’avaient petit à petit réduit.


Les éléments constituant ce mobilier funéraire, principalement de la vaisselle céramique et des armes diverses (épées, scramasaxes, francisques, fers de lance, etc.) ont permis aux archéologues de dater de la première moitié du VIe siècle (à partir de l’an 525) les tombes les plus anciennes de cette nécropole, les plus récentes datant de la fin du siècle suivant. Parmi les 20 tombes ayant conservé leur mobilier, 14 recelaient encore des armes. Contrairement à Bossut-Gottechain, les tombes de sujets féminins ne comportaient que peu de perles et de bracelets.


Les objets mis au jour par le Service des Fouilles furent déposés dans les collections des Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles, mais en 1963, plusieurs habitants de la région possédaient par contre les objets découverts sur place avant et après les opérations dudit service. Rassemblés par les époux Mercenier, de Marilles, la plupart de ces objets furent étudiés par le Cercle Archéologique Hesbaye-Condroz. Certains propriétaires de reliques mérovingiennes du cimetière de Folx-les-Caves se signaleront peut-être après la lecture de cette chronique. Attention, ne pas confondre cette nécropole mérovingienne, avec la nécropole gallo-romaine (tombes à incinération) découverte non loin de la première et attestant d’une occupation ancienne (près de 2000 ans) du terroir de Folx-les-Caves !


La tombe d'Herbais

publiée le 10 février 2015


Le tumulus de Glimes et celui d’Hottomont sont les plus imposants de ceux qui existent encore aujourd’hui en Hesbaye brabançonne. La plupart des tombes de ce type, érigées dans nos contrées entre la fin du Ier siècle et celle du IIe siècle de l’ère chrétienne, ont malheureusement disparu. Sous Herbais, hameau de l’ancienne Commune de Piétrain, aux abords de la rue du Tumulus, subsistent néanmoins les restes d’une tombe gallo-romaine qui fit l’objet d’une fouille partielle en 1897.


A l’époque, ce tumulus avait déjà fortement souffert des atteintes du temps. Un chemin reliant Herbais à Piétrain avait en partie entamé sa base. S’il faisait encore 23 mètres de diamètre sa hauteur ne dépassait plus les 3 mètres. Il n’a guère changé depuis et est toujours couvert d’une végétation qui permet de le localiser facilement à quelques centaines de mètres du village. Comme la plupart de ses semblables, ce tumulus avait fait l’objet d’un pillage en règle bien avant le passage de nos premiers archéologues. La chambre sépulcrale (2 m x 2 m x 1,50 m) que ces derniers avaient découverte sous la base du tertre avait en effet été en très grande partie vidée de son contenu. N’y subsistaient plus que quelques débris de cruches, de pots, de stèles et d’écuelles. Des morceaux d’objets en bronze y voisinaient certains débris d’ossements humains calcinés. Par chance, les pilleurs de tombe n’avaient pas porté leur attention sur une pièce en ivoire de 12,6 cm de longueur, traversée par une tige de fer, qui se trouvait dans un coin de la chambre sépulcrale.


Cette pièce en ivoire n’était autre que les restes de la poignée d’un parazonium, sorte de poignard ou d’épée courte portée à droite, comme marque de distinction, par les tribuns et les officiers supérieurs des armées romaines. Il avait immédiatement été comparé au parazonium retrouvé intact (38 cm de long), en 1876, dans un des tumuli du groupe d’Omal (près de Waremme), dont la poignée et le fourreau en ivoire ne formaient qu’une seule pièce couplée à une lame en fer. La tombe d’Herbais avait donc manifestement abrité les restes d’un vétéran des armées romaines ayant occupé un rang distingué dans la hiérarchie militaire et mort à la fin du Ier siècle ou au tout début du IIe siècle de l’ère chrétienne !


En cette même année 1897, le baron Alfred de Loë s’était aussi intéressé, sur les conseils des habitants du village, à une parcelle de terre, sise au lieu-dit Campagne d’Herbays, appartenant à l’époque au Bureau de Bienfaisance de Piétrain. Son équipe d’archéologues y avait rapidement découvert de nombreux débris de tuiles, des moellons, des tessons de poteries, des fragments de mortier avec traces de peinture murale, huit piliers d’hypocauste, des ferrailles, une cuillère en bronze ; le tout témoignant de la présence en cet endroit d’une structure d’habitat datant de l’époque gallo-romaine. Depuis lors, ce site n’a plus fait l’objet de fouilles scientifiques pas plus d’ailleurs que la tombe d’Herbais connue des promeneurs qui sillonnent les campagnes de Piétrain.


Nous profitons de l’occasion pour signaler que les 16 et 17 mai prochains, la Hesbaye brabançonne vivra une nouvelle fois à l’heure gallo-romaine, notamment aux abords du tumulus de Glimes, site qui accueillera des animations destinées aux petits comme aux grands amateurs de reconstitutions historiques antiques. Qu’on se le dise !


Jodoigne : un incendie, une médaille (1820) !

publiée le 27 janvier 2015


Le 18 avril 1820, vers midi, à la suite d’une imprudence, un violent incendie éclatait dans le quartier ouvrier situé en contrebas de l’église Saint-Médard. En quelques minutes, environ 25 habitations, flanquées ou non de granges, élevées aux abords des rues du Cimetière, du Modron et du Stampia étaient totalement réduites en cendres ! Les 28 familles les occupant, bien que sauves, avaient tout perdu ! Le sinistre laissait 111 personnes dans le plus grand dénuement ! Ce désastre allait émouvoir une partie de la Belgique et provoquer une vague exceptionnelle de soutien !


Une grande émotion !


L’incendie à peine éteint, le baron de Jamblinne, le bourgmestre de l’époque, s’était abouché avec les principaux notables de sa ville pour constituer une commission spéciale chargée, non seulement d’apporter des secours aux familles concernées, mais aussi de récolter le plus rapidement possible le fruit de collectes publiques organisées à sa demande dans plusieurs villes du pays ainsi que dans la plupart des villages des environs. Des démarcheurs Jodoignois avaient parcouru les plus beaux quartiers de Bruxelles, de Namur, de Tirlemont, de Nivelles, de Wavre, etc. Deux loges maçonniques bruxelloises avaient été sollicitées avec succès tout comme plusieurs sociétés commerciales de la capitale. Le célèbre peintre français David, séjournant à Bruxelles, avait offert 25 francs ! L’industriel anglais John Cockerill y avait lui aussi été de ses deniers ! Dès avant la fin de l’année 1820, plusieurs milliers de francs avaient été collectés à travers le pays, mais aussi à Paris, où un exilé volontaire, le négociant Louis-Antoine Rouvroy, avait à lui seul récolté près de 1.100 francs dans des salons mondains fréquentés par des sujets français, russes et allemands ! Dans la région de Jodoigne, toutes les familles notables avaient répondu à l’appel. A Jodoigne-Souveraine, la famille des comtes de Glymes avait été particulièrement généreuse.


Le bourgmestre de Jamblinne, propriétaire du château de la Vicomté situé sur la Grand-Place de Jodoigne, avait offert les 106 arbres destinés à la charpente des habitations à reconstruire. Dès avant la fin du mois d’avril 1820, les maçons Jacques Martin et Philippe Lhoost, épaulés par des charpentiers et des ardoisiers, avaient entrepris ce grand chantier. Les briques avaient été façonnées et cuites dans le quartier de la Blanchisserie. Avant le début de l’hiver 1820-1821, tout avait été rétabli ! Les incendiés avaient encore été suivis durant plusieurs mois par les commissions de secours et, le 25 février 1822, un arrêté de Guillaume Ier, roi des Pays-Bas, leur avait encore officiellement octroyé une indemnité de 9.989 francs !


Une médaille... avec mention latine !


Dans le but de remercier les différentes villes qui avaient autorisé les Jodoignois à collecter sur leur territoire, tout comme pour honorer les principaux bienfaiteurs privés qui avaient soutenu l’initiative, les autorités jodoignoises avaient décidé, dès le mois d’octobre 1820, de faire frapper 60 médailles commémoratives. Leur matrice avait été réalisée gratuitement par le graveur Simon. Les autorités hollandaises ayant refusé de voir apparaître sur la médaille un texte écrit en français, les Jodoignois avaient alors préféré l’usage du latin à l’usage du néerlandais ! Parallèlement, dans le but d’obtenir l’attention du roi Guillaume Ier, les principaux notables de la ville avaient fait frapper une médaille à l’effigie de leur souverain, médaille qui avait été remise à celui-ci lors de l’un de ses passages à Louvain. Les médailles réalisées en 1820 et destinées aux bienfaiteurs des sinistrés portaient chacune le nom de la ville ou de la personne à qui elle était destinée. Au moins deux membres de la famille de Glymes en furent gratifiés. Dans les collections du Cabinet des Médailles de la Bibliothèque Royale Albert Ier, à Bruxelles, est aujourd’hui conservée la médaille qui avait été offerte aux autorités de cette même ville.


Qui se souvient encore, dans le quartier du Modron ou celui du Stampia, de ce terrible incendie de l’année 1820 ? Sans doute peu de monde. Pour assister à l’une ou l’autre représentation de la troupe des Baladins du Miroir, qui s’installe dans les locaux de l’ancien Moulin du Stampia, vous aurez certainement l’occasion, d’ici peu, de flâner dans ce quartier peu connu du grand public.


Septembre 1830. Quand Charles Rogier risquait sa peau, entre Jodoigne et Grez-Doiceau !

publiée le 13 janvier 2015


Tout le monde le sait, la vie ne tient qu’à un fil ! Et il est des grandes destinées qui auraient pu ne jamais s’accomplir si elles n’avaient été quelque peu favorisées. Celle de Charles Rogier, le révolutionnaire de 1830, aurait par exemple pu prendre fin brutalement, en septembre de cette année-là, près du Bois de Beausart, non loin de Cocrou.


Révolution !


Le 5 septembre 1830, une compagnie commandée par Charles Rogier, formée de 300 volontaires armés et équipés, se rendant de Liège à Bruxelles, est chaleureusement accueillie par les Jodoignois. Appelé à adresser quelques mots à ceux-ci du haut du perron de l’Hôtel de Ville, Rogier harangue une foule qui acclame la révolution et conspue la couronne d’Orange ! Le vin d’honneur est ensuite offert aux Liégeois. Rogier est, selon ses propres dires, reçu comme un Dieu. La troupe loge en ville et dès le lendemain matin, vers 6 heures, prend la direction de Grez-Doiceau, renforcée par une vingtaine de volontaires jodoignois ! L’actuelle chaussée Wavre-Jodoigne n’existe pas encore et la troupe serpente sur un chemin qui la conduit au Bois de Beausart, dernier obstacle naturel à traverser avant d’atteindre la petite bourgade grézienne.


Ce 6 septembre, un jeune homme âgé de 14 ans, le prince Guillaume de Looz, à savoir un des filleuls et des pages du roi Guillaume Ier des Pays-Bas, est sorti de bon matin pour une petite partie de chasse. Orphelin de père, il réside avec sa mère au château de Piétrebais-lez-Grez, demeure aux allures médiévales, élevée à la lisière de Grez et entourée de douves. La famille princière a déjà été informée des premiers troubles survenus à Bruxelles et n’a pas accueilli ceux-ci d’un bon œil. Elle est orangiste et donc fidèle au roi Guillaume Ier. Bien qu’encore jeune, le prince de Looz est un fin tireur. Il a bénéficié dans ce domaine des connaissances du vieux garde-chasse Toussaint Maricq, de Dion-le-Val, et celui-ci l’accompagne ce matin-là. Il est vraisemblablement déjà âgé de 80 ans, mais reste vif et ses conseils sont judicieux. Le jeune prince vient d’abattre un lièvre d’un coup de fusil, près de la fontaine Saint-Sébastien, à environ 80 m de la route que doivent emprunter les révolutionnaires lorsque ceux-ci apparaissent subitement à la lisière du Bois de Beausart ! La tête de la colonne progresse en direction de la ferme de la famille Denain. Des révolutionnaires ! Le sang du jeune prince ne fait qu’un tour ! Ayant rechargé son fusil, il met en joue l’homme à cheval qui paraît commander la troupe. Rogier est loin de s’imaginer que son destin est alors entre les mains d’un jeune aristocrate de 14 ans ! Soudain, alors que le coup fatal est prêt à partir, le vieux Maricq arrache l’arme des mains de son maître s’empressant, pour éviter la colère de celui-ci, de préciser que les insurgés sont trop nombreux et risquent, en représailles, de brûler le château familial ! Le prince de Looz est bien forcé d’en convenir. Maricq venait de sauver la vie de celui qui allait devenir une des principales figures politiques du nouvel Etat belge et qui serait appelé à exercer à différentes reprises la fonction de Premier Ministre ! Il s’en était donc fallu d’un rien pour que tout s’arrête à Grez, le 6 septembre 1830. Rogier, après être passé par Grez et Wavre était finalement arrivé à Bruxelles, chevauchant un cheval que le Jodoignois Xavier Grégoire (celui de la rue Grégoire-Nélis) avait accepté de lui prêter à Wavre.


La prochaine fois que vous irez à Jodoigne et entrerez dans la Salle des Calèches, au Château Pastur, n’oubliez pas de jeter un œil sur le drapeau d’honneur qui fut officiellement décerné à la Ville de Jodoigne, en septembre 1832, en reconnaissance et souvenir de ses volontaires envoyés à Bruxelles deux années plus tôt. Il s’agit évidemment d’une pièce unique qui a assez bien survécu aux atteintes du temps ! Nous vous déconseillons par contre d’haranguer la foule du haut du perron de l’ancien Hôtel de Ville (l’actuel Hôtel des Libertés) ; votre geste risquerait de susciter quelques interrogations !


De Sart-Risbart à Lourdes et de Lourdes à Sart-Risbart !

publiée le 16 décembre 2014


Dans une de ses chansons, le chanteur breton Gérard Jaffrès, qui s’est produit récemment à Roux-Miroir, souligne avec humour que sa grand-mère fut une grande voyageuse. Elle se rendit selon lui 38 fois en pèlerinage à Lourdes. Et il n’y eut, selon son mari, jamais de miracle… puisqu’elle en revint à chaque fois ! Héloïse-Antoinette Delfosse, née à Sart-Risbart en février 1836, fut elle aussi une grande voyageuse ! Elle se rendit 18 fois à Lourdes entre 1874 et 1897 ! Et, à l’instar d’autres pèlerins, elle en ramena divers souvenirs ! Parfois de belles dimensions !


Une véritable expédition pour l’époque


En juillet 1858, la petite Bernadette Soubirous déclara avoir vu la Vierge à 18 reprises, à Lourdes, dans la petite grotte de Massabielle. Ces apparitions ayant été officiellement reconnues en 1862 par l’évêque de Tarbes, un culte exceptionnel se développa sur ce site resté jusqu’alors assez sauvage. En Belgique, en septembre 1874, les milieux catholiques romains organisèrent un premier pèlerinage national belge auquel participèrent quelques ecclésiastiques mais aussi des laïques appartenant à la bourgeoisie, petite ou grande. Le Brabant wallon de l’époque ne demeura pas en reste puisque 17 curés, vicaires et coadjuteurs participèrent à l’expédition, tout comme 37 laïques, dont un bon nombre de vieilles filles. Héloïse-Antoinette Delfosse était alors âgée de 38 ans. Elle fit notamment le voyage en compagnie d’une épouse Prévinaire d’Opprebais, accompagnée par le vicaire de cette paroisse. Les curés de Marilles, de Folx-les-Caves, d’Huppaye, de Molembais-Saint-Pierre et de Glimes avaient eux-aussi été de la partie !


Comme nous l’avons dit, Héloïse-Antoinette Delfosse réédita plusieurs fois l’expérience de ce pèlerinage en train qui n’était pas à la portée de toutes les bourses. Il en coûtait environ 100 francs à chacun des participants, somme énorme pour l’époque ; et ce montant ne garantissait pas la mise à disposition d’un logement de première classe ! En 1874, les « marchands du temple » avaient depuis déjà belle lurette investi les lieux et les pèlerins étaient soumis à de multiples tentations : chapelets divers, prières, images, photographies souvenirs et médailles religieuses de toutes espèces sanctifiées au contact de la Grotte des apparitions. Lors de l’un de ses périples, Héloïse-Antoinette jeta au diable l’avarice ! Dans sa jeunesse, elle avait souhaité se faire religieuse dominicaine mais avait renoncé à sa vocation par dévouement filial. Elle avait néanmoins décidé de porter le cilice sous ses vêtements de jour, supplice permanent qui n’avait pas facilité ses séjours à l’étranger. Cette femme très pieuse décida donc, lors de l’un de ses voyages à Lourdes, d’en ramener une grande statue de la Vierge identique à celle que l’on pouvait voir dans la grotte depuis 1864 et qu’elle y avait fait bénir ! Imaginez-vous l’expédition ! Que du bonheur aux yeux d’Héloïse-Antoinette qui habitait à l’époque la Nouvelle Cense de Risbart, à savoir les lieux occupés aujourd’hui, à Sart-Risbart, par les résidents des Aubépines.


Arrivée intacte à Sart-Risbart, la belle et grande statue fut placée sur un autel érigé dans un grand salon transformé en oratoire de fortune. Rapidement, ce nouveau sanctuaire devint le centre d’un pèlerinage local et, lors de certaines fêtes religieuses, la statue de la Vierge était promenée dans les rues du village. Il est vrai qu’elle était habituée au voyage... A vrai dire, il y a là bien plus qu’une simple anecdote. A la suite des déplacements de plus en plus fréquents à Lourdes, nombreux furent les catholiques fervents qui décidèrent non seulement de ramener une représentation de la Vierge, mais aussi d’aménager chez eux des répliques, grandeur nature ou presque, de la grotte de Massabielle ! La famille du comte du Monceau, de la Chise, en fit notamment aménager une à Chapelle-Saint-Laurent, à la sortie du village, côté Biez. La même famille en installa, une seconde, plus petite, sur le site de l’école libre qu’elle fit ériger à Piétrebais au début du XXe siècle ; site qui abrite aujourd’hui une école officielle. Nous pourrions multiplier les exemples en Hesbaye brabançonne et on peut dire que souvent les travaux furent réalisés avec goût et une certaine touche artistique ! A voir !


Beauvechain : Les années de guerre de la base aérienne

publiée le 09 décembre 2014


Il y a 70 ans, le 23 décembre 1944, grâce au retour d’un temps moins nuageux, plusieurs avions de la 9th Air Force américaine décollèrent de la plaine d’aviation de Beauvechain pour participer à la bataille des Ardennes et stopper l’offensive von Rundstedt ! Depuis plusieurs années, on évoque périodiquement l’éventuelle fermeture de la base aérienne de Beauvechain. Celle-ci ne semble pas encore décidée et les circonstances nous incitent à évoquer aujourd’hui les moments forts des premières années d’existence de ce site militaire.


Dans la tourmente


Ce fut au beau milieu des années ’30 que l’Etat belge s’intéressa à la grande plaine occupant le plateau agricole délimité, grosso modo, au nord, par les villages de Nodebais, de Tourinnes-la-Grosse et de Beauvechain, au sud, par ceux de Piétrebais et de Mélin. De 1934 à 1936, un peu plus de 60 ha furent alors acquis entre le hameau de La Bruyère et Tourinnes-la-Grosse, au Culot. Parallèlement, de 1935 à 1939, l’Etat acquit aussi des terrains agricoles situés entre Beauvechain, La Bruyère et L’Ecluse, à proximité du hameau des Burettes. Deux champs d’aviation militaire devaient théoriquement y voir le jour, mais en Belgique les moyens manquaient déjà ! Il s’agissait, qui plus est, d’un projet théoriquement secret !


Ces deux terrains de campagne ne connurent leurs premiers réels et timides aménagements qu’à la suite de la mobilisation du mois de septembre 1939. Le 11 mai 1940, leurs infrastructures de fortune furent mitraillées et bombardées par l’aviation allemande qui en profita pour anéantir les Hurricane et Gloster belges sauvés, le jour précédent, lors du bombardement de la base de Schaffen. Abandonnés par l’armée en retraite, les deux terrains furent investis par l’armée allemande dès le 14 mai et, 3 jours plus tard, la Luftwaffe en prit officiellement possession. Le 19 mai, les premiers Messerschmitt 109 E-1 se posaient aux Burettes et, le 15 juin suivant, la plaine de La Bruyère accueillait ses premiers bombardiers Junkers 88 A-1 ! Ces avions participèrent successivement aux campagnes de Belgique et de France avant de prendre part, à partir du mois de juillet 1940, à la célèbre Bataille d’Angleterre finalement remportée par les pilotes de la Royal Air Force (RAF).


Ce furent les Allemands qui, à dater du mois d’août 1940, dirigèrent le réel aménagement des deux champs d’aviation. La Ferme Maisin, au Culot, abrita la Fliegerhorstkommandantur tandis que la plupart des châteaux de la région reçurent, durant toute la guerre, leur quota de pilotes allemands. A dater de 1943, des membres de la Vlaamsche Wachtbrigade, une émanation du VNV (Vlaamsche Nationaal Verbond), furent associés à la surveillance des installations militaires qui allaient de plus en plus souvent faire l’objet de raids entrepris par l’aviation alliée. Les plus importants de ceux-ci, survinrent au printemps et durant l’été 1944, avant et après le débarquement du 6 juin. Le 27 avril, 98 forteresses volantes américaines B-17 larguèrent notamment 264,5 tonnes de bombes explosives sur la plaine du Culot. D’autres bombardements importants survinrent le 14 juin, le 30 juin et le 5 juillet 1944. Lors du dernier, l’église de La Bruyère fut gravement endommagée et plusieurs civils, habitant les maisons voisines, perdirent la vie. Malgré ces bombardements et de multiples attaques aériennes, à la mi-juillet 1944, la base allemande accueillait encore une trentaine d’avions. Les Allemands résistèrent désespérément aux attaques alliées. Le 3 septembre, ils décidèrent finalement de faire sauter les pistes et toutes les installations dans le but de rendre la base inutilisable. Trois jours plus tard, le site fut officiellement investi par les premiers soldats américains. Quelques jours plus tard, les premiers Spitfire et Mosquito de la Royal Canadian Air Force (RACF) atterrirent à Beauvechain, remplacés, le 23 octobre, par les chasseurs P-47 Thunderbolt de la 9th Air Force américaine, ceux-là même qui participèrent deux mois plus tard à la Bataille des Ardennes !


Pour rappel, un musée, ouvert au grand public et s’intéressant à l’histoire du site depuis de son aménagement, existe sur la base militaire de Beauvechain (1WING HISTORICAL CENTER – BEAUVECHAIN – 010.68.22.02). Libre à vous de lui rendre visite !


De Roux-Miroir à Jérusalem...

publiée le 02 décembre 2014


Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage … Cette béatitude éclaira un jour le visage d’un habitant de Roux-Miroir : un homme libre connu sous le nom d’Evrard de Ruez, lisez de Roux. Apparenté au puissant lignage des seigneurs de la terre de Dongelberg, ce brave, dès avant l’année 1178, s’était lancé dans une grande aventure. Il s’était en effet rendu en Terre Sainte, plus exactement à Jérusalem et avait notamment eu l’occasion de visiter le Saint-Sépulcre ! Le pied absolu pour un chrétien de l’époque !


Pour remercier les Hospitaliers…


On ne connait cet Evrard de Ruez que grâce à quelques-unes des donations qu’il fit, entre 1172 et 1178, à différentes institutions ecclésiastiques établies dans nos contrées. En 1172, il avait cédé à la Chapelle Notre-Dame de Wahenge, propriété de l’abbaye d’Averbode, 15 bonniers de terres incultes et boisées situées dans le ressort de Dongelberg, au lieu-dit Harlut. Cinq années plus tard, il avait gratifié l’abbaye de Villers de quelques terres sises sous Sart-Risbart. Enfin, en 1178, il avait obtenu de l’évêque de Liège la confirmation d’une donation qu’il avait faite, avec l’accord de sa femme, au bénéfice de l’Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, ordre reconnu par l’Eglise depuis l’année 1113. Celle-ci consistait en la moitié de l’église paroissiale de Dongelberg, avec la moitié des droits et dîmes qui étaient liés à celle-ci. Il avait stipulé, à l’époque, que son geste était lié à son séjour en Terre Sainte et il avait tenu à faire apparaître dans l’acte de donation une référence à la visite qu’il avait faite du Saint-Sépulcre ! En 1181, la veuve du seigneur Guillaume de Dongelberg, 3e du nom, avait complété cette donation par l’abandon à l’Ordre de l’Hôpital de 15 bonniers de terre, de deux fermes à Brocuy et d’une habitation localisée sous Dongelberg. A la fin de l’Ancien Régime, la plupart de ces propriétés foncières appartenaient encore au même ordre, appelé l’Ordre de Malte depuis le transfert, en 1530, de son siège principal sur l’île méditerranéenne du même nom.


En raison de la rareté des sources, bien malin serait celui qui pourrait donner avec précision l’année du grand voyage entrepris par cet Evrard de Ruez. La première croisade, celle à laquelle avait participé Godefroid de Bouillon, avait été entreprise bien plus tôt, à savoir en 1096. La seconde, entreprise en 1146 avait échoué en 1149 et la troisième n’avait débuté qu’en 1189, soit plusieurs années après les donations que nous venons d’évoquer. Et si notre Evrard avait accompli son périple en dehors de ces grandes expéditions punitives ! La route de Jérusalem était dangereuse mais l’engouement pour le Saint-Sépulcre était grand. On notera avec intérêt, que cet «atout touristique» majeur, détruit par les Turcs seldjoukides durant l’an 1009, avait été reconstruit vers 1033, pour le millième anniversaire de la mort présumée du Christ et en prévision d’une grande affluence de pèlerins ! Plus d’un siècle plus tard, en 1149, le Saint-Sépulcre avait à nouveau fait l’objet d’une reconstruction et on peut supposer que c’était ce site-là que notre habitant de Roux-Miroir avait eu la chance de visiter entre 1149 et 1178, peut-être d’ailleurs en compagnie de l’un ou l’autre membre de sa puissante famille. Un Dongelberg et un Jauche avaient en effet figuré, en 1173, parmi les témoins de l’acte par lequel l’évêque de Liège avait confirmé aux Hospitaliers la possession de l’église Saint-Médard de Jodoigne, abandonnée à leur profit par le comte Gilles de Duras.


Un des derniers souvenirs indirects de l’acte posé au XIIe siècle par Evrard de Ruez, consiste en la présence d’une petite pierre blanche, portant une croix amalfitaine (celle à 8 pointes), dans le mur de clôture de la nouvelle cure de Dongelberg (1866-1867). Cette pierre est visible de la route … mais attention au virage !


Jodoigne : l'homme nu de la place Urban !

publiée le 18 novembre 2014


Nous consacrons une nouvelle chronique aux deux expositions 14-18 que la Ville de Jodoigne accueille jusqu’au 30 novembre prochain et que nous vous conseillons vivement de visiter. Parmi les souvenirs les plus visibles de la Grande Guerre que l’on peut encore voir aujourd’hui dans le cœur de Jodoigne, le Monument de la Victoire, érigé sur la place du même nom, occupe évidemment une place de choix. L’homme nu de la Place Urban, comme se plaisait à l’appeler le regretté Fernand Gilles, brave les intempéries depuis le mois d’octobre 1922 !


Le 24 décembre 1920, les autorités politiques et administratives locales, présidées par le bourgmestre Gustave Martin, décidèrent de constituer un comité chargé de préparer l’érection, sur la place Urban, d’un monument destiné à rappeler le sacrifice des combattants jodoignois. Ce Comité du Monument, composé de personnalités issues de tous les milieux associatifs, politiques et philosophiques, prit contact avec l’architecte bruxellois Jean Hendrickx. En janvier 1922, le bourgmestre Emile Charlot sollicita le gouvernement belge et la Province de Brabant dans l’espoir d’obtenir des subsides destinés à financer partiellement le projet dont le coût était estimé à environ 43.000 francs. Le sculpteur Marcel Wolfers fut chargé de réaliser la statue en bronze qui devait trôner au sommet du monument. Cet artiste ayant l’habitude de représenter des hommes dans leur état naturel, son oeuvre prit la forme d’un homme nu, mais sans sexe, présenté debout et de face, ayant le bras droit tendu vers ciel tandis que sa main gauche maintenait une épée collée contre son corps. Il s’agissait d’une représentation allégorique du Droit et de la Justice.


Le 15 octobre 1922, le monument fut inauguré en présence d’Albert Devèze, ministre de la Défense nationale et diverses manifestations furent organisées en ville. Afin de garder le souvenir de ces cérémonies patriotiques, le notaire Max Pastur, volontaire de guerre qui s’était investi dans la réalisation du projet, fit filmer les moments forts de la journée ! Un document exceptionnel miraculeusement conservé par ses descendants et tout à fait inédit. La première partie de ce petit film a été récemment numérisée et est diffusée au rez-de-chaussée de l’Hôtel des Libertés sur la grand-place de Jodoigne. Plusieurs figures locales, au rang desquelles les notaires Max Pastur et Emile Charlot retrouvent vie quelques minutes ! Que de monde dans Jodoigne ! Une véritable marée humaine ! Que de visages connus et inconnus aux épaisses moustaches ! Si vous reconnaissez un grand-père ou un parent, n’hésitez pas à nous le signaler. Pour rappel, l’exposition du rez-de-chaussée de l’Hôtel des Libertés est accessible librement, tous les jours, entre 9h et 17h. La seconde exposition, installée à la Chapelle Notre-Dame du Marché est également visitable, mais de préférence sur rendez-vous (Centre Culturel de Jodoigne, 010.81.15.15). Des objets et document exceptionnels vous y attendent aussi ! Qu’on se le dise !


14-18. Expositions à Beauvechain et Jodoigne. On cherche du vin !

publiée le 04 novembre 2014


Comme vous pouvez l’imaginer, en ce mois de novembre 2014, plusieurs initiatives seront prises dans le but de rappeler les « grands » et tristes moments de la 1ère Guerre. Dans plusieurs communes, les traditionnelles cérémonies patriotiques du 11 novembre présenteront d’ailleurs un caractère très solennel. Deux expositions « historiques » seront aussi accessibles à partir du week-end des 8 et 9 novembre.


A Beauvechain, c’est la Maison communale qui accueillera le fruit des recherches du bourgmestre Marc Deconinck et d’une équipe de bénévoles qui se sont plongés dans l’histoire locale et les souvenirs de la 1ère Guerre. Douze panneaux, financés par la Province du Brabant wallon, mettront en valeur les documents rassemblés au fil des mois. A Jodoigne, l’exposition 14-18, réalisée à l’initiative du Centre Culturel, occupera le rez-de-chaussée de l’Hôtel des Libertés ainsi que la Chapelle Notre-Dame du Marché. Le volet local et régional sera développé dans le premier de ces lieux, le volet national et international dans le second. Ici aussi, c’est la Province du Brabant wallon qui a permis la réalisation de l’exposition et la mise en valeur des principaux documents qui seront présentés au public. Le Député provincial Mathieu Michel a parfaitement compris la portée citoyenne des deux projets.


Ces expositions « évoqueront » la 1ère Guerre. Elles sont destinées à souligner certains grands moments, le sort ou la destinée exceptionnelle de quelques acteurs involontaires de ce grand drame, à l’échelle locale notamment. Il est cependant des choses qu’il est bien difficile d’illustrer dans une exposition. Nous aurions aimé, notamment à Jodoigne, pouvoir présenter la photo d’un soldat allemand ivre ! Il s’agit évidemment d’un clin d’œil qui nous permet d’évoquer ici l’aspect très « arrosé », côté allemand, de la campagne militaire du mois d’août 1914 ! Ce qui malheureusement, en beaucoup d’endroits, déboucha sur des drames…


A cette époque, à en croire le doyen de Jodoigne, les Allemands s’étaient intéressés de très près aux caves de la plupart curés de la région ! Elles avaient été sérieusement délestées. Le 19 août, le curé de Bomal avait notamment vu filer : 405 bouteilles de Bordeaux, 19 bouteilles de champagne, 13 bouteilles de Bourgogne et… 35 bouteilles de vin de messe ! Très marqué par l’intrusion brutale des Allemands à son domicile, il en était mort d’émotion 5 mois plus tard ! Les caves des châteaux avaient aussi constitué des cibles idéales. Le même 19 août, des officiers avaient exploré celles du château d’Opheylissem. La beuverie, à laquelle la troupe fut associée, dura toute une nuit ! Les caves de la famille Roberti de Winghe, au château de Beausart, connurent le même « grand soir » ! Un prêtre cheminant de Wavre vers Mélin avait noté que les fossés de la chaussée provinciale, du Bois de Beausart jusqu’aux abords de la ferme La Chise, sous Piétrebais, étaient parsemés de bouteilles vides ! A Incourt, le long de la chaussée Louvain-Namur, les caves de la ferme-brasserie Stévenart avaient été « asséchées » en quelques minutes … Rappelons, enfin, qu’à Jodoigne, en fin d’année 1914, le commandant allemand de la place, un certain von Niessen, imposa à la population jodoignoise la fourniture de 15.000 bouteilles de vin ! Afin d’éviter la visite systématique des caves bourgeoises, les autorités locales avaient décidé d’acheter les bouteilles réclamées chez un grossiste étranger à la cité…


Ceci dit, espérons que pour le vernissage de son exposition le Centre Culturel de Jodoigne pensera à sortir quelques vieilles bouteilles ! Après les avoir vidées, les organisateurs prendront, avec plaisir, le risque de les exposer… Pour toute information sur les heures d’accès et les visites guidées, nous vous proposons de contacter le Centre Culturel de Jodoigne (010.81.15.15) ou de visiter son site : www.culturejodoigne.be


Piétrain 1918 : un socialiste héberge un duc !

publiée le 21 octobre 2014


Gricourt, une municipalité d’environ 900 habitants à 2 km au nord de Saint-Quentin, dans l’Aisne, région de Picardie, vous connaissez ? Nous supposons que non… à moins qu’à Piétrain quelques anciens se souviennent des évacués français de l’année 1918.


Cette année-là, comme nous l’avons déjà rappelé dans une notice consacrée à l’ambulance pour évacués ouverte au château de Dongelberg, des dizaines de milliers d’habitants du Nord sont priés par les Allemands d’évacuer leurs villes et villages en abandonnant presque tout derrière eux. Ces évacués transitent par la Belgique et le Brabant. Acheminés en train, puis en chariots à betteraves, la plupart sont décrits comme malades et couverts de vermine ! Ils déboulent en masse, toutes classes sociales confondues, le malheur frappant tant le vieux mineur que l’aristocrate ou le grand bourgeois. Le maire de Gricourt, en compagnie de sa femme et d’une cuisinière, accompagne ses administrés. Son château, élevé au hameau de Fresnoy-le-Petit, a été détruit. Le 30 septembre 1918, le ménage fait partie des dizaines d’évacués que les habitants de Piétrain sont priés de prendre en charge. A la ferme du « Bon Dieu », chez Justinien Tordoir-Fontaine, toutes les chambres sont remplies. Le maire de Gricourt logera donc chez Alfred Viré-Tordoir, le président de la section locale du Comité National de Secours et d’Alimentation. Une cohabitation assez surprenante quand on connaît le profil des protagonistes !


Le maire de Gricourt, prénommé Napoléon, porte un nom célèbre de l’histoire de France. Il n’est autre que le 3e duc de Tascher de la Pagerie ! Son grand-père paternel, mort en 1839 à La Martinique, avait eu pour cousine germaine une certaine Joséphine de Tascher de la Pagerie, née en 1763 sur cette île paradisiaque, mariée en secondes noces avec un certain Napoléon Bonaparte ! Destin impérial ! Au fil des décennies, malgré la célèbre répudiation, les deux familles étaient restées proches. En 1856, c’était l’Empereur Napoléon III, neveux du Ier, qui avait accepté d’être le parrain du petit Napoléon. A la fin du XIXe siècle, la famille appartenait aux milieux conservateurs. Maire de Gricourt depuis 1908, le 3e duc de Tascher de la Pagerie respectait la tradition… et le voilà, en septembre 1918, logé à Piétrain chez le leader local du Parti Ouvrier Belge ! Elevé au sein d’une famille libérale, foncièrement anticléricale – la gauche de l’époque -, Alfred Viré avait adhéré en 1895 au POB – l’extrême-gauche. Cette même année, sa nomination en tant que bourgmestre avait été refusée par le gouvernement catholique, celui-ci ne pouvant confier l’écharpe mayorale de Piétrain à un adversaire de l’ordre et de la propriété ! Candidat sur des listes provinciales et législatives du POB, Viré, au fil des années, n’avait fait qu’aggraver son cas aux yeux du gouvernement catholique. En août 1914, il était échevin de Piétrain. L’Union Sacrée ayant obligatoirement présidé à la création des comités locaux du Conseil National de Secours et d’Alimentation, il avait obtenu la direction de celui de sa commune.


Le 30 septembre 1918, les représentants de 2 mondes bien différents se rencontraient donc au hasard et à la faveur d’une terrible guerre ! Avaient-ils, ce soir-là, parlé de la Révolution bolchevique et de ces jeunes soldats allemands qui arboraient de plus en plus souvent le drapeau rouge ? Ou du destin de Jean Jaurès ? S’étaient-ils simplement contentés d’évoquer l’approvisionnement difficile en denrées alimentaires et le prix élevé des pommes de terre et du charbon ? Rien n’est impossible dans le pays du surréalisme ! Ce qui est certain c’est qu’une rue de Gricourt, comme beaucoup d’autres en France, porte le nom du célèbre tribun socialiste assassiné à Paris le 31 juillet 1914. Pour les âmes sensibles, ajoutons que le 3e duc de Tascher de la Pagerie survécut à la rencontre ainsi qu’à son séjour inattendu en Brabant wallon. Après la guerre, il fit rebâtir un château au hameau de Fresnoy-le-Petit et dirigea la petite municipalité de Gricourt jusqu’à l’époque de son décès survenu en 1935. Ses opinions politiques n’avaient pas changé…


Jodoigne-Souveraine : l'Hostel de Glymes (1764)

publiée le 07 octobre 2014


Les usagers de la chaussée de Tirlemont-Charleroi connaissent bien le château de Jodoigne-Souveraine, propriété de la famille de Traux de Wardin. Les bâtiments, en partie victimes d’un grave incendie le 23 mars 2000, ont heureusement rapidement retrouvé toute leur superbe. Le domaine n’est pas ouvert au public mais fait parfois l’objet de visites guidées organisées en collaboration avec son propriétaire. Le site est évidemment un des fleurons historiques et architecturaux de la Hesbaye brabançonne.


Une cense transformée en hostel


Comme une pierre insérée dans la façade principale du château le rappelle, sa construction fut entreprise en 1764 à la demande conjointe du comte Antoine de Glymes et de son frère utérin le baron Ernest de Spangen. A l’époque, les deux hommes avaient décidé de faire rebâtir à neuf leur ferme appelée la Cense de l’Hostel. En 1635 celle-ci, avait été entièrement réduite en cendres par des soldats français. Reconstruite dès avant l’année 1652, elle avait encore eu à souffrir à diverses reprises des fureurs de la soldatesque durant les dernières décennies du XVIIe siècle. Désirant se doter d’une résidence de plaisance, les frères utérins avaient revu l’organisation des lieux et fait disparaître les principales structures anciennes. On parlerait désormais de l’Hostel de Glymes. Ses principales composantes étaient disposées autour d’une grande cour de forme quadrilatère. Un grand et luxueux quartier, qui donnait un caractère seigneurial au site, voisinait des bâtiments de ferme réservés à l’usage d’un fermier. Les travaux entrepris en 1764 n’étaient pas encore entièrement terminés douze années plus tard. Il est vrai que les alentours de l’Hostel avaient eux aussi été repensés puisqu’un plan d’eau y avait été aménagé. Il était encore question de doter les lieux d’un donjon, mais la mort du comte Antoine de Glymes, survenue en août 1776, avait sans doute mis un terme au projet.


Henri-Joseph-Nicolas de Glymes de Hollebeke, neveu du comte Antoine, avait hérité du château de Jodoigne-Souveraine en 1792. Le site prestigieux était ensuite devenu l’apanage de son fils, le comte Henri-Ferdinand de Glymes de Hollebeke mort à Jodoigne-Souveraine en 1865. Les 3 filles de ce dernier n’avaient pas voulu morceler le domaine. C’était une d’elles, prénommée Octavie, qui s’était unie au baron Wenceslas de Traux de Wardin. Avec l’aide de sa sœur Eugénie, elle avait notamment étendu le parc du château. En 1871, elle avait fait disparaître la grange imposante de l’ancienne ferme qui s’élevait aux abords de la chaussée Tirlemont-Charleroi et avait remplacé celle-ci par de grands et beaux jardins. C’est cette initiative, prise il y a plus de 140 ans, qui permet aujourd’hui aux usagers de cette même chaussée d’avoir une vue partielle sur la façade intérieure du château.


En 2014, le domaine du château de Jodoigne-Souveraine demeure à peu près intact et ce, notamment, pour le plus grand plaisir des jeunes mariés qui aiment à flâner auprès de son étang. Combien de robes blanches ont profité de cet écrin de verdure pour être mises en valeur ? Nul ne le sait vraiment, mais assurément des dizaines et des dizaines.


Les maîtres Jacques et Henri de Gobertange, deux artistes de la fin du XIVe

publiée le 23 septembre 2014


Les comptes de quelques grands chantiers de construction entrepris en Brabant durant les XIVe et XVe siècles permettent d’attester qu’à cette époque le sous-sol de la région de Gobertange faisait déjà l’objet d’une intense activité extractive. Grâce à la qualité de leurs réalisations, quelques maîtres-tailleurs de pierre jouissaient alors d’une grande renommée. Celle-ci avait poussé plus d’un promoteur à recourir à leur art. Les maîtres Jacques et Henri de Gobertange figurèrent parmi les plus célèbres de ces artisans qui contribuèrent à l’efflorescence du style gothique brabançon.


Appelés, dès les années 1359-1360, à alimenter en pierres de Gobertange le chantier de construction de la chapelle Notre-Dame-au-Lac de Tirlemont, dirigé par le célèbre Jean d’Oisy, ces deux frères, qualifiés de « magistro », y avaient été remarqués en raison de la qualité de leurs travaux. Entre 1374-1375 et 1383-1384, Jacques de Gobertange avait officiellement pris la tête du chantier tirlemontois et n’avait abandonné celle-ci qu’en 1396. Selon certains, dès 1377, il avait parallèlement été appelé à travailler à Bruxelles sur le chantier de la collégiale Sainte-Gudule. Chargé, une vingtaine d’années plus tard, de l’achèvement du chœur de la cathédrale Notre-Dame d’Anvers, il avait aussi été choisi, peu de temps avant le mois d’octobre 1405, pour orchestrer la construction de l’aile gauche de l’hôtel de ville de Bruxelles ! L’année précédente, il avait recouvré ses anciennes fonctions à Tirlemont et y avait dressé les plans de l’imposante tour de Notre-Dame-au-Lac. On pense qu’il disparut avant l’année 1418. Ironie de l’histoire, ce n’est pas sous le nom de Jacques de Gobertange que notre maître est connu ! Sur les chantiers bruxellois, on l’avait en quelque sorte « rebaptisé ». On l’avait tout d’abord désigné sous le nom de Jacques de Tirlemont, ensuite sous celui de Jacques de Sainte-Gudule, en raison de la renommée qu’il avait acquise sur ce chantier…


En 1383-1384, son frère, Henri de Gobertange, avait abandonné le chantier de Notre-Dame-au-Lac pour se rendre, à Diest, sur celui de la collégiale Saint-Sulpice, où il oeuvrait encore en 1397. Entre-temps, il avait exercé son art sur le chantier de la cathédrale Saint-Jean, de Bois-le-Duc. Sans doute un peu moins connu que son frère, il était sans doute mort quelques années avant celui-ci.


Si la pierre de Gobertange avait été abondamment employée sur les chantiers tirlemontois, il en avait été différemment en région bruxelloise où existait, dès le XIVe siècle, une puissante corporation des Steenbickeleren (tailleurs de pierre, maçons, sculpteurs et ardoisiers) refusant parfois l’entrée, sur le territoire de la cité brabançonne, de matériaux n’ayant pas été traités par ses membres. Cette politique protectionniste devait, d’une part, contribuer à l’essor des carrières de la région bruxelloise, d’autre part, inciter les tailleurs de pierre étrangers à la ville à solliciter leur inscription dans la corporation. Notre Jacques de Gobertange, alias Jacques de Tirlemont, alias Jacques de Sainte-Gudule, en faisait déjà partie en 1388. La tradition veut, qui plus est, qu’il soit figuré sur un des nombreux culs-de-lampes que l’on peut admirer à Tirlemont sur le site de Notre-Dame-au-Lac. Si vous habitez aujourd’hui Gobertange et qu’un petit personnage, fait de pierre blanche, cligne de l’œil en vous voyant, n’hésitez pas à faire de même, c’est un ami…


La Marche sur Jodoigne, dimanche 21 septembre 2014

publiée le 09 septembre 2014


Novembre 1798. Depuis 3 ans les anciens Pays-Bas autrichiens sont annexés au territoire de la République française. Le Directoire est désormais impitoyable avec l’Eglise Catholique romaine. Depuis 1796, les communautés religieuses ont été supprimées et leurs biens vendus (les Biens Noirs). Les prêtres ont été invités à prêter un serment de fidélité à la République et de haine vis-à-vis de la royauté, comme en France. La grande majorité de nos curés de campagne ont refusé et en conséquence leurs églises ont été fermées. L’exercice du culte catholique romain est interdit. Les prêtres capturés sont déportés sur l’île de Ré. Profitant d’un climat propice à la rébellion, les partisans de la restauration du régime autrichien ameutent le peuple. Les fidèles du baron Jean-Pierre de BEAULIEU, propriétaire du château de Brocuy, sous Lathuy, mènent la fronde. Antoine CONSTANT, de Roux-Miroir, prend leur tête. Un soir de novembre 1798, ils marchent sur Jodoigne et chassent pour quelques jours les autorités républicaines… les chouans savourent leur victoire !


Comme chaque année, le 3e dimanche de septembre, quelques dizaines de personnages costumés à la mode du XVIIIe siècle, prendront la route de Jodoigne, au départ d’Opprebais, via Incourt, Roux-Miroir et Lathuy, dans le but de rappeler cette éphémère victoire des Chouans de la Hesbaye ! Le dimanche 21 septembre, le rendez-vous est fixé sur le site du Moulin à vent d’Opprebais, vers 11h. Le parcours des marcheurs (environ 8 km) sera comme d’habitude parsemé de spectacles et de haltes gourmandes ! A la Ferme de Biamont, sous Incourt, vers 12h30, vous pourrez les rejoindre pour un petit repas campagnard (6 € par personne à réserver) et pourrez assister, vers 13h00, à un spectacle de danses du 18e siècle accessible tout à fait gratuitement. Un peu avant 14h00, les marcheurs costumés et leurs attelages prendront la direction de Roux-Miroir. Rue de Patruange, près de la maison d’Antoine CONSTANT, la boulangerie La Magie du Pain, offrira un pain à tous les participants qui fileront ensuite vers Lathuy et Brocuy. Aux abords de l’ancienne propriété du baron de BEAULIEU, marcheurs et curieux seront accueillis, vers 16h00, par la Confrérie de la Blanke Dorée de Jodoigne et l’Ordre du Cochon de Piétrain. Le groupe entrera ensuite dans Jodoigne et achèvera son périple au Château Pastur, au cœur de la Ville, où l’attendront, à partir de 17h00, les danseurs de La Saltarelle et le bar de la Confrérie Capella Fori Geldoniensis. A partir de 19h00, une navette de bus sera mise en place pour permettre aux marcheurs de rejoindre le point de départ…


Pour rappel, tous les spectacles sont gratuits et vous n’êtes pas obligés de faire l’ensemble de la marche pour assister à ceux-ci. Il vous suffit de vous trouver au bon endroit, au bon moment ! Habituellement, le cortège qui circule dans les chemins creux de la Hesbaye est fort de plusieurs dizaines de personnes… passionnées par la marche, mais aussi par la petite et la grande histoire… Cette année, les Républicains ont décidé de planter un « Arbre de la Liberté ». Ils veulent l’acquérir à Incourt et l’emmener à Jodoigne afin de célébrer les libertés républicaines ! Mais, il n’est pas certain que les chouans de la Hesbaye soient d’avis de les laisser faire ! De quoi ameuter le peuple… et passer quelques bons moments…. tout en revivant l’histoire !


Cette année, c’est principalement au Chouette Magazine que nous avons confié la publicité de cette marche costumée en espérant qu’elle aura un écho au-delà des communes d’Incourt et de Jodoigne qui patronnent cette manifestation, tout comme la Province du Brabant wallon.


Si vous avez envie de vous dépayser quelques heures, n’hésitez pas à nous rejoindre (le costume n’est évidemment pas obligatoire). Comme précisé plus haut, les personnes qui désirent manger avec les marcheurs durant l’heure midi, doivent réserver leur collation (boudin, jambon brabançon, œufs, pain et boisson – pour 6 Euros) auprès de Joseph TORDOIR : 0499.96.91.89 ou joseph.tordoir@gmail.com – ou de Valéry KALUT, 0475.60.98.14, et ce avant le vendredi 19 septembre. Pour rappel, la sortie s’effectue, même sous la neige !


Les Journées du Patrimoine : Linsmeau, Ramillies et Sart-Risbart !

publiée le 26 août 2014


Dans le cadre des Journées du Patrimoine qui seront organisées en Wallonie les samedi 13 et dimanche 14 septembre prochains, différents « Lieux de mémoire » liés aux 2 guerres mondiales seront rendus accessibles dans le ressort de la Hesbaye brabançonne. Nous vous conseillons de vous rendre à la Maison du Tourisme de la Hesbaye Brabançonne, sur la Grand-Place de Jodoigne, ou de visiter son site, pour obtenir le programme détaillé des manifestations prévues chez nous.


Ceci dit, il est évident que ce seront surtout les sites liés à la campagne militaire du mois d’août 1914 qui connaîtront un succès en cette année commémorative du centième anniversaire du début de la « Grande Guerre ». On peut imaginer que beaucoup parmi vous profiteront de ce week-end pour visiter des sites localisés dans les autres provinces wallonnes, mais nous espérons que vous consacrerez néanmoins quelques heures à la « mémoire » de ce qui s’est passé dans l’est du Brabant wallon. Notre région a globalement peu souffert durant la campagne du mois d’août 14, mais elle a néanmoins connu des heures dramatiques, principalement entre le 10 et le 20 août 1914.


Les 13 et 14 septembre, le Musée Armand Pellegrin, à Hélécine, se chargera de rappeler les circonstances du massacre de 18 civils par l’armée allemande, à Linsmeau, le 10 août 1914. Pour les opérations militaires, ce sera vers Sart-Risbart et Ramilles-Offus que les amateurs devront se tourner.


Comme vous l’avez sans doute lu dans la presse, notre Maison du Tourisme, en collaboration avec différentes administrations communales et grâce à un soutien exceptionnel accordé par la Province du Brabant wallon sur proposition du président du collège provincial Mathieu Michel, a fait réaliser 4« tables d’orientation » destinées à éclairer les promeneurs sur la nature et l’ampleur des combats, peu connus, survenus chez nous entre le 16 et le 19 août 1914. Trois tables installées sous Perwez, Ramillies et Orbais rappelleront d’ici peu les combats franco-allemands des 18 et 19 août ; la quatrième détaille ceux intervenus le 16 août, entre Sart-Risbart, Chaumont et Longueville, durant lesquels le 1er régiment de Chasseurs à cheval belge a combattu diverses unités allemandes de cavalerie et d’artillerie. Vous pourrez découvrir ces tables durant le week-end des 13 et 14 septembre et/ou participer à des circuits pédestres qui vous conduiront sur ou aux abords des principaux sites concernés par ces combats. A Ramillies, des visites guidées sont prévues, les 2 jours, à 9 h, avec parcours d’une petite exposition implantée sur le site de la cure de Ramillies-Village.


A Sart-Risbart, je me chargerai, avec quelques bénévoles de l’association Cultura Nostra, de vous faire découvrir le champ de bataille du 16 août 1914. Des parcours, d’environ 1 heure, seront organisés les 2 jours, avec démarrage à 10h, 11h30, 13h30, 15h00 et 16h30. Le lieu de rendez-vous pour le départ des visites est fixé à la salle communale de Sart-Risbart, 73 rue Alphonse Robert. C’est là que seront notamment présentées quelques reliques militaires de l’époque, dont une lance de Uhlan ramassée par un habitant du village en août 1914, ainsi que le « casque à boule » d’un soldat de la 2e batterie du 10e régiment d’artillerie de campagne allemand – régiment Von Scharnhorst du Hannovre -, engagé lors du combat; casque lui aussi récupéré sur le champ de bataille et précieusement conservé depuis lors par une famille d’Incourt.


Si des lecteurs du Chouette me rendent visite le 13 ou le 14 septembre, qu’ils n’hésitent pas se présenter en tant que tels ! Ils ou elles seront évidemment bien reçu(e)s. Renseignements : joseph.tordoir@gmail.com ou 0499.96.91.89


Visites du Domaine provincial d'Hélécine et commémorations à Sart-Risbart

publiée le 15 juillet 2014


A Hélécine


Le samedi 26 juillet et le vendredi 9 août, à 18h, la Maison du Tourisme de la Hesbaye brabançonne vous propose de participer, durant une petite heure, en ma compagnie, à une visite commentée des principales composantes du Domaine provincial d’Hélécine, ancien domaine abbatial d’Heylissem. L’occasion vous sera ainsi donnée de découvrir quelques pans de l’histoire d’un site et de bâtiments exceptionnels principalement érigés au 18e siècle sur les plans du célèbre architecte Laurent-Benoît DEWEZ. Pour me permettre d’organiser au mieux ces deux visites qui naturellement vous sont gracieusement offertes, je propose aux personnes intéressées de réserver leur place (30 personnes maximum par visite) auprès de la Maison du Tourisme de la Hesbaye brabançonne : 010.22.91.15 – Hesbaye.brab@skynet.be


Ces deux visites, «spéciales», s’inscrivent dans le cadre des nombreuses animations qui accompagnent l’organisation, dans ce même Domaine provincial, du 23 juillet au 9 août, du spectacle théâtral «Moi, je rumine des pensées sauvages», monté par La Maison Ephémère. Les personnes qui, après les deux visites guidées, désireraient assister à ce spectacle, sont évidemment priées de prendre tout renseignement utile sur le site www.jerumine.be


A Sart-Risbart


Dans un autre genre… le samedi 16 août prochain, une manifestation, à nouveau «exceptionnelle», de nature historico-patriotique, sera organisée à Sart-Risbart, à la demande des communes d’Incourt et de Chaumont-Gistoux, dans le cadre des commémorations 1914-2014. Pour rappel, le 16 août 1914, le 1er régiment de Chasseurs à cheval belge y a combattu plusieurs régiments allemands. Les cérémonies officielles débuteront vers 10h aux abords du Mémorial du 1er Chasseurs à cheval, en présence d’un détachement du Bataillon ISTAR, d’Heverlee, héritier des traditions dudit régiment. Vers 10h40, sur le site de l’ancienne chapelle du Dieu Aimant, entre Chaumont et Sart-Risbart, sera ensuite inaugurée une table didactique consacrée au combat du 16 août, réalisée par la Maison du Tourisme de la Hesbaye brabançonne et financée par la Province du Brabant wallon. Cette table vous permettra de revivre ce combat durant lequel plusieurs soldats belges et allemands furent blessés ou perdirent la vie. Après avoir bénéficié de quelques commentaires historiques, les participants seront ensuite conviés au dernier volet cérémoniel qui se tiendra aux abords de l’église de Sart-Risbart, ainsi qu’à une petite réception organisée dans la salle du village, rue Alphonse Robert.


A dater du jeudi 14 août, 20h, une exposition consacrée à la guerre 14-18 en Belgique et en Brabant wallon, mise à disposition par la Province, sera qui plus est gratuitement accessible. Le premier volet de cette exposition sera installé à Incourt, en la salle communale, rue de la Liberté; le second, à Sart-Risbart, dans la salle de la rue Alphonse Robert. Pour toute information utile quant à ces différentes activités auxquelles vous êtes évidemment conviés, nous vous proposons de contacter la Commune d’Incourt au 010.889.337 (entre 9h et 15h30). Si vous comptez vous rendre à Sart-Risbart le 16 août, signalez votre présence afin de nous permettre d’organiser au mieux votre accueil.


Jodoigne, 1804 : la maire assiste au sacre de l'Empereur Napoléon Ier !

publiée le 1er juillet 2014


Vive l’Empereur ! Les passionnés de reconstitutions napoléoniennes sont habitués à entendre cette vibrante acclamation, sortant des rangs français, lors des bivouacs organisés annuellement en Brabant wallon durant les mois de juin et de juillet. Après avoir été officiellement proclamé Empereur des Français le 18 mai 1804, sous le nom de Napoléon Ier, le petit Corse avait soigneusement préparé la cérémonie de son sacre ou couronnement impérial ! Cérémonie d’un faste exceptionnel organisée à Paris, en la cathédrale Notre-Dame, le 2 décembre 1804 (11 frimaire an XIII). Thomas-Charles de l’Escaille, maire de Jodoigne et président de la municipalité du canton du même nom, avait assisté à ce grand moment de l’histoire française et européenne !


Un « ci-devant » rallié au régime impérial
Nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer dans ces colonnes la famille de l’Escaille. Le personnage qui nous intéresse aujourd’hui était né à Wavre, en avril 1761. Ayant vu son père Charles exercer la charge de bailli de Wavre, il s’était tout comme lui consacré à l’exercice du droit. Licencié en cette matière, il s’était marié en 1793 et s’était établi à Jodoigne, la cité de ses aïeux. La conquête des Pays-Bas autrichiens par les armées françaises avait entraîné l’avènement chez nous d’un nouveau régime, aux accents républicains prononcés. Thomas-Charles de l’Escaille paraissait avoir embrassé la cause des idées nouvelles mais, dans un premier temps, son appartenance à l’ancienne noblesse ne lui avait guère servi. Au tournant du nouveau siècle, sous le Consulat, il avait été chargé du secrétariat de l’administration municipale du canton de Jodoigne de l’époque. En 1803, il allait cumuler la présidence de cette administration cantonale avec la charge de maire de Jodoigne, fonction qu’il conserverait jusqu’en 1808.


C’était en tant que président de l’administration municipale du canton de Jodoigne que de l’Escaille avait été invité au sacre impérial. Un récit du déroulement de la fastueuse journée du 2 décembre 1804, publié à Paris en 1806, témoigne de la présence du Jodoignois parmi les 20.000 invités massés ce jour-là, depuis 8 heures du matin, à l’intérieur de Notre-Dame. Il y régnait un froid de canard, mais l’événement était bien trop exceptionnel que pour le manquer. Lorsque vers 2 heures de l’après-midi, le nouvel Empereur s’était présenté sur le parvis, il avait été accueilli par une salve de 101 coups de canons. La foule se pressait dans le centre de Paris, dont tous les immeubles avaient été pavoisés pour l’occasion. Le maire de la petite bourgade rurale du département de la Dyle avait dû être impressionné par un spectacle aussi grandiose. Rentré à Jodoigne, on peut imaginer qu’il fit les belles heures des salons provinciaux ! Quelques années plus tard, après la chute du régime impérial, il quitta finalement Jodoigne pour Luxembourg, où il s’éteignit en 1824.


Empressons-nous d’ajouter, qu’au moins deux autres Jodoignois avaient, en principe, eux aussi été dépêchés à Paris pour assister aux cérémonies du sacre : Philibert Van Goidsenhoven et Philibert Goes. Ces deux hommes avaient accepté de s’enrôler pour l’occasion dans la Garde Nationale du Département de la Dyle. Chaque département de l’Empire avait envoyé une délégation de sa Garde. Personnages plus anonymes, on n’avait pas pris la peine de leur faire signer le registre de présences que Charles-Thomas de l’Escaille avait quant à lui orné d’une belle et ample signature. Entendez-vous ces « Vive l’Empereur ! » qui résonnent encore dans Paris ?


Jauche : l'antependium de l'Eglise Saint-Martin

publiée le 17 juin 2014


Des œuvres d’art, de grande qualité, sont conservées dans nos vieilles églises. Nous vous présentons aujourd’hui l’antependium du maître-autel de l’église Saint-Martin de Jauche ! L’ante quoi ? L’antependium ou « devant d’autel ». Dans les cultes catholique et orthodoxe, il s’agit d’un élément décoratif destiné à orner la face principale d’un autel. Il peut être réalisé en métal précieux ciselé ou en bois peint, prendre la forme d’une pierre sculptée, ou plus simplement se limiter à un tissu brodé. L’antependium de l’église de Jauche est sans aucun doute un des plus beaux conservés en Hesbaye brabançonne.
Le riche souvenir d’un abbé d’Heylissem !
Le 28 mars 1734, l’archevêque de Malines installa le curé de Jauche, Milon Defossez, dans sa nouvelle charge d’abbé de l’abbaye prémontrée d’Heylissem (actuel domaine provincial d’Hélécine). Ce chanoine, né à Namur durant l’année 1679, avait été admis à Heylissem en 1699, y avait fait profession en 1701 et y avait reçu la prêtrise en 1703. Après avoir exercé diverses charges au sein de la communauté norbertine, il avait été nommé curé de Jauche le 2 avril 1707, paroisse dont le patronat appartenait à l’époque à l’abbaye d’Heylissem.


Durant son abbatiat (1734-1761), Defossez décida de faire placer dans l’église de Jauche, où il avait officié durant 27 ans, un magnifique antependium que l’on peut encore admirer aujourd’hui. Ce « devant d’autel » fut réalisé en bois sculpté (tilleul) peint en or, bleu et rouge, présentant de lourds rinceaux de feuillages gras découpés à jour. Dans sa partie centrale, apparaissent les armoiries de l’abbé, timbrées d’une mitre et de deux crosses abbatiales, placées au-dessus de la représentation profilée du buste d’un chanoine qui ne serait autre que saint Norbert, le fondateur de l’ordre prémontré. Cette œuvre d’art était manifestement venue enrichir, à Jauche, un maître-autel qui, jusqu’aux alentours de l’année 1728, avait probablement été celui de l’abbaye d’Heylissem. On pense que ce maître-autel, de style baroque, à retable, en bois peint et marbré, avec expositorium et tabernacle en laiton néo-gothique, date de la seconde moitié du XVIIe siècle. La grande toile qui l’orne est attribuée à Lambert Blendeff, peintre officiel de la Ville de Louvain depuis 1677, qui l’aurait réalisée en 1691. Elle représente l’Assomption de la Vierge Marie et, pour la réaliser, son auteur se serait inspiré d’un tableau figurant la même scène, réalisé en 1625-1626 par Pierre-Paul Rubens pour la cathédrale d’Anvers ! Ce magnifique tableau, sur lequel la Vierge apparaît dans le ciel entourée d’une nuée d’angelots tandis que les apôtres et les saintes femmes entourent un tombeau vide, a été restauré en 1981. Au-dessus du maître-autel, une mitre et une crosse rappellent la destination abbatiale de l’ensemble de la réalisation.


Frappé de paralysie depuis 1757, l’abbé Defossez s’éteignit en son abbaye le 26 novembre 1761. Comme nous aurons l’occasion de le rappeler dans ces colonnes, il a laissé d’autres souvenirs. Mais chaque chose en son temps ! L’église Saint-Martin de Jauche ouvrant ses portes à des heures régulières, libre à vous de rendre visite à son maître-autel.


Pour rappel, en 2012, le Cercle d’Histoire, d’Archéologie et de Généalogie de Wavre et du Brabant wallon a édité un magnifique volume (édition de luxe), comportant plus de 200 pages, dédié à l’histoire, de l’époque médiévale à nos jours, de l’ancien site abbatial d’Heylissem. Ce volume, vendu 30 Euros, est disponible sur commande dans les librairies de la région de Jodoigne ou peut être retiré chez son auteur : Joseph TORDOIR, 71a chaussée de Namur, 1315, Incourt – 0499.96.91.89 – joseph.tordoir@gmail.com . L’abbaye d’Heylissem ayant possédé des fermes et exercé des droits ecclésiastiques en de très nombreuses paroisses tant de la Hesbaye brabançonne que de la Hesbaye liégeoise, ainsi qu’en divers endroits du Hageland, tous les amateurs d’histoire locale y trouveront leur plaisir ! Qu’on se le dise !


Jodoigne : Au sujet de la chapelle Notre-Dame du Marché. Le "cas de conscience" de l'abbé Hanon de Louvet

publiée le 3 juin 2014


Errare humanum est, perseverare diabolicum … l’erreur est humaine, persévérer (dans son erreur) est diabolique ! C’est cette citation latine qui nous vient à l’esprit en abordant un volet de l’histoire de l’un des fleurons de notre patrimoine régional, à savoir celle de la chapelle Notre-Dame du Marché ! Nous avons démontré, dans une monographie publiée en 2006, que l’abbé Hanon de Louvet, dans son Histoire de la Ville de Jodoigne, publiée en 1941, avait commis quelques curieuses erreurs en retraçant l’histoire de cette chapelle. Depuis lors, on n’a guère tenu compte de nos écrits… Mais, on le sait, nul n’est prophète en son pays !


L’abbé Hanon de Louvet croyait que l’idée de doter la zone fortifiée de Jodoigne d’une chapelle était venue à l’esprit de certains à la suite du siège militaire que les milices liégeoises avaient fait subir à la ville en 1332. Bien qu’ayant basé ses travaux historiques sur des sources très variées, l’abbé avait, à vrai dire, oublié de consulter un ouvrage très connu, consacré dès la fin du 19e siècle aux chartes de l’abbaye de Floreffe, publication dans laquelle était entièrement produit un acte daté du 15 décembre 1279, passé en la capella fori geldoniensis ! Il existait donc une chapelle, sur le marché de la Ville de Jodoigne, bien avant le siège de l’année 1332 ! Evidemment, cette donnée remet complètement en cause le raisonnement développé par Hanon de Louvet quant à l’histoire politico-religieuse de la ville durant les 13e et 14e siècles. Méfiance donc ! D’autant plus que dans ses travaux l’abbé n’a quasiment pas parlé de l’histoire de la paroisse Saint-Lambert durant la même période !


Il est vrai que daté de l’année 1332 le projet de construction d’une chapelle au cœur de la ville, permettait de justifier, sans trop se poser de questions, la dédicace de celle-ci intervenue en 1353, dans un délai à priori raisonnable. L’abbé Hanon de Louvet ne s’était guère interrogé et n’avait en tous cas établi aucun lien direct entre cette dédicace et la fin de la grande peste noire qui avait frappé la région de Jodoigne de 1348 à 1351. On peut facilement comprendre pourquoi… C’est en effet une étude critique des Miracula Beate Marie, rédigés au 15e siècle au prieuré bénédictin de Basse-Wavre, qui a permis à Georges Despy d’avancer que l’épidémie avait atteint notre région à l’époque susdite. L’abbé avait, pour sa part, dû se trouver face à un « cas de conscience ». Pour le clergé catholique romain, les accidents épidémiques relatés dans le texte religieux de Basse-Wavre étaient officiellement datés de l’année 1153 ! Si le Jodognois avait officiellement mis en évidence le lien entre la fin de la terrible épidémie du milieu du 14e siècle et la dédicace de la chapelle, il aurait été totalement à l’encontre de la position officielle du clergé quant à la datation des événements relatés dans les Miracula Beate Marie. Dans sa monographie, en parlant du culte de Notre-Dame à Jodoigne, l’abbé s’était donc borné à quelque peu mettre en doute l’année 1153 citée dans les Miracles, mais ne s’était en rien appesanti sur le sujet et avait donc ignoré le lien avec les événements épidémiques des années 1348-1351 !


Querelle de spécialiste me direz-vous ? Plutôt « preuve par neuf » de la nécessité d’aborder avec un regard suffisamment critique tout travail historique. L’abbé Hanon de Louvet repose depuis nombre d’années dans le cimetière de la paroisse de Sainte-Marie-Geest et loin de nous l’envie de jeter le trouble sur la totalité de ses travaux. Ceux-ci étaient par ailleurs les premiers, de grande envergure, consacrés à l’histoire de la Ville de Jodoigne et ils n’ont, à ce jour, jamais été égalés. Mais l’erreur est humaine… il faut aussi parfois le rappeler et essayer de s’en souvenir… et ce conseil vaut évidemment pour l’auteur de ces quelques lignes.


Jodoigne, 54 avant J-C : les Geldumnes s'opposent à Jules César !

publiée le 20 mai 2014


Dans le chapitre 39 du 5e volume de son célèbre ouvrage De bello Gallico (La guerre des Gaules), Jules César cite quelques peuples celtes qui, en 54 avant Jésus-Christ, prirent part à la grande révolte qui s’étendit aux régions septentrionales de la Gaule. Parmi ceux-ci, figurent les Geldumnes, en latin les Geidumni et plus probablement les Geldumni comme l’ont démontré en 1994 les philologues Jozef Van Loon et Annelies Wouters. L’appellation latine Geldonia, employée au Moyen Âge pour désigner la petite cité que nous appelons aujourd’hui Jodoigne, laisse imaginer que celle-ci aurait pu être « la capitale » des Geldumnes il y a de cela un peu plus de 2.000 ans ! Cette histoire ne nous rajeunit pas !


En cette année 54 avant Jésus-Christ, Ambiorix, principal chef des Eburons, un peuple germanique, dont la capitale Aduatuca occupait vraisemblablement l’emplacement de l’actuelle ville de Tongres, mène la fronde contre les armées romaines qui ont conquis la Gaule septentrionale à la suite d’une campagne militaire menée 3 années auparavant. A la tête de ses guerriers, Ambiorix, quelque part dans la vallée du Geer, entre Tongres et Liège, suite à une ruse militaire, massacre une légion et cinq cohortes romaines (soit environ 8.000 hommes) commandés par les légats Sabinus et Cotta. Impressionnés par le succès des Eburons, les Nerviens, peuple celtique, décident de prendre part militairement à la curée ! Et ils entrainent avec eux une série de peuples dont les Geldumnes !


On pense que le territoire des Nerviens était, grosso modo, limité vers l’est par le cours de la Dyle. Quant au territoire des Eburons, sa frontière occidentale devait se confondre avec le cours de la Petite Ghète. Dans la région comprise entre ces deux rivières vivaient, au centre, les Geidumni cités par César et, au sud de ceux-ci, les Pleumoxii dont l’implantation la plus septentrionale ne devait guère dépasser la région de Noville-sur-Mehaigne. Il s’agissait, selon César, de peuples celtiques vassaux des Nerviens mais qui devaient aussi entretenir des relations commerciales avec les Eburons. Emballés par le succès d’Ambiorix, les Nerviens révoltés, et dans leur sillage les Geldumnes, assiègent les légions du légat Quintus Tullius Cicéro qui hivernaient en territoire nervien (dans un lieu dont la localisation n’est pas encore clairement établie). Malheureusement pour nos prédécesseurs, le retranchement romain allait résister suffisamment longtemps que pour permettre à Jules César d’arriver à la rescousse. Ses deux légions allaient rapidement donner une solide leçon aux révoltés dont la fougue dépassait largement le bon sens militaire !


Dans la foulée, César pénétra dans le territoire des Eburons et extermina ce peuple, pour l’exemple (on parlerait aujourd’hui de génocide) mais Ambiorix ne fut jamais capturé ! Nos malheureux Geldumnes survécurent-ils à cet épisode ? On peut penser que oui. En tout cas, leur oppidum, à savoir leur centre religieux, politique, commercial et militaire, prit sans doute leur nom durant le IVe siècle de l’ère chrétienne ! La prochaine fois que vous vous rendrez à Jodoigne pour visiter l’une ou l’autre surface commerciale, ayez donc une pensée pour ces ancêtres gaulois qui avaient déjà le commerce dans le sang ! Pas de statue en vue, du genre de celle d’Ambiorix à Tongres, mais quelques commerçants bien connus qui n’hésitent pas, comme autrefois, à commercer avec les Eburons… et notamment ceux de la région d’Hannut ! En illustration, une monnaie utilisée par les Nerviens : le statère d’or (pesant un peu plus de 6 grammes). Que les Jodoignois gardent l’œil ouvert !


Le dimanche 11 mai, les gallo-romains camperont à Glimes

publiée le 6 mai 2014


Tout récemment, le professeur Raymond Brulet a été inviter à donner à Glimes une conférence sur les Tongres, un peuple germanique installé par les Romains sur les terres des Eburons exterminés quelques décennies plus tôt par César lors de la conquête de la Gaule Belgique. Quel meilleur endroit que Glimes pour aborder un tel sujet puisque ce village a la chance d’avoir conservé un magnifique tumulus du IIe siècle de l’ère chrétienne dont nous avons déjà entretenu les lecteurs de ce magazine… le plus grand conservé en Hesbaye ! Et qui dit tumulus, dit généralement Tongres ! Dans la foulée, le dimanche 11 mai prochain, une activité didactique sera organisée aux abords immédiats du tumulus de Glimes, sur une petite parcelle de terrain appartenant à la Commune d’Incourt. Il s’agira de venir y découvrir quelques aspects du quotidien de la vie d’une cohorte auxiliaire romaine du IIe siècle. Pour mener à bien ce projet de dimension familiale, la Commune d’Incourt a fait appel aux animateurs de la Cohors II Tungrorum qui s’est déjà produite sur différents archéo-sites dont celui d’Aubechies. Quelques démonstrations y seront organisées pour le plus grand plaisir des petits et des grands.


Bien sûr, pas question d’escalader le tertre dont les générations à venir célébreront le deuxième millénaire ! Et pas question non plus d’établir en cet endroit une plaine de jeux permanente ! Mais par contre, une réelle occasion de mettre en valeur ponctuellement un des éléments du patrimoine exceptionnel de notre belle région. Le programme de la journée du 11 mai sera détaillé dans le prochain numéro de ce magazine. Avis donc aux passionnés de l’époque gallo-romaine ! Et aux autres aussi, bien sûr !


Autre bonne nouvelle pour ces mêmes passionnés : l’arrivée sur le site du château d’Hélécine de l’ancien musée archéologique d’Orp-le-Grand. Privés de locaux depuis quelques temps, ses animateurs viennent de bénéficier du soutien et de l’accueil de la Province du Brabant wallon. Ce sont les collections préhistoriques du désormais Musée d’Interprétation Archéologique du Brabant wallon qui, actuellement, sont mises en valeur, mais le projet global soutenu par l’institution provinciale possède un volet qui ne pourra que plaire à tous ceux qui se passionnent pour l’époque celtique ! Il s’agira, en effet, à moyen terme, d’implanter, dans l’ancien domaine abbatial, un village didactique gaulois ! On pourra y découvrir quelques aspects de la vie quotidienne des celtes avant la conquête romaine ! Un projet qui, évidemment, ne pourra que contribuer au développement touristique de la Hesbaye brabançonne ! D’autant plus que les collections gallo-romaines de l’ancien musée d’Orp-le-Grand devraient également trouver place au cœur du domaine provincial ! De l’eau coulera sans doute encore sous les ponts avant de voir le projet prendre une forme concrète, mais Mathieu Michel, président du collège provincial, affiche clairement la volonté de développer les potentialités touristiques du domaine provincial d’Hélécine et nous pouvons tous nous en réjouir.
Notez que, dès cette année, des stages d’été, destinés aux enfants, seront organisés sur place, stages durant lesquels ils revivront la préhistoire mais aussi la période-gallo-romaine !


Incourt : Quand tournaient les ailes des moulins à vent

publiée le 8 avril 2014


Nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer ici l’histoire du Moulin Gustot, ce moulin qui fait la fierté des habitants de la partie occidentale de la Hesbaye brabançonne. Il vient d’être classé par la Région wallonne, il y a de cela quelques semaines, à la demande de la Commune d’Incourt qui le possède depuis 1991. Comme vous allez pouvoir le constater, achevé aux alentours de l’année 1854 et demeuré en activité durant une cinquantaine d’année, il est loin d’être le seul à avoir existé dans le ressort de l’actuelle commune d’Incourt.


Les ailes des grandes plaines
A Sart-Risbart, le long de la route conduisant à Longueville, un premier moulin à vent, fut construit entre 1804 et 1806 à l’initiative du louvaniste Godefroid Decoux. Ayant notamment appartenu aux familles Denis, Delfosse, Gérondal, et Finoulst, il était fait de bois. Il fut en partie reconstruit en briques durant les années 1883-1884. Il cessa ses activités à la fin du XIXe siècle et fut démoli en 1907-1908, laissant son nom à la campagne du Moulin. Un deuxième moulin à vent, lui aussi en bois, fut construit sous Piétrebais, par Jean-François Detraux, en vertu d’une autorisation datée de l’année 1821. Ce moulin, dit du Point du Jour, du nom d’une auberge bâtie le long de chaussée Namur-Louvain, fut détruit par les flammes et reconstruit en briques en 1848-1849 par Nicolas Detraux. Après avoir appartenu aux familles Looze et Schaeys, il fut démoli en 1865-1866. A Roux-Miroir, en fin d’année 1830, la veuve Jean-Joseph Goes, née Anciaux, avait quant à elle obtenu l’autorisation de construire un moulin à vent, lui aussi en bois, sur un point haut situé aux abords immédiats de la chaussée Namur-Louvain, au hameau dit de la Haie. En 1845-1846, les Goes firent bâtir une ferme à proximité du site, exploitation destinée à abriter les locataires successifs du moulin. En 1866, Hubert-Xavier, Napoléon et Angélique Goes se séparèrent de l’ensemble au profit de leur meunier Jacques Conard, de Lathuy. Les Conard firent reconstruire leur ferme en 1905, mais nous ne savons si le moulin était encore en activité à l’époque. Comme le montre la photo qui illustre nos propos, actuellement, ce moulin n’existe plus que sous forme de ruines. Sa base sert notamment de remise. Rappelons enfin qu’en 1876-1877, Joseph Gustot-Bosse, un proche parent des propriétaires de notre Moulin Gustot, avait aussi fait bâtir un moulin à vent, en bois, sous Opprebais, sur une hauteur située non loin de l’actuelle rue de Wastinnes, au lieu-dit champ du Freneau. En août 1880, il revendit les composantes de celui-ci à Adolphe Delfosse, qui le fit reconstruire à Sart-Risbart, en fin d’année 1881, au lieu-dit champ du Tiège, non loin de la Ferme de Fontenelle, au bord du chemin dit de Sart-Risbart à Nil-Saint-Vincent. Ce moulin dont la structure alliait la brique au bois, disparut en 1889 à l’initiative de son propriétaire établi dans le château voisin.


Un four à pain à l’ancienne
Lors du Week-end Wallonie Bienvenue qui sera organisé dans l’entité d’Incourt, les 26 et 27 avril prochain, tout comme lors de la Fête du Pain, du dimanche 8 juin, l’occasion vous sera donnée de vous rendre sur le site du Moulin Gustot, propriété de la Commune d’Incourt depuis 1991. Aux abords immédiats du moulin s’achève actuellement la construction d’un four à pain à l’ancienne qui sera officiellement inauguré le 25 avril. Il sera opérationnel lors de certaines manifestations locales et ce seront notamment des Bretons de Pluherlin (Morbihan) qui initieront les Incourtois à son fonctionnement lors du week-end des 26 et 27 avril. Si l’initiative vous intéresse, n’hésitez pas à venir nous rendre visite sur le site ce week-end là, entre 10 et 18 heures.


Ramillies : 18 août 1914... un canon français sur le tumulus d'Hottomont

publiée le 25 mars 2014


La Commission d’Enquête chargée de mettre en évidence les crimes perpétrés à l’égard des populations civiles, durant le mois d’août 1914, a établi que vingt-deux des 176 habitations du village de Ramillies avaient été incendiées à l’époque et que cent cinquante autres avaient été entièrement pillées. Durant cette triste et folle «partie de plaisir», aucun civil n’avait heureusement perdu la vie. A l’échelle du canton de Jodoigne, Ramillies était le village dont le patrimoine bâti avait le plus souffert puisqu’à Linsmeau, où dix-huit civils avaient péri, seulement sept habitations avaient été livrées aux flammes. Un rapport inédit, établi par le curé qui avait vécu ces événements, nous permet aujourd’hui d’y voir un peu plus clair.


Le 15 août 1914, en fin d’après-midi, Ramillies avait été envahi par les premières unités allemandes. Celles-ci avaient logé dans et aux abords du village. Près de 10.000 hommes avaient campé au Fodia, sous Autre-Eglise. Trois jours plus tard, le 18 août, à partir de 10 h du matin, jusqu’aux alentours de 15 h, l’armée française (une colonne du corps de cavalerie Sordet), dont l’artillerie était installée sous Noville-sur-Mehaigne et Hottomont, hameau de Grand-Rosière, avait décidé de prendre d’assaut les pièces d’artillerie allemandes installées dans et aux abords de Ramillies. Environ 450 soldats français, des dragons appuyés par des unités de chasseurs à pied et de cyclistes, avaient pris part à l’engagement et plusieurs avaient réussi à atteindre le centre de Ramillies. Allemands et Français s’y étaient violemment affrontés et les combats avaient inévitablement suscité d’importants dégâts aux habitations. Le village avait aussi été la cible des deux artilleries.
En début d’après-midi, opposées à un ennemi nettement supérieur en nombre, les unités françaises avaient décidé d’abandonner le terrain, de se replier sur Grand-Rosière et ensuite sur Perwez. Durant l’affrontement, aux dires du curé de Ramillies, Henri Peelmans, et du doyen de Perwez, une centaine de soldats français avaient été mis hors de combat et vingt-sept de ceux-ci avaient finalement été confiés à une ambulance militaire installée à Perwez. Vingt survivants y avaient été capturés quelques jours plus tard. Les pertes allemandes avaient sans doute été beaucoup plus lourdes. Un canon français, hissé au sommet du tumulus d’Hottomont, ainsi qu’une automobile blindée, installée sur la route provinciale Taviers-Namur, avaient apparemment causé de grands ravages. Le curé de Ramillies raconte que, pour évacuer les cadavres allemands jonchant la campagne entre Geest-Gérompont et Autre-Eglise, douze chariots, tirés chacun par cinq chevaux, avaient été réquisitionnés dans les villages voisins. Quatre autres charriots du même type avaient œuvré sur la campagne s’étendant dans la direction de Taviers. Des centaines de soldats allemands auraient donc perdu la vie ce 18 août, beaucoup plus de mille selon le même curé, mais ce chiffre reste à vérifier et est sans doute quelque peu exagéré. Néanmoins, il est aussi avancé par le curé de Noville-sur-Mehaigne, ce dernier évoquant le transport des dépouilles dans la région de Saint-Trond.


Ces lourdes pertes avaient suscité la colère des unités allemandes restées maître du terrain. Elles s’étaient acharnées sur le bâti des villages de Ramillies et de Noville-sur-Mehaigne. Dans le premier de ces deux villages, vingt-deux habitations avaient été incendiées, y compris la cure, la maison communale et les écoles. Plusieurs autres avaient été mitraillées et avaient ensuite fait l’objet de tirs d’artillerie ! Vingt-deux habitants, y compris le curé Peelmans, l’échevin Joseph Froment et le conseiller communal Olivier Dehasse, avaient été ramassés dans le village. Ils avaient été rassemblés pour être fusillés, mais le commandement allemand était finalement revenu sur sa décision. Le lendemain, le 19 août, l’armée allemande était entrée dans Perwez !


1914-1918 : les monuments commémoratifs de Beauvechain, La Bruyère et Hamme-Mille

publiée le 11 mars 2014


Au lendemain de la Première Guerre mondiale, chez nous, comme un peu partout en Belgique, des initiatives diverses furent prises dans le but de garder le souvenir des victimes, tant civiles que militaires, de ce grand cataclysme. Des monuments commémoratifs furent érigés, des plaques nominatives ornèrent les façades des églises ou des maisons communales. En plusieurs endroits, principalement en ville, des rues et des places changèrent de nom. Dans le cadre des manifestations diverses qui seront organisées sur le thème 1914-2014, ces traces émouvantes seront vraisemblablement mises à l’honneur par nos administrations communales.


Dans l’entité de Beauvechain


Dans cette entité, plusieurs monuments commémoratifs furent réalisés. Nous n’évoquerons ici que certains d’entre eux. En mai 1920, le conseil communal de Beauvechain avait décidé de réserver un crédit de 5.000 francs destiné à couvrir partiellement les frais de réalisation de deux monuments commémoratifs : un premier à Beauvechain-centre, place du Brou ; un second au hameau de la Bruyère, à proximité de l’église Saint-Joseph. Le produit d’une souscription publique devait venir s’ajouter au crédit voté par les membres de l’administration locale. Le monument érigé à La Bruyère coûta environ 12.500 francs et fut implanté au centre d’un espace aménagé à gauche de l’entrée de l’église. Il fut réalisé par le tailleur de pierre Fernand Frix. Il a été déplacé, en 1995, lors des travaux d’aménagement du parvis. Peu de temps par la suite, le lion de pierre couché au pied de l’obélisque fut volé. La face principale du monument porte les noms des six victimes locales de la Première Guerre (quatre militaires et deux civils). Après la Deuxième Guerre mondiale, le monument accueillit de nouvelles inscriptions. Parallèlement, à Beauvechain-centre, on avait décidé d’apposer un bas-relief en bronze sur un monument assez imposant, élevé en briques recouvertes de ciment armé, présentant deux figures allégoriques, à savoir une femme et un homme procédant à une mise au tombeau. A l’origine un fronton triangulaire surmontait l’ensemble de la composition mais celui-ci avait finalement été remplacé par une imposante statue brandissant le flambeau de la liberté. Cette composante n’existe plus aujourd’hui. Quatorze têtes d’obus, sentinelles inamovibles, veillent sur l’ensemble de la structure. Les noms des sept victimes locales de la Première Guerre mondiale apparaissent sur ce monument qui, comme le précédent, a accueilli de nouveaux supports et de nouvelles inscriptions après la Deuxième Guerre mondiale.


Le monument commémoratif inauguré à Hamme-Mille, en août 1925, vaut également le détour. Il s’agit d’une structure en granit, due au ciseau du sculpteur Onclinckx, de Louvain, figurant notamment un soldat de la Grande Guerre. Celle-ci, initialement élevée aux abords du carrefour formé par la Nationale 25 et la chaussée Louvain-Namur, fut déplacée en 1975 et implantée au chevet de l’église paroissiale. L’enclos qui l’encadrait n’a pas survécu à ce déménagement. Le socle de la statue porte une inscription de circonstance : dévoué jusqu’à la mort. Les noms des trois soldats décédés durant la Première Guerre figurent évidemment sur ce même socle.


En Hesbaye Brabançonne, les témoins du temps où on construisait... sans permis de bâtir !

publiée le 25 février 2014


Aujourd’hui, législation urbanistique wallonne oblige, la route de tout particulier qui a décidé de construire une nouvelle habitation, ou d’en rénover une ancienne, est parsemée d’étapes administratives incontournables qui s’avèrent parfois, sinon souvent, fastidieuses. Fut un temps, comme le soulignait, en 1910, l’auteur d’une notice consacrée aux communes rurales du Brabant wallon, où chacun bâtissait à sa guise, sans solliciter ni autorisation, ni avis, mais avec parfois des conséquences curieuses sur la structuration de l’habitat à l’échelle d’une rue ou d’un quartier. Plusieurs de nos villages ont conservé quelques habitations datant de cette époque révolue, certaines bâties à l’écart des principaux noyaux d’habitat. Elles sont répertoriées dans l’Inventaire du patrimoine réalisé par la Région wallonne à l’échelle de nos différentes communes.


Comme le rappelait, dans les années ’30, l’instituteur Armand Pellegrin, d’Opheylissem, nos vieilles maisons, construites au 18e siècle et durant la première moitié du siècle suivant, étaient généralement basses, écrasées, sans étage. La présence d’une fenêtre mansardée au-dessus de la porte d’entrée d’une habitation témoignait du caractère quelque peu bourgeois de son propriétaire. Le prix de vente des terrains était si bas qu’on préférait de loin bâtir en surface plutôt qu’en hauteur. La faible résistance des matériaux employés dans le secteur de la construction rendait aussi périlleuse toute élévation hasardeuse. Pour la fabrication des toitures, durant une bonne partie du 19e siècle, on avait continué à employer le chaume. Ces toits devaient être épais et très inclinés pour faciliter l’écoulement des eaux et empêcher les infiltrations. Pour garantir les murs de l’humidité, ils s’avançaient très loin. La présence de gouttières était exceptionnelle. Les ardoises n’étaient employées que pour les toitures des grandes fermes, en général pour celles des immeubles de luxe. L’usage des tuiles de Marilles, d’Enines ou d’Andenne, témoignait aussi du statut social plus aisé du propriétaire de l’habitation qui avait décidé d’utiliser ces matériaux de couverture.


Ajoutons que nos aïeux étaient dotés d’un certain bon sens pratique et qu’ils privilégiaient généralement l’emploi de matériaux locaux lorsqu’ils avaient décidé de construire une habitation. A Dongelberg, Opprebais et Huppaye, on assemblait tant bien que mal des blocs de quartzite. A Gobertange, Mélin, Lathuy et Saint-Remy-Geest, on employait évidemment la pierre de Gobertange. A Linsmeau et aux alentours, notamment sous Orp, Maret ou bien encore Hampteau, les plus vieilles maisons étaient faites en tuffeau, dit de Lincent, une pierre blanche réfractaire qui se taillait très facilement. L’usage de la brique, fabriquée sur place, s’était ensuite progressivement étendu et le plus souvent imposé dans les villages où le sous-sol ne recelait guère de richesses lithiques.


Il est incontestable que le patrimoine bâti de la Hesbaye brabançonne, réfléchi et façonné au fil des générations par la main de l’homme, à l’époque où on n’avait pas encore inventé le permis de bâtir, constitue une des principales richesses touristiques de la belle région que nous habitons. Sachons en profiter tous les jours et n’hésitons pas à la faire découvrir, les yeux grands ouverts, le temps d’une promenade, à pied, à cheval, ou à vélo.


À l'époque où Jodoigne et Perwez espéraient une chaussée !

publiée le 11 février 2014


Jodoigne attend depuis plusieurs années son « contournement » et celui-ci ne devrait plus tarder. Autre siècle, autres revendications ! Durant la seconde moitié du 18e siècle, les autorités locales jodoignoises avaient essayé, par tous les moyens, mais en vain, de se trouver sur le tracé d’une grande chaussée afin de favoriser le développement du commerce local ! Quelques décennies plus tard, elles avaient loué Napoléon et sa décision de relier Charleroi à Tirlemont via Jodoigne. Enfin, sous l’ère belge, elles avaient été tellement satisfaites de voir leur ville se faire transpercer par le nouvel axe provincial Wavre-Hannut, qu’elles avaient donné le nom de l’ingénieur Urban, chargé de sa réalisation, à la nouvelle place créée en bas du château de la Comté, prestigieux édifice connu aujourd’hui sous le nom de château Pastur ! Autre siècle… mais aussi autres moyens de locomotion … et problèmes de circulation bien différents de ceux rencontrés en cette année 2014 !


La seule grande chaussée « thérésienne », du nom de l’Impératrice Marie-Thérèse d’Autriche, construite au 18e siècle en Hesbaye brabançonne, avait finalement été celle destinée à relier Namur à Tirlemont, via Eghezée. Elle répondait à une demande des industriels et commerçants namurois et louvanistes soucieux de développer les échanges tant entre leurs villes qu’avec la riche Hesbaye. Dès 1739-1740, le pouvoir central autrichien avait décidé de faire passer cet axe par Grand-Rosière et Hamme-Mille, via Glimes, Opprebais, Incourt, Roux-Miroir et Piétrebais. Comme on peut l’imaginer à Perwez, Jodoigne et Tirlemont, le tracé avait été contesté ! Les prédécesseurs d’André Antoine et de Jean-Paul Wahl avaient eu beau faire : la construction du tronçon destiné à traverser les terres futures de Léon Walry avait débuté en 1754 ! Et quelle chance pour les habitants de ces villages ruraux restés à l’écart des axes commerciaux ! En quelques années, le nouvel axe avait été parsemé d’auberges. Des hameaux s’étaient même développés de part et d’autre de ce nouveau vecteur de richesse. Il suffit de parcourir la chaussée Namur-Louvain pour s’en rendre compte et imaginer les changements de l’époque ! La construction de la chaussée avait aussi tout particulièrement fait l’affaire des habitants de Dongelberg et d’Opprebais, villages où son entrepreneur avait repéré des gisements de pierre susceptibles d’être utilisés sous la forme de pavés ! Pour la première fois on s’était lancé, à l’échelle locale, dans l’exploitation rationnelle du quartzite que l’on utilisait tant bien que mal dans la construction. Des ouvriers de la région de Quenast avaient été chargés d’enseigner aux autochtones la manière de façonner les pavés. Durant les deux siècles suivants, les carrières de Dongelberg, d’Opprebais et de Glimes (par extension) avaient fourni du travail à plusieurs générations d’ouvriers carriers. De grands plans d’eau témoignent aujourd’hui de cette activité industrielle révolue.


Les premiers pavés façonnés à Dongelberg et Opprebais à dater du milieu du 18e siècle furent employés dans le cadre de la construction de la chaussée Namur-Louvain, mais aussi sur la plupart des grands chantiers similaires lancés par l’impératrice Marie-Thérèse. Ce ne fut qu’au milieu du siècle suivant qu’une politique volontariste, subsidiée par l’Etat belge – c’était le début de l’endettement ! - entraina le pavage des voiries situées à l’intérieur des villages. Ce sont ces pavés-là que les pouvoirs locaux remplacent souvent lors de grands travaux. Clin d’œil ! Si vous en cherchez, n’hésitez pas à contacter l’administration communale d’Incourt (010.88.93.37), elle en a à vendre, à bon prix, comme sans doute beaucoup d’autres administrations ! Un petit bout d’histoire dans votre cour ou votre jardin ? Pourquoi pas ? Ces pierres ont fait la richesse de la région. Peut-être vous porteront-elles chance !


Les Tordoir : quatre siècles de présence en Hesbaye brabançonne !

publiée le 28 janvier 2014


Durant les années 1980-1990, la généalogie, la science des familles et des ancêtres, était très à la mode. Les cercles d’histoire étaient, à l’époque, fréquentés par une foule de chercheurs, amateurs ou professionnels, en quête d’informations relatives à des familles établies dans le Brabant wallon. Le phénomène était commun à l’ensemble de la Belgique. Depuis toujours des généalogistes s’étaient intéressés à ces familles, mais le nombre de chercheurs avait explosé sans qu’on ne sache réellement pourquoi. Dans la foulée, plusieurs associations spécialement destinées aux généalogistes avaient été constituées. Ce fut dans ce contexte, qu’à dater de l’année 1996, l’association Cultura Nostra, d’Incourt, décida d’organiser ses premières rencontres généalogiques. Il s’agissait, à l’époque, de réunir à Incourt, un dimanche, les descendants d’une famille s’étant un jour établie dans ce village. Une photo de groupe immortalisait la rencontre et quelques données généalogiques étaient communiquées aux participants. Depuis lors, presque chaque année, une rencontre de ce type a été organisée. Au fil du temps, des activités se sont ajoutées. La rencontre est désormais accompagnée d’un repas, suivie d’une après-midi récréative durant laquelle les participants découvrent, de manière ludique, certains volets de l’histoire de leur famille. Dans un premier temps, tous les porteurs du patronyme retenu par l’association, repérés dans l’annuaire téléphonique, sont invités à la journée. A ceux-ci viennent s’ajouter les proches parents des porteurs du nom établis à Incourt ou dans les environs. Les deux dernières réunions familiales ont successivement été consacrées aux familles Ruelle (de Roux-Miroir) et Decloux (Opprebais-Incourt).


Le dimanche 2 mars 2014, l’association Cultura Nostra organisera une réunion familiale dédiée à la famille Tordoir établie dans la région d’Incourt, depuis les premières années du 17e siècle. A l’époque, Arnould Malvoisin, le nouveau curé de la paroisse d’Opprebais, avait attiré dans son sillage plusieurs membres de sa famille dont son frère utérin Antoine du Tordoir, natif de Petit-Roeulx-lez-Braine (le Comte) ainsi que le père de celui-ci, Nicolas du Tordoir. Ce dernier avait vécu les dernières années de sa vie à Opprebais, mais Antoine s’était quant à lui fixé à Incourt, où il avait vécu jusqu’à l’époque de son décès, survenu en 1657. Durant les 17e et 18e siècles, sa nombreuse descendance, portant désormais le patronyme Tordoir, s’est répandue à travers le Brabant wallon (Incourt, Piétrain, Jodoigne, Ottignies, Wavre, etc.), dans la région de Louvain, à Namur et même en Hollande. Au 19e siècle, à partir d’Incourt, de nouvelles branches se sont répandues sous Opprebais, Glimes, Beauvechain, Huppaye, Dongelberg, etc. Ces mêmes rameaux ont ensuite essaimés en région bruxelloise ainsi qu’au pays de Charleroi (Gilly, Châtelineau, Châtelet, etc.). Aujourd’hui, la famille Tordoir est encore représentée dans plusieurs villages de la Hesbaye brabançonne : Incourt, Opprebais, Glimes, Piétrain, Jodoigne, etc. La plupart des Tordoir qui vivent aujourd’hui en Belgique ont une origine incourtoise récente, ou très ancienne.


Si vous êtes intéressé (e) par cette réunion familiale du dimanche 2 mars 2014, si vous avez envie d’y participer, je vous invite à me contacter (0499-96.91.89 ou joseph.tordoir@gmail.com) de manière à obtenir toutes les informations pratiques quant à son organisation. Elle débutera, à Incourt, en matinée, et se terminera à Opprebais, à la salle de l’Espace Corlier, où se tiendront le repas et les activités récréatives. Pour l’anecdote, signalons que les armoiries de la famille du Tordoir nous sont connues grâce à un cachet conservé au bas d’un acte passé, au 17e siècle, par le notaire Arnould Tordoir, de Louvain, à savoir le fils aîné d’Antoine du Tordoir. Ce sont ces armoiries qui illustrent mes propos du jour ! Bienvenue à toutes et à tous !


Ramillies : le drapeau du régiment irlandais (1706)

publiée le 14 janvier 2014


Le Connemara est une région très verte et très paisible de l’ouest de l’Irlande. C’est là qu’en 1920, le château de Kylemore, dans le comte de Galway, fut acquis par une communauté religieuse féminine qui avait vécu en Belgique durant plusieurs siècles. Il s’agissait des sœurs bénédictines irlandaises d’Ypres, dont le couvent avait été entièrement détruit en 1914 par les bombardements de l’armée allemande. La communauté avait dans ses bagages un vieux drapeau qui avait connu la bataille de Ramillies. Ce Ramillies flag est encore visible aujourd’hui à l’abbaye de Kylemore.


Le général Pierre Gusbin vient de publier dans les colonnes de la revue Wavriensia une intéressante étude d’une trentaine de pages consacrée à la « petite histoire » de ce drapeau. A la fin du XVIIe siècle, plusieurs milliers de soldats irlandais, de religion catholique, avaient trouvé exil sur le sol français avec leur famille, tout comme l’ancien roi d’Angleterre Jacques II. Ces hommes avaient depuis lors été appelés à servir les intérêts de la couronne de France et du roi Louis XIV, combattant dans des unités uniquement composées de sujets irlandais. Lors de la célèbre bataille de Ramillies, livrée le 23 mai 1706, un régiment d’infanterie irlandais – le régiment de Clare, du nom d’un comté irlandais - composé de 800 hommes, commandé par Charles O’Brien, avait été déployé au sud de Ramillies. Il avait combattu des soldats écossais servant sous les couleurs hollandaises ainsi que des unités anglaises, constituées de soldats protestants. Le régiment irlandais avait tenu bon mais n’avait pu empêcher la défaite de l’armée des Deux Couronnes. Selon certaines sources, le régiment avait perdu 364 de ses hommes, morts au combat, mais il avait réussi à préserver son drapeau et même à en prendre un à l’armée de Marlborough, le seul qui avait pu lui être enlevé ce jour-là !


Alors que l’armée des Deux Couronnes, commandée par le maréchal de Villeroi, était amenée à progressivement abandonner le sol des Pays-Bas, le commandant du régiment Irlandais avait apparemment curieusement décidé de confier le drapeau de son régiment aux bénédictines irlandaises d’Ypres. Elles avaient très précieusement conservé cette bannière dans leur couvent durant un peu plus de deux siècles lorsqu’avait éclaté la Première Guerre mondiale. Du mois d’octobre au mois de novembre 1914, la ville d’Ypres avait subi un bombardement intensif. Le couvent irlandais avait été réduit en cendres mais le drapeau du régiment de Clare, caché dans les caves de l’institution, avait assez miraculeusement échappé à la destruction. Il avait suivi les sœurs en France, en Angleterre et finalement en Irlande où elles avaient finalement décidé de s’établir à dater de l’année 1916. En 1959, l’ancien château de Kylemore, acquis par la communauté en 1920 et devenu l’abbaye de Kylemore, fut aussi victime d’un incendie important mais le Ramillies flag échappa une nouvelle fois au désastre. A l’origine, cette bannière était de couleur bleu foncé et était ornée en son centre d’une grande harpe irlandaise de couleur rouge / doré (in reddish gold). Elle est évidemment présentée aux visiteurs de l’abbaye de Kylemore.


Dongelberg : la grippe espagnole tue 66 français !

publiée le 17 décembre 2013


Nous sommes le 19 octobre 1918. Un convoi comptant 650 réfugiés français, dont de nombreux vieillards, originaires de la région d’Anzin (près de Valenciennes), arrive à Wavre. Ces hommes et ces femmes sont épuisés et affamés. Dix-sept jours plus tôt, les autorités allemandes, prévoyant une grande opération militaire, avaient ordonné l’évacuation sauvage de 200.000 habitants du nord de la France. Dès le 20 octobre, les membres du convoi sont dirigés vers Biez, Longueville et Archennes. De là, les individus les plus malades sont envoyés sur Incourt et Dongelberg, village où une ambulance spéciale a été installée à leur intention dans les locaux du château appartenant à la famille d’Ursel.


Le 26 août 1917, une Colonie pour enfants débiles avait officiellement été installée dans le château de Dongelberg, le tout avec l’accord de la famille d’Ursel et l’appui du Conseil National de Secours et d’Alimentation. Durant le second semestre de l’année 1917 et le premier semestre de l’année suivante, le site avait accueilli plusieurs centaines de petites filles sous-alimentées. En raison de l’apparition d’une grave épidémie de grippe espagnole à l’échelle européenne, la Colonie avait dû fermer ses portes durant le second semestre de l’année 1918. En ce mois d’octobre, l’épidémie emporte des milliers de personnes un peu partout en Europe et nos réfugiés français ne sont pas épargnés. Comme le note une infirmière du château, ils ne sont pas en bonne santé. Certains sont atteint de dysenterie, d’autres souffrent d’angines ou sont frappés de rougeole et de grippe infectieuse. Tous sont couverts de vermine. Un médecin français les accompagne : le docteur Tauchon, maire de Valenciennes. Celui-ci avait été intégré à l’équipe soignante dirigée par la comtesse Louise d’Ursel, infirmière en chef de l’ambulance. Les malades sont logés et soignés au château et dans ses dépendances, mais il est déjà trop tard pour beaucoup d’entre eux, principalement pour ceux atteints par la grippe. Entre le 24 octobre 1918 et le 7 janvier 1919, jour de l’évacuation du château, 66 décès français furent enregistrés par l’officier de l’Etat-Civil de la Commune de Dongelberg (39 habitants d’Anzin, 6 de Valenciennes, 2 de Maubeuge, etc.).


Que fallait-il faire du corps de ces défunts ? La plupart de ceux-ci furent enterrés dans une fosse commune creusée dans un terrain mis à la disposition de la Commune de Dongelberg par son bourgmestre de l’époque Alphonse Haye. Il s’agissait d’un petit terrain situé dans les campagnes, entre Dongelberg, Lathuy et Roux-Miroir, aux abords de l’arbre Sainte-Philomène, le long du chemin dit des charrons, terrain encore désigné aujourd’hui sous le nom de cimetière des Français. Jusqu’en 1934, le site, où l’on peut encore voir une grande croix, fut entretenu par l’administration communale de Dongelberg et une section des Amitiés Françaises. Les restes des défunts furent ensuite exhumés et rapatriés. Au début des années ’80, quelques familles dongelbertoises maintenaient encore des contacts avec quelques familles de la région de Maubeuge qui avaient séjourné à Dongelberg en 1918. Plusieurs maisons du village avaient en effet accueilli des familles de réfugiés. Ces contacts ont cessé aujourd’hui, mais à la faveur des différentes commémorations qui nous attendent en 2014, les autorités communales Jodoignoises penseront peut-être à renouer quelques contacts avec le nord de la France. Anzin compte aujourd’hui entre 13.000 et 14.000 habitants.


Beauvechain: des fonts baptismaux mosans du XIIe siècle !

publiée le 10 décembre 2013


Durant l’été 1875, le curé-doyen de Beauvechain, Jean-Constant Jacobs, fit curer le petit étang se trouvant dans le jardin de sa cure. Les travaux entrepris alors permirent de mettre à jour une cuve baptismale romane, servant de réservoir et placée sous la décharge dudit étang à trois ou quatre pieds de profondeur. La cuve était endommagée mais la trouvaille n’en demeurait pas moins exceptionnelle! D’autant plus que les autres composantes de ces fonts baptismaux subsistaient elles aussi. Des travaux récents ont démontré que ces fonts, en pierre bleue, ont été réalisés en région namuroise entre 1150 et 1155.


Le baptême des nouveaux-nés, préconisé par l’Eglise catholique depuis l’époque carolingienne, a été à l’origine de la présence de fonts baptismaux dans les édifices du culte. Tout d’abord, on réalisa principalement des cuves en bois mais, en raison du caractère périssable de ce matériau, on opta finalement pour la fabrication de cuves en pierre comme le synode de Reims l’avait déjà préconisé en 852. Dans nos régions, l’emploi de la pierre ne s’était sans doute imposé qu’au XIIe siècle. Ce fut apparemment Drogon de Tinlot, abbé de l’abbaye de Florennes (1136-1155), qui contribua à répandre dans le namurois, aux alentours de l’année 1150, l’usage de la pierre de Meuse calcaire dans le cadre de la confection des fonts baptismaux. Les pierres étaient sculptées en atelier et ensuite assemblées dans l’église qui devait les accueillir. Les fonts de la paroisse Saint-Sulpice de Beauvechain, retrouvés en 1875 et restaurés l’année suivante, appartiennent donc à la « première génération ». Leur état de conservation est exceptionnel. Il s’agit d’un véritable chef d’œuvre de l’art mosan du XIIe siècle. D’une hauteur totale de 1,06 m, ces fonts comportent une cuve circulaire à quatre têtes saillantes (hauteur 36 cm x diamètre 91 cm) reposant sur un fût cylindrique torsadé (hauteur 40 cm x diamètre 55 cm) placé sur une base de forme carrée dont le niveau supérieur présente également une torsade (hauteur 28 cm x longueur 88 cm). Le bord supérieur de la cuve est agrémenté extérieurement par une torsade nervurée. Deux des quatre têtes saillantes masculines, joufflues, barbues et moustachues, sont couronnées. Les visages sont notamment caractérisés par des yeux globuleux en amande et ourlés, séparés par un long nez droit. Les barbes bouclées et les moustaches en crocs sont allongées et évoquent l’Antiquité orientale.


Dans la région de Jodoigne, en cette année 2013, des fonts baptismaux romans sont aussi visibles dans les églises Saint-Martin, de Roux-Miroir et Saint-Aubain, d’Opprebais. Ils ont également été réalisés en pierre de Meuse calcaire, dite pierre bleue, mais présentent des caractéristiques stylistiques différentes de celles que l’on peut observer à Beauvechain. Ceux de Roux-Miroir auraient été réalisés aux alentours de l’année 1160, ceux d’Opprebais, entre 1165 et 1175. Certaines de leurs composantes ont malheureusement disparu ou ont été abîmées au fil des siècles, mais ces fonts méritent néanmoins de retenir l’intérêt des amateurs d’art et d’histoire. A l’occasion, n’hésitez pas à leur rendre visite. Nos vieilles églises possèdent souvent des trésors insoupçonnés.


Jodoigne: une Médaille d'Or pour Alexandre Gendebien

publiée le 3 décembre 2013


Juillet 1839. Comme l’annonce un quotidien libéral de la capitale, les Jodoignois viennent de faire frapper une médaille en l’honneur du Montois Alexandre Gendebien (1789-1863), ancien membre du Gouvernement provisoire. Une délégation est officiellement chargée de lui remettre ce présent. Il en recevra en fait trois exemplaires, dont un en argent et un autre en or! Mais qu’a-t-il bien pu faire pour mériter un tel honneur?


Lors des journées révolutionnaires du mois de septembre 1830, plusieurs Jodoignois avaient décidé de se rendre à Bruxelles pour faire le coup de feu avec l’armée régulière hollandaise. C’était Charles Rogier, et non Alexandre Gendebien, qui avait entraîné dans son sillage le gros de ces volontaires mais il n’en demeurait pas moins que la petite cité brabançonne, parmi les bourgades provinciales, était une de celles qui avaient le plus contribué physiquement aux Journées de Septembre. Elle avait d’ailleurs été récompensée par l’octroi d’un drapeau d’honneur. En 1839, on y vivait en tout cas très mal l’annonce du probable abandon, au profit direct ou indirect de la couronne d’Orange, de la Province du Limbourg Hollandais et d’une partie de celle du Luxembourg. La chose était cependant presque inévitable et constituait le prix d’une paix durable avec le royaume des Pays-Bas. Le 16 mars 1839, Alexandre Gendebien était néanmoins monté à la tribune de la Chambre pour s’opposer une nouvelle fois, avec véhémence, au plan des grandes puissances européennes. Il ne pouvait accepter le sacrifice de 380.000 Belges habitant les régions que le gouvernement belge s’apprêtait à abandonner. Son discours avait fait vibrer les cœurs, mais la raison l’avait emporté trois jours tard, lorsque la Chambre s’était prononcée favorablement sur le projet de cession. Ce jour-là, moralement écœuré, Gendebien avait démissionné de son mandat parlementaire avec éclat s’attirant la sympathie de nombreux milieux, y compris à Jodoigne.


Immédiatement après les faits, quelques Jodoignois avaient décidé d’organiser une souscription dans le but de rassembler les fonds nécessaires à la réalisation d’une médaille destinée à rappeler l’attitude exemplaire du grand tribun. La somme ayant été réunie, les souscripteurs s’étaient adressés au graveur Adrien-Hippolyte Veyrat qui leur avait soumis un projet concret. La médaille, d’environ 4,3 cm de diamètre, devait être communément réalisée en bronze, dans un nombre réduit d’exemplaires correspondant au nombre exact de souscripteurs. Sur son avers devait figurer le visage d’Alexandre Gendebien, présenté de profil, le regard tourné vers la droite. Le revers témoignait de l’origine jodoignoise du projet. Le champ de la médaille portait en effet les armes de la Ville de Jodoigne, surmontée d’une couronne murale et on pouvait lire sur cette face: JODOIGNE – A L’ILLUSTRE REPRESENTANT POUR SES VERTUS CIVIQUES – 16 MARS 1839. Deux exemplaires spéciaux (or et argent) avaient également été spécialement réalisés pour Gendebien. Nous avons eu la chance de pouvoir acquérir un des exemplaires, en bronze, de cette médaille réalisée à une époque où, à Jodoigne, on n’hésitait pas à en frapper une en l’honneur des hommes politiques que l’on chérissait. Je suis d’accord avec vous, c’est un peu passé de mode, mais enfin… on ne sait jamais!


Sainte Ragenufle, d'Incourt, au British Museum de Londres

publiée le 26 novembre 2013


Je vous ai emmené, il y a quinze jours, dans les collections du Victoria and Albert Museum, de Londres, pour y retrouver la première mitre des abbés prémontrés d’Heylissem. Puisque nous sommes en Angleterre, restons-y. Nous prenons aujourd’hui la direction du très célèbre British Museum implanté lui aussi dans la capitale britannique. Et cette fois, c’est pour y découvrir un petit objet, datant probablement de la seconde moitié du XIIe siècle : une plaque d’autel portatif ou de triptyque portant une figuration de sainte Ragenulfe, d’Incourt !


C’est en 1917, que l’écuyer Charles Borradaile, habitant Brighton, offrit cette plaque au British Museum. En même temps, ce grand collectionneur lui avait aussi cédé une impressionnante série d’objets religieux venus d’Europe et de la région du Bosphore. Malheureusement, on ne sait ni où, ni comment, il avait acquis cette petite plaque rectangulaire (45 mm de haut sur 55 mm de large et ne pesant que 36,40 grammes) de cuivre doré portant la mention REGENVLFA. Mais revenons à Incourt. Pour rappel, au début du XIIe siècle, toute la région située autour de Jodoigne était encore liégeoise et plusieurs communautés religieuses y possédaient de grands biens. En 1112, l’abbaye bénédictine de Saint-Laurent de Liège, sous la dépendance temporelle et spirituelle de laquelle avait été placé le chapitre de chanoines séculiers d’Incourt, en principe fondé en 1036, favorisa l’essor de cette dernière institution en développant dans le ressort de cette paroisse un culte dédié à sainte Ragenulfe (ou Ragenulphe). Selon la tradition catholique romaine, il s’agissait d’une jeune femme ayant théoriquement vécu en ces lieux, sous Brombais, durant le VIIe siècle de l’ère chrétienne, mais dont, en fait, l’existence historique n’est attestée que par des documents liés à son culte. La première mention explicite de celui-ci ne date que des années 1105-1112. Dans la foulée des chants et cantiques religieux avaient été écrits en son honneur par Gislebert, un moine de ladite abbaye de Saint-Laurent, aux environs de l’an 1150. En 1191, l’abbé de cette institution avait ensuite procédé à une ostentation des reliques de la sainte et placé celles-ci dans une châsse qui fut conservée à Incourt. Entre-temps, durant la seconde moitié du XIIe siècle (au plus tard en 1190), un moine de Saint-Laurent avait rédigé une première Vita Ragenuphlae virginis (récit de la vie de la sainte). C’était donc dans ce contexte, et probablement à Liège, qu’un autel portatif ou qu’un petit triptyque avait été réalisé. Il s’agit d’une belle réalisation d’art mosan sur laquelle la sainte, identifiée, est figurée assisse entre deux arbres. Selon les spécialistes du British Museum, elle aurait été réalisée entre les années 1160 et 1175.


Après la destruction de la châsse de la sainte, conservée jusqu’à la fin du XVIe siècle en l’église d’Incourt, le culte qu’on lui rendait dans la paroisse se cristallisa autour d’une source-fontaine, localisée dans les terrains humides voisinant l’Orbais. C’est encore là que se trouve la fontaine Sainte-Ragenufle, devenue propriété de la Fabrique d’Eglise Saint-Pierre d’Incourt en 1953. Cette même année, le site a connu une grande restauration et, en cette fin d’année 2013, c’est principalement Fernand Decloux, président de ladite Fabrique d’Eglise, qui est chargé de la gestion des lieux.


Heylissem au Victoria and Albert Museum de Londres

publiée le 12 novembre 2013


Durant la première moitié du XIXe siècle, le collectionneur anglais William Bullock (1773-1849) séjourna à diverses reprises aux Etats-Unis dans le but d’y acquérir des objets rares et précieux. Lors de l’un de ses voyages, il devint l’heureux propriétaire d’un objet exceptionnel: une mitre du XVIe siècle ayant appartenu au premier abbé mitré de l’abbaye d’Heylissem! De quoi faire rêver tous les amateurs de brocantes!


Guillaume Van der Molen avait été choisi, en 1507, pour diriger l’abbaye prémontrée d’Heylissem. En 1518, le pape Léon X l’autorisa, lui et tous ses successeurs, à porter la mitre et la crosse. Il fut donc le premier abbé mitré de l’abbaye d’Heylissem et fit confectionner une superbe mitre abbatiale entre 1518 et 1544. Il s’agissait d’un véritable chef-d’œuvre, un travail de broderie remarquable réalisé selon la technique de l’or mué, utilisée dans nos régions dès le XIVe siècle. Des fils couverts d’or avaient été employés pour la réalisation des différents motifs religieux apparaissant sur les deux faces de la mitre. Sur sa face antérieure étaient représentés la Vierge et Saint-Augustin, en référence aux racines spirituelles de l’ordre de Prémontré. Sur sa face arrière cohabitaient Saint-Léonard et Sainte-Barbe, tandis que les Saints Paul et Pierre étaient figurés sur ses fanons. Depuis le XVIe siècle, l’objet avait été précieusement conservé dans le trésor abbatial d’Heylissem et, lorsqu’à la fin du XVIIIe siècle, les chanoines norbertins avaient décidé de se réfugier au-delà du Rhin pour échapper aux excès du régime républicain français, leur abbé François Demanet avait manifestement emmené avec lui la précieuse mitre. Revenu vivre à Pellaines après la signature du Concordat de 1801, Demanet avait prudemment laissé la mitre en Westphalie et ne l’avait manifestement jamais récupérée! C’était aussi dans cette région, à Borken, à une cinquantaine de kilomètres de Munster, qu’une grande partie des archives de l’abbaye avait été dissimulée et confiée à la surveillance de quelques personnes sûres. En 1835-1837, l’Etat belge avait négocié le rachat de ces documents, mais la mitre lui avait échappé puisque celle-ci était tombée entre les mains d’un collectionneur américain amateur d’art ancien.


La mitre avait donc traversé l’Océan Atlantique une première fois, avant d’être ramenée en Angleterre, avant 1849, par son nouveau propriétaire William Bullock. Ce fut son petit-fils, l’écuyer James N. Shoolbred qui la confia, en 1875, au Victoria and Albert Museum de Londres avant de la lui vendre, en 1881, pour 100 livres sterling. Depuis lors, elle figure dans les collections précieuses de ce prestigieux musée. Durant les années 1950, elle séjourna quelque temps en Belgique à l’occasion d’une grande exposition consacrée aux richesses artistiques du Brabant. En principe, elle n’est plus revenue chez nous depuis. Si le contexte de cette petite histoire vous intéresse, n’hésitez pas à consulter la monographie, superbement illustrée, que nous avons consacrée l’année dernière à l’ancienne abbaye d’Heylisem devenue le Domaine Provincial d’Hélécine. Vous y apprendrez une multitude d'informations sur notre belle région.


« Vive l’Empereur » : Joseph François, le dernier survivant!

publiée le 29 octobre 2013


Le 26 février 1887, Joseph François, le dernier survivant jodoignois des campagnes militaires napoléoniennes s’éteignait calmement, âgé de 93 ans. Quelques jours plus tard, il était inhumé dans le nouveau cimetière communal, ses amis ayant placé dans son cercueil le drapeau de la société locale des anciens militaires de l’Empire ainsi que quelques souvenirs de son passé militaire!


Ce fut sans doute en 1821, l’année de la mort de Napoléon sur l’île de Sainte-Hélène, qu’une société fut constituée à Jodoigne par les survivants régionaux des campagnes militaires de la République et de l’Empire. Cette société comptait encore 44 membres le 29 mai 1850, lorsque le futur empereur Napoléon III en avait accepté la présidence d’honneur. Précisons qu’elle était loin d’être fréquentée par l’ensemble des anciens militaires français qui habitaient alors le canton de Jodoigne puisque ceux-ci étaient encore au moins au nombre de 130 en 1857, année durant laquelle la Médaille de Sainte-Hélène leur avait été attribuée. La société exécutait deux sorties par an: le 5 mai, jour anniversaire du décès du petit tondu, et le 15 août, à la Saint-Napoléon, jour anniversaire de sa naissance. Elle assistait également aux funérailles de ses membres défunts.


Joseph François, le der des ders, était entré, en 1813, au sein du 24e régiment de sapeurs du Génie mais était rapidement passé au 11e régiment de chasseurs à cheval. Limogé en 1814, après la première abdication de l’Empereur, il n’avait manifestement pas désiré poursuivre une carrière militaire par la suite. En 1857, il avait reçu la Médaille de Sainte-Hélène. Nous ne connaissons rien de plus de son parcours militaire. Certains de ses compagnons ont laissé plus de traces. Le lieutenant Houyoux, natif de Roux-Miroir, officier du 28e corps des dragons, avait été blessé d’un coup de lance et d’un coup de sabre lors de la campagne de Russie. Le Jodoignois Hyacinthe Fosseur avait quant à lui servi, de 1807 à 1814, notamment au sein du 10e régiment de chasseurs à cheval et ensuite du 7e régiment de hussards avec le grade de brigadier. Il avait été blessé à diverses reprises en participant aux campagnes de Russie, d’Allemagne et de France. Citons encore à titre d’exemple Philippe Carpentier, natif de Grand-Rosière, incorporé en 1804 et licencié en 1814 en tant que capitaine du train d’artillerie. Il avait été blessé durant la campagne d’Espagne. Parmi les 130 décorés de l’année 1857, on peut aussi pointer le Mélinois Jean-Joseph Libert, conscrit de la classe 1808 incorporé au 26e régiment de chasseurs à cheval, qui se prévalait d’avoir combattu à Wagram, tout comme d’ailleurs Jean-Baptiste Verlaine, un autre Mélinois incorporé la même année que le précédent mais au sein du 27e régiment de chasseurs à cheval. Signalons enfin que plusieurs parmi les décorés de l’année 1857 avaient gardé de douloureux souvenirs de leur passage sous les drapeaux, à l’instar de Martin Durdu, de Beauvechain, ou de Jérôme Rubens, natif de Tourinnes-la-Grosse, estropiés d’un membre.


Il n’est pas dans nos intentions de tenter de localiser l’emplacement de la tombe de Joseph François, sur les hauteurs de Saint-Lambert, mais il faut admettre que ceux qui décidèrent d’enterrer avec lui le drapeau de la société susdite furent bien mal inspirés! Cette pièce aurait en effet mérité de figurer dans les collections d’un musée.


Le calvaire de Linsmeau (août 1914) !

publiée le 8 octobre 2013


Un peu partout en Belgique, les autorités publiques et le monde associatif se préparent à commémorer, à dater du mois d’août 2014, le 100e anniversaire du début de la Première Guerre mondiale. Durant la campagne d’août 1914, la partie orientale du Brabant wallon n’a pas connu de grande bataille. Le seul combat d’importance relative s’est déroulé le 16 août sur le territoire de Sart-Risbart. Quelques escadrons du 1er régiment de Chasseurs à cheval y ont reçu le baptême du feu, s’y trouvant confrontés de manière inattendue aux tirs de mitrailleuses allemandes. Cinq cavaliers belges perdirent la vie ce jour-là dans les campagnes qui séparent le village de Sart-Risbart de celui de Chaumont. Deux jours plus tard, on garde aussi le souvenir d’un engagement survenu non loin de Ramillies, entre cavaliers allemands et français.
En différents lieux, des patrouilles des deux camps avaient aussi échangé des coups de feu. Le 10 août, un sous-officier belge, du 3e régiment de Ligne, avait mis en joue un officier uhlan aux abords du village de Linsmeau, côté Hampteau - Opheylissem. Lorsque les troupes allemandes découvrirent le corps de cet officier, celui-ci était entouré de civils auxquels la responsabilité de sa mort fut injustement imputée. Dix de ces malheureux venaient de Linsmeau et deux de Neerheylissem. Ils furent sauvagement massacrés, y compris le garde-champêtre Debotze, les uns réduits en bouillie par des mitrailleuses, les autres traînés derrières des chevaux. Arrivée au cœur du village de Linsmeau, la soldatesque allemande endommagea 10 habitations, livrant 7 de celles-ci aux flammes. Parmi les villageois, 4 périrent carbonisés, 1 fut abattu en tentant de s’enfuir tandis qu’un autre fut exécuté sur la place même du village. Selon les sources, 17 ou 18 civils perdirent finalement la vie dans ces circonstances dont au moins 3 membres de la famille Bourguignon et 2 de la famille Joniaux. Le calvaire de Linsmeau avait duré jusqu’au 11 août. Aux dires du bourgmestre de l’époque, Victor Minsart, plusieurs corps n’avaient été retrouvés que deux ou trois jours plus tard.


Dans ces jours sombres d’août 1914, d’autres civils avaient péri à Beauvechain, à Zétrud-Lumay, à Mélin, à Huppaye et à Autre-Eglise, certains étant originaires de Wasseiges et de Merdop, en province de Liège. A la suite du combat du 18 août cité plus avant, les habitants de Ramillies avaient failli connaître le même sort que ceux de Linsmeau. Dans le village, 22 maisons avaient été incendiées et plusieurs hommes avaient été pris en otage par les Allemands. Roués de coups, ils avaient finalement miraculeusement échappé au peloton d’exécution. Comme vous pouvez le constater, les campagnes de la Hesbaye brabançonne ne furent donc pas complètement épargnées. Les évènements survenus à Linsmeau en août 1914 sont cependant peu connus. On peut supposer qu’en 2014 la Commune d’Hélécine et son Syndicat d’Initiative tiendront à rappeler ces moments difficiles et à évoquer les horreurs que certains hommes sont parfois à même de commettre en période de guerre.


Glimes : un tumulus de la première moitié du IIe siècle

publiée le 24 septembre 2013


Durant probablement près d’un siècle, entre environ 80 et 180 de l’Ere chrétienne, à une époque où l’incinération du corps des défunts était encore une pratique courante, un grand nombre de tumuli furent élevés en Hesbaye (région correspondant approximativement au territoire des Tongres). Ces grands tertres, dont la plupart ont été rasés au cours du temps, étaient manifestement destinés à abriter en leur cœur les cendres et quelques effets d’un personnage influent issu de la société gallo-romaine de l’époque ayant adopté et adapté certaines pratiques funéraires d’inspiration germanique.
Les tumuli d’Hottomont et de Glimes appartiennent à cette catégorie de monuments funéraires de grande dimension. Le second cité, du haut de ses 15 mètres, domine le village de Glimes tout comme les axes routiers qui passent aujourd’hui à ses abords. Son diamètre avoisine les 52 mètres et il figure parmi les rares tumuli qui, en Hesbaye, ont possédé un mur périphérique construit à leur base. On parle alors de tertres à tambour, élevés sur le modèle italien du mausolée. Des fouilles entreprises en 2002, sous la direction des services archéologiques de la Région wallonne, ont permis d’étoffer les données collectées en 1926, lors de la première fouille scientifique du site. Les quelques céramiques récoltées à l’endroit où avait été organisé le banquet cérémoniel organisé à l’occasion de l’inhumation du défunt, ont notamment permis de situer l’élévation de ce tumulus entre les années 120 et 140 de l’Ere chrétienne. En 1926, un caveau (1,40 m de long sur 1,15 m de large et 0,60 m de haut), fait de pierres calcaires et recouvert de dalles, avait été découvert au cœur du tertre. Pillé à une époque indéterminée, ce caveau était vide et n’avait pu apporter la moindre information sur l’identité du personnage pour lequel l’imposant tertre avait été élevé. A vrai dire, on n’en sait pas plus aujourd’hui, si ce n’est qu’il devait nécessairement appartenir à l’élite de la société gallo-romaine de l’époque.


Durant la seconde moitié du XVIIIe siècle, ayant l’aspect d’une butte dépourvue de toute plantation à l’exception d’un arbre fiché sur son sommet, le tumulus de Glimes trônait au milieu d’une parcelle herbeuse plantée d’arbres et entourée de haies vives. Il appartenait alors aux seigneurs de la terre de Glimes, les d’Arenberg. Deux siècles plus tard, en 1970, ceux-ci avaient manifesté l’intention de s’en défaire et l’avaient mis en vente publique. Après diverses tribulations, les autorités communales glimoises, sans avoir sollicité l’accord d’autres pouvoirs publics, avaient décidé d’acquérir le tumulus. Cet achat, réalisé pour 100.000 francs, avait été officialisé durant le mois d’octobre 1971. Quatre mois plus tôt, le tumulus avait officiellement été classé avec une partie des terres qui l’avoisinaient. Cet élément patrimonial majeur, repris sur la liste du patrimoine exceptionnel de la Région wallonne, telle qu’arrêtée en 2009, figure évidemment parmi les propriétés de l’actuelle Commune d’Incourt, héritière de celle de Glimes. L’arbre planté au sommet de ce tertre est visible à plusieurs kilomètres à la ronde et constitue, comme autrefois, un point de repère insolite pour tout qui circule en Hesbaye brabançonne, que ce soit à pied, à vélo ou en voiture !


Une version régionale de La Religieuse, de Diderot? La sœur Minet, de La Ramée, à Jauchelette !

publiée le 10 septembre 2013


An V de la République (1796). Deux romans inédits de l’encyclopédiste Denis Diderot : Jacques le fataliste et La Religieuse sont édités pour la première fois, à Paris, par un libraire chanceux du nom de Buisson. L’homme a choisi son moment, l’engouement révolutionnaire, pour publier ces œuvres posthumes auxquelles une partie du public parisien va donner une portée politique et sociale. Dans La Religieuse, œuvre achevée vers 1780, Diderot raconte l’histoire d’une jeune femme entrée dans les ordres contre son gré et confrontée notamment à l’homosexualité ainsi qu’à la tyrannie d’une Supérieure. La République venant de supprimer les ordres religieux et de nationaliser leurs avoirs, le roman contribuait à la justification morale de sa politique. La Religieuse connut un succès instantané! Durant le dernier trimestre de l’année 1796, deux autres libraires parisiens - Gueffier, jeune, et Knapen, fils - décidèrent de se lancer dans l’aventure et éditèrent à leur tour La Religieuse. Il s’agissait de la première réédition d’un ouvrage qui allait en connaître des centaines!


Ces deux libraires avaient parcouru la presse républicaine et, en novembre 1796, y avaient découvert dans Le Républicain du Nord, un rapport accablant relatif à une communauté religieuse cistercienne établie dans la région de Jodoigne, dans le ressort du nouveau département de la Dyle! Le 9 novembre 1796, dans le cadre des formalités administratives liées à la suppression de l’abbaye de La Ramée, à Jauchelette, les autorités républicaines jodoignoises avaient découvert une religieuse vivant, attachée comme une bête, dans une des dépendances abbatiales! Tel que présenté, l’exemple était frappant et laissait imaginer l’action tyrannique de la Supérieure! Nous passons les détails! L’affaire était belle et de nature à illustrer les propos romancés de Diderot! Gueffier et Knapen l’avaient compris et décidé d’insérer le rapport des autorités républicaines dans leur édition de La Religieuse!


Ils furent apparemment les seuls à le faire et la chose se comprend aisément. Il s’avéra, en effet, après quelques semaines, et la presse républicaine dut le reconnaître, que les faits cités dans le rapport, aux accents sensationnels, avaient été en partie dénaturés dans le but d’accabler l’abbesse de La Ramée! La religieuse Marie-Dieudonnée Minet, née à Limal en 1751, était victime d’une grave aliénation mentale depuis l’année 1788. A l’époque, on gérait difficilement ces situations, à l’intérieur des communautés religieuses comme dans le monde en général! Après que les autorités eurent expulsés de La Ramée les religieuses qui y vivaient encore en fin d’année 1796, l’abbesse décida de soustraire la sœur Minet. Elle la fit alors secrètement transporter à Piétrain, dans une ferme de La Ramée récemment confisquée par la République. La religieuse y était morte le jour même de son arrivée, en frimaire de l’an V (décembre 1796)! Quelques mois plus tard, cette ferme fut vendue par la République. Une de ses composantes a longtemps appartenu à la famille Depauw. La ferme existe toujours aujourd’hui, non loin de l’église de Piétrain, mais abrite désormais trois logements. Un de ceux-ci appartient à l’historien-journaliste Eric Meeuwissen! S’il rencontre un de ces soirs le fantôme de la recluse, qu’il nous le fasse savoir! Elle sera peut-être de sortie lors de la Marche des Chouans, le 15 septembre!


Les Journées du Patrimoine à Sart-Risbart et la Marche des Chouans

publiée le 27 août 2013


Selon une tradition fortement ancrée dans la famille Delfosse, à l’époque troublée où les autorités républicaines françaises décidèrent de supprimer les communautés religieuses (1796), de confisquer leurs biens et de vendre ceux-ci en tant que Biens Nationaux, dom Bruno Cloquette, le dernier abbé de l’ex-abbaye cistercienne de Villers, aurait séjourné incognito à Sart-Risbart. Bénéficiant de la complicité du fermier Pierre Delfosse - le locataire de la Grande Risbart, ferme abbatiale destinée à être vendue en août 1798 -, Cloquette se faisait passer pour un domestique de ferme, étant parfois obligé de se cacher dans une vaste garde-robe dotée d’un compartiment secret. La famille Delfosse possédait encore ce meuble en 1959. Lors des Journées du Patrimoine des 7 et 8 septembre prochains, l’occasion vous sera donnée de visiter ce site de la Grande Risbart récemment restauré par la famille Regout.


Selon la tradition cistercienne, ce fut sous l’abbatiat d’Ulric (1158-1184), cinquième abbé de Villers, que cette ferme vit le jour dans le but d’assurer la mise en oeuvre de grands biens cédés à l’abbaye par divers particuliers dont plusieurs membres du puissant lignage seigneurial établi sous Dongelberg. Dès 1184, le duc Henri Ier de Brabant confirma aux religieux leurs droits sur cette exploitation agricole qu’on décida, un siècle plus tard, d’entourer de murs protecteurs. Au fil des siècles, l’abbaye n’avait cessé d’accroître ses possessions sous ce même terroir et, à l’époque de sa suppression, elle y possédait encore trois grandes fermes ainsi qu’un peu plus de 518 bonniers, y compris de grands bois, soit plusieurs centaines d’hectares. En 1721, la Grande Risbart, d’où son nom, étendait son exploitation sur 196 bonniers de terres labourables ainsi que sur 16 bonniers de prés et jardins divers. Elle avait aussi en charge la gestion d’un bois couvrant 74 bonniers. Durant le 18e siècle, l’abbé Martin Staigner (1742-1759) décida de faire reconstruire la ferme, en brique, sur la base de ses anciennes composantes essentiellement en moellons de Gobertange. Ces grands travaux s’achevèrent en 1759, comme en témoignent les ancrages de l’imposante grange de la ferme. En 1798, on estimait que celle-ci pouvait abriter 50.000 gerbes! Le samedi 7 et le dimanche 8 septembre prochains, entre 10h00 et 18h00, vous pourrez découvrir le site en compagnie de quelques Chouans de la Hesbaye brabançonne. Les visites guidées seront assurées par Monique de Bournonville et moi-même.


Le dimanche 15 septembre, vous pourrez ensuite participer à l’édition 2013 de la Marche des Chouans. Il ne s’agira plus, cette année, de relier Incourt à Jodoigne via Roux-Miroir et Lathuy, mais bien de relier Jodoigne à Roux-Miroir, via Lathuy. Si cette formule obtient l’assentiment du public, elle pourrait être appliquée une année sur deux. Cette marche, d’environ 7 km, menée en grande partie à travers nos chemins de campagne, débutera vers 11h00 sur le site de la Foire aux Potirons, chaussée de Tirlemont à Jodoigne. Antoine Constant et ses hommes, habillés à la mode du 18e siècle, accompagnés par plusieurs dizaines de partisans, prendront ensuite la route de la Ferme de la Maladrerie, dans les faubourgs de Jodoigne, où la troupe passera à table et où seront donnés divers spectacles accessibles gratuitement (théâtre, danses, etc.). Cette année, les intrépides qui suivront les Chouans durant leur périple auront aussi la possibilité de se restaurer avec eux en ces lieux moyennant une modeste participation aux frais. En début d’après-midi, la troupe prendra la direction de Roux-Miroir, rendant hommage au baron de Beaulieu lors de son passage à Brocuy. A Roux-Miroir, rue de Patruange, où ils arriveront sans doute vers 16h30-17h00, les Chouans se rassembleront et festoieront aux abords de la Maison Constant en compagnie de confréries gastronomiques régionales. La manifestation terminée, comme les années précédentes, un bus permettra aux participants de rejoindre le point de départ de la marche. Les habitants des entités d’Incourt et de Jodoigne recevront le programme détaillé de cette manifestation. Si vous habitez en d’autres lieux, n’hésitez pas à demander quelques informations pratiques auprès de moi-même (0499/96.91.89) ou de Valéry Kalut (0475/60.98.14).


Sachez qu’en Hesbaye brabançonne, dans le cadre des Journées du Patrimoine (7/8 septembre), des sites historiques seront aussi accessibles sous L’Ecluse, Orp-le-Grand, Hottomont, Offus et Jodoigne (notamment le Château Ghobert). Le dimanche 15 septembre, un rallye automobile, principalement organisé par la confrérie Capella Fori Geldoniensis, permettra aussi de découvrir certains de ces sites de manière ludique. Des renseignements complémentaires peuvent être obtenus sur le site web de la Maison du Tourisme de la Hesbaye brabançonne.


Jodoigne : Médard-Joseph LOUIS n’est pas mort à Plancenoit !

publiée le 9 juillet 2013


En 1959, le général-major honoraire Hector COUVREUR publia, à partir de sources militaires, une liste, non exhaustive mais déjà très impressionnante, d’officiers natifs de nos régions ayant combattu, en juin 1815, tant dans le camp des alliés que sous la bannière impériale française. Pour établir la liste de ceux qui se trouvaient encore au service de la France en juin 1815, il avait compulsé les Archives du service historique de l’armée française et plus spécialement les rôles de plusieurs régiments ayant participé à la campagne de Belgique. Il avait alors pu identifier 250 officiers dont un certain Médard-Joseph LOUIS, né à Jodoigne le 3 avril 1787.


Ayant participé, depuis 1808, à diverses campagnes sous les armes impériales, Médard-Joseph LOUIS servait encore, en juin 1815, en tant que lieutenant au sein du 3e régiment des tirailleurs de la Garde Impériale. Le registre de contrôle de son régiment comportait une mention à son sujet : disparu à la bataille de Mont-Saint-Jean le 18 juin 1815, à savoir lors de la bataille de Waterloo. Peu de temps après la publication des travaux de COUVREUR, sur la base de cette information, les dirigeants de la Fondation Napoléon décidèrent de rappeler le sacrifice de LOUIS en faisant réaliser, en son honneur, une très belle plaque commémorative placée sur la face gauche de l’église dominant la place de Plancenoit. Celle-ci figure évidemment dans l’inventaire des sites et monuments constituant, à l’échelle mondiale, des témoignages de l’épopée impériale !


En cette année 2013, malgré un article publié en 2007 par nos bons soins dans la revue Wavriensia, la légende paraît avoir la peau dure auprès de certains ! Même à Jodoigne ! Et pourtant, Médard-Joseph LOUIS n’est pas mort les armes à la main à Plancenoit le 18 juin 1815 comme le croyait la Fondation Napoléon, mais à Bruxelles, le 4 septembre 1839 ! De quoi donner à réfléchir quant au sens réel à donner à la mention “disparu à la bataille de Mont-Saint-Jean” relevée par COUVREUR. Notre Jodoignois avait-il été blessé et laissé sur le terrain ? Avait-il été fait prisonnier ? Avait-il abandonné l’uniforme français avant ou après la bataille ? Nous n’en savons rien. A la veille de la bataille, son régiment comptait 988 hommes. Huit jours plus tard, après les violents combats de Plancenoit, seulement 164 de ceux-ci répondaient encore à l’appel ! En tout cas, en 1820, LOUIS vivait depuis déjà plusieurs années à Samarang (aujourd’hui Sémarang), une ville de la côte nord de l’île de Java, dépendance des Indes néerlandaises. Il y avait épousé une jeune française, Louise HAMAR de la BRETHONIERE, y née en 1801. Durant la guerre de Java (1825-1830), qui avait opposé les populations autochtones aux habitants européens de cette colonie du royaume des Pays-Bas, on avait notamment eu recours à son expérience militaire puisqu’il avait été chargé du commandement de l’un des forts de l’île de Java.


Ce fut peut-être à la suite des événements révolutionnaires qui secouèrent le royaume des Pays-Bas en septembre 1830 et débouchèrent sur la création de l’Etat belge que Médard-Joseph LOUIS décida finalement de rejoindre le sol européen et de s’établir à Jodoigne. Il y devint rapidement un des membres de la Société des anciens frères d’armes de l’Empire qui avait été fondée à Jodoigne aux alentours de l’année 1821. Son épouse décéda en septembre 1836, à peine âgée de 35 ans. En juillet 1839, trois mois avant de disparaître à son tour, l’ancien lieutenant du 3e régiment de la Garde Impériale, membre actif de la loge maçonnique La Constance de Louvain, avait encore décidé de contribuer financièrement au développement de l’Université Libre de Bruxelles.


Il faut donc rendre à César ce qui appartient à César ! Le constat est simple, le monument commémoratif placé à Plancenoit n’a pas lieu d’être. Sera-t-il un jour enlevé ? Peut-être. Rappelons, par ailleurs, que la famille HAMAR de la BRETHONIERE continua à posséder de grandes plantations sur l’île de Java. Une fille de Médard-Joseph LOUIS, épouse de l’avocat jodoignois Philippe-Térence LACOURT, fut appelée à y séjourner à diverses reprises durant le XIXe siècle. En 1844, elle y donna le jour, à Samarang, à un enfant de sexe masculin qui fut prénommé Théodore, le futur bourgmestre de Jodoigne et député permanent de la Province de Brabant !


Jodoigne: un souvenir de Charles Quint

publiée le 25 juin 2013


Lors de la toute récente campagne de restauration de la chapelle Notre-Dame du Marché, sise sur la grand’ place de Jodoigne, le gisant (17e siècle), en pierre de Meuse, qui, initialement, surplombait le caveau des comtes de Glymes, a été retiré du chœur de ce superbe édifice. Il repose aujourd’hui dans l’ancienne sacristie de la chapelle où sa masse imposante suscite l’intérêt des visiteurs. Un autre caveau, moins connu du grand public, présent dans le sous-sol de la chapelle et facilement localisable grâce à la présence d’une dalle bleue armoriée, mérite aussi de retenir l’attention. Il s’agit du caveau de la famille de l’Escaille.


Les membres de cette famille qui vivaient à Jodoigne à la fin du 18e siècle descendaient d’un certain Bernard de l’Escaille, ancien bailli de Houtain qui, après avoir servi dans les armées du duc de Bourgogne Charles-le-Téméraire, s’était établi, durant la seconde moitié du 15e siècle, sur la ferme del Warde, sise sous Perwez ou Thorembais-Saint-Trond. Durant le siècle suivant, son arrière-petit-fils, François de l’Escaille, fit partie, en tant qu’archer à cheval, de la garde de l’empereur Charles Quint, unité exclusivement composée de gentilshommes appelés à le suivre dans tous ses déplacements. La tradition veut que ce fut pour récompenser de l’Escaille de lui avoir sauvé la vie, en 1535, lors d’un engagement militaire survenu à Tunis, que l’empereur lui avait attribué, le 12 novembre 1548, des armes très spéciales, dites de gueules à une main gantelée d’argent tenant une bride de sable ; au chef d’or à l’aigle naissance de sable. Celles-ci, surmontées d’un cimier portant une tête et col de cheval d’argent, bridée de gueules, auraient été destinées à rappeler qu’il avait tranché net le bras d’un Maure qui avait eu la mauvaise idée de saisir la bride du cheval de l’empereur dans le but de porter un coup fatal à ce dernier. Cette assertion est quasiment invérifiable mais nous concédons qu’elle ne manque pas de panache ! Ces armoiries hors du commun furent naturellement portées par la nombreuse descendance de François de l’Escaille, celui-ci étant revenu habiter sa région natale, vraisemblablement après l’abdication de Charles Quint dans les Pays-Bas (1555).


Ce sont ces armoiries, gravées en relief, qui apparaissent sur la dalle funéraire insérée dans le carrelage de la nef de la chapelle Notre-Dame du Marché. Plusieurs membres de la famille avaient été inhumés en ce lieu à dater du milieu du 17e siècle, dont Laurent de l’Escaille, dit le vieil, licencié ès lois et greffier de la ville Jodoigne, mort au château de la Comté en 1679. Ce ne fut néanmoins qu’après la mort de l’un des fils de celui-ci, prénommé Henri, que fut réalisée la dalle funéraire qui nous intéresse aujourd’hui. Après avoir été chef-officier de la mairie d’Incourt, cet Henri de l’Escaille, né à Jodoigne en 1634, avait été bailli (1660-1680) puis bourgmestre (1698-1702) de cette même ville. Ses épouses successives, Marie Thésin et Jeanne Delvaux, lui avaient donné 24 enfants, mais plusieurs l’avaient précédé dans le caveau familial. Il y avait personnellement été inhumé en 1718 et sa seconde épouse en 1721. Comme le précise leur épitaphe, leur pierre funéraire avait été réalisée à la demande d’Arnould et de Philippe-Henri de l’Escaille, respectivement bailli et échevin de la ville de Jodoigne, seuls enfants de Jeanne Delvaux encore en vie en 1721.


On notera qu’à l’époque de la disparition des époux de l’Escaille – Delvaux, leur famille ne paraissait pas encore posséder de devise particulière. Ce fut manifestement Jacques-Michel de l’Escaille, un cousin éloigné d’Henri, ancien curé de Saint-Jacques à Namur, devenu, à Jodoigne, le curé de la paroisse Saint-Médard (1724 à 1751), qui fit adopter à ses nombreux parents la devise in camo et freno (avec le mors et le frein). Il fit d’ailleurs figurer celle-ci sur sa propre tombe lorsqu’il fut inhumé à Namur, en 1751, dans le cimetière de la paroisse Saint-Servais.


orsque vous aurez l’occasion de visiter la chapelle Notre-Dame du Marché ou de participer à une des activités culturelles organisées en ses murs, consacrez donc quelques instants à la dalle funéraire que nous venons d’évoquer et rappelez-vous le destin funeste du Maure qui en avait voulu à la vie de Charles Quint !


Juin 1815 : les Prussiens sont chez nous !

publiée le 11 juin 2013


La préparation du bicentenaire de la bataille de Waterloo (18 juin 1815), dont le résultat influa sur la destinée politique du continent européen, anime depuis déjà quelques années les principaux opérateurs touristiques et historiques du Brabant wallon. La région de Jodoigne n’a pas été directement concernée par les combats livrés à l’époque et la Hesbaye brabançonne ne sera sans doute pas impliquée dans les grandes journées commémoratives de 2015. Rappelons néanmoins qu’il s’en fallut de peu !


Fin mai 1815, l’armée prussienne, dite du Bas-Rhin, commandée par le feld-maréchal Blücher, établit son quartier général à Liège. Le 12 juin, la 6e brigade du IIe corps d’armée prussien, forte de plus de 7.000 hommes et dirigée par le général major von Kraft, était déjà positionnée dans différents villages des actuels cantons de Wavre, Jodoigne et Perwez. Son quartier général était officiellement fixé à Glimes. Sa cavalerie logeait à Hannut mais son artillerie (6 canons et 2 obusiers) était stationnée sur la chaussée Namur-Louvain, près d’Opprebais. Plusieurs unités d’infanterie campaient sous Beauvechain et Grez-Doiceau, ainsi que sous Longueville et Dongelberg, tout comme à Jodoigne-Souveraine, à Jodoigne et dans Piétrain. Lorsque, le 15 juin, les troupes françaises avaient franchi la frontière du nouveau royaume des Pays-Bas, la nouvelle s’était rapidement répandue dans le camp prussien, y suscitant une grande nervosité. Les réserves en vivres et alcools du dépôt militaire de la ferme d’Emellemont (on dit aujourd’hui Mellemont), sous Thorembais-les-Béguines, avaient immédiatement été pillées par la troupe! Il fallait du courage mais aussi un peu d’ivresse pour marcher face aux canons!


Plusieurs témoignages permettent de penser que Blücher, lorsqu’il avait pris la décision de faire marcher l’armée prussienne face aux troupes françaises, avait tout d’abord envisagé, en cas d’échec, de reformer ses régiments sur la plaine de la Chise, à savoir sur le vaste plateau s’étendant sur plusieurs centaines d’hectares et voisinant les villages de Piétrebais, Beauvechain, Bossut-Gottechain, Nodebais, Hamme-Mille et Mélin. Rassemblée en ces lieux, l’armée prussienne aurait appuyé l’arrière de ses lignes sur le bois de Meerdael. Ce rempart naturel aurait pu jouer le même rôle que celui qui fut finalement attribué le 18 juin à la forêt de Soignes par le duc de Wellington. Après la défaite de Ligny, le 16 juin, c’était finalement sur Wavre que les troupes prussiennes avaient convergé. Le 17, les troupes logées sous Beauvechain, qui n’avaient pas encore participé aux opérations militaires, s’étaient, elles aussi, dirigées vers cette ville. Durant les journées des 18 et 19 juin 1815, un corps prussien y avait opposé une résistance farouche à l’aile droite de l’armée française commandée par le maréchal Grouchy. Aux dires du fermier Nélis, de la Grande Grayette, les cantonnements prussiens de Beauvechain n’avaient été réintégrés par les combattants que le 19 juin vers dix heures et demie du soir. Parallèlement, dès le 17 juin, beaucoup de blessés prussiens de la bataille de Ligny avaient transité par Jodoigne et Beauvechain avant d’être principalement évacués sur Tirlemont et Liège. Ces convois de blessés, emmenés vers l’arrière des lignes, avaient induit en erreur plusieurs éclaireurs français qui avaient observé leurs mouvements et imaginé, à tort, une retraite sur Liège du gros de l’armée prussienne.


Aucun combat ne fut donc livré dans nos villages, mais nos aïeux eurent à souffrir pillages et autres brimades durant encore plusieurs semaines. Par exemple, les Prussiens n’évacuèrent Beauvechain qu’en août 1815. En septembre, plusieurs de leurs unités étaient encore établies sous Bierbeek et Meldert. En 1823, soit huit années après les faits, les fermiers de Tourinnes-Beauvechain n’avaient pas encore été indemnisés pour les fourrages fournis aux armées prussiennes durant la fameuse campagne militaire que nous venons d’évoquer. La situation était presque partout similaire et le gouvernement du royaume des Pays-Bas éprouvait bien des difficultés à respecter ses engagements financiers. Le séjour en Hesbaye brabançonne de nos alliés prussiens ne laissa donc guère de bons souvenirs! Ceux-ci auraient sans doute été bien plus sombres encore si Blücher et Wellington avaient eu à affronter Napoléon sur la plaine de la Chise! Imaginez-vous cette grande butte artificielle s’élevant au loin, entre Beauvechain et Nodebais, ou entre Piétrebais et Bossut-Gottechain? Et ces touristes chinois se précipitant frénétiquement sur la Hesbaye brabançonne et le château de Beausart dernier quartier général de l’Empereur? Les voyez-vous, accueillis à bras ouverts par les autorités locales, guidés sur les traces de Blücher par André Gyre, Paul Roberti de Winghe, Jacques Houbart voire même Joseph Tordoir? Que du bonheur! Mais cessons de rêver et rendons évidemment à Waterloo ce qui lui appartiendra toujours! On ne refait pas l’histoire!


Opprebais–Jodoigne : bonnes nouvelles pour le patrimoine !

publiée le 28 mai 2013


Cette fois, c’est fait! Le moulin à vent d’Opprebais, le fameux Moulin Gustot, a retrouvé des ailes! Fabriquées aux Pays-Bas, peaufinées dans un atelier de Renaix par un artisan alostois, elles ont été posées le mercredi 17 avril dernier devant un parterre de journalistes. Mais le projet de remise en état du site n’en est qu’à ses débuts. Il s’agit maintenant, pour les autorités communales, de procéder à un relookage provisoire du moulin (mise en peinture) avant l’organisation, le dimanche 23 juin prochain, de la nouvelle Fête du Pain! Cette journée festive, mise sur pied par les Moissons de l’Amitié d’Opprebais et les animateurs de la Fête du Choux de Roux-Miroir, Chouans y compris, permettra à chacun de redécouvrir ce site mais aussi de goûter aux productions de différents artisans boulangers conduits par Alain Devos, le patron de La Magie du Pain, de Roux-Miroir. Il y a quelques jours, les autorités communales incourtoises ont par ailleurs sollicité l’autorisation d’établir un four à pain, modèle brabançon du début du 19e siècle, en contrebas du moulin. En raison de la lourdeur des procédures administratives, ce four ne sera peut-être pas construit pour la Fête du Pain, mais il devrait prendre place sur le site avant la fin de l’année 2013.


Autre excellente nouvelle pour les amoureux du patrimoine, le projet de restauration de l’ancien hôtel de ville de Jodoigne, connu aujourd’hui sous le nom d’Hôtel des Libertés, vient d’être voté par les édiles jodoignois. Ces travaux nécessiteront un budget plus que conséquent (plus de 2.000.000 euros TVAC couverts par des subsides régionaux et provinciaux à la hauteur des 2/3), mais contribueront à doter la capitale de la Hesbaye brabançonne d’un nouvel atout patrimonial à vocation culturelle et touristique. Dans un ouvrage publié en 2000 sur l’histoire de la mise en œuvre de la pierre de Gobertange depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, nous avions consacré quelques lignes à ce superbe bâtiment. Il devait remplacer, mais en plus grand, l’ancienne maison de ville, réduite en cendres en avril 1710. Le projet de reconstruction, soutenu par le comte Jean-Englebert de Romrée, seigneur de Jodoigne depuis 1729, avait déjà été jugé coûteux à l’époque et les édiles jodoignois avaient dû se montrer imaginatifs pour assurer son financement. Les premiers gros travaux avaient été entamés en 1733. Sept ans plus tard, le chantier était encore loin d’être terminé. Les autorités jodoignoises actuelles comptent achever la rénovation du site en moins de deux ans et veillent à éviter les éventuels surcoûts.


Nous nous devons d’ajouter qu’en 2000, comme d’autres avant nous, en nous basant sur les travaux historiques publiés par l’abbé Hanon de Louvet, nous avions attribué la paternité des plans de ce nouvel hôtel de ville à un certain architecte Verreucken, originaire de Louvain. Il s’agit-là d’une erreur qu’il nous appartient de rectifier. Quelques lettres retrouvées dans les archives de la Ville de Jodoigne permettent en effet d’identifier un architecte Verhuyck, appartenant à une famille d’artisans et de menuisiers bien connue dans la région de Malines, région où la famille de Romrée jouissait aussi de différentes prérogatives seigneuriales. Le nouveau châtelain de Jodoigne qui avait donc fait venir de Malines ledit Verhuyck auquel, dès l’année 1730, il avait aussi confié la rénovation et la reconstruction des principales composantes de son Château de la Comté, immeuble de prestige devenu l’actuel hôtel de ville de Jodoigne. Les plans originaux dressés par ce Malinois ont malheureusement disparu. Mais qui sait, peut-être les retrouvera-t-on un jour, comme ce Dessin de la façade de la maison de ville de Jodoigne, non daté, mais sans doute contemporain de la reconstruction de celle-ci, qui fut retrouvé par hasard, en 1963, avec une partie des archives de la famille de Romrée, dans un réduit muré du château de Lestriverie, à Bois-de-Lessines! Incroyable, mais vrai! Ce qui est en tous cas certain, c’est que les plans et esquisses de l’architecte Philippe Honhon, en charge de l’actuel dossier de restauration, eux, seront conservés !


1706 : bataille de Judoigne ou de Ramillies ?

publiée le 7 mai 2013


A la fin des années 1870, des ouvriers chargés de procéder à des travaux de terrassement dans le parc du château des Cailloux, sis sur les hauteurs de Jodoigne, le long de chaussée reliant cette ville à celle de Hannut, mirent au jour les restes de plusieurs hommes enterrés à la hâte dans une fosse commune. Des lambeaux d’uniformes permirent à quelques spécialistes de reconnaître en ces infortunés quelques-uns des soldats de l’armée franco-espagnole du maréchal de Villeroy défaite le 23 mai 1706, jour de Pentecôte, dans les plaines et marais voisins du village de Ramillies.


Dès le 26 mai 1706, le roi de France Louis XIV, qui séjournait à Versailles, avait été averti des suites fâcheuses de la sanglante bataille livrée trois jours plus tôt près de l’abbaye de Boneffe. L’armée anglo-batave, commandée par John Churchill, duc de Marlborough, y avait remporté un succès éclatant. Les premières dépêches parvenues à la cour de France avaient annoncé de lourdes pertes dans les rangs français: au moins 2.000 morts et un très grand nombre de blessés. Les suivantes avaient fait état d’une véritable débâcle qui avait ouvert à Marlborough la route de Bruxelles.


Après à peine deux heures d’engagement intense, victime d’une manœuvre tactique des plus habiles, l’armée franco-espagnole avait été obligée d’abandonner le champ de bataille. Dans un premier temps, le repli s’était effectué en bon ordre. Le parc d’artillerie français s’était retiré sur Jodoigne dans le but d’y traverser la Ghète et de rejoindre ensuite Louvain. Contre toute attente, le convoi n’avait pas réussi à traverser la petite cité dont les rues étaient encombrées de bagages militaires. Quelques roues cassées et l’annonce de l’arrivée imminente des troupes anglo-bataves avaient achevé de semer la panique dans les rangs. Il avait été décidé de tout abandonner sur place! Dans un même temps, une partie de l’infanterie française, qui avait voulu récupérer les bagages qu’elle avait laissés aux abords de Jodoigne, s’était débandée à l’approche d’escadrons de cavalerie ennemis. En quelques minutes, plusieurs milliers de soldats, appartenant pourtant à des unités d’élite, avaient facilement été désarmés. Beaucoup avaient perdu la vie lors de cet épisode, notamment ceux qu’on avait ensuite inhumés dans le Bois des Cailloux! Comme devaient rapidement le souligner la presse et les écrits du temps, l’affaire du défilé de Judoigne avait fait beaucoup de mal à l’armée franco-espagnole. La perte de son artillerie l’avait rendue incapable d’opposer une résistance sérieuse à la progression des troupes de Marlborough. Le coup porté s’avéra fatal pour la suite de la campagne.


Le champ de bataille principal n’étant éloigné de Jodoigne que de quelques kilomètres, on notera avec intérêt que les chroniqueurs français avaient immédiatement désigné l’affrontement du 23 mai 1706 sous le nom de bataille de Judoigne! L’épisode de l’abandon du parc d’artillerie avait sans doute rajouté du sens à l’expression. Dans le camp anglo-batave, à savoir celui des vainqueurs, on avait immédiatement préféré parler de la bataille de Ramilly ou Ramillies, et ce fut sous ce nom que celle-ci entra dans l’histoire et est encore connue aujourd’hui. Il fallut manifestement quelques dizaines d’années aux historiens militaires français pour adopter l’appellation bataille de Ramillies. Plusieurs recueils biographiques publiés à Paris durant les premières décennies du XVIIIe siècle, évoquant le destin dramatique de différents officiers, disent donc de ceux-ci qu’ils périrent ou furent blessés le 23 mai 1706 durant la bataille de Judoigne! Y compris ceux tombés à Ramillies et dans les villages voisins! Tout comme à Waterloo, ce fut donc bien l’appellation employée par les vainqueurs de la journée qui réussit à s’imposer et à se maintenir à travers le temps. Nous parlons tous de la bataille de Waterloo et pas de la bataille de Mont-Saint-Jean, citée dans un premier temps par les chroniqueurs français.


Opheylissem : une cloche envolée en Ile-de-France !

publiée le 23 avril 2013


Nous avons décidé de vous emmener aujourd’hui en région Ile-de-France, dans le département de Seine et Marne, en Brie, plus exactement à Moisenay, un petit village rural situé à environ 10 km au N-E de Melun, et 60 km au S-E de Paris. Ce village briard, qui comptait 1194 habitants en 2010, est distant de Jodoigne d’environ 370 km. Si vous décidez de vous y rendre par autoroute, il vous faudra 4 h. Mais, me direz-vous, qu’est-ce qui pourrait bien vous pousser à le visiter ? Tout simplement une cloche ! Mais pas n’importe laquelle ! Une de celles qui, jusqu’en 1797, fit la fierté de l’ancienne abbaye prémontrée d’Heylissem, dans le ressort de l’actuelle commune d’Hélécine.


Un travail historique n’est jamais tout à fait achevé et celui que nous avons consacré récemment à cette ancienne abbaye, propriété actuelle de la Province du Brabant wallon, n’échappe pas à la règle ! Nous nous étions notamment intéressés au destin de diverses composantes internes de l’ancienne église abbatiale (orgues, tabernacles, etc.) supprimée et transformée à la fin du XVIIIe siècle, composantes qui subsistent encore, en 2013, en diverses églises belges. Grâce à une courte notice publiée en 1961 dans le bulletin d’une société historique française, le destin de la principale cloche abbatiale nous est aujourd’hui en partie connu ! Travaillant à l’époque à la rédaction d’une monographie d’histoire locale, un érudit mosénien s’intéressa à la vieille cloche de l’église Saint-Martin de Moisenay. Ce lieu de culte, propriété municipale, a gardé son apparence des XII et XIIIe siècles et figure au rang des Monuments historiques de France depuis 1899. Cette église passe d’ailleurs pour être la plus ancienne de Seine et Marne. La flèche en pierre de son clocher est unique dans ce département. Et c’est à l’abri de celui-ci qu’est conservé un des plus beaux anciens attributs de l’abbaye d’Heylissem.


Pour faire bref, rappelons que la République française, à la fin du XVIIIe siècle, avait décidé de supprimer les ordres religieux, de nationaliser leurs biens et de vendre ceux-ci aux plus offrants. Dans la foulée, durant plusieurs années, l’exercice du culte catholique romain avait été interdit, les églises paroissiales fermées, parfois vendues. Leurs cloches avaient alors été confisquées, retirées des clochers et emmenées comme butin de guerre destiné à être fondu ! Dans plusieurs paroisses de la région de Jodoigne, des cloches avaient été mises à l’abri de l’appétit républicain. Enterrées dans l’attente de jours meilleurs, comme notamment celle de l’église Saint-Pierre d’Incourt, certaines avaient échappé au pillage. Sur le site d’Heylissem, on avait rapidement pensé à faire disparaître les 3 cloches abbatiales, ce qui avait suscité la colère des fonctionnaires républicains! Ceux-ci avaient soupçonné les frères Tiberghien, les nouveaux propriétaires du site, d’avoir organisé leur disparition mais, en l’absence de preuves et face aux dénégations, ils n’avaient rien pu faire!


Les inscriptions présentes sur la cloche conservée aujourd’hui à Moisenay rappellent notamment que celle-ci fut refondue en 1792, à l’initiative de l’abbé François Demanet, à savoir le dernier abbé d’Heylissem. Elle pèse approximativement une tonne. Son diamètre est de 117 cm. Elle était l’œuvre de trois fondeurs lorrains, artistes itinérants, dont le plus connu était un certain Claude Deforest, travaillant fréquemment avec son parent Nicolas Simon. Né en 1726, à Illoud, en Haute-Marne, Deforest avait fondu plusieurs cloches dans le ressort des Pays-Bas autrichiens. Dans le duché de Brabant, il avait notamment réalisé une cloche à Ophain (1761) et une autre à Bonlez (1768). Il avait encore exercé son art à Fleurus en 1788, quatre ans avant d’oeuvrer à Heylissem, sur le prestigieux site abbatial rénové sur les plans du célèbre architecte Dewez. Comment cette cloche avait-t-elle atterri à Moisenay? Mystère. Dissimulée aux agents républicains, elle n’avait pu retrouver son utilité qu’à la faveur du Concordat de 1801 qui avait à nouveau permis l’exercice du culte catholique romain dans le ressort du territoire français. On retiendra que les Tiberghien, établis banquiers et industriels, disposaient notamment d’une agence à Paris, à 12 lieues à peine de Moisenay !


Si un Hélécinois passe donc dans la région de Melun, par exemple pour visiter le superbe château de Vaux-le-Vicomte bâti sur le territoire d’une commune voisine de celle de Moisenay, qu’il n’hésite pas à s’arrêter dans le cœur de ce petit village briard dont la vie quotidienne est encore rythmée par une tonalité autrefois bien connue à Opheylissem et Neerheylissem.


Les fous de Saint-Médard !

publiée le 9 avril 2013


Juin 1700. Deux sergents boutent hors de Jodoigne, non sans quelques difficultés, un jeune homme habitant Spy, Pierre Destrée, entièrement privé de ses sens, venu participer à la procession organisée en l’honneur de Saint-Médard, le patron de la petite cité brabançonne. Criant, chantant, faisant beaucoup de bruit et de désordre pendant la nuit, Destrée avait manifestement épuisé la patience des édiles jodoignois!


Tout d’abord invoqué pour la guérison miraculeuse des maux de dents, Médard, ancien évêque de Vermand, dans l’Aisne (France, région de Picardie), mort vers l’an 557, l’avait aussi progressivement été, à dater du Moyen Age, pour toutes les affections ayant leur siège dans la tête: méningite, névralgie, migraine, neurasthénie aiguë, maladies mentales, épilepsie, etc. Comme l’a rappelé l’abbé Hanon de Louvet, toutes ces maladies étaient alors simplement qualifiées de maux de tête. Dans la région de Jodoigne, le mal Saint-Médard était manifestement l’appellation spécifiquement employée pour désigner la frénésie.


A l’origine, c’était surtout le 8 juin, jour de la Saint-Médard, que les pèlerins affluaient à Jodoigne dans le but d’y assister à la grande procession organisée en l’honneur de celui-ci. A dater du XVIIe siècle, cette manifestation fut mise sur pied le premier dimanche suivant ce même jour. Inutile de préciser que ces festivités religieuses, flanquées d’une ducasse ou kermesse, attiraient en ville des milliers de visiteurs au plus grand bénéfice du commerce local! A cette époque, les pèlerins pauvres et malades pouvaient encore loger gratuitement à l’intérieur de la ville dans une maison appartenant à la fabrique. Elle attenait au cimetière paroissial sur lequel de nombreux boutiquiers installaient leurs échoppes. Au milieu du XVIe siècle, des images, à savoir des médailles d’argent, de cuivre ou d’étain, frappées à l’effigie du Saint, récompensaient toute aumône. Au XVIIe siècle, des drapelets et un livret résumant sa vie étaient également répandus dans le public. Durant ces jours de ferveur, pour les malades atteints de démence, de frénésie et sans doute d’épilepsie, on recourait à la prière et à l’application de la grande relique de Saint-Médard! L’opération consistait à apposer sur la tête du dément une mâchoire dégarnie de dents figurant parmi les reliques conservées depuis un temps immémorial en l’église du lieu. La manœuvre devait être reproduite neuf jours durant. Un bâton en argent, dans lequel était enchâssé un os du Saint, était aussi utilisé pour bénir l’eau dont on proposait la consommation aux déments. Lors de son premier pèlerinage à Jodoigne, en 1699, Pierre Destrée avait, en outre, peut-être eu la chance d’apercevoir la statue du Saint ornée depuis 1664 d’une mitre et d’une crosse en argent. Peut-être avait-il aussi approché la châsse en argent abritant, depuis 1660, des reliques des SS. Médard et Corneille, et dont un des dix panneaux figurait Saint-Médard bénissant et guérissant un dément. Néanmoins, son déplacement dans la petite cité brabançonne ne lui avait manifestement pas permis de recouvrer la raison et, à en croire les bourghmestre et eschevins de la ville, son cas s’était même aggravé l’année suivante!


Si, aujourd’hui, l’occasion vous est donnée d’entrer dans l’église Saint-Médard, vous pourrez, vous aussi, apercevoir cette superbe châsse placée dans une niche aménagée en hauteur, à proximité du chœur de l’édifice. Cette œuvre d’art est parfois présentée au public lors de manifestations religieuses ou artistiques, tout comme d’ailleurs les autres composantes du trésor de cette église. Combien de fous, avant vous, ont-ils posé leurs yeux sur ces joyaux? Des milliers sans doute, surtout à l’époque où la ville de Jodoigne, le temps d’un pèlerinage ou d’une neuvaine, devenait en quelque sorte la ville des fous!


L’Ecluse de Beaulieu

publiée le 26 mars 2013


Dans le cadre d’une recherche historique, nul n’est à l’abri, y compris l’auteur de ces lignes, de commettre une erreur d’interprétation, de datation ou de toute autre nature. Le plus difficile est d’arriver à corriger cette erreur lorsqu’elle a été commise et qu’elle est devenue « la vérité » pour un grand nombre de personnes. La difficulté est, qui plus est, proportionnelle à la notoriété de l’auteur ainsi qu’à celle de l’ouvrage incriminé. Lorsqu’en 2010, nous avons consacré une monographie au baron Jean-Pierre de Beaulieu (1725-1819), officier d’Ancien Régime, dernier seigneur de Lathuy et de Piétrebais, nous avons eu l’occasion d’épingler plus d’une quinzaine de fausses vérités publiées à son sujet, les unes totalement involontaires, les autres visant manifestement à entacher la réputation de cet officier, natif de Lathuy, qui, à la fin de l’Ancien Régime, resta fidèle à la couronne autrichienne.


A titre d’exemple, nous allons aujourd’hui nous attarder sur une de ces fausses vérités publiée dans un ouvrage auquel font généralement référence toutes les personnes qui s’intéressent à l’histoire du Brabant wallon ainsi qu’à celle de la région de Tirlemont.


Après avoir, en compagnie du géographe Jules Tarlier, consacré une monographie à chacune des communes des cantons de Wavre (1864), de Perwez (1865) et de Jodoigne (1872), l’archiviste de la Ville de Bruxelles Alphonse Wauters s’intéressa à la Ville de Tirlemont (1874) ainsi qu’à l’histoire des communes rurales du canton du même nom. Sa petite notice sur la Commune de L’Ecluse (composante de l’actuelle Commune de Beauvechain) fut publiée, avec d’autres, en 1876. En évoquant les faits marquants qui s’étaient déroulés dans ce village à la fin de l’Ancien Régime, Wauters affirma avec aplomb que le 30 novembre 1790, des soldats autrichiens, placés sous le commandement du général Jean-Pierre de Beaulieu n’avaient pas hésité à piller 18 maisons de L’Ecluse. Les armées régulières autrichiennes étaient alors occupées à reconquérir le territoire des Etats-Belgiques Unis, frêle entité politique fondée dans la foulée de la Révolution Brabançonne de 1789. Wauters avait bien remarqué que les rapports de l’époque avaient attribué les faits aux soldats du baron de Biela, mais, à ses yeux, il devait s’agir d’une erreur de graphie. L’historien, peu critique, avait donc attribué à de Beaulieu ce fait sordide qui avait aussi suscité des pertes importantes à différents fermiers des environs.


Après avoir compulsé les mêmes sources originales relatives à ces faits, conservées dans les archives du Conseil Privé des Pays-Bas autrichiens, nous dûmes admettre qu’Alphonse Wauters avait pris quelques libertés avec l’Histoire ! Il ne s’agissait en rien d’une erreur de graphie. L’identité du général baron de Biela était belle et bien attestée par plusieurs documents. Dans la soirée du 30 novembre 1790, un imposant corps d’armée commandé par ce général était venu installer ses quartiers aux abords des villages de l’Ecluse, de Saint-Remy-Geest et de Mélin. La ferme de Wahange avait été choisie pour abriter de Biela et son état-major. Durant la nuit, 16 soldats autrichiens, sévèrement punis par la suite, s’étaient attaqués aux habitants de L’Ecluse, de Sclimpré et de différentes fermes dont celles de l’Espinette et du château de la Tourette appartenant à la famille de l’Escaille, lignage apparenté à celui du baron Jean-Pierre de Beaulieu. Ce dernier était totalement étranger aux faits, ayant été chargé de la prise de Bruxelles. Les troupes stationnées à L’Ecluse appartenaient quant à elles au corps d’armée chargé de la prise de Louvain. En 1791 et 1792, Beaulieu intervint personnellement pour que les habitants de L’Ecluse obtiennent réparation et indemnités !


Un fait anodin ? Sans doute, mais peut-être pas tant que cela. Durant tout le XIXe siècle, nombreux furent les historiens qui, dans un contexte nationaliste belge, n’hésitèrent pas à quelque peu dénaturer l’attitude des hommes qui, en 1789, demeurèrent fidèles à l’Empereur Joseph II et anéantirent l’année suivante les Etats-Belgiques Unis, cette entité qui, après 1830, avait servi de référence historique aux chantres du nouvel Etat belge ! Dans le contexte, Wauters avait fauté ! Prudence donc, si vous devez un jour vous intéresser à sa Géographie et histoire des communes belges et abordez toujours avec un œil critique les paragraphes qui peuvent avoir un lien avec l’interprétation de notre histoire nationale.


Defoer et l’Angélus de Millet

publiée le 3 mars 2013


Ceux-ci ont parcouru le pavillon réservé à la France dans lequel étaient notamment exposées 7 œuvres d’art issues des collections du Musée d’Orsay, dont la très célèbre toile intitulée L’Angélus, de Millet. Cette œuvre de petite dimension (55,5 x 66 cm), entamée en 1857 et achevée deux années plus tard par le peintre français Jean-François Millet (1814-1875), est, avec la Joconde, une des deux peintures les plus connues du monde. Cédée au Musée du Louvre, en 1909-1910, par Alfred Chauchard, un richissime collectionneur français, elle fait partie des collections du Musée d’Orsay depuis la création de celui-ci, en 1986. Acquise par ce même Chauchard, en 1890, pour la somme de 750.000 francs-or, elle n’a plus fait, depuis, l’objet de transaction financière. Sa valeur marchande est aujourd’hui inestimable ! Pourquoi évoquer L’Angélus dans les colonnes de cette rubrique d’histoire régionale ? Tout simplement parce qu’il s’en est fallut d’un rien pour qu’elle devienne, en mars 1881, la propriété d’un célèbre Jodoignois, à savoir Hector Defoër-Bey, le propriétaire du Château des Cailloux, dépendance actuelle de l’Athénée Royal de Jodoigne.


Paris, lundi 14 mars 1881. C’est ce jour-là que doit débuter ce qu’on appelle déjà la vente du siècle, celle des peintures constituant la collection de l’américain John William Wilson. Elle va durer trois jours, organisée avenue Hoche, aux abords de l’hôtel particulier de cet industriel. Le gratin international du monde de l’art est présent ou s’y est fait représenter. Il s’agit de disperser, au plus haut prix, 199 toiles de maîtres, dont notamment un Rubens et un Rembrandt, mais aussi plusieurs œuvres de peintres français contemporains. Hector Defoer-Bey (1832-1905), natif de Jodoigne, ancien agent financier, à Paris, du Khédive Ismaïl Pacha, actionnaire de plusieurs grandes banques françaises, déjà propriétaire de l’une des plus belles collections parisiennes, a décidé d’acquérir L’Angélus, de Millet, toile mise à prix 100.000 francs-or ! Son principal rival du moment n’est autre que l’industriel Eugène Secrétan (1836-1899). Ayant des origines tout aussi modestes que le Nabab de Jodoigne, Secrétan a fait fortune dans l’industrie du cuivre et dispose désormais de liquidités importantes. C’est notamment lui qui a offert les 300 feuilles de cuivre qui doivent être employées, à Paris, dans le cadre de la construction de la célèbre Statue de la liberté. Soucieux de ne pas se laisser emporter par la folie des enchères, les deux hommes se sont abouchés. Ils ont décidé d’acquérir l’œuvre et ensuite de l’attribuer, à l’un ou à l’autre, par tirage au sort ! Du jamais vu ! Après quelques enchères, L’Angelus est officiellement adjugé à leur représentant pour 165.000 francs-or auxquels viennent s’ajouter 3.000 francs de frais ! Une somme colossale pour l’époque. Un accord est un accord, et c’est donc comme convenu que, le 16 mars, Defoër-Bey et Secrétan ont rendez-vous avec la chance. Le suspens est intenable, auquel de ces deux hommes sourira-t-elle ? Comme un chroniqueur du Figaro le relate dès le lendemain, c’est finalement Secrétan qu’elle a favorisé ce jour-là, au grand dam du Nabab de Jodoigne, pourtant confiant en son étoile. Les deux hommes ont procédé au tirage devant un parterre d’amateurs tout aussi avertis qu’abasourdis par l’ampleur des capitaux investis dans l’acquisition de cette œuvre d’art !


Defoër-Bey venait de rater une bonne affaire ! En effet, lorsqu’en 1889, seulement huit années plus tard, Secrétan mettra en vente L’Angelus, il en tirera 563.000 francs-or ! Et Alfred Chauchard, en ajoutera 200.000 de plus, l’année suivante, pour garantir le maintien sur le sol français de cette œuvre aux abords a priori assez insignifiants. Entretemps, en mai 1886, Hector Defoër-Bey s’était séparé à Paris des pièces les plus importantes de sa collection privée, comportant des œuvres aussi connues que Le pont de Mantes, de Corot ; le 1814, de Meissonier ; Le Christ sur la croix, de Delacroix ; L’Homme à la Houe et Les Glaneuses, de Millet, pour ne citer qu'elles, le tout pour la coquette somme d’1.050.000 francs-or ! Ceci dit, à l’époque, la fortune du châtelain des Cailloux pesait déjà vingt fois plus ! Certains affirment néanmoins que, sa vie durant, il regretta le coup du sort qui, le 16 mars 1881, le priva de L’Angelus ! Ah quelle époque ! Vous y penserez peut-être la prochaine fois que vous emprunterez la chaussée de Hannut et longerez le domaine qui appartint au Nabab de Jodoigne.


Le Moulin Gustot, un des symboles de la Hesbaye brabançonne

publiée le 3 février 2013


L’année 2012 débuta mal pour le moulin à vent connu sous le nom de Moulin Gustot, localisé sur les hauteurs du village d’Opprebais. Un coup de vent puissant arracha une de ses ailes, cassant du même coup le mécanisme de blocage de celles-ci abrité dans la calotte du moulin et occasionnant quelques dégâts à la toiture de ce symbole local et régional de la ruralité. L’entreprise, de Mere, désignée par la Commune d’Incourt pour remettre à neuf les ailes et le mécanisme de blocage, attend aujourd’hui la fin des rigueurs hivernales pour venir redonner au moulin son apparence originelle.


Ce furent les Croisés qui, durant le Moyen Age, revenus de leurs expéditions dans le Moyen-Orient, introduisirent et développèrent progressivement en Europe l’usage des moulins à vent. Ceux-ci étaient à l’origine de petites entreprises seigneuriales données en location, tout comme d’ailleurs les moulins à eau déjà très nombreux chez nous à cette époque. La construction d’un moulin à vent pouvait résulter de l’absence d’une force motrice hydraulique suffisante dans les terroirs qui ne se trouvaient pas sur le parcours d’un ruisseau ou qui n’étaient traversés que par de faibles courant d’eau. Comme on peut l’imaginer, ils étaient évidemment bâtis sur des hauteurs ou à l’abord de grands plateaux fouettés par les vents, comme à Opprebais.


Dans la région de Jodoigne, la plus ancienne construction d’un moulin à vent, connue à ce jour, date de la fin du XVe siècle. Aux alentours de l’année 1488, le seigneur de Mélin fit bâtir un moulin de ce type. L’usage ne fut guère répandu durant le XVIe siècle et il fallut attendre la fin du siècle suivant pour voir apparaître très ponctuellement de tels moulins, à Beauvechain notamment. En 1715, la marquise de Mélin consentit quant à elle à construire – et non reconstruire – un moulin sur les hauteurs du hameau de Gobertange, à condition qu’il soit banal et donc que tous les habitants des lieux soient obligés d’y faire moudre leurs grains, question d’assurer la pérennité de l’activité tout comme de réaliser quelques profits. Le moulin à vent, bâti à l’époque en pierres locales, restauré à différentes reprises, disparut définitivement en 1904. Il n’était plus qu’une ruine. Ses propriétaires, le comte Charles van der Burch et la comtesse Alix de Robiano, avaient déjà fait entièrement démolir, en 1889-1890, l’habitation et la ferme autrefois données en location au meunier chargé de l’exploiter. Voila l’origine de l’appellation Champ du Moulin à Vent donnée aux terres agricoles situées aux abords de cet ancien site industriel.


Pour en revenir au Moulin Gustot, c’était à l’initiative de Nicolas-Joseph et François-Xavier Gustot, d’Opprebais, que sa construction avait été entreprise. Achevé durant l’année 1854, élevé entièrement en briques, il remplaça un moulin à vent édifié en bois, vers 1826, plus ou moins au même endroit, par Nicolas Rosy, et en grande partie déjà démoli avant l’année 1841. Doté d’une calotte tournante, le Moulin Gustot développa une grande activité jusqu’à l’époque de la crise agricole des années 1880. Remis en état en 1907 par la famille Looze-Gustot, il rendit encore de grands services à la population durant la Première Guerre mondiale. En 1960, alors qu’il était totalement ruiné, il fut acquis par Marie-Madeleine Fachamps à qui l’on doit sa conservation et sa reconstruction. Ce furent les héritiers de celle-ci qui le vendirent en 1991 à la Commune d’Incourt qui le fit restaurer une première fois en 1996-1998 sur les plans de l’architecte Bernard Defrenne. Inauguré le 26 septembre 1998, le Moulin Gustot est devenu, du haut de ses 13 m, le symbole du village d’Opprebais, tout en s’affirmant, au fil des années, comme un des symboles de la Hesbaye brabançonne. L’ancien Moulin Conard, autrefois Goes, situé sous Roux-Miroir, aux abords de la chaussée Namur-Louvain, et dont le rez-de-chaussée a été conservé, n’a pas connu cette chance. Quant au Moulin de Streel, autrefois Haccourt, reconstruit à Beauvechain en 1894-1896, il a préservé jusqu’aujourd’hui sa structure mais perdu ses ailes depuis longtemps. Il s’agit bien, à l’échelle du canton de Jodoigne, des derniers témoins significatifs d’une époque révolue


A quoi peut bien servir un historien ?

publiée le 22 janvier 2013


Il n’est pas rare d’entendre poser cette question et peut-être, cher lecteur, vous l’êtes-vous même posée personnellement.


Beaucoup paraissent avoir conservé un sentiment mitigé, pour ne pas dire pire, des cours d’histoire qu’ils ont suivis dans le secondaire.


J’ai eu la chance personnellement de suivre les cours dispensés par un enseignant qui arrivait à captiver sa classe et motiver une bonne partie de ses élèves même si le côté rébarbatif de certains programmes n’était pas vraiment fait pour ! J’ai si bien mordu à l’hameçon que je suis devenu historien moi-même, mais pas enseignant. A vrai dire, j’ai toujours eu la chance de pouvoir travailler dans le domaine de la recherche scientifique au niveau historique, n’hésitant nullement, qui plus est, à consacrer la presque totalité de mes loisirs à la mise en valeur du patrimoine, matériel et immatériel, du Brabant wallon, principalement des communes des cantons de Jodoigne, Wavre et Perwez. Plusieurs d’entre vous possèdent sans doute un des mes livres ou un de mes articles dans leur bibliothèque. Nous nous sommes peut-être rencontrés lors des Journées du Patrimoine, d’un « circuit découverte » organisé par le TEC, lors d’une conférence durant laquelle j’ai abordé, un soir, un bout d’histoire de notre région, ou plus récemment en costume XVIIIe dans un chemin creux de Roux-Miroir ou de Lathuy, sur les traces d’Antoine Constant, en compagnie des Chouans de la Hesbaye ! Déjà près de vingt années passées à parcourir les vieux grimoires de vos aïeux, à feuilleter des milliers de pages d’archives jaunies conservées en divers lieux de Belgique, de France et d’ailleurs !


Après un parcours comme celui-là, classique pour un historien, j’ai bien sûr une, sinon des réponses à formuler à la question posée en préambule, et au fil des chroniques que vous prendrez peut-être la peine de lire dans Chouette, j’essaierai d’illustrer ces réponses d’exemples concrets et parlants. L’historien doit évidemment être un vecteur de culture, au sens large du terme, tout en étant un gardien de la mémoire collective d’un pays, d’une région, d’une communauté villageoise. L’historien doit aussi développer, de par sa manière d’aborder un sujet, le sens critique de ses lecteurs, leur capacité à ne pas prendre pour argent comptant tout ce qui a été dit ou écrit sur telle ou telle chose, à apprendre à lire entre les lignes. L’historien est aussi là, et j’insiste fortement sur cet aspect de sa fonction, pour être au service du présent. Faire connaître le passé d’une région, d’un village, d’une industrie propre à un quartier, d’un grand domaine ou d’une figure marquante du monde politique ou social, n’est-ce point là une bonne manière de faire comprendre le pourquoi et le comment de bien des situations vécues aujourd’hui au quotidien ? N’est-ce point permettre une forme d’intégration au sein d’une population en pleine mutation, enrichie de nombreux apports extérieurs ? N’est-ce point contribuer à donner une identité à toute une région ? Une identité dont l’expression peut avoir des retombées intéressantes aux niveaux culturel et touristique, servant d’appui au développement d’un secteur en expansion chez nous, celui du « tourisme d’un jour ».


C’est donc avec plaisir que je remonterai périodiquement le temps avec vous pour permettre d’encore mieux appréhender le présent. En attendant notre prochaine rencontre, je vous souhaite une bonne et joyeuse année 2013 !


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